vendredi 30 mai 2014

Au pied du mur

22h15. Mr Thing Two, couché depuis un peu plus d'une heure, m'appelle. Je monte les escaliers en me demandant ce qui lui arrive. Cauchemar ? Non, vu l'heure, et connaissant le gamin, il est plus probable qu'il n'ait pas encore dormi. Alors quoi ? Soif ? Envie de faire pipi ? Doudou perdu ? Ou bien...

— Maman, pourquoi est-ce que les murs des maisons, ils restent sur les maisons ?

C'est ce que je craignais.

Quatre ans, l'âge des questions existentielles.

mercredi 28 mai 2014

Deux mots de trop

Dîner. Le Grand chipote. Pourtant, c'est un très bon risotto, et d'habitude, il aime ça.
— Tu n'as pas faim ?
— Non, pas très...
— Tu as trop mangé pour le goûter, pas vrai ?
— Heu... non...
Il ment, bien sûr. Il me fait un peu trop souvent le coup, dernièrement : il se bourre pour le goûter, et ensuite ne mange rien le soir. Ah, mais ça ne va pas se passer comme ça ! Puisqu'il n'a pas faim pour le plat principal, il n'a pas faim pour la suite non plus, pas vrai ? Tant pis pour les cerises !
— Tu m'énerves ! Je t'ai dit plusieurs fois de manger des quantités raisonnables, pour le goûter ! Tu crois que je n'ai pas vu que tu avais pris trois part de gâteau ?
— Quatre. Mais Maman, il était bon...
Je lui pardonne tout. Je le comprends. C'est ma faute, en fait. Il trouve des délicieux biscuits ou gâteaux tous les jours en rentrant de l'école : comment pourrait-il résister ? Je ne peux pas lui en vouloir. Je suis à deux doigts de lui demander pardon moi-même, en fait.
— ... cette fois ! achève-t-il.
L'affaire est claire. Désobéissance réitérée. Privé de dessert.

mardi 27 mai 2014

Barbamama et le ménage

Darling raconte un Barbapapa au Filou :
— Tu vois, Barbapapa et les Barbabébés se transforment en grande roue !
— Tou'ne ! commente le gamin (qui n'a toujours pas l'intention d'apprendre à parler, non non).
— Oui, la roue tourne. Et Barbamama, elle fait le ménage !
Je sursaute :
— Hein ?
Il se corrige précipitamment :
— Je veux dire le manège ! Elle fait le manège, elle se transforme en manège !

Barbapapa, ce n'est déjà pas féministe (c'est le moins que l'on puisse dire), mais lu par Darling, ça devient dramatique...

lundi 26 mai 2014

Nausée politique

La journée avait pourtant été plutôt bonne : le matin, un petit tour au parc après un crochet par le bureau de vote ; à midi, un déjeuner printanier en terrasse (avec entre autres des asperges et des fraises) (équeutées au couteau) (je crois que mon dépédonculeur est resté dans notre maison de vacances, en fait) ; l'après-midi, une longue balade en triporteur pour aller déposer les Things à une fête d'anniversaire, et un thé avec ma soeur et mon père adoptif...
... et puis à 20h, je suis allée dépouiller.
Dans mon bureau de vote, le FN arrive très largement en tête avec 20% des voix. C'est un peu moins que la moyenne nationale, mais ça ne me console pas du tout. Une personne sur cinq parmi ceux qui ont fait l'effort de se déplacer (je n'ai rien à dire aux autres, j'espère qu'ils sont fiers d'eux et qu'ils ont employé utilement les quelques minutes qu'il leur aurait fallu pour se renseigner sur l'influence du parlement européen sur notre vie quotidienne) a voté pour un parti dont le programme (oui, j'ai eu le courage de le lire) propose comme tout premier point de "maîtriser nos frontières" afin de stopper "la libre circulation des délinquants" (sic) et qui craint que la France ne "disparaisse" dans un "magma européiste et multiculturel" (vous saviez, vous, que c'était un terme négatif, "multiculturel" ?).
Sachant que j'habite dans une banlieue cossue dont les habitants ne sont pas vraiment du genre à brûler des voitures (j'allais dire "hélas", mais je n'ai pas le coeur à plaisanter) et où le multiculturalisme est tout relatif, c'est presque drôle. Mais en fait non.
Voilà, désolée, normalement je ne parle pas politique sur ce blog, mais ce matin j'ai la nausée.

PS : Je viens de me rappeler pourquoi, pendant des années, j'ai cessé de suivre l'actualité (sans cesser pour autant d'aller voter, je tiens à le préciser). Quel remède peut calmer la colère ou le dégoût provoqués par ce genre de nouvelles ?

dimanche 25 mai 2014

Dépédonculeur

J'ai acheté un kilo de fraises pour le dessert. J'ai déjà fait une chantilly pour aller avec ; reste plus qu'à préparer les fruits. J'ai ce qu'il faut pour ça : l'année dernière, une amie qui connaît ma passion pour les ustensiles de cuisine m'avait offert un petit outil drôlement pratique, qui permet d'ôter le pédoncule des fraises ou des tomates sans ôter la chair qui va autour.
Comment ça, inutile ? Si on fait ça avec un couteau, de deux choses l'une : soit on effectue un mouvement rotatif précis autour de chaque pédoncule, et on met une demi-heure pour équeuter un kilo de fraises ; soit on coupe tout droit, et dans ce cas-là on ôte beaucoup trop de chair (ou, variante, on coupe trop haut et on laisse la partie dure et vert clair avec le fruit, ce qui est désagréable, encore plus avec les tomates, d'ailleurs).
On plante, on tourne, on retire. Génial.
Comment ai-je pu vivre si longtemps sans ?

Bref, c'est un ustensile indispensable pour toute foodista qui se respecte. Comme je vous le dis.
Hélas, je ne l'ai plus vu depuis mon déménagement. Ce qui n'était pas très grave, car ce n'était pas la saison des fraises ou des tomates. Mais là, maintenant, j'aimerais bien le retrouver.

J'ouvre les tiroirs, je descends à la cave, je fouille les étagères, en vain. Je m'énerve :
— Ah, mais zut ! Où est ce truc ?
— Quel truc ? demande Darling.
— Tu sais, l'année dernière, Ficelle m'a offert un dépédonculeur...
Il ouvre des yeux comme des soucoupes :
— Elle t'a offert QUOI ? Un pé*dé encu*leur ?

Moralité : Darling n'est pas une foodista.

(PS : Si vous en cherchez un sur internet, essayez plutôt avec "équeuteur".)

samedi 24 mai 2014

Une expérience avec GoogleTranslate

Parmi les questions que me posent parfois des enfants, plus rarement des adultes (mais ça arrive), il y a celle-ci : "Mais à quoi servent encore les traducteurs, maintenant qu'il y a Google trad ?"

Quand on me demande ça, je ne mords pas. J'explique simplement que l'intelligence artificielle ne peut pas encore remplacer l'intelligence humaine, et qu'un ordinateur a du mal à replacer un mot dans son contexte, donc à choisir parmi ses différentes significations. Par ailleurs, la grammaire étant une chose infiniment complexe, la différence entre une phrase correcte et une phrase qui ne l'est pas reste trop difficile à percevoir pour un logiciel, aussi bien conçu soit-il (les utilisateurs du correcteur grammatical de Word, d'Antidote ou de Prolexis le savent bien). Pour appuyer mes dires, je conseille souvent aux gens de tenter l'expérience : taper n'importe quel texte dans Google trad, le traduire dans deux ou trois langues différentes, et ensuite de nouveau en français, pour voir ce que ça donne.

J'ai essayé moi-même. Je ne suis passée que par des langues que je comprends au moins un petit peu, pour détecter ce qui avait pu induire la machine en erreur. Le résultat est certainement moins drôle que si on passait par des langues à la structure complètement différente (chinois, arabe...), mais c'est déjà instructif.
Vous voulez voir ?

Supposons donc que je cherche un emploi et que j'écrive au ministre de la culture (il faut savoir aller droit au but) :

Bonjour, je m'appelle Fofo et je cherche un travail dans l'univers du livre, car j'adore lire : toute petite, déjà, je considérais les livres comme mes meilleurs amis. Si vous avez un poste de libraire, ou peut-être d'éditrice, ou à la rigueur de bibliothécaire à me proposer, je serais ravie de venir vous rencontrer pour vous dicter mes exigences. Bien à vous, Fofo

(Quoi, elle n'est pas bien, ma lettre de motivation ?)

Soyons simple, et commençons par traduire ça en anglais. Voilà ce que ça donne :

Hello, my name is and I Fofo looking for a job in the world of books, because I love to read: tiny, already, I thought the books as my best friends. If you have a post of librarian, or perhaps an editor, or possibly librarian to offer me, I would love to meet with you to dictate my requirements. Sincerely, Fofo

Cette première étape nous prouve à quel point les concepteurs ont fait d'immenses progrès au cours des dernières années. Franchement, je suis ébahie par la qualité du texte, et par la capacité qu'a la machine à repérer les groupes de mots. "Bien à vous" n'a pas été traduit par "Good to you", mais par une autre formule de politesse. "Tiny" ("minuscule") est certes une traduction maladroite de "toute petite" dans ce contexte, mais l'ordinateur a compris qu'il fallait prendre les deux mots ensemble ; de même pour "à la rigueur".
Du coup, je ne m'explique pas les deux fautes grossières que sont le faux-ami de "libraire" ("librarian" signifie "bibliothécaire" : d'ailleurs, ce mot est utilisé juste après, à bon escient, cette fois) et cet étrange "and I" qui s'intercale entre "my name is" et mon nom, au lieu de se trouver après ("and I am looking for..."). Ces deux fautes auraient pu être évitées, il me semble.

Continuons avec l'italien :
Ciao, il mio nome è e Fofò in cerca di un lavoro nel mondo dei libri, perché amo leggere: piccolo, già, ho pensato che i libri come i miei migliori amici. Se hai un posto di bibliotecario, o forse un editor, bibliotecario o forse per offrire me, mi piacerebbe incontrarmi con voi a dettare le mie esigenze. Cordiali saluti, Fofo

 Déjà apparaissent deux problèmes insolubles pour la machine. Comment Google pourrait-il savoir si le "you" anglais devrait être un tutoiement ou un vouvoiement, et si le "tiny" devrait être au féminin ou au masculin ? Hélas, les choix faits sont mauvais. Par ailleurs, "perhaps" et "possibly" ont été traduit par le même mot. Et "offer me" a été pris comme si "me" était le compliment d'objet direct et non indirect (pour ceux qui n'ont que des souvenirs très vagues de leurs cours de grammaire : comme si c'était moi qui était offerte, et non pas un travail qu'on offrait à moi).

On passe à l'allemand :
Hallo, mein Name ist und Fofo Suche nach einem Job in der Welt der Bücher, denn ich liebe es zu lesen: klein, ja, dachte ich, die Bücher wie meine besten Freunde. Wenn Sie ein Bibliothekar, oder vielleicht ein Editor, Bibliothekar oder vielleicht, um mich anzubieten, würde Ich mag mit dir treffen, um meine Bedürfnisse zu diktieren. Mit freundlichen Grüßen, Fofo

Une erreur rigolote : en italien, "già" veut dire "déjà", mais aussi "en effet", donc GoogleTrad a cru que c'était juste un moyen d'insister et a introduit ce "ja" (oui) inopiné. Je remarque aussi que pour une raison totalement mystérieuse, le "voi" italien, qui n'est pas un "vous" de politesse mais toujours une deuxième personne du pluriel, est devenu un "tu" ("mit dir treffen").

Un dernier petit coup en espagnol :
Hola, mi nombre es y Fofo en busca de un trabajo en el mundo de los libros, porque me gusta leer: pequeña, sí, pensé que los libros como mis mejores amigos. Si usted es un bibliotecario, o tal vez un editor, bibliotecario, o tal vez que me ofrecen, me gustaría reunirme con usted para dictar mis necesidades. Atentamente, Fofo

GoogleTrad a fait des efforts, mais ne pouvant repérer le verbe reliant le sujet et le complément au début de la deuxième phrase, il a supposé qu'il y avait un verbe "être" sous-entendu, et voilà que je demande à mon interlocuteur s'il est bibliothécaire au lieu de lui demander s'il a un poste de libraire à me proposer.
Remarquez bien que la formule de politesse finale reste d'une langue à l'autre une formule de politesse. Décidément, les concepteurs ont fait du bon boulot. Ce qui me sidère aussi, c'est que les deux "vous" du texte d'origine sont magiquement redevenus des "vous" de politesse, au singulier (usted) après avoir été du tutoiement ou du pluriel au gré des traductions. Ça tombe plutôt bien, mais ce n'est pas logique du tout.

Retour vers le français :
Bonjour, mon nom est et Fofo à la recherche d'un emploi dans le monde des livres, parce que j'aime à lire: petit, oui, je pensais que les livres que mes meilleurs amis. Si vous êtes un bibliothécaire, ou peut-être un éditeur, bibliothécaire, ou peut-être qu'ils me proposent, je voudrais vous présenter mes besoins l'exigent. Sincèrement, Fofo 

Pour rappel, mon texte d'origine :

Bonjour, je m'appelle Fofo et je cherche un travail dans l'univers du livre, car j'adore lire : toute petite, déjà, je considérais les livres comme mes meilleurs amis. Si vous avez un poste de libraire, ou peut-être d'éditrice, ou à la rigueur de bibliothécaire à me proposer, je serais ravie de venir vous rencontrer pour vous dicter mes exigences. Bien à vous, Fofo

Et voilà pourquoi il y a encore des traducteurs.


PS : Remarquez bien que si vous aviez demandé successivement à des traducteurs anglais, italien, allemand, espagnol et français de traduire tour à tour ce texte sans pouvoir prendre connaissance des précédents, vous auriez peut-être trouvé d'aussi grandes différences formelles entre le texte d'origine et celui d'arrivée qu'en passant par GoogleTranslate. Néanmoins :
-  le texte final aurait été rédigé dans un français correct ;
- il aurait voulu dire la même chose, ou quasiment, que le texte d'origine.
Avouez que ce ne sont pas vraiment des points de détail...
 

vendredi 23 mai 2014

A bas les bagnoles !

Je déteste les voitures.

C'est nouveau. Jusqu'à il y a environ un an, je nourrissais plutôt une sorte d'antipathie résignée envers ces engins. Enfin, j'étais tout de même convaincue que ce n'était pas l'idéal pour la planète, et qu'on pouvait s'en passer. Mais cela s'arrêtait là.

Et puis j'ai déménagé, et je suis arrivée en banlieue. Autrement dit, dans un quartier limitrophe de Paris, très correctement desservi par les transports en commun, avec tous les commerces de proximité nécessaires, et plein de ruelles tranquilles où il fait bon faire du vélo. Un quartier, pourtant, où tout le monde possède une bagnole.
J'ai découvert ce que c'était de n'avoir quasiment aucune piste cyclable dans les environs, sauf pour rejoindre Paris (ce qui est déjà beaucoup). J'ai découvert ce que c'était qu'une ville morte le samedi soir à 21h, non pas parce que les gens ne sortent pas, mais parce qu'ils sortent en voiture. J'ai découvert ce que c'était que d'aller à l'école maternelle en longeant une nationale bruyante et puante, avec un trottoir ridiculement trop étroit où, par-dessus le marché, des véhicules motorisés stationnent souvent en toute impunité, forçant les piétons (y compris avec poussettes ou enfants en bas âge) à marcher sur la chaussée (oui, la nationale, parfaitement).

Maintenant, je ne me contente pas de penser oisivement que ces machines ne sont pas très agréables. Je les hais.

Je tiens cependant à préciser que je ne hais pas les automobilistes, pas même ceux qui klaxonnent en l'absence de tout danger, qui se garent sur les pistes cyclables ou qui roulent trop vite. Je suis parfois très en colère contre eux, mais nul n'est parfait en ce bas monde, et je suis certaine que si j'avais une voiture moi-même, ce genre de choses pourraient occasionnellement m'arriver.
Par ailleurs, j'ai mon permis, et je loue une voiture quand je vais en vacances dans un lieu qui n'est pas accessible en transports en commun, c'est-à-dire au moins six semaines par an. Je sais donc aussi ce que c'est que tenir un volant entre les mains, et je sais qu'il est parfois difficile de se passer des avantages que procure la voiture.

Néanmoins, depuis que ce sujet me turlupine, j'ai lu des articles et même des livres sur la question, et ma position est bien plus réfléchie et plus argumentée qu'avant. On peut la résumer en deux phrases :
- je suis persuadée qu'on pourrait se passer de 90% des voitures actuellement en situation
- et je suis persuadée que ce serait une très bonne chose.

Comme il y a beaucoup trop à dire pour le faire en une seule fois, que j'ai très envie de m'exprimer sur la question, et que l'avantage d'un blog, c'est que personne ne peut me couper la parole (tiens, je viens de comprendre pourquoi j'avais ouvert un blog), je vous annonce donc qu'à partir de maintenant, vous aurez parfois droits à des billets antivoitures, et que je vais même créer une nouvelle rubrique pour l'occasion.

Et si vous me traitez de bobo, je vous répondrai... que je ne m'en cache pas !

jeudi 22 mai 2014

Il ne faut jamais dire "Fontaine..."

Ma mère va à la Fnac dans le but d'acheter un cadeau bien précis : Un CD des Fables de La Fontaine, lues par Fabrice Luchini.

Elle tente d'abord sa chance au rayon des CD, où on lui indique que les livres audio sont, assez logiquement, au rayon littérature.

Elle s'y rend, et trouve quantité de livres sur CD, mais pas celui-là. Elle s'adresse alors à une vendeuse :
— Pardon Madame, vous n'avez pas les Fables de La Fontaine par Luchini ?
— Ah, il me semble qu'on me l'a déjà demandé... Attendez, je vais vérifier.
La dame – la vendeuse du rayon littérature, donc – s'approche de son ordinateur, commence à taper :
— Alors, vous disiez, Luchini... Les contes de la source, c'est ça ?
Un instant estomaquée, ma mère la corrige :
— Mais non ! La Fontaine, les Fables de La Fontaine !
— D'accord, Les fables de la fontaine. Si, on en a en stock, au rayon chanson française.

Et en effet, c'était bien au rayon chanson française, à la lettre L.

(J'ai beau chercher une conclusion, je ne trouve rien à ajouter.)

mercredi 21 mai 2014

Un nouvel amour, un nouveau companion...

Je m'étais bien promis que ça ne m'arriverait plus. J'avais cadenassé mon cœur, j'étais certaine que je n'irais pas chercher ailleurs, que le temps des folles passions était terminé, que j'avais trouvé l'équilibre. Je ne voulais pas d'un autre, je me disais que j'étais heureuse ainsi, et que je n'avais besoin de rien de plus.
Et puis mes yeux se sont posés sur LUI. D'abord une fois en passant, par hasard. Puis une deuxième fois, peut-être plus tout à fait par hasard. Et de nouveau, de plus en plus souvent. J'ai tenté de résister, pourtant. Pendant plusieurs mois, j'ai essayé de penser à autre chose, j'ai refusé de suivre mon inclination, j'ai essayé de me convaincre que tout pouvait rester comme avant
Et finalement, j'ai craqué.
Pour mon anniversaire, je suis allée chez Darty, et je me suis achetée le nouveau robot-cuiseur de Moulinex, le Cuisine Companion.
(Vous avez vraiment cru que j'avais fait une faute d'orthographe pareille ?)


Alors, c'est vrai, j'avais déjà le Kitchenaid (un robot pâtissier, mon chouchou), le Bamix (un mixer plongeant), et le Magimix (un robot ménager), sagement alignés sur mon minuscule plan de travail. Mais le Companion, voyez-vous, en plus de mixer ou de mélanger, il cuit. En cela, le seul appareil auquel il ressemble est le Thermomix, un robot très célèbre et efficace, paraît-il, vendu uniquement en réunion. J'avais même fait venir une démonstratrice à l'époque où j'hésitais encore avec le Kitchenaid, et finalement, je n'avais pas été convaincue. Pourquoi donc ai-je craqué sur le Cuisine Companion ? Franchement, je ne sais pas. Je ne vous ferai pas la liste de leurs avantages et inconvénients respectifs, mais vous la trouverez sur plein de sites ou blogs spécialisés. Personnellement, j'ai aimé son look, la simplicité de sa programmation, et surtout sa (relativement) grande contenance. Ah, et puis aussi son prix, moins cher que celui du Thermomix.

Donc voilà, je vais revendre d'occasion mon Magimix qui m'a finalement très peu servi, puisqu'en dehors de la fonction mixage, toutes les autres (mélangeur, fouet, pétrin, blender, presse-agrumes...) faisaient double emploi avec mes autres robots, et je vais m'amuser avec mon nouveau joujou. J'ai déjà testé une soupe de légume improvisée (on jette n'importe quels légumes et de l'eau, on appuie sur le bouton "soup", et une demi-heure plus tard, c'est prêt et déjà mixé), un riz au lait (quand j'en fais à la casserole, il est rare qu'il ne déborde ou n'attache pas), et un sabayon (le genre de desserts que je n'ai quasiment jamais fait, car rester un quart d'heure penchée sur une casserole avec un batteur à oeufs, ça me rend folle). Demain, île flottante au programme ! C'est surtout pour ça que je l'ai acheté : les soupes, les desserts et les sauces. Pour mijoter un boeuf bourguignon, je continuerai à préférer ma bonne vieille cocotte en fonte, d'abord parce que ce genre de plat n'attache pas et donc n'a pas plus besoin de surveillance à la cocotte qu'au robot, et ensuite parce que certaines de mes cocottes sont très grandes, et nous sommes de gros mangeurs. Mais l'idée de pouvoir faire mes crèmes desserts (chocolat, vanille, caramel, citron et autres) sans avoir besoin de fouetter sans cesse, ou d'improviser une soupe encore plus facilement, ou de ne pas craindre de rater une crème anglaise ou une sauce hollandaise (ça ne m'est jamais arrivé, mais sait-on jamais ?) me plaît bien.

Je sais, j'avais promis. Mais en cuisine, j'ai le coeur d'une midinette...

mardi 20 mai 2014

Mon bel oranger

Lors de ma dernière intervention dans une école, les enfants m'ont demandé, comme toujours, quel était mon livre préféré dans la littérature jeunesse. En citer un seul est bien sûr presque impossible, et je sais aussi que je dois choisir des réponses qui leur diront quelque chose, sous peine de les décevoir. Par expérience, je sais qu'il est inutile de leur parler de Ronya fille de brigand, sauf à leur dire qu'Astrid Lindgren, cette auteure dont ils ne connaissent absolument pas le nom, a également écrit Fifi Brindacier. De même, citer Pollyanna, Papa Longues-Jambes, ou Treize à la douzaine risque fort de n'avoir aucun écho. Pour Fantômette, c'est déjà un peu mieux : ils savent de qui ils s'agit, au moins. Avec Harry Potter, je ne prends aucun risque, bien sûr, même s'ils ne l'ont pas forcément lu en CM1 ou CM2. Pareil pour Le petit prince. Et puis il y a Mon bel oranger, que plusieurs ont aussi des chances de connaître, tout simplement parce que ce roman fait encore partie des listes de l'Education Nationale.



Mon bel oranger, donc. Un roman que j'ai lu, lu, lu, lu et relu quand j'étais petite. Paru en 1968 au Brésil, c'est l'histoire à peu près autobiographique de l'auteur, José Mauro de Vasconcelos, surnommé "Zézé" dans le livre. A cinq ans, ce gamin d'une maturité étonnante a une ribambelle de frères et sœurs, une mère débordée, un père violent, et vit dans la pauvreté. Abandonné à lui-même, il fait des bêtises. Et il se fait rosser. Heureusement, il a deux amis. D'abord, un petit oranger, un arbre auquel il raconte sa vie, et qui "bavarde" avec lui. Ensuite, un homme d'un certain âge qu'il commence par détester, mais avec lequel une grande affection réciproque finit par se nouer. Et puis voilà que l'homme se fait tuer dans un accident de voiture, et que face à ce drame, l'oranger perd son pouvoir magique. Zézé tombe gravement malade, espère qu'il va mourir. Il découvre à cette occasion combien il y a de gens qui l'aiment. Mais c'est le cœur en miettes qu'il repart à l'assaut de sa vie.

C'est encore le cœur en miettes, vers 10 ou 12 ans, qu'on le retrouve dans la suite, Allons réveiller le soleil, même ses conditions physiques se sont nettement améliorées : il a été adopté par un oncle et vit dans l'aisance, et plus personne ne le bat. Néanmoins, il reste terriblement seul, avec garde le diable au corps, même s'il prend soin de le cacher. Cette fois, l'ami imaginaire qui viendra le soutenir n'est pas une plante, mais un animal : un crapaud qui vit dans sa poitrine. Et puis il y a aussi un professeur particulièrement compréhensif, et la bonne de la famille, et la fille des voisins... et un père imaginaire : Maurice Chevalier, qui vient régulièrement lui rendre visite. Hélas, c'est inéluctable : quand on grandit, les amis imaginaires finissent toujours par partir...

Je ne vais pas vous mentir, ces deux romans sont tristes. Je veux dire, TRISTES. Je suis incapable de les relire sans sangloter. Il faut avouer que ce thème des amis ou aventures imaginaires auxquels il faut renoncer, sorte de symbole du deuil de l'enfance, ou parfois parabole du chagrin que l'on ressent quand on referme un beau livre, me touche particulièrement (il faudra que je vous parle d'Emilie Jolie, un jour...). Et même si on n'est moins sensible à ce thème, Mon bel oranger reste déchirant, car les raclées, la misère et l'accident de voiture sont bien réels. Et Zézé est un enfant si attachant que c'est terrible de traverser ces moments à ses côtés.
A ne pas mettre entre toutes les mains, donc. Je me garderai bien de le proposer au Grand, qui n'aime pas les livres émouvants, par exemple. On peut pourtant en apprécier l'humour, et le charme des situations, et aussi ces quelques tranches d'une vie qu'on n'imagine pas, dans un autre pays, à une autre époque : un autre monde. Ceux qui n'ont pas peur de sortir leurs mouchoirs, de tristesse ou d'émotion, l'apprécieront encore plus. Pour moi, c'est un des plus beaux romans qui soit, tout simplement.

J'ajoute que le roman a été adapté au cinéma en 2012, mais fidèle à mon habitude, je me suis bien gardée de voir le film. Les critiques ne sont pas mauvaises, c'est tout ce que j'en sais.

lundi 19 mai 2014

Onze bougies

Hier après-midi, ayant invité quelques amis à prendre le thé pour fêter mon anniversaire, j'ai préparé deux gâteaux, puis j'ai sorti ma boîte à bougies.
— Tu vas mettre trente-huit bougies ? s'est exclamé le Grand.
— Je doute qu'on en ait trente-huit ! a dit Darling.
Je confirme :
— Non, effectivement, nous n'en avons pas autant. Je vais en mettre onze.
Perplexité du père et du fils.
— Pourquoi onze ?
— Réflechissez.
Une minute de silence, puis :
— Chaque bougie représente un multiple ? avance Darling.
— Non, dit le Grand, parce que trois fois onze, ça fait trente-trois, et quatre fois onze, ça fait quarante-quatre.
— Alors pourquoi onze ? Je ne trouve pas.
— Moi non plus. Maman, tu nous dis ?
— Non. Vous verrez bien.

(Et vous, auriez-vous trouvé ?)

Le moment venu, j'ai planté mes onze bougies sur les gâteaux. Trois bougies bleues sur l'un, et huit bougies rouge sur l'autre. Ils ont regardé les gâteaux, puis m'ont demandé :
— Alors, tu vas nous dire pourquoi tu en as mis onze ?

A qui doit-on s'adresser quand on veut se faire rembourser ou échanger son conjoint et son gamin pour défaut manifeste de conception ?

(Oui, je sais bien que ce sont des littéraires, surtout Darling. Mais quand même !)


PS : Merci à tous ceux qui ont joué le jeu et qui m'ont laissé un commentaire-cadeau-d'anniversaire, hier !

samedi 17 mai 2014

Anniversaire, chocolats, commentaires et sophistication

Alors voilà, je suis revenue de Bretagne (mais oui, c'est en Bretagne qu'on fait des pizzas aux ravioles, non ?). Je suis arrivée juste à l'heure du dîner hier soir, j'ai eu droit aux râleries habituelles du Grand, aux hurlements du Filou qui trouve systématiquement que ce qu'on lui sert à dîner c'est "bark", aux hurlements de Mr Thing Two à qui l'opticienne a trop resserré ses lunettes même que ça lui fait MAL, aux bouteilles de lait vides alignées dans un coin par Darling qui ne sait visiblement toujours pas où est la poubelle du recyblable, et au petit caca de miss Thing One à  21h45, car depuis environ deux semaines, cette gamine défèque tous les soirs au moins une demi-heure après avoir été couchée, et c'est quand je la crois sagement endormie depuis belle lurette que j'entends un "Maman ! Viens m'essuyer !" qui me force à monter quatre à quatre jusqu'au deuxième étage avant que ses appels ne réveillent ses frères.

Mais je suis zen. Pendant ces deux jours, j'ai signé environ 200 autographes (promis), j'ai reçu des dessins offerts par des gamins rougissants, et j'ai même eu droit à un timide "Madame, je voulais vous dire que je trouve que vous êtes géniale", donc malgré la fatigue, ça m'a revitaminée pour quelques jours.

A part ça, aujourd'hui c'est mon anniversaire. Le Grand, auquel j'avais demandé un cadeau pas cher et fait maison (je lui avais demandé de peindre et décorer quelques anciennes boîtes de lait en poudre), a préféré filer de l'argent à son père pour qu'il m'offre un coeur en chocolat (le fait que la fête des mères tombe cette année le lendemain de mon anniversaire fait bien les choses).

Darling m'a aussi offert une boîte de chocolats provenant du même chocolatier excellentissime, de la part de sa mère. Je les ai remerciés tous les trois (le Grand, Darling, et ma belle-mère), et puis comme ça fait tout de même la dixième ou quinzième fois que je reçois un cadeau de ce genre, j'ai rappelé gentiment (si, je vous jure) à Darling que je n'aime pas les chocolats. Enfin, ce n'est pas que je n'aime pas, mais je préfère les tablettes toutes simples, en fait. Je ne veux pas savoir combien de dizaines de tablettes de Milka j'aurais pu acheter avec ce que ces deux boîtes ont dû lui coûter.
— Mais ceux-là, ils sont vraiment exceptionnels, tu sais ! a-t-il protesté.
— Je sais, mais je ne tiens pas manger du chocolat exceptionnel, je préfère le chocolat tout simple !
— Ce sont des goûts très fins, très sophistiqués...
— Mon chéri, en toute franchise, penses-tu que je sois quelqu'un de sophistiqué ? Y a-t-il au monde quelqu'un qui me trouve sophistiquée ?
— Ah, non.
— Eh bien voilà.
Mais ne vous inquiétez pas, je vais les manger quand même, ces chocolats, bien sûr. C'est juste un peu du caviar aux cochons, quoi. Comparaison peu flatteuse pour moi, certes, mais il faut être lucide.

Quant à Mr Thing Two, ayant appris que c'était mon anniversaire, il a dit qu'il voulait me faire un cadeau "magnifique et doré". Absolument. Ce qui n'est pas difficile, en fin de compte, sauf qu'à cet âge-là, les cadeaux, ce sont souvent des jouets. Heureusement, une copine italienne venue déjeuner m'a apporté des boucles d'oreilles, et quand je lui ai fait remarquer qu'elles étaient dorées, outre à être bien entendu magnifiques, le gamin a décidé que c'était un cadeau de sa part. D'accord.

Maintenant, puisque c'est mon anniversaire je voulais vous demander quelque chose. Oui oui, à vous qui êtes en train de lire ces lignes. Figurez-vous que vous êtes quasiment deux cent à venir tous les jours faire un petit tour sur ce blog. Ce n'est pas énorme, je sais bien, mais c'est déjà quelque chose, surtout que je n'ai mis mon blog sur aucun répertoire ou site et que je ne commente presque jamais sur d'autres blogs (un bon moyen d'attirer des visiteurs, paraît-il). Sur ces deux cent, il y en a maximum quatre ou cinq qui arrivent ici via google (sans compter ceux qui tapent "mômes livres casseroles" dans le moteur de recherche) : ce sont des gens qui cherchent des renseignements sur les triporteurs, ou sur les livrets de famille pour famille multinationale, ou sur Pollyanna... Il y a aussi quelques membres de ma famille, quelques collègues, quelques lecteurs de littérature jeunesse, quelques amis. En tout, une vingtaine, peut-être ? Alors pour tous ceux qui ne commentent pas régulièrement, et même pour les autres, d'ailleurs, ça me ferait plaisir de savoir comment vous avez atterri sur ce blog ; et éventuellement, quels sont les rubriques ou types de billet que vous préférez et ceux qui, au contraire, vous intéressent le moins. Je sais bien que vous n'allez pas tous avoir envie de vous lancer, mais c'est un exercice étrange de raconter sa vie sans savoir par qui on est lu, et faire la connaissance virtuelle de quelques lecteurs "sous-marins" me ferait plaisir...

PS : J'en profite pour souhaiter un très joyeux non-anniversaire à tous ceux dont j'oublie systématiquement l'anniversaire chaque année (soit à peu près tout le monde, y compris, cette année, Darling et mon père adoptif) (bon, ça va, je me rappelle celui de mes enfants c'est déjà pas mal).

vendredi 16 mai 2014

Pizza aux ravioles

Une pizza aux pâtes (cachées sous le jambon). Je n'aurais même pas imaginé que ça puisse exister.
(D'un autre côté, certains mangent bien du gras frit...)

jeudi 15 mai 2014

Fatiguée comme un pinson

Je suis de passage dans une grande ville de province, où j'ai été invitée à venir parler de mon métier. J'ai quitté la maison à 6h30 ce matin pour prendre le train, après une nuit trop courte. J'ai été reçu par une bande de huit bibliothécaires jeunesse (HUIT !), toutes très différentes, toutes vraiment charmantes, toutes joyeuses et bavardes. J'ai affronté une salle contenant au moins deux cent gamins surexcités. Je me suis cachée dans une petite pièce et j'ai répondu à des questions avec un micro qui me faisait une voix de robot, afin que les enfants ne puissent pas deviner si j'étais un homme ou une femme, dans le cadre d'un jeu qui visait à leur faire découvrir "l'invité mystère". J'ai dû dire quel était mon principal trait de caractère ("La colère !", avait dit Darling, la veille), puis mon principal défaut ("Ah non, c'est là, la colère. Ou alors l'autoritarisme ?"), quelle était ma couleur préférée (le rouge, mais j'ai évité de justifier ça par la politique), etc. Quand on m'a demandé ce que je détestais par-dessus tout, en excluant bien sûr la guerre, la torture, etc., j'ai passablement ahuri les mômes en répondant "les voitures" (et pourtant, si on prenait juste deux minutes pour imaginer un monde sans voitures... Non ?). Au sujet de mon oiseau préféré, j'ai improvisé une passion pour les pinsons, alors que je n'ai pas la moindre idée de ce à quoi ça ressemble, un pinson (mais c'est gai, dit-on). Finalement, quand il a fallu deviner mon identité par élimination, un des gamins a décrété que je n'étais sûrement pas la traductrice du bouquin que j'avais traduit, car je n'étais "pas assez subtile", et je me suis dit que la prochaine fois, je changerais un peu mes réponses. Au déjeuner, j'ai cassé ma fourchette en plastique sur mon "plateau traiteur" aussi délectable qu'un repas Air France, et une des dents a atterri dans le décolleté de ma voisine d'en face. L'après-midi, j'ai expliqué pour la énième fois que non, un traducteur n'est pas employé par un auteur, et que la plupart du temps, ils ne se connaissent même pas. J'ai parlé à plusieurs reprises de Fantômette, ce qui a bien fait rire les bibliothécaires. Vers 16h, pendant une pause, on m'a proposé d'aller "boire quelque chose", mais j'ai préféré manger une gaufre. Le soir, après d'autres va-et-vient, je me suis enfin écroulée dans ma chambre d'hôtel à 22h ; j'ai bien essayé de bosser une demi-heure, mais je crains de ne pas avoir été très efficace. J'ai la tête comme une citrouille, comme c'était prévisible, mais je sais que je ne serai pas réveillée par le Filou cette nuit ou par Mr Thing Two aux aurores demain matin, et ça, ça n'a pas de prix.
Demain, trois rencontre avec à chaque fois deux classes, avant de terminer la journée dans le train. Je suis épuisée d'avance, et je sais déjà que je peux prévoir l'aspirine dans mon sac à main, mais il faut reconnaître que pour quelqu'un qui exerce un travail toujours solitaire, ce genre de rencontre, ça réveille !

mercredi 14 mai 2014

Musée du quai Branly

Mardi matin, sortie avec la classe des Things. Musée du quai Branly. Pourquoi pas ? A priori, ça peut être une bonne idée de montrer à ces mômes quelques extraits d'un art venu "d'ailleurs". Sauf que quand un musée propose des visites guidées pour enfants à partir de la petite section de maternelle, il serait bon de s'assurer que les guides savent ce que c'est, un enfant de trois ans.
Rencontre avec la dame qui animait "l'atelier" (en fait une banale visite) :
— Alors, les enfants, aujourd'hui nous allons voir des œuvres qui viennent de tous les continents (les quoi ?). Et ce sera une visite un peu spéciale, une visite différente (différente de quoi ?).
Début de la visite :
— Ici, nous sommes dans la partie du musée consacrée à l'Océanie. (Perplexité). Vous savez bien, c'est le continent dont le plus gros pays est l'Australie. (Ah mais c'est bien sûr !)
Elle se dirige vers un planisphère :
— Voilà, l'Océanie, c'est là. (Pardon ?) Et nous, nous sommes ici. (À environ 50 centimètres de l'Océanie, donc.)
[Je rappelle qu'à trois ans, les gamins ne savent pas encore ce qu'est une ville, ou à peine. Les miens ont beaucoup de mal à comprendre que "Paris", ce n'était pas l'appart où nous vivions jusqu'à l'année dernière, et que la Tour Eiffel, c'est aussi à Paris. Ne parlons même pas de la notion de "pays". Quant à se repérer sur un plan...]
Plus loin, la dame montre un coquillage :
— Vous voyez, ça, ça servait de monnaie. C'était de la petite monnaie, un peu comme des centimes (OK...) ; pour des sommes plus importante, on utilisait des dents de cochon. (Hein ?).

Moi, en regagnant la sortie avec mes gamins, je leur ai montré une statue d'une dame avec des gros seins pointus, des boucles d'oreille beaucoup plus lourdes que celles de maman, une robe de toutes les couleurs qui était portée par un monsieur, et un totem très effrayant comme dans Le voyage de Caroline, et je suis certaine qu'ils s'en souviendront...


PS : Pour illustrer le niveau de compréhension des gamins au sujet de la "monnaie", une anecdote. Aujourd'hui, Mr Thing Two vient me voir :
— Alors moi, j'ai une surprise, mais pour la voir, il faut de l'argent, et toi t'en as pas, alors tu peux pas la voir.
— Ah ben zut. Qu'est-ce que je dois faire, alors ?
— Tu dois aller en acheter !
— En acheter ? Mais où ?
— Ben, dans un magasin qui vend de l'argent !
Si quelqu'un a l'adresse, ça m'intéresse...

PS2 : Si vos enfants avaient déjà compris le fonctionnement d'une carte visa à débit différé, savaient déjà se repérer sur une carte routière et vous indiquer le numéro de sortie d'autoroute à prendre, ou connaissaient déjà la liste des continents du monde à l'âge de 18 mois, vous avez le droit de vous taire.

mardi 13 mai 2014

Obscurs desseins

Nous rencontrons une voisine peu avant l'heure du dîner. Mr Thing Two lui propose tout naturellement de venir dîner chez nous. La voisine remercie, et répond qu'elle va plutôt aller dîner avec ses propres enfants. Mr Thing Two me regarde, perplexe. Je comprends ce qui le tracasse, et lui confirme que oui, la dame a bien des enfants, même s'ils sont grands, désormais. La dame opine : ils sont presque adultes.
— Elle n'a plus de bébé ? me demande Mr Thing Two.
— Ah non, mon poussin.
— Mais alors, pourquoi est-ce qu'elle a encore des seins ?

lundi 12 mai 2014

Beignets de fleurs d'acacia

D'abord, il ne faut pas rater la saison. C'est le point le plus important, car la floraison est très courte. Pour peu que vous habitiez en ville et qu'il n'y ait pas d'acacia dans votre quartier, ou que vous vous disiez "ah tiens, les acacias sont en fleur, mais là je n'ai pas le temps, j'irai le weekend prochain ou celui d'après", c'est fichu jusqu'au printemps prochain. C'est ce qui m'est arrivé les quatre ou cinq années précédentes (il n'y a pas beaucoup d'acacias dans les rues de Paris). La saison est encore plus courte que celle des cerises, c'est dire. Et on ne trouve pas de fleurs d'acacia surgelées chez Picard pour se consoler les cinquante semaines restantes.

Ensuite, il faut en trouver. Sachant que vous avez à peu près autant de chance de trouver ces fleurs chez un maraîcher que de faire la grasse matinée chez moi, et que tout le monde n'a pas d'acacia dans son jardin, ni même de jardin tout court, il faut partir à la cueillette. Hier, j'ai sillonné la moitié de la forêt la plus proche avec ma progéniture. De temps en temps, un "Euréka" fusait, mais à chaque fois, les fleurs étaient fanées, ou l'arbre était inaccessible, ou les branches étaient bien trop hautes. Finalement, j'ai fini par en découvrir à moins d'un kilomètre de chez moi, le long d'une nationale. Je sais, il devait y avoir autant de particules fines que de sève à l'intérieur. Tant pis. Une fois tous les cinq ans, ça ne me paraît pas bien grave.

Après, il faut les cueillir. En faisant attention à ne pas se piquer, parce que oui, il y a des épines, ce qui est gênant quand on doit sauter pour attraper une branche, car elles sont presque toujours trop hautes, les vilaines. Moi, je me suis retrouvée debout sur la pointe des pieds dans le triporteur, au milieu de mes gamins et de leurs bicyclettes, le casque sur la tête et le gilet jaune fluo sur le dos, un sécateur à la main, le bras tendu vers le ciel, sous une bruine naissante, à cinq mètres de la route sur laquelle défilaient des voitures aux conducteurs interloqués. Pas grave, le ridicule ne tue pas. Je me suis piquée, bien sûr. Mais j'ai coupé suffisamment de rameaux (ne pas prendre juste les grappes, à moins de prévoir de faire les beignets dans l'heure qui suit, parce que dès qu'elles sont détachées, elles fanent tout de suite), et je suis rentrée sans croiser les flics. Heureusement, car cueillir des fleurs dans des arbres publics, c'est interdit, bien sûr.

Enfin, il faut les cuisiner. Sur Internet, vous trouverez à peu près autant de recettes que de fleurs dans un acacia d'âge mur en pleine saison. Cela n'a pas grande importance : en gros, c'est une pâte à crêpe un peu épaisse, et on peut même faire ça au pif. Je déconseille l'ajout de rhum ou autre alcool fort, parce que les fleurs ont un parfum subtil qu'il serait dommage de cacher, mais chacun fait ce qu'il veut. Ensuite, après avoir fait la pâte, l'avoir laissée reposer, et avoir trempé les fleurs dedans, on les fait frire. Sans friteuse, dans mon cas. Donc dans une poêle, qui ne se remettra probablement jamais d'avoir été chauffée si fort, avec de l'huile d'olive, parce que je n'en utilise pas d'autre. A la fin, les vêtements, les cheveux, les murs eux-même sentent la friture. Mais les beignets sont prêts. On les saupoudre de sucre glace, on les accompagne d'un verre de lait ou d'un thé léger, et on passe à table.

Alors oui, les beignets de fleur d'acacia, ça se mérite.

Mais c'est BON !

dimanche 11 mai 2014

Gâteau au chocolat et aux lentilles

Contrairement à beaucoup de gens, je ne déteste pas faire la cuisine de tous les jours, quand j'ai un peu de temps — parce que quand je me décide piteusement, à 19h40, à mettre de l'eau à chauffer pour faire des coquillettes au jambon, je ne m'amuse pas spécialement, même si je sais que pour une fois, aucun gamin ne râlera en passant à table. Mais même si je suis assez fière de mes risottos, lasagnes ou plats mijotés, ce qui me plaît le plus en cuisine, c'est tout de même 1-la pâtisserie, et 2-les nouvelles expériences. Du coup, logiquement, j'adore combiner les deux, et de ce fait, je m'intéresse de près aux desserts dans lesquels figurent des ingrédients traditionnellement utilisés en version salée. Au fil du temps, en plus des très classiques gâteaux aux carottes ou cheesecakes, j'ai donc essayé (toujours en version sucrée) :
- Un cake nutella / panais
- Un gâteau chocolat / courgettes
- Des muffins aux betteraves
- Un noodle kugle, aux nouilles
- Un gâteau à l'emmenthal
- Des pancakes aux blancs de blettes
- Des biscuits au potimarron
- De la pâte d'azukis (haricots rouges)
(A noter qu'aucune de ces recettes n'est de moi : je les ai toujours trouvées quelque part – même si je les ai parfois largement adaptées–, et certaines sont très connues.)

Aujourd'hui, je viens de tester le gâteau chocolat / lentilles de Marie Chioca. Selon l'auteure, il peut passer pour un fondant chocolat / marron.

Verdict ? C'est bon. Si, c'est vrai. La texture et le goût sont sympathiques, et on ne sent pas du tout les lentilles. Pour tout vous dire, c'est aussi bon qu'un gâteau au chocolat sans lentilles.
C'est juste plus long : faut faire cuire les lentilles.

(Sérieusement, en toute franchise, il n'y a quasiment aucune de ces recettes bizarres que j'ai faite plusieurs fois. Car il faut bien dire la vérité : leur seul intérêt, en dehors de l'attrait de la nouveauté, c'est de se donner bonne conscience en faisant avaler en douce des légumes aux enfants ou à soi-même...)
(Mais comme je suis obstinée, et comme j'ai tout un bouquin sur le sujet, j'en ai encore quelques-uns sur ma liste :
- La tourte niçoise aux feuilles de blettes ;
- Un gâteau ardéchoix aux marrons et au fenouil ;
- Un soufflé à l'avocat et aux pommes...
Je vous en donnerai des nouvelles !)

samedi 10 mai 2014

Dora et le moment préféré

— Nous avons ramené le petit agneau à sa maman, dit Dora. Merci de ton aide ! Nous n'aurions jamais pu y arriver, sans toi. Quel a été le moment que tu as préféré ?
— Moi, répond Mr Thing Two, ce que j'ai préféré, c'est qu'on a regardé la télévision.

(Note pour les lecteurs n'ayant pas d'enfant en bas âge : Dora l'exploratrice est un dessin animé qui fait semblant d'être interactif, ou les jeunes spectateurs sont invités à répéter des mots, désigner des objets, répondre à des questions, etc.)

vendredi 9 mai 2014

Surmenage

Le Grand n'est pas venu à la Tour Eiffel avec nous. Il a passé la journée à bouquiner, bavarder avec un copain, regarder un DVD, et jouer un peu de DS, avec à peine une courte interruption en fin d'après-midi pour faire ses devoirs.
Après le dîner, je lui demande de débarrasser la table. Pour toute réponse, il s'avachit sur le canapé. J'insiste :
— Fais-le tout de suite, s'il te plaît.
Et lui, toujours en pyjama depuis ce matin, les pattes en l'air sur le canapé, de me lancer d'une voix de martyr :
— Oh, ça va ! On ne peut même pas se reposer une minute, dans cette maison !

(Rendons-lui justice : quand nous avons éclaté de rire, il a eu du mal à garder son sérieux...)

jeudi 8 mai 2014

Tour Eiffel

La première fois, c'est sûr, ça fait de l'effet...


Même si pour le plus jeune, les canons à eau du Trocadéro sont encore plus impressionnants !


mardi 6 mai 2014

Chamaillerie ordinaire

Mr Thing Two joue avec un machin, un petit cercle en plastique rouge. Cela fait un bout de temps qu'il joue avec, il y tient beaucoup.
Le Filou passe près de lui. Une seconde d'inattention de son grand frère, et il lui arrache le truc des mains avant de partir en courant.
Mauvais calcul. A quatre ans, on court plus vite qu'à deux ans. Avec un hurlement de goret qu'on égorge, Mr Thing Two se précipite derrière lui. Une courte lutte ponctués de cris assez stridents pour faire tomber toutes les feuilles des marroniers, et Mr Thing Two reprend possession de son trésor. Pour faire bonne mesure, il pousse son frère qui tombe assis par terre. Normalement, cet enfant n'est pas violent, mais il ne faut pas le pousser à bout.
Le Filou n'aime pas qu'on lui résiste ou qu'on lui interdise quelque chose. Pas du tout. Du tout du tout. Après avoir lui aussi branché la sirène, il fait à son tour tomber son grand frère qui essaie de s'enfuir et le mord dans le dos.
Tout ça en dix secondes. Je n'ai même pas eu le temps de courir jusqu'à eux.
Ça braille, ça pleure, ça rugit. Je m'exclame :
— Ah, mais vous êtes pénibles !
— Moi, z'ai rien fait, maman, me signale Miss Thing One.
C'est vrai que pour une fois qu'elle n'est pas mêlée à une dispute, cela méritait d'être signalé.
(Comme Abraracourcix, des fois, je me sens lasse, mais lasse...)

lundi 5 mai 2014

Service à thé

Thé du dimanche après-midi. J'adore ce moment : je mets un point d'honneur à préparer un vrai thé servi dans des vraies tasses (les mugs, c'est bien en semaine) et à l'accompagner de biscuits faits maison, même quand nous sommes entre nous. En plus, cette fois, nous avons de la visite. Et comme il fait beau, nous allons nous installer sur la table du jardin, à côté du thym en fleur, chic, chic ! Je prends mon tout nouveau plateau acheté chez IKEA la semaine dernière, j'y dispose les biscuits, les tasses avec soucoupe venant de chez IKEA, un sucrier, un pot à lait venant de chez IKEA, et puis je me dirige vers la cuisine pour aller chercher la théière, quand, sur le seuil...

PATATRAS !

Tout le monde accourt et me retrouve debout, en train de retrouver péniblement mon équilibre, au milieu de tessons de toutes les tailles. Ma sœur s'extasie sur le fait que le sucrier ne se soit pas renversé et que le sucre soit resté à l'intérieur. Les petits ramassent les gâteaux. Darling va chercher un balais. Quand au Grand, il s'étonne :
— Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Ben j'ai lâché le plateau, pardi !
— Mais tu l'as fait exprès ?

Bien sûr, je l'ai fait exprès pour avoir un prétexte pour retourner chez IKEA sans eux le weekend prochain.

(Crétin.)

dimanche 4 mai 2014

Vive les draisiennes !

Ce n'est que récemment que mon Grand a appris à faire du vélo. Après quelques années de tricycle, j'avais bien essayé de le lancer sur un vélo sans petites roues quand il avait quatre ou cinq ans, mais ça avait été un échec total. Trop peur, trop instable, pas assez motivé, et puis pas de bon endroit pour s'exercer, des parents pas en forme pour divers raisons... Bref, j'avais fini par abandonner.

Pour les Things, je m'étais promis que je ne commettrais pas la même erreur. Et au lieu de tricycles, à Noël 2012, je leur ai offert des draisiennes : vous savez, ces vélos sans pédales, où l'enfant avance en "courant" avec les pieds, un peu comme une trottinette avec une selle. Au début, le gamin pose un pied devant l'autre, prudemment ; mais au bout d'un moment, il découvre qu'il peut rouler bien plus vite qu'il ne peut courir, et il finit par lever les deux pieds à la fois. A ce stade, il a compris comment conserver l'équilibre, ce qui représente 60% de l'apprentissage du vélo. Avec un petit tour occasionnel sur un tricycle, il apprendra à pédaler, soit environ 30% de plus, mettons. Ne restera plus qu'à savoir freiner avec les freins du guidon, et à démarrer.

Pour leur anniversaire récent, j'ai acheté des vrais vélos (d'occasion, bien sûr) (ils n'y ont vu que du feu) aux Things, et je me suis empressée d'ôter les petites roues. Je les ai mis dessus une première fois au retour des vacances, et une deuxième fois hier matin. Résultat : en deux séances seulement, Miss Thing One roule déjà toute seule (il faut juste la soutenir au démarrage), et Mr Thing Two en prend le chemin, même s'il faut encore courir à côté de lui pour le rattraper au vol lorsqu'il perd (littéralement) les pédales. Quant aux draisiennes, que j'avais pris soin de prendre de deux tailles différentes, elles ont été "prêtées" au Filou.

Le moment où nous pourrons faire des balades en vélo tous ensemble se rapproche, donc. Plus qu'à convaincre Darling de s'y remettre. Malheureusement, il n'en a pas fait depuis longtemps, et redoute la reprise.
Je me demande si ça existe, une draisienne pour un vénérable monsieur de 1,90m ?

jeudi 1 mai 2014

Fête du travail

Pour fêter dignement le 1er mai, j'ai prétexté un retard de vingt pages sur mon planning de traduction (bon, d'accord, ce n'était pas complètement un prétexte, car je n'avais quasiment pas pu travailler mardi pour cause d'enfant convalescent), et je me suis lâchement enfuie de chez moi, abandonnant Darling et les mômes, pour aller travailler en paix ailleurs. Du coup, j'ai fait une bonne quinzaine de kilomètres à vélo, dont une partie dans la végétation, au lieu de rester enfermée entre quatre murs pour cause de pluie ; j'ai mangé un croissant accompagné d'un capuccino maison ; j'ai regardé des chouettes photos entre deux chapitres de traduction ; j'ai accompagné mon héroïne jusqu'au moment où elle commençait à tomber amoureuse (chic, chic !) ; et je me suis arrangée pour rater le déjeuner des petits monstres et pour rentrer à la maison alors qu'ils faisaient encore la sieste. Ce qui m'a même laissé le temps de faire des muffins au chocolat pour le goûter.

Le travail a du bon, parfois.