dimanche 15 décembre 2019

Traduction contrariée

Dimanche 1er décembre : salon de Montreuil avec un auteur.
Lundi : dernier jour du salon de Montreuil, participation à une table ronde.
Mardi : après-midi chez un éditeur.
Mercredi : kiné le matin. Et les trucs habituels du mercredi après-midi avec les gamins, danse et piano et compagnie.
Jeudi : école fermée pour cause de grève.
Vendredi : ma sœur me confie mes deux neveux de 7 mois et quatre ans.
Samedi : toujours les mioches de ma sœur (en plus des miens). Et un concert le soir.
Dimanche : le Filou est malade. Gastro.
Lundi : Filou malade (mais moins)
Mardi : école fermée pour cause de grève.
Mercredi : un mercredi, quoi. Et une réunion le soir.
Jeudi : Miss Thing One malade. Si malade qu'on passe la journée aux urgences. Pneumopathie.
Vendredi : Miss Thing One malade (mais moins)

Devinette : aujourd'hui, samedi 14 décembre, ai-je un peu, beaucoup, ou énormément de retard sur ma traduction à rendre impérativement pour vendredi prochain ?


(Bon, enfin, je me plains, je me plains, mais 24h après avoir survécu de justesse à un incendie, mon héros vient de tomber dans de l'azote liquide, à environ -200°C. Ça fait relativiser, non ?)



mercredi 4 décembre 2019

Normal ou pas

Fiche de lecture. Un roman sur le racisme aux Etats-Unis. L'histoire d'un garçon noir qui découvre la discrimination systématique, le racisme parfaitement assumé par une grande partie de la population, la différence de traitement entre lui et son ami blanc alors qu'ils font exactement la même chose. Un roman sur le fait que c'est "normal" d'être blanc et que quand on ne l'est pas, on est toujours "l'autre".
 
Un roman poignant, sans aucun doute. Mais moi qui l'ai lu sous sa forme de manuscrit, sans quatrième de couverture ni résumé ni rien, j'ai eu besoin de lire plus de quinze pages avant de comprendre si le narrateur était un narrateur ou une narratrice. L'auteur n'a pas songé un instant qu'il était nécessaire de préciser le sexe de son personnage. Ben oui, c'est "normal" d'être un garçon, non ?

On est toujours l'autre de quelqu'un.

(Sauf peut-être, en France, si on est blanc, homme, cisgenre, hétérosexuel, de famille catholique, parisien, neurotypique, valide, français, grand, en bonne santé physique et mentale, riche, omnivore, automobiliste... qu'est-ce que j'oublie ?)
(Et ça fait quel pourcentage de la population ?)

mercredi 27 novembre 2019

Interrogatoire de l'orthodontiste

Visite chez l'orthodontiste avec Miss Thing One (qui a sucé son pouce pendant des années) et le Filou (qui continue à zozoter).
On me demande la date de naissance, et puis :
— Leur taille, s'il vous plaît ?
— ...
— Leur poids ?
— Euh, la dernière fois que je les ai pesés elle faisait cinq kilo et cinq centimètres de plus que lui, mais... je ne sais plus le poids et la taille de départ...
— Ça ne va pas nous aider, alors. Ils se lavent les dents combien de fois par jour ?

(Je veux mon avocat)

— Une seule, le soir...
— Ce serait bien de passer au minimum à deux. Dorment-ils la bouche ouverte ou fermée ?
— Euh... Je ne dors pas dans la même chambre qu'eux, donc...
— (Soupir.) L'âge de leur première dent de lait ?
— ...
— Oh, quand même ! Vous ne vous rappelez pas de l'âge à laquelle ils ont eu leur première dent ?
— Ben, non. J'ai arrêté de les allaiter vers six mois, donc c'était après, c'est tout ce que je peux vous dire...
— Bon. Votre fille a deux incisives définitives, et deux autres qui sont tombées et n'ont pas encore repoussé. Elles sont tombées il y a longtemps ?
— ...

(Je veux mon avocat, vous dis-je !)

— Fais-moi un grand sourire, ma petite. Non, un vrai sourire. Non, pas une grimace... Madame, vous pouvez la chatouiller, s'il vous plaît ?
— Ah oui, ça je peux !
— Parfait, j'ai vu ce que je voulais voir.

Voilà, je suis une très mauvaise mère, mais je sais chatouiller mes enfants.

(Verdict : aucune urgence. Le Filou a une dentition quasi normale, et si Miss Thing One a besoin d'un appareil, ça peut attendre au moins deux ou trois ans de plus. Ouf. Ça me laisse le temps de réviser les réponses avant le prochain rendez-vous...)

dimanche 24 novembre 2019

A bas, a bas, a bas le patriarcat!

Un jour j'aurai le temps de vous raconter des choses, par exemple mon weekend campé. En attendant je vous offre une photo de mes trois gamins qui scandent "So-so-solidarité / avec les femmes / du monde entier" au milieu de 50.000 personnes venues manifester contre les violences sexistes et sexuelles.
(Z'avez vu, j'avais même réussi à trouver 2 manteaux de la bonne couleur)

samedi 16 novembre 2019

Une application aux conclusions hâtives

Il y a une application "santé" sur mon téléphone, qui était pré-installée et que je n'ai jamais désinstallée parce que ça m'amuse, occasionnellement, de regarder le nombre de kilomètres que j'ai parcourus dans la journée. Mais bien sûr, sachant que j'utilise fort peu mon portable, l'appli tire des conclusions à partir du peu de données à sa disposition. Si je ne touche pas à mon téléphone de 17h à midi le lendemain, par exemple, elle me félicite de ma nuit de 19h. Si je fais 20 km à vélo, elle pense que j'étais en voiture et que je n'ai pas fait assez d'activité. Pareil si je suis allée courir sans mon portable, ou nager.

Hier, elle est allée trop loin. Comme j'ai bossé toute la journée sur ma traduction, sauf quand j'ai repeint une porte, étendu le linge, fait des courses et jardiné, elle a affiché en message d'accueil:

Vous n'avez pas atteint vos objectifs aujourd'hui. Vous avez beaucoup de temps libre ; pourquoi ne pas tenter d'augmenter de 10 minutes votre activité quotidienne? 

Il va falloir qu'elle fasse gaffe à ce qu'elle me dit, parce que j'ai la gachette "désinstaller" facile quand on m'énerve...

jeudi 14 novembre 2019

Météo inattendue

Oui, alors, en venant ici mi-novembre, je n'avais PAS prévu la neige.
C'est ma mère qui va être contente si je ne peux pas rentrer dimanche, tiens.

Un rêve surprenant

J'ai rêvé que Laeticia Halliday écrivait une trilogie fantastique (avec un lion en couverture, type Narnia) sous la direction de Renaud (oui, le chanteur) et que pour ce faire, ils avaient tous les deux consommé de l'héroïne qui leur faisait voir tout (y compris le crottin de cheval) (véridique) beau et gracieux, grâce à un mélange de ralenti et de couleurs tamisées comme les elfes dans le Seigneur des anneaux.

Je jure que je n'avais pas consommé de substances illicites moi-même avant d'aller me coucher.

mercredi 13 novembre 2019

Entre deux urgences

J'ai survécu, hein. Dès que je peux je vous raconte. Mais au retour, j'ai dû faire 7 lessives (pour de vrai): manteaux, vêtements, couvertures, tente, chaussures,  sacs, TOUT était couvert de boue. Et après, j'ai dû terminer une trad avant un séjour utilitaire de quatre jours en Italie (bénie soit ma mère qui a accepté de venir garder les gamins). J'ai fini de l'imprimer hier à 2h05 du matin. Je me suis levée à 5h10 pour aller prendre mon train. J'ai 347 pages à relire d'ici samedi au rythme de 10 pages par heure (la relecture, c'est lent). Plus un gros album documentaire à traduire et 4 fiches de lecture à rédiger. Et les trucs pratiques et administratifs à régler sur place, bien sûr.

Parfois je me demande si la vie que je mène est bien raisonnable? 

(Non, ne répondez pas. Ou alors mentez-moi.)

samedi 9 novembre 2019

camping en conditions extrêmes

Je suis actuellement sous une tente, dans un sac de couchage premier prix augmenté d'une mini couverture. Dehors, il fait 5 degrés et il pleut des cordes.
Le pire, c'est que je suis venue de mon plein gré.
Si je ne meurs ni noyée ni congelée, je vous raconterai. 

jeudi 7 novembre 2019

Remerciements de l'auteur

Cela se fait beaucoup dans certains pays comme le Royaume-Uni, beaucoup moins dans d'autres comme la France. A la fin d'un livre, parfois, il y a tout une page, voire deux ou trois pages de remerciements.
Je remercie mon agent, mon éditeur, l'illustrateur de couverture, le maquettiste, les représentants, le service de presse, les correcteurs, bref tout le personnel de la maison d'édition, et puis aussi tous ceux et celles qui m'ont aidé dans mes recherches, les libraires qui ont vendu mon livre, les lecteurs qui ont acheté mon livre, les blogueurs et journalistes qui ont parlé de mon livre, sans oublier mon conjoint, mes enfants, mes parents sans qui je ne serais rien, le bar du coin de la rue où je vais boire un café quand je suis coincée au milieu d'un chapitre, les chats qui viennent me tenir compagnie quand je suis en train de travailler...
Vous voyez le genre ?
(Tous les exemples cités sont tirés de vrais remerciements que j'ai traduits un jour ou l'autre) (Oui, même le bar et les chats)

Personnellement, j'aime bien ces quelques lignes. Parce que ça rend l'écrivain un peu plus humain, ça rend hommage aux tâcherons de l'ombre sans qui l'Artiste ferait son art tout seul et crèverait de faim, ça nous donne quelques indications drôles ou attendrissantes sur la vie privée de l'auteur ou l'autrice ("Merci aux sages-femmes qui m'ont aidée à trouver la meilleure position pour continuer à écrire alors que j'étais coincée à la maternité pendant deux mois pour une grossesse difficile") ("Merci à mon neveu pour qui j'ai écrit ce roman parce qu'il ne savait jamais quoi lire quand il était petit, même si finalement, le temps que le livre soit publié, il avait grandi et ne l'a jamais lu"), bref, j'aime bien.

Mais tout de même, j'ai toujours un petit regret. Parce que même les auteurs ou autrices qui sont abondamment traduit à l'étranger, qui ont des lecteurs dans des dizaines de pays, ne pensent jamais à l'éditrice allemande qui a acheté les droits du bouquin, l'illustratrice italienne qui a fait une nouvelle couverture encore mieux que l'originale, le libraire turc qui l'a mis en vitrine, etc.
Et puis aujourd'hui...

Merci aux merveilleux éditeurs et agents à l'étranger, et aux traducteurs qui permettent à mes paroles de voyager à travers le monde.

Aujourd'hui, pour la toute première fois, j'ai traduit un remerciement qui m'était destiné.
C'est bête, mais après avoir passé plus de deux mois sur ce bouquin de 500 pages, ça m'a touchée. Tellement que j'ai presque envie d'écrire à l'auteur pour lui dire merci...

samedi 2 novembre 2019

Une sortie pour le Grand

— Mon Grand, puisque les trois petits moyens sont invités chez des copains ce soir, on sort tous les deux.
— Ah, chic, on va au restaurant japonais ?
— Non.
— Oh. Zut. Tu es sûre qu'on ne peut pas aller au restaurant japonais ?
— Non, j'ai prévu autre chose.
— Un autre restaurant, alors ?
— Non, on ne va pas manger.
— Oh. Ça c'est triste.
— Mais ne t'inquiète pas, ça devrait te plaire.
— Bon, d'accord.

Une minute plus tard, le voici qui revient :
— On va voir l'exposition Tolkien à la Bibliothèque Nationale de France ?
— Oui ! Comment as-tu deviné ?
— Ben, je me suis demandé ce qui pouvait me plaire à part manger, donc c'était forcément quelque chose en rapport avec l'Histoire ou avec Tolkien, du coup c'était facile.

L'avantage d'avoir un nombre de centres d'intérêt très limité.



(Verdict : c'est une très belle expo, mais il y avait trop de monde, et surtout, le Grand savait déjà absolument tout tout tout, donc même s'il ne s'est pas plaint j'ai l'impression qu'il s'est un peu ennuyé.)
(Au cas où vous vous poseriez la question : oui, il a réussi à me convaincre de lui acheter de quoi manger en sortant de la BNF, bien sûr.)

jeudi 31 octobre 2019

Parés pour Poudlard

Ils ne sont pas mignons, mes trois petits sorciers ?


(Robes, cravates et baguettes "fait maison". Respectivement en tissu acheté au mètre ; feutrine et élastique ; et baguette alimentaire, colle et peinture.)




(PS à l'attention de mon père adoptif : Poudlard, c'est l'école de Harry Potter)

dimanche 27 octobre 2019

Cartes postales de Londres

À Londres, en un peu moins de quatre jours, j'ai vu...

Des sculptures inattendues, parfois dans des lieux improbables




Un vélo entièrement en bois (je veux faire ça un jour)


Une œuvre d'art conceptuelle (si, si, sérieusement) sous la forme d'un distributeur à "cafthé"


Un dragon en légos très british


Un numéro de rue inhabituel


Un portrait d'Hermione crevée après un double cours d'arithmancie


Des touristes qui faisaient de l'alpinisme sur une sculpture géante


Une tasse comestible, en farine et flocons d'avoine, pour remplacer le plastique


Une féministe, Emmeline Pankhurst, l'une des rares statues de femmes à ne pas être une allégorie


Une indication sur la manière de faire la queue pour prendre le bus



Des panneaux contradictoires (à trois mètres l'un de l'autre) mettant à rude épreuve le sens de la discipline des Britanniques




Et puis deux comédies musicales, et puis un afternoon tea si copieux que je n'en suis pas venue à bout, et puis plein d'immeubles ultra-modernes à côté de très vieux bâtiments, et puis des canards se dandinant sous la pluie, et puis un arbre à chaussures, et puis des Pro-Brexit et des Pro-remain qui manifestaient avec des pancartes bien tranquillement à trois mètres les uns des autres, et puis une adorable boule à thé en argent en forme de théière (très très chère), et puis un livre imprimé bien avant Gutenberg (en Asie), et plein d'autres choses encore.

Et surtout, j'ai trouvé encore plein plein plein de trucs que j'avais envie de voir, du coup maintenant je me demande déjà quand est-ce que je vais pouvoir y retourner...

lundi 21 octobre 2019

Le Grand en cours d'Histoire

— Encore en train de lire un bouquin d'Histoire, mon Grand ? Je croyais que tu relisais Le Seigneur des Anneaux pour la sixième fois ?
— Je viens de le terminer et j'attends deux ou trois jours avant de re-re-re-re-re-re-re-relire Le Hobbit. Ça c'est le livre qu'on a trouvé dans la bibliothèque de ton arrière-grand-père, tu te souviens ? C'est passionnant, ça parle du général de Machinchose qui a remporté la bataille de Vatenguerre le 31 février 1461, quand...
— Dis, tu ne t'ennuies jamais en cours d'histoire, au lycée ?
— Ah non, je m'amuse à repérer toutes les erreurs ou les approximations du prof.
— Tu ne les lui signales pas, j'espère ?
— Non, tu sais bien que je déteste parler en public. Je les signale à mon copain Étienne, par contre. Et je lui raconte tout ce que le prof n'a pas le temps de raconter.
— Pauvre Étienne. Tu es sûr que tu ne l'ennuies pas ?
— Non, il est content, parce que du coup quand le prof pose une question, il lève la main et il répond, et le prof est tout content qu'il y ait quelqu'un qui participe. Et moi je suis content d'avoir quelqu'un qui m'écoute.

Bref, tout le monde est content.
N'empêche que cet arrangement me laisse perplexe.



vendredi 18 octobre 2019

Chute à vélo : conclusion

 (Suite)

Finalement, d'après le médecin qui m'a envoyée faire une radio séance tenante, c'est le poignet et non le pouce de ma main gauche qui est atteint, et il s'agit sans doute plutôt d'une fracture "non déplacée" plutôt qu'une entorse. A droite, selon lui, j'ai sans doute juste des "muscles meurtris".

Bref, rien à droite, et attelle à gauche (une semaine ou deux) qui laisse les doigts libres. Je peux bosser. Ouf.

Par contre, je ne peux pas dévisser un couvercle, ni porter une casserole, ni découper un oignon (essayez un peu de découper un truc rond alors que vous ne pouvez pas le retenir de l'autre main...), ni faire la vaisselle, etc. Mais ce n'est vraiment pas grave. Et en plus, avec mon attelle, je n'ai quasiment pas mal.

Bonus : aucun de mes enfants n'ose râler quand je les mets à contribution. Hier soir, tout en vidant le lave-vaisselle tandis que Mr Thing Two épluchait laborieusement des carottes et que le Filou mettait la table, le Grand a soupiré :
— Pff, je me demande si tu ne l'a pas fait exprès pour nous faire trimer, en fait.

(Qu'il pense ce qu'il veut : il n'a aucune preuve !)

mercredi 16 octobre 2019

Ça peut toujours être pire

Vous remarquerez, pourtant, que je me suis bien gardé d'utiliser la phrase "Ça ne pourrait pas être pire" dans mon post précédent – phrase qui, de notoriété publique, porte malheur, tout comme la phrase "ouf, nous sommes tirés d'affaire", en tous cas au cinéma.

N'empêche que ce matin, en allant à ma formation à vélo, je descendais tranquillement un boulevard sur une piste cyclable protégée, et je suis arrivée à un carrefour avec un magnifique feu vert, et j'ai continué tout droit après avoir vérifié qu'aucune voiture n'allait tourner à droite sans se poser de questions, mais comme c'était embouteillé je ne voyais pas le passage piéton juste après le carrefour, et ce n'est que trois ou quatre mètres avant que j'ai constaté qu'il n'était pas pourvu d'un feu, lui. Ce qui signifiait que les piétons étaient prioritaires. J'ai donc freiné un peu brusquement. Ce qui n'aurait posé aucun problème en temps normal.
Mais ce matin, il pleuvait.
Le sol était mouillé.

Vous me voyez venir ? Le vélo a dérapé, et j'ai fait un magnifique vol plané en atterrissant aux pieds de deux passantes ahuries qui ne s'attendaient pas à voir quelqu'un se prosterner devant elles de si bon matin.
(Elles se sont d'ailleurs empressée de me relever)

Alors : je n'ai rien de grave (vous vous en doutiez, puisque j'écris ici). Je ne me suis rien cassé. MAIS j'ai mis les deux mains en avant pour me protéger, forcément, et je pense que j'ai une entorse au pouce gauche. Ou peut-être aux deux pouces ; en tous cas, même à droite, je ne peux plus rien porter de plus lourd qu'un bouquin (donc, par exemple, au hasard : une casserole...)

Bon, comme j'ai réussi à dormir sept heures d'affilées la nuit dernière (ce qui a une énorme influence sur mon humeur) et que ma formation était très sympa, je n'ai aucun mal à jouer les Pollyanna depuis ce matin :
- Je suis contente de ne pas m'être retrouvée à l'hôpital ;
- Je suis contente que mon vélo soit intact ;
- Je suis contente de ne pas avoir déchiré mon pantalon (c'est d'ailleurs très étonnant) ;
- Je suis contente d'avoir trouvé très vite un bar qui m'a donné des glaçons pour faire une poche de froid (avec une écharpe !) à mettre sur le pouce, puis une pharmacie pour acheter un bandage, histoire de limiter les dégâts ;
- Je suis contente d'avoir trouvé un rendez-vous inattendu chez un bon médecin du sport demain matin ;
- Je suis contente de ne pas avoir raté la formation ;
- Je suis contente d'avoir un vélo de ville avec une position assise très droite, ce qui m'a permis de rentrer ce soir, en tenant le guidon du bout des doigts ;
- Et surtout, je suis très, très contente de m'être fait mal aux articulations des pouces, mais pas aux doigts eux-mêmes, de sorte que je peux encore taper sur un clavier (LA question qui m'a angoissée toute la journée).

Donc voilà, je ne me plains pas.
(Du coup, Madame la Providence, ce n'est pas la peine de m'envoyer un autre ennui quelconque pour me rappeler que ça pourrait être pire. Je jure que j'ai bien compris la leçon. Merci, bisou.)

mardi 15 octobre 2019

Fatiguée

Non non non, je n'ai pas une fois de plus renoncé à alimenter ce blog, mais en plus du boulot à haute dose (une traduction en cours, une traduction à relire avant de la renvoyer, une traduction de documentaire à faire en parallèle, des fiches de lectures urgentes) et des corvées et démarches habituelles, j'ai :
- Deux jours de formation (je vous raconterai) (ou pas) ;
- Une tendinite à l'épaule droite et le genou gauche en vrac ;
- Des toilettes qui fuient et un plombier insaisissable ;
- Un volet roulant coincé (en position fermée : je bosse dans le noir, j'adore) et un service client injoignable et inepte ;
- Un problème d'impôts (on m'a envoyé la taxe foncière pour mon appart à mon ancienne adresse, en m'attribuant un nouveau code fiscal qui ne correspond à rien, ce qui fait que même si j'ai miraculeusement reçu l'avis – en retard – grâce à une ex-voisine, je ne peux pas le payer)
- Des travaux d'électricité dans trois pièces de l'appart (dont ma chambre / bureau) (oui, la pièce au volet est fermé n'a provisoirement plus d'éclairage non plus, vous avez bien compris)
- Environ 358 heures de sommeil en retard.

D'ailleurs je vais me coucher. Je reviens vite. J'espère.

vendredi 11 octobre 2019

Rêves imbriqués

— J'ai rêvé que je voulais boire un verre de lait, dis-je en bâillant au Grand pendant le petit-déjeuner.
— Ah.
— Comme je savais que je dormais, j'ai rêvé que je me réveillais et que j'allais prendre un verre de lait.
— Ah.
— Sauf qu'après, je me rendais compte que ce n'était pas vrai, et que je rêvais toujours. Donc j'en concluais que je devais me réveiller pour de bon, si je voulais vraiment boire mon verre de lait.
— Ah.
— Et puis en essayant de me réveiller, je me retournais dans le lit, du côté de la table de chevet, et là, je voyais le verre de lait.
— Ah.
— Du coup, dans mon rêve, je me disais que j'avais rêvé quand j'avais rêvé que j'avais rêvé, et que donc je n'avais pas rêvé même si j'avais rêvé que si, et que j'étais réellement allée chercher un verre de lait, et que ce n'était que dans mon rêve que c'était un rêve. Et donc je tendais la main pour prendre le verre de lait, mais ma main n'a touché aucun verre, et c'est ça qui m'a réveillée. Pour de vrai. Enfin, je crois.
— Ah.
— Ça m'arrive assez souvent, de faire ce genre de rêve.
— T'es bizarre, conclut le Grand.

N'empêche que maintenant je sais d'où le scénariste du film Inception a tiré son inspiration.
(Parce que je ne peux pas être la seule à rêver que je rêve ou même à rêver que je rêve que je rêve, hein ? Dites-moi que je ne suis pas la seule...)

lundi 7 octobre 2019

Onze jours sans Miss Thing One

Miss Thing One est partie en classe de mer ce matin.


Bien qu'il en soit question depuis des semaines, le Filou n'a réalisé qu'hier midi qu'il ne verrait pas sa sœur pendant une semaine et demie. Et ils ont beau ne pas toujours s'entendre, ces deux-là, ça lui a fait quelque chose. Il l'a raconté à son père lors de la séance Skype traditionnelle du dimanche après-midi :
— Elle sera plus là du tout ! Pendant onze zours !
— Et ça va te paraître long ! compatit Darling.
— Ben oui, un petit peu, quand même.
— C'est normal, tu n'as jamais passé aussi longtemps sans elle. Elle te manque déjà, hein ?
Le gamin dévisage son père (par écran interposé) comme s'il avait perdu la tête :
— Ben non ! Elle est encore là !

(Les gamins vont en Bretagne. Ils feront de la voile et de la pêche à pied, entre autres. C'est peu dire que Miss Thing One était surexcitée. Ce matin, j'étais censée la lever à 6h50 pour la conduire devant l'école à 7h20, mais quand je suis entrée à pas de loup dans sa chambre, elle était déjà assise sur son lit et m'a expliquée qu'elle s'était réveillée à 6h05 et m'attendait depuis trois quarts d'heure...)

dimanche 6 octobre 2019

Passage à la taille supérieure (fois trois)

Descendre à la cave, ce qui est déjà en soi un parcours du combattant dans cet immeuble mal fichu.
Remonter avec trois grosses caisses marquées "vêtements taille 12 ans".
Laver, sécher, replier tous les vêtements qui sentent le renfermé.
Commencer à faire des piles : t-shirts, pantalons, etc.
S'apercevoir que presque tous les pantalons sont troués au genou et devront être emportés à la retoucherie.
Sortir tous les vêtements des tiroirs et placards des trois enfants.
Sortir également les vêtements des caisses sous les lits, celles qui contiennent les vêtements d'hiver en été et d'été en hiver.
Ne déjà plus savoir où donner de la tête tellement il y a de piles de vêtements partout.
Consoler Mr Thing Two qui pleure silencieusement en voyant ses vêtements préférés passer directement de son tiroir à celui de son petit frère.
Consoler le Filou qui hurle en voyant ses vêtements jetés dans des sacs poubelle "à donner".
Négocier avec Miss Thing One qui jure que cette robe lui va encore même si elle lui arrive à peine à mi-cuisse.
Dans un esprit de conciliation, finir par accepter de garder une caisse de vêtements trop petits pour la prochaine génération (oui, leurs propres enfants).
Faire l'arbitre entre les Things qui doivent se partager les vêtements taille 12 ans, principalement hérités du Grand.

Se demander ce que sont devenus les pyjamas, puisqu'il n'y en a aucun dans la caisse, et se souvenir que vers 10-11 ans, le Grand mangeait déjà ses vêtements (et donc surtout ses pyjamas, qu'il portait beaucoup plus souvent que n'importe quoi d'autre).
Reprendre les pyjamas trop petits des Things dans le tiroir du Filou (qui hurle de plus belle) et les remettre provisoirement à leurs places d'origine en attendant d'en acheter d'autres.
Entasser tous les manteaux des enfants en une pile assez haute pour cacher le fauteuil.
Découvrir qu'on a neuf (9) manteaux taille 10 ans, dont un que personne n'a jamais porté, et se rendre compte qu'il va falloir demander au Filou d'en éliminer au moins la moitié, quand il aura fini de hurler.
Jurer qu'on ignore complètement où est passé un t-shirt moche et troué alors qu'on se souvient parfaitement l'avoir mis à la poubelle il y a quelques mois.
Se dire qu'on fera le tri des slips et chaussettes un autre jour.
Se rendre compte que logiquement, les vêtements combinés des deux jumeaux sont beaucoup trop nombreux pour le Filou, même en ôtant les robes et trucs connotés "fille", et qu'inversement, les anciens vêtements du Grand sont largement insuffisant pour habiller les deux jumeaux, ce qui signifie qu'il va falloir commander des lots sur eBay sans trop tarder.
Songer qu'il va encore falloir trier tous les vêtements qui sont actuellement dans le linge sale, ou dans la machine, ou en train de sécher, et qu'en attendant qu'ils y soient tous passés, il va falloir vivre avec les quatre sacs poubelles de vêtements à donner, plus deux caisses de vêtements, "taille 8 ans" et "taille 10 ans fille").
Regretter que les trois mômes n'éprouvent pas envers leurs fringues la même indifférence absolue que le Grand.
Se rendre compte que l'après-midi touche à sa fin alors qu'on avait l'intention de faire tant de choses.



Bon sang, heureusement que le passage à la taille supérieure n'a lieu qu'une fois tous les deux ans !

mardi 1 octobre 2019

Rangement de boucles d'oreilles

Quand j'ai déménagé avec l'aide de ma mère, et que j'ai quelques mois plus tard rangé l'immense bazar qu'était ma cave avec l'aide d'un ami, j'ai eu droit à un certain nombre de réflexions sur ma tendance à garder certains trucs "au cas où".
— Tu vas jeter au moins cet énorme cadre de tableau vide, non ?
— Non, non, on ne sait jamais.
— Et ne me dis pas que tu as l'intention de garder ce bout de grillage !
— Euh, si.
— Mais enfin, POUR QUOI FAIRE ?
— Je ne sais pas, je trouverai peut-être un jour...

Et bien ce weekend, j'ai trouvé.




(Je vais peut-être pouvoir recommencer à mettre des boucles d'oreilles, si elles ne sont plus à l'intérieur de plusieurs boîtes empilées à l'intérieur d'un tiroir !)

(NB : Elles n'y sont pas toutes, car j'en ai aussi une cinquantaine avec des clous, qui ne peuvent pas s'accrocher sur ce type de support. Mais j'ai un début d'idée pour les organiser à leur tour – oui, à base de vieux trucs cassés que j'ai gardés précieusement, bien sûr...)

lundi 30 septembre 2019

Yoga (si, si)

Cette année, j'avais décidé que je profiterais de mon retour à Paris intra-muros pour voir plus de monde, tester de nouvelles choses et profiter des tarifs dégressifs des cours municipaux. Voilà pourquoi je n'ai pas seulement commencé des cours de salsa, mais aussi des cours de yoga.

Sans grande conviction, je vous l'avoue. De manière générale, je préfère les activités assez dynamiques (ceux qui me connaissent tombent des nues, j'imagine). Mais je n'en ai entendu dire que du bien, et plusieurs kinés ou médecins avaient l'air de penser que c'était une bonne idée que je prenne un peu plus conscience de mon corps à l'aide d'une discipline de ce genre. Et puis bon, on en parle tellement (même Télérama s'est fendu d'un article dessus à la rentrée !) que je ne voulais pas mourir idiote. C'est justement quand quelque chose ne nous attire pas spécialement que c'est intéressant de tester, non ? (Le Grand n'est pas du tout d'accord avec cette dernière affirmation.)

Verdict ?
Le coup de foudre.

Non, je rigole. En réalité, je continue à trouver que ça manque de dynamisme, mais ça va peut-être s'améliorer quand nous connaîtrons les figures de base et pourrons les enchaîner plus rapidement. Je reste également assez hermétique aux métaphores, terre à terre comme je suis : non, mes doigts ne ressemblent pas spécialement à des feuilles de palmier (?) ; je ne vois pas pourquoi je dois lécher le plancher (très sale au demeurant) pour saluer le soleil dans une salle fermée et sans fenêtre un jour où, même dehors, le soleil n'est guère visible ; quant à la posture du conquérant, elle me laisse perplexe, même si "attention, ce n'est pas à prendre dans le sens envahisseur des pays voisins, c'est soi-même que l'on doit conquérir" (zut alors, moi qui avais l'intention d'aller envahir la Belgique entre midi et deux). Et si souffler par le nez en rentrant le ventre me paraît un bon exercice, l'idée que ça me "nettoie" me fait presque autant rire que les cures de "détox" proposées par les magazines féminins.

Mais je m'accroche, et je pense sincèrement que ça ne peut me faire que du bien de me concentrer sur des sensations physiques une heure par semaine, sans compter qu'à terme, j'imagine que ça améliore la souplesse et renforce quelques muscles. Et puis il y a mon moment préféré : le quart d'heure de méditation à la fin de la séance. Dans la pénombre, d'une voix hypnotique, la prof nous demande de nous détendre et de nous concentrer tour à tour sur chaque partie de notre corps : les orteils du pied droit, la plante du pied, la cheville, le mollet, le genou...
J'imagine qu'elle continue jusqu'au crâne, mais je ne pourrais pas en jurer, car systématiquement, je m'endors quelque part entre la cuisse de la première jambe et la cheville de la deuxième jambe. Parce que le yoga m'a efficacement détendue, ou parce que je me suis couchée bien trop tard la veille au soir après avoir travaillé ou expédié quelques démarches administratives négligées pendant le weekend ? Un peu des deux, peut-être...

jeudi 26 septembre 2019

Message angi-gaspillage



Ceci est un écran publicitaire, de ceux qui ont remplacé beaucoup d'affiches en papier, et qui sont allumés au moins 18h par jour dans les couloirs du RER.

Oui, vous avez bien vu, cet écran relaie un message écologique contre le gaspillage de l'électricité.

Je n'ai rien à ajouter.

dimanche 22 septembre 2019

De l'intérêt d'apprendre une langue étrangère

— On fait de l'anglais ? me propose Miss Thing One pendant le dîner.
(C'est toujours elle qui m'y fait penser, et elle qui essaie de mémoriser ce que je lui dis. Les autres n'écoutent que d'une oreille. Quand nous étions allés à Berlin, elle avait tenu à apprendre à compter en allemand jusqu'à cent. Elle veut toujours apprendre plein de choses.)
Le Grand soupire :
— Pff, non, c'est ennuyeux, vos leçons.
— Pour toi, forcément, puisque tu connais déjà tout ça, rétorqué-je.
— Oui mais même, c'est objectivement ennuyeux, pas comme l'histoire et la géographie. L'histoire on peut s'y intéresser en soi, alors qu'une langue en soi, ça n'a aucun intérêt.
— Mmm... Mais même en admettant que tu aies raison, une fois qu'on la connaît, cette langue, on peut faire plein de choses intéressantes avec. Ça peut servir à plein de choses.
— Oui, confirme Mr Thing Two, qui a envie de mettre son grain de sel. À se vanter, par exemple.


samedi 21 septembre 2019

Révélation sur les chaussures à talon

Dîner. Je suis au milieu de l'une de mes diatribes féministes habituelles.
— ... et je trouve que vouloir rendre les petites filles "sexy", c'est profondément malsain. Je ne supporte pas les maillots de bain deux pièces pour des gamines qui n'ont pas encore de seins, ou les shorts trop courts, ou les chaussures à talon...
— Moi, y a une fille dans ma classe qui a des chaussures à talon, intervient Miss Thing One.
Le Grand nous interrompt :
— Mais les chaussures à talon, ce n'est pas fait pour être sexy !
— Pardon ?
— C'est pour être plus grande ! m'explique-t-il sur un ton d'évidence. Parce que c'est pratique, d'être grand. La preuve, des fois tu m'appelles pour attraper un truc sur une étagère.
— Je crains fort que tu te trompes, mon grand. Pour la majorité des cas, du moins.
— Mais bien sûr que non !
— Alors comment expliques-tu que les femmes en portent, et pas les hommes, alors que socialement, c'est beaucoup plus important pour les hommes que pour les femmes d'être grands ?
— ...
— Et comment expliques-tu que des femmes qui sont déjà très grandes en portent, comme ta tante ou la mère de ton copain A. ?
— ...
— Et puis, c'est peut-être pratique d'être grand, mais l'immense majorité des femmes ôtent leurs souliers inconfortables dès qu'elles rentrent à la maison, étagères ou pas étagères, tu sais. Et c'est aussi pratique de pouvoir marcher vite, ou courir, ce qui n'est pas possible avec ces engins.
Il suffoque :
— Parce que c'est inconfortable, en plus ?
— Très. Plus ils sont hauts, et plus ça fait mal aux pieds, et au dos. Et quand ils sont fins, en prime, il y a toujours le risque de se tordre la cheville.
— Mais en quoi est-ce que c'est sexy ? se récrie-t-il, abasourdi. Personne ne regarde les pieds des gens !
— Eh bien, il faut croire que si. Et la jambe aussi est censée être plus belle, puisque ça change la posture.
— Hein ?

Il a fallut que je leur fasse une démonstration, avec mes chaussures aux talons les plus hauts (trois centimètres). Le Grand secouait la tête, éberlué de cette nouvelle preuve de la folie humaine.
(Je n'en reviens toujours pas de constater à quel point certaines choses lui passent très, très loin au-dessus de la tête.)

mardi 17 septembre 2019

Verre inlavable

Pour boire de l'eau, Mr Thing Two a pris un beau verre à bière décoré de dorures. Je le gronde :
— Je t'ai déjà dit de ne pas prendre ce verre-là, je ne voudrais vraiment pas qu'il soit cassé, et en plus il ne passe pas au lave-vaisselle !

Le Filou est au bord des larmes :
— Oh non, maintenant y a que lui qui va pouvoir boire dedans pour toute la vie, c'est pas zuste !
— Ben pourquoi ?
— Parce que il faut pas boire dans le verre des autres, à cause des microbes, et comme on va pas pouvoir le laver...

Il a vraiment l'air accablé. Pas tant que moi :
— Mais Filou, ce n'est pas parce qu'il ne passe pas au lave-vaisselle qu'on ne peut pas le laver !
— Ah bon ?
— Mais enfin, on peut aussi le laver à la main, tout simplement !
— Ah bon ? Ah, ouf, d'accord.

("Celui-là, il va falloir que tu le mettes chez les scouts", a commenté ma mère.)

samedi 14 septembre 2019

Premiers cours d'anglais

J'essaie de donner quelques notions d'anglais aux trois petits (devrais-je désormais les appeler les trois moyens ?) :
— Donc, quand ce n'est ni un homme ou un garçon ou un animal mâle, ni une femme ou une fille ou un animaux femelle, bref quand c'est un objet ou une créature dont vous ne connaissez pas le noms, ce n'est pas "he" ni "she", c'est "it".
Perplexité du Filou :
— Mais non, ça veut dire frapper, c'est le Grand qui me l'a dit !
— Pardon ? Ah, non, ça c'est "hit". Avec un h devant.
Perplexité de Mr Thing Two :
— Mais hier, tu nous as dit que "it", ça voulait dire "manger" !
— Ah oui mais non, ça c'était "eat", avec un i plus long que "it", tu entends la différences ?
Perplexité de Miss Thing One :
— Y a trois mots presque pareils ?
— Eh bien, euh, il y a aussi "heat", avec un i long ET un h au début. Ça veut dire "chaleur".

Là, il y a eu un moment de flottement. Et moi qui avais réussi à les convaincre, conjugaison du verbe "to love" à l'appui, que l'anglais était une langue très simple...

(Et encore, je n'ai pas osé leur dire que "eat" et "heat" s'écrivaient sans le moindre i.)

jeudi 12 septembre 2019

Insulte inattendue

Texto à ma soeur :

C'est bien toi qui as ma perceuse ? Je peux la récupérer ?

Sa réponse :

Nouille !

Mais heu ?



(Sans rire, pourquoi est-ce que personne ne désactive les corrections automatiques sur son téléphone ?)

(D'après elle, elle aurait tapé "oui" avec un N malencontreux devant, et le correcteur a interprété son "noui" comme il le pouvait...)

mardi 10 septembre 2019

Vulgarité ludique

Je bosse. Les enfants jouent tous les trois ensemble, porte ouverte à quelques mètres de moi. Je n'écoute pas, mais pendant que je réfléchis au meilleur moyen de traduire une expression, j'entends :
— ... ou alors un Max et Lili ?
Le Filou réagit :
— Ah non, merde, putain, pas Max et Lili, c'est chiant !
Alors, certes, cet enfant n'est pas toujours un parangon de politesse, mais là, je suis abasourdie. Je m'exclame :
— PARDON ?
Une minute de silence, puis Mr Thing Two le défend :
— On joue, maman !
— D'accord, vous jouez, mais est-ce nécessaire d'utiliser un vocabulaire aussi vulgaire ?
Miss Thing One intervient à son tour :
— On joue à l'école, et Filou il fait un mauvais élève qui dit plein de gros mots !
...
...
...
Bon, eh bien, que voulez-vous que je vous dise ? Bravo, Filou, tu es très convaincant dans ton rôle...


("En vrai, tu sais, z'aime bien Max et Lili", m'a rassurée le petit monstre un peu plus tard.)

vendredi 6 septembre 2019

Eh bien, dansez maintenant !

Ça vous prend tout à coup, à 43 ans, un beau jour de fin d'été. Ou plutôt, ça vous trotte dans la tête depuis des années, et même des décennies, et un beau jour, vous vous décidez : c'est dit, cette année, j'apprends à danser.

C'est ainsi, je n'ai JAMAIS su danser, jamais appris, jamais même essayé, parce que j'avais trop honte, j'étais trop persuadée d'être gauche, pataude, risible. La bonne nouvelle, c'est qu'à 43 ans, je suis nettement moins inquiète qu'à 20 ans du regard que les autres portent sur moi. Cela fait longtemps que je n'ai plus peur du ridicule, et que circuler dans la rue déguisée en Fantômette, chanter à voix haute sur mon vélo ou apostropher les chauffards, quitte à attirer tous les regards, ne me pose plus aucun problème.

Danser, donc. Mais quelle danse pratiquer ? Je voulais quelque chose qui soit pour tous les âges et pas seulement pour les moins de 30 ans ou les plus de 60 ans (exit le hip-hop et les danses de salon), quelque chose qui soit une vraie danse et pas de la gymnastique en musique (exit la zumba), quelque chose qui ne soit pas trop difficile parce que je n'aurais pas beaucoup de temps pour pratiquer (exit le tango), quelque chose qui bouge quand même pas mal parce que j'aime bien me fatiguer. Après hésitation, mon choix s'est porté sur la salsa (ou le rock, mais l'horaire me convenait moins).

On a beau ne pas être timide, se pointer dans une salle de danse au milieu de parfaits inconnus, dont certains se connaissent entre eux, pour tenter d'apprendre à danser à 43 ans alors qu'on n'a jamais été fichu de se trémousser en rythme même à 15 ans, ce n'est pas si facile que ça. Mais ce soir, je l'ai fait. Il faut dire que j'avais une motivation supplémentaire : Mr Thing Two avait invité un copain à dormir, et c'était donc non pas trois, mais quatre gamins que je laissais au Grand pour qu'il gère le dîner, le brossage de dent et le couchage. (Oui, il mérite une médaille.)

J'y suis allée, donc, et j'ai trouvé une salle accueillante, avec une vingtaine de personnes (ni trop, ni trop peu), dont presque exactement autant d'hommes que de femmes, ce qui était un bon début. Cela dit,  je vous avouerais que quand le prof a commencé à faire "le pas de base" à toute allure devant nous, aussitôt imité par certains, tandis que j'essayais de comprendre si j'étais censé avancer le pied gauche ou le pied droit et où diable je devais poser l'autre ensuite (et ne parlons même pas des bras), j'ai été tentée de prétexter que je devais rentrer chez moi de toute urgence parce que mes gamins avaient un problème, mais comme j'avais volontairement omis de prendre mon téléphone portable, ça n'aurait pas été très crédible. Donc je suis restée. Et le prof a assez vite pris la mesure de l'embarras de certains d'entre nous, s'est rappelé que c'était un cours pour débutants, et le premier de l'année, et est devenu très pédagogique.

Et donc voilà, on a fait le pas de base, et puis un autre pas-presque-de-base, et puis on s'est mis face à face pour danser en miroir, et puis on s'est mis avec un partenaire (en changeant toutes les deux minutes), et puis on a ajouté les mains, et puis on a ajouté des figures, et à la fin de l'heure j'étais presque capable de partir dans le bon sens quand je tombais sur un partenaire lui-même capable de me faire virevolter. Et je me suis dit que j'y retournerais dès que possible.

Voilà, aujourd'hui, pour la première fois de ma vie ou presque – mais pas la dernière, je le jure –, j'ai dansé.

mercredi 4 septembre 2019

Compteur de vélos

(Article parisianocentré, désolée)

Cet été, une nouvelle piste cyclable bidirectionnelle a été créée rue de Rivoli. Il ne manque plus qu'un petit morceau devant les Tuileries, et on pourra aller de la Bastille à la Concorde sur une piste protégée d'un bout à l'autre (en faisant attention aux carrefours, quand même, parce que les automobilistes ne sont pas encore habitués).

Si vous habitez à Paris, faites le test un de ces jours : mettez-vous quelque part entre le BHV et l'Hôtel de Ville, et regardez la piste. À tous les coups, vous la trouverez quasiment vide. Beaucoup de gens vous diront d'ailleurs "Pfff, c'est scandaleux de prendre une voie aux voitures pour faire une piste cyclable alors qu'il n'y a jamais personne dessus."

Est-elle vide parce qu'elle est récente ? Qu'elle est inachevée ? Qu'elle est dangereuse, ou mal conçue ?

En réponse, la mairie de Paris a fait installer à cet endroit-là, ce matin même, à 10h12 (après l'heure de pointe matinale, donc), un compteur à vélo. Comme je passais dans le coin avec ma gamine, je suis allée le voir en début d'après-midi, et j'en ai profité pour m'assurer qu'il ne comptait que les vélos, pas les trottinettes ou les intrus motorisés. C'est bien le cas ; j'ai vérifié plusieurs fois. On en était déjà à 800 et quelques.

Ce soir, à 21h28, le compteur affichait 3700 cyclistes. Depuis 10h12 ce matin.




Si vous faites partie de ceux qui râlent contre les pistes cyclables inutiles, sachez-le : une piste cyclable, ça a toujours l'air vide, tout simplement parce que les vélos prennent très peu de place, que la circulation est très fluide et qu'il n'y a jamais de bouchons. Sur la voie d'à côté, il suffit qu'il y ait vingt voitures – donc 20 à 22 personnes – pour que ça fasse un embouteillage.

(Je jure de ne pas passer exprès vingt fois devant le compteur chaque fois que j'irai dans le coin. Je ne suis pas aussi puérile, voyons.) (Et surtout, ce ne sera pas nécessaire, vu les chiffres...)

PS : Vous connaissez peut-être déjà ces images, mais elles méritent d'être partagées :



mardi 3 septembre 2019

Flirt

L'autre jour, je bavardais avec le sympathique papetier du quartier, qui se plaignait d'être fatigué :
— Forcément, pour faire l'ouverture je me lève à 5h, alors quand je fais aussi la fermeture, ça fait des journées longues.
— Vous êtes tout seul ?
Il me regarde d'un air interloqué. Je ne comprends pas pourquoi, mais je précise :
— Il n'y a pas quelqu'un d'autre qui vous relaie, dans la boutique ?
— Ah ! Je croyais que vous me demandiez si j'étais tout seul dans ma vie...
J'éclate de rire :
— Je ne me permettrais pas !
— Oh, si, si, vous pouvez vous permettre, parce que c'est le cas actuellement... Mais dans la boutique, par contre, il y a quelqu'un qui me remplace quelques heures par jour, heureusement !

On parle encore quelques minutes, et quand je pars, il me lance qu'il espère me revoir bientôt. Allons bon, voilà que j'ai dragué mon papetier sans le vouloir. Déjà que la fois précédente, il avait fait un commentaire – tout à fait poli – sur mes beaux yeux...

Aujourd'hui, j'y retourne en urgence, parce que les instits des jumeaux veulent des agendas et non des cahiers de texte (alors que celles de l'année dernière voulaient des cahiers de texte, et non les agendas que j'avais acheté...). Le papetier m'accueille avec un grand sourire :
— Ah, vous revoilà ! Je savais bien que mon charme avait opéré !
Je réponds sur le ton de la plaisanterie :
— C'est sûr, vu que je vous ai même demandé si vous étiez seul...
— Exactement ! Et, d'ailleurs, au fait... et vous ?
J'hésite une seconde, et je me lance :
— Eh bien, ça dépend, en comptant mes quatre enfants, ou pas ?

La tête qu'il a faite... Quand j'y repense, j'en ris encore.
(Ça ne l'a cependant pas empêché de continuer à flirter joyeusement, une fois remis de son choc !)

dimanche 1 septembre 2019

Résumé des vacances et cartes postales

Alors, il est temps de mettre fin au terrible suspense : OUI, les enfants sont revenus de colonie, et oui, tout s'est bien passé. Sauf qu'ils n'ont "pas trouvé" le papier à lettre et les enveloppes et les timbres, ce qui explique pourquoi ils ne m'ont pas écrit. Et sauf que la seule et unique lessive a été faite la veille du départ, ce qui explique les vêtements empruntés aux copains (note pour la prochaine fois : leur donner au minimum autant de slips et t-shirts qu'il y a de jours de colonie). Et sauf que j'ai retrouvé dans le sac à dos de Miss Thing One le sandwich que j'avais préparé pour le voyage aller. Un sandwich au jambon laissé bien au chaud pendant quinze jours, oui oui.
Mais bref, la colonie, c'est génial, et l'année prochaine, on y retourne.
(On croise les doigts)

A part ça, pas de mauvaises surprises pendant le reste des vacances. Des moustiques et un soleil de plomb en Italie (d'où un départ précipité dès le quatrième jour), de très belles vacances dans les Alpes avec une grande randonnée et deux nuits en refuge au pied d'un glacier, et un passage dans le Sud-Ouest par une maison de famille qui va bientôt être vendue, et d'où nous avons rapporté une vieille statue d’Eve totalement anachronique sur mes étagères Lundia, deux sacs remplis à ras-bord de biscuits achetés à la biscuiterie locale, et surtout environ 40 kilos de bouquins (je n'exagère pas, il y avait entre autres une vieille encyclopédie en six volumes énormes qui m'a fait de l’œil, et une Histoire de France en QUINZE volumes – grand format, bien sûr – que le Grand a absolument voulu emporter).

Et maintenant, les cartables sont prêts, les affaires étiquetées, ma nouvelle traduction ouverte à la première page sur mon bureau, le réveil réglé, l'agenda tout neuf déjà bien rempli... c'est parti pour cette nouvelle année !

L'Atlas de gauche mesure 55 cm de haut.

Quasiment plus un brin d'herbe, à cette altitude. Impressionnant.

Un paysage nettement plus riant au pied des Pyrénées.
Pendant les randos, le Grand racontait la guerre de Cent Ans ou les Croisades
aux autres pour qu'ils oublient de râler...

vendredi 19 juillet 2019

Des photos non concluantes

Les gamins rentrent de colonie ce soir. Sur le site des organisateurs, quelques photos floues ont été postées. Je les scrute avec le Grand.

— C'est Miss Thing One, la fille de profil, non ?
— Ben, il me semble... Mais je n'ai jamais vu ce t-shirt jaune poussin auparavant... Pourtant, c'est bien ses cheveux, et elle a une montre comme elle, et elle lui ressemble drôlement...

Photo suivante.

— Oh, et là, regarde, avec les lunettes de soleil, c'est encore elle ! Pas vrai ?
— C'est la même tête, en tous cas. Et elle a un appareil photo rouge autour du cou qui ressemble à celui que je lui ai donné. Mais ta sœur n'a jamais eu de t-shirt blanc marqué "Adidas", ni de casquette verte...

Je suis perplexe. Aurait-elle un sosie à la colonie dont elle a omis de me parler dans sa courte lettre ? Ou va-t-elle revenir ce soir avec une valise qui n'est pas la sienne ?

jeudi 18 juillet 2019

Lettre de Miss Thing One

Les trois plus jeunes sont en colonie depuis lundi dernier. C'est leur première colonie, et ils étaient enchantés d'y aller, parce qu'ils avaient assisté à la réunion d'information et que le directeur avait vraiment réussi à leur donner envie. Et puis c'est forcément plus facile à trois que tout seul.

Lundi dernier, je les ai donc amenés à la gare, avec leurs vêtements étiquetés dans leurs valises étiquetées et leurs étiquettes au poignet, et je leur ai dit au revoir, en leur recommandant pour la millième fois :
— Vous me donnerez des nouvelles, hein ! Vous avez des enveloppes timbrées, des cartes, du papier, alors vous m'écrirez vite, un jour ou deux après l'arrivée, pour me dire si c'est bien, là-bas !

Depuis, plus de nouvelle. Heureusement que je ne suis pas une mère angoissée, ni suffisamment naïve pour croire qu'ils obéiraient illico à mes mille recommandations. N'empêche que tous les jours depuis jeudi dernier, je vérifie le contenu de ma boîte aux lettres, et je suis de plus en plus dépitée.

Et puis aujourd'hui, miracle ! Je reconnais ma propre écriture sur une enveloppe ! A l'intérieur, une feuille, une seule. Pas de date, pas de signature, mais je sais tout de suite que c'est ma gamine, à l'écriture et à l'orthographe (celle de son frère jumeau est bien pire, et le Filou vient seulement de finir le CP). Et surtout, c'était sur elle que je comptais le plus pour m'écrire, parce que les autres sont de gros flemmards quand il s'agit de tenir un stylo.

Je la reproduis tel quel ci-dessous, d'abord pour donner des nouvelles à ceux de la famille qui lisent mon blog, et ensuite parce que je suis très contente de recevoir pour la première fois de ma vie une lettre de l'un de mes enfants (le Grand m'avait bien écrit une carte postale un jour, contraint et forcé par ma mère, mais voilà tout).

Coucou mamounète !
J'ais âte de te revoir mais en même temps j'ais envie de resté.
Nous sommes allé a la piscine mais nous n'avons pas pied. On a pris des cainture et on c'est bien amuser.
Je me suis fait 2 amis. On est dans une chambre a 6 et on a une animatrice. Trop sympas ! Elle s'appelle Lucie.
A bientôt !

Bien, j'en conclus que ça se passe bien, au moins pour elle, et pas trop trop mal pour ses frères, sinon elle me le dirait (je pense). J'en saurai davantage quand je les récupérerai vendredi. Quitte à nuire à ma réputation de mère indigne, j'avouerais que j'ai presque "âte", moi aussi !

mardi 16 juillet 2019

Shorts pour fille

Faites le test, pour voir. Entrez dans le magasin de vêtements pour enfants le plus proche de chez vous. Allez regarder le rayon des shorts pour les garçons, en solde ou non. Puis allez regarder le même rayon, mais chez les filles.

Avec un peu de chance, les modèles équivalents seront au même prix. Mais pour moitié moins de tissu. Car tous les shorts des filles, tous, s'arrêtent tout en haut de la cuisse, au ras des fesses. Ceux des garçons vont au minimum jusqu'au milieu des cuisses, ou même jusqu'au genou.

Ah, vous trouviez que votre fille de 4, 8 ou 12 ans n'avait pas absolument besoin d'être "sexy", voire que c'était plutôt malsain ? Ah, vous pensiez qu'il n'était pas indispensable qu'on voie sa culotte quand elle se penche en avant ou grimpe aux arbres ? C'est que vous êtes vieux-jeu. Tant pis pour vous.
(Tant pis aussi pour ceux qui voudraient que leur garçon aient un short le plus court possible pour avoir moins chaud ou patauger dans un torrent sans se déshabiller ou n'importe quelle autre raison. Non, visiblement, pour les petits garçons, le haut de la cuisse est bien trop indécent.)

Test complémentaire : vérifiez la taille des poches. Quand j'ai fini, à sa demande, par lui acheter un short au rayon "garçons", ma gamine s'est émerveillée : il y avait des poches, des vraies, assez grandes pour y mettre des choses dedans, des mouchoirs ou des jolis cailloux ou des pièces de monnaie !
Ah oui, parce que sur les poches aussi, les fabricants rognent sur la quantité de tissu. Uniquement pour les filles, bien sûr. Et les femmes, évidemment. Selon une étude très sérieuse, 10% des jeans pour femme ont des poches assez grandes pour pouvoir y mettre la main. Contre 100% des jeans pour homme. Et là, pas moyen de faire l'équivalent de ce que j'ai fait pour Miss Thing One : je n'ai aucune chance de trouver un pantalon adapté à ma morphologie au rayon "hommes".

Non, ce n'est pas gravissime, loin de là. Mais oui, ça m'énerve.

lundi 15 juillet 2019

Théories du complot

Vous connaissez certainement les antivax, qui sont convaincus sans la moindre preuve scientifiques (et même avec des centaines d'études prouvant le contraire) que les vaccins rendent autistes. J'ai même lu un jour quelque part un "Je connais trois personnes autistes, eh ben comme par hasard ils ont tous été vaccinés dans leur enfance" qui m'a stupéfiée (personnellement, toutes les personnes que je connais qui ont eu un accident de la route mangeaient du pain, alors je suis très inquiète). Bon, les antivax ne sont pas très rigolos, car ils contribuent à la propagation de maladies qui peuvent être gravissimes pour des personnes au système immunitaire défaillant. Bref.

Vous avez aussi probablement entendu parler des platistes, qui pensent que la Terre est plate et que ce n'est qu'à cause d'un grand complot mondial qu'on croit le contraire. Ce qui me fait mourir de rire, car ça me rappelle une histoire parodique d'un Christophe Colomb qui partait faire le tour du monde et qui finalement arrivait au bord de l'assiette terrestre, manquant de basculer dans le vide avec ses bateaux, ce qui du coup le contraignait à faire demi-tour, "mais comme il a eu honte de son échec il ne l'a raconté à personne, et du coup aujourd'hui tout le monde croit que la Terre est ronde". OK, les platistes ne sont pas très clairs sur la raison pour laquelle on soudoie les pilotes d'avion afin de tromper la population, mais l'idée est amusante.

Vous savez aussi sans doute que Michael Jackson n'est pas mort, que la NASA nous cache l'existence des extra-terrestres, et que les Illuminati contrôlent le monde. Ah, et plus récemment, que Notre-Dame a brûlé parce que Macron n'avait pas eu le temps de terminer le discours qu'il devait prononcer ce soir-là.

Mais connaissez-vous les récentistes, dont je viens de découvrir l'existence ? Ce sont des gens qui pensent que le Moyen-âge a été inventé par l’Église Catholique, alors qu'en réalité on est passé directement de l'Empire Romain à la Renaissance. Comme les platistes, ils ne donnent pas beaucoup d'explication sur la motivation de ce complot organisé à l'échelle mondiale, mais voilà, sachez-le, les historiens vous mentent.
Franchement, j'aimerais comprendre comment fonctionne le cerveau des gens qui inventent des histoires pareilles. C'est fascinant, non ?

PS : Un commentaire sur Twitter qui m'a réjouie pour la soirée : "Ah, alors c'est pour ça que la fin du monde n'a pas eu lieu en 2012 : parce qu'en fait on est en 1012 !". Eh oui, il suffisait d'y penser...

dimanche 14 juillet 2019

Bilan au bout d'un an

Ça fait exactement un an que j'habite ici. C'est donc l'heure du bilan.
(Ne vous inquiétez pas, ça devrait être rapide.)

Dans l'ensemble, l'année n'a pas été facile, surtout les premiers mois. Le travail ET les enfants en solo ET les démarches variées ET le rangement inévitable après un déménagement, ça faisait beaucoup. Et tout n'est pas terminé, loin s'en faut. Mon cagibi est encore en bazar, les fournitures scolaires ne sont pas triées, toutes les étagères de la maison sont un peu penchées faute de cales, il y a encore des ampoules nues ici et là. Ma connexion internet est mauvaise. Il faut que je vende mon triporteur que je n'utilise plus. J'ai mis des mois à trouver un opticien qui sait s'occuper des enfants, un kiné à l'écoute, une retoucherie correcte, une benne à vêtements, un médecin traitant, etc., et il me manque encore quelques bonnes adresses.

Bref, autant dire que depuis un an, je ne dors pas beaucoup, je ne fais pas beaucoup de sport, je ne lis guère et je n'ai presque pas mis les pieds au théâtre ou au cinéma. Mais tout cela va s'améliorer. Cela s'améliore déjà. Depuis environ deux mois, j'ai l'impression de toucher terre.

Donc, problèmes conjoncturels mis à part, qu'est-ce qui a changé en mieux ou en moins bien pour moi depuis juillet 2017, avant la séparation et le déménagement ?

Points négatifs :
- Je n'ai plus d'herbes aromatiques fraîches à volonté. J'ai bien essayé d'en faire pousser dans des pots sur le rebord de la fenêtre, mais elles sont mortes très vite. Je dois utiliser des herbes congelées ou séchées, et il faut reconnaître que ça a beaucoup moins de goût.

Points positifs :
- Tout le reste.


Voyez, je vous avais dit que ce serait rapide.

(Qu'est-ce que je suis bien dans cet appart, bien dans ma vie de célibataire, bien dans mon quartier !)

jeudi 11 juillet 2019

Le haut-le-coeur de onze heures du soir

— Maman, je pense qu'il faut changer ma brosse à dents, m'annonce le Grand au moment du coucher.
— Ah ? Elle est abîmée ?
— Non, enfin si, mais surtout il y a des algues noires à l'intérieur, je ne pense pas que ce soit normal.

mercredi 10 juillet 2019

Noyade dans la Seine

(Attention, ceci n'est pas un article rigolo)

Lundi soir, j'ai assisté à une noyade en direct.

J'étais partie faire une grande promenade à vélo, le soir, pour admirer Paris sous le soleil couchant, pour me dégourdir les jambes, pour profiter de la fraîcheur retrouvée. J'ai gagné la Seine côté rive droite et j'ai commencé à rouler au pas sur les voies sur berge devenues piétonnes, pleines de pique-niqueurs, de touristes épatés, de gamins joyeux. Et puis quand je suis arrivée au Pont-Neuf, j'ai vu quelqu'un qui nageait dans le fleuve, et des gens qui criaient autour, depuis la berge et du haut du pont. Je me suis arrêtée et j'ai constaté que deux hommes, bientôt rejoints par un troisième, nageaient le plus vite possible vers un autre en train de s'enfoncer dans l'eau. Apparemment, il était tombé du pont quelques secondes plus tôt. Je présume qu'il est tombé, et qu'il n'a pas sauté pour se rafraîchir, d'abord parce qu'il avait encore ses chaussures, ensuite parce que le pont est assez haut et que quelqu'un désireux de se baigner aurait plutôt choisi de sauter de la berge, et enfin parce qu'il ne faisait pas chaud, ce soir-là. J'ignore comment il est tombé. J'imagine qu'il était assis sur le rebord du pont et qu'il a fait le clown ou qu'il a été bousculé. Et soit il ne savait pas nager, soit il était ivre, soit il est tombé à plat dos ou sur la nuque et ça l'a assommé.

Toujours est-il que quand les hommes qui avaient plongé pour le repêcher sont arrivés sur place, il avait déjà coulé.

Ils ont bien tenté de plonger, mais ils n'ont pas réussi à le retrouver. Sans lunettes, et dans cette eau marron, ils n'y voyaient rien.

Sur le quai, plusieurs personnes avaient déjà appelé les pompiers, et j'ai même entendu une femme s'indigner en anglais qu'ils ne soient pas déjà là, parce que "dans une grande ville, ils devraient arriver en une minute maximum". Personnellement, je me demandais comment ils feraient pour venir, car même sirènes hurlantes, ce ne serait pas facile de circuler dans les rues. Mais en fait ils sont arrivés par barque à moteur : deux de pompiers, une de police. A bord, les pompiers étaient déjà en combinaison de plongée et terminaient de mettre leurs masques. Ils ont disparu sous l'eau. Sont remontés les mains vides. Ont recommencé. Et cette fois, ils sont remontés avec un corps inanimé. Le noyé a été hissé à bord, un pompier a immédiatement entrepris de lui faire un massage cardiaque, et la barque est partie aussitôt.

(Ah, et j'oubliais de dire que les policiers, eux, avaient repêchés les héros qui s'étaient jetés à l'eau et qui ne réussissaient pas à remonter sur les berges : pas d'escalier à cet endroit-là).

Voilà, je ne sais pas pourquoi je vous raconte ça. Sans doute parce que ça m'a passablement traumatisée. L'homme a passé au moins cinq minutes sous l'eau, peut-être plus – je n'ai évidemment pas pensé à regarder ma montre. Il paraît qu'il y a de bonnes chances qu'il puisse être ranimé, et que le cerveau peut survivre à environ six minutes de manque d'oxygène sans séquelles. J'ai regardé dans les actualités pour savoir s'il allait bien, mais il faut croire que ce genre d'incident n'est pas suffisamment rare pour qu'on en parle : je n'ai rien trouvé.

Tout ça pour dire que c'est mieux de ne pas s'assoir sur le rebord d'un pont. Et aussi que mes enfants vont prendre des cours de natation à partir de septembre, et que je ne lâcherai pas l'affaire tant qu'ils ne sauront pas nager.

vendredi 5 juillet 2019

L'école est finie (ou presque)

16h40. Sonnerie à la porte. Ce sont les trois mômes, qui rentrent tout seuls depuis quelques mois.
— Bonjour maman ! On est en vacances !
— Ouaiiiis !
— Youpie !
On prend le goûter en vidant les cartables. L'ambiance est joyeuse. Puis, comme d'habitude, je retourne à mon bureau pour recommencer à travailler, et eux se dirigent vers leur chambre. Dans le couloir, j'entends le Filou qui propose aux deux autres :
— On joue à l'école ?
— Oui, d'accord ! répond Miss Thing One avec enthousiasme.

Je ne m'en suis pas encore remise.

mercredi 3 juillet 2019

Deux femmes

Les infos à la radio, ce matin, alors que j'étais encore aux trois quarts endormie :

"Ce sont deux femmes qui ont été nommées à des postes-clés de l'Union Européenne (...)".

Ce qu'on souligne en premier, ce n'est pas leur métier, leur orientation politique et économique, leur nationalité, que sais-je. Non, non, l'important, c'est leur sexe.
Vous croyez qu'un jour, la radio annoncera que "deux hommes ont été nommés à des postes-clés" ?

(Au moins, après ça, j'étais bien réveillée, du coup.)

lundi 1 juillet 2019

Préparatifs pour colonie de vacances

Mes trois plus jeunes vont bientôt partir en colonie, pour la première fois. Ils sont tous les trois très motivés, d'abord parce qu'ils y vont ensemble et donc n'ont pas trop d'inquiétude sur le fait de se faire des copains, ensuite parce qu'ils ont assisté à la réunion d'informations et que le directeur du camp leur a fait une description qui donnait vraiment envie. J'espère juste qu'ils ne seront pas déçus.

Bref, en ce moment, je suis dans les préparatifs. Eh oui, car ça n'a l'air de rien, mais je me suis rendu compte qu'il valait mieux ne pas attendre la veille du départ pour découvrir que je n'ai pas trois valises individuelles (normalement, quand on voyage, je mets toutes leurs affaires dans la même valise, mais les chambres ne sont pas mixtes, donc ils seront forcément séparés !). Ou trois shampoing/douche (j'utilise désormais des savons et shampoings solides). Ou trois trousses de toilette (pareil, on en prend toujours une pour toute la famille). Etc.

Alors j'ai sorti la liste fournie, je l'ai parcourue très attentivement, et j'ai eu deux crises cardiaques en cinq minutes.

Le premier, quand, après les 7 t-shirts, 8 slips, 2 pyjamas, 8 paires de chaussettes, shorts etc., j'en suis arrivée à la ligne "Une tenue de soirée pour la boum".
La boum, bon sang. La BOUM. Le dernier soir, ils vont faire une boum. Oui oui oui. C'est une colonie pour les 7-10 ans. Je vois très bien le Filou en chemise de soie aller inviter à danser une jeune donzelle d'un mètre de haut. Mais bien sûr.
(Je suis écroulée de rire rien que d'imaginer la tête que feront les deux garçons ce soir-là) (Miss Thing One fait de la danse et elle ne demande pas mieux qu'emporter la robe à paillettes achetée pour le spectacle de fin d'année, donc je me fais moins de soucis pour elle).

Le deuxième, c'est quand, à la fin de la liste, j'ai lu un avertissement souligné : "Toutes les affaires de votre enfant doivent obligatoirement être marquées".
Oui, bien sûr, j'aurais dû m'en douter, mais j'avais oublié.
Toutes les affaires. Toutes.
Soit, en comptant tous les éléments de la liste, 63 étiquettes à coller / coudre / repasser.
Par enfant.
Donc 189 en tout.
Ou même 222 si on compte deux étiquettes par paire de chaussures et de chaussettes.

Si je ne blogue pas beaucoup cette semaine, vous saurez pourquoi.

vendredi 28 juin 2019

T-shirts mal assortis

Je n'ai pas osé prendre une photo. J'aurais dû, discrètement, en faisant mine de chercher quelque chose sur mon téléphone. Parce que franchement, ces deux copines de 18 ou 20 ans qui marchaient bras-dessus bras-dessous, l'une avec un t-shirt Che Guevara marqué "Hasta la victoria siempre", l'autre avec un t-shirt Nike, c'était si drôle...

mercredi 26 juin 2019

Question d'ordures

Le Grand regarde un sac poubelle plein qui attend dans un coin de la cuisine.
Réfléchit quelques secondes.
Puis demande :
— Mais au fait, il n'y a pas de vide-ordures, dans cet appartement ?
Ça va bientôt faire un an qu'on a emménagé ici : on pourrait croire que s'il y avait un vide-ordures, il l'aurait remarqué. Mais pas forcément, en fait.
— Non. Il y en a un sur le palier, mais on ne peut y mettre que des poubelles vraiment petites, ce qui ferait gâcher des sacs plastique, donc je ne l'utilise pas.
Il hoche la tête, réfléchit encore une demi-minute, puis me demande :
— Mais alors, où vont les poubelles ? Il y a quelqu'un qui les descend ?

Voilà, aujourd'hui j'ai découvert que mon Grand croyait à l'existence des elfes de maison.

(Ça m'a rappelé un épisode de Friends où Rachel et Monica se disputent le dernier préservatif, et Rachel promet de descendre la poubelle tous les jours pendant un mois, ce à quoi Monica lui répond qu'elle lui donnera le préservatif si Rachel est capable de lui dire juste est le local à poubelles...)

samedi 22 juin 2019

Garde nocturne

Pour son anniversaire, j'ai offert à ma sœur, qui avait accouché trois semaines plus tôt, un cadeau dématérialisé : une nuit sans enfant. Je lui ai proposé de garder son gamin de 3 ans et demi, Gnafron, et le nouveau venu, Carotte*, pendant une nuit, pour que le papa et elle puissent enfin se reposer.

L'autre jour, elle m'a téléphoné :
— Dis, Fofo, surtout tu me le dis franchement si ça ne t'arrange pas, mais... la nuit avec les deux, ça pourrait être vendredi ?
— Hum, ce n'est pas la date que j'aurais choisie : je voulais faire un tour avec mes gamins pour la fête de la musique... samedi, plutôt ?
— Ben, vendredi c'est l'anniversaire d'un copain...
— Ah, d'accord ! OK, pas de problème. Mais profitez-en pour vous reposer quand même, hein ! Ne vous couchez pas à trois heures du matin !
— ...
— Allô ?
— Oui, je suis là, c'est juste que j'essayais de comprendre si trois heures, tu trouvais ça tôt ou tard.

(Après des années d'enfance pénibles, ma sœur et moi nous entendons désormais très bien, mais il faut bien avouer que nous continuons à ne pas nous ressembler sur un certain nombre de points.)

Bref, vendredi, elle m'amène les deux gamins : celui qui n'est encore qu'un paquet qui veut uniquement manger et être porté dans les bras, et celui qui alterne entre ses deux mots préférés, "pourquoi" et "non". (Mais si, ils sont adorables, ses gamins, c'est juste que je les aimerai encore plus dans quelques années, voilà) (la catégorie "mère indigne" n'est plus assez alimentée, on pourrait y adjoindre quelques billets estampillés "tante indigne"). Comme je l'ai promis à mes enfants, on va quand même faire un petit tour dans le quartier à l'occasion de la fête de la musique : Carotte en écharpe, Gnafron que je tiens solidement par la main ("Pourquoi il faut donner la main ? Mais je voulais pas donner la main, moi !"), les autres tout autour. J'ai déclenché quelques haussements de sourcils, mais tout s'est bien passé, je n'en ai pas perdu un seul, et on a même dansé cinq minutes (le Grand était allé se cacher, en mode "moi je vous connais pas") (remarquez que moi aussi, j'avais envie de ne pas le connaître, car il avait absolument tenu à mettre un manteau sur son t-shirt à manches longues. Si.)

Retour,  dîner un peu chaotique, lit d'appoint pour l'un et lit parapluie pour l'autre, douche pour l'un et bain pour l'autre, album pour l'un et biberon pour l'autre, rangement et vaisselle avec bébé en écharpe, réveil qui sonne à 22h30 dans la chambre de Gnafron parce qu'il a tripoté les boutons avant de s'endormir, dernier biberon à 23h, et puis au dodo tout le monde, moi comprise.

A un mois et des poussières, le petit machin fait déjà quasiment ses nuits, ce qui est totalement injuste (je rappelle que les Things ont tété une fois par nuit – chacun – et le Grand et le Filou deux fois par nuit jusqu'à six mois). Il dort donc jusqu'à 5h15, prend un biberon, se rendort vers 6h. (Injuste, je vous dis.) Je somnole vaguement jusqu'à ce que Gnafron se réveille sagement vers 7h20. Somme toute, une nuit pas trop mauvaise. On va acheter du pain, on prend un petit déjeuner, on s'occupe comme on peut : j'ai promis de ne pas les ramener avant 10h du matin. Je tiens parole : j'arrive vers 10h15.

Je trouve ma sœur et mon beauf complètement hagards, hirsutes, les yeux injectés de sang.
— Oulà, quelque chose me dit que vous n'en avez pas profité pour dormir enfin huit heures d'affilée...
— Ben non, on est rentrés vers 5h, et après, le temps de se coucher...
Bref, ils se sont endormis à l'heure où je me réveillais.

J'avoue qu'à leur place, ce n'est pas ce que j'aurais fait de ma nuit sans enfant, mais chacun son truc, hein ? "Moi, ce qui me donne la pêche, encore plus que dormir, c'est faire la fête !", m'a expliqué ma sœur. Tant mieux pour eux, ma foi !
(N'empêche qu'une fois les deux mioches largués, je ne suis pas restée longtemps : la conversation de ma frangine et son chéri était un poil moins brillante que d'habitude...)


* Une idée du Grand, qui s'est amusé à convaincre ses frères, sa sœur et son cousin qu'ils devaient appeler le bébé comme ça. Non, je n'ai aucune explication.

mardi 18 juin 2019

Le bac de français du Grand

Le Grand a passé le bac de français, hier.

(Je donne une minute pour se remettre à tous ceux qui sont tombés dans les pommes parce que "hein, quoi, mais il n'était pas encore en maternelle il y a trois ou quatre ans ?")

Bien entendu, il a choisi le sujet d'invention, parce que "du coup y a rien à réviser, et comme je suis un gros lecteur je me débrouille pas mal. J'ai souvent des notes correctes, quand j'arrive à finir".

(De nos jours, un gros lecteur est donc quelqu'un qui lit (relecture comprise) entre quinze et trente romans par an. Il me soutient que personne dans sa classe ne lit autant que lui. Triste jeunesse, tout fout l'camp ma bonne dame, elle est belle la jeune génération, tout ça tout ça.)

L'embêtant, c'est que les profs savent bien que les flemmards se précipitent tous sur le sujet d'invention pour ne pas avoir à bosser. Du coup, cette fois, il fallait faire un poème.

— Heureusement que c'était pas obligé que ça rime, sinon j'aurais fait genre trois vers, hein.
— Et alors, tu t'en es sorti ?
— Bof, j'avais passé trop de temps sur la question de corpus, alors j'ai dû faire court.
— Mais tu penses que ça allait ?
— J'espère. J'ai utilisé un langage très grandiloquent, en tous cas. Au fait, ça veut dire quoi, "contrepieds" ?
— Prendre le contrepieds de quelque chose, c'est faire le contraire.
— Ah, ouf. Bon, alors au moins j'ai pas fait de contresens dans le sujet.
— C'est rassurant. Et tu as eu le temps de te relire ?
— Euh... mais tu sais, l'orthographe, ça ne compte que pour deux points.
— Je vois. Bon, plus qu'à croiser les doigts.
— La bonne nouvelle c'est que tous ceux qui voulaient faire le sujet d'invention, quand ils ont vu que c'était un poème, ils ont changé d'avis, du coup il y en aura moins, du coup peut-être les profs seront plus indulgents.

L'autre bonne nouvelle, c'est qu'il ne fait pas partie des nombreux malheureux qui ont parlé d'Andrée Chédid au masculin parce que ça ne leur est tout simplement pas venu à l'idée que ça pourrait être une femme, même avec un E au prénom. (Une autrice au bac ? Alors qu'année après année, ce sont toujours des hommes ? Non mais c'est n'importe quoi, je vous jure. Après ce sera quoi ? Des footballeuses ?)

Allez, on croise tous les doigts pour le Grand. Il en a besoin :
— Maman, "fasciné" ça s'écrit avec un C, ou avec deux S ? Comme j'hésitais, j'ai mis un coup l'un, un coup l'autre.
Heureusement que l'orthographe ne compte que pour deux points, dites donc...


jeudi 13 juin 2019

Travaux d'aiguille

J'ai un point douloureux dans le dos, depuis des mois, peut-être des années. Pas tout le temps, mais souvent, en particulier quand je suis assise devant mon ordinateur.
Ce matin, je retourne voir le kiné que j'avais déjà vu il y a trois mois. Il examine, masse, manipule, puis soupire :
— Le problème, c'est que vous avez un muscle trop tendu à gauche. Du coup vous avez un côté plus court que l'autre, ce qui engendre cette gêne au niveau de l'estomac et ce point douloureux dans le dos.
— Oui, c'est à peu près ce que j'avais cru comprendre. Et pourtant, je fais des étirements, du sport, des auto-massages, tout ça !
— Ça ne suffira pas, le muscle est trop contracté. Ce qu'il faudrait, c'est le piquer.
— Pardon ?
— Avec une aiguille sèche, sans produit. Vous savez, comme pour l'acupuncture.
— Euh... Ah ?
— C'est la technique des "trigger points". Je vais vous piquer à cet endroit-là, et ça obligera le muscle à se détendre.

Euh, OK, je vais y réfléchir, et je vous rappellerai, d'accord ?
Ou alors, on peut prendre rendez-vous pour, disons... décembre, par exemple ?
Ou l'année prochaine ?
...
Pourquoi il enfile des gants ?

— Ne vous inquiétez pas, l'aiguille est longue, mais elle est très fine.
Mais, mais, mais... mais ?
— Du coup ça ne fait pas mal quand on pique.
Non mais c'est une blague, il va m'enfoncer 5 centimètres d'acier dans la chair, là, tout de suite, sur un coin de table, sans même m'avoir fait signer un consentement préalable, la personne à prévenir en cas d'urgence, un testament, quelque chose ?
— Enfin, si, ça fait mal quand l'aiguille pénètre dans le muscle, bien sûr.
Quoi ?
— C'est le but. Ça va vous faire des secousses et ça va détendre toute la zone.
Au secours ! Je veux mon avocat, ou ma maman !
— Vous êtes prête ? J'y vais.
— AÏE !

Sur un point, au moins, il n'a pas menti. Ça fait MAL.
Tellement que là, quelques heures plus tard, je ne sens plus mon point dans le dos : je ne sens que le point sur le côté où il m'a enfoncé une grosse aiguille dans un muscle (!!!).
C'est peut-être ça, la technique, remarque. Comme le dentiste dans Lucky Luke qui arrache les dents sans qu'on le sente (parce que pendant qu'il arrache, sa collaboratrice écrase un énorme marteau sur le pied nu du patient).

Avant de me laisser partir, le kiné m'a donné rendez-vous pour dans trois semaines. Il m'a proposé de payer les deux séances d'un coup la prochaine fois, mais j'ai préféré le régler tout de suite. On ne sait jamais, si j'avais un empêchement...

mercredi 12 juin 2019

Voler aux riches, donner aux pauvres

Pour des raisons professionnelles, j'enquête sur le degré de connaissance qu'ont les enfants et les adolescents français du personnage Robin des Bois.
(Spoiler : proche de zéro. Contrairement à ce que je croyais, Robin des Bois est bien mal connu par la nouvelle génération, y compris par les ados de 16-17 ans, qui souvent n'ont que le dessin animé de Disney comme unique référence, et même pas toujours. Moi qui m'attendais au minimum à entendre parler de Petit Jean, de la belle Marianne, de la forêt de Sherwood ou de tir à l'arc, j'ai été très déçue.)

Interrogé, le Grand se lance aussitôt dans une leçon d'Histoire britannique. Le Filou me dit que c'est un renard (voir plus haut). Mr Thing Two pense qu'à l'origine, c'est peut-être un personnage de livre, et qu'il a un arc (ah, quand même !). Avec Miss Thing One, le Grand tente une nouvelle approche :
— Dis, si je te parle de quelqu'un qui volait aux riches pour donner aux pauvres, tu vois qui c'est ?
La gamine hésite, puis répond, triomphante :
— Lénine !


(Je vais donc dire à mon éditeur de faire plutôt un bouquin sur Lénine. A moins que mes enfants ne soient pas représentatifs ?)
(Je précise que le bourrage de crâne politico-historique, c'est le Grand, hein, ce n'est pas moi.)
(Moi, je leur bourre le crâne sur l'écologie, plutôt. Et sur Fantômette et Harry Potter.) (Chacun son truc.)