vendredi 31 mars 2017

La platitude de la réalité

Une amie m'écrit :


"Tu te souviens, la dernière fois qu'on a fait une promenade ensemble dans la montagne, on a vu une cavité dans la pente, et comme c'était tout noir, on ne savait pas si c'était profond ou non. Alors j'avais donné un coup de flash à bout de bras, au hasard. Dans un bon film d'horreur, ma photo aurait donné ça (photo1).

 
En vrai, ça a donné ça (photo 2).
 
 
Pfff... Je suis déçue."
 


(Alors, j'avoue que comme c'est là que je suis sur le point de retourner en vacances, personnellement, je suis plutôt rassurée...)

jeudi 30 mars 2017

L'amertume des raisins intraduisibles

Mon héros se promène dans un endroit imaginaire, une sorte de musée où sont rassemblés un certain nombre d'objets historiques ou étranges, parfois magiques. Vous savez, le nez du sphinx, les bottes de sept lieues, ce genre de choses.

Il est dans l'allée des S. Il y trouve entre autres des objets ayant appartenu à des personnages au nom en S, et aussi un serpent particulièrement agressif. Mais ça ne l'affecte pas plus que ça. Et puis il voit un bocal rempli de raisins conservés dans de la saumure. Et tout à coup, son humeur change complètement, et il voit tout en noir.

Pourquoi ? Parce que ce bocal contient des "sour grapes", des raisins amers. Vous savez, comme dans la fable d'Ésope reprise par La Fontaine, où le renard n'arrive pas à attraper les raisins et s'en va, dépité, en grommelant que de toute façon, "ils sont trop verts, et bons pour les goujats". L'expression est passée dans le langage courant en anglais, mais elle s'est déformée, et en général, on ne l'utilise pas à bon escient, mais plutôt pour exprimer le fait que quelqu'un est amer ou pessimiste.

Cela fait donc des semaines que je cherche quelque chose qui répond à ces critères :
- concret, tangible, qu'on puisse mettre sur des étagères ;
- commence par un S ;
- évoque immédiatement, pour des lecteurs français, une idée de mauvaise humeur (ou d'angoisse, ou d'amertume, ou n'importe quel sentiment négatif, en fait : on peut adapter) ;
- de préférence, peut être contenu dans un bocal.

Donc si vous êtes en train de vous ennuyer au boulot et que vous avez envie d'y réfléchir, ne vous gênez pas, surtout. Si quelqu'un a une idée de génie, je m'engage à lui offrir un exemplaire du bouquin quand il sera publié en français.


mardi 28 mars 2017

Musée de la marine, berges rive gauche et panne de kindle

Et donc, dimanche, nous devions aller au Louvre. Sauf que le Grand n'en avait pas envie, et qu'il a réussi à convaincre son frère de changer d'avis. Direction le Musée de la Marine, au Trocadéro. Alors, franchement, je ne voudrais pas faire ma snob, mais quand on a visité le Musée de la Marine de Gênes, qui est extraordinaire, aller voir ensuite celui de Paris, c'est un peu comme admirer trois poissons rouges dans un bocal après être allé au Grand Aquarium de Saint-Malo. C'est-à-dire qu'il y a des maquettes de bateaux, et puis des jolis tableaux de bateaux, et puis quelques instruments de navigations, et puis encore des maquettes, mais quand on ne voit pas la différence entre un voilier et un porte-avion (disons qu'il y a moins de mâts) et qu'on ne s'y intéresse pas plus que ça, on s'y ennuie vite.

Heureusement, c'était gratuit. Et comme le musée est sur le point de fermer pendant plusieurs années pour se moderniser un peu, ce qui ne sera pas du luxe, il y avait quelques animations sympas. Les trois petits sont même revenus avec des tatouages éphémères d'encres, d'étoiles de mer et de bateaux (mais j'ai réussi à éviter le stand "nail art", ouf).

Après quoi nous avons fait une longue promenade sur les berges rive gauche, celles qui sont piétonnes depuis suffisamment longtemps pour que plus personne n'y trouve rien à redire. Jardins, hamac, marelles, jeux divers : sympa. Et en plus, tous les cyclistes ont réussi à éviter Mr Thing Two qui courait dans tous les sens et faisait de son mieux pour se jeter sous leurs roues. Un grand bravo à eux.

Des jumelles gratuites, c'est rare. Et très apprécié.

On remarquera que le Filou gagne (mais je crois qu'il avait triché)

Un labyrinthe rigolo (là, c'est Darling que je soupçonne d'avoir triché)


Inutile de vous dire qu'au retour, le RER n'avait pas fait deux stations que le Filou s'était endormi, très vite imité par Miss Thing One.

Bref, une belle journée, sauf qu'elle a été marquée par un drame. Figurez-vous que ma gourde s'est ouverte dans mon sac. Ah non, je n'ai pas de chance avec les gourdes, ces derniers temps. Quand je m'en suis aperçue, il y avait trois centimètres d'eau au fond de mon sac à dos en cuir (dont l’étanchéité est donc désormais prouvée). Pour le porte-bébé (utilisé quand le Filou s'est ouvert le genou vers la fin de la balade), le porte-monnaie, les biscuits (pour une fois, j'ai apprécié le sur-emballage), et même l'agenda (un peu gondolé, mais je m'en fiche), ce n'était pas grave. Le portable et l'appareil photo étaient plus haut, heureusement. En revanche, celui qui a bien trempé dans l'eau, c'est mon kindle.

Après l'avoir secoué et essuyé de mon mieux, j'ai essayé de l'allumer, et voilà le drame dont je vous parlais : message d'erreur. Votre appareil a besoin d'être réparé. Problème de batterie.
Si, c'est un drame. Surtout juste avant Bologne. (Et là, je suis bien consciente que seuls quelques happy few vont comprendre la référence*). D'accord, j'ai un autre kindle, mais pas tactile (donc impossible de "feuilleter" les livres), et surtout sans rétroéclairage, donc pas moyen de lire le soir au lit quand on dort dans la même chambre qu'un enfant pendant les vacances !

Mais attendez, ne versez pas trop vite des larmes de sang sur mon sort pathétique. De retour à la maison, je me suis dit que qui ne tente rien n'a rien, que je n'avais rien à perdre, que de toute façon je n'avais plus le temps de le faire réparer avant de partir en vacances, et que bon sang de bonsoir, je n'étais pas plus idiote qu'une autre. J'ai donc cherché en ligne un tutoriel sur la façon de démonter l'appareil. Et je l'ai fait.

(Le verre à liqueur, ce n'est pas pour me donner du courage,
c'est pour y mettre les vis minuscules.) (Je précise, juste)


J'ai essuyé toutes les pièces, surtout la batterie ; j'ai laissé sécher ; j'ai remonté la machine. Ensuite, puisque l'écran restait figé sur le message d'erreur, j'ai cherché et trouvé le moyen de la réinitialiser. Et... ta-dam... ça a marché !

Voilà, je suis très fière de moi, qu'on se le dise. Et surtout, j'ai un kindle qui fonctionne, ouf.

(Il me faut des nouvelles gourdes, par contre)



* Pour les autres, je vais être sympa : c'est la plus grande foire du livre jeunesse en Europe, où se négocient un grand nombre de droits étrangers, d'où fiches de lecture urgentissimes demandées par les éditeurs, avec email en plein milieu de la nuit – ils ne dorment pas beaucoup, là-bas – et réponse souhaitée dans 24h.

dimanche 26 mars 2017

Des femmes et des hommes (allemands)

Allemand du soir. (Quand j'y pense, je me trouve héroïque de réussir à caser ça presque tous les jours entre le coucher des enfants vers 21h et la reprise du boulot à 21h30 ou plus.)

— Allez, mon grand, on revient sur cette histoire de conditionnel ?
— Non, on fait plutôt mes devoirs pour mardi ? J'ai dix phrases à inventer.
— D'accord. Le thème ?
— Cinq clichés sur les hommes, et cinq sur les femmes.

Cette prof a toujours des idées extraordinaires.

Et voilà comment j'ai passé une bonne partie de ma soirée, non seulement à faire de l'allemand, mais aussi à écrire des crétineries telles que "Les hommes ne sont pas capables de faire plusieurs choses en même temps", "Les femmes sont plus douces avec les enfants", "Les hommes aiment bricoler" ou "Les femmes sont coquettes."

(Soupir)


[Bonus : après avoir terminé les phrases, on note le vocabulaire. Par-dessus son épaule, je constate que le Grand a écrit "étourdit".
— Enlève-moi ce T de là, s'il te plaît.
— Un S, alors ?
— Ben non, pas au singulier.
— Ah bon ? Pas de lettre muette ?
— Non. I tout court.
— Pff... C'est décevant.]

samedi 25 mars 2017

Méconnaissance mutuelle

Jeudi soir, c'était l'inauguration du Salon du Livre. Je ne vais pas vous raconter une fois de plus qu'une jeune femme m'a embrassée sur les deux joues en m'appelant par mon prénom et en me tutoyant, et que je n'ai pas la moindre idée de son identité, n'est-ce pas ? Non, ce n'est pas la peine.

Mais une petite anecdote dans la même veine : avant d'aller au Salon du Livre, j'étais allée à l'Assemblée Générale de l'association de traducteurs dont je fais partie. J'ai reconnu (si, si !) deux ou trois personnes, mais j'ai cherché en vain des yeux dans la salle une collègue dont je savais qu'elle faisait partie du bureau. J'avais dîné avec elle et d'autres collègues au restaurant, il y a deux ans. Je ne l'ai pas trouvée, et elle n'est pas venue me voir. Tant pis. J'ai bavardé un peu avec d'autres gens, j'ai fait connaissance de ma voisine de gauche, j'ai regardé de travers ma voisine de droite qui n'arrêtait pas de bavarder avec son propre voisin, je me suis présentée à une traductrice qui avait traduit la même auteure que moi, j'ai demandé à une autre des nouvelles d'une éditrice qui a complètement disparu dans la nature, etc.

Et puis bon, je suis allée au Salon, et comme prévu, je n'ai rien réussi à manger, pas plus que je n'ai pu regarder les livres en paix, donc j'ai fini par m'asseoir dans un coin et par traduire un chapitre de plus de mon roman en cours (oui, j'avais eu la bonne idée de prendre mon ordinateur) en attendant l'heure à laquelle je devais retrouver mes collègues. La soirée finie, nous sommes allées joyeusement au restaurant. J'étais curieuse de savoir si celle que j'avais cherchée en vain à l'AG allait venir. Je m'attendais à moitié à ce qu'elle me dise "Dis donc, je t'ai vue tout à l'heure, pourquoi as-tu fait semblant de ne pas me reconnaître ?"

Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est à voir apparaître ma voisine de droite. La bavarde à qui j'avais failli lancer un "Chut !" au moment où elle expliquait à son voisin que la "romance" d'aujourd'hui n'était plus ce qu'elle était, et qu'on ne trouvait plus de romans à l'eau de rose sans scènes érotiques ou pires (rien qu'en pensant à ses exemples, j'en rougis encore). Celle avec qui j'avais échangé quelques mots à la fin de l'AG. Et qui ne m'avait pas reconnue non plus, donc.

Ça m'a fait très plaisir de voir que je n'étais pas la seule aphysionomapathe...

PS : En vrai, ça s'appelle de la pronopagnosie.

jeudi 23 mars 2017

Plus royaliste que la (petite) reine

— Allez, mon Grand, c'est l'heure de partir pour ton rendez-vous chez le dentiste.
— On y va en vélo ?
— J'ai pris nos cartes vélib, on reviendra en vélo. Mais je pensais y aller en RER.
— Pourquoi on n'y va pas en vélo ? C'est loin ?
— Huit ou neuf kilomètres. Quatre stations de RER.
— On a encore le temps d'y aller en vélo, si on part maintenant ?
— Oui, mais pourquoi ?
— Parce que ça fait faire du sport. C'est important de faire du sport.
— Tu rigoles ? Tu viens de faire deux heures d'aviron, tu m'as même dit que tu avais des courbatures partout ! Et puis c'est TOI qui dis ça, toi qui est capable de passer une semaine de vacances sans bouger de ton lit, sauf pour manger ?
— Si on y va en vélo, je pourrai emporter mon Encyclopédie de la Seconde Guerre mondiale dans une sacoche, pour la lire dans la salle d'attente. Elle est trop lourde pour la porter à la main.
— Si vraiment tu tiens à emporter ton Encyclopédie de la Seconde Guerre mondiale pour les cinq minutes pendant lesquelles nous devront attendre, tu peux la mettre dans un sac à dos.
— En vélo, on est sûrs d'arriver à l'heure. Des fois, le RER a un problème et s'arrête entre deux stations.
— Bon, mon Grand, arrête de me sortir des arguments bidons, et dis la vérité. Ce n'est pas pour ça que tu veux y aller en vélo. Je le sais.
— Hein ? Quoi ? Pourquoi ? Qu'est-ce que tu insinues ?
— Allez, avoue : tu aimes te déplacer à vélo, tout simplement...

Il n'a pas démenti. Nous avons fait joyeusement nos 18 kilomètres, et au retour,  comme j'avais eu la bonne idée d'emporter des muffins aux myrtilles et une thermos de chocolat chaud, nous nous sommes arrêtés dans un parc pour goûter.

Je crois que pour celui-là, c'est bien parti : il s'y est mis tard, mais il a bel et bien mordu à l'hameçon...

mercredi 22 mars 2017

Réclamation, proposition, décision et suggestion

C'était juste une remarque de la part de son père, quelque chose comme "arrête de taper sur la table" ou n'importe quoi du genre, mais Mr Thing Two, d'habitude plutôt gentil et accommodant, a tout à coup piqué une crise. Après avoir hurlé sa rage contre son père et contre le monde entier, il m'a laissé le prendre dans les bras, sanglotant, et a tenté de m'expliquer ce qui le chagrinait :
— C'est toujours les parents qui décident tout ! C'est jamais nous ! J'en ai marre ! Et dans la famille, c'est toujours les parents, ou alors c'est le Grand parce qu'il a le droit, et même des fois c'est le Filou parce qu'il fait des caprices, mais c'est jamais nous [sa sœur jumelle et lui, ndt] ! C'est pas juste !

Éternelle malédiction des enfants qui ont une place intermédiaire dans la fratrie, et qui ne bénéficient ni de la liberté de l'aîné, ni de l'indulgence du plus jeune. Il a raison. Il a cent fois raison. Je le lui ai dit, d'ailleurs. Et après lui avoir expliqué que les parents aussi obéissent à des règles sévères, même si ça ne se voit pas, j'ai proposé :
— Je comprends ce que tu me dis, et je vais essayer de vous laisser choisir quelque chose de temps en temps. Tiens, par exemple, tu pourrais me dire ce que tu as envie de faire le weekend prochain...

Il s'est arrêté de pleurer tout net :
— Ah oui, d'accord ! Je veux aller au Louvre !

Je ne remercierai jamais assez ma bonne étoile qui a fait que le matin même, je lui avait montré quelques photos du Louvre et non pas, au hasard, du parc Astérix ou de New York.

Louvre, donc.

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L'après-midi, je reparle de l'incident avec le Grand, et je conclus :
— Il faut que je trouve des trucs pour lesquels il a voix au chapitre.
— Il pourrait choisir ses vêtements le matin, par exemple !
— Hum... Tu crois ? C'est vrai qu'il a l'âge, mais il s'en fiche complètement, de ses vêtements...
— Oui, mais c'est une concession facile à faire, et ça lui donnera l'impression de prendre des décisions. Tu sais, c'est comme en politique : tu fais quelque chose qui ne coûte pas cher et qui fait plaisir au peuple, pour pas que les gens se rendent compte qu'ils n'ont aucune influence sur les mesures importantes.

Je soupçonne ce garçon de lire Machiavel en cachette...

mardi 21 mars 2017

Pôle Emploi et le multilinguisme

Après plusieurs tentatives infructueuses de la part de Darling (l'informatique n'est vraiment pas son fort), je décide de prendre les choses en main et de l'aider à s'inscrire à Pôle Emploi, puisque quand il y est allé en personne, on l'a renvoyé chez lui en lui ordonnant de faire ça sur Internet.
(Sans commentaire)

Alors, nom, prénom, date de naissance, nationalité, lieu de naissance, blablabla, métier exercé jusqu'ici, dates, blablabla, et puis on passe à la partie CV, et là, déjà, on s'amuse parce que "libraire" fait partie de la catégorie "vente au détail de sport et loisir", et donc il faut répondre à des questions du genre "Avez-vous une connaissance approfondie des instruments de musique ?" ou à d'autres encore plus étranges qui s'appliquent de toute évidence davantage aux vendeurs de Decathlon qu'aux chefs de rayon dans une librairie.
Bref, au bout d'un moment vient la question des langues parlées, et je me dis ouf, enfin une partie du dossier où il va briller.
Sauf qu'en fait, il n'y a que deux lignes, et on ne peut pas en ajouter d'autres.
Le cas des quintilingues n'est pas prévu.

En revanche, juste en-dessous, on peut noter jusqu'à trois permis de conduire différent. Parce que savoir conduire une moto ET une voiture ET un poids-lourd, c'est vachement plus utile que parler plein de langues quand on bosse dans une librairie internationale ou dans n'importe quel magasin de loisirs en plein centre (touristique) de Paris, bien sûr.

Grrr.

lundi 20 mars 2017

Schtroumpf grognon

Dialogue matinal avec le Filou, presque tous les jours le même :
— Bonjour mon Filou ! C'est l'heure de se réveiller !
— Ya pas école, auzourd'hui ?
— Ah si, je suis désolée, il y a école. On est lundi...
— Non ! Y a pas école ! Ze veut pas aller à l'école ! Auzourd'hui, ze reste à la maison !
— Ah, mais c'est pas fini de râler comme ça tous les matins au lever, et tous les soirs au dîner, et... et tout le temps, en fait ? Espèce de schtroumpf grognon !

Ça, ça ne lui plaît pas. Sourcils froncés, il me corrige :

— Ze suis pas le stroumf grognon, ze suis le stroumf mignon.

Bon, on va dire un mignon schtroumpf grognon, alors.

vendredi 17 mars 2017

Aerkaos et la politique de l'autruche

— Mon Grand, ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu avec un roman entre les mains. Tu n'as plus rien à lire ? Tu n'étais pas au milieu d'une trilogie ? Aerkaos ?
— Si, j'ai fini le tome 2.
— Et alors, pourquoi tu ne lis pas le troisième ? Je croyais que ça te plaisait !
— Ben oui, justement.
— ???
— Dans presque toutes les trilogies, ou les séries, il y a un ou plusieurs personnages important qui meurent dans le dernier volume. Fred Weasley, par exemple. J'ai beaucoup aimé les deux premiers volume de celle-là, donc je n'ai pas envie de lire le troisième.


Franchement, je ne sais plus quoi faire de ce garçon.

(Heureusement que je ne lui ai jamais mis Hunger Games entre les mains, dites donc.)

(Le pire c'est que je l'ai lue, cette trilogie de Jean-Michel Payet, et jusqu'au bout, même ; mais je ne me souviens plus du tout de l'histoire, juste que ça m'avait beaucoup plu. Et je n'ai pas vraiment le temps de la relire pour vérifier si oui ou non, ça se termine mal pour l'un des personnages importants...)

jeudi 16 mars 2017

Ponctuel !

Je reviens tout juste d'un très (trop !) court voyage en Italie pendant lequel j'ai entendu, à l'aller, cette annonce surprenante de la part du chef de train :
- Mesdames et messieurs, dans quelques instants nous arriverons A L'HEURE en gare de Turin. Veillez à ne rien oublier, etc.

Et pour être sûr que tout le monde ait bien compris, il a répété son message en italien et même en anglais, en insistant à chaque fois sur la ponctualité du train.

Ce qui, en fin de compte, n'est pas très rassurant, je trouve...

mardi 14 mars 2017

Eloge du portage dorsal

(Photo du site Ergobaby)
Cela fait environ quatre ans que je me dis qu'il faut que je fasse cet article. Et puis j'oublie, et je ne m'en souviens que quand je croise des parents encombrés par une poussette dans un bus, face à un escalier, ou pire dans le métro ; ou quand je vois des parents, généralement des mères, avec un enfant trop lourd sur le ventre, trop cambrées et ayant des difficultés à s'occuper de leurs enfants plus âgés.

Donc voici mon avis résumé en un mot : le porte-bébé dorsal est une invention géniale. La plus belle innovation des cinquante dernières années en matière de puériculture. Vous voyez, je n'y vais pas de main morte.

Quand le Grand était petit (ça me fait toujours sourire d'écrire cette phrase), j'en rêvais. J'aurais voulu pouvoir prendre le train avec une valise, prendre le métro, me promener sur des chemins de randonnée, sans la poussette. Malheureusement, à l'époque, on n'en trouvait nulle part. J'avais fini par acheter un énorme porte-bébé de randonnée, avec cadre métallique, un engin à la fois inconfortable et intransportable.

Bien sûr, à la naissance, j'avais eu un porte-bébé ventral, mais c'était de ceux où l'enfant est très bas et face à la route, donc encore une fois, position physiologique horrible, à la fois pour le bébé et pour le parent.

Et puis à la naissance des jumeaux, j'ai acheté une écharpe. Et là, déjà, c'était beaucoup mieux. Très confortable – à condition de bien savoir la nouer, et à condition qu'il ne fasse pas trop chaud. Sauf qu'il ne fallait pas vouloir l'ôter trop souvent, parce que 5m de tissu qui traînent dans la rue, ce n'est pas terrible. Et pour installer l'enfant dans le dos, c'était loin d'être évident.

Et pourtant, si vous y réfléchissez deux secondes, le portage dorsal  n'a que des avantages. On a les mains libres. L'enfant regarde dans la même direction que vous. Vous pouvez vous pencher, vous pouvez tenir d'autres enfants par la main, vous pouvez même les porter si nécessaire : vous n'êtes pas déséquilibré. Je ne comprends pas pourquoi on ne voit jamais de parents qui portent leurs enfants sur le dos (à part les Africaines). Pourquoi se casser le dos à les prendre sur le ventre, ce qu'on ne peut faire de toute façon que pendant quelques mois (essayez donc avec un bambin de 15 kg), ou s'embêter à emporter une poussette quand la situation (escaliers, foule, terrain accidenté) ne s'y prête pas ?
Vous vous voyez avec une gamine aussi grande sur le ventre ?
Ou en randonnée en pleine campagne avec une poussette ?

Avec le Filou, ça m'a vraiment sauvé la vie. A l'âge où il voulait sans cesse être dans les bras, je le mettais sur le dos, et je vaquais à mes occupations - cuisine, vaisselle, courses, rangement, douches aux jumeaux, n'importe quoi. Quand je poussais la poussette double, je pouvais emporter le Filou en prime. Plus tard, j'avais les mains libres pour tenir les Things par la main. Et en été, j'ai pu faire de grandes promenades, visites, voyages, n'importe quoi : il s'endormait parfois, et j'utilisais alors le rabat prévu pour lui caler la tête. J'ai trouvé ça tellement pratique que je me suis acheté un manteau spécial avec une ouverture dans le dos, pour pouvoir continuer à le porter ainsi même en plein hiver. De fait, le Filou n'a quasiment pas connu la poussette.

Occasionnellement, il m'est même arrivé
d'en porter deux à la fois...
Et comme ce n'est, en fin de compte, qu'une sorte de sac à dos en tissu (avec une sangle autour de la taille, ce qui fait qu'on porte surtout sur les hanches, comme dans les sacs à dos de randonnée), c'est très léger, ça se fourre dans n'importe quel sac, et il en existe même un modèle type "K-way" que j'ai longtemps transporté dans mon sac à main. Ce qui permet un usage très ponctuel, en cas de gros coup de fatigue imprévu, ou de bobo, ou n'importe quoi. Ce n'est pas tout ou rien, comme avec la poussette qui est très pénible à pousser quand l'enfant veut marcher et qu'il faut le tenir par la main. Cela peut être "au cas où".

Dernier avantage : si on n'a pas de problèmes de dos et qu'on est capable de porter un sac de randonnée, on peut utiliser ce truc très longtemps. À Bâle, j'ai encore pu y mettre le Filou, cinq ans et presque 20 kg. C'était sans doute la dernière fois, mais franchement, je le regrette un peu...

PS1 : Mon modèle était un Ergobaby qui a, par rapport aux autres modèles que je connais, l'avantage de pouvoir être complété avec une banane très pratique (que l'on peut fixer où on veut), ce qui permet d'emporter au moins un portefeuille, des clefs, un paquet de mouchoirs et une couche de rechange.
PS2 : Celui qui se replie comme un k-way est le Boba. Un tout petit peu moins confortable que l'Ergobaby, car moins rembourré, mais il se glisse vraiment partout.
PS3 : Un billet de la Poule Pondeuse sur ce sujet, où elle aussi s'étonne que ce mode de portage soit si peu utilisé. Son billet est moins fouillis que le mien, donc si le sujet vous intéresse, lisez-le.

lundi 13 mars 2017

Les figures de l'ombre

J'étais partie pour voir (enfin) La la land, et puis j'ai changé d'avis au dernier moment, parce qu'en fait j'étais beaucoup plus tentée par celui-là. Une histoire incroyable, inspirée de l'histoire vraie de trois femmes noires mathématiciennes qui travaillent pour la NASA en 1961, époque de la course vers l'espace et de la ségrégation raciale (on a du mal à s'imaginer qu'il y a cinquante ans, aux États-Unis, les Noirs n'avaient pas le droit de boire aux mêmes fontaines ou d'aller dans les mêmes bibliothèques que les Blancs).

En deux mots, j'ai adoré le film. Certes, c'est une comédie relativement classique, et on sait d'avance comment ça va se terminer, mais j'ai apprécié la retenue du réalisateur (ou du scénariste) qui n'en fait jamais trop et évite les clichés trop appuyés. C'est souvent drôle (ah, l'explication de celle qui a accepté l'escorte d'un policier pour aller au travail !), souvent émouvant, et même si on peut penser que ça enfonce des portes ouvertes (Non, vraiment, on peut être une femme noire et raisonner aussi bien qu'un homme blanc ?), d'un autre côté, le message que cela fait passer est actuellement plus essentiel que jamais.

Allez-y, n'hésitez pas. Même avec des enfants. C'est un film charmant, positif, encourageant, instructif ; le genre de film après lequel je rentre chez moi à toute allure dans la nuit sur mon vélo en chantant à tue-tête...

dimanche 12 mars 2017

Du yoga au musée

J'avais vu passer cette info sur le magasine Paris Mômes, il y a quelque temps : une séance de yoga était organisée au Centre Pompidou pour les parents et les enfants à partir de 5 ans. Bien que ne voyant pas très bien le rapport entre Matisse et le yoga, je m'étais dit que c'était une idée sympa, et je m'étais inscrite avec Miss Thing One, qui me semblait la plus à même de suivre les consignes sans râler (contrairement au Filou) et de ne pas se mettre à faire des cabrioles ou le poirier sur son tapis (contrairement à Mr Thing Two). Et puis j'avais bien dit que j'essaierais de sortir plus souvent avec un seul enfant ; c'était l'occasion.

Ce matin, donc, nous sommes parties ensemble dès le petit-déjeuner avalé, et nous avons eu le privilège de rentrer dans un musée encore fermé au public à 10h. Il y avait surtout des mères, mais aussi quelques pères, et surtout des filles, mais aussi quelques garçons. Tout le monde s'est installé sur un tapis, et nous avons commencé notre séance d'initiation.
C'était vraiment une séance d'initiation, pour moi, car je n'en avais jamais fait. Je vais être franche : je n'ai pas eu de révélation. Je préfère les activités plus énergiques (à l'époque où je faisais de la gym dans ma résidence, les dix dernières minutes d'étirement et de relaxation me semblaient toujours interminables). Et ces histoires de fleurs qui s'ouvrent, de chats qui s'étirent, de salut au soleil ou de câlins aux genoux me laissent vaguement perplexe. Peut-être devrais-je essayer une "vraie" séance d'initiation, entre adultes ; je le ferai sans doute un jour. Quoi qu'il en soit, je ne suis pas ressortie de là en me disant que c'était exactement ce qu'il me fallait (même si c'est possible que ce soit tout de même le cas) (c'est ce que prétend ma kiné, en tous cas).

N'empêche, c'était chouette de partager ça avec la gamine, qui a trouvé ça un peu étrange, elle aussi, mais qui a trouvé que "ça changeait". Et puis ensuite, nous avons visité le musée, en lâchant très vite le groupe pour ne rester que toutes les deux à réviser les quelques artistes qu'elle connaissait déjà, et à en découvrir d'autres.


Après, nous avons filé à la crêperie où nous nous sommes régalées. Et nous avons enchaîné sur une grande promenade qui nous a conduites jusqu'au Panthéon, en redécouvrant plein de monuments et de petites rues charmantes au passage. Ensuite, comme la gamine commençait à fatiguer (mais sans se plaindre, tellement elle avait envie que ce moment dure longtemps), j'ai pris un vélib et je l'ai installée, en toute illégalité, dans le panier avant. Oui, je sais, faut pas. Mais franchement, je n'ai pris que des rues très calmes, je roulais à 10km/h, et contrairement à ce que je craignais, c'était tout à fait stable, en tous cas pas moins qu'un siège enfant sur le porte-bagage arrière. Et les regards surpris que nous avons récolté nous ont bien amusées.

Bilan : une activité inattendue dans un lieu original, et une journée pleine de soleil, à la fois littéralement et métaphoriquement. Après m'avoir dit plusieurs fois combien elle était heureuse de faire ça avec moi, Miss Thing One a même fait remarquer, de retour à la maison, qu'elle ne s'était pas mise en colère de la journée. Il n'y a que les colériques chroniques comme elle et moi pour savoir combien c'est précieux...


samedi 11 mars 2017

L'impossible sourire sur commande

Cartes d'identité et passeports à changer, besoin de nouvelles photos d'identité pour les gamins et moi-même, horreur des photomatons qui vous font une mine de papier-mâché... Hop, virée générale chez le photographe.
Mr Thing Two passe en premier. Le photographe le mitraille :
— Le dos bien droit. Parfait. Tu regardes l'appareil photo... Impeccable. Allez, maintenant, un sourire, petit.
— Je croyais qu'il ne fallait pas sourire sur les photos d'identité ? m'étonné-je.
— Il ne faut pas être hilare, mais du moment que la bouche est fermée, on peut relever un peu les coins des lèvres. Voilà, comme ça ! Allez, c'est bon pour celui-là. Au suivant !

Miss Thing One : parfait. Le Grand : parfait. Et puis vient le tour du Filou.
— Le dos droit. OK. Maintenant, tu arrêtes de faire cette tête désolée ? Souris un peu !
Le Filou étire les lèvres vers l'arrière, complètement crispé. Il est affreux.
— Non, non, ça ne va pas du tout ! Fais comme si tu étais content de me voir.
Rictus encore plus forcé.
— Mais non, voyons ! Aie l'air naturel ! Juste un petit sourire, pas trop !
Yeux écarquillés, lèvres pincées. Il fait presque peur. Et puis le photographe a une idée :
— Dès qu'on aura fini, je te donnerai un bonbon !
Joie. Sourire. Clic-clac, c'était bon.

vendredi 10 mars 2017

Le carnaval de Bâle

La semaine dernière, quand j'ai annoncé à droite et à gauche que je partais au carnaval de Bâle, je n'ai récolté que des regards étonnés.Visiblement, la plupart des gens en France n'en ont jamais entendu parler. Et pourtant, c'est une tradition multiséculaire (je n'ai pas réussi à trouver de date de début, mais il existait déjà au XIVe siècle), et c'est un pur enchantement. Trois jours, 72 heures exactement, de musique, de costumes, de liesse.
J'y étais déjà allée une fois auparavant, quand j'avais une dizaine d'années, car c'est la ville d'origine de mon père adoptif. J'en avais gardé un souvenir très vif, et je savais que je voulais y retourner un jour, pour partager avec mes enfants ce que lui-même avait partagé avec moi à l'époque.

Et donc, dimanche dernier, nous avons pris le train jusqu'à Bâle, en Suisse, avec mon père adoptif et les trois petits (le Grand pouvait difficilement rater trois jours d'école). Un premier après-midi en ville, une première promenade avec pèlerinage jusqu'au parc où il jouait autrefois à courir en été et à faire de la luge en hiver, un délicieux goûter dans un salon de thé, un dîner rapide à l'auberge de jeunesse où nous logions, et zou, au lit. Tôt. Car le réveil était mis pour 3h du matin le lendemain.

"Hein ?" me direz-vous. "Tu as vraiment levé tes gamins à 3h du matin ?". Eh oui, j'ai fait ça. Pour une bonne raison : le carnaval commence à 4h précisément, et cette incongruité faisait partie de mes souvenirs les plus magiques. Hébétés de sommeil, on se lève, on s'habille en deux minutes, on enfile aux gamins des étiquettes avec noms et numéros de téléphone (on ne sait jamais), et on part. Un monde fou dans les rues, bien sûr. En plein milieu de la nuit. Ça fait drôle. Et puis on se poste près d'une église, on perche les enfants sur un muret, et on attend.
4h moins le quart, les musiciens bavardent, les gens circulent encore, certains boivent dans des thermos.
4h moins cinq, tout le monde se prépare. Ceux qui ont des masques les enfilent. Les badauds ne bougent plus.
4h moins deux, le silence total se fait. C'est peut-être ce qui m'a le plus marqué : ce silence d'une énorme foule qui attend.
4h, l'horloge de l'église sonne un coup. Deux. Trois. Quatre.
Et tout à coup, tous les réverbères s'éteignent brusquement, et seules les lanternes des musiciens font encore de la lumière. Et en même temps, les fifres commencent à jouer, tous ensemble, et une musique aigrelette s'élève.
Le carnaval a commencé.
Un moment incroyable. Vraiment.



Bien entendu, nous ne nous sommes pas promenés très longtemps : trois quart d'heures dans la foule à regarder passer les costumes et entendre les mélodies des groupes qui se succédaient, avec les enfants, c'était déjà bien. Heureusement, j'avais pensé à prendre mon porte-bébé, et j'ai pu installer le Filou sur mon dos quand il a commencé à flancher. Retour à l'auberge, retour au lit. On finit la nuit – sans grasse matinée, malheureusement : à 7h30, les enfants ont décidé que c'était l'heure de se lever.

Ce matin-là, il faisait très gris, et les carnavalistes n'étaient plus très actifs après leur nuit blanche, donc nous sommes allés dans un lieu dont j'avais aussi gardé le souvenir, trente ans après y avoir été emmenée moi-même par mon père adoptif : à la frontière entre la France, l'Allemagne et la Suisse, trois pays avec lesquels j'ai des liens familiaux. Un endroit étonnant, un port industriel totalement déserté par les touristes, assez laid comme tous les ports industriels, mais qui m'a beaucoup plu par son côté iconoclaste (on était si loin des costumes multicolores et de la cathédrale somptueuse !). Et l'occasion d'expliquer plein de choses aux enfants, qui n'avaient jamais vu une déchetterie d'aussi près, et qui n'en revenaient pas de voir deux autres pays à quelques dizaines de mètres, sur la rive opposée.



Lundi après-midi, défilé ! Des chars, des groupes avec des costumes tous plus magnifiques les uns que les autres (j'imagine que là, au moment où je vous écris, ils ont déjà commencé à préparer ceux de l'année prochaine), des fanfares, des masques... mais surtout des chars, et dans ces chars, des Waggis, figures traditionnelles du carnaval bâlois, avec des grands masques surmontés d'une énorme chevelure, et un nez rouge disproportionné (le Filou les appelle encore "les gros nez"). Et ces Waggis, figurez-vous qu'ils distribuaient... des bonbons ! Je vous laisse imaginer la joie des gamins. Certes, les bonbons s'accompagnaient parfois d'une poignée de confettis, mais du point de vue des mômes, ça valait le coup de courir le risque. Comme les Waggis représentent à l'origine des paysans (alsaciens), certains distribuaient aussi des légumes : en plus des trois kilos de bonbons récoltés pendant les deux jours, nous avons aussi eu droit à une carotte, une orange, une grappe de raisin (!), et même un œuf.

Combien de temps pour fabriquer ces costumes à base d'emballages ?
(Cliquez sur les images pour les voir en grand)



Oui, il y avait même Sa Majesté.



Le mardi, bonne surprise : la pluie qui était tombée par intermittence la veille (mais pas à 4h du matin, heureusement) avait cessé, et le ciel était, sinon bleu, du moins suffisamment dégagé. Du coup, nous en avons profité, et nous n'étions pas les seuls : il y avait une foule impressionnante (mais jamais oppressante) dans les rues. C'était aussi le jour où, en plus des chars, des fanfares et des groupes de fifres et tambours, il y avait énormément d'enfants déguisés. Une ambiance très joyeuse, des confettis qui s'accumulaient tellement que par endroit on ne voyait plus le sol, encore quelques bonbons distribués, tant de choses à voir qu'on ne savait plus où donner de la tête, une gaité folle partout, dans toutes les ruelles, sur toutes les places, autour de toutes les fontaines. Un carnaval, quoi.

Je devrais faire ça avec mon triporteur...


J'ai encore à certains moments la musique des fifres dans la tête.


L'un des plus jeunes Waggis croisés
(Sans gros nez)


Et puis le mercredi matin, juste le temps d'une dernière promenade dans les rues momentanément apaisées (un nouveau défilé devait avoir lieu l'après-midi, mais mon père et moi avions décidé que deux jours suffisaient), juste le temps d'apprécier cette ville très largement piétonne (des trams, des vélos, quasiment aucune voiture dans le centre ville : le paradis), très jolie avec ses ruelles pentues, ses maisons aux poutres apparentes, ses fontaines dans tous les coins, et le Rhin qui traverse majestueusement la ville (et que nous avons traversé, nous, en bac, pour la plus grande joie des enfants).






Et déjà, il fallait reprendre nos bagages, dire au revoir, remonter dans le train. Avec une certaine fatigue accumulée, tout de même, mais aussi le désir de revenir dans quelques années, sans attendre de nouveau trente ans.

Et depuis mercredi, Miss Thing One dessine des chars, le Filou se fabrique des tambours avec des bouts de bois, et Mr Thing Two se découpe des fifres dans des feuilles de papier enroulées. Je pense qu'ils ne sont pas près d'oublier ces moments hors du commun...



jeudi 9 mars 2017

Le collège du Grand et le 8 mars

Je vais vous raconter notre virée, mais d'abord, un email reçu hier du collège que fréquente le Grand, à l'occasion de la journée internationale DES DROITS des femmes :

Chers parents,
Dans le cadre de la journée de la femme, le collège offre aux mamans deux heures de fitness rien que pour elles !
Vous trouverez le flyer en pièce jointe.
Bien à vous,
Mme Machin, principale du collège

La journée "de la femme".
Les "mamans".
Du fitness.

Le 8 mars, malgré les efforts fait par des journaux tels que Le Monde pour parler des problèmes de société et d'inégalité, je m'attends toujours à recevoir une publicité pour un aspirateur ou des réduction sur les pizzas en forme de cœur. Je suis préparée. Et je ne suis pas naïve au point d'espérer que tous les collèges et lycées organisent des débats avec les élèves sur le harcèlement sexuel à l'école ou la place des filles dans la culture populaire. Mais j'avoue qu'en ouvrant un email de la part de la principale du collège, je ne m'attendais pas à ça.

mercredi 8 mars 2017

Voyage : devinette

En attendant que j'aie eu le temps de faire trois lessives, de trier mes 362 photos et de ranger les valises, devinez un peu d'où nous venons. Quelques indices :
- L'auberge de jeunesse était la plus propre que j'aie jamais vue, et au restaurant, éponge et produit étaient fournis pour qu'on nettoie sa table soi-même après avoir mangé ;
- Le check-in était à 15h, et par conséquent, les clés magnétiques de la chambre (prête et vide) données à 14h42 ne fonctionnaient pas encore ;
- Je n'ai jamais vu autant de trams et aussi peu de voitures dans une ville de taille moyenne ;
- Un café coûtait entre 3 et 4 euros ;
- Nous avons l'impression d'avoir fait la fête non-stop pendant deux jours, en commençant lundi à 4h du matin (si, si) ;
- Les enfants ont récolté environ trois mille bonbons ;
- J'ai encore la mélodie des fifres dans la tête.
Alors ?

dimanche 5 mars 2017

Incident aquatique

C'est toujours juste au moment où on se dépêche de partir parce qu'on a un train à prendre qu'on lâche le sac qui contient le pique-nique et que la gourde explose, répandant un litre d'eau sur les sandwichs.
N'importe, nous sommes partis. Les trois petits, mon père adoptif et moi. Vacances illégales. Un sacré programme. Une ville où je n'ai pas mis les pieds depuis au moins trente ans. Je vous raconterai.

vendredi 3 mars 2017

Deux poulets, quatre repas

Je l'ai déjà dit plusieurs fois, j'essaie de manger moins de viande. Et quand j'en fait, c'est plus souvent un assaisonnement ou un accompagnement que la pièce centrale du repas. Mais il y a une exception : le poulet.

Environ une fois par mois, j'en achète, bio ou plein air, toujours par deux. Nous en mangeons, disons, les trois quarts : il reste généralement pas mal de blanc, et peut-être une aile ou deux. Pour accompagner, je fais des pommes de terre sautées et des haricots verts surgelés. Un repas complet, équilibré, que tout le monde aime.

Le lendemain, je récupère toute la viande que j'arrive à retrouver, je la découpe en petits dés, et je fais un risotto avec plein de légumes. J'en fais souvent sans viande, mais avec un peu de poulet, c'est encore meilleur. Tout le monde apprécie.

Le surlendemain, je fais bouillir les carcasses et les os des poulets que j'ai soigneusement conservés avec des herbes aromatiques. Et avec les quatre ou cinq litres de bouillon que ça donne, je fais un minestrone express, avec divers légumes de saison. Le bouillon est si délicieux que même les plus réfractaires aux légumes terminent leur assiette sans broncher.

Et le sursurlendemain, j'utilise ce qui reste du risotto (car oui, depuis que j'ai acheté une cocotte XXXL, j'en fais toujours assez pour qu'il en reste) pour préparer les fritti di riso qui font l'unanimité à la maison.

Avec deux poulets (et du riz, et des pâtes, et des œufs, et beaucoup de légumes, certes, mais ces choses-là ne manquent jamais chez moi), j'ai quatre menus d'affilées, quatre menus équilibrés, quatre menus sans interrogations existentielles, quatre menus garantis sans caprices.

Je crois que nous ne deviendrons pas 100% végétariens de sitôt...

jeudi 2 mars 2017

Vélofatigue

Ça m'arrive environ tous les cinq ou six mois, donc à force, je devrais avoir l'habitude. C'est toujours le même scénario : arrive un moment où faire du vélo devient de plus en plus pénible, de moins en moins facile. Je me traîne, j'ai l'impression de ne plus avoir de force dans les jambes, la moindre montée m'épuise, j'arrive au bout de mes trajets avec la langue au niveau des genoux. Manque d'entraînement ? Manque de vitamines ? Manque de sommeil ? Autre chose ? Je ne sais pas, mais pendant plusieurs semaines, je me dis que bon sang, c'est drôlement fatigant, en fait, le vélo...

... jusqu'au jour où, tout à coup, j'ai l'idée de regonfler mes pneus.

mercredi 1 mars 2017

Salaires et pourcentages

Dans une semaine, à l'occasion de la journée des droits des femmes, celles qui le peuvent sont invitées à s'arrêter de travailler à 15h40, pour protester contre le fait qu'en France, de nos jours, les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes. Comme si elles arrêtaient tous les jours d'être payées à 15h40, donc.

Bien entendu, si j'arrête de travailler, personne ne s'en rendra compte, mais c'est une initiative plutôt intéressante, je trouve. Il y a d'ailleurs d'autres moyens de participer. Si ça vous intéresse, c'est ici.

Mais en voyant ce chiffre, je me suis posée pour la millième fois de ma vie une question qui me turlupinait déjà quand j'étais adolescente :
Si les femmes sont payées 26% de moins que les hommes, pourquoi parle-t-on d'un écart de salaire d'un quart et pas d'un tiers ?

Non, je ne délire pas, vous pouvez faire le calcul. Si une personne gagne 100 et une autre 74, la deuxième est payée 26% de moins que la première, certes, mais la première est payée 35% de plus que la deuxième. Et à l'époque où j'étais adolescente et où on disait que la différence était d'un tiers, toujours dans le même sens, c'était encore plus frappant. Si un homme gagne 3000 euros et une femme 2000 euros, elle gagne un tiers de moins, mais il gagne moitié plus qu'elle, même les réfractaires aux mathématiques l'admettront. Pourquoi donc prend-on toujours comme point de départ le salaire le plus fort ? Pour minimiser les chiffres ? Ou parce que c'est forcément l'homme la référence ?

Juste une question en l'air...