mardi 31 décembre 2013

Inscription sur les listes électorales

Ce matin, je suis allée m'inscrire sur les listes électorales de ma nouvelle commune. Une démarche à faire obligatoirement avant la fin de l'année.
Qui a dit "dernière minute" ? Pas du tout. Il était onze heures et demi, et donc même si la mairie devait être exceptionnellement fermée l'après-midi du 31 pour cause de réveillon, j'avais une bonne demi-heure d'avance sur la date limite. Si.
Et ce qui m'a rassuré, c'est de croiser une bonne demi-douzaine de procrastinateurs venus faire la même chose que moi...

(Non mais en fait, la vérité, c'est qu'il m'a fallu une demi-année pour accepter l'idée que je raterais à quelques mois près l'occasion de voter pour UNE maire de Paris, pour la première fois de l'Histoire. J'ai même envisagé sérieusement de voter encore une année dans mon ancien arrondissement... mais je me suis dit que j'aurais la flemme de faire l'aller-retour les dimanches d'élection !)

dimanche 29 décembre 2013

Quel cirque !

Premier cirque pour les trois petits. Un grand chapiteau, des éléphants, des chameaux, des trapézistes, des lions, des acrobates, et même un vague clown pendant une minute entre deux numéros. Et surtout, mon numéro préféré, une magicienne qui faisait apparaître des hommes (à moitié nus et bien musclés) dans toutes sortes d'endroits improbables. Je l'avais déjà vu il y a quelques années, mais ça ne m'a pas empêché de l'apprécier, et de me demander comment diable elle s'y prenait. Elle avait entre autres une toute petite cabine dont elle a fait sortir à la suite quatre hommes tous plus beaux les uns que les autres. La dernière fois, j'avais dit à Darling que je voulais une cabine comme ça pour Noël. Il a dû oublier. Dommage.

Et comme nous avions payé nos places demi-tarif, nous sommes partis sans remords à l'entracte, de manière à être de retour à la maison à temps pour déjeuner et faire la sieste. Je vous laisse deviner de quoi j'ai rêvé...

samedi 28 décembre 2013

Le Grand Robert, Alain Rey et la syntaxe

Parmi les cadeaux que m'a apporté le Père Noël, il y a le Grand Robert sur CD-rom, qui devrait m'être bien utile dans mon travail, et que je me fais une joie de découvrir.

Dès que je l'ai trouvé sous le sapin et débarrassé de son papier cadeau, j'ai ouvert avec bonheur le grand coffret rouge, et tout naturellement, j'ai commencé à lire l'introduction d'Alain Rey, présentée comme une lettre manuscrite collée à l'intérieur du couvercle.

Cela commence ainsi :
Chère lectrice, cher lecteur,
Avant d'ouvrir le coffret magique destiné à vos écrans, je tenais à vous remercier...
Heu...
Hein ?
Pardon ?

J'ai relu trois fois ces quelques mots, mais le doute n'était pas permis. Dans ce superbe coffret contenant la référence absolue en matière de langue française, l'introduction rédigée par le plus prestigieux des linguistes commence dès les premiers mots par une faute de syntaxe. Le sujet sous-entendu de la subordonnée à l'infinitif devrait être le même que le sujet de la principale. Sauf que c'est moi qui ouvre et lui qui remercie. Autant dire que si j'écrivais ça dans une traduction, un correcteur me tomberait dessus illico.

Je me demande si on peut demander un remboursement ?
(Et garder le CD-rom quand même, bien sûr !)

vendredi 27 décembre 2013

La reine des neiges et le test de Bechdel

J'ai une confession à faire : j'adore les films de Disney. Attention, pas tous. Seulement les "grands classiques", avec tous les ingrédients requis, les décors incroyables, et les chansons, et puis si possible une histoire d'amour, et des vrais dessins (pas seulement des images de synthèses). Et par-dessus tout, ceux postérieurs à La Petite Sirène, qui est un de mes préférés. Avec Aladdin. Et La Belle et la Bête. Et Mulan. Et Raiponce. Oui, je crois que c'est mon "top five". Quoique Kuzco soit pas mal non plus, malgré le manque d'histoire d'amour. Et Tarzan aussi, malgré le dessin un peu grossier. Ou Le bossu de Notre-Dame, ou Hercule, si on accepte d'oublier que ce sont des "adaptations" et qu'on considère qu'ils n'ont strictement rien à voir avec Victor Hugo ou la mythologie grecque. Et parmi les "vieux", n'oublions pas Le livre de la jungle, ou les Aristochats, ou Robin des bois, ou la Belle et le Clochard, ou Cendrillon, ou La belle au bois dormant, ou même Basile, et puis Peter Pan, ou Merlin l'enchanteur...


Eh ! bien, hier, je suis allée voir La reine des neiges au cinéma. Attention, pas dans n'importe quel cinéma. Je vais faire ma parisienne : un nouveau Walt Disney, il faut le voir au Grand Rex. Les décors des mille et une nuit, le ciel étoilé, les fauteuil en cuir, le grand écran sous son arc-en-ciel lumineux, la fééries des eaux (qui n'a strictement plus rien de féérique, puisque des musiques très commerciales et des flashs lumineux ont presque totalement supplantés les jets d'eau qui jaillissaient au rythme des violons, mais passons). C'est donc là que nous sommes allés, avec mes deux soeurs (29 et 12 ans) et le Grand.
Après la crèpe que nous avons fait entrer en contrebande dans la salle, et les glaces en dessert, et les publicités (comme je ne vais presque jamais au cinéma et que je ne les connais pas, j'adore ça : pour moi, c'est une série de courts-métrages en attendant le vrai film...), et la féérie des eaux, et les bandes-annonces, nous avons donc regardé La reine des neiges. Que dire ? J'ai beaucoup aimé. Des personnages attachants, un scénario qui tient la route, une fin pas trop prévisible, des paysages à couper le souffle, plein de bons sentiments comme je les aime... Je crois qu'il va rejoindre mon "top ten". Même si j'ai été un peu déconcertée par la révélation du "méchant" (mais au moins, pour une fois, je ne l'avais pas vu venir), même si j'ai été déçue par les chansons (il faut dire que celles de Raiponce étaient si réussies !), même si ce serait bien de passer à autre chose que des princesses (il n'y a pas beaucoup d'héroïnes ordinaires, qui ne sont princesses ni au début ni à la fin du film, vous avez remarqué ?), même si les personnages ressemblent un peu trop, physiquement, à ceux de Raiponce (je sais que c'est le même studio, mais tout de même, parfois l'expression du visage était vraiment exactement la même ; impression que je n'ai pas eu entre Ariel et Belle, par exemple !). Bref, quelques petites critiques, mais je ne bouderai pas mon plaisir pour autant. C'était chouette, vraiment !

Maintenant, j'attends avec impatience le suivant...

Une dernière chose. Vous connaissez le test de Bechdel ? Vous pouvez voir l'article sur Wikipedia, ici. C'est un test qui vise à démontrer à quel point une énorme quantité de films sont centrés sur les hommes, et donc potentiellement sexistes. Bien sûr, ce n'est pas le seul critère pour savoir si un film est sexiste ou non (comme on me l'a fait remarquer, Les blondes réussirait ce test, alors que... bref). Mais ça fait prendre conscience de la sous-importance effarante accordée aux femmes dans le cinéma. Voici les trois questions du test :
- Y a-t-il au moins deux femmes identifiables, dont on connaît le nom ?
- Se rencontrent-elles, parlent-elles ensemble à un moment ou un autre ?
- Si elles le font, parlent-elles d'autre chose que d'un homme ?
Prenez les plus grands succès commerciaux de ces dernières années, Le seigneur des anneaux, Pirates des Caraïbes, Star Wars, le dernier Harry Potter, Avatar, Les Intouchables, Ocean's eleven... Eh bien, ils échouent tous. Et parmi mes Disney préférés, Aladdin, la Belle et la Bête, La petite Sirène, Mulan... Ils ne remplissent pas ces trois conditions pourtant très simples. Bien sûr, parfois cela s'explique par un contexte historique (Le nom de la rose), ou parce qu'il y a peu de personnages (Gravity), ou pour n'importe quelle autre raison (dans le cas d'une adaptation, par exemple ; pour le Seigneur des anneaux, les scénaristes ont déjà fait de leur mieux en donnant un rôle important à Arwen). Pourtant, Mulan et Gravity sont loin d'être sexistes ! Mais le fait est qu'en dehors de Huit femmes, vous auriez bien du mal à me trouver, à l'inverse, un film où il n'y a PAS au moins deux hommes identifiables qui parlent d'autre chose que d'une femme ! Ça fait réfléchir...
Toujours est-il que, comme Raiponce, La reine des neiges réussit le test. Tous les enfants, même les garçons, peuvent donc aller voir un film qui présente deux héroïnes, dont l'une ne tombe même pas amoureuse... C'est déjà bien, non ?

jeudi 26 décembre 2013

Un Noël presque parfait

Une décoration enfin complète, sapin compris ;
Des invités charmants et une bonne ambiance le 24 au soir ;
Un gigot de sept heures fondant à souhait, et deux bons desserts en prime ;
Des cadeaux qui tombent parfaitement juste ;
La raclette dont je rêvais le 25 à midi ;
Des petits enfants qui ne font pas trop de bêtises, qui ne sirotent par du champagne en douce, qui ne démolissent rien, qui jouent presque tranquillement, et qui mangent avec joie leurs pâtes au jambon (leur menu préféré) ;
Et avant et après Noël, un thé entre ex-voisins, un restaurant avec une amie-de-trente-ans, du temps passé avec la famille (je crois que c'est la première fois depuis que j'ai quitté la maison parentale que je vois ma sœur quatre jours de suite), et une soirée DVD, et un Disney dans le plus beau cinéma de France, et encore d'autres sorties et spectacles en perspective.

Alors oui, "presque" parfait, parce que la perfection n'est pas de ce monde, et qu'il y a eu une très mauvaise nuit, et une chute de triporteur (un genou écorché pour moi et un pantalon déchiré pour moi, rien pour les enfants attachés et casqués), et un manuscrit à terminer de relire le 24, et un gamin avec un zona ;
Mais ces petits inconvénients sont sans importance comparés au reste, et somme toute, je peux dire sans aucune arrière pensée que c'était vraiment un très, très, bon Noël.

(Et maintenant, je vais me coucher.)

dimanche 22 décembre 2013

Sapin, sapin...

Il y a trois ans, les Things avaient huit mois, et commençaient à se lever en s'accrochant partout.
Il y a deux ans, j'étais enceinte, diabétique, et épuisée.
Il y a un an, nous étions trop nombreux dans un appart trop petit, qui devait en plus rester à peu près rangé en vue de visites d'acheteurs potentiels.

Du coup, cette année, pour mon premier sapin depuis quatre ans, j'ai vu grand.

(Oui, ma photo est très moche. Comme la plupart des mes photos, je sais. Et ça ne va pas s'améliorer : j'ai complètement oublié de mettre un appareil photo sur ma liste au Père Noël.)

Plus de 2,30m de haut. Qui dit mieux ?

Au passage, vous admirerez son superbe pot. Oui, c'est une poubelle. L'arbre est arrivé encore en terre, et je n'avais pas de pot en céramique assez grand. Je suis censée le replanter dehors après les fêtes. Ça me rappelle une vieille chanson d'Anne Sylvestre :
(...) Quand Noël sera passé,
Dehors je le planterai
Il pourra grandir
Il pourra se souvenir
Sapin, sapin, si les années passent
Sapin, sapin, j'aurai une forêt de sapin
(...) J'en mettrai un tous les ans
Quand plus tard ils seront grands
Elle sera belle
La forêt de mes Noëls
Sapin, sapin, si les années passent
Sapin, sapin, j'aurai une forêt de sapin.
Sauf que mon jardin mesure 200m², et j'ai déjà dû renoncer à y planter un cerisier car je ne saurai pas où le mettre. Alors une forêt de Noëls...
(Je sais qu'il est interdit de couper des arbres dans les forêts et bois de la région parisienne, bien sûr. Mais en planter ?)

Bref, j'ai des calendriers de l'avent, des stickers muraux, un petit village en bois, une crèche, des bougies, une demi-douzaines de chaussettes devant la cheminée, et un GRAND sapin que nous avons décorés tous ensemble, pour la première fois. Pas de doute, c'est vraiment Noël !

(Et comme je n'aurai pas forcément le temps de me balader sur Internet d'ici là, bonnes fêtes à tous !)

vendredi 20 décembre 2013

Un oubli

Fin de journée. Toujours la même routine : je récupère les Things à l'école, puis je les emmène en triporteur jusque chez l'assistante maternelle du Filou. Une fois là, les Things se précipitent vers les jouets, et moi je me pose dix ou vingt minutes pour bavarder. Après, c'est le départ, avec cinq gamins dans les pattes, en comptant les deux autres que garde l'ass mat et qui aimeraient bien partir plus tôt que d'habitude.

— Les enfants, venez ici ! Mettez vos manteaux ! Attends, Filou, d'abord ton pull. Miss Thing One, tu viens ? Mr Thing Two, où est ta cagoule ? Ah, il ne faut pas que j'oublie de prendre la poussette [Darling emmène le gamin avec la poussette, le matin]. Filou, ton manteau ! Miss Thing One, viens te préparer, tu joueras de nouveau avec le piano demain. Non, toi, Machin, tu n'es pas un des miens, il me semble ; ton papa va venir te chercher tout à l'heure. Ah oui, le carnet du Filou. Où ai-je posé mon sac ? Filou, ta cagoule ! D'accord, tes gants aussi. Non, Mr Thing Two, n'appelle pas tout de suite l'ascenseur, tu vois bien que Truc est sur le palier, il risque d'entrer dedans. Filou, donne-moi la main. Non, l'autre, tu vois bien que je tiens la poussette dans celle-ci. Machin et Truc, rentrez, je ne vous emmène pas, j'ai dit ! Bon, Miss Thing One, tu viens ou tu restes aussi ?

Bref, je ne sais plus où donner de la tête, surtout en hiver, quand il faut habiller tout le monde. Des fois, j'oublie la poussette. Des fois, le carnet de liaison. Des fois, une cagoule. Jamais un gamin, jusqu'ici. Mais tout à l'heure, alors que j'avais enfin réussi à les faire monter tous dans le triporteur, à les attacher, à caler la poussette, à enfiler mon casque et mes gants, Mr Thing Two s'est exclamé :

— Oh, il s'est krompé ! Il a encore ses saussons !

En effet, le Filou avait son pull, son manteau, sa cagoule et ses gants, mais pas ses chaussures.

Bon.

Plus qu'à remonter.

mercredi 18 décembre 2013

Chèques de cantine

Dans ma nouvelle commune, la facture pour la cantine de l'école maternelle est envoyée au père. Je n'en revenais pas, quand j'ai vu ça. A Paris, tous les papiers concernant les enfants étaient envoyés au nom des deux parents, bien sûr. Résultat, comme Darling ouvre son courrier en moyenne une fois par trimestre, j'ai payé septembre et octobre en même temps, fin novembre.

(Oui, c'est moi qui gère toutes ces tâches administratives. Je sais. Je sais. Je n'ai pas envie d'en parler, d'accord ?)

Cette fois, à l'arrivée d'une lettre suspecte, j'ordonne à Darling de l'ouvrir. Bien vu, c'est la facture du mois de novembre. Je râle – pas contre Darling, pour une fois, mais contre l'administration :
— Mais enfin, pourquoi n'envoient-ils pas les lettres au nom des deux parents ? C'est incroyable ! Qu'ils ne s'étonnent pas si la cantine est payée en retard, après !

Le mot "cantine" fait réagir le Grand, qui assiste à la conversation :
— Ah, tiens, au fait, moi aussi j'ai le papier de la cantine, il faut que tu me fasses un chèque assez vite.
— Ça fait combien de temps que tu l'as ?
— Je ne sais pas, peut-être deux ou trois semaines...
— Hein ? Tu ne pouvais pas me le dire plus tôt ? Va me chercher ça tout de suite !

Il a obtempéré. Il m'a ramené la facture, datée du 16 octobre.

Ben quoi, deux semaines, deux mois, c'est presque pareil, non ?

(Il y a des baffes qui se perdent, moi je vous dis.)

lundi 16 décembre 2013

Fétichisme précoce

Fin d'après-midi. J'ai récupéré mes troizans, et maintenant je suis venue avec eux chercher le plus jeune. Pendant que je bavarde avec l'assistante maternelle et que les Things s'amusent avec les jouets des petits, le Filou entre subrepticement dans la salle de bain, dont la porte est exceptionnellement restée ouverte,
trouve le panier à linge sale,
l'ouvre,
en tire quelques T-shirts qu'il jette par terre,
découvre un magnifique soutien-gorge à dentelles appartenant à la fille adolescente de l'ass mat,
le porte à son visage,
entreprend de le lécher.

Il nous a fallu un petit bout de temps, à l'assistante maternelle et à moi-même, pour réagir : nous étions écroulées de rire.
(L'adolescente, moins.)

dimanche 15 décembre 2013

Albums de Noël : les pop-up ou livres à volets



(Pour rappel, vous pouvez trouver beaucoup d'autres albums, en particulier sur le thème de Noël, en cliquant sur "littérature jeunesse : les albums" dans la colonne de droite.)

Je vais vous parler aujourd'hui de quelques livres en "3D", si je puis dire. Je n'ai pas beaucoup de livres dans cette catégorie. Ce que je privilégie, dans les albums de Noël, c'est l'histoire et les illustrations. Mais j'en ai tout de même quelques-uns, donc je vous les présente :

Une étoile dans la nuit, de A. Mansfield et F. Fiore (Quatre Fleuves, 2011), est mon préféré. Les images en pop-up sont très belles et très élégantes, blanches avec quelques touches de couleur. Le texte en alexandrins (parfois approximatifs) accompagne bien les images. Ce n'est pas vraiment une histoire, et l'étoile de Noël n'est qu'un prétexte à plusieurs paysages différents, mais c'est vraiment un bel album.


Noël au bout du chemin, de C. Quin et E. Hawkins (Quatre Fleuves, 2012) est un autre pop-up dans le même genre, à la différence que les illustrations sont moins élégantes (mais plus colorées) et que le texte raconte une histoire, celle d'un renne qui cherche quelque chose... (Entre parenthèses, je pourrais facilement faire un billet uniquement sur les albums qui racontent l'histoire d'un renne – ou autre animal – qui rêve de tirer le traîneau du Père Noël, ou d'aider le Père Noël dans sa tournée, et qui parvient à ses fins..).

Noël au pays des souris de J. de Lagausie (Gründ, 1998) est le premier coffret "livre de l'avent" contenant 24 mini-livres que j'aie vu apparaître sur le marché. Il y en avait peut-être eu d'autres avant, mais je n'en avais jamais vus ; en revanche, j'en ai vu plusieurs depuis, souvent plus élaborés. Qu'importe, j'aime bien celui-ci, avec ses tout petits livres qui doivent contenir une vingtaine de mots chacun tout au plus, mais assez mignons, et j'apprécie le ruban attaché à chaque mini-livre qui permet de les suspendre un par un à une guirlande ou dans le sapin. Peut-être pas le meilleur exemple de sa catégorie, mais un concept que j'aime bien.

The 12 days of Christmas de Tad Hills (Little Simon, 2003) n'a jamais été traduit en français, ce qui ne m'étonne pas du tout, car il repose sur une chanson anglaise que les Français ne connaissent pas. Le texte reprend simplement les paroles de la chanson : "Le premier jour de Noël, mon amour m'a donné une perdrix dans un poirier / le deuxième jour de Noël, mon amour m'a donné deux colombes et une perdrix dans un poirier / le troisième jour de Noël, mon amour m'a donné trois poules françaises, deux colombes, et une perdrix dans un poirier..." Et cætera, jusqu'au douzième jour de Noël (le jour de l'épiphanie).
Le dessinateur a un peu triché, car il n'a pas tenu compte des reprises : il n'y a qu'une seule perdrix et non douze, que deux colombes et non vingt-deux (deux par jour, du deuxième ou douzième jour), que trois poules et non trente, etc. Mais tout de même, à la fin, ça fait une foule d'animaux... A chaque page, un volet cache le nouveau "cadeau", et page après page, la confusion règne de plus en plus dans la pièce. Je ne peux pas dire que j'adore le graphisme, mais le Grand aimait beaucoup que je regarde ce livre avec lui tout en chantant la chanson.


Enfin, L'atelier du Père Noël de Susanna Ronchi (Quatre Fleuves, 2005) est presque une tricherie, car s'il est bien classé parmi les livres, c'est en réalité une sorte de maison de poupée en trois dimensions, avec des personnages de papier (rennes, lutins, Père Noël) que l'on peut déplacer à son gré. Plus une décoration de saison qu'un livre, donc, mais j'aime beaucoup son côté très kitch et ses détails charmants : l'atelier ou la bibliothèque avec sa cheminée sont des pièces où j'aimerais bien aller flâner un peu... A poser au pied du sapin, ou à suspendre au plafond.

samedi 14 décembre 2013

Guide touristique pour un hôtel de luxe

J'ai reçu un email d'une maison d'édition située à l'étranger et pour laquelle j'ai travaillé une ou deux fois par le passé :

Chère Madame,
Cela fait quelque temps que nous n'avons pas collaboré ; j'espère que vous allez bien. Je vous écris car nous avons un projet pour lequel nous aurions besoin d'un traducteur en français. A l'occasion de ses cinquante ans, un hôtel de grand luxe situé au bord d'un lac magnifique au pied des montagnes désire faire publier un livre sur son histoire. Les textes sont assez courts, environ 15.000 signes en tout. Pouvez-vous me confirmer que votre tarif est toujours de 18 euros par tranche de 1500 signes ?
Merci d'avance,
Machine Trucmuche

Ma réponse :

Chère Madame,
Je suis ravie d'avoir de vos nouvelles. En effet, ça fait quelque temps que nous n'avons plus travaillé ensemble.
C'est le moins que l'on puisse dire : ça fait déjà six ans.
Comme vous le savez, ce genre de projet n'est pas du tout ma spécialité, mais je veux bien m'en charger.
15.000 signes, c'est vraiment très peu, et j'aime bien faire quelque chose de complètement différent, de temps en temps : ça me change.
Je souhaite cependant lire le texte avant de m'engager.
Règle d'or. Toujours demander à voir le texte. Je suppose qu'il n'y a pas beaucoup de vocabulaire technique, mais on ne sait jamais.
Concernant mon avance, elle était la dernière fois de 22 euros par tranche de 1500 signes espaces compris, et non 18 euros.
Je suppose qu'elle s'est dit qu'elle allait tenter le coup, au cas où je n'aurais pas tous mes contrats archivés dans mon ordinateur et à portée de clic. C'est de bonne guerre.
Je veux bien négliger l'inflation de ces dernières années et garder le même tarif ; en revanche, vous comprendrez aisément que je ne peux pas le baisser...
Je ne vais pas me battre pour des queues de cerises, surtout pour une collaboration aussi occasionnelle, mais il ne faut pas exagérer, non plus.
... à moins que vous ne m'offriez quelques nuits dans l'hôtel concerné, le temps de faire ma traduction.
Qui ne tente rien n'a rien.
Bien cordialement,
Fofo


Elle m'a répondu. J'aurai mes 22 euros. Mais pas mes vacances tous frais payés. Dommage.

jeudi 12 décembre 2013

Manteaux d'hiver

Ce matin, le doute n'est plus permis. Le thermomètre est bel et bien descendu en-dessous de zéro. Maintenant que j'y pense, hier aussi, sans doute. Et peut-être les jours précédents également. Cela expliquerait pourquoi le lac près duquel je suis passée en vélo était gelé...

Bref, ne nous voilons pas la face : c'est l'hiver.
Et donc, le moment est venu de mettre des manteaux d'hiver aux Things.


Ben quoi ?

Non mais n'appelez pas les services sociaux tout de suite, attendez une minute. Je leur avais déjà mis des bonnets, quand même. Et même des moufles ! Taille 2 ans, OK, mais ça ne laisse que les poignets à l'air, les doigts sont au chaud, c'est ce qui compte, non ? Et en dessous de leurs petits impers légers, ils avaient des pulls. Et des T-shirts en dessous. À manches longues, même !

J'admets cependant que ça doit faire au moins un mois que les enfants de leur classe arrivent à l'école emmitouflés dans des doudounes, des manteaux en laine ou des gros blousons.

J'ai donc fouillé dans les armoires.
Et je me suis rendu compte que je n'avais qu'un seul manteau d'hiver taille 4 ans en état d'être porté.
Oui, le 12 décembre, j'ai découvert que je n'avais qu'un seul manteau d'hiver pour mes deux jumeaux.
Que vouliez-vous que je fasse ? J'ai tiré au sort. (C'est Miss Thing One qui a gagné.)

Voilà, maintenant vous pouvez appeler les services sociaux.

(A ce stade, je peux peut-être attendre encore jusqu'aux soldes pour équiper le gamin, non ? Non ? Bon, d'accord. Je vais en commander un sur eBay, alors.)

(Ne vous en faites pas pour le Filou : il a tout en double, forcément. Il a donc deux manteaux bien chauds, et les met déjà depuis quelques semaines, parce que même moi, je peux comprendre que quand on passe une demi-heure immobile dans une poussette, on peut avoir froid.)

(Quant à moi, je garde mon imper. Je passerai au manteau d'hiver quand il fera moins dix, mettons.)

mercredi 11 décembre 2013

Un comité de réflexion fantaisiste, mais pas trop

J'aime beaucoup le blog de Martin Vidberg, L'actu en patates. Il n'est jamais cruel comme peuvent l'être de nombreux caricaturistes, et je perçois même souvent une certaine tendresse envers les personnalités ou les personnages qu'il "croque" dans ses illustrations. Hier, j'ai souri en découvrant son nouveau dessin. Aujourd'hui, je suis allée voir s'il y avait une nouvelle note, et comme il n'y en avait pas, j'ai revu le même dessin. Et ce n'est que la deuxième fois que l'anomalie m'a frappée.

Vous avez trouvé ?


Réponse : il n'y a que des hommes dans ce "comité de réflexion sur le nom des trucs". Même dans les grandes instances imaginaires, manifestement, les femmes ne sont pas les bienvenues...

(Et à ceux qui trouvent que franchement, ce n'est pas si grave, puisque ce n'est qu'une image, je dirai que c'est vrai, bien sûr, mais que le sexisme perdure justement à cause des représentations qui sont faites des hommes et des femmes, et qui alimentent notre imaginaire collectif. Le plus grave, au fond, c'est que ça ne choque personne. Je suis certaine que 90% des gens – au moins – n'ont rien remarqué du tout, comme moi la première fois. S'il y avait eu cinq femmes sur l'image, y aurait-il eu un seul internaute qui n'aurait pas trouvé ça curieux ?)

PS : Je précise que je n'ai aucune animosité envers le dessinateur, dont je parierais qu'il ne s'est pas du tout rendu compte du préjugé qu'il véhiculait à travers son dessin plein d'humour.

mardi 10 décembre 2013

Mère jusqu'au bout des ongles

Une main.
Une autre main.
Un pied.
Un autre pied.
Une main.
Une autre main.
Un pied.
Un autre pied.
Une main.
Une autre main.
Un pied.
Un autre pied.
Une main.
Une autre main.
Un pied.
Un autre pied.

Aujourd'hui, j'ai coupé 80 ongles, en comptant les miens.

Le Grand, lui, se ronge les siens, y compris ceux des pieds. J'avoue que ça ne me dérange pas plus que ça.

lundi 9 décembre 2013

Les premiers mots du Filou

Bon, alors, résumons. A presque 21 mois, cet enfant sait dire :

- Doudou
Sans doute le tout premier mot qu'il ait appris à prononcer, bien avant "Maman" et "Papa", mais je n'en tire aucune conclusion. (Sale gosse.)
- Non
Ah, à moins que ça n'ait été celui-ci ? Je ne sais plus. (Sale gosse, bis.)
- Papa
Prononcé avec un amour sans borne, toujours, quand son père arrive enfin le soir alors que JE viens de ramener le bébé à la maison, de le nourrir, de le changer, de le doucher, de lui raconter un livre. Grrr.
- Maman
Oui, ça y est, il sait le dire. Pas trop tôt.
- D'eau
Les Things disaient "d'l'eau", c'était mieux, mais bon, on ne va pas chipoter.
- Boum boum boum
S'applique à tout ce qui fait "badaboum", autrement dit tout ce qui tombe, même sans faire de bruit.
- Pomme
La toute dernière acquisition en date, suite à un voyage en triporteur où il était face à deux cageots de pommes tentatrices juste hors de sa portée. Je sais quoi faire si je veux qu'il apprenne à dire "clémentine", maintenant, par exemple.

Et c'est tout ? Oui, c'est tout. A un moment, nous avons cru voir apparaître "tâteau", mais ce n'était qu'une illusion. Malgré notre insistance, le "oui", ne franchira pas ses lèvres. "Caca" serait bien utile, mais il se fait comprendre en désignant sa couche avec insistance. Et les prénoms de ses frères et sœur ? Celui de son assistante maternelle ou des deux gamins qu'elle garde en même temps que lui ? Et "saussures", "core", "ma'cher", "les b'as", "au roir", "manzer", "dodo", "bain", "(bi)bwon", "(télé)vision" tout ça ?

Rien du tout. Crève.
21 mois, et 7 mots de vocabulaire. Au même âge, ma petite sœur savait faire la différence entre "avion" et "licoptère".  Au même âge, la petite Nina, à la crèche, était capable de soutenir une conversation philosophique (ou presque).
Mais non, je ne suis pas inquiète. L'assistante maternelle me fait rire quand elle essaie de me rassurer, en m'expliquant que chaque enfant a son rythme. Je ne suis pas plus inquiète que je ne l'étais quand Miss Thing One ne savait pas encore s'asseoir à l'approche de son premier anniversaire. Bien sûr que ça va venir, et bien sûr qu'il parlera tout aussi bien qu'un autre. Et bien sûr qu'il comprend tout ce qu'on lui dit, à défaut de se faire comprendre.
Non, je ne suis pas inquiète : je suis juste furax, parce que je suis convaincue qu'il se fiche de moi.

(Mais qu'est-ce que j'ai fait au ciel pour avoir des gamins qui marchent tôt et qui parlent tard ? Vous pouvez me le dire ?)

dimanche 8 décembre 2013

Albums de Noël : les personnages de la littérature jeunesse



L’année dernière, je n’avais pas eu le temps (ni tellement l’envie), mais il y a deux ans, j’avais commencé à vous présenter ma collection d’albums sur le thème de Noël. J’ai la flemme de vous remettre tous les liens, donc si vous désirez les retrouver, il suffit de cliquer sur le libellé « littérature jeunesse : albums » dans la colonne de droite.

Parmi les albums de Noël, il y a une catégorie à part : ceux mettant en scène des personnages de la littérature jeunesse qui fêtent Noël. J’en ai plein, et je ne vais certainement pas tous les recenser. Je pense qu'il y en a des dizaines et même des centaines, de Petit Ours Brun à Oui-Oui, de Mimi la souris à Tchoupi, de Caroline à Martine, d’Ernest et Célestine aux Monsieur-Madame, de Barbapapa à Hello Kitty, et je vais m’arrêter là sinon nous y sommes encore demain. La seule qui ne fête jamais Noël, c’est Fantômette. Un jour, j'écrirai une fan-fic sur ce thème pour combler cette lacune. Peut-être.

Bref, revenons à nos moutons. Je ne vais pas vous présenter tous ceux que j'ai, disais-je, parce qu’il nous faudrait tout le mois de décembre ; mais il y en a certains qui sortent du lot, en plus de ceux dont je vous ai déjà parlé il y a deux ans.

Je vais commencer par un livre "moderne" : Olivia prépare Noël de Ian Falconer (Seuil jeunesse, 2008). Mes enfants adorent. Il faut dire que cette Olivia est une petite cochonne avec un caractère… de cochon ! Dans cette histoire, vous la trouverez successivement en train de faire vomir son frère, de s’emmêler dans une guirlande électrique, de décapiter le sapin, de beugler une chanson de Noël, de brûler des petits gâteaux... Personnellement, mon moment préféré est celui où elle offre un autoportrait gigantesque et hideux à ses parents, en leur recommandant de l'accrocher au-dessus de la cheminée : leurs regards horrifiés me font mourir de rire. Même le Grand se joint à nous quand je lis ce livre, et ne rit pas moins que les Things, sinon plus…

Dans un genre très très différent, Heidi fête Noël de Marie-José Maury (Hemma, 1974) n’est que très lointainement inspiré de l’héroïne de Johanna Spyri. Je crois que c’est un des albums les plus kitchs de ma collection. Les illustrations sont particulièrement drôle : il faut voir Heidi, une sauvageonne aux boucles brunes dans le roman d’origine, transformée en poupée blonde vêtue d’une robe bleu ciel à paillettes et bottines blanches boutonnées sur le côté ! Le Grand-père en redingote n’est pas mal non plus… Le sapin, la neige, les bons sentiments, la chanson chantée par une voix d’ange « aux accents de cristal », tout y est : on peut difficilement faire plus fort.

Les aventures de Sylvain et Sylvette – Le plus bel arbre de Noël, de J.L. Pesch (Fleurus, 1967). Je mentionne celui-ci parce que c’est une pièce de collection, et quand je l’ai acheté, j’ai retrouvé le style délicieusement suranné que j’avais découvert dans le seul autre album de Sylvain et Sylvette que j’aie jamais lu, une bande dessinée qui se trouvait chez ma grand-mère et qui devait avoir appartenu à un de ses enfants. Cela dit, je dois bien avouer que ces aventures ne me font plus tellement rêver, et puis j'aime quand le thème de Noël est souligné (bonne action, réconciliation, trêve, que sais-je) et non juste un vague élément de l'histoire, comme ici.

Le commis du Père Noël de Marcel Aymé, illustré par Claudine et Roland Sabatier (Gallimard, 1996) est un nouveau conte du chat perché mettant en scène Delphine et Marinette. Malgré mes recherches, je n’ai pas réussi à savoir s’il avait été publié du vivant de Marcel Aymé, ou si c’est une découverte posthume (ou encore si ça a été écrit par quelqu’un d’autre, mais la page de titre mentionne bien Marcel Aymé comme unique auteur). Quoi qu’il en soit, on y retrouve bien les deux fillettes dont j’ai lu maintes fois les aventures pendant mon enfance, avec leurs animaux pleins de bonne volonté, leurs parents effrayants, et leur propension à se mettre dans des situations difficiles sans mauvaises intentions. Une histoire un peu cruelle, qui décrit le Père Noël comme un bonhomme bien peu sympathique, et avec une fin pas vraiment drôle pour de malheureuses oies… Bref, ce conte est tout à fait dans la lignée des autres contes du chat perché, et j’ai eu beaucoup de plaisir à m’y plonger.

Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui, mais j'espère trouver le temps de vous en montrer d'autres d'ici la fin du mois !

samedi 7 décembre 2013

Ma nouvelle ennemie : l'humidité

D'abord, il y a eu des moisissures dans la chambre du Grand, non loin de la fenêtre. Nous l'avons accusé d'être resté une semaine enfermé là-dedans avec un copain, porte toujours close. Puis il y en a eu dans la chambre de Miss Thing One, juste au-dessus. Nous avons accusé la gouttière de fuir, l'eau de pluie de pénétrer dans le mur. Puis j'en ai trouvé dans la chambre du Filou, dans un placard. Nous avons accusé le manque d'aération, le froid de cette pièce mal isolée. Puis j'ai vu des traces dans la salle de bain. Nous avons accusé l'absence de VMC, la fenêtre moisie. Puis j'ai découvert une mousse grisâtre de deux centimètres d'épaisseur derrière TOUTES les armoires de la maison placées contre des murs extérieurs, et j'ai commandé un déshumidificateur.

— Ce sont sûrement des infiltrations, me dit un voisin. Faites vérifier votre gouttière et votre toit.
— C'est forcément la condensation, me dit un menuisier. Vous êtes six à respirer et à prendre des douches, là-dedans. Faites poser une VMC.
— Ce sont probablement des remontées capillaires, me dit un ami. Faites imperméabiliser vos fondations.

(Soupir.)

Le déshumidificateur m'a été livré ce matin. En attendant de trouver quelqu'un d'objectif qui s'y connaisse capable de me dire si la VMC est indispensable, je me suis empressée de brancher l'appareil. Dans la journée, je lui ai fait faire le tour du propriétaire : il a visité toutes les pièces de la maison. La bonne surprise, c'est que ça marche plutôt bien. Les murs étaient réellement plus secs, et la buée qui couvre constamment les fenêtres des étages a totalement disparu, même dans la salle de bain. La mauvaise surprise, c'est qu'en huit heures, il a retiré au moins trois litres d'eau de l'atmosphère, et que quand je l'ai branché au tout début, dans la chambre du Grand, il a affiché un taux d'humidité ambiante de 86% (alors que ça devrait se situer entre 40 et 60%). Je comprends mieux pourquoi la peinture s'écaille et pourquoi les posters punaisés aux murs gondolent.

Bon. Après la bataille contre les mauvaises odeurs, celle contre l'humidité. Trouverons-nous l'origine ? Pourrons-nous en venir à bout ? Par quels moyens ? Avec quelle aide ? A quel prix ? Ne manquez pas le prochain épisode !

(Si quelqu'un a des conseils à me donner, je suis preneuse. Encore un problème que je n'ai jamais eu en appartement...)

vendredi 6 décembre 2013

Un bon libraire

A quoi reconnaît-on un bon libraire ?


7h03. Le réveil s'allume. Les infos. D'habitude, ce que dit le journaliste me rentre par une oreille et me sort par l'autre, mais pas cette fois.
— Darling !
— Mmm ?
— Tu m'entends ?
— Mmm...
— Nelson Mandela est mort.
Tiens, lui aussi, ça le réveille.
— Nelson Mandela est mort ?
— Oui.
— Bon, je vais mettre sa biographie sur table à la librairie, alors.

jeudi 5 décembre 2013

Mes soirées en mère célibataire

Depuis notre emménagement, Darling met plus longtemps pour aller au travail et en revenir, de sorte qu'il rentre rarement avant 20h. Par ailleurs, crise économique, Amazon, baisse du chiffre d'affaire, réduction du personnel, bref, pour toutes sortes de raison, il fait désormais la fermeture de la librairie au moins trois fois par semaine, et ces soir-là, il ne rentre pas avant 20h30, voire 21h.
Ce sont donc des soirées que je passe en mère célibataire avec mes quatre gamins. Trois douches à donner, et une quatrième à ordonner ; un repas complet et équilibré à préparer ; les pyjamas à enfiler, le dîner à faire avaler, les dents à laver, parfois les devoirs à surveiller, la table à débarrasser, souvent la troisième lessive de la journée à plier et ranger, les livres à raconter, les gamins à coucher, etc.
Cauchemardesque ?
Eh bien non, justement.
C'est ce que je me suis dit ce soir, pendant le dîner. Miss Thing One, qui sortait d'une crise d'hystérie monumentale, s'était allongée sur le canapé ; le Filou avait refusé de manger son riz aux légumes et vadrouillait dans la pièce, comme tous les soirs ; Mr Thing Two avait renversé son verre d'eau, comme tous les soirs aussi ; le Grand n'arrêtait pas de bavarder et de chahuter. Et la chaise de Darling était vide. Et pourtant, j'ai trouvé que je m'en sortais bien. J'ai réussi à calmer Miss Thing One, j'ai complètement ignoré le Filou qui a fini par revenir de lui-même vérifier si le plat était si mauvais que ça (non, en fait), j'ai épongé l'eau du verre de Mr Thing Two sans même prendre la peine de le réprimander, j'ai écouté le Grand d'une oreille et je lui ai répondu par monosyllabes, j'ai laissé la casserole sur la table avec son couvercle pour qu'elle soit encore chaude au retour de Darling, et à 8h45, tous les enfants étaient nourris, lavés, et couchés.
En fait, ce n'est pas si difficile. Et surtout, ça l'est de moins en moins. Certes, il y a toujours les cris, l'énervement, les disputes, les ambitions revues à la baisse (pour le menu, les principes éducatifs, l'heure du coucher, etc.). Mais aussi, et de plus en plus, des moments où je me dis qu'en cet instant précis, je suis heureuse. Tout simplement. Le stress s'estompe, la joie refait de plus en plus souvent surface. Je ne suis pas une supermaman, mais je me débrouille. Même toute seule. Et ça va forcément s'améliorer encore, mois après mois.
Cette fois, je crois que je commence vraiment à voir le bout du tunnel. Et même à me dire que le tunnel n'est pas si sombre que ça, finalement...

mercredi 4 décembre 2013

Ma lettre au Père Noël 2013

Cher Père Noël,

Cette année, j'ai été bien sage. J'ai vraiment fait beaucoup d'efforts. J'ai bien travaillé. J'ai été gentille. J'ai crié un peu, mais pas beaucoup. Pas trop beaucoup. Alors je voudrais bien des cadeaux, si ça ne te dérange pas. Bien sûr, je serai contente de tout ce que tu voudras m'apporter, mais si tu n'as pas d'idée, je peux t'en donner quelques-unes :

- Des traductions intéressantes et très bien payées (sans pour autant être trop longues) ;
- Des sorties, au théâtre, au cinéma, n'importe où ;
- Des vacances vraiment reposantes ;
- Des fenêtres à double vitrage, un insert, une nouvelle chaudière, un plombier qui règle les problèmes d'humidité, un jardinier qui taille les arbres et sème la pelouse, et un artisan touche-à-tout pour régler tous les petits soucis qui surgissent sans cesse dans ma nouvelle maison ;
- Un quatre cinquièmes pour Darling ;
- Une place en crèche ou une entrée en maternelle précoce pour le Filou ;
- Du temps libre.

Si tu n'as rien de tout ça en stock, tu peux toujours te rabattre sur :
- Une petite station d'accueil pour iPod qui fasse réveil-matin, parce que j'en ai marre de me réveiller avec les infos ;
- Un appareil pour faire plein de petites crêpes en même temps, parce que je ne fais plus de crêpes depuis que nous sommes six à table, sinon je passe mon repas debout dans la cuisine ;
- Le Grand Robert sur CD-rom, parce que sur papier c'est beaucoup moins pratique ;
- Un CD de Benjamin Biolay, ou de Vincent Delerm, ou de Bénabar, parce que ma connaissance de la chanson française s'est arrêtée à l'époque de Renaud et Jean-Jacques Goldman ;
- Un pistolet à colle chaude, parce que je suis sûre que ça me servirait assez souvent ;
- Un broyeur à végétaux, parce que mon composteur se remplirait plus vite ;
- Une boîte à semoule de "Derrière la porte", parce que c'est une des seules qui me manque ;
- Le livre "Pâtisserie, l'ultime référence" de Christophe Felder, parce qu'il est très cher pour un énième livre de cuisine, mais j'en ai entendu dire beaucoup de bien.

Voilà, bien le bonjour à tes lutins et à tes rennes, et excuse-moi pour la cheminée, je ne l'ai pas encore fait ramoner, j'attends de voir si tu vas m'apporter un insert : on ne sait jamais. Je te laisserai un verre de lait et des biscuits, mais en hauteur, ne les cherches pas au pied de la cheminée, rappelle-toi que j'ai plein de gourmands à la maison. Ah, et si jamais tu n'as pas assez de peluches pour ta tournée, j'en ai deux cartons pleins à la cave, en plus de celles qui sont à disposition dans la salle de jeu, donc n'hésite pas à les prendre, tu me rendras service.

Je t'embrasse bien fort,

Fofo

mardi 3 décembre 2013

Pan, dans les dents !

A 13h10, le téléphone sonne. Une voix inconnue s'élève :
— Allô, Madame Darling ?
Oh-oh. Pas bon. Pas bon du tout. Si on m'appelle par le nom de Darling et pas par le mien, ça signifie que ça ne concerne ni le boulot, ni la maison, ni l'administration. C'est forcément au sujet des enfants, qui portent le nom de famille de leur père. Et un coup de fil au sujet des enfants en pleine journée, c'est mauvais signe.
La voix continue :
— J'appelle de l'école maternelle, c'est au sujet de Mr Thing Two.
Gagné. Je m'assieds.
— Oui ?
— Il a chahuté dans les toilettes, il a glissé, et il est tombé en avant contre un lavabo...
La bonne nouvelle, c'est que j'entends à présent le gamin hurler en bruit de fond, donc il ne s'est pas assommé.
— C'est grave ?
— Il s'est coupé la lèvre inférieure, assez profondément, mais surtout, il saigne un peu de la gencive supérieure, autour d'une incisive centrale, j'espère qu'il ne se l'est pas déchaussée...
Une incisive centrale supérieure ? Vous voulez dire la seule qu'il lui reste ?
— Heu, oui, c'est ça.
— Ah. Diantre.
— Vous pouvez venir le chercher ?

Moi je veux bien, mais pour quoi faire ? Je ne vais pas l'emmener aux urgences : de toute façon ça ne sert à rien, j'avais appris la dernière fois que si une dent doit tomber, elle tombe, et il n'y a rien à faire pour l'en empêcher. Et puis j'ai les autres gamins à récupérer à 16h30. Et j'ai du boulot, mais ça, ce n'est pas un argument recevable, bien sûr, surtout de la part d'une mère qui travaille à domicile.

Je n'ai pas protesté. J'y suis allée tout de suite. J'ai récupéré un gamin tout raplapla d'avoir beaucoup pleuré, et comme je n'avais pas le courage de le prendre dans mes bras avec ses 18 kilos, je l'ai ramené à la maison sur mon dos, dans le porte-bébé du Filou (un jour, je vous dirai tout le bien que je pense de ce porte-bébé). J'ai examiné la dent. Je n'ai pas eu l'impression qu'elle bougeait, mais il y a effectivement un peu de sang autour, et surtout, ça lui fait mal : ce soir il s'est mis à pleurer après avoir voulu mordre dans un morceau de pain.

Tant pis. Si elle doit tomber, elle tombera. Et Mr Thing Two ne pourra plus croquer dans une pomme pendant les trois ou quatre années à venir. Ça nous fera des économies, tiens.

Edit, un mois plus tard : finalement on dirait que l'unique incisive supérieure centrale a décidé de rester encore un peu en place !

lundi 2 décembre 2013

Leckerlis et citronat

J'ai commandé du citronat, de l'écorce de citron confite, sur le site où j'achète des produits bio en gros (c'est-à-dire, selon le cas, en gros sacs de plusieurs kilos ou en caisses de plusieurs boîtes ou sachets). En fait, je n'aime pas le citronat. Mais j'avais l'ambition de faire des leckerlis, et il m'en fallait quelques dizaines de grammes. J'en ai donc commandé deux paquets de 100 grammes, en me disant que j'en garderai un pour l'année prochaine.
Ma commande est arrivée aujourd'hui.
Il y a eu une erreur. En ma faveur. Une erreur logique pour un grossiste.
Au lieu de deux paquets, on m'a envoyé deux caisses contenant douze paquets chacune.
J'ai donc vingt-quatre paquets de citronat.
Je n'aime pas le citronat.

Et vous savez le pire ? Comme la commande, passée mercredi dernier, tardait un peu trop à arriver, j'ai décidé ce matin, deux heures avant le passage du livreur, de faire fi de l'opinion des puristes, et j'ai fait mes leckerlis.
Sans citronat.

dimanche 1 décembre 2013

Noëleries

Premier weekend de l'avent.

Hier après-midi, nous avons décoré la maison tous ensemble. Bougies, mini-sapins, petit "village de Noël" en bois, angelots, bibelots divers. Sur les murs, d'immenses stickers bien kitch. D'autres sur les fenêtres.
Puis nous avons installé la crèche. Une vraie crèche provençale, Escoffier, très chère, à laquelle j'ajoute un ou deux nouveaux santons chaque année, ridiculement anachroniques.
Le soir, j'ai rempli les calendriers de l'avent après avoir couché les enfants. Des calendriers en bois ou en tissus, réutilisables chaque année. J'ai bien fait attention à mettre exactement la même friandise à chaque enfant chaque jour, pour éviter toute jalousie. Pendant que j'y étais, j'ai rempli mon propre calendrier, parce que y a pas de raisons.
Ce matin, nous avons écouté un disque de chansons traditionnelles. Nous avons même dansé sur "Vive le vent" et repris à pleine voix, en choeur, "Glo-oooo-oooo-ooooria !", refrain très apprécié des enfants.
Cet après-midi, j'ai fait ma première fournée de petits gâteaux de Noël, avec des emporte-pièces en forme d'étoile, de coeur, de bougie, de botte, etc. Mon père adoptif et ma soeur sont venus les manger avec nous, et je leur ai servi un bon thé de Noël aux épices.
Ce soir, pour le rituel du coucher, nous avons lu deux albums sur le thème de Noël : d'habitude, je ne lis qu'un seul livre, mais je dois mettre les bouchées doubles si je veux avoir une petite chance de lire tous mes préférés d'ici le jour J.

Il nous manque encore :
- La couronne de l'avent de mes rêves (difficile à trouver à Paris, ça fait des années que j'en cherche une) ;
- Les chaussettes devant la cheminée (on attend le passage de Saint Nicolas : c'est lui qui les apportera)
- Le sapin (généralement dressé le dernier weekend de l'avent, pour qu'il soit encore bien odorant le 25).

Je vous ai dit que j'adorais Noël ?

samedi 30 novembre 2013

Brèves de salon

Cette année, encore une fois, j'ai fait l’interprète auprès d'auteurs étrangers invités au Salon du livre pour la jeunesse à Montreuil. Comme d'habitude, je suis épuisée, mais contente de m'être changé les idées. Quelques extraits :

La toute première rencontre entre une auteure et une classe, jeudi matin :
— Bonjour les enfants ! Je suis très contente d'avoir l'occasion de rencontrer mes lecteurs français. Donc, nous sommes ici pour parler du thème de mon livre. Alors, qui veut me dire quelques mots sur la manière dont le sujet est abordé dans le roman ? Avez-vous trouvé que j'exagérais, ou au contraire que je n'allais pas assez loin ?
— ...
— Ne soyez pas timides. Le harcèlement à l'école, ça doit être un thème qui vous évoque quelque chose, non ?
— ...
Le silence devenant pesant, l'instit qui accompagne la classe lève la main :
— Ben, heu, en fait... Nous avions commandé 28 exemplaires du roman, pour l'étudier et pour préparer des questions, mais... le paquet n'est jamais arrivé. Personne n'a lu votre roman. Même pas moi.
(Ça commençait bien.)

Une autre auteure, plus tard :
— Donc, je m'appelle Machine et j'ai écris un livre centré sur ce personnage, Trucmuche. Je vais vous le présenter un peu. Donc, Trucmuche vit avec ses parents, blablabla, et puis avec sa grande soeur qu'il déteste, blablabla, et son meilleur ami à l'école, blablabla, et ses grands-parents, blablabla...
Je traduis fidèlement, mais au bout de cinq bonnes minutes, je profite d'une pause pour glisser à l'oreille de la dame :
— Pst, d'après ce que m'a dit la prof, ça fait trois mois qu'ils étudient le livre en classe... Je crois qu'ils savent déjà tout ça...
(Problème inverse, donc.)

Une autre auteure/illustratrice distribue des feuilles et fait faire un dessin aux enfants. Quand tout le monde a fini, elle enchaîne :
— Et maintenant, je vais vous apprendre à faire un pétard qui claque avec une feuille de papier, comme mon héros !
Pliage de feuille, explications, recommencements, et enfin, tout le monde y arrive. Résultats : une quarantaine de gamins excités comme des puces font claquer leurs feuilles dans tous les sens. Les deux instits fusillent l'auteure du regard. Elle essaie de ramener l'ordre :
— Maintenant, nous allons dessiner autre chose. Asseyez-vous ! Du calme. Écoutez-moi !
Peine perdue, bien sûr. Tout le monde est debout, saute et crie, et on ne s'entend plus. Il reste une demi-heure de "conférence". L'auteure se tourne vers moi, un brin désemparée :
— Je crois que j'aurais dû garder ça pour la fin...
(Je crois aussi, oui.)

Dernière rencontre, avec un auteur qui a écrit un roman dont je suis certaine qu'il plaira au Grand. Je demande à l'auteur de dédicacer un exemplaire pour mon gamin. (Au tout début, je demandais parfois une dédicace pour moi-même, mais ça fait longtemps que ça ne me fait plus grand effet.)
L'auteur écrit :
"Pour le Grand. Ta mère a été fantastique !"
J'ai donné le bouquin au gamin. Preuve qu'il n'est pas encore complètement ado : non seulement il n'a pas eu honte de moi, mais il a même trouvé ça super et l'a montré à tous ses copains...

mercredi 27 novembre 2013

Huit mètres cubes de caca

Vérification faite, la fosse septique que nous avons découverte, et dont seul le trop-plein était raccordé aux égouts, contenait huit mètres cubes d'excréments. Le double de ce qu'avait estimé le technicien venu vérifier l'installation.
En trois jours, les ouvriers ont pompé tout ça, désinfecté, rempli de sable, créé une canalisation, vérifié l'écoulement, ajouté une trappe, bétonné l'ouverture.
Ils viennent de repartir avec huit mètres cubes de matière fécale puante, et un chèque de trois mille cinq cent euros.
Heureusement que l'argent n'a pas d'odeur...

mardi 26 novembre 2013

Un ouvrier bavard

Depuis hier matin, j'ai cinq ouvriers dans mon jardin. Ils sont là pour me débarrasser de la vieille fosse septique, des odeurs immondes et des moustiques (ceux-ci ne sont pas mentionnés sur le devis, mais ça va avec, du moins on espère). Je les bichonne (les ouvriers, pas les moustiques), d'abord parce que je n'aimerais pas être à leur place, et ensuite parce que je veux qu'ils soient motivés et qu'ils fassent du bon boulot. Je leur sers le café dans des tasses à fleurs avec un sucrier assorti, je leur propose de l'eau, je leur offre même des biscuits faits maison.

Hier, en début d'après-midi, quatre d'entre eux sont partis avec le camion chercher du sable et des matériaux divers et variés. Le cinquième est resté là à les attendre. Au bout de quelques minutes, je me suis rendu compte qu'il était assis tout seul dans le jardin, désœuvré et transi. J'ai eu pitié, et je lui ai proposé de venir à l'intérieur. Il a pris place sur une chaise, face à un café fumant, et moi je suis retournée m'asseoir à mon bureau :
— Excusez-moi, je dois travailler.

Alors, où en étais-je... Ah oui, au milieu de cette page. Donc... Les magiciens sont dangereux, lui dit...

— Vous travaillez chez vous ? Vous faites quoi ?
— Je suis traductrice.
— Ah oui ? Qu'est-ce que vous traduisez ?
— Des livres pour enfants et pour adolescents.

Reprenons. Les magiciens sont dangereux, lui dit Sally. C'est...

— Dans quelle langue ?
— Depuis trois langues, mais toujours vers le français, parce qu'on traduit toujours vers la langue qu'on maîtrise le mieux.
— Et vous travaillez combien d'heures par jour ?
— Eh bien, je suis censée faire un temps plein, donc comme je n'ai pas le temps de travailler assez en journée avant d'aller chercher mes enfants, surtout si j'ai quelque chose à faire ou si on me dérange, je dois m'y remettre tous les soirs jusqu'à 23h, au moins.

Peut-être a-t-il compris le message ? Allons-y. ... lui dit Sally. C'est pour ça que la reine...

— Et après, il y a votre nom sur la couverture ?
— Parfois, mais le plus souvent c'est à l'intérieur du livre, en page de garde.
— Vous pouvez me montrer un livre que vous avez traduit ?
— Oui, tenez, regardez, celui-ci, Journal de Machintruc, c'est moi qui l'ai traduit. Mon nom est là, vous voyez. Tenez, je vous le prête.

Avec un peu de chance, il va se mettre à lire. Alors, voyons... C'est pour ça que la reine a ordonné...

— C'est un journal intime ? Comme celui d'Anne Frank ?
— Heu, oui, c'est ça, mais c'est plus gai. C'est un roman humoristique. Alors que celui que je traduis en ce moment est plus dramatique. Plus difficile à traduire. Il faut que je me concentre beaucoup plus.

Ce n'est pas vrai, bien sûr (un roman humoristique peut même être plus difficile, surtout s'il est bourré de plaisanteries et jeux de mots), mais j'espère que cette fois, il va saisir l'insinuation. Je me remets à taper. ... que la reine a ordonné que les magiciens...

— Alors comme ça, votre prénom c'est Fofo ? Moi je m'appelle Henri.
— Ah oui ?
— Je viens de Martinique, vous savez. Je suis arrivé ici l'année dernière.
— Vraiment ?

... ordonné que les magiciens... Attends un peu, je n'avais pas déjà le mot "magiciens" à la phrase précédente ?

— Au début j'étais couvreur, mais j'ai eu des problèmes avec mon patron, patati patata, alors voilà, je suis dans cette société d'assainissement.
— D'accord.
— Mais il n'y a pas de sot métier, pas vrai ? Et puis c'est utile, au moins, comme boulot.
— Tout à fait.

Si, je viens déjà d'utiliser le mot "magicien". Reformulons. La magie est dangereuse, lui dit Saly. C'est pour ça que la reine a ordonné que ceux qui la pratiquent...

— Cela dit, vous, vous faites un métier plus reposant.
— Mmm.
— Mais il faut beaucoup réfléchir, non ?
— Oui, il faut absolument pouvoir se concentrer. C'est pour ça que je ne peux pas travailler quand mes enfants sont là, ou quand on me parle.

Cette fois, j'ai été directe, non ? Il va sûrement se taire. Je m'y remets. ... que tous ceux qui la pratiquent soient immédiatement...

— Vous avez une belle maison. Elle date de quand ?

Les autres ouvriers ont mis deux heures pour faire l'aller-retour avec leur camion. Deux heures.
J'ai traduit trois lignes en deux heures.


— Quand tu lui as proposé de venir prendre un café pendant que ses collègues et ton mari étaient absents, il a dû se faire des idées, s'est esclaffé Darling, le soir, quand je me suis lamentée. Dans les films, enfin, dans certains films, c'est comme ça que ça se passe...


lundi 25 novembre 2013

Hunger Games

Ça s'est passé en mai ou juin dernier. Ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Quelques jours plus tôt, j'avais acheté le premier volume de Hunger Games, en anglais. Normalement, je ne lis pas énormément de littérature pour "Young Adults" en dehors du travail, car j'en ingurgite déjà bien assez comme ça. Mais quand un roman a vraiment beaucoup de succès, je finis par le lire pour pouvoir juger si les romans pour lesquels je dois faire des fiches de lecture n'en sont pas des pâles copies, ou s'ils s'en inspirent de près ou de loin.

Bref, Hunger Games. Je l'avais entamé la veille, et j'avais lu le premier tiers, peut-être la moitié. Ce soir-là, je suis allée me coucher assez tôt parce que j'étais épuisée : les mauvaises nuits se succédaient, à l'époque. Du coup, je me suis dit que je pouvais lire quelques pages, allez, un petit quart d'heure.
Quand j'ai terminé le livre, il était plus de deux heures du matin. Non, vraiment, ça faisait longtemps que je n'avais pas été aussi déraisonnable.

Mais que voulez-vous que je vous dise ? J'avais été totalement incapable de reposer le roman avant de l'avoir fini. Il faut dire que c'est un excellent roman. Une dystopie effrayante dans un monde post-apocalyptique pas forcément complètement crédible mais très bien décrit, dans lequel on peut voir un parallèle évident avec notre propre société. Mais aussi des personnages tous nuancés, intéressants, plus vrais que nature, même les personnages secondaires les moins importants. Une héroïne / narratrice très réussie, pas trop parfaite, à laquelle il est impossible de ne pas s'identifier. De l'action, et un suspense à couper le souffle (ou à empêcher de dormir). Des scènes pleines d'émotion. Une histoire d'amour palpitante. Ah, et j'oubliais cette idée de base fantastique, la télé-réalité poussée jusqu'à ses limites les plus extrêmes, qui met parfois le lecteur dans la peau de ce téléspectateur malsain qui ne veut pas perdre une miette de l'histoire (comment ne pas le comprendre ?). Bref, un de mes coups de cœur de l'année.

Normalement, quand je lis ces succès anglo-saxons déjà traduits en français, je me contente du premier volume, parce que j'ai si peu de temps pour lire "gratuitement" que je préfère souvent lire autre chose que de la littérature moderne pour enfants et adolescents, pour changer un peu. Je n'ai jamais lu les suites d'Eragon, Percy Jackson, Les orphelins Baudelaire ou Artemis Fowl. Mais cette fois, je n'ai pas résisté. J'ai lu le deuxième volume, et je crois bien que je l'ai également terminé à une heure indue, même si je m'étais méfiée (le premier soir, j'avais demandé au Grand de cacher le bouquin dans sa chambre).

Et puis j'ai lu le troisième, et là, j'avoue que j'ai été très déçue. Je ne dis pas qu'il est mauvais en soi, simplement, il n'est plus dans la veine des deux premiers. Les scènes d'action prennent le pas sur les scènes d'ambiance, et ce ne sont même plus des dangers variés ou des bagarres entre individus, mais des batailles, des vraies scènes de guerre, les bombes, les pistolets, les canons, les courses-poursuites, rien que des choses qui ne me plaisent pas tellement. Les personnages s'effacent, perdent de leur importance au profit de scènes grandioses mais qui ne me "parlent" pas. La mort d'un ami de l'héroïne est si vite racontée qu'on risque presque de la manquer si on lit trop vite, alors que la mort de sa jeune alliée faisait tellement pleurer, dans le premier volume. Et par-dessus le marché, l'histoire d'amour est négligée, et sa fin est expédiée en trois paragraphe, de la manière la plus frustrante qui soit. J'imagine que c'est surtout ça que je ne pardonne pas à l'auteure : après nous avoir baladés pendant si longtemps dans une histoire si romantique et si forte, paf, un dialogue de deux phrases (littéralement !), un épilogue mi-figue mi-raisin qui se déroule vingt ans plus tard, et contentez-vous de ça. Mais, heu ?

(Au sujet de ce troisième volume, je me suis demandé si l'auteure ne l'aurait pas par hasard rédigé après avoir su que les droits cinématographiques de la trilogie allaient être achetée, et si elle ne l'avait pas pensé davantage comme un scénario que comme un roman, en gardant en tête ce que donneraient les effets spéciaux. Cela expliquerait la baisse de l'émotion au profit des descriptions .)
(A propos : je précise que je n'ai pas vu les films, et n'irai pas les voir. Je n'aime voir les adaptations des romans que j'ai appréciés.)


Mais bon, en dehors de mes réserves sur ce troisième volume, je recommande très chaudement cette lecture à ceux qui aiment ce genre de littérature et qui seraient encore passés à travers. Cette histoire très forte restera dans ma mémoire, et je suis certaine de ne pas l'oublier de sitôt !

vendredi 22 novembre 2013

Raplapla

Ayant dû retourner à mon ancien appart aujourd'hui, j'ai décidé d'y aller en vélo, malgré le vent et la froidure. Quand j'arrive au bout de trente-cinq minutes de pédalage intensif, mes mains gantées sont glacées, et mon dos en sueur.
Tout ça pour découvrir que la personne avec qui j'avais rendez-vous avait décommandé cinq minutes auparavant.
Bon.
Retour en vélo, bien sûr. J'aurais dû prendre un vélib à l'aller, au moins j'aurais pu me reposer dans le RER au retour. Mais bon, je passe par des jolis coins. Même si ça grimpe.
J'arrive dix minutes avant l'heure à laquelle je dois faire la tournée des maternelles (l'école et l'assistante) pour récupérer mes gamins. Je change de T-shirt et je repars. Après une heure et quart d'exercice et des cuisses en comportes, mon triporteur me semble moins séduisant que d'habitude, mais c'est pas grave, je mettrai l'assistance électrique au maximum, pour une fois.
N'empêche, me dis-je au bout de quelques tours de roue, j'ai dû bien me fatiguer, parce que même avec l'assistance, je trouve ça plus difficile que d'habitude.
Ce n'est qu'en arrivant face à une côte que je me suis rappelé que j'avais oublié de recharger la batterie et que celle-ci était complètement à plat...

(En tous cas, la preuve est faite, je peux faire ce trajet même sans l'assistance électrique. La dernière montée fut rude, mais j'en suis venue à bout sans faire descendre les mômes. Demain, courbatures à prévoir.)

jeudi 21 novembre 2013

Thermomètre infrarouge

Depuis mardi, le Filou a une otite, une bronchiolite, et à mon avis également une angine, car il ne mange plus rien. Oui, ça faisait longtemps ; par rapport à l'automne-hiver-printemps dernier, c'est même franchement miraculeux que je n'aie pas eu à ressortir le thermomètre pendant plus de deux mois après la rentrée. Justement, le thermomètre. Contrairement aux autres, qui se laissaient plus ou moins faire – pas de gaîté de coeur, mais avec résignation –, le Filou ne supporte pas la prise de température rectale. Et il faut avouer qu'au milieu de la nuit, quand il fait quinze degrés dans la maison, déshabiller un pauvre bébé mal en point et lui ôter sa couche semble bien cruel. Même de jour, d'ailleurs, il n'est guère agréable de lui faire subir ça plusieurs fois de suite pour vérifier si oui ou non, le doliprane fait de l'effet (la réponse est bof).

Hier, je décide donc de me moderniser et d'acheter un nouveau thermomètre. Il était temps, au quatrième enfant. L'assistante maternelle m'ayant vanté les mérites de son thermomètre infrarouge, je débourse cinquante euros pour rapporter chez moi ce magnifique engin. Il faut avouer que c'est rigolo comme tout. D'abord, il mesure non seulement la température du corps, mais aussi celle des liquides (plus besoin de plonger le coude dans le bain pour voir s'il est trop chaud) et même de la pièce (ah, bigre, 17,6°C ? Je me disais aussi que j'avais froid...). Et puis il parle. En trois langues, s'il vous plaît. "La température de la pièce est de dix-huit virgule deux degrés celcius" (j'ai monté le thermostat, entre-temps), en français, en anglais, ou en espagnol. C'est rigolo. Il peut aussi se taire, par bonheur. Pratique, on peut prendre la température d'un gamin qui dort sans même le toucher, sans faire le moindre bruit ! OK, je n'aurais jamais l'idée d'aller voir un môme qui ne pleure pas en pleine nuit pour voir s'il n'est pas brûlant de fièvre, mais si je voulais, je pourrais le faire. Sympa !

Allez, je teste sur le bambin. Malgré son état de serpillière, ça semble l'amuser, que je vise sa tempe avec mon drôle de pistolet. Un bon point, donc. 38,3°C. C'est tout ? Tiens, j'aurais cru davantage. On recommence. Après avoir attendu une minute : la notice insiste bien là-dessus. 38,9°C. Ah, tiens, ça augmente. Peut-être que je me suis rapprochée ? Nouveau test. 39,5°C. Ça correspond à peu près à ce que j'aurais dit grâce à la bonne vieille méthode du bisou sur la tempe (bien plus fiable que la main sur le front : je devine généralement le résultat à un degré près). Mais pourquoi est-ce que ça monte comme ça ? Une minute plus tard, rebelote. 40,3°C. Carrément ? Il risque de convulser, non ? Sauf que c'est bizarre, ce résultat qui change tout le temps. Une dernière tentative. 41,3°C !

A ce stade, j'ai ressorti le bon vieux thermomètre rectal, immobilisé le gamin hurlant, et constaté qu'il avait 39,7°C. C'est dommage que je n'aie pas continué avec l'autre, j'aurais peut-être découvert que le petiot dépassait les 42°C, en fin de compte ?

Un peu perplexe, je me suis dit que quelque chose avait dû détraquer l'engin. Pourquoi est-ce que celui de mon assistante maternelle donnerait toujours un résultat exact à 0,2° près, et pas le mien ? Peut-être étais-je trop près d'un radiateur, ou peut-être n'avais-je pas réussi à garder toujours la même distance, ou peut-être n'était-il fiable qu'au bout de quelques heures de fonctionnement. J'ai donc laissé l'engin se reposer, et je l'ai ressorti en fin d'après-midi, après avoir ramené les Things de l'école. J'ai fait un nouveau test sur eux et moi : plus facile que sur un bébé pleurnichard.

Miss Thing One avait une température normale, 37,5°C.
Mr Thing Two était en hypothermie : 36,2°C. En pleine forme, à part ça, et remuant comme un tonneau de singes, comme d'habitude.
Quant à moi, je ne m'étais pas du tout rendu compte que j'étais malade moi-même : 38,6°C.

Aujourd'hui, je suis allée échanger mon magnifique pistolet à infrarouge contre un thermomètre auriculaire, comme celui qu'on vous fourre dans l'oreille dix fois par jour dans les hôpitaux, y compris à la maternité, à six heures du matin, juste au moment où le nouveau-né s'endort enfin après sa quatrième tétée de la nuit. Il paraît que ça n'est pas très précis, surtout pour les petits enfants qui ont tendance à avoir des bouchons de cérumen dans les oreilles, mais d'après ce que j'ai pu constater à plusieurs reprises aujourd'hui, ça fonctionne tout de même nettement mieux que l'autre machin à infrarouge.
Le seul problème, c'est que le Filou se débat avec autant d'énergie que lors des prises de température rectale. Il déteste qu'on lui mette un truc dans l'oreille, je l'ai déjà constaté les rares fois où j'essaie de le récurer avec un coton-tige. Chaque nouvelle prise de température est une bataille (et bien sûr que je fais ça du côté où il n'a pas d'otite, je ne suis pas idiote). Pour un résultat fiable à un degré près, dit la notice. A peu près aussi difficile que le thermomètre dans les fesses, donc, et à peu près aussi précis que le bisou-sur-la-tempe.

Je ne suis pas certaine d'avoir fait une affaire.

mercredi 20 novembre 2013

Moustiques septiques

La mauvaise nouvelle, c'est que la vidange, la désinfection, le comblement et la fermeture hermétique de la fosse septique dont nous venons de découvrir l'existence sous la terrasse à l'arrière de la maison va nous coûter 3000 euros.
L'autre mauvaise nouvelle, c'est que lors d'une transaction immobilière, le vendeur doit certifier que la maison est bien raccordée aux égouts comme le prévoit la loi, mais n'est pas obligé de garantir la conformité du raccordement. En plus de la fosse septique immonde à peine dissimulée sous une planche, il peut donc y avoir mélange des eaux pluviales et des eaux usées (c'est presque certain), absence de trappes et de regards (c'est avéré), et autres mauvaises surprises, sans qu'il soit possible de se retourner contre le vendeur.
La mauvaise nouvelle corollaire, c'est que la mise en conformité est obligatoire dans un délai de deux ans après l'achat, et qu'elle risque de nous coûter entre 3000 et 5000 euros de plus, vu la disposition des lieux.

La bonne nouvelle, c'est que j'ai enfin compris pourquoi les moustiques continuent à  tournicoter par dizaines chez nous, le 20 novembre, alors que les températures avoisinent les 5°C, et aussi pourquoi il règne à l'arrière de la maison cette odeur affreuse que même le vent ne parvient pas chasser. Et surtout, la bonne nouvelle, c'est que nous devrions enfin être débarrassés de ces désagréments en début de semaine prochaine.

(Quand je pense à l'endroit d'où venaient ces affreuses bestioles qui nous ont piqués férocement tout l'été, y compris sur le visage, à tel point que les passants croyaient que les Things avaient eu la varicelle, j'en ai la nausée.)

mardi 19 novembre 2013

Tout ça, c'est du turc !

Email collectif d'une collègue traductrice :
Est-ce que l'un d'entre vous traduit du suédois ? J'aurais besoin de savoir ce que signifient les titres suivants : Blablablä blübliblök...
Réponse d'une âme charitable huit minutes plus tard :
Je sais que mon suédois est assez rouillé, mais à mon avis, ce n'est pas du suédois... On dirait du turc. Ah, ça y est, je viens de vérifier, c'est du turkmène !
J'ai bien ri. Je sais, c'est vilain. D'autant plus vilain que, pour moi, c'était du chinois, ces titres-là...

lundi 18 novembre 2013

Et les tortues, alors ?

Hier, pour la première fois, Mr Thing Two a assisté à un spectacle de Guignol. Cerise sur le gâteau, il était tout seul avec sa maman : le Grand avait poliment décliné, Miss Thing One était malade, et le Filou trop jeune. L'histoire (le chat botté) l'a beaucoup impressionné, et il avait beau être assis sur mes genoux, quand le chat a annoncé qu'il allait entrer au château de l'ogre, le gamin n'en menait pas large. Il faut dire que le chat botté était facétieux : — Vous savez ce que ça mange, un ogre, chers petits ?
— Des enfants ! — Et vous êtes quoi, vous ? — Des enfants ! — Oh, quel dommage ! Mes pauvres chéris ! Bon, ben adieu..
Quand nous sommes rentrés à la maison, il a reparlé de cet ogre qui, heureusement, n'était "pas méchant" (en effet, il était drôle, donc il ne pouvait pas être méchant). J'ai voulu tester sa mémoire :
— Tu te rappelles en quoi il se transforme, l'ogre ?
— En lion !
— Oui, c'est ça.
— Et en souris, aussi !
— Ensuite il se change en souris, tu as raison.
— Mais pas en tortue !
— Heu... fais-je, un peu interloquée. Non, pas en tortue, c'est vrai.
Le gamin médite une seconde, puis déclare, indigné :
— Il se moque de moi !
(Sur le ton de "Comment ça, tu veux un troisième dessert alors que tu n'avais plus faim pour ta soupe ? Tu te moques de moi !")
Pour un peu, il aurait crié "Remboursez !", sauf que le spectacle était gratuit...

samedi 16 novembre 2013

MA nouvelle baby-sitter

Notre toute première baby-sitter s'appelait Maëlle. Elle habitait dans la même résidence que nous, et c'était une jeune étudiante sympa et dynamique. Le Grand devait avoir environ deux ans quand nous avons fait sa connaissance ; elle venait le garder quand nous allions au théâtre ou au cinéma, peut-être une fois par mois. Le Grand l'aimait beaucoup, car elle l'autorisait à manger assis en tailleur par terre, regardait avec lui un épisode des "Gens qui rient" (Friends) (pas très adapté à son âge, je vous l'accorde) et le laissait se coucher tard. Mais pour avoir été gardée moi-même par des baby-sitters étant petite, je sais que ça fait partie du plaisir, ces soirées où on peut déroger à toutes les règles habituelles et dont, en fin de compte, tout le monde ressort content : les parents parce qu'ils ont passé une soirée en amoureux, le gamin parce qu'il a fait tout ce qui est normalement interdit, et la baby-sitter parce qu'elle a été payée pour manger des pâtes et terminer sa dissertation ou regarder des DVD qu'elle n'a pas chez elle.

Quand Maëlle a déménagé en Australie, ce fut le tour de Manon, la fille d'une amie d'ami. Manon jouait très bien au playmobils, apparemment, et le Grand attendait toujours sa venue avec impatience. Son seul défaut était qu'elle habitait un peu plus loin, et comme nous n'avions pas de voiture pour la raccompagner, il fallait y aller à pied, ce qui occasionnait régulièrement des disputes avec Darling ("— Elle n'a pas besoin qu'on la raccompagne, je suis sûr qu'elle sort souvent toute seule à 23h ! — Je me fiche de ce qu'elle fait d'habitude, si elle se fait agresser en sortant de chez moi je ne me le pardonnerai jamais, on raccompagne toujours une baby-sitter, c'est la règle ! — Tu exagères, elle ne cours aucun risque ! Et je n'ai pas envie d'y aller, je suis crevé. — Bon, d'accord, alors c'est moi qui vais y aller. — Ah non, hors de question que tu te balades dehors toute seule à une heure pareille, c'est dangereux ! — Mais tu viens de dire que...").

Après la naissance des jumeaux, nous ne sommes plus beaucoup sortis, tout simplement parce que je ne voulais pas confier deux bébés d'un coup à une petite jeunette alors que j'étais déjà débordée moi-même. Mais au bout d'un an, nous avons tout de même fait appel deux ou trois fois à Marylin, une jeune fille qui avait travaillé à la crèche l'année précédente, et qui donc connaissait bien les Things, et savait s'y prendre avec des bébés. Elle n'est pas venue souvent, mais je lui voue une reconnaissance éternelle, car c'est elle qui est venu s'occuper des gamins le soir où j'ai accouché du Filou, ce qui a permis à Darling d'assister à la naissance. Elle m'avait même dit que je pouvais l'appeler en pleine nuit si je perdais les eaux à deux heures du matin, tant je redoutais de devoir partir seule pour la maternité.

Il y a eu aussi Marine, sœur aînée d'un ami du Grand, qui a gardé occasionnellement ce dernier tout seul avant l'arrivée des Things, mais surtout qui est venu passer deux semaines avec moi l'été qui a suivit la naissance du Filou, m'évitant la déprime et la panique qui m'attendaient fatalement si je devais rester tout ce temps en tête-à-tête avec deux bambins de deux ans et un nouveau-né. Une jeune fille adorable, qui m'a apporté un vrai soutien logistique et un vrai soutien moral ; j'ai été ravie des quinze jours que nous avons passés ensemble.

Et depuis, plus rien. Tout simplement parce que je ne me voyais pas lâcher un(e) baby-sitter innocent(e) dans une maisonnée avec un Grand surexcité et trois bébés, donc autant de douches à donner, autant de bouches à rassasier, autant de couches à changer. Quand je sortais, c'était donc toujours avec un(e) ami(e), pas avec Darling. Mais depuis notre déménagement, je me suis rendu compte que la situation avait changé. Les Things savent désormais parler, donc les hurlements de rage ou de désespoir incompréhensibles ne sont plus à craindre. Par ailleurs, le Filou se réveille de moins en moins souvent la nuit. J'ai donc estimé que nous pouvions recommencer à sortir. L'assistante maternelle du Filou m'a recommandé une jeune fille dénommée Mathilde, qui viendra avec une amie et partagera avec elle corvées et rémunération. Et donc ce soir, pour la première fois depuis des lustres, je sors en tête-à-tête avec Darling. Je n'en reviens pas moi-même.

Et que ça se passe bien ou mal, je pense qu'on peut raisonnablement s'attendre à ce que le/la prochain(e) baby-sitter s'appelle Marianne, Marieke, Madeleine ou Malick...

(Remarque : pour conserver cette coïncidence si drôle, je n'ai pas changé les prénoms des personnes concernées. Si jamais quelqu'un me lisait, se reconnaissait, et s'en offusquait, je m'engage bien entendu à l'anonymiser immédiatement.)