samedi 22 juin 2019

Garde nocturne

Pour son anniversaire, j'ai offert à ma sœur, qui avait accouché trois semaines plus tôt, un cadeau dématérialisé : une nuit sans enfant. Je lui ai proposé de garder son gamin de 3 ans et demi, Gnafron, et le nouveau venu, Carotte*, pendant une nuit, pour que le papa et elle puissent enfin se reposer.

L'autre jour, elle m'a téléphoné :
— Dis, Fofo, surtout tu me le dis franchement si ça ne t'arrange pas, mais... la nuit avec les deux, ça pourrait être vendredi ?
— Hum, ce n'est pas la date que j'aurais choisie : je voulais faire un tour avec mes gamins pour la fête de la musique... samedi, plutôt ?
— Ben, vendredi c'est l'anniversaire d'un copain...
— Ah, d'accord ! OK, pas de problème. Mais profitez-en pour vous reposer quand même, hein ! Ne vous couchez pas à trois heures du matin !
— ...
— Allô ?
— Oui, je suis là, c'est juste que j'essayais de comprendre si trois heures, tu trouvais ça tôt ou tard.

(Après des années d'enfance pénibles, ma sœur et moi nous entendons désormais très bien, mais il faut bien avouer que nous continuons à ne pas nous ressembler sur un certain nombre de points.)

Bref, vendredi, elle m'amène les deux gamins : celui qui n'est encore qu'un paquet qui veut uniquement manger et être porté dans les bras, et celui qui alterne entre ses deux mots préférés, "pourquoi" et "non". (Mais si, ils sont adorables, ses gamins, c'est juste que je les aimerai encore plus dans quelques années, voilà) (la catégorie "mère indigne" n'est plus assez alimentée, on pourrait y adjoindre quelques billets estampillés "tante indigne"). Comme je l'ai promis à mes enfants, on va quand même faire un petit tour dans le quartier à l'occasion de la fête de la musique : Carotte en écharpe, Gnafron que je tiens solidement par la main ("Pourquoi il faut donner la main ? Mais je voulais pas donner la main, moi !"), les autres tout autour. J'ai déclenché quelques haussements de sourcils, mais tout s'est bien passé, je n'en ai pas perdu un seul, et on a même dansé cinq minutes (le Grand était allé se cacher, en mode "moi je vous connais pas") (remarquez que moi aussi, j'avais envie de ne pas le connaître, car il avait absolument tenu à mettre un manteau sur son t-shirt à manches longues. Si.)

Retour,  dîner un peu chaotique, lit d'appoint pour l'un et lit parapluie pour l'autre, douche pour l'un et bain pour l'autre, album pour l'un et biberon pour l'autre, rangement et vaisselle avec bébé en écharpe, réveil qui sonne à 22h30 dans la chambre de Gnafron parce qu'il a tripoté les boutons avant de s'endormir, dernier biberon à 23h, et puis au dodo tout le monde, moi comprise.

A un mois et des poussières, le petit machin fait déjà quasiment ses nuits, ce qui est totalement injuste (je rappelle que les Things ont tété une fois par nuit – chacun – et le Grand et le Filou deux fois par nuit jusqu'à six mois). Il dort donc jusqu'à 5h15, prend un biberon, se rendort vers 6h. (Injuste, je vous dis.) Je somnole vaguement jusqu'à ce que Gnafron se réveille sagement vers 7h20. Somme toute, une nuit pas trop mauvaise. On va acheter du pain, on prend un petit déjeuner, on s'occupe comme on peut : j'ai promis de ne pas les ramener avant 10h du matin. Je tiens parole : j'arrive vers 10h15.

Je trouve ma sœur et mon beauf complètement hagards, hirsutes, les yeux injectés de sang.
— Oulà, quelque chose me dit que vous n'en avez pas profité pour dormir enfin huit heures d'affilée...
— Ben non, on est rentrés vers 5h, et après, le temps de se coucher...
Bref, ils se sont endormis à l'heure où je me réveillais.

J'avoue qu'à leur place, ce n'est pas ce que j'aurais fait de ma nuit sans enfant, mais chacun son truc, hein ? "Moi, ce qui me donne la pêche, encore plus que dormir, c'est faire la fête !", m'a expliqué ma sœur. Tant mieux pour eux, ma foi !
(N'empêche qu'une fois les deux mioches largués, je ne suis pas restée longtemps : la conversation de ma frangine et son chéri était un poil moins brillante que d'habitude...)


* Une idée du Grand, qui s'est amusé à convaincre ses frères, sa sœur et son cousin qu'ils devaient appeler le bébé comme ça. Non, je n'ai aucune explication.

3 commentaires:

  1. Toi qui voulais une famille très, très nombreuse, ça t'a donné un petit aperçu !
    J'imagine bien la tête fraîche que devait avoir ta sœur quand tu lui as ramené ses enfants, hahaha ! En tout cas, félicitations à elle et à ton beau-frère pour l'arrivée de Carotte, donc.

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  2. Le Grand a quand même des points communs hallucinants avec mon aînée… (Même si elle a fait ses nuits très tôt, ouf.)

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  3. Rhô punaise ils sont fous ! Une nuit sans enfant c'est quand même un Super cadeau (même si je fais partie des chanceux dont les bébés ont fait leurs nuits honteusement tôt- genre 22h-7h à 6 semaines pour F... Qui était allaité)... Mais le fait de prendre les 2 et en particulier l'aîné = pas de réveil trop matinal c'est merveilleux... Et ils font ça de cette nuit !! Mais comme tu dis c'est à eux de savoir ce dont ils ont besoin. Si faire la fête "comme avant les enfants" les requinque davantage que dormir, alors l'objectif de base de ton super cadeau est atteint quand même. Tous les chemins mènent à Rome...

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