lundi 31 mars 2014

Une fiche de lecture pas indispensable

Rendez-vous avec une éditrice. Elle me parle des bouquins qu'elle a vu passer à Bologne, à la foire du livre jeunesse la plus importante d'Europe, où les responsables des droits étrangers rencontrent des éditeurs d'autres pays et leur présente leur catalogue. Pendant qu'elle me fait la liste des lectures qu'elle va m'envoyer prochainement (aïe), j'avise un roman avec une couverture que je reconnais sur l'étagère derrière elle :
— Oh, je le connais, ce livre-là ! Un éditeur me l'a envoyé pour que je lui fasse une fiche de lecture, et je me suis dit que ça avait l'air très bien. Vous l'avez fait lire ? Vous avez déjà eu un rapport d'un lecteur ?
— Ah oui, il y a belle lurette, et comme il est effectivement très bien, j'ai acheté les droits pour la France.
Moi, un peu éberluée :
— Ah bon ? Il est déjà vendu, alors ?
— Oui oui, il est même déjà traduit, parce qu'un éditeur canadien avait acheté les droits français pour le Canada dès sa sortie. Je vais juste faire réviser le texte si nécessaire, il devrait paraître en France dans quelques mois.

M'est avis que ce n'est pas vraiment la peine que je fasse une fiche pour l'éditeur qui me l'a envoyé, alors...
(Ou alors je le lis pour le plaisir et je me fais tout de même payer, pour donner une bonne leçon à ce monsieur qui n'a pas songé à me prévenir ?) (bon, d'accord, c'est mesquin) (et surtout, je n'ai pas le temps.)

dimanche 30 mars 2014

Miss Thing One me fait rigoler

Je chatouille Miss Thing One. Elle pousse des petits cris. Je m'émeus :
— Ça te fait mal ?
Elle me rassure :
— Non, ça me fait-mal pas, ça me rigole !
(Du coup c'est moi qui ai bien ri.)

Je découvre que les Things ont entièrement vidé l'étagère d'albums et tout entassé sur le canapé. Je tempête, et je conclus par "J'ai bien envie de vous donner une fessée". Ça les inquiète. J'ajoute donc que, s'ils m'aident à ranger, je passerai l'éponge. Miss Thing One s'empresse de ramasser quelques livres et me dit :
— Moi, je range, alors toi, tu vas pas me donner une fessée, parce que moi, des fois, j'aime pas bien les fessées.
(Elle n'est pourtant pas encore à l'âge où "des fois" on aime ça, hein ?)

samedi 29 mars 2014

Cuisine et prévoyance

Samedi matin. Il n'y a plus beaucoup de pain : j'en prépare un autre. Plus qu'un seul yaourt dans le frigidaire : je l'utilise pour en refaire une tournée. Comme ils ne seront pas prêts de sitôt, je confectionne aussi quelques crèmes à la vanille. Et pour le goûter ? Pour une fois, je m'y prends à l'avance : je prépare la pâte de ces petits sablés que je ne fais jamais parce qu'il faut les laisser reposer au frigidaire, et que j'attends généralement qu'il soit 15h30 pour réaliser que la boîte à biscuits est vide. Et puis tiens, si je faisais tremper des légumes secs, histoire de faire une marmite végétarienne demain soir ? Bonne idée, pour une fois que j'y pense !

Normalement, en cuisine, la planification n'est pas mon fort, mais cette fois, je suis fière de moi.

Oh, mais... c'est l'horloge qui sonne ? Il est déjà midi ?

Bon, alors, qu'est-ce qu'on va déjeuner, maintenant ?

vendredi 28 mars 2014

Pull mouillé

Vous comprenez, ce pull en laine du Grand, il était tout seul dans sa catégorie. Cela faisait des semaines qu'il traînait au fond du panier de linge sale, et toujours pas la plus petite écharpe en 100% laine pour lui tenir compagnie. Rien de rien. Je n'allais tout de même pas mettre un pull tout seul dans le tambour d'une machine à laver de 10 kg, pas vrai ? Et ni Darling ni moi n'avions le courage de le laver à la main.
Alors je l'ai mis au milieu d'une lessive de linge "délicat", en vérifiant que la température était bien froide (20° C), en me disant que ça ne pouvait pas lui faire de mal. Ce à quoi je n'ai pas fait attention, c'est la durée du programme. Deux heures et demie.

Et ça lui a fait du mal.

(En haut, le pull en question ; en bas, un autre pull du Grand qui n'a pas subi la même mésaventure.)

Même le Filou ne rentre plus dedans.
Maintenant que j'y pense, j'ai une amie qui vient d'avoir un petit garçon, elle aimerait peut-être avoir un pull bien chaud aux mailles très très serrées pour son bébé ?

mercredi 26 mars 2014

Confession à un libraire


— Darling, j'ai quelque chose à te dire...
— Oh la la, pourquoi tu prends ce ton-là ? Qu'est-ce qui se passe ?
— Non non, rien de grave, enfin, pas trop, mais...
— Mais quoi ?
— Attends, assieds-toi.
— Tu m'inquiètes de plus en plus...
— J'ai quelque chose à t'avouer. J'ai même envisagé de ne pas t'en parler, mais ça n'aurait pas été honnête de ma part... Sauf que tu ne vas pas être content...
— Mais de quoi, de quoi ?
— Tu comprends, j'ai fait ça sans réfléchir, et après je m'en suis voulu, mais le mal était fait... Mais je te jure que ça ne changera rien, je reste la même, tu peux me croire ! Tout continuera comme avant, même si j'ai fait ça...
— Mais tu as fait QUOI, bon sang ?
— J'ai... j'ai... promets-moi de ne pas t'énerver !
— Alors ?
— J'ai acheté un Kindle...


(Note pour ma grand-mère : le Kindle est une liseuse électronique produite par Amazon. Contrairement à une tablette ou un mini-ordinateur, une liseuse n'a pas de rétroéclairage qui fatigue les yeux, et possède une batterie qui peut tenir plusieurs semaines sans être rechargée. Cela permet d'emporter des centaines de livres avec soi pour un poids total de moins de 200 grammes. En réalité, c'est à l'époque où je partais en vacances une bonne partie de l'été chez mon autre grand-mère, en train, avec au moins dix ou quinze énormes pavés dans ma valise surchargée – j'avais calculé que je lisais environ 300 pages par jour, là-bas, donc il me fallait de quoi tenir – que ça m'aurait été très, très, très utile. Maintenant que je ne prends presque plus le temps de lire "pour le plaisir", j'en ai nettement moins besoin. Et quand je lis, j'éprouve encore le besoin de posséder physiquement un roman et de pouvoir le ranger dans ma bibliothèque, sans compter que je veux pouvoir passer mes lectures à mes enfants ou mes amis. Mais à la faveur d'une promotion spéciale "Salon du livre", j'ai eu le vieux modèle, non tactile, pour seulement 47 euros, et l'idée d'avoir en permanence Les trois mousquetaires ou Les hauts de Hurlevent dans mon sac m'a séduite...)

mardi 25 mars 2014

T'occupe !

Préparation du repas. Mr Thing Two tourne autour de mes jambes, me pose des questions, me déconcentre, m'encombre, m'énerve, alors que j'essaie juste d'aller le plus vite possible, comme d'habitude, car il est déjà bien trop tard, comme d'habitude.
— Maman, qu'est-ce que tu fais ? Ça sert à quoi ? C'est quoi qu'on va manger ce soir ? Pourquoi tu fais ça ? Je peux regarder ? Comment ça s'appelle, ça ?
Je finis par l'envoyer sur les roses au lieu de répondre à ses questions.
(Je suis une mauvaise mère.)

Dîner. Pour aller plus vite, je pose directement sur la table le bol du mixer dans lequel j'ai fait la purée de chou-fleur. Ce n'est pas très chic, certes, mais on s'en fout. Ça intrigue les enfants :
— C'est quoi, ça, maman ? demande Miss Thing One.
— Un mixer.
— Un mixer ?
Mais Mr Thing Two n'est pas convaincu. De sa voix pointue, il objecte :
— Tout à l'heure, dans la cuisine, tu as dit que ça s'appelait un "t'occupe" !
(Je suis une très mauvaise mère.)

lundi 24 mars 2014

Marre du maire

Hier, à la faveur d'une promenade en famille, Darling et moi sommes allés voter assez tôt le matin. En arrivant devant le bureau de vote, qui se trouve être également l'école des Things, nous avons croisé un groupe de personnes qui venaient visiblement de faire la même chose. Je ne leur ai pas prêté attention : je surveillais les gamins. Quelques pas plus loin, Darling me signale :
— Il y a un monsieur qui t'a dit bonjour, tu ne lui as pas répondu !
— Ah bon ? Qui donc ?
— Lui, là...
J'ai suivi son regard. C'était le maire.

J'ai regretté mon impolitesse involontaire, mais d'un autre côté, je n'aime pas beaucoup le bonhomme. Outre sa position pro-voitures et anti-vélos, je déplore son mépris de l'écologie, son plan d'urbanisation intensive aberrant, son manque d'intérêt pour les structures sociales, et sa tendance aux magouilles et à la mauvaise foi.
Or, pour la première fois de l'histoire de cette commune, le maire était concurrencé par un candidat de son propre parti, tandis que toute l'opposition avait réussi à former une liste unique. Quand je suis allée dépouiller hier soir, c'était donc avec l'espoir et même la conviction qu'il ne serait plus maire très longtemps. Au fur et à mesure que les bulletins s'empilaient devant moi, cependant, j'ai été prise de doutes. Et quand j'ai regardé les résultats sur le site internet municipal, une fois rentrée chez moi, je suis tombée de haut.
Il a été réélu dès le premier tour, avec 51% des voix.

Bigre. Je regrette plus que jamais de ne pas lui avoir dit bonjour...


(Mais en fait non, pas vraiment. Je ne m'en suis pas encore remise. Ce monsieur a projeté de faire démolir tout un quartier, qui comportait entre autres la plus vieille et plus jolie maison de la ville, pour construire des énormes immeubles, en ne laissant intacts que son propre magasin et la maison d'un ami à lui ; il a modifié les plans subrepticement après la décision prise au conseil municipal, il a "oublié" de prévoir des places en crèche et dans les écoles environnantes pour accueillir les dizaines d'enfants qui arrivent mois après mois, et les gens ont voté pour lui en masse ? Ajouté aux résultats nationaux, ça m'a déprimée pour la journée, au moins.)

dimanche 23 mars 2014

Frères et soeur(s)

Dimanche matin. Mr Thing Two se lève vers 7h30 et s'étonne du silence de la maisonnée :
— Est-ce qu'ils sont pas levés, mes frères et mes sœurs ?

Carrément ?

(Si, le Filou était levé, bien sûr. Il avait fait la grasse matinée, mais seulement jusqu'à 6h55...)

vendredi 21 mars 2014

La vache !

On en découvre, des choses, quand on a toujours vécu en centre-ville et qu'on se retrouve soudain l'heureuse propriétaire d'un jardin ! Qui eût cru, par exemple, que les vaches poussaient dans les arbres ?



mercredi 19 mars 2014

Des vêtements de mémé ?

Cela fait des années que je cherche un bon magasin de vente par correspondance, pour acheter des vêtements sans perdre du temps dans les magasins (je DÉTESTE les magasins de vêtements) (sauf avec ma copine Ficelle). J'ai essayé La Redoute, mais je recevais des tonnes de publicités et catalogues par la poste, et mes protestations répétées n'y ont rien changé : j'ai fini par faire supprimer mon compte, ahurie qu'on puisse refuser aux clients le choix de ne pas participer à ce gâchis monstrueux. A ma connaissance, Les Trois Suisses fonctionnent de la même manière. Et en dehors de ça, je ne trouve rien qui me convienne. Je ne demande pas la lune, pourtant : juste un choix assez fourni (mais pas trop riche, sinon on s'y perd), des fringues d'un prix raisonnable (mais pas trop bas, je ne veux pas faire travailler des petits enfants, ni jeter mon T-shirt à la poubelle après l'avoir lavé deux fois), dans des tailles normales (ni pour adolescentes anorexiques, ni pour obèses), d'une qualité correcte (avec des fibres naturelles, pas que du synthétique), avec un look assez classique et passe-partout (mais pas BCBG). Bref, normal, non ?
Et si, cerise sur le gâteau, il pouvait y avoir des avis de clientes, voire des conseils sur les vêtements à privilégier en fonction de la morphologie des acheteuses potentielles, ce serait l'idéal.

En fait, je n'ai pas été complètement sincère : j'ai trouvé un site qui répondait à tous ces critères. Des vêtements dans des matières naturelles, de très bonne qualité mais pas hors de prix, lavables à la machine, dans des coupes jolies et assez modernes mais pas trop attachées à la mode, et avec de longues explications du genre "Si vous avez une poitrine généreuse, prenez plutôt un modèle moins décolleté" ou "Cette robe conviendra à celles qui souhaitent cacher un petit ventre ou un derrière un peu trop rebondi". Et les retours étaient gratuits. C'est la seule fois de ma vie où j'ai pris du plaisir à acheter des vêtements. Manque de bol, ce site est spécialisé en vêtements d'allaitement. (Ça s'appelle Mamanana, et je le recommande très très vivement à toutes les jeunes mères : rien de tel pour se remonter le moral !). Ma mère me l'avait d'ailleurs bien dit, à l'époque : "Tu n'as jamais été aussi bien habillée que depuis que tu allaites !" (Je ne suis pas certaine que c'était un compliment, mais c'était vrai.)

Bref, revenons aux périodes où je n'allaite pas, qui sont tout de même un peu plus nombreuses que celles où j'allaite. J'ai trouvé quelques trucs bien chez Boden, une marque anglaise, mais je ne peux y acheter que des hauts, parce que les pantalons ne sont pas fait pour celles qui choisissent les "bold curves" chez Levi's. Et en dehors des périodes de soldes, ce n'est pas donné, quand même.

Et puis l'autre jour, Darling m'a lancé :
— Et si tu essayais chez Damart ?
Un blanc. Cette marque me dit quelque chose, mais quoi ? Ah, je sais :
— Mais ils ne font pas que des sous-vêtements destinés aux frileuses ?
— Ah non, il y a une boutique près de la librairie, et ils ont aussi des pantalons, des robes, etc. J'ai regardé le catalogue, tu pourrais trouver des choses qui t'iraient, je pense.
— C'est vrai ? Ce n'est pas trop "mémé" ?
— Bah, tu sais, les mémés s'habillent plutôt bien, de nos jours ! Souvent mieux que toi, en tous cas.

Du coup, j'ai passé commande. Darling a raison : si j'arrive à m'habiller aussi bien que les mémés du voisinage, ce sera déjà pas mal...

PS : Si vous avez d'autres sites à me recommander, je prends, bien sûr !

mardi 18 mars 2014

Sans commentaire ?

Plusieurs personnes m'ont dit qu'elles ne pouvaient pas commenter sur mon blog, ou alors que leurs commentaires étaient rejetés, ou encore qu'elles commentaient en "anonyme" parce qu'elles ne savaient pas comment faire apparaître leur pseudo, n'ayant pas de compte Google et ignorant totalement ce que signifie "LiveJournal", "TypePad", "AIM" et compagnie. (C'est aussi mon cas.)

Comme je suis d'une générosité sans pareille, et que j'aime bien les commentaires, je me suis penchée longuement sur la question (au moins vingt secondes), et voilà ce que j'ai trouvé comme solution :
- Dans le menu déroulant sous le commentaire que vous venez de taper avec vos deux dix doigts,vous choisissez "Nom/URL" ;
- Dans la rubrique "Nom", vous mettez un nom ou un pseudo : Ficelle, Yéya, JulienFromDijon, Da2dje58yrfg, ou Françoise Dupont ;
- Dans la rubrique URL, vous ne mettez rien, sauf si vous voulez renvoyer ceux qui cliquent sur votre pseudo vers un site, par exemple si vous avez un blog, ou un site où vous vendez vos œuvres immortelles de peinture sur chaussettes de soie ;
- Vous cliquez sur "publier".

Et comme dirait Jean-Jacques Goldman dans sa chanson intitulée C'est pas vrai, "Là, normalement, ça devrait marcher".

Voilà, maintenant vous pouvez lâcher vos coms me laisser des gentils petits mots.

(S'il y a une autre solution, vous me dites ?)

lundi 17 mars 2014

Premier printemps au jardin (et fête des deux printemps du Filou)

Tiens, j'avais planté des jonquilles ?
Depuis qu'il fait beau, j'ai le sécateur qui me démange. Ce n'est pas original, je sais : les jardineries sont bien plus pleines quand le soleil brille, indépendamment de la date. Et pensez donc que c'est mon premier printemps dans une maison avec jardin, puisque l'année dernière, nous étions encore en appartement. Ceci combiné au fait qu'il fait désormais jour quand nous revenons de chez l'assistante maternelle vers 17h45, et que les enfants en profitent pour jouer dehors, ce qui veut dire qu'il faut que je reste à portée de voix (et idéalement, de vue) fait que depuis une quinzaine de jours, je me suis attaquée au chantier "jardin".

Il faut dire que c'est un gros chantier. Pour des raisons évidentes, au moment où nous avons vraiment commencé à nous installer, à la rentrée, nous avons privilégié l'intérieur de la maison. Et le jardin, qui était en friche depuis presque deux ans, l'est resté, malgré quelques velléités de ma part et quelques efforts ponctuels de certains proches.  Du coup, il y avait fort à faire. Et en effet, j'ai fait fort. Depuis deux semaines, j'ai :


- semé de la pelouse là où celle de l'année dernière n'avait pas pris, en ratissant et arrosant, cette fois ;
Dix jours plus tôt : la jungle.
- découvert une terrasse en vieilles pierres d'au moins 9 m² au fond du jardin, qu'on devinait à peine sous les mauvaises herbes, la mousse et la terre, et constaté au passage que le désherbage manuel provoquait surtout des courbatures à l'arrière de la cuisse (ou alors c'est moi qui m'y prend très mal) ;
- arraché le lierre qui couvrait un énorme mur, ce qui nous a donné l'impression que la surface du terrain avait doublé ;
- ratissé des montagnes de feuilles mortes ;
- taillé des arbres, des arbustes, des buissons, pour libérer le passage ;
- planté quelques herbes aromatiques ;
- protégé des fleurs naissantes, issues de bulbes que j'avais mis en terre très tard et n'importe comment (au passage, applaudissons leur opiniatreté), par des petites barrières de buches ou des murets de pierres, pour que les gamins cessent de les piétiner ;
- entassé le bois coupé qui traînait partout le long du mur, en attendant d'avoir une cheminée en état de marche ;
Un cognassier du japon (paraît-il)
- planté enfin le figuier qui nous a été offert pour notre pendaison de crémaillère et qui avait passé l'hiver à attendre qu'on lui trouve une place ;
- tondu avec ma belle tondeuse manuelle l'herbe que j'avais totalement ignorée depuis juin dernier ;
- broyé des dizaines de kilos de branches avec un broyeur à végétaux flambant neuf, et rempli mon composteur à ras bord...

Et l'autre jour, je me suis rendu compte que le miracle avait eu lieu, et que tout à coup, grâce aux efforts combinés de mes petits bras musclés et de la nature, la jungle était redevenue jardin.

Le forsythia
(merci le correcteur orthographique)
Du coup, hier après-midi, pour fêter l'anniversaire du Filou et l'arrivée du printemps, nous avons sorti une table que nous avons posé sur la terrasse retrouvée, entre le forsythia en fleurs, la lavande naissante, et le sureau bourgeonnant ; nous avons invité de la famille, nous avons chanté "joyeux anniversaire" au gamin qui a soufflé ses bougies avec ravissement, nous avons mangé un gâteau aux pommes arrosé de caramel au beurre salé en écoutant chanter les oiseaux et en profitant du soleil, nous avons envisagé de nouvelles plantations, et nous nous sommes dit que décidément, troquer un appartement parisien contre une maison de banlieue, ça n'avait pas que des inconvénients.

samedi 15 mars 2014

Mr Thing Two ne fait pas de bêtises

Hier soir, au milieu de ma tournée de récupération des gamins, je suis allée chercher deux gros cageots de pommes venues d'un producteur à peu près local (on fait ce qu'on peut : difficile d'être locavore quand on habite à Paris, vous en conviendrez). Je suis donc rentrée avec 28 kilos de pommes, trois gamins, et une poussette dans le triporteur. Mais si, ça tenait. Je vous ai dit que je me félicite tous les jours d'avoir acheté cet engin ?
(Et pour ceux qui s'inquiéteraient de la pollution à laquelle sont exposés mes gamins, je renvoie à cet article qui prouve qu'on absorbe beaucoup moins de particules et gaz indésirables à vélo qu'en voiture, en métro ou en bus.)

Bref, les trois petits ont gardé les yeux fixés sur les pommes pendant tout le trajet, trèèèès intéressés par ces énormes caisses de fruits. Arrivée à la maison, je fait descendre les mômes, mais je laisse les cageots dans le triporteur en attendant d'avoir le courage de les porter à la cave. Une minute plus tard, Mr Thing Two vient me voir et me lance, d'un ton vaguement inquiet :
— Moi, z'ai pas manzé un petit morceau de pomme !
Donc si je trouve un fruit grignoté, ce sera une fois de plus à cause des souris ?

Ce matin, j'étends quelques vêtements mouillé dans la salle de bain, puis je pars dans la pièce à côté plier le linge sec. Au bout d'un moment, Mr Thing Two vient me trouver. Du même ton pas complètement rassuré, il m'affirme :
— Moi, z'ai pas fait tomber le tapis de bain !
C'était donc un coup de vent qui a envoyé ledit tapis sur le palier de l'étage d'en-dessous, j'imagine.

Au fond, c'est comme une boussole qui indiquerait toujours le sud : il suffit de connaître son fonctionnement pour avoir les informations désirées...

vendredi 14 mars 2014

L'UEFA contre le racisme

L'union des associations européennes de football s'est donné comme mot d'ordre, depuis quelques années, de lutter contre le racisme. C'est bien, c'est très bien, c'est très très bien, et j'approuve à 100%. Quand on entend, comme ça arrive dans les matchs italiens (et sûrement ailleurs), des spectateurs imiter le singe parce qu'un joueur noir a touché un ballon, ça donne envie de vomir. Et le fait que des joueurs célèbres s'engagent dans ce sens ne peut qu'être applaudi.

N'empêche qu'en voyant le clip à la télévision, l'autre jour, j'en suis tombée à la renverse. On y voit une douzaine de joueurs défiler et répéter dans toutes les langues "Non au racisme". Un message simple, et répété avec force par des gens tous différents. Des blancs, des noirs. Des glabres, des barbus. Des blonds, des crépus. Des beaux, des moches. Des hommes, des femmes – ah non, pardon, UNE femme.


(Ah, et pour prévenir une objection naturelle mais infondée : si si, l'UEFA rassemble également un grand nombre d'équipes féminines.)

jeudi 13 mars 2014

Bigleux

Depuis qu'il est bébé, en plus d'avoir les oreilles décollées et une incisive en moins, Mr Thing Two louche. (Non mais à part ça il est très beau, je vous assure. Puisque je vous le dis !)

Au début, nous n'y avons pas vraiment fait attention. Le pédiatre non plus, d'ailleurs : "Oh, on verra plus tard, des fois ça passe tout seul". Ce n'est pas passé. Mais ça ne m'a jamais semblé très grave, ni très urgent. "Tout de même, vers deux ou trois ans, il faudrait faire vérifier sa vue", m'a dit un jour un interne des urgences consulté pour tout autre chose. Sauf que quand il a eu trois ans, j'étais débordée de boulot, et en plein préparatifs de déménagement. Et puis il y a eu toutes les formalités administratives. Et puis le déménagement lui-même. Et puis les vacances. Et puis la rentrée. Et puis le temps de prendre ses marques... Et pendant ce temps, son strabisme, qui était resté léger jusque là, c'est aggravé. D'une semaine à l'autre, ou presque, il s'est mis à loucher effroyablement, au point qu'il arrive que son œil gauche disparaisse presque vers le centre tandis que l'autre regarde à peu près droit.

Du coup, quand je me suis enfin pointée chez l'ophtalmo alors qu'il avait trois ans et huit mois, je me suis pris un savon. Apparemment, j'aurais dû venir beaucoup plus tôt. Et surtout, avant l'entrée en maternelle, car ce qui empire les choses, ce sont les dessins et découpages et exercices et tout ce qui sollicite la vision rapprochée.

Ophtalmo. Tests. Orthoptiste. Tests. Ordonnance. Pharmacien. Gouttes dans les yeux. Retour chez l'ophtalmo. Tests. Opticien. Tests.

C'est ainsi qu'après avoir vécu une semaine volets fermés (les gouttes dans les yeux lui ont dilaté les pupilles au point qu'on voyait à peine le bleu de ses iris), nous avons enfin pu aller hier choisir des lunettes.
— On va prendre les plus belles, lui ai-je promis. Tu voudrais quelle couleur ?
— Jaune !
Il n'aurait pas pu choisir rouge ou bleu, non : trop commun.

L'opticienne avait un choix important de lunettes pour les enfants, répondant à tous les critères : branches en plastique, solides, avec des charnières bien souples car les gamins sont des brutes, des verres ronds qui montent haut pour que l'enfant ne soit pas tenté de regarder par-dessus, et puis des jolies couleurs. Pas beaucoup de jaune, ça non. Mais Mr Thing Two n'est pas un gamin trop casse-pied. Il a essayé une dizaine de modèles de couleurs différentes, presque tous ornés de petits dessins sur les branches. Rouge, avec des voitures. Bleu ciel, avec des voitures. Marron, avec des voitures. Vert, avec un camion, ah tiens ? Bleu foncé, avec des voitures. Et même jaune, avec des voitures. Mr Thing Two s'en fiche. Moi, je m'impatiente :
— Vous n'avez pas quelque chose sans dessin, ou avec des vélos, à la rigueur ? Je suis contre les voitures...

Non, la dame n'avait rien avec des vélos, et bien sûr elle a refusé tout net de sortir les modèles avec des fleurs ou des papillons, mais elle avait quelques paires avec des "Monsieur Madame". C'est ainsi que nous avons finalement choisi une paire d'un vert tirant sur le jaune (on fait ce qu'on peut), ornée d'un minuscule Monsieur Chatouille. Parfait.

— C'est cher ?
— Les verres progressifs coûtent assez chers, oui, mais ne vous inquiétez pas, on va faire une demande de prise en charge par la sécurité sociale et votre mutuelle.

S'ensuit une demi-heure de calculs, de formulaires à remplir, de questions de tous genres ("— Numéro de téléphone ? — 01 77... — Ah non, le programme n'accepte que les numéros en 06. — Mais mon portable ne capte pas, chez moi ! — Tant pis, donnez-nous le numéro quand même. — Mais alors, si on n'a pas de portable, on ne peut pas acheter de lunettes ? — Si, on peut les acheter, mais pour se les faire rembourser, c'est autre chose..."), et finalement, elle m'annonce :
— Voilà, ça fait un total de 186 euros.
— Dont combien sont remboursés ?
— Non non, ça fait 186 après les remboursements. C'est la somme qui reste à votre charge.

Moralité, si vous êtes fauchés, ne louchez pas.
(Je sais que je découvre l'eau tiède : j'avais déjà entendu dire que les lunettes étaient chères, mais personne dans notre famille n'en a jamais porté, donc je ne pensais pas que c'était à ce point...)

Du coup, moi qui comptais demander si on pouvait lui faire les mêmes en teintées, pour le soleil, j'ai laissé tomber. On lui mettra une casquette avec une grande visière qui lui fait de l'ombre sur les yeux. Ou des lunettes de soleil sans correction. Après tout, à quatre ans, quand on est au soleil, c'est plutôt pour courir ou pour chahuter que pour lire ou utiliser sa vision rapprochée, pas vrai ?

mercredi 12 mars 2014

Même pas honte ?

Ce matin, le Grand boite bas. Il avait mal à la jambe hier, et comme souvent dans ces cas-là, ça a empiré lorsque le muscle s'est refroidi.
— Il va falloir que je parte beaucoup plus tôt que d'habitude pour aller au collège ! se lamente-t-il.

Je sais qu'il ne ment pas, car ce n'est pas son genre de s'inventer des maux imaginaires. Par contre, il exagère peut-être un peu : ça, c'est son genre. Dans le doute, je lui propose :
— Tu veux que je te conduise en triporteur avant d'emmener le Filou chez l'ass-mat ?
— Ah, oui, je veux bien ! accepte-t-il, tout content. Mais il faut prévenir mon copain...
En effet, il s'est lié d'amitié avec un garçon qui habite à trente mètres de nous, et ils vont au collège ensemble. Dans ma grande bonté, je lance :
— Il peut même venir avec nous, s'il veut.

Adjugé. Pendant que Darling emmène les Things à l'école, j'embarque le Filou, le Grand, et un autre pré-ado en prime. Ce mode de locomotion amuse les deux grands garçons, qui se lancent des plaisanteries. Le Filou est un peu étonné de changer de compagnons de route : d'habitude, chaque soir, c'est avec un des Things qu'il partage son banc. Moi, je ahane, car ça grimpe sec pour aller au collège, et les deux onzans pèsent nettement plus que les deux troizans qu'ils remplacent. Mais je suis contente de faire plaisir à mon grand garçon, et très satisfaite de constater qu'il n'a pas encore honte de sa maman. C'est vrai, combien de gamins, à son âge, refuseraient tout net de risquer d'être vus par des copains assis à côté d'un bébé dans un vélo-brouette poussé par une maman en sueur ? Oui, décidément, je suis fière qu'il n'accorde pas encore trop d'importance au regard des autres...

Et puis, alors que nous arrivons à cent mètres du collège :
— Heu, maman, tu peux t'arrêter ? On va descendre ici...
— Mais tu as du mal à marcher !
— Oh, jusqu'à là-bas, ça devrait aller... insiste-t-il, déjà à moitié levé, les yeux fixés avec inquiétude sur un groupe de camarades qui attend la sonnerie devant le bâtiment.

Bon, mettons que je n'ai rien dit, d'accord ?


mardi 11 mars 2014

Le Filou sait dire non

Le Filou va très bientôt fêter son deuxième anniversaire. Il est mignon, grand, têtu comme une mule, casse-cou, et sait faire plein de choses : monter et descendre les escaliers sans se tenir à la rampe, empiler des légos, ôter sa gigoteuse, escalader le toboggan du square marqué "à partir de sept ans" et en descendre en flèche.
Mais il ne parle pas.
Du tout.

Enfin, disons que depuis que je m'en suis lamentée la dernière fois, il doit avoir ajouté une dizaine de mots à son vocabulaire, parmi lesquels "'core" (il était temps), "Yéya" (son grand-père adoptif), "dor" (qui veut dire "dehors" et pas "dort", faut pas rêver). Allez, soyons généreux, et disons que nous approchons peut-être les quinze mots en tout. Youpi. N'y figurent toujours pas le nom de ses frères et sœur, ni de son assistante maternelle, ni de ses grands-mères, ni des deux gamins avec lesquels il passe ses journées. Ni "gâteau", ni "pâtes" ni "'colat", ni "bib'on".
Ni "oui".

Et bien sûr, vu son âge, il fait de plus en plus souvent des colères, vous savez, le genre "je veux impérativement le pyjama gris et pas le vert", sauf que comme il ne sait pas dire "gris", ni d'ailleurs "pyjama", ni même "je veux" (et encore moins "impérativement", mais ça je lui pardonne) c'est difficile de comprendre quel est l'objet de son caprice ; du coup, même les rares fois où sa demande n'est pas déraisonnable et pourrait être exaucée, elle ne l'est généralement pas, car elle n'est pas comprise. Je me dis qu'il finira par réaliser que s'il exprimait ses désirs, il obtiendrait plus facilement satisfaction. Mais ce serait moins drôle que nous faire tourner en bourrique, bien sûr.

Le pire, c'est que nous sommes tous (ass-mat comprise) convaincus que s'il ne parle pas, c'est uniquement parce qu'il ne veut pas. Il a dû comprendre que ça me tenait à cœur, et il fait de la résistance. C'est de bonne guerre. Je ne m'énerve pas trop, je sais que le temps joue en ma faveur. Rira bien qui rira le dernier, bonhomme.

Quelques scènes récentes :

Il y a quelques semaines, chez l'assistante maternelle, tandis qu'elle prépare le repas, il regarde un livre où figure un moulin. Il fait alors des gestes avec ses deux petites mains et chantonne :
— Tou'ne, tou'ne...
Manque de chance pour lui, l'ass-mat sort de sa cuisine juste à ce moment-là. Il se tait instantanément. Elle l'interroge :
— Mais tu chantais ? Tu disais "Tourne, tourne" ?
— Non.
Bon.

Dimanche dernier, au marché, je fais la queue chez le fromager, le Filou dans le dos. Une mère a sa gamine dans les bras. Celle-ci tient de grands discours et un billet à la main :
— Moi, donner a'gent, monchieur, 'romage, ah miam !
Puis elle avise mon propre môme et ils se dévisagent mutuellement. La mère me sourit :
— Ce sont de vrais moulins à parole quand ils s'y mettent, hein ?
— Heu, oui... Quel âge a votre fille ?
— Vingt-et-un mois. Et votre garçon ?
J'ai eu très envie de répondre "dix-huit mois", mais vu qu'il faisait à vue de nez dix centimètres et six kilos de plus que la petite, je me suis dit que ce n'était pas crédible.
— Vingt-trois mois [et quelques]. Mais il est timide... Hein mon Filou ?
— Non.
Sale gosse.

Dans la salle de bain, l'autre jour, je le change. Mr Thing Two vient faire pipi. On discute anniversaire, et je conclus en m'adressant au Filou :
— Tu vas bientôt avoir deux ans, mon bonhomme. Ce qui signifie que tu vas devoir apprendre deux choses : à parler, et à aller sur le pot.
Il se tourne aussitôt vers le pot – preuve, s'il en était besoin, qu'il comprend parfaitement ce qu'on dit. J'enfonce le clou :
— Oui oui, tu vas bientôt faire pipi sur le pot, comme un grand !
— Non.
Sans blague ?


L'autre jour, sa sœur entre alors qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle soit là. Il me la désigne du doigt.
— Ça !
C'est son grand mot passe-partout, avec "là". Je confirme :
— Oui, j'ai vu, c'est Lila !
— Lila ! répète-t-il.
(En réalité son prénom est un peu plus compliqué que ça, et néanmoins, il l'a prononcé à la perfection.)
Un instant de stupeur, puis je m'extasie :
— Mais oui, c'est ça, "Lila" ! C'est bien ! Tu sais le dire, alors ? Bravo !
Même la gamine est toute heureuse :
— Maman, il a dit "Lila" !
On n'a jamais autant félicité un gamin de presque deux ans qui essaie pour la première fois de prononcer le nom de sa sœur.
Il nous sourit, content de recevoir des compliments. Je l'encourage :
— Tu sais dire "Lila" ? Allez, vas-y. Tu le redis ?
— Non.
Et bien sûr, il a tenu parole.

Je suis certaine qu'un de ces jours, il va se démasquer par inadvertance en lançant quelque chose comme "Maman, ne trouves-tu pas qu'il y a dans Barbapapa des incohérences scénaristiques que ne justifient guère les... Oups ! Heu... Hum... Aga ! Bouh ! Non !", mais d'ici-là, il va falloir que je prenne mon mal en patience...

dimanche 9 mars 2014

Les fourberies de Scapin

Aujourd'hui, j'ai emmené le Grand voir Les fourberies de Scapin. J'étais moi-même en sixième quand j'ai eu mon premier abonnement à la Comédie Française, et lorsque j'ai vu que cette pièce allait être jouée dans un très bon théâtre pas très loin de chez moi, je me suis dit que c'était peut-être l'idéal pour l'initier au théâtre classique.

Après avoir vu Philippe Torreton dans ce rôle il y a quelques années, dans une excellente mise en scène de la Comédie Française qui nous présentait un Scapin plus intéressant – voire inquiétant – que comique, j'avais un peu peur d'être déçue, par contraste, mais ça n'a pas été le cas. Cette fois, le metteur en scène a pris le parti de jouer à fond la carte "Commedia dell'arte", avec des jeux très physiques, aucune tentative de plausibilité (il faut dire que la pièce ne s'y prête guère !), des masques pour certains personnages, des caricatures, des gambades, et même quelques improvisations et adresses au public. Le Grand a beaucoup ri, a bien compris l'intrigue dont j'avais pris soin de lui résumer le début, n'a pas semblé trop gêné par le langage (je lui soufflais parfois des bribes de traduction simultanée, comme entendre = comprendre, ou pis = pire), s'est convenablement extasié sur le dénouement improbable, et en est ressorti plutôt content, je crois.

Pari tenu, donc : il sait désormais que le théâtre n'est pas forcément ennuyeux. Cependant, il faut bien reconnaître que les moments où il a ri le plus sont ceux des plus grosses pantalonnades, avec gifles ratées, mauvaise haleine, ou pirouettes ridicules. Du coup, maintenant, j'hésite à lui avouer que Molière n'avait pas forcément prévu tout ça...

samedi 8 mars 2014

Journée des DROITS des femmes

Hier, en passant par la page d'accueil de Google, j'ai aperçu leur "Doodle", leur animation du jour, composé pour l'occasion de signes féminins. Sous-titre : "Journée internationale de la femme".

En dehors du problème des 24 heures d'avance, cette appellation m'a fait bondir. Le 8 mars n'est pas la "journée de la femme", contrairement à ce que semblent croire certains pays peu réputés pour leurs féminisme (Italie, Espagne, Grèce...) où c'est une sorte de Saint-Valentin ou de fête des mères, et où les hommes sont invités à offrir des fleurs et des chocolats à leur moitié (en Italie, et sûrement ailleurs aussi, il y a même des menus spéciaux dans les restaurants ; ça me donne envie de tout casser).

Non, le 8 mars, c'est la journée internationale des DROITS des femmes. Les Espagnols qui offriront un bijou à leur chérie récemment privée du droit à l'avortement méritent donc d'être tous émasculés sans anesthésie (je n'ai pas dit "fusillés" parce que je suis une femme très douce et adepte de la non-violence).

Ce matin, surprise : Google a mis son intitulé à jour, c'est désormais bien "journée internationale des droits des femmes" qui apparaît quand on passe la souris sur le doodle. Je n'ai pas dû être la seule que ça a fait bondir. Maigre consolation, mais consolation quand même.

jeudi 6 mars 2014

Ma nouvelle machine à laver

Suite au décès par épuisement de ma bonne vieille machine à laver, j'en ai commandé une autre avant de partir en vacances. Quand je suis revenue, elle venait d'être livrée. J'avais donc tout notre linge sale à laver, dont les combinaisons de skis et les manteaux ; tout le linge sale de la semaine de Darling et du Filou ; et puis les draps de toute la famille, que je lave en chaque début de mois, et ceux de ma belle-mère par-dessus le marché.

Oui, mais ma nouvelle machine à laver, outre à être très économe et remarquablement silencieuse, elle peut laver jusqu'à dix kilos de linge, contre cinq pour l'ancienne ! Un peu effarée devant les deux mètres cubes de linge sale qui s'amoncelaient dans ma salle de bain, je me suis donc rassurée en pensant que j'allais devoir faire deux fois moins de lessives qu'avant. Un gain de temps appréciable !

Certes.
Sauf que le programme "standard" de ma machine précédente durait 1h20, alors que pour la nouvelle, il dure 3h.
Par conséquent, même si, en effet, je fais deux fois moins de lessives, ça met tout aussi longtemps, et même plus.

Tant pis pour elle. Elle bossera encore plus que l'autre, voilà tout. Les trois premiers jours, weekend inclus, elle a tourné trois fois. Soit neuf heures par jour. Et comme je profite du fait d'avoir enfin un tambour assez grand pour laver toutes les couettes et les housses de matelas (pour la première fois) (jamais eu le courage d'aller à la laverie) (mère indigne, on disait ?), autant dire qu'elle va largement dépasser les cinquante heures d'utilisation d'ici la fin de sa première semaine de travail. J'espère qu'elle ne me réclamera pas de RTT...

mercredi 5 mars 2014

Désobéissance rassise

Normalement, le mardi, le Grand va goûter et faire ses devoirs chez un ami qui habite dans la même rue, et le jeudi, il invite lui-même cet ami. Hier matin, je lui recommande :
— Ecoute, mon Grand, si c'est possible, essaie plutôt de convaincre Machintruc de venir ici cet après-midi, et si Trucmuche est disponible, il peut se joindre à vous...
— Pourquoi ?
— Parce que ta grand-mère [la mère de Darling, repartie depuis, ndlr] t'a apporté deux kilos de gâteaux fait-maison, que tu es le seul à aimer ça dans toute la famille, et qu'au rythme où tu les manges, ils seront encore là dans dix jours, alors  qu'ils commencent déjà à être un peu rassis. A vous trois, je suis sûre que vous pouvez descendre au moins la moitié de la boîte !
— D'accord.

Le soir, quand je reviens avec les trois petits, je vois deux paires de chaussures inconnues devant la porte. Ah, chouette ! me dis-je in petto. Je vais pouvoir faire des muffins au chocolat, demain !
Puis-je même espérer qu'ils ont tout terminé ? Non, il y en avait trop. Allons voir ça...
J'ouvre la boîte à biscuits.
Pleine.
A ras bord.
Pas un seul gâteau en moins par rapport à ce matin.
Je monte voir le Grand, en train de jouer à la DS avec ses copains.
— Vous n'avez pas encore goûté ? Il est 18h ! Tu sais que je ne veux pas que tu goûtes trop tard !
— Si, si, t'inquiète pas.
— Mais vous avez mangé quoi ?
— Des Granola...
En effet, le seul paquet de biscuits industriels que je garde à la maison "aukazoù" a disparu.

Comme je suis une mère très gentille, j'ai attendu que ses copains soient partis pour lui faire une scène. Et comme je suis une mère très méchante, après avoir hurlé que j'en avais marre qu'il me désobéisse aussi effrontément, je lui ai interdit d'inviter qui que ce soit où d'aller chez qui que ce soit pendant une semaine (bref, il est "grounded", cette expression qui fait toujours s'arracher les cheveux aux traducteurs français).
Et comme la vengeance est un plat qui se mange tiède, cet après-midi, je ferais quand même des muffins au chocolat, et nous les dégusterons à la sortie du four avec un bon thé pendant qu'il bouffe ses petits gâteaux rassis. Non mais !


PS : Mr Thing Two, qui m'interrompt alors que je crie sur son frère :
— Non, le gronde pas, c'est mon meilleur copain !

mardi 4 mars 2014

Que faire ?

On me propose la traduction d'une série de fantasy. Jusque là, tout va bien. Seulement,  les héros de cette série sont des animaux. Des animaux humanisés, bien sûr, qui parlent, qui tombent amoureux, qui utilisent des outils, mais des animaux quand même.
Et moi, je suis de ceux qui, même s'ils apprécient Les 101 Dalmatiens, La belle et le Clochard, Bernard et Bianca, Les aristochats, etc., ne peut pas les classer parmi leurs Disney préférés parce qu'ils ont trop de mal à s'identifier à un chien ou une souris.
Sans compter qu'il faudrait que je case ce roman de 300 pages avant l'été, alors que, même si une de mes traductions a été annulée, j'estimais avoir assez de boulot pour travailler sans me tuer à la tâche jusqu'en juillet.

Que faire ?

Bien sûr, si j'avais un planning qui affiche complet ou presque pour les douze mois à venir, je n'hésiterais pas : je refuserais sans état d'âme, et avec un certain soulagement.
Mais ce n'est pas le cas. Une de mes éditrices m'a annoncé qu'elle allait réduire le nombre de traductions, et ma série en cours est sur le point de se terminer.
Bien sûr, si je n'avais pas de boulot en vue, je n'hésiterais pas : j'accepterai sans état d'âme, et avec un certain soulagement.
Mais ce n'est pas le cas. J'ai deux gros roman sous contrat, quelques textes plus courts, et des projets sous le coude qui pourraient enfin se concrétiser.

Que faire ?

— Il faut que tu sois raisonnable, me conseille Darling.
D'accord.
C'est-à-dire ?
Être raisonnable, c'est essayer de gagner un maximum d'argent, vu que notre changement de domicile m'a laissée avec un prêt immobilier sur le dos ? C'est accepter cette nouvelle série, pour continuer à travailler régulièrement avec cet éditeur qui, sinon, ne fera peut-être plus appel à moi de sitôt ? C'est engranger quelques économies pour le jour où on découvrira qu'il faut refaire le toit, ou que je n'ai plus de contrat en vue ?
Ou bien être raisonnable, c'est me dire qu'à chaque jour suffit sa peine, que je ne veux pas revivre des périodes de stress telles que j'en ai trop connues ces derniers temps, que si ce roman ne m'enthousiasme pas les mois qui viennent vont me paraître longs, que j'ai aussi envie d'écrire, que je ne veux pas attendre d'être à la retraite pour me mettre au jardinage et me remettre au jiu-jitsu, et qu'il n'y a pas que le boulot et les enfants dans la vie ?

Que faire ?

samedi 1 mars 2014

Bilan d'une semaine de ski

Et donc, après avoir vérifié cinq fois si c'était vraiment vraiment vraiment vraiment vraiment la bonne date, je suis partie de la station de ski hier soir avec mes trois gamins, et nous sommes arrivés à la maison ce matin, si tôt que nous avons surpris Darling et le Filou au saut du lit et que nous avons pu prendre notre petit-déjeuner tous ensemble.
Le voyage s'est très bien passé. A part les nausées et vomissements du Grand et de Miss Thing One au sortir du car qui nous a ramenés à la ville, je veux dire. Et à part l'heure d'attente dans la gare minuscule, pendant laquelle Mr Thing Two, qui n'avait pas mal au cœur, lui, a sauté, couru, hurlé, ri, fait des galipettes à même le sol trempé de neige fondu, sous les yeux médusés des autres Parisiens qui attendaient le train. J'ai fait semblant de ne pas le connaître et je me suis employée à consoler les deux autres, et au bout d'environ 200 minutes, l'heure s'est enfin écoulée et nous avons pu monter dans le train, à neuf heures et quart.
Nuit parfaite : échange de couchettes entre le Grand et un monsieur qui avaient chacun trois membres de leur famille dans le compartiment de l'autre (les critères d'attribution des places de la SNCF ont toujours été un mystère, pour moi), barrières trouvées à l'autre bout du train (cette fois je n'ai pas attendu que quelqu'un passe, et j'ai bien fait, car les contrôleurs bavardaient tranquillement dans leur compartiment réservé et n'avaient visiblement pas du tout l'intention de venir voir si des passagers avaient besoin de quelque chose, ni même s'ils avaient des billets valables), emmitouflage des gamins dans les sacs de couchage fournis (j'ai amélioré ma technique depuis la semaine dernière : ils n'ont pas réussi à s'en dégager), extinction des feux, et quand les deux autres passagers (un monsieur et son jeune garçon) sont montés et se sont installés à leur tour dans les couchettes du bas une demi-heure plus tard, tous les mômes dormaient déjà. Mieux encore, rien ne les a réveillés jusqu'à 6h40 ce matin, c'est-à-dire un quart d'heure avant l'arrivée à la gare.

Bilan de la semaine ? Excellent. Pour tout le monde.
- Les Things ont réellement découvert la neige, sous toutes ses formes ; ils ont pris le télésiège, se sont roulés dans la poudreuse, ont vu les flocons tomber du ciel, ont fait leurs premiers pas à ski, ont descendu une longue piste sur leurs skis entre nos jambes, ont visité une maison entièrement faite de neige (avec chambre, salle à manger, etc.), ont mangé une crêpe dans un restaurant d'altitude, ont découvert ce qu'était un brouillard à couper au couteau, ont fait de la luge, et même des glissades sans luge, et des batailles de boules de neige, etc. Même hier, pendant la dernière montée en télésiège dans une neige tourbillonnante, emmitouflés de la tête au pied, avec seulement le nez qui dépassait (et qui gelait), ils s'émerveillaient encore.
- Le Grand, qui était le moins motivé de tous, a commencé la semaine en disant qu'il détestait skier et qu'il voulait rentrer tout de suite, et a terminé en admettant que, même si les cours n'étaient pas amusants (mais qui s'est jamais amusé en cours de ski ? Pas moi, en tous cas), c'était plutôt chouette de savoir skier. Pour finir sur une note positive, je suis montée hier après-midi avec lui tout en haut du domaine, et nous sommes redescendus tranquillement par des pistes bleues et vertes quasiment désertes (le mauvais temps avait décidé la majorité des vacanciers à avancer leur départ). Arrivé en bas, il m'a supplié d'en faire "juste encore une". Comme il n'avait pas fait de ski depuis cinq ans, il a été rétrogradé d'une classe, et a raté son examen final par-dessus le marché ; mais il ne s'est pas trop vexé qu'on lui propose d'emporter une médaille équivalente au flocon alors qu'il a eu sa première étoile en 2009, et a accepté sans honte une médaille encore inférieur pour étoffer sa collection. Et surtout, en une semaine, il a fait de réels progrès, même s'il a bien du mal à ne pas rester constamment en chasse-neige. Lui qui n'était pas du tout sûr de vouloir venir quand je lui ai posé la question il y a trois mois, il n'a pas hésité une seconde quand on lui a demandé s'il était prêt à recommencer l'année prochaine.
- Moi, je suis ravie. Je n'ai skié "pour de vrai" qu'une heure et demie par jour, pendant que les enfants étaient en cours, mais ça a suffi à remplir ma coupe de bonheur. La station n'était pas trop petite (j'ai parcouru les pistes plusieurs fois, mais pas tant que ça), ni trop grande (et donc pas trop chère), et surtout, elle n'était pas trop peuplée ; moi qui n'aime rien tant qu'être seule sur une piste, j'ai été comblée plusieurs fois. J'ai aimé le soleil, j'ai aimé la neige qui tombait dru, j'ai même aimé le brouillard qui m'a momentanément égarée entre deux pistes, un jour, parce qu'on ne voyait même plus les panneaux. En dehors du ski, j'ai apprécié les crêpes au nutella dévorées chaque jour au goûter, les déjeuner en "famille élargie" avec ma mère, son mari et ma soeur, les dîner et les petits-déjeuners seule avec les Things (ma mère logeait le Grand, et je trouvais ça si calme, si calme, ces repas avec "seulement" deux jeunes enfants !), et les soirées où j'avançais vaillamment ma traduction de quelques pages avant que mes yeux ne se ferment tout seuls à l'heure où d'habitude je me mets tout juste au travail.
- Ma sœur et son père ont bien profité de leurs vacances, eux aussi, du moins j'en ai l'impression. En tous cas, il me semble qu'ils ne regrettent pas d'être partis, même si ma petite sœur a également raté son examen (équivalent deuxième étoile) parce qu'elle s'est fait mal le quatrième jour (rien de grave, je la soupçonne d'avoir eu autant envie que moi de descendre les pistes allongée sur un traineau tiré par un secouriste skieur confirmé, même si elle prétend qu'elle a surtout eu froid pendant la descente).
- Quant à ma mère, elle qui n'aime ni le froid, ni la neige, et encore moins le sport en général et le ski en particulier, et qui a passé la semaine à faire des allers-retours en portant des bottes, des casques, des skis, voire des enfants, et à préparer nos repas sur deux malheureuses plaques électriques avec des casseroles trop petites, elle s'est définitivement assuré une place au paradis. (Maman, MERCI.)

Conclusion ? L'année prochaine, on y retourne. Des vacances comme ça, c'est la grande goulée d'air qui permet de replonger en apnée dans la vie quotidienne. Et ça faisait longtemps que je n'avais pas respiré autant d'un coup...