mardi 31 janvier 2012

Vu !

J'ai vu un monsieur avec un béret basque qui mangeait des churros.
J'ai vu une publicité qui parlait d'amour et de tendresse et qui montrait deux paires de jambes avec des slips baissés jusqu'aux chevilles.
J'ai vu une dame assez laide et plus toute jeune avec un manteau rose, un sac rose, une écharpe rose et même un I-Pod rose. Je lui ai souri.
J'ai vu un restaurant qui proposait comme menu, au choix, steak-frites, moules-frites ou poisson pané-frites.
J'ai vu un gros monsieur sur sa terrasse, par un froid de canard, en pleine vue du métro aérien, en train de lire son journal.
J'ai vu une affiche pour le one-man-show de quelqu'un qui faisait son "coming out", et je me suis longtemps demandé comment on pourrait rendre cette expression en bon français.
J'ai vu une dizaine de femmes enceintes se mettre à quatre pattes dans le plus grand sérieux, sans qu'aucune ne semble remarquer le côté comique de la situation.
J'ai vu une dame qui n'avait absolument pas l'air d'une clocharde plonger la main dans la poubelle des emballages recyclables pour y récupérer quelque chose, mais je n'ai pas eu le temps de voir quoi.
J'ai vu une pub présentant des rugbymen féroces, grimaçants, presque effrayants, sans doute pour compenser l'effet que pourrait faire leur tenue rose bonbon.
J'ai vu une dame noire fatiguée piquer du nez dans le métro sans perdre son demi-sourire.
J'ai vu un monsieur grisonnant et cravaté, très sérieux, taper un texto à une allure stupéfiante sur son portable visiblement fort cher.

On en voit des choses, quand on sort de chez soi !

lundi 30 janvier 2012

Des gars et des dégâts

Déjeuner. La table est mise, et Darling s'est versé un verre de vin (histoire de conforter les enfants dans leur idée que leur père est un alcoolique). Il va chercher le plat principal à la cuisine. Soudain, Mr Thing Two s'approche de la table, attrape le verre à pied avant que j'ai le temps de dire ouf, part avec. Bilan : un verre cassé, et du vin partout dans la pièce, jusque sur les coussins du canapé.
Goûter. Darling vide le lave-vaisselle. Trop vite, peut-être, même si ça m'étonne. Quoi qu'il en soit, quelque chose lui échappe des mains. Bilan : un autre verre cassé.
Dîner. Le Grand met la table. Pour gagner du temps, il prend les verres en même temps que les assiettes. C'est trop à la fois. Bilan : deux verres cassés, et une cuisine pleine de tessons d'un bout à l'autre.
Quatre verres en une seule journée, qui dit mieux ? Encore un weekend comme ça et on peut renouveler la vaisselle.

(Cela dit, en toute honnêteté, je dois avouer que je casse beaucoup plus de choses que Darling. Je suis la fille qui, le jour de son vingtième anniversaire, a laissé tomber sur le carrelage toute une pile de très jolies assiettes, cadeau de mariage offert à sa mère vingt-et-un ans plus tôt...)

A part ça, le soir, pendant que je préparais le repas, Miss Thing One est venue me voir dans la cuisine. Son papa regardait des vidéos de rock avec Mr Thing Two, et elle s'ennuyait. Du coup, même si la cuisine est habituellement interdite aux petits enfants, je l'ai assise sur le plan de travail, au milieu des verres, des assiettes, des couteaux tranchants, et des casseroles brûlantes. Je lui ai montré comment on faisait une béchamel inratable en trois minutes chrono*. C'était sa toute première leçon de cuisine. Il y en aura d'autres – pour elle et pour ses frères, bien entendu.

Inutile de dire qu'elle n'a touché à rien.

* Mettre coup sur coup l'huile (ça va encore plus vite qu'avec le beurre, et c'est meilleur pour la santé), puis la farine qu'on remue cinq secondes, puis le lait, froid, en une seule fois. Fouetter vigoureusement sur feu vif. Si vous obtenez le moindre grumeau ou si ça vous prend plus de cinq minutes, je mange mon clavier. Pourquoi conseille-t-on toujours de préchauffer le lait ou de le verser petit à petit ? Mystère...

dimanche 29 janvier 2012

Les petits maux de la grossesse (7) : les mycoses

Nous sommes bien d'accord, je ne parle pas ici d'herpès. Non non, c'est bien la flore vaginale qui est perturbée par les hormones de la grossesse, et donc si vous attrapez une mycose, ça vous grattera . Oui oui, là où vous avez peut-être déjà des varices fort douloureuses. On va dire que c'est pour compléter.
Sans rire, ça n'a l'air de rien, mais c'est horrible. Vraiment insupportable, en particulier la nuit.

Si ça vous arrive, et il faut savoir que c'est assez fréquent, quelques conseils :
– Tout d'abord, inutile de faire une scène de ménage à votre conjoint, ce n'est pas forcément lui qui vous l'a refilée après l'avoir attrapée en galipettant avec sa secrétaire (ou sa patronne, y a pas de raisons). Non ; la plupart du temps, ça vient tout seul. Vous n'aurez donc même pas la satisfaction d'avoir un bouc émissaire.
– Ensuite, pas la peine de vous inquiéter. Non, ça ne peut pas "remonter" jusqu'à la poche des eaux et provoquer une fausse couche, ni rien du genre. Ce sont des champignons, pas une infection. Je n'ai aucune idée de la différence, mais une chose est sûre, c'est sans danger pour le bébé. Au pire du pire du pire, si vous n'avez pas réussi à la faire passer au moment de l'accouchement, votre rejeton aura une mycose à son tour (pas forcément , pour le coup), et il faudra lui mettre de la crème. De toute façon, vous verrez, on vous fera acheter quinze crèmes et lotions différents pour le petit braillard, donc une de plus, une de moins...
– Enfin, n'attendez pas le prochain rendez-vous avec le médecin dans quinze jours pour vous soigner. Allez tout de suite à la pharmacie, expliquez votre problème (même si vous tombez sur celui aux faux airs de prince charmant – à ce stade, vous n'avez plus rien à lui cacher), et achetez des ovules compatibles avec la grossesse : ils sont en vente libre. Moi, très consciencieuse, j'ai attendu de voir ma gynéco, pour m'entendre dire qu'elle ne me ferait même pas d'ordonnance et que je pouvais aller acheter mon traitement toute seule. Ah, et pendant que vous y êtes, prenez une crème pour calmer les démangeaisons. Ça peut aider. Un petit peu. Parfois. Allez, disons que ça aura au moins un effet placebo.
– A part ça, obéissez aux injonctions classiques : pas de pantalons trop serrés, des sous-vêtements en coton, pas de toilette intime interne, un savon neutre... Le blabla habituel, quoi.

Avec un peu de chances, ça passera en quelques jours, et vous pourrez enfin dormir la nuit, et cesser de vous tortiller toute la journée au bureau comme si vous étiez assise sur un hérisson (si vous travaillez en open space, bon courage). Mais si vous ne les avez pas tous utilisés, gardez les ovules qui vous restent. Une fois sur deux, la mycose n'a fait qu'une fausse sortie, et elle revient en force, y compris au cours des semaines qui suivent l'accouchement. Eh ! oui, pour une fois, ce "petit mal" (argh) de la grossesse perdure même après la grossesse. Comme un petit souvenir, en quelque sorte. Pour que vous n'oubliiez pas qu'être enceinte est la plus belle expérience de votre vie. Si, si.

samedi 28 janvier 2012

Qui a bu, boira

Vendredi soir. Nous sommes à la crèche. Le personnel a invité les parents à partager une galette pour bavarder un peu, et même si ni moi ni Darling ne pouvons consommer des pâtisseries, nous y sommes allés ensemble. Du coup, nous refilons nos parts aux Things, qui n'émettent aucune objection, bien au contraire.
Mr Thing Two est déchaîné. (Qui a dit "Comme d'habitude" ?). Il hurle pour avoir du jus d'orange, et du tâteau, et pour qu'on lui enlève son manteau, et pour qu'on lui remette son manteau, et pour venir dans mes bras, et pour avoir encore du tâteau. A un moment donné, trompant la surveillance des adultes, il s'approche de la table où se trouvent les jus (pour les petits) et le cidre (pour les grands). Et il met la main sur un tire-bouchon.
Il ne s'y trompe pas. Il reconnaît l'objet aussitôt.
— Papa ! s'exclame-t-il, triomphant, avant d'aller restituer le tire-bouchon à celui qui, à ses yeux, en est forcément le légitime propriétaire.
Et voilà comment un enfant de vingt mois, qui n'a qu'une quinzaine de mots à son vocabulaire, réussit à laisser entendre devant trente personnes que son père est un alcoolique.

vendredi 27 janvier 2012

Ma fille, mon amour


Avertissement : ce texte contient une dose de mièvrerie maternelle supérieure aux normes habituellement en vigueur sur ce blog. La rédaction vous prie de bien vouloir accepter ses excuses, et met tout en œuvre afin que cet incident ne se renouvelle pas de sitôt.
 
Sur ce blog, il y a plusieurs textes consacrés à Mr Thing Two, un certain nombre consacrés au Grand, quelques-uns même qui parlent de Darling... et quasiment aucun qui soit uniquement dédié à Miss Thing One. Comme quoi, dans la vie, si on ne casse pas une dent en se jetant de son lit, si on ne détourne pas de l'argent pour s'acheter une tarte aux framboises en douce, et si on ne confond pas les poireaux et les oignons, on est condamné à être ignoré.
J'ai donc juste envie de dire, en vrac, trois ou quatre petites choses à son sujet, pour qu'elle ne dise pas, si un jour on relit ce blog ensemble dans quelques années, "Mais j'étais où, moi ?".
– Tout d'abord, elle est incroyablement jolie. Mais si, je suis objective. Plein de frisettes, des yeux pers à tomber à la renverse, un petit nez retroussé, une petite bouche en cœur, des bonnes joues rondes, des pieds tout fins... Je ne peux pas faire autrement que m'extasier à chaque fois que je la vois. Ce qui nuit peut-être à ma modestie naturelle, vu que de l'avis général, c'est mon portrait craché.
– Elle a un caractère de cochon. Elle n'hésite pas à donner une grande baffe à son grand frère (de huit ans son aîné, quand même) s'il lui casse les pieds, elle griffe et mord Mr Thing Two s'il fait seulement mine d'effleurer le truc avec lequel elle jouait, et elle fronce sans arrêt les sourcils, genre "Attention je vous préviens je ne suis pas contente, vous avez intérêt à faire quelque chose". D'ailleurs, elle est si mignonne quand elle fronce les sourcils que, souvent, je ne peux pas m'empêcher de l'embrasser. Et immanquablement, je me prends une grande baffe, moi aussi.
– Elle est paresseuse. Très loin d'être entrée dans la phase "C'est moi qui le fais", elle serait plutôt "Tiens, puisque tu es là, prends cette cuillère et nourris-moi pendant que je m'avachis sur ma chaise haute", ou "Marcher, pourquoi pas, mais alors donne-moi la main", ou "Non mais attends, je ne vais pas tenir mon biberon moi-même, je viens juste de me réveiller !". Pour mémoire, elle s'est assise pour la première fois le jour de son premier anniversaire. Je commençais à croire qu'elle avait décidé de passer sa vie allongée.
– Elle ne voit pas la nécessité de parler. Depuis mon billet sur leurs premiers mots, elle n'a quasiment rien rajouté à la liste, sauf "main" et "pied", qui peuvent vouloir dire selon le contexte "Enfile-moi mes chaussures", "Enlève-moi cette gigoteuse pour que je puisse marcher", "Donne-moi la main pour descendre cette marche", "Regarde, c'est horrible, j'ai une miette microscopique sur le pouce, au secours", etc. En revanche, elle désigne du doigt, et elle hoche la tête, et elle est tout à fait capable d'attendre qu'on ait formulé plusieurs hypothèse jusqu'à trouver la bonne (au lieu de se mettre à hurler comme Mr Thing Two parce que nous n'avons pas compris que "Là !" signifiait "Je ne veux pas un CD de musique baroque, je préfère que tu passes Freak Power sur l'ordinateur" et/ou que nous n'avons pas obéi dans la demi-seconde qui suivait).
– Elle est coquette. Ne venez pas me raconter que c'est inné, je vous rappelle qu'on lui dit qu'elle est jolie environ douze fois par jour (ouvré). Elle se laisse faire quand on la coiffe, ou quand on lui enfile un bandeau ou un chapeau, et après elle va voir les autres membres de la maisonnée et attend les compliments. Ça me fait mourir de rire.
– Elle fait assez peu de bêtises, en tous cas bien moins que ses frères, tout simplement parce qu'elle sait jouer avec ce qu'elle a sous la main au lieu d'aller chercher le couteau à pain ou la bouteille d'huile. Par contre, si Mr Thing Two en fait une, elle l'imite, bien sûr. Et elle est au moins aussi désobéissante que lui : un "Viens ici, ma chérie" appelle immanquablement un "Non", prononcé d'ailleurs de manière charmante.

En gros, en résumé, pour l'instant elle est aussi jolie et colérique que sa mère, et aussi paresseuse et coquette que son père. Ça promet. 

Ma fille, ma puce, ma chérie, ma toute petite, ma mignonne, mon amour...
Si vous saviez combien je l'aime !

jeudi 26 janvier 2012

Va te faire foot !

Revenue hier vers 22h et quelques d'un bon dîner avec un ami de longue date – seulement un ami mais il m'est arrivé de le regretter –, je trouve Darling devant le foot.
Oui, Darling regarde le foot. Je sais. La seule chose qui me console, c'est qu'il n'y a pas l'ombre d'un patriotisme dans l'intérêt qu'il porte à cette discipline : il s'est choisi une équipe de cœur issue d'une ville où il n'a jamais mis les pieds, et se moque éperdument de la nationalité des équipes tout comme de celle de leurs joueurs ou entraîneurs, du moment qu'elles jouent bien.
Mais quand même, Darling aime le foot et j'aime faire des gâteaux. Parfois, on n'échappe pas aux clichés.
Bref, quand j'arrive, Darling regarde Real Madrid / Barcelona. Il est plutôt pour Barcelona, mais en fait il s'en fiche un peu. Par contre, il regarde ça avec passion. Visiblement, c'est un bon match.
Du coup, lui qui ne manque jamais de me taquiner à chaque fois que je sors avec un individu de sexe masculin autre que mon beau-père, il s'est contenté de me demander "Ça s'est bien passé ? Vous avez bien mangé ?" et n'a même pas écouté la réponse.
OK, je suis enceinte de six mois et plus, ce qui n'est pas l'idéal pour flirter ; néanmoins, je suis un poil vexée. Mais maintenant, je sais quoi faire si je veux le tromper un soir et rentrer rouge, échevelée, le T-shirt à l'envers et le soutif déchiré, sans qu'il s'en aperçoive. La finale de la ligue des champions serait probablement la date idéale.
A condition que je ne jette pas mon dévolu sur un autre fan du ballon rond, bien sûr...

mercredi 25 janvier 2012

Amour-en-cage

Je n'ai rien contre les romans sentimentaux. Vraiment. Je n'ai jamais été lectrice d'harlequineries, mais j'aime qu'il y ait une histoire d'amour dans les romans d'aventure, d'humour ou autre qui me passent par les mains. Et je suis assez déçue quand ce n'est pas le cas.
Là, je suis en train de traduire ce qui pourrait être qualifié de chick-litt pour les adolescentes. C'est la suite d'un roman que j'avais traduit il y a quelques mois ; du coup, je me suis payé le luxe de ne pas le lire, pour préserver le suspense. Dans le premier volume, après quelques amourettes contrariées, l'héroïne se rendait enfin compte qu'elle était amoureuse de son meilleur ami, ce qui était évident dès le début. Qu'allait-il se passer dans le deuxième volume ?
Réponse : rien. J'en suis à la page 195, les deux amoureux sont séparés car l'un d'eux est parti étudier à l'étranger, et même s'il ont chacun un ou deux rivaux, pour l'instant, il ne s'est RIEN passé.
Alors bon, je n'ai rien contre les romans sentimentaux, mais là, je m'ennuiiiiiiiiie. J'ai presque envie de prendre au mot l'éditrice qui m'a dit "N'hésite pas à couper s'il y a des longueurs" et de sauter une centaine de pages. Pas sûr que quiconque s'en apercevrait...

mardi 24 janvier 2012

Le bébé et l'eau du bain

Hier soir, Mr Thing Two a fait caca dans le bain. Bain où se trouvait également sa soeur, bien entendu, ainsi que bon nombre de jouets. Et Mr Thing Two a un transit exceptionnellement efficace (pas étonnant, vu comme il remue !), donc ce n'était pas une petite ni même une grosse crotte bien dure qu'on peut ramasser ni vu ni connu.
Rien de grave, une demi-heure après ils étaient propres des pieds à la tête tous les deux, ainsi que la baignoire et les jouets. J'avais mal au ventre et au dos, Darling était hypoglycémique, nous avons dîné une demi-heure plus tard que prévu, mais l'affaire n'a pas eu de suites.

Cette nuit, j'ai rêvé que j'étais désespérée à l'idée de ne pas pouvoir quitter la Terre pour aller (retourner ?) sur la Lune. Tellement désespérée que je tentais de me suicider en avalant un grand bol de Mitosyl*.

Je me demande s'il y a un rapport ? 


*Pour les nullipares et ceux qui ont oublié, le Mitosyl est une crème qu'on met sur les fesses des nouveaux-nés pour guérir ou prévenir les irritations du siège, sauf quand on est une bo-bio comme moi et qu'on préfère acheter quatre fois plus cher un machin écolo et relativement inefficace à la biocoop.

lundi 23 janvier 2012

Une place assise dans le métro

Je vous ai parlé des vertiges avant-hier, et je vous ai expliqué pourquoi beaucoup de gens, en particulier des hommes, ne comprennent pas vraiment pourquoi ils devraient se lever pour offrir leur siège aux femmes enceintes dans le métro. Par ailleurs, j'entends déjà celles qui râlent que "Moi, je prends le RER tous les jours à l'heure de pointe, et on ne me laisse jamais de place assise". Du coup, je vais vous donner quelques trucs.

D'abord, ôtez votre manteau. Si on n'y fait pas très attention, on peut croire que ce léger renflement au niveau du ventre est dû au fait que vous avez mangé trop de chocolat pendant les fêtes (vilaine !) et donc faire mine d'ignorer que vous êtes enceinte. Et puis ça vous évitera d'avoir trop chaud (et ça tombe bien, c'est une autre cause possible de malaise).
Ensuite, portez des vêtements moulants. Personnellement, quand je dois prendre un transport en commun, je ne fais pas les choses à moitié : je mets l'un des T-shirts refilés par une copine sur lesquels sont imprimés de gros points d'interrogation au niveau du ventre (mais avec un coeur, ou une inscription genre "C'est un garçon" ou "Arrivée prévue en avril", ça marche aussi). Là, même avec une dose massive de mauvaise foi, personne ne pourra ignorer que vous portez la vie en vous (bon sang je m'émeus moi-même), et que donc il faut vous manifester des égards, non mais sans blague.

Et s'il y a trop de monde et que la place prioritaire la plus proche de vous est occupée par un monsieur plongé dans son journal ou qui regarde ostensiblement par la fenêtre en écoutant son iPod, réclamez. Mais si. C'est votre droit, et ce n'est pas du chiqué, vous avez vraiment plus de mal à rester debout qu'eux. Trois formulations possibles :
– Si vous êtes lâche, comme moi, penchez-vous vers le malotru en lui disant d'une voix blanche : "Excusez-moi, je ne me sens pas très bien..." Vous verrez, à la simple idée que vous pourriez vous évanouir sur lui et froisser sa chemise, il se lèvera d'un bond, sauf si vous êtes une femme enceinte très jolie et sexy (dans ce cas, allez au diable).
– Version simple et directe : "Excusez-moi, je suis enceinte, puis-je m'asseoir ?" Imparable. Il n'osera pas refuser, tout le wagon le foudroierait du regard.
– Et si vous êtes d'humeur taquine, ou au contraire en colère contre tous ces goujats, comme ça m'est arrivé une fois avec un type qui avait fait exprès de me piquer la place sous le nez et de ne surtout pas regarder mon ventre, vous pouvez lancer à voix bien haute : "Monsieur, vous êtes enceint de combien de mois ?" Quitte à ajouter encore, si vous avez le temps avant qu'il se désintègre de honte, "A moins que vous ne soyez un mutilé de guerre ? Parce que voyez-vous, vous êtes assis sur une place réservée aux personnes prioritaires..." Très efficace, promis.

dimanche 22 janvier 2012

Ouah !

Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas...
Le loup n'y est pas, mais qu'est-ce qu'il y a comme chiens ! Les promeneurs qui sont venus faire prendre l'air à leur toutou en ce dimanche matin représentent environ un tiers des personnes que nous rencontrons, à peu près à égalité avec les cyclistes et les joggers.
Tandis que Miss Thing One marche lentement en donnant la main, Mr Thing Two, entre de nombreuses chutes et quelques excursions dans les fourrés, s'intéresse beaucoup aux gens que nous croisons :
- Quand un vélo arrive, il fait de son mieux pour se jeter sous ses roues (ou alors, si ce n'est pas le but, il s'y prend vraiment mal) ;
- Quand des coureurs arrivent, il essaie de les suivre (sans grand succès) ;
- Quand des chiens arrivent, il se précipite vers eux en poussant des rugissements qui imitent le lion, va savoir pourquoi.
Nous le suivons à la trace, car il n'a pas encore intégré la règle "On ne touche pas un chien inconnu", mais si nous réussissons généralement à l'empêcher d'aller tirer les oreilles du premier pit-bull venu, impossible de le faire taire. Heureusement, la plupart des chiens regardent avec indifférence ou curiosité ce drôle de lion en manteau jaune moins lourd qu'eux, et poursuivent dignement leur chemin.
Oh, mais en voici un autre ! Un tout petit machin, cette fois. Je n'y connais rien en chien, mais celui-ci est nettement moins grand qu'un chat. Un museau affilé, des oreilles pointues, un pelage noir, assez mignon dans l'ensemble. Mr Thing Two court vers lui de toute la vitesse de ses petites jambes.
— Grrrrr ! Rrroooaaarrrr !
— Ouah ! Ouah ! répond le chien de sa petite voix aiguë, bien décidé à ne pas se laisser intimider.
Du coup, le gamin s'est arrêté net, puis est revenu se cacher dans mes jambes en m'avouant d'une voix pleine de larmes :
— Peu(r) ! Peu(r) !
Eh ! oui, mon bonhomme, tu apprendras vite qu'il ne faut jamais s'attaquer aux plus petits que toi, dans la vie. Pas pour une quelconque raison d'honneur, mais parce qu'ils se défendent, eux !

(Je vous rassure tout de suite, quinze mètres plus loin, l'incident était oublié, et Mr Thing Two repartait à l'attaque d'un magnifique labrador en montrant d'un air menaçant ses trois incisives.)

samedi 21 janvier 2012

Epinards

Soit deux énormes sacs d'épinards frais. Je prends les feuilles une par une, je coupe les plus grosses en deux, j'ôte les tiges. Je les lave, en cinq fois, car je n'ai pas de récipient assez grand pour tout laver ensemble. Je les essore soigneusement dans mon essoreuse à salade, en cinq fois également. Je les mets dans une cocotte avec un peu d'huile, une poignée à la fois, en attendant que les précédents aient "fondus" avant d'en rajouter, et en mélangeant régulièrement. Quand ils sont cuits, je les verse dans une passoire ; dès qu'ils ne sont plus trop chauds, je presse avec la main pour éliminer l'eau excédentaire.
Environ quarante minutes de boulot.
Résultat : un bol d'épinards cuits. De quoi me faire un accompagnement pour moi toute seule, quoi.

La prochaine fois, je ferai des lentilles. Après trempage et cuisson, une tasse suffit pour nourrir toute une famille. Et pour équilibrer le repas, j'ajouterai des épinards.
Surgelés.

Les petits maux de la grossesse (6) : vertiges, malaises et syncopes

Allez, on continue les joyeusetés. Je sais ce que vous vous dites : "Au rythme d'un nouveau billet sur le même thème chaque semaine, elle ne va jamais tenir encore deux mois et demie, il n'y en a pas tant que ça, quand même !"
On parie ? 
(Pour les "petits maux" déjà abordés, cliquez sur l'onglet "grossesse" dans le menu à droite ou à la fin de ce texte).

Alors, que dire au sujet des vertiges et compagnie ?
Mesdames-qui-avez-déjà-eu-des-gosses, avez-vous remarqué que quand vous êtes au début de votre grossesse, ce sont surtout des femmes qui vous cèdent leur siège dans le métro ? Ce n'est pas parce que l'altruisme est plus valorisé dans l'éducation des filles que dans celle des garçons. Enfin, si, mais pas seulement : la preuve, les jeunes filles ne se lèveront pas beaucoup plus que les hommes. Ce sont des femmes qui ont déjà été enceinte qui vous proposeront de vous asseoir même si votre bidon est à peine visible, parce qu'elles, elles savent. Les autres s'imaginent naïvement, comme moi autrefois, qu'avoir un petit ventre à peine proéminent de trois ou quatre mois, c'est un peu l'équivalent d'avoir pris quelques kilos pour les fêtes : négligeable. Ce n'est pas ça qui va vous empêcher de tenir debout, pensent-ils. Ils ignorent que dès que vous êtes debout, vous vous trouvez mal : tête qui tourne, points qui dansent devant les yeux, jambes en coton, etc.
Anémie, hypotension, augmentation du débit sanguin, il y a plein d'explications différentes. Le fait est que personnellement, tant que je marche, tout va bien. Mais dès que je m'arrête, ne serait-ce pour deux minutes, j'ai l'impression que je vais m'évanouir. Donc si, le fait que je puisse déambuler tranquillement pendant une demi-heure dans les allées du supermarché est compatible avec mon exigence de passer à une caisse prioritaire, et non, je ne fais pas la comédie quand, contrainte à faire la queue pour n'importe quelle raison, je m'assois carrément par terre.

Attention, cependant, car si vous marchez trop longtemps, vous pourriez faire un malaise hypoglycémique, très courant chez les femmes enceintes.

Quant aux syncopes, c'est autre chose. Là, c'est quand vous vous allongez que ça vous prend, et surtout en fin de grossesse. Pourquoi ? Parce que la veine cave inférieure, celle qui assure le retour du sang vers le cœur, est comprimée par l'utérus. Ne m'en demandez pas plus, je n'ai pas fait d'études de médecine, je vous signale. Tout ce que je sais, c'est que cette veine-là se trouve à droite, et que c'est pour ça que dans les cours de secourisme, on vous enseigne que la PLS (position latérale de sécurité) doit se faire exclusivement du côté gauche pour les femmes enceintes. Pour les autres victimes, vous pouvez faire comme vous voulez, en fonction de vos convictions politiques.

Donc, en résumé : si vous êtes debout, vous avez la tête qui tourne, si vous marchez, vous risquez de vous effondrer, et si vous vous allongez, vous risquez de tomber dans les pommes. Essayez donc la position assise. Sauf que ce n'est pas bon pour les varices.
Alors le poirier, peut-être ?

vendredi 20 janvier 2012

Ceci n'est pas un appel commercial

L'un des gros inconvénients quand on travaille à la maison, c'est qu'on est souvent interrompu par des gens qui veulent vous vendre des fenêtres ou vous proposer leur aide tout à fait désintéressée et bénévole pour vous faire bénéficier d'une réduction d'impôts.
Bien sûr, j'ai depuis longtemps demandé mon inscription sur la liste orange, ou liste anti-prospection, ce qui signifie que même si mes coordonnées apparaissent dans l'annuaire, elles sont suivies d'un petit signe qui indique que je suis "opposée au marketing direct". Les entreprises qui me téléphonent sont donc en infraction par rapport au Code. Mais je ne jurerais pas que ça diminue réellement le nombre d'appels, même si, au moins, ça écourte les conversations... en général.

Ce matin, le téléphone sonne. Pas de numéro affiché : mauvais signe. Je réponds quand même.
— Allô, bonjour Madame, je suis un représentant du groupe Machin, l'une des plus grandes assurances privées de France, et je vous appelle pour vous faire connaître les services que nous proposons.
Dans ces cas-là, je reste toujours aussi polie et courtoise que possible. Je sais bien que ces gens font un travail horrible, avec des cadences infernales, et même s'ils insistent lourdement, je sais que ça fait partie de leur consigne. Je brandis cependant aussitôt mon bouclier :
— Merci, Monsieur, mais je suis sur la liste orange : je refuse les appels commerciaux.
— Mais Madame, ceci n'est pas un appel commercial.
— Excusez-moi de vous contredire, mais un appel non-sollicité à des fins de marketing de la part de quelqu'un à qui je n'ai pas donné mon numéro moi-même est bien considéré comme un appel commercial.
— Pas du tout, Madame. Ceci est un appel d'information ; je voudrais simplement...
Bon, j'en ai assez. Je coupe :
— Je suis désolée, mais je vous me dérangez dans mon travail, et ça ne m'intéresse pas. Merci, et au revoir, Monsieur.

Eh ! bien, vous savez quoi ?
Il a rappelée aussitôt. C'est la première fois que ça m'arrive.
— Allô, Madame, nous avons été coupés (!). Je ne crois pas que vous ayez bien compris quel est le but de mon appel. Je vais vous expliquer quels sont les avantages...

Ce qui m'étonne, c'est que, certes, ils ont l'obligation d'insister, mais comment peuvent-ils envisager atteindre leur but auprès d'une interlocutrice d'une hostilité aussi évidente ? Ai-je été trop polie ?


Dans la série "appels (non) commerciaux", il y a quelques mois, j'ai eu une conversation cocasse avec une dame par ailleurs charmante :
— Allô, bonjour Madame, je vous appelle de la part de votre opérateur téléphonique mobile. Vous avez bien un forfait d'une heure par mois chez nous ?
— Euh, oui, mais je ne me sers presque jamais de mon portabe, il est toujours éteint. Je travaille à la maison, vous comprenez.
— Oui... effectivement, d'après vos dernières factures, vous l'utilisez environ 24 minutes par mois en moyenne. Mais si je vous appelle aujourd'hui, c'est pour vous proposer de passer à un forfait supérieur à un prix très avantageux ! Cela vous intéresse-t-il ?
Alors... Comment vous dire ça sans vous vexer ?

Bon, je vous quitte, je vais essayer d'avancer un peu ma traduction avant qu'un vendeur de doubles vitrages me téléphone et me soutienne que "ceci n'est pas un appel commercial", puisqu'il me propose un "devis gratuit" (sic).

jeudi 19 janvier 2012

Ronya, fille de brigand


 Après Treize à la douzaine, voici un autre roman qui a intensément marqué mon enfance, et qui a la particularité de présenter une situation quasiment opposée au précédent : au lieu de raconter l'histoire de douze enfants et de leur deux parents, c'est l'histoire de deux enfants qui vivent chacun avec une bande de douze brigands... Il s'agit de Ronya fille de brigand, de l'excellente auteure Astrid Lindgren, paru en 1984 en Livre de Poche jeunesse dans une traduction de Brigitte Duval et Agneta Segol, et que je possédais dans l'édition ci-contre, très joliment illustrée par Mette Ivers.
Ronya naît par une nuit d'orange, dans un énorme château au coeur d'une forêt peuplée d'animaux sauvage et de créatures surnaturelles (elfes griffus, trolls des ténèbres...). Elle grandit heureuse, entourée de son père, sa mère, et la bande de brigands dont son père est le chef. Un jour, elle découvre que l'ennemi juré de son père a eu lui-même un fils le jour même où elle est née. Au début, les deux enfants se détestent comme leurs parents, puis l'amitié s'installe, envers et contre tout...
J'ignore pourquoi j'adorais tant ce livre, au fond. Certainement parce qu'il est très bien écrit, qu'il fait rêver, que les personnages sont intéressants, que l'histoire est captivante, toutes sortes de choses que je n'aurais pas su formuler à l'époque mais que je dirais aujourd'hui si je devais faire une fiche de lecture sur ce roman – et ce n'est pas la mémoire enjolivée de l'enfance qui parle : en le sortant de ma bibliothèque pour retrouver les références, hier soir, j'ai voulu le feuilleter, et j'ai fini par le relire intégralement !

Oui, Astrid Lindgren est incontestablement une grande, une immense auteure, que l'on connaît surtout pour Fifi Brindacier, et dont on oublie souvent qu'elle a écrit plein d'autres romans, y compris de la "fantasy" avant l'heure, et toujours des histoires très belles, très touchantes, qui marquent durablement. Ma petite sœur, elle, était tombée amoureuse des Frères Coeur-de-lion de la même auteure (ci-joint dans l'édition du Livre de Poche, traduit par Agneta Segol et Pascale Brick-Aïda), l'histoire d'un petit garçon malade et de son frère aîné héroïque qui, après leur mort, se retrouvent dans un pays merveilleux où malheureusement le mal étend son emprise... Aventures palpitantes, personnages toujours aussi réussis, fin émouvante, etc.Vous en trouverez une critique plus détaillée sur ce blog.

Toujours dans les romans de "fantasy" d'Astrid Lindgren, il y a aussi Mio, mon Mio (même éditeur, mêmes traductrices), que j'ai lu adulte, et dans une langue que je ne maîtrise pas vraiment (il n'avait pas encore été publié en France, à l'époque), mais dont j'ai malgré tout gardé de très bon souvenirs. Encore une fois, un atmosphère fantastique, une lutte contre le mal comme dans Les frères Coeur-de-Lion, un monde qui fait rêver, un courage que l'on trouve là où on ne l'attendait pas... Bref, je ne peux que vous le recommander. Je crois bien que je vais me l'acheter en français, tiens.


Ma fille a bien failli s'appeler Astrid...
La prochaine, peut-être ?
(Quoi ?)

PS : Comme presque tous les bons romans, Ronya fille de brigand a été adapté au cinéma. Comme presque toutes les adaptations, je ne l'ai pas vue, mais fidèle à moi-même, je vous conseille d'oublier son existence.

mercredi 18 janvier 2012

Economies

Je décide d'aller acheter une alèse impermébable pour notre matelas, histoire de ne pas risquer d'inonder celui-ci comme je l'ai fait il y a un peu moins de dix ans en perdant les eaux à minuit. Profitant du fait que le Grand a besoin de photos d'identité, je sors avec lui et fais un crochet par un grand magasin où je mets très rarement les pieds, puisque je fais toutes mes courses par Internet.
Je découvre qu'un vrai protège-matelas, imperméable mais respirant, 100% coton sur la face supérieure, avec traitement anti-acariens, et en forme de drap-housse plutôt qu'avec ces petits élastiques qui craquent au bout de quelques mois, c'est cher. Vraiment cher. 110 €. Bigre.
Mais, mais, mais, j'avais oublié que c'était les soldes ! Et l'article est généreusement dégriffé : -30%, soit 77 € seulement ! En voilà une aubaine.
Du coup, avec les 33 € économisés, j'ai acheté deux jolies boîtes in-dis-pen-sa-bles pour ma cuisine, et puis un livre de recettes* par la même occasion, et je n'ai dépensé que 108 €. Je suis donc rentrée très satisfaite à l'idée d'avoir fait des économies, comme toute bonne mère de famille nombreuse doit en être capable. Prenez exemple sur moi, mes amis. 

*Que je brûle d'essayer, maintenant. Une crème renversée au chocolat et au caramel, ce n'est sûrement pas incompatible avec un régime diabétique, si ?

mardi 17 janvier 2012

L'ascenseur

Quand mon Grand avait dix-huit mois, un matin, dans l'hôtel où nous passions nos vacances, nous sommes allés prendre le petit-déjeuner dans la salle à manger, puis nous avons pris l'ascenseur pour retourner dans notre chambre, au quatrième étage. Nous sommes sortis de l'ascenseur tous les trois, avons fait tranquillement les dix pas qui nous séparaient de la porte de notre chambre. Darling a sorti la clef, s'est retourné, et s'est écrié :
— Mais... où est le gamin ?
Effectivement, il n'était nulle part en vue. Et il n'y avait pas beaucoup de cachettes sur le palier. En revanche, il y avait un long couloir plein de tournants.
Darling, qui s'affole très vite dans ces cas-là (mais j'avoue que je n'en menais pas large non plus), est parti au pas de course dans le couloir en hurlant le nom du petit bonhomme. Quant à moi, ayant ma petite idée sur la question, j'ai commencé à descendre l'escalier en l'appelant et en vérifiant chaque palier.
Gagné : très vite, j'ai entendu sa petite voix qui appelait "Maman ?".
Je l'ai retrouvé quatre étages plus bas, sain et sauf, complètement seul, et même pas trop inquiet. Enfin, un peu quand même : il m'a fait un gros câlin, et on sentait bien qu'il n'aurait pas fallu que ça dure trop longtemps, cette histoire.
Dans les trois secondes qu'il nous avait fallu pour aller de l'ascenseur à la porte de notre chambre, ce petit diable avait donc rebroussé chemin, était rentré dans l'ascenseur, et avait appuyé sur un des seuls boutons à sa portée, celui de l'entresol.


Depuis, je me méfie énormément des ascenseurs. Quand je monte ou descends avec les Things, je fais très attention de toujours sortir la dernière, et je ne les perds pas de vue jusqu'à ce que les portes coulissantes se soient refermées.
Oui, mais...
Dimanche, en rentrant de promenade, Darling est resté en bas à plier la poussette pendant que je prenais l'ascenseur avec une voisine qui revenait du marché et qui allait jusqu'au onzième étage. J'avais dans les bras Miss Thing One, qui pleurait parce qu'elle avait les pieds gelés. Arrivée sur mon palier, je suis sortie avec ma môme hurlante, et j'ai attendu que Mr Thing Two en fasse autant. Sauf que juste au moment de me suivre, ce dernier s'est rendu compte que la voisine avait des clémentines dans son caddie. Des clémentines ! Pensez, quelle aubaine !
Vous devinez la suite : il a aussitôt reculé, les portes ont commencé à se refermer, je n'ai pas pu les bloquer parce que mes bras étaient occupés, la voisine n'a pas eu de réflexe assez rapide, et voilà mon garçon parti avec la dame et ses clémentines jusqu'au onzième étage.
Sur quoi sont arrivés le Grand et Darling, respectivement par l'escalier et par l'autre ascenseur, et il a fallu que je leur explique que oui oui, j'étais bien cette affreuse mère qui avait laissé pour la deuxième fois un bébé de moins de deux ans prendre l'ascenseur sans elle. Inutile de vous dire que j'en ai entendu de toutes les couleurs. Y compris de la part du Grand, et de Miss Thing One qui avait toujours aussi mal aux pieds ET qui était horrifiée que son frère ait disparu.
Bien sûr, Darling s'est immédiatement inquiété ("Mais elle va savoir à quel étage on est ? Tu crois que je dois monter le chercher ?"), mais ça n'a duré que quelques secondes, car très vite, des cris de cochon qu'on égorge ou de bébé-qui-a-perdu-sa-maman se sont fait entendre au-dessus de nos têtes, prouvant que l'ascenseur était en train de redescendre.
Je ne sais pas qui a été le plus soulagé quand les portes se sont ouvertes : Mr Thing Two, qui a vécu l'aventure avec bien moins de sang-froid que son grand frère, Miss Thing One, Le Grand, Darling, ou la voisine elle-même, qui ne ne savait plus comment calmer ce bébé affolé. Ou moi.
Quoique, si elle l'avait gardé une heure ou deux, je ne me serais pas plainte...

lundi 16 janvier 2012

Muffins pour diabétiques

L'autre jour, à l'heure du goûter, désespérée devant ma feuille de salade verte – bon, OK, devant ma clémentine et mon morceau de pain sec, mais c'est désespérant quand même, avouez –, j'ai essayé de faire des muffins santé, ou muffins sans complexe, ou muffins allégés, ou muffins pour diabétiques, ou muffins régime, enfin bref, appelez ça comme vous voudrez. Autrement dit, des muffins :
- sans sucre. J'ai mis de la compote de poire ("purée" de poire, plutôt, puisque sans sucre) et une poignée de raisins secs.
- sans farine raffinée. J'ai mis de la farine complète, riche en son, pauvre en gluten, à assimilation lente.
- sans beurre. J'ai mis de la purée d'amande, en petite quantité.
(J'avoue que j'ai fait du zèle, car le beurre n'est pas interdit au diabétiques, au contraire : les graisses retardent l'assimilation des glucides).
Résultat ? Positif. J'ai pu manger deux muffins sans que ma glycémie explose.

Par contre, ce n'était pas très bon. Pas mauvais non plus, mais rien à voir avec des muffins, quoi.

dimanche 15 janvier 2012

Chantage aux chansons

Depuis que j'ai eu la malencontreuse idée, il y a quelques mois, de chanter une chanson pour distraire Mr Thing Two qui faisait un caprice pendant le repas ("Ouaaaaaaaahhh !" pouvant se traduire par "Je n'en veux pas de ta purée de panais, file-moi tout de suite deux ou trois desserts à la place !"), celui-ci exige de la musique pendant tous ses repas. Et pas n'importe quelle musique, hein, les Nocturnes de Chopin en sourdine ne font pas l'affaire : il lui faut soit un disque de rock/jazz/blues de Darling, soit des chansons de mon propre répertoire que je suis censée recommencer en boucle, avec une grosse préférence pour les génériques de "Barbapapa" et de "Léo et Popi", ainsi que pour les Clipounets.

Autant vous dire que les Barbapapas-qui-se-transforment-à-volonté-courts-longs-carrés, Léo-et-Popi-qui-ont-mille-choses-à-découvrir, et les éléphants-qui-se-balançaient-sur-une-toile-toile-toile-d'araignée me donnent désormais de l'urticaire.

Mais maintenant, dès que l'assiette est posée devant lui, il réclame "core !" – sous-entendu, "encore de la musique" : c'est un réflexe conditionné de sa part, un peu comme de réclamer un tâteau dès la dernière gorgée du biberon avalée ou d'exiger vingt minutes de "Mimi la souris" ou autre DVD en rentrant de la crèche chaque soir. (Mon Dieu, nous sommes des parents exécrables, j'ai honte). Et ça ne va pas s'améliorant. Si, jusqu'ici, j'avais le droit de me taire ou d'arrêter le CD à la fin de la purée, maintenant je suis aimablement priée de continuer jusqu'à la fin du repas, et si la chanson ou la musique choisie ne lui plaisent pas, il n'hésite pas à nous le faire poliment savoir.

Cela signifie-t-il qu'à l'adolescence, nous devrons écouter le dernier tube à la mode pendant chaque repas pour qu'il ne vire pas anorexique ? Qu'à l'âge adulte, il demandera à son épouse de lui chanter "Les petits poissons" ou une cantate de Monteverdi tous les soirs pendant qu'il avale son dîner ? Que devenu père, il régalera jour après jour ses enfants d'une chanson de Renaud pleine de gros mots tout en les obligeant à terminer leur soupe ? Que ses arrières-petits-enfants redouteront les repas de Noël avec grand-papy qui enchaîne "Douce nuit" et "Vive le vent" toute la soirée de sa voix chevrotante, et la bouche pleine, de surcroît ? Qu'il ne pourra jamais aller au restaurant s'il n'y a pas de musique d'ambiance, ou pique-niquer dans la forêt si les oiseaux ne viennent pas lui donner un concert ?

Remarquez, ce n'est pas forcément pire que si Miss Thing One exige de ses amants et même de ses colocataires qu'ils lui fassent un bisou sur la plante des pieds tous les soirs au coucher et tous les matins au lever, sous peine de grosse colère...

samedi 14 janvier 2012

Les petits maux de la grossesse (5) : le nez bouché

Comme je vous ai un peu assommés la dernière fois avec cette histoire de nausées horriblatrocépouvantables, aujourd'hui, je vais juste évoquer un petit inconvénient désagréable mais pas méchant : la "rhinite de grossesse" ou "rhinite gravidique", qui touche environ 30% des femmes, mais qui reste pourtant largement méconnue du grand public et dont il n'est que rarement question dans les manuels tels que J'attends un enfant. Sur Internet, par contre, il y a plein d’occurrences ; tenez, par exemple :
Croyez-le ou non, un nez qui coule ou un nez bouché, sans autres symptômes de rhume, est tout à fait courant pendant la grossesse. Certaines femmes ont l'impression d'avoir un rhume qui dure 9 mois. Ce syndrome a un nom : la rhinite de grossesse ; mais pas de remède.

Voilà, tout est dit. Entre ça et l'utérus qui prend toute la place, diminuant d'autant celle des poumons, je suis essoufflée dès que je grimpe trois marches, et j'ai sans arrêt l'impression d'étouffer – de l'air, de l'air !

Si ça vous arrive, que pouvez-vous faire ? Rien. On a bien dit "pas de remède". A la rigueur, comme soulagement temporaire, par exemple au moment du coucher, vous pouvez vous mettre un pshit quelconque dans le nez. Vous pouvez même demander à votre cher et tendre de vous envoyer une bonne giclée de sérum physiologique dans chaque narine. Si vous vous débattez suffisamment violemment, ça lui fera un bon entraînement pour quand il sera papa ; c'est toujours ça de gagné.

vendredi 13 janvier 2012

Régime

Vous avez tous – ou pas – entendu parler de la dernière trouvaille du Dr Dukan, qui propose que l'IMC (indice masse corporelle) soit pris en compte dans la note au bac. En d'autres termes, plus brutaux, que les gros soient pénalisés par rapport aux minces.
Plein de journaux et de blogs en ont déjà parlé, et je ne reviendrai pas là-dessus. Ce Dr Dukan, qui propose un régime dont il est prouvé qu'il est mauvais pour la santé et qu'il aboutit dans 80% des cas à une reprise du poids perdu, mériterait d'être étouffé sous dix tonnes de son d'avoine. Soit il est totalement idiot et n'a aucune notion de médecine, de psychologie, de problèmes sociaux, ni même de nutrition, soit il est très malin et a trouvé un bon moyen pour se faire encore plus de pub et gagner encore plus d'argent sur le dos de pauvres gens complexés. Je penche pour la deuxième explication. Dans les deux cas, il a bien mérité son surnom de Dr Dukon. A ce sujet, je vous invite à lire par exemple ce billet de Pensées de ronde, et celui de la Poule Pondeuse.

Quoi qu'il en soit, cette histoire m'a fait repenser à quelque chose qui me met hors de moi depuis des années : le diktat de la minceur dans nos sociétés d'abondance, en particulier pour les femmes. Parce qu'il faut bien l'avouer, parmi les gens qui font des régimes alors qu'ils n'en n'ont pas besoin, et ce sont ceux-là qui m'occupent, il y a majoritairement des femmes. Influence des magazines, obsession de la balance, confusion entre le surpoids et la cellulite (que l'on peut trouver moche mais qui est normale et naturelle chez les femmes, étant un caractère sexuel secondaire, comme les poils ou les seins – Miss Thing One en avait déjà à six mois) (de la cellulite, hein, pas des poils ou des seins, n’exagérons pas), tous ces facteurs et bien d'autres entrent en jeu, mais le fait est que j'ai connu plein de femmes qui se privaient à table alors qu'elles n'en n'avaient objectivement pas besoin.

Deux anecdotes en particulier ont attiré mon attention sur ce phénomène.
– Quand je travaillais dans une maison d'édition, un jour d'été où tous les hommes étaient occupés ou absents, une fille a eu la bonne idée d'acheter deux litres de glace (vanille/caramel, et sorbet aux pommes) et d'inviter tout le monde a prendre le goûter dans la salle de réunion. Le matin même avait eu lieu la visite médicale, au cours de laquelle nous avions été pesées, et j'avais constaté à cette occasion que la balance du médecin m'avait ôté deux kilos. Innocemment, je l'ai dit. Consternation générale, exclamations désolées, soupirs de regrets, sur le mode "Ah, c'était trop beau" ! Nous étions une dizaine ou une douzaine de filles. Seules deux d'entre nous ont choisi la glace vanille/caramel – dont moi, bien sûr ! Toutes les autres ont mangé leur triste sorbet à la pomme. Pas une, PAS UNE de ces filles n'était en surpoids ; il y avait même au moins deux sacs d'os dans le tas.
(Et ne venez pas me dire que, par une coïncidence extraordinaire, tout le monde préférait la pomme au caramel !)
Cet épisode m'a pas mal marquée. Un vrai coup de poing, en fait. Je ne l'ai jamais oublié.
– Quelques temps plus tard, dans un laboratoire d'analyse, la personne à l'accueil a demandé son poids à la dame qui allait faire sa prise de sang avant moi. Celle-ci a regardé autour d'elle d'un air traqué, s'est penché en avant au-dessus du comptoir, et a chuchoté piteusement : "58 kilos".
Et elle ne mesurait pas 1,40m, hein. Elle avait un poids qui correspondait parfaitement à sa taille. Un poids inférieur au mien, soit dit en passant. Et pourtant, elle en avait honte. Là encore, ça m'a vraiment frappée.

Depuis, je me suis jurée de ne pas tomber dans ce travers moi-même. La lecture d'un bouquin de Zermati, un nutritionniste plein de bon sens, m'a confortée dans mon opinion. Ça devrait être évident, pourtant : on grossit quand on mange trop, pas quand on mange à sa faim et donc qu'on brûle les calories qu'on absorbe, indépendamment de ce qu'on mange. Heureusement, peut-être parce que je n'ai jamais ouvert de magasine féminin (à part pour mon mémoire de fin d'études sur le sexisme, et j'y ai trouvé encore plus de matière que je ne l'avais espéré), je n'ai jamais su qu'il fallait complexer quand on portait du 42 et occasionnellement du 44. Je mesure 1,72m, je pèse entre 62 et 68 kilos selon les périodes, j'ai donc un IMC tout à fait normal, et quand j'ai envie de manger du chocolat, j'en mange. Et quand je n'en ai plus envie, je m'arrête. Sur ce point, je suis absolument convaincue que Zermati a raison : quand on est persuadé que le chocolat n'est pas tabou, qu'on en a toujours à la maison, et qu'on sait qu'on peut en prendre autant qu'on veut, il n'y a aucune raison de finir toute la tablette d'un coup. Et ça ne m'est plus arrivé depuis l'adolescence, à l'époque où le chocolat du goûter était rationné, justement.

Bref, je suis très fière de mon rapport décomplexé avec la nourriture, et je regarde avec une certaine condescendance celles qui se demandent s'il est "bien raisonnable" de reprendre une part de tarte alors que leur silhouette est tout à fait correcte (attention, je ne parle pas de celles qui ont de vrais problèmes de surpoids). Heureusement, je suis au-dessus de tout cela.



Cela dit, avant-hier, la diabétologue m'a fait monter sur la balance, et j'ai découvert que j'ai pris une douzaine de kilos depuis le début de ma grossesse. En six mois. Soit presque autant que pour les Things, et beaucoup plus que pour le Grand.
Alors certes, je suis au-dessus de tout cela, moi. Je n'ai pas de complexes, moi. Je ne fais pas de régime, moi.
N'empêche que pendant les trois mois qui viennent, je compte me nourrir exclusivement de salade. Uniquement parce que c'est recommandé pour mon diabète gestationnel, vous comprenez.


PS : De Zermati, vous pouvez lire Maigrir sans régime, Chez Odile Jacob, c'est très intéressant même quand on n'a pas de problèmes de poids, malgré le titre un peu trop accrocheur. Vous pouvez aussi consulter tous les billets de la rubrique "Zermati et moi" de Pensées de ronde, et aller jeter un coup d'oeil sur le site du GROS (oui, ils ont osé l'appeler comme ça, je trouve ça très drôle).
PS2 : Et que ceux qui ne me connaissent pas (les autres riront bien) ne s'inquiètent pas trop pour moi : "salade" signifie "légumes", donc un gratin de blettes à la béchamel, par exemple, rentre dans cette catégorie. Avec de la viande à côté, bien sûr.

Edit : Tenez, une réponse de Zermati à Dukan ici.

jeudi 12 janvier 2012

Pharmacie

Pourquoi, quand vous allez à la pharmacie dans l'espoir d'être servie par le beau jeune homme qui ressemble au prince charmant dans "Il était une fois", vous tombez toujours sur la dame revèche, alors que quand vous priez pour tomber sur une des trois vendeuses, ou à la rigueur le vieux monsieur, vous vous retrouvez inévitablement face au beau jeune homme ?

Du coup, le dialogue se déroule comme suit :
— Bonjour, je voudrais, heu, une poche à liquide froid, pour faire des compresses... pour, heu, pour mes varices...
— Sur les jambes ?
— Non...
— Sur le ventre ?
— Non...
Un blanc, puis :
— ... Entre les deux ?
— Oui ! Et ça fait mal !

Je dois dire à son honneur qu'il s'en est bien sorti, contrairement à celui à qui j'avais demandé, il y a deux ans, une crème pour mes tétons mis à rude épreuve par l'allaitement double et dont j'avais cru qu'il allait rentrer sous terre. Celui-ci est allé chercher ce qu'il me fallait le plus naturellement du monde, puis m'a dit avec une grande désinvolture :
— Je vais vous donner un veinotonique en même temps, ça vous soulagera un peu. Vous avez aussi des hémorroïdes ?

C'est également sur lui que j'étais tombée le jour où il avait fallu mesurer mes mollets enflés pour commander les bas de contention. Je crois que j'ai grillé toutes mes chances, avec lui.


mercredi 11 janvier 2012

La voix du bon sens

Le quincaillier/bricoleur à qui nous montrons le cagibi à transformer en chambre de bébé :
— Oui, vous pouvez mettre un lit à barreaux dans le fond, ça tient tout juste. Par contre, la commode, faut pas rêver, hein.
— Croyez-vous qu'il faille remplacer la porte par une porte coulissante, pour gagner de la place ?
— Oh non, laissez tomber, ça sera pas mieux. Et il s'en fout, le môme, vous savez.

Au sujet du manque de fenêtre :
— Ce qu'il faut faire, c'est un trou dans la porte, et puis un autre dans ce mur, vers la salle de bain, pour que l'air circule.
— Ce ne serait pas mieux sur l'autre mur, vers notre chambre ? Parce que la salle de bain n'a pas de fenêtre, elle non plus, et puis il y a le problème du bruit...
— Non non, c'est mieux comme ça, faites-moi confiance. Vous pisserez en silence et vous ne chanterez pas sous la douche, c'est tout.

Quand nous lui parlons de louer un box pour conserver quelques meubles en trop, en attendant un déménagement hypothétique à l'été 2013 :
— Vous rigolez ? Ça va vous coûter beaucoup plus cher que votre petite table IKEA, là, ou votre bureau tout déglingué. Virez-moi tout ça, et vous verrez que vous aurez assez de place.

En arrivant dans la cave de 4 ou 5 mètres carrés, dans le sous-sol de l'immeuble :
— Oh dites, c'est dommage que vous ne puissiez pas le coller ici, le petit, c'est beaucoup plus grand que le cagibi, ça ferait une jolie chambre.

Quand nous lui signalons qu'il n'y a pas de lumière dans la cave et que ce n'est pas pratique :
— Vous inquiétiez pas, je vais vous mettre une ampoule. Je vais tirer un fil à partir de là, dans le couloir.
— Mais je ne sais pas si on a le droit...
— Pas grave, je vais bien le cacher.

Enfin, juste avant de partir, après avoir fait le tour de toute la maison pour voir si vraiment, on ne pourrait pas gagner de la place quelque par :
— Mais aussi, tous les murs sont occupés par des bouquins ! Vous ne pouvez pas jeter ceux qui sont inutiles ?
Et comme Darling et moi sommes scandalisés par cette idée que certains de nos livres pourraient être "inutiles" :
— Ah ben ouais, mais vous voulez faire des gosses, ou vous voulez lire des trucs ? Faut choisir, hein !


Je crois que nous sommes entre de bonnes mains.

mardi 10 janvier 2012

Placardisé

Demain, je serai à six mois de grossesse. A ce terme, le risque de la fausse couche, même tardive, a presque disparu, tandis que la menace d'accouchement prématuré commence. Mais comme j'ai eu plusieurs fausses couches et pas d'accouchement prématuré (j'ai même failli être déclenchée pour les jumeaux), je ne suis pas spécialement inquiète à ce sujet. Oui je sais, c'est idiot, mais c'est comme ça.
Quoi qu'il en soit, le Têtard est désormais "viable", comme on dit.
Par conséquent, sauf tragédie que je ne veux pas envisager, il est presque certain que dans maximum trois mois, il y aura un sixième habitant chez nous.

Or, nous vivons déjà à cinq dans 88 mètres carrés.
Une donnée qui horrifiera peut-être les provinciaux, mais sûrement pas les parisiens, qui trouveront que 88 mètres carrés, c'est déjà pas si mal. Et ils auront raison. Avant les Things, c'était même royal :
- une chambre pour les parents ;
- une chambre pour le Grand ;
- un bureau pour moi (je rappelle que je travaille à la maison) ;
- un salon / salle à manger ;
- une cuisine trop petite pour y manger, mais assez vaste pour contenir mes dizaines d'appareils, de casseroles, et d'ingrédients bizarres ;
- une salle de bain ;
- des toilettes ;
- un cagibi ;
- un couloir avec deux placards ;
- un mini-balcon.

Quand les Things sont arrivés, il a bien fallu que je me résolve à leur céder mon bureau. Depuis, on se marche un peu sur les pieds. La salle à manger est particulièrement encombrée, car c'est là que nous mangeons, c'est là que les gamins jouent, c'est là que Darling regarde la télévision, c'est là que nous écoutons de la musique, et c'est là que je travaille.
(Ce qui signifie, vous l'aurez compris, que je ne peux travailler que quand le reste de la maisonnée est absent ou dort, et que mon minuscule bureau est en permanence couvert de trucs et babioles qui ont été posées là "provisoirement". En ce moment même, en plus de l'ordinateur et du bouquin que je traduis, il y a un manuscrit, des albums pour les bébés, un plan de Londres, plusieurs stylos, un peigne, un tube d'Arnican, un dico sur CD-rom, un peigne, un I-pod, un chèque, un DVD des Barbapapa, un paquet de mouchoir, un gant unique, et un sac en plastique. Mon bureau mesure 80 cm de large et 60 cm de profondeur. Oui, voilà.)

Si tout s'était passé comme prévu, le Têtard n'aurait pas pointé son nez avant l'été 2013 au plus tôt, soit l'été où nous avions prévu de déménager, le passage du Grand au collège coïncidant avec le passage des Things en maternelle. Mais la vie réserve parfois des surprises. Très vite, la question s'est donc posée : déménagement anticipé, ou pas ? Sauf que je n'avais pas le cœur de changer le Grand d'école (il a beaucoup de mal à se faire des copains – une fois qu'il les a, par contre, il les garde, ce sont toujours les mêmes depuis la petite section de maternelle), et surtout, j'ai paniqué à l'idée de me retrouver à la rentrée avec trois gamins sur les bras et pas de place en crèche, puisque tout déménagement impliquerait de changer de crèche et donc de chercher trois places d'un coup (sauf si quelqu'un me trouve un 7 pièces dans mon quartier pour le même prix que mon 4 pièces actuel, auquel cas je m'engage à vous fournir en cookies pendant les vingt années à venir et je vous bénirai jusqu'à la douzième génération. Mais je n'y crois guère).

Nous avons donc résolu de nous tasser un peu dans nos 88m2, donc.
Mais où caser le Têtard ?

Dans notre chambre ? Non. Très loin d'être adepte du cododo qui fait fureur en ce moment, je n'accepte de gamin ni dans mon lit, dans dans ma chambre. Pour le Grand, tout le monde nous avait chaudement recommandé de le garder près de nous tant que je l'allaiterais la nuit. Je crois que nous avons tenu trois jours. J'ai le sommeil léger, et me réveiller à chaque fois qu'il change de position, non merci. Je préfère largement me lever autant de fois que nécessaire. Pour les Things, nous n'avons même pas essayé. Et puis zut, nous voulons pouvoir parler à voix haute, allumer la lumière, et même (soyons fou) faire l'amour sans nous gêner.
Et puis de toute façon, on pourrait à la rigueur y caser un berceau, mais pas un lit-cage, donc ce ne serait qu'une solution provisoire. (J'aurais dû commencer par là, en fait).

Dans la chambre du Grand ? Hors de question. Pas avec une telle différence d'âge. Je suis l'aînée dans ma famille, et à la simple idée qu'on aurait pu me coller un bébé dans ma chambre quand j'avais huit ans, j'ai des palpitations. Alors à presque dix ans... Je lui ai juré que quoi qu'il arrive, il garderait toujours son espace privé. C'est le moins que je puisse faire, après l'avoir fait passer brutalement du statut d'enfant unique à celui de premier d'une grande fratrie.

Dans la chambre des Things ? Pas envisageable. Déjà qu'ils se réveillent l'un l'autre quand ils pleurent la nuit, mais là, je n'ose même pas imager ce que ça donnerait. Et puis pendant au moins un an, il va devoir dormir plusieurs fois pendant la journée, ce gamin ; vais-je interdire l'accès de leur propre chambre et de leurs jouets à des enfants de deux ans ? Qui se charge d'attacher Mr Thing Two au radiateur et de le bâillonner ?

Une seule solution, donc. Le cagibi.
Ben quoi ? Il mesure un peu plus de deux mètres carrés : le Grand ne pourrait déjà plus s'y allonger, mais on peut y caser un lit à barreaux, et même une petite commode ou des étagères, avec un peu de chance. D'accord, il n'y a pas de fenêtre, mais nous allons faire pratiquer des ouvertures pour qu'il puisse respirer, ne vous affolez pas. C'est juste à côté de notre chambre, et pas trop près de la chambre des Things, donc il sera idéalement placé. Et je suis sûre qu'avec un joli poster au mur et un abat-jour sur l'ampoule nue, ça peut donner une chambre très chouette. Minuscule, spartiate, mais très chouette.

— Mais... vous aller le vider, d'abord ? s'est offusqué quelqu'un, dimanche.
Ah oui, bien sûr. Non pas que je pense que ça dérangerait un nouveau-né de dormir avec l'aspirateur, la table à repasser, les outils de bricolage, les vieilles machines à écrire de Darling, les décorations de Noël et les sacs à dos de randonnée, mais on ne peut déjà plus entrer dedans, comment voulez-vous que j'y case un berceau ?
Cet après-midi, j'ai donc rendez-vous avec le quincaillier-bricoleur du quartier qui va s'occuper de mettre des étagères à la cave et dans les placards du couloir pour pouvoir y stocker tout le bazar. Bien entendu, malgré tous ses efforts et les nôtres, il risque de rester des machins qu'on ne peut caser nulle part, mais après tout, il y a déjà un étendoir à linge dans la chambre des Things, des étagères démontées dans la chambre du Grand, trois ou quatre cartons de vêtements dans notre chambre, un fer à repasser et une poussette dans la cuisine, et une baignoire de bébé recyclée en porte-journaux dans la salle à manger, donc nous n'en sommes plus à ça prêt.

Franchement, il n'y a aucune raison de se plaindre, ce futur petit bonhomme. Un jour, dans un hôtel où nous n'avions vraiment pas envie de dormir en compagnie du Grand, nous l'avons installé pour la nuit dans la salle de bain. Ça ne l'a pas dérangé outre mesure, d'ailleurs.

Il ne faudrait pas qu'un autre têtard se pointe dans l'année qui vient, par contre, parce que pour lui, il ne resterait plus que le balcon ou les toilettes. Vous êtes prévenus.

lundi 9 janvier 2012

Bibliothèque

Toutes les deux ou trois semaines, le samedi, nous allons à la bibliothèque. J'ai instauré ce rituel avec le Grand quand il avait à peine deux ans : ça nous faisait au moins une sortie un samedi sur trois, pendant que Darling travaillait. J'ai recommencé à l'automne 2010, avec les trois gamins, toujours dans l'idée de sortir un peu de la maison, et aussi pour que le Grand puisse obtenir sa ration mensuelle de bandes dessinées : il ne lit que ça, mais il en lit beaucoup.

Sauf qu'avec les Things, c'est la barbe, d'aller là-bas. C'est loin : un quart d'heure quand on marche d'un bon pas, mais au moins vingt minutes avec la poussette dans une petite rue trop étroite. Il faut descendre quatre ou cinq marches pour entrer, donc trouver de l'aide. Plier la poussette double, qui ne rentre pas dans l'ascenseur, pour la laisser dans un coin où elle ne gène pas trop (avec l'autorisation spéciale du vigile, car le cas n'est pas prévu). Monter au troisième étage avec les gosses (un dans le porte-bébé et un autre dans les bras quand ils ne marchaient pas encore) (et je ne vous parle pas des quelques fois où l'ascenseur est en panne). Entasser les manteaux sur un banc, car bizarrement, il n'y a pas de porte-manteau. Surveiller les bébés pendant que le Grand choisit ses BD, ce qui lui prend toujours très longtemps, car il ne peut pas s'empêcher de commencer à les lire "pour voir si c'est bien" et ne sait pas s'arrêter. Courir après les petits qui partent dans deux directions différentes pour jeter un maximum de livres par terre : aucun coin spécial n'est prévu pour eux, et même là où se trouvent les albums spécial "tout-petit", il y a plein de bouquins placés debout en équilibre sur l'étagère. Quand on a fait la queue pour rendre et reprendre les livres, redescendre, rouvrir la poussette en essayant d'empêcher les Things de s'enfuir, remonter les marches, et j'ai gardé le pire pour la fin : remonter la rue, qui est en pente raide du début à la fin, ce qui transforme les vingt minutes de l'aller en trente bonnes minutes au retour.

Depuis plus d'un mois, ça fait trop pour mon gros ventre : je n'y vais plus.
Samedi, j'ai voulu profiter de la présence de Darling, qui est enfin en congé parental à temps partiel, pour renouer avec cette tradition. C'était donc lui qui ahanait derrière la poussette quand nous avons rencontré une voisine dont le gamin est un copain de crèche des miens. Elle m'a demandé à quelle bibliothèque j'allais.
— À la bibliothèque Machin, comme tout le monde, non ?
— Et pourquoi celle-là ?
— Parce que c'est la plus proche, il me semble.
— C'était la plus proche, avant l'ouverture de la nouvelle.
— Hein ? Laquelle ? Où ça ?
— Tu n'es pas au courant ? Il y en a une qui a ouvert au printemps dernier, à deux ou trois minutes à pied de chez nous. Elle est super : de plein pied, sans marches ni ascenseur ; il y a un local à poussette ; un coin pour les bébés avec des jouets, pour qu'ils ne s'ennuient pas ; un grand rayon de bandes dessinées ; des tas de DVD pour les enfants qu'on peut emprunter gratuitement... Tu devrais y aller !


Bon.

On va dire que tous ces samedis ou je me suis tapé l'aller-retour avec la poussette de quarante kilos, j'ai fait ma gym hebdomadaire, d'accord ?

dimanche 8 janvier 2012

Logique

De retour de la ménagerie du jardin des plantes, où les Things (pour la première fois) et le Grand (pour la soixante-quatorzième fois environ) ont pu admirer les flamands roses, les lamas et les perroquets, je demande au Grand d'aller chez Picard m'acheter des pâtes feuilletées pour faire une galette : nous allons tirer les rois avec trois ou quatre membres de la famille cet après-midi, et je n'ai ni le temps, ni le courage de faire mes pâtes feuilletées moi-même. Il est midi, les bébés ont faim, Darling est hypoglycémique, j'ai la tête qui tourne, le Grand et Picard sont donc mes dernières ressources.
Comme ce gamin est légèrement distrait et que je n'ai pas encore l'habitude de l'envoyer acheter des choses (la première fois que je lui ai demandé d'aller acheter du pain, il n'a pas trouvé la boulangerie), je vérifie qu'il sait où se trouve Picard, qu'il a bien l'argent dans une poche fermée, qu'il connaît le code de la résidence, qu'il a bien retenu ce qu'il doit acheter, etc.
Dix minutes plus tard, il n'est toujours pas là. Je l'imagine déjà revenir dépité ("J'ai marché jusqu'au bout de la rue et je n'ai pas trouvé le magasin") ou perplexe ("Je ne savais plus si c'était une pâte brisée ou une pâte sablée, du coup j'ai pris une pâte à pizza, ça ira ?"), quand il arrive enfin, les mains vides, mais avec un sourire ravi :
— Maman, ils m'ont dit qu'ils n'avaient plus de pâte feuilletée, du coup je suis allé à la boulangerie et je me suis acheté une tartelette aux framboises, et elle était super bonne !
J'ai cru à une farce, mais non. Il m'a tendu la monnaie, très content de lui, et il est parti dans sa chambre.
Et bien sûr, quand j'ai fini par me fâcher – il m'a fallu quelques minutes pour revenir de ma surprise –, il a eu l'air très étonné que je lui reproche quoi que ce soit ("Mais je t'assure, il n'y avait pas de pâte feuilletée, maman, tu peux aller vérifier !").
Bon, mais après tout, pour une fois qu'il fait preuve d'initiative, pourquoi est-ce que je m'énerve ? Et puis ça prouve que maintenant, il sait où est la boulangerie, au moins.

samedi 7 janvier 2012

Les petits maux de la grossesse (4) : les nausées

C'est le quatrième point que j'aborde, parce que les autres étaient plus d'actualité pour moi, mais en toute justice, ça aurais dû être le premier, d'abord pour des raisons de chronologie, et ensuite pour des raisons de priorité.

Parce que pour moi, les nausées, c'est ce qu'il y a de pire au cours de la grossesse. Je crois même qu'à choisir, je préfère accoucher. Au moins, ça ne dure que quelques heures.

Ce sujet me touche tellement que pour une fois, je vous préviens, je vais être nettement plus sérieuse que d'habitude, donc tous ceux qui ne sont pas concernés peuvent interrompre leur lecture tout de suite s'ils ont mieux à faire (ce qui est certainement le cas. Alors, cette lettre officielle, vous la terminez ? Et cette lessive, elle va se faire toute seule ? Ce dossier, il est classé ? Ce chapitre, il est traduit ?).

Avoir mal au cœur du matin au soir – oui, ça peut durer toute la journée et pas uniquement le matin –, c'est insupportable. Un peu comme être assise sur le siège arrière d'une formule un en train de lire un bouquin de philo (et qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y a pas de siège arrière dans une formule un, ce n'est pas le propos) sans pouvoir descendre. Pendant trois mois, parfois plus. Avec ou sans vomissements, qui ne soulagent pas forcément. On ne peut pas se concentrer, on a beaucoup de mal à travailler, ou même à sourire, on a juste envie de supplier la gynéco de nous mettre en coma artificiel pendant tout le premier trimestre, mais ne vous fatiguez pas, elle n'acceptera pas.
Tout le monde ne subit pas ça, heureusement. Chez certaines, c'est très supportable. D'autres n'ont rien du tout, ou à peine la vague sensation d'être barbouillée qui les conduira à avoir envie de se nourrir exclusivement de pommes de terre bouillies pendant quelques semaines (n'hésitez pas : vous aurez six mois, ensuite, pour manger équilibré). Mais il y a des femmes qui disent très franchement qu'elles préfèrent renoncer à avoir un second enfant, voire avorter, plutôt que repasser par là. Et je les comprends – d'autant plus que je suis convaincue de ne pas avoir été la plus mal lotie, même pendant le premier trimestre de ma grossesse gémellaire, qui m'a pourtant réduite en larmes à de nombreuses reprises (deux gamins, double dose d'hormones, double dose de nausées, logique).

Existe-t-il des traitements ?
En France, non. Probablement parce que ce n'est pas rentable, et puis ce ne sont que des "petits maux" sans importance aux yeux des médecins, et ça ne dure que trois ou quatre mois dans la plupart des cas, et cette vilaine Ève n'avait qu'à ne pas croquer dans la pomme, et de toute façon c'est comme ça, si on veut un môme, faut assumer, Madame. De quoi vous donner envie de noyer tout le personnel de l'industrie pharmaceutique dans du Motilium.
Mais au cours de mes recherches désespérées, j'ai fini par découvrir qu'il existait un médicament uniquement commercialisé au Canada, le Dicletin, qui a été testé sur 200.000 femmes et leurs enfants : autant dire qu'on peut lui faire confiance, autant qu'on peut faire confiance à un médicament. J'ai réussi à en retrouver la composition, et je vais prendre la responsabilité de vous la donner, car si ça permet de tirer ne serait-ce qu'une seule femme enceinte de son enfer, je serai déjà contente. Il se compose de vitamine B6 et de doxylamine. Deux composants qu'on peut acheter séparément en France, sans ordonnance, car ils sont en vente libre. Et dans les deux cas, vous trouverez dans la notice que "ce produit peut être utilisé pendant la grossesse", une mention quasiment unique en son genre, comme toute future mère ne le sait que trop bien.
Concrètement, vous pouvez donc prendre de la vitamine B6, seule ou avec d'autres vitamines, plus deux ou trois cachets de doxylamine, vendu en France sous formes de cachets de 15 mg (le Dicletin en comporte 10 et la dose quotidienne recommandée est de 4 cachets, soit 40 mg par jour). Ça ne supprimera peut-être pas complètement vos nausées, mais vous aurez nettement moins envie de vous jeter par la fenêtre ou d'aller voir la gynéco pour lui dire que finalement, vous avez renoncé à avoir des enfants. Promis, juré.

Avertissement : la doxylamine est vendue en France comme antihistaminique ou comme somnifère, ce qui signifie que ce traitement provoquera inévitablement une certaine somnolence, du moins les premiers jours : ne prenez PAS le volant si vous en consommez !

Pour en savoir plus sur les nausées, un site canadien ici.
Tout ce qu'il faut savoir sur le Dicletin ici.
Au sujet de la vitamine B6 et de ses effets sur les nausées, c'est ici.
Quant à la doxylamine, c'est ici, et vous  y trouverez aussi le nom des trois médicaments vendus en France comme somnifères.


Voilà, j'ai terminé mon laïus. Désolée d'avoir été si longue et si barbante, mais pour être passée par là sans que personne ne me vienne en aide, ça me semblait vraiment important.
Je vous préviens, je suis chatouilleuse sur le sujet, donc je ne tolérerai aucun "Ah mais c'est pas bien de s'auto-médicamenter, surtout pendant la grossesse, les nausées c'est naturel, il faut juste attendre que ça passe" dans les commentaires. Allez vous asseoir sur le siège arrière d'une formule un avec un bouquin de Nietzsche pendant trois mois, et on en reparlera. Non mais sans blague.
(Et si vous êtes réellement d'un naturel anxieux, rien ne vous empêche d'interroger votre médecin ou votre pharmacien. Les miens ne connaissaient pas du tout le Dicletin, mais après avoir consulté leur bible vidalesque, ils m'ont tous les deux donné leur feu vert pour prendre vitamine + somnifère. Et au cours de mes pérégrinations, j'ai même trouvé un jour une pharmacienne qui connaissait leur effet sur les nausées, elle, et qui m'a encouragée à continuer. J'ai failli l'embrasser.)

Pour terminer, une anecdote. Il y a deux ans et quelques, quand j'ai découvert que j'étais enceinte non pas d'un seul petit machin, mais de deux, j'étais un peu secouée, forcément. J'ai donc fait des recherches sur Internet, et je me suis inscrite sur un forum de parents de jumeaux. Naturellement, j'ai commencé par participer à la section "grossesse" du forum. Oui, bon, je sais, mais voilà, le choc, les hormones, un coup de folie passagère... Bref, très vite, je me suis plainte de ces nausées atroces (que j'étais visiblement la seule à subir à une telle échelle), et une autre participante m'a répondu :
— Oh, mais il faut que tu les acceptes, on doit en passer par là pour avoir l'immense joie d'avoir deux beaux bébés au bout ! Moi, quand j'ai des nausées, je vais m'allonger sur le canapé et je les savoure, car elles me prouvent que je suis enceinte...
Véridique.
Je ne suis pas restée longtemps...


vendredi 6 janvier 2012

Lectures qui traînent

Le téléphone sonne. Je décroche.
— Allô ?
— Allô, Fofo, c'est Machine, des éditions Truc.
Aïe. Aïe, aïe. Si je raccroche très vite, peut-être qu'elle va croire qu'elle a fait un mauvais numéro ? Non ?
— Dites-moi, Fofo, je ne vous ai pas envoyé des livres à lire, il y a deux mois ?
Si. Elle m'a envoyé des livres à lire. Deux romans italiens pour lesquels je devais faire une fiche de lecture afin qu'elle puisse décider si elle veut acheter les droits français. Ça fait partie de mon métier. Autrefois, disons jusqu'à il y a trois ou quatre ans, je faisais énormément de lectures de romans étrangers. Au moins quatre ou cinq par semaine. Mais maintenant, j'ai moins de temps, et c'est très mal payé, et surtout je me suis lassée de lire autant de bouquins pathétiques pour si peu de bonnes plumes, donc je n'en fais plus que quand ça vaut le coup, ou pour rendre service, ou pour garder un peu le contact avec ce qui est publié dans le reste du monde.
Bref.
— Euh... Si, je les ai reçus, et je les ai lus, mais... je n'ai pas eu le temps de faire des fiches. Vous comprenez... j'avais une traduction à terminer... et ensuite une autre... et la crèche a fermé pendant deux semaines... peut-être même trois ou quatre semaines, maintenant que j'y pense... et j'ai eu des problèmes d'ordinateur... et de santé... et mon mari aussi... et mes enfants, n'en parlons pas...
Et puis après avoir bien bafouillé, je me décide, et je lâche :
— Et puis surtout, ils étaient nuls, ces bouquins !

Heureusement, elle ne m'en a pas trop voulu de mon épouvantable retard. Elle m'a même dispensé de rédiger de vraies fiches, en me recommandant simplement de lui envoyer un email qui lui résume en trois lignes l'histoire de chaque bouquin et ses défauts, ce que j'ai fait aussitôt. J'aurais dû faire ça beaucoup plus tôt.

Mais tout de même, je voudrais bien savoir ce qui est passé par la tête de cet éditeur italien pour qu'il se dise que cette petite maison d'édition française de littérature jeunesse, qui publie maximum quatre ou cinq traductions par an, serait peut-être intéressée par un récit autobiographique publié pour la première fois en 1975 où un sculpteur totalement inconnu raconte sur un ton affreusement pédant comment il a eu du mal à reprendre son existence routinière après la guerre ?

jeudi 5 janvier 2012

Bonnes résolutions

Je n'arrive pas à trouver de bonne résolution à prendre cette année.

Il faut dire que le choix est compliqué, car en général, je tiens mes bonnes résolutions. Mais si, je vous jure. Je sais, c'est fou.

Il y a cinq ans, j'ai décidé de mettre un terme à mon gravissime manque de culture cinématographique, surtout populaire, et de voir au moins un film "culte" par mois. Pas forcément un bon film, mais un film que tout le monde connaît, qu'il soit excellent ou nul. Depuis, j'en ai vu soixante-trois, donc j'en ai même trois d'avance. Et aujourd'hui, quand on me dit "Je crois que j'ai une ouverture", "Que la force soit avec toi", "Le lundi, c'est ravioli", "I'll be back", ou "Je vais lui faire une offre qu'il ne pourra pas refuser", je comprends. Je lève parfois les yeux au ciel, car je suis snob, mais je comprends.

Il y a quatre ans, suite à un épisode douloureux physiquement et moralement, me trouvant moche et vide, j'avais pris la bonne résolution de me mettre à la course à pied – idée qui m'horrifiait, pourtant. Allez, hop, deux fois par semaine, ça améliorera ma silhouette, ma respiration, mon énergie, et ma santé générale. Depuis, j'y ai pris goût, au point de participer à de nombreuses courses de 10 km. Et j'ai vraiment hâte de m'y remettre.

Il y a trois ans, j'ai résolu de trier plus souvent mes papiers, payer plus régulièrement mes factures et gérer plus vite mes formalités administratives. Si on considère que "plus souvent" peut être interprété comme "au moins une fois par mois", alors c'est à peu près bon. En tous cas, plus jamais je n'ai manqué d'être privée d'électricité parce que je n'avais ouvert ni la facture, ni la lettre de relance. Ce qui prouve qu'il y a un progrès.

Il y a deux ans, j'ai décrété que je ne consommerai plus de fruits et légumes frais hors saison. Vous ne verrez plus jamais une tomate aqueuse ou une courgette à ma table en janvier. Dans la mesure du possible, j'essaie même d'être vaguement locavore, mais pas trop, parce que si je ne devais manger que ce qui pousse à Paris, je crois que j'aurais quelques difficultés. Et qu'on ne vienne pas me priver de thé, de sucre de canne ou de chocolat, sinon je deviens féroce.

L'année dernière, j'ai promis de moins me fâcher contre mes gosses. Bilan mitigé : je crie encore beaucoup, mais je ne tape pas... en général. Moi qui ai beaucoup pratiqué la tape "sur la main qui faisait la bêtise" quand le Grand était petit, j'ai arrêté. J'avoue que je ne suis pas à 100% convaincu par les arguments contre les châtiments corporels, mais bon, je veux bien essayer de faire sans. Sauf en cas de légitime défense, parce que dans ces cas-là, La poule pondeuse dit qu'on a le droit. OK, elle ajoute aussitôt qu'elle voit mal comment l'intégrité physique d'un adulte peut être menacée par un enfant de deux ans, mais il faut croire qu'elle ne porte pas de boucles d'oreille. J'aimerais bien garder mes deux lobes à peu près intacts, merci.

Mais cette année, j'ai beau me creuser la cervelle, rien ne vient. Je ne trouve pas la moindre idée.
Une seule conclusion possible : je suis parfaite. Je ne vois que ça.

(Le premier qui me suggère de me mettre moins vite en colère contre Darling ou de manger moins de sucreries sera condamné à venir trier mes papiers, me préparer des repas locavores et m'accompagner dans mes courses de 10 km.)


(Et si je décidais de mettre au moins cinq billets par semaine sur ce blog ? Oui, bon, je le fais déjà, je sais. Justement : prendre des bonnes résolutions qu'on tient déjà, c'est le meilleur moyen de ne pas y faillir, pas vrai ?)

mercredi 4 janvier 2012

Des jouets et des genres

Alors, certes, du point de vue du caractère, c'est un peu cliché. Pendant que Mr Thing Two démolit les maison, jette mes bouquins par terre, attrape tout ce qu'il peut sur la table, court dans tous les sens, se faufile dans les pièces interdites d'accès (cuisine, cagibi...), et dit "non" à tout bout de champ, Miss Thing One peut passer un quart d'heure avec un slip qu'elle met sur la tête en guise de chapeau, fait rarement des bêtises sauf quand son jumeau lui donne l'exemple, sait rester tranquillement dans les bras de quelqu'un à sucer son pouce, et si son vocabulaire est loin derrière celui de Mr Thing Two qui progresse à grands pas, c'est tout de même la première à avoir appris à hocher la tête pour dire "oui", il y a une quinzaine de jours.

Elle est aussi un peu sournoise et a tendance à pincer ou taper son frangin quand nous ne la regardons pas, mais ça aussi, c'est un cliché, il me semble. Quant aux grosses colères quand on la contrarie, Darling prétend qu'elle a hérité ça de sa maman. (De qui ?)

En revanche, en ce qui concerne les jouets, nous sortons des stéréotypes. Ses trois préférés, qu'elle manipule bien mieux que son frère, sont :
- les marteaux (pour enfoncer des bout de bois ou des boules dans des trous) ;
- les ballons (elle a même appris à donner des coups de pied dedans, ce qui réjouit fort son papa) ;
- les petites voitures (qu'elle fait rouler consciencieusement partout, même sur la télévision, hélas).

Si quelqu'un s'avise de nous refourguer un catalogue de jouets, sauf si c'est un catalogue progressiste qui a éliminé ses pages roses et bleues, je l'assomme avec. Et je sais frapper aussi bien que ma fille. Qu'on se le dise.

mardi 3 janvier 2012

Treize à la douzaine

C'est peut-être ce livre-là qui m'a donné l'envie de fonder une grande famille : Treize à la douzaine (Cheaper by the dozen), de Frank et Ernestine Gilbreth. Mon édition était celle de Folio Junior (Gallimard), dans une traduction de J.N. Faure-Biguet et avec des illustrations de Roland Sabatier.
Si je devais emporter dix romans jeunesse sur une île déserte, il en ferait sûrement partie. J'ai dû le lire au moins quinze ou vingt fois, plus deux ou trois fois en anglais à l'âge adulte. Cela raconte, à coup d'anecdotes, l'histoire vraie de Frank et Lillian Gilbreth, tous deux ingénieurs de l'étude du mouvement, qui ont eu douze enfants entre 1904 et 1922 et ont testé sur eux leurs méthodes d'économie de temps, à l'époque de l'invention du fordisme. C'est ainsi que les enfants Gilbreth devaient écouter des enregistrement de langues étrangères tout en se lavant, pour ne pas perdre une minute, et que leur père les a filmés en train d'être opérés des amygdales à la chaîne pour rationaliser les gestes du personnel médical...

En bonne cartésienne, cependant, deux points m'ont toujours chiffonnée dans ce livre :
- Tout d'abord, le fait que la narration soit faite à la première personne du pluriel sans qu'il y ait un narrateur principal : les enfants parlent d'eux en disant "nous"; mais chaque enfant est individuellement nommé à la troisième personne du singulier, y compris Frank et Ernestine, les deux auteurs. Même petite, je trouvais que ce "nous" sans "je" était une véritable aberration grammaticale.
- Ensuite, le fait que la seconde fille, Mary, ne soit jamais nommée en dehors du chapitre qui raconte les naissances par ordre chronologique : partout ailleurs dans le livre, Ann et Ernestine sont considérées comme les deux aînées, alors qu'Ernestine n'était que la troisième. Ce n'est que bien plus tard que j'ai appris que Mary était morte à l'âge de six ans – ce qui signifie, techniquement, qu'il n'y a jamais eu "une douzaine" d'enfants en même temps dans la maison, puisque Mary est décédée bien avant la naissance des derniers. Cela m'a fait l'effet d'une véritable imposture !

Mais ce ne sont là que des détails. Ce qui est important, c'est que ces mémoires sont très bien écrites, drôles, vivant, et émouvantes (je n'ai pas pu raconter au Grand l'histoire de Lill qui repeint la clôture sans avoir les larmes aux yeux)... Bref, je recommande très, très, très chaudement ce bouquin à ceux qui ne le connaissent pas, même s'ils n'ont pas l'intention d'avoir une famille nombreuse !

À noter qu'il existe une suite que je n'ai découverte qu'adulte et lue qu'en anglais : Belles on their toes, en français Six filles à marier (ci-joint chez le Livre de poche, dans une traduction d'Hélène Commin), titre très mal choisi puisqu'il est à peine question de mariages et surtout puisque les filles ne sont que cinq. Vu l'âge auquel je l'ai lu, il n'a pas eu le même impact sur moi que le premier, mais on y découvre avec plaisir la suite de la saga familiale après la mort prématurée du père (ah, la gestion de Martha, la troisième fille, qui réussit miraculeusement à équilibrer le budget, quitte à faire remplir un formulaire en trois exemplaires à tout membre de la famille désireux d'obtenir un timbre !), et on fait mieux connaissance avec la figure de la mère, une des toutes premières femmes à avoir atteint un tel niveau d'études et à avoir fait une carrière aussi brillante dans ce domaine – veuve, avec onze enfants... De quoi faire réfléchir ceux qui s'interrogent sur la possibilité de continuer à travailler quand on est mère de famille nombreuse !

Une dernière remarque : Treize à la douzaine a été retraduit à plusieurs reprises, et je suis tombée un jour, enfant, sur une autre édition (peut-être celle de la Bibliothèque Verte). Non seulement j'y ai découvert un chapitre qui n'existait pas dans mon édition Folio - j'ignore s'il a été réinséré depuis – mais surtout, c'est la toute première fois que j'ai compris que la traduction n'était pas une science exacte. Je me souviens en particulier de la "psychologue moustachue" que le destin livre aux enfants "pieds et poings liés" dans une des deux versions, et qui devient une psychologue livrée aux enfants "pieds, poings et moustaches liés" dans l'autre. Relire l'histoire avec d'autres mots, dans un style légèrement différent, m'a été à l'époque insupportable, et je suis retournée bien vite à ma propre édition !


Post-scriptum : Suite à un commentaire, je répare un oubli : comme presque tous les bons romans, celui-ci a été adapté en film. Je ne l'ai pas vu, mais je sais que l'histoire est complètement différente, ainsi que l'époque et les personnages, dont même les noms ont été changés. En gros, seul le titre a été repris ; le reste n'a rien à voir.


lundi 2 janvier 2012

Réveillon

Qu'est-ce que ça prépare pour le dîner du réveillon, une cuisinière talentueuse, pendant que les autres sortent foie gras, saumon fumé ou huitres ?
Une soupe dite "de retour du marché", avec toutes les épluchures qui lui passent sous la main : tiges de brocoli, feuilles de céleri-branche, fanes de navet, carottes toutes molles après deux semaines passées dans le frigo, etc. Parce que c'est économique, parce que personne n'a très faim, parce que ça convient aux régimes des uns et des autres, parce qu'il n'y a pas d'invités, parce qu'on peut faire une purée pour les bébés en même temps, parce qu'on a un mari qui n'a pas l'habitude de fêter le réveillon et un grand gamin qui ne sait même pas quel jour on est.

Qu'est-ce que ça boit pendant la soirée, une femme enceinte diabétique, pendant que les autres trinquent au champagne ?
Une infusion, puisque même les jus de fruits sont interdits. Non sucrée, bien sûr.

Qu'est-ce que ça fait le 31 décembre à minuit, une traductrice débordée, pendant que les autres festoient, crient dans la rue, se font la bise, dansent ?
Ça bosse. Ça passe sa dernière traduction au correcteur d'orthographe pro, pour pouvoir l'imprimer à une heure du matin, la relire une dernière fois sur papier le 1er janvier pendant la soirée, et l'envoyer à l'éditeur le lundi 2 janvier, comme prévu par le contrat.

Qu'est-ce que ça fait pendant la matinée du 1er janvier, une mère de jeunes enfants dont le mari est malade, pendant que les autres pioncent jusqu'à midi ou plus ?
Ça se lève tôt pour donner les biberons, ça fait partir une lessive, ça vide le lave-vaisselle, ça étend le linge, ça lave et émince des poireaux, ça range, ça fait partir une deuxième lessive, ça remplit le lave-vaisselle, ça raconte en boucle Mimi la souris et Léo et Popi, ça coupe des champignons, etc.


Oui, MAIS...

Qu'est-ce qu'elle fera mardi matin, cette traductrice mère de famille nombreuse, après avoir renvoyé les gamins dans leurs crèches et écoles respectives et après avoir rendu sa traduction, pendant que les autres prendront le métro d'un air morose et se remettront au boulot sous l’œil sévère de leur chef ?
Elle profitera de sa liberté retrouvée, elle se fera un thé épicé avec un nuage de lait au milieu de la matinée, elle préparera une fournée de petits gâteaux, elle lira plein de blogs de cuisine, elle ira peut-être même se promener un peu, et l'après-midi elle fera une bonne sieste.
Nananananère.


(C'est bon, vous n'avez plus aucune envie de pleurer sur mon sort, n'est-ce pas ?)


dimanche 1 janvier 2012

Guimauve

Saviez-vous qu'on peut faire de la guimauve avec en tout et pour tout du sucre, de l'eau, et de la gélatine (et un batteur sur socle, quand même) ? Et que c'est beaucoup plus rapide et beaucoup plus simple, pour un résultat approchant, que la version avec blancs d’œufs, thermomètre à sucre, sirop de glucose, et tout le tralala ?

Eh bien voilà, maintenant vous êtes comme moi, vous savez.




(C'était ma dernière découverte culinaire de 2011, hier soir à 22h45. Place aux expériences 2012 !)

Ah oui, au fait...

... bonne année, bonne santé, et toute cette sorte de choses.



(Et ceux qui ne voient pas le rapport entre la dernière phrase et l'image feraient mieux d'aller relire urgemment Astérix chez les Bretons)