jeudi 22 avril 2021

Prévisions familiales

Ce soit, pendant le dîner, on a joué au jeu de "on sera où dans quelques années ?"

En supposant, bien sûr, que tout aille pour le mieux, qu'il n'y ait pas de gros soucis de santé, d'accident dramatique, tout ça... Comment pouvons-nous imaginer ce que seront ces quatre enfants quand ils auront 25 ou 30 ans ? Non pas leur métier, mais leur mode de vie ?

Après discussion, voici plus ou moins le consensus auquel nous sommes parvenus :

- Le Grand habitera à Paris ou en banlieue dans un studio, tout seul. Il aura un travail à horaires fixes et il passera une bonne partie de ses weekends dans son lit, sur son ordinateur, comme aujourd'hui. Il ne m'appellera jamais pour prendre de mes nouvelles, mais assez souvent pour me demander de l'aide ou des explications sur des problèmes pratiques ou administratifs.

- Miss Thing One sera en colocation avec trois copines, aura déjà eu un certain nombre d'amours, et me téléphonera maximum deux fois par mois pour me raconter sa vie (mais en aucun cas pour me demander des conseils).

- Mr Thing Two sera dans une autre ville, ou à la campagne, ou à l'étranger, en train de poursuivre un projet original, quel qu'il soit. Il aura un amour auquel il sera fidèle, et aura le cœur brisé en cas de rupture. Il me téléphonera souvent pour vérifier que je vais bien.

- Le Filou restera à la maison le plus longtemps possible, jusqu'à ce que je le mette dehors à coups de pieds dans le derrière. Après quoi, il emménagera à deux rues d'ici OU partira au bout du monde, sans doute seul dans les deux cas. (En fait, on a un peu de mal à imaginer le Filou adulte.)

Et moi ?

Eh bien, d'après le Grand, quand on voudra me voir, il faudra s'y prendre bien à l'avance, parce que "Non mais demain matin j'ai mon cours de rock, l'après-midi je vais à l'atelier menuiserie, et le soir figure-toi que je me suis mise au yoga, ce weekend je pars retaper une vieille ferme dans la Creuse avec une amie, lundi j'ai ma randonnée habituelle, et mardi je pars une semaine à Prague parce que j'ai trouvé un échange d'appartement de dernière minute, mais tu peux venir déjeuner mercredi dans deux semaines, si tu veux ?"


(Mais bien sûr, rien n'est écrit. Peut-être que le Grand sera marié et père de famille à 28 ans, que Mr Thing Two aura un boulot routinier, que Miss Thing One partira habiter au Japon, que le Filou s'engagera dans la marine, et que je passerai mes journées sur mon canapé à jouer à des jeux vidéos*, qui sait ? On change parfois beaucoup, avec le temps, et c'est tant mieux...)

* OK, j'avoue, pour le coup, je n'y crois pas trop.

samedi 17 avril 2021

Une semaine de junk food

Alors, si jamais vous vous inquitiez, sachez que non, le Grand n'est pas mort de faim (ni de flemme) pendant sa toute première semaine entièrement seul.

Bon, par contre, vu ce que je viens de retrouver dans la poubelle, je ne certifie pas qu'il ait eu une alimentation très saine...


De toute façon il m'avait prévenue, au téléphone : "Maman je profite de ton absence, j'achète plein de truc que tu nous interdis normalement. J'ai même acheté du Yop!"

Ah. Eh bien, disons que si c'est la pire bêtise que ce garçon de 18 ans puisse faire quand il a l'appart pour lui tout seul et zéro surveillance, je vais m'en remettre, hein?

mardi 13 avril 2021

Pokémon Go (cinq ans après tout le monde)

Depuis quelques jours, nous sommes à la montagne. Ce que nous apprécions beaucoup. Mais il y a un hic : alors que, jusqu'à encore un an ou deux, les enfants me suivaient joyeusement dans des balades ou randonnées plus ou moins longues, à présent, cela ne les tente plus du tout. Or, moi, je veux qu'ils se dépensent. Surtout Mr Thing Two, ce garçon à l'énergie apparemment inépuisable. Tant qu'ils font du trampoline ou chahutent dans le jardin, tout va bien. Mais sinon, il faut trouver un prétexte pour les faire sortir.

Et c'est ainsi qu'avant-hier, je me suis souvenu que début février, j'avais téléchargé le jeu Pokemon Go, plus jamais ouvert ensuite.

Nous l'avons donc ouvert. Et nous avons découvert une drôle de bestiole sur la table basse du salon, invisible à l’œil nu, mais parfaitement visible sur l'écran du téléphone. J'ignorais totalement ce que j'étais censée faire avec, mais pas les mioches, qui ont balancé à la créature une balle tout aussi virtuelle qu'elle ayant pour effet de la capturer.

Je ne savais pas encore que je venais de mettre le doigt dans un engrenage.

Depuis 48 heures, c'est une vraie frénésie. Surtout pour Mr Thing Two, et dans une moindre mesure pour le Filou : Miss Thing One, elle, se désintéresse un peu de la question. Mais moi, emportée par l'enthousiasme des garçons, je m'y suis mise aussi. Et donc, hier et aujourd'hui, ce sont EUX qui ont insisté pour qu'on sorte PLUSIEURS FOIS faire des promenades de PLUSIEURS KILOMETRES de longs dans la MONTAGNE, pour capturer des pokemons, puis pour trouver des pokéstops afin de recharger notre stock de pokéballs, puis pour trouver des pokéarènes offrant potentiellement la possibilité de gagner des poképièces grâce auxquelles nous pourrons acheter des pokéincubateurs pour couver les pokéoeufs des futurs pokémons...

Oui, c'est parfaitement ridicule. Et vous savez quoi ? Je m'amuse bien, en fait. Du moins depuis que j'ai trouvé comment éteindre la musique de cette p**** d'appli. Parce que du coup, ça agrémente la promenade sans rien ôter de son charme. On se promène dans la forêt, on admire le paysage, on écoute les oiseaux, et de temps en temps, on s'arrête parce qu'une vibration discrète a signalé qu'un drôle de petit être multicolore passait dans les environs, ou alors on se dirige vers une jolie chapelle ou un lavoir dont on ignorait l'existence (les concepteurs du jeu ont pris soin de placer leurs balises près de centres d'intérêt bien réels) parce qu'on y trouvera des récompenses, ou tout simplement on marche parce qu'on sait qu'au bout de deux ou cinq ou dix kilomètres, on aura fait éclore un œuf. Et le mieux, c'est que les gamins galopent avec un enthousiasme jamais vu depuis longtemps. Presque trop, même. Ce matin, il a fallu que je remonte 400 mètres de dénivelés au pas de course parce qu'un "raid" était prévu une demi-heure plus tard. Même le Filou en oubliait de réclamer une pause / de l'eau / de quoi manger et trottinait sur la pente escarpée derrière son frangin.

Bref, moi qui avais résisté depuis dix ans, moi qui avais juré que je ne m'intéresserai jamais à ces histoires d'évolutions ou de légendaires, moi qui refusais d'apprendre d'autres noms que celui de Pikachu et Noctali et Mentali (et ceux-là uniquement parce que j'ai dû chercher des déguisements pour mes enfants il y a quelques années), me voici tombée dedans. Au moins pour la durée des vacances : je ne jure pas que je continuerai à chasser les pokémons quand les gamins seront à l'école. Mais en tous cas, si vous avez des enfants récalcitrants aux promenades, je recommande. C'était le but ouvertement annoncé de ce jeu, pas vrai ? Eh bien, chez nous, ça marche - littéralement !



(Alors oui, j'avoue que même si on m'a déjà annoncé que le Grand va me disputer, je fais partie de ceux qui préfère les pokemons mignons aux pokémons bagarreurs. Désolée. On ne se refait pas.)

jeudi 8 avril 2021

Le Grand risque la famine

Demain, je pars.

Si, on a le droit, quand c'est pour faire garder des enfants par des grands-parents. Donc je vais une semaine chez ma mère pour qu'elle me garde les enfants pendant que je bosse (chez elle). Oui, bon, en vrai, quand nous sommes là-bas, ils n'ont pas vraiment besoin d'être gardés, parce qu'elle a les deux meilleurs baby-sitters du monde : un trampoline et la collection complète de la série BD Les Légendaires. Mais justement, on y gagne tous. Même ses voisins du dessous, parce qu'ils n'existent pas (alors que les miens, si).

(Je tiens à préciser  1- Que ma mère et son mari sont vaccinés ; 2- Que nous n'avons eu quasiment aucun contact avec qui que ce soit depuis une semaine ; 3- Que nous respecterons scrupuleusement la limite des 10 km une fois arrivés là-bas. Ne me tombez pas dessus, s'il vous plaît.) 

("Prends un livret de famille pour prouver que ce sont bien tes gosses", m'a conseillé ma mère. "Je soupçonne qu'il y a du trafic d'enfant comme prétexte pour voyager, en ce moment. Et d'ailleurs, tu as pensé à les louer ? Tu en as trois, ça pourrait te rapporter une jolie somme...")

Bref, je pars à la montagne avec les trois mômes, mais je laisse à Paris le grand dadais, parce qu'il a cours quelques heures en présentiel à l'université la semaine prochaine. En plus, il est plutôt content à l'idée que pendant sept jours, personne ne va lui reprocher de prendre son petit-déjeuner à 16h et sa douche à 4h du matin (oui, il prend sa douche "le soir", avant de se coucher).

Mais il y a quelque chose qui l'inquiète : la nourriture.

— Maman, tu as fait une commande ? m'a-t-il demandé tout à l'heure.
— Non, mon chéri.
— Mais il n'y a plus de saucisson, ni de jus d'orange !
— Ni de surgelés, et d'ici deux jours il n'y aura plus de pain non plus. Je sais.
— Comment je vais faire, alors ?
— Tu iras faire les courses. Je vais te laisser de l'argent. Je te rappelle qu'il y a un Franprix à exactement 30 mètres de la maison. Et une boulangerie à 40 mètres, et un Lidl à 50 mètres. Pour le Picard, j'avoue, c'est plus loin, au moins 350 mètres, mais j'ai confiance en toi, tu vas y arriver.
— Oh là là, c'est dur. J'aime pas les magasins. Et c'est loin, quand même. Faut sortir de la maison ! Et après, faut porter les courses, et c'est lourd.
— Mon pauvre chéri. Je compatis.
— Je ne sais pas si je vais avoir le courage d'y aller. Vous allez peut-être me retrouver mort de faim, dans une semaine.
Et puis il a réfléchi une seconde, et s'est corrigé :
— Enfin, disons, plutôt mort de flemme.

Bon, au moins, il est lucide...

mercredi 7 avril 2021

Un bon appétit

Je ne vous ai pas raconté que pour le dimanche de Pâques, nous avons eu le bonheur de trouver une connaissance qui habite dans une maison avec un petit  jardin à 9,5 km de chez nous et qui nous a autorisés à venir en son absence y passer deux heures pour cacher les œufs, les trouver, et pique-niquer au soleil dans la foulée.

Comme d'habitude, j'avais vu grand, et chaque enfant est reparti avec des dizaines et des dizaines de friandises aux chocolats.

Lundi, par simplicité et pour gagner du temps (j'avais du travail), j'ai fait des pâtes le midi.

Ce n'est que quand j'ai vu Miss Thing One et le Filou avoir du mal à terminer leur assiette – un fait rarissime – que j'ai compris que ce n'était pas une idée lumineuse et qu'ils avaient très probablement passé la matinée à se bâfrer. Heureusement, Mr Thing Two, lui, en a repris deux fois, comme d'habitude.

Juste après le déjeuner, ils ont décidé de procéder à des échanges entre les chocolats qu'ils préféraient (après la chasse, j'avais réparti les trouvailles de manière strictement égalitaire, sans tenir compte des préférences de chacun).

Le Filou a rapporté son panier, encore très bien garni.

Miss Thing One a rapporté son panier, plus qu'à moitié plein.

Mr Thing Two est arrivé avec son panier, qui ne contenait que six petits œufs.

— Et les autres, tu ne les apportes pas ? ai-je demandé.
— Je n'en ai plus, c'est tout ce qui me reste.
— QUOI ? Tu as mangé un kilo et demi de chocolat en 24 heures ?
— Ben, oui, j'avais pas le droit ?
— Non, si, enfin, ils étaient à toi, bien sûr, mais du coup tu n'en as plus, et surtout... comment tu as fait pour ne pas avoir une indigestion ? Tu as tout mangé hier soir ?
— La moitié hier, et l'autre moitié ce matin.


Oui oui, "ce matin" : entre les trois tartines de rillettes du petit-déjeuner et les trois assiettes de pâtes du déjeuner, donc.

(Et après on se demande d'où il tire son énergie phénoménale...)

mardi 6 avril 2021

Ecole à la maison, deuxième round

Alors, un an plus tard, on recommence. Avec :

- Le Filou qui n'arrive pas à écrire UNE SEULE PHRASE si je ne suis pas debout derrière sa chaise à lui répéter "Continue ton exercice" toutes les trente secondes.

- Miss Thing One qui est d'une lenteur exaspérante, qui ne trouve pas sa gomme, qui ne trouve pas sa trousse, qui ne trouve pas son livre, qui veut qu'on lui dicte les mots de sa dictée, qui ne comprend pas pourquoi 7,25 est plus petit que 7,8 alors que 25 est plus grand que 8.

- Mr Thing Two qui a oublié la différence entre épithète et attribut, qui n'a pas le manuel qu'il faut, et surtout qui doit faire des exercices sur l'ordinateur, parce que nous n'avons pas eu de version imprimable, ce qui veut dire à la fois qu'il me pique mon outil de travail et qu'il m'appelle sans cesse parce qu'il a fermé la fenêtre par inadvertance ou qu'il ne sait pas revenir en arrière ou qu'il cherche le E accent circonflexe.

On y passe la matinée tout entière. Je n'essaie même pas de travailler. Je n'arrive même pas à ranger ou vider le lave-vaisselle. A 13h30, je décrète que c'est terminé pour aujourd'hui.

Ils vont jouer. Moi, je cuisine. Un repas rapide. Des pâtes.

Nous mangeons. Ils chahutent et rigolent. J'ai mal à la tête.

14h45, le repas est terminé, ils ont débarrassé la table. Je n'ai toujours pas commencé à travailler. Mais contrairement à l'année dernière, cette fois, on peut sortir ! Je les envoie se défouler dehors, dans la résidence, avec consigne de ne pas revenir avant 16h, sauf cas de force majeure.

Ils sortent. Ils sortent ! Enfin seule !

Je me fais un café,

Je m'installe devant l'ordinateur...

... et c'est à ce moment-là que le ciel, jusqu'ici radieux, s'est assombri, et qu'il a commencé à NEIGER.

 

 

(Ils sont remontés aussi sec. Ils redoutent plus l'hypothermie que leur mère. C'est plutôt une bonne nouvelle, j'imagine. Snif.)


 


vendredi 2 avril 2021

Un mauvais chocolat fictif

 Roman pour les ados, américain. Un personnage dit qu'il va mettre la bouilloire à chauffer. Très bien. Quelques lignes plus loin, il verse de l'eau chaude dans deux mugs. Très bien. Et trois paragraphes plus loin, il pose sur la table....

... deux chocolats chauds.

Mais euh ?

 

(Oui, je SAIS qu'autrefois on faisait du chocolat chaud avec de l'eau, mais ce n'est pas un roman historique. Et je SAIS qu'aujourd'hui encore, certains mauvais bars servent du chocolat chaud faits avec de l'eau et du lait en poudre, mais là c'est censé être un bon chocolat chaud, crémeux, délicieux, réconfortant, avec chamallows et tout ! Je refuse de laisser ça comme ça. Je vais prendre l'initiative de remplacer la bouilloire par une casserole et l'eau par du lait, na.)