lundi 31 décembre 2012

Voeux

Ce matin, coup de téléphone d'une amie que je vois trop rarement. Elle termine ainsi la conversation :
— Je te souhaite plein de bonnes choses, mais pas seulement pour 2013, aussi pour aujourd'hui, parce qu'il n'y a pas de raison de ne penser qu'à demain, il faut vivre dans le présent !

Suivant son exemple, je vous souhaite donc une bonne journée, puis un bon réveillon, puis un bon 1er janvier sans indigestion ni gueule de bois, puis une bonne année 2013, puis plein de bonnes années et de bonnes décennies ensuite.

(Heureusement que les vœux ne coûtent pas cher...)

dimanche 30 décembre 2012

C'est à toi !

Miss Thing One me montre un de ses jouets :
— C'est à toi, ça !
— C'est à moi, ma puce ?
— Non ! C'est à toi !
— Ah, c'est à toi !
— Oui, c'est à toi !
— On dit "C'est à moi", ma chérie.
— C'est à moi ?
— Voilà, c'est ça, c'est à moi.
— Noooon ! Pas à Maman ! C'est à TOI !
— Oui mais non, je ne veux pas dire que c'est à moi, mais que toi, si c'est à toi, tu dois dire "c'est à moi" et pas "c'est à toi", même si tu es toi et pas moi, quoi, tu vois ?
— C'EST A TOI ! Buuaaaaaaaahh !

Oh, mon Dieu, comment vais-je m'en sortir ? Ah ! je sais :
— C'est à Lila* ?
Elle cesse de pleurer, opine du bonnet, confirme :
— C'est à Lila !

Enfin bref, c'est à elle, quoi.


*Son prénom, tel que prononcé (jusque récemment) par son frère.

samedi 29 décembre 2012

Bread pudding salé, rapide et pas cher

- Du pain rassis, conservé depuis plusieurs semaines (mois...), qu'on fait tremper dans du lait chaud ;
- des oeufs ;
- des restes de restes de restes de restes de dinde (mais si, on en viendra à bout) ;
- du fromage (il faut toujours du fromage dans un plat salé, c'est comme ça) ;
- des oignons (idem) ;
- des haricots verts décongelés à la sauvage au micro-ondes, pour la caution verte (les oignons, c'est pas vert) ;
On mixe tout ça ensemble, on cuit à la poêle ou au four selon la quantité, la consistance désirée, la maîtrise de la consommation énergétique et la position de Vénus en ascendant Saturne, et on obtient une grosse galette qui fait office de plat complet à peu près équilibré pour le déjeuner.


Ce qui n'était absolument pas prévu, c'est que tout le monde a aimé ça.

vendredi 28 décembre 2012

Jouets et genres

Matin de Noël. Mr Thing Two ouvre un paquet et tombe sur une boîte de petites voitures. Il pousse des hurlements de joie.
— Ah, tu vois ! me dit-on.
Sous-entendu, "tu vois que c'est bien un garçon et qu'il aime les jouets de garçon !"
Sauf que Mr Thing Two est un grand enthousiaste qui pousse des hurlements de joie à chaque nouveau cadeau. Et que dix minutes plus tard, il s'est emparé de la poupée qui a été offerte à sa soeur et s'emploie à lui faire un brushing d'enfer à l'aide d'une brosse, pendant que Miss Thing One s'intéresse de près au petit train refilé par son grand frère.
Cette fois, il n'y a pas eu de commentaire...


(La nuit dernière, Mr Thing Two a même voulu dormir avec sa propre poupée, comme sa soeur – car il en a une aussi, bien sûr. Mais au bout d'une demi-heure, il m'a appelée pour que j'aille la coucher ailleurs. Parce qu'il lui manque la fameusse "fibre maternelle" ou parce qu'il remue bien plus dans son lit, et que ce jouet en trop le gênait ?)


Edit : en bonus, sur le même thème, cette chanson d'Anne Sylvestre qui me fait bien rire – j'adore en particulier la chute :

Quand il était encore bébé
Xavier
Voyant sa mère qui pouponnait
Son cadet
Voulant tout faire comme maman
Tendrement
Langeait et berçait son ourson
Sans façons


Vous voyez vous voyez
Qu'il était bien disposé


Mais les amis mais les parents
Apprenant
Qu'il était tendre et maternel
L'eurent belle
De tomber à bras raccourcis
sans merci
Sur la pauvre maman tranquille
Malhabile


Vous voyez vous voyez
Qu'elle n'y avait pas pensé


Ils lui prédirent avec terreur
Quelle horreur
Qu'il allait être paraît-il
Pas viril
Dirent qu'il fallait mettre aussitôt
une auto
Dans les mains de ce petit mâle
Anormal


Vous voyez vous voyez
A quoi on peut échapper


Mon Xavier n'a pas protesté
Pas pleuré
A enroulé vaille que vaille
La ferraille
Dans le mouchoir de sa maman
Tendrement
Puis il a fait faire dodo
A l'auto


Vous voyez vous voyez
Qu'on pouvait bien s'inquiéter


Je dois pourtant vous rassurer
Sur Xavier
Il a passé sans avanies
Son permis
Ses sentiments pour son auto
Sont normaux
Tous ne peuvent pas en dire autant
Bien souvent


Vous voyez vous voyez
Tout finit par s'arranger


mercredi 26 décembre 2012

Lendemain de Noël

Laver draps et serviettes des invités, passer des heures à ranger, trouver un menu pour accommoder les restes (dont environ 2 kilos de dinde) (en fait, le poulet, c'est meilleur, non ?) (ce qui est assez rageant, vu le prix du volatile), nettoyer la cuisine de fond en comble, faire de la place pour les nouveaux jouets des enfants, peiner à terminer la bûche qui ne se conservera pas très longtemps, découvrir qu'un beau chemisier trop rarement porté a été irrémédiablement taché, vérifier qu'il ne reste plus rien dans les calendriers de l'avent (ce serait miraculeux, mais on ne sait jamais), compter les jours trop nombreux jusqu'à la réouverture de la crèche... On ne peut pas dire que les lendemains de Noël soient forcément très gais.
Heureusement, il y a un nouveau livre à lire, un nouveau DVD à regarder, un weekend sans enfant à planifier (mon plus beau cadeau !), du très bon chocolat à grignoter, des nouvelles boucles d'oreilles à porter...
... et puis une nouvelle boîte de Playmobils, énorme, à monter en suivant minutieusement le mode d'emploi, ce qui est presque aussi amusant que construire un meuble IKEA.
Finalement, les lendemains de Noël ont aussi leur charme...

dimanche 23 décembre 2012

Juge et partie

Le Grand vient d'avoir sa deuxième otite coup sur coup, alors que ça faisait des années que ça ne lui était pas arrivé. J'imagine que le fait que j'aie oublié deux fois de lui donner son médicament la première fois n'a pas dû aider. Du coup, cette fois, il fait très attention, et nous le rappelle matin et soir. Je m'extasie :
— Heureusement que tu es là pour nous le rappeler, dis donc !
Il hausse les épaules :
— De toutes façons, si je n'étais pas là, tu n'aurais pas besoin d'y penser...

samedi 22 décembre 2012

Vivèrent-ils ?

Première correction orthographique de la traduction que je viens de terminer (enfin, pour ainsi dire, car il reste donc les corrections, les recherches, les vérifications, la traduction des noms propres, la relecture, etc. Des broutilles !).
"Pendant quelques semaines, ils vivèrent ensemble..."
Ben ? Pourquoi est-ce que Word me souligne ce mot en rouge ? On dit bien "ils livrèrent", non ?
A moins que ça ne se conjugue comme "suivre" ? Ça me semble bizarre, mais essayons :
"Pendant quelques semaines, ils vivirent ensemble..."
Non, pas mieux.

Question : quand une traductrice met une bonne demi-minute à retrouver "Ils vécurent", faut-il qu'elle change de métier, ou juste qu'elle aille se coucher ?

vendredi 21 décembre 2012

Menu original pour le réveillon

Cette année, je me suis nettement moins intéressée à Noël que d'habitude. J'ai sorti la crèche, acheté des friandises pour la Saint-Nicolas, rempli les calendriers de l'avent, mais en gros, c'est tout. Pas de sapin (où le mettrions-nous ? Dans les toilettes ?), presque pas de décorations (pour ne pas effrayer les acheteurs potentiels qui visitent l'appart), pas de petits gâteaux (un crève-cœur, mais là je n'ai vraiment pas eu le temps), et je n'ai même pas encore acheté tous les cadeaux (alors que j'y ai passé la matinée).
Et surtout, je n'ai pas testé mon menu de Noël un bon mois à l'avance, comme les autres années. Pire : je n'ai pas choisi mon menu de Noël un mois à l'avance.

Il faut dire que ma mère a placé la barre très haut. Pendant des années, elle a réalisé des repas somptueux et toujours différents pour toute la famille, avant de s'exiler en province il y a une petite décennie. Nous avons eu de tout, des pâtes fraîches (pour douze personnes !), des vol-au-vent maison, du sanglier, des galettes de maïs épicées, et même trois plats de lasagnes différents (d'ailleurs, ça, c'était moi). Alors que faire ? Comment être originale, après ces prouesses toujours renouvelées ?

C'est seulement il y a quelques jours que j'ai trouvé. Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ? J'ai concocté un menu en trois parties dont je suis très fière, sans compter que je suis certaine que ma mère n'a jamais tenté une chose pareille. Voici ce que je vais servir à mes hôtes :
- saumon fumé
- dinde aux marrons
- buche

Avouez que c'est génial, non ?

jeudi 20 décembre 2012

FIN

477 pages dans la version originale.
3 mois de boulot, environ 65 jours ouvrables, desquels il faut déduire plusieurs jours d'enfants malades et quelques déplacements, mais auxquels il faut ajouter jusque 7 soirées par semaine.
14 chapitres, divisés en 2 parties, et 1 épilogue.
11 romans traduits en français par mes soins de la plume de cet auteur prolifique.
2 héros qui vivent une histoire d'amour "sans frontière", et 4 ou 5 autres personnages importants.
230 occurrences environ (une fois toutes les deux pages en moyenne) des expressions "Elle/Il prit une profonde inspiration", "Elle/Il le/la regarda", "Elle/il acquiesça", "Elle/il sentit son coeur se serrer", "Elle/il retint un cri/un frisson/des larmes", et d'autres clichés semblables, avec une mission délicate : en supprimer autant que possible sans raccourcir exagérément le roman.
576.065 signes en français, espaces compris.
1 éditeur, 1 assistant, 2 correcteurs qui vont prendre le relais de la traductrice.
24 mots que je n'ai pas trouvés dans mon dictionnaire, et donc autant de recherches à faire sur Internet.
4 blasons décrits, alors que je ne m'y connais pas du tout en langage héraldique.
3 lettres pour 1 seul mot, que je viens de taper au bas de mon texte : FIN.

Bon sang, que ça fait du bien !

mercredi 19 décembre 2012

Anti-intello

Ma gamine n'aime pas les livres.
Comment est-ce possible ? Je ne savais même pas que ça pouvait exister, un enfant de cet âge qui ne s'intéresse pas aux histoire qu'on lui raconte. Sauf peut-être quand on grandit dans un appartement dont chaque mur disponible, y compris dans le couloir, est couvert de livres jusqu'au plafond ? Simple esprit de contradiction ?
En tous cas, ça me sidère. Et ça m'agace aussi. Parce que depuis bien longtemps, tous les soirs, le rituel est le même. Je couche les Things, chacun dans son lit, je m'assois entre les deux, et je leur raconte un album. Il y a eu des variantes – deux albums à l'époque où ceux-ci n'étaient pas très longs, une ou deux berceuses ensuite, un livre chacun à regarder tout seul quelques minutes avant de dormir... Mais toujours, il y a ce moment où je leur raconte une histoire pour clore la journée.
Sauf que depuis quelques semaines, Miss Thing One m'écoute avec de moins en moins d'attention, et rarement jusqu'au bout. Pourtant, je fais tout ce que je peux pour retenir son attention : j'essaie de choisir des thèmes qui l'intéressent, je simplifie le texte quand je lis un album pour la première fois, je commente des détails dans l'image... Mais rien à faire, au bout d'un moment, elle se déconcentre – elle qui est capable de passer vingt minutes à faire un dessin ou à mettre un objet dans un sac pour l'en ressortir, puis rebelote, ad libidum.
Et ce moment où elle se déconcentre arrive de plus en plus tôt.
Ces derniers jours, ça commence dès que j'ouvre le bouquin.
Ce qui nous donne à peu près ça :

Un soir, Max enfila son costume de loup. Il fit une bêtise...
— Agade, Maman, bébé coute lire !
— C'est vrai, ta poupée écoute le livre ? C'est bien. C'est une jolie histoire, ça va lui plaire. Donc : Il fit une bêtise, puis une autre...
— A côté toi !
— Ah bon, tu l'as assise à côté de toi ? Tant mieux. Regarde, ma chérie, Max fait peur au chien !
—  A côté toi, Maman !
— Oui, j'ai compris, ma puce, ta poupée est à côté de toi. Il fit une bêtise, et puis une autre, et puis une autre...
— Mamaaaaan ! Agade ! Coute, bébé !
— Oui, je sais, mais maintenant, tu vas lui dire de se taire, à ta poupée, sinon elle ne va rien entendre. Restez bien sage, toutes les deux. "Monstre", lui dit sa mère. "Je vais...
— Maman !
— Chut ! "Je vais te manger", dit...
— Mamaaaaaaaaaan !
— Bon, écoute, maintenant ça suffit ! Je ne veux plus t'entendre. Je raconte un livre !
— Oooiiiiiinnnnnn ! Buaaaaaaaaaaahhhh ! Câlin !
— D'accord, je te fais un câlin, ça y est, je ne suis plus fachée, mais tu te tais, pigé ? "Je vais te manger", dit Max, et il se retrouva au lit...
— Agade bébé, maman !
— Ah, mais zut à la fin, SILENCE !
— Ooooiiiiiinnnnnnnnnn ! BUUUUUAAAAAAAAAAAH !
GRRRRROOOOOAAAAAAAAARRRR !
Ce qui n'est pas le cri des Maximonstres, mais le mien.

Bref, oui, ça m'agace.
— En fait, ce qui t'agace le plus, c'est qu'elle ne te ressemble pas, prétend Darling. Tu ne supportes pas l'idée qu'elle ne puisse pas aimer les livres autant que toi. Et tu n'as pas encore compris qu'elle faisait ça pour t'énerver ?
Si, je l'ai compris, merci. Et alors ? Justement, ça m'énerve. Comment puis-je raconter un livre à Mr Thing Two, qui adore ça, dans ces conditions ? Franchement, à moins de lui raconter le livre en hurlant pour couvrir la voix de sa soeur – j'ai essayé, je me suis fait mal à la gorge, sans compter que c'est miracle que les voisins ne soient pas venus la hache à la main – je ne sais plus quoi faire.

Précisions par ailleurs que ce désamour des livres ne concerne pas que l'histoire du soir. Même dans la journée, même en mon absence, il est extrêmement rare qu'elle choisisse un album parmi les 50 ou 60 qui sont à leur portée pour le regarder toute seule, alors que Mr Thing Two le fait plusieurs fois par jour. Donc ce n'est pas que pour m'embêter. Enfin, je crois.

Bref, avant-hier soir, j'ai décidé que ça suffisait. Au moment de se coucher, j'ai dit à la gamine que suite à la scène particulièrement violente de la veille, et puisqu'elle n'aimait pas qu'on lui raconte un livre, j'allais en raconter un à son frère sur le canapé, et non après avoir confinés les gamins dans leurs lits. Pendant ce temps, elle serait donc libre d'aller jouer à ce qu'elle voulait.
Ce qu'elle voulut, ce fut bien entendu de courir immédiatement s'installer dans le canapé.
Sauf que Mr Thing Two, pas trop possessif en ce moment, mais qui devait avoir envie d'écouter une histoire sans interruptions intempestives, a protesté. Il a même osé la pousser.
Le résultat ?
Vous pouvez le voir un peu plus bas, juste ici.

Donc en fait, cette fillette rejette les livres par esprit de contradiction, n'aime pas être tenue à l'écart, et réagit violemment quand on l'agresse.

Qui a dit qu'elle ne me ressemblait pas ?

mardi 18 décembre 2012

Et les bâtards, dans tout ça ?

Lu sur LeMonde.fr :
A défaut de testament, c'est la loi qui s'occupe de la répartition du patrimoine d'une personne décédée. Elle en attribue une partie au conjoint marié (...) et le solde aux enfants. En l'absence de mariage, ce sont les parents ou les frères et sœurs qui héritent, dans une stricte égalité.
Aujourd'hui, en France, plus d'un enfant sur deux nait hors mariage (52,5% en 2008). Ce qui n'empêche pas ces malheureux conçus dans le péché d'hériter de leurs parents. Quelqu'un pourrait-il en informer le journaliste ?

lundi 17 décembre 2012

Morsure Cluedo

Le lieu : la salle à manger. L'arme du crime : les dents. Mais qui a mordu le docteur Lenoir ?


(Un indice ici. Je savais bien que ça nous serait utile un jour...)

dimanche 16 décembre 2012

Neuf mois pour défaire

Mon gamin a neuf mois aujourd'hui.
Neuf mois d'amour et de bonheur... Neuf mois dedans, neuf mois dehors... Neuf mois qu'il enchante ma vie, blablabla, blablabla...
Mais non, revenez, c'était une blague, je n'ai pas du tout prévu de vous chanter le couplet de la mère aimante. Pas aujourd'hui. Je voulais simplement évoquer un dicton populaire bien connu :

"Neuf mois pour faire, et neuf mois pour défaire"
ou, si vous préférez la version la plus explicite :
"Il faut neuf mois pour faire un bébé, et neuf mois pour retrouver son corps"

Ouais.
C'est ça.
Mais bien sûr.

Commençons par virer manu militari toutes celles qui, après une grossesse de rêve (tant qu'à faire), ont eu la bonne surprise de découvrir qu'elles pouvaient enfiler leur jeans à la sortie de la maternité, et n'ont plus le moindre soucis au bout de six semaines (et un bébé qui fait ses nuits, pour faire bonne mesure). Allez donc voir chez Laurence Pernoud si j'y suis, merci.

La vérité vraie, c'est que non seulement la grossesse EST une maladie, comme je vous l'ai déjà abondamment démontré (cliquez sur le libellé "grossesse" pour avoir l'historique), mais en plus, c'est une maladie qui laisse des séquelles. Pas forcément grave, mais souvent définitives.

Pour ma part, neuf mois après cette troisième grossesse (oui, parce qu'en plus, ça s'accumule, bien sûr), voici le bilan :
- La peau du ventre à jamais ravagée. Je ne vais pas m'étendre là-dessus, il est évident que c'est un problème épargné à l'immense majorité des femmes, car il faut une combinaison gagnante : une peau qui marque très facilement et une prise de poids importante (donc une grosses gémellaire, par exemple). Mon ventre était déjà bien enlaidi après le premier gamin, mais là... J'en veux pour preuve que les coupables eux-mêmes (mes enfants, quoi) ouvrent des yeux horrifiés quand ils voient mon ventre. Sales gosses.
- Dix kilos de plus qu'avant ma première grossesse. J'imagine que je pourrais en perdre quelques-uns en "faisant un effort", mais ensuite, il faudrait que je continue à me limiter pendant le reste de mes jours, car je crains fort que mon poids de forme (mon poids d'équilibre, si vous préférez) qui ait changé.
- Les abdominaux bien amochés, et même un peu écartés, même que ça s'appelle une diastasis des grands droits et qu'il ne faudrait pas que ça empire, mais je vous passe les détails.
- Un début de descente d'organes. Rien de grave pour l'instant, juste quelques petites gènes, voire quelques douleurs, dans certains cas. Je ne veux pas savoir ce que ça donnera dans trente ans.

Et encore, je ne peux pas trop me plaindre. J'ai échappé aux fuites urinaires (très courantes), au diabète définitif (c'est pour la prochaine fois, il paraît), et aux vergetures sur la poitrine (j'en ai tant eu à l'adolescence qu'il n'y avait plus la place). Et je vous passe d'autres désagréments intimes.

Alors, bien sûr, vous me direz que ça en valait la peine, que j'ai des enfants mignons comme tout, que si c'était à refaire je le referais, etc. Je ne dis pas le contraire. N'empêche que Darling aussi a quatre gamins adorables, sans que son physique en ait été le moins du monde affecté (à moins qu'on attribue à ces derniers ses nombreux cheveux blancs) (mais j'en ai au moins autant).
Dans une autre vie, je voudrais donc bien être un père de famille nombreuse, merci.
(Ou une hippocampe femelle, à la rigueur.)

samedi 15 décembre 2012

Ration de survie pour les fêtes

Nous avons reçu ce matin un énorme carton contenant au moins quinze kilos de nourriture. Du pain complet, noir comme du charbon, et un nombre incalculable de saucisses et autre charcutailles pour Darling. Un stollen lourd comme une pierre, un cake ultra-compact avec des fruits confits, deux kilos de biscuits aux noisettes. Des after-eight pour moi, six paquets de chocolats Kinder pour les enfants, plusieurs tablettes, du cacao en poudre, des pralinés, etc.
Un colis de survie de la part d'un cousin allemand qui a pris un peu trop au sérieux cette histoire de rigueur ?
Non, juste le traditionnel paquet de Noël que nous envoie tous les ans la mère de Darling.


(Mais si, ne vous inquiétez pas, nous aurons tout fini avant Noël. Sans problème.)

vendredi 14 décembre 2012

Du bon pied

Une bonne nuit, sans interruption intempestive, quoique trop courte (le Petit s'obstine à commencer sa journée à 6h) ;
Un morceau du gâteau poire/chocolat préparé la veille pour le petit-déjeuner ;
Un départ à 8h15, qui me permet d'accompagner le Grand à l'école (c'est très rare) et le Petit à la crèche (Darling se chargera des deux autres) ;
Trois quarts d'heure de footing avec passage dans un grand parc ;
Un retour en vélib, pour ne pas avoir à boucler le circuit, qui m'offre le plaisir de chanter en pédalant (et de ne faire regarder avec méfiance par les passants) ;
Trois paquets arrivés par la poste, contentant des "cadeaux" que j'avais choisis moi-même avec des points de fidélité, mais dont j'avais déjà oubliés l'existence, donc presque des surprises ;
Une bonne douche avec ce frisson délicieux que procure toujours, en hiver, après une course à pied, le contact de l'eau chaude sur la peau glacée ;
Une tasse de ce très bon "thé de Noël" épicé offert par un ami ;
Un coup de fil à ma grand-mère, avec choix définitif de la date et heure du repas de Noël ;
Un billet de Ciloubidouille, blog que je consulte régulièrement même si je ne bidouille jamais rien, intitulé "Je suis féministe" ;
Un email de ma banque m'annonçant qu'à la suite de mes quinze relances, mon offre de prêt à enfin été éditée ;
Au moment de se mettre au travail, la constatation que j'ai presque rattrapé mon retard sur ma traduction, qu'il ne me reste plus que 70 pages, et que je devrais donc réussir à rendre mon texte à temps.

Voici une journée qui commence bien.

jeudi 13 décembre 2012

Deux lapins (mais si)


— C'est quoi, ça ?
— Un lapin, ma chérie.
— Et ça ?
— Un lapin, mon poussin.


Perplexité.


Ben quoi ? Ça ne se voit pas, que c'est le même animal ?

mercredi 12 décembre 2012

En selle !

6h15. Le Petit se réveille. Par principe, et dans l'espoir toujours déçu qu'il finira par comprendre le message et par régler son horloge intérieure, je ne le lève pas avant 6h45. Il râle (c'est une litote). On le biberonne dans notre lit, et le marathon quotidien commence. Douche. Les Things m'appellent. Deux autres biberons. Je réveille le Grand. Céréales. Allez, on se dépêche. Trois couches à changer. Ah non, quatre : il y en a toujours un qui se décide à faire la grosse commission après être passé par la salle de bain. Vite ! Un mot dans le carnet de correspondance du Grand, pour lui éviter de traîner son otite à la piscine avec sa classe. Il perd son pantalon ; où est sa ceinture ? Bon sang, il est 8h25, allez, file ! On habille les autres. C'est l'hiver : chaussettes, sous-pulls, cagoules, etc. Plus vite, Darling doit les conduire à la crèche avant d'aller à la librairie, et il fait l'ouverture !
Ouf, ça y est, Darling est parti avec les Things ; je les entends qui hurlent et refusent d'avancer dans la cour de la résidence. C'est son problème, pas le mien. Il se débrouillera. Le Petit a rendez-vous chez le pédiatre à 9h15. Je n'ai pas de temps à perdre. Je n'ai toujours pas mangé, et mon ventre crie famine ; je grignote un bout de pain sur le pouce. Hop, hop, vite ! Le carnet de santé, le chéquier, les vaccins, deux couches de rechange et un body en prime (on ne sait jamais). C'est l'heure d'y aller. Chaussons, pull, cagoule pour lui. Il hurle, il est épuisé, ça fait bientôt trois heures qu'il est levé. Chaussettes, chaussures, bonnet pour moi. Où est le porte-bébé ? Hop, le gamin sur le dos. Plus vite ! Le manteau de portage, avec un trou pour laisser passer la tête du petit. Mon sac. Il est 9h07, c'est juste mais ça devrait être bon, le pédiatre n'est pas loin. Ne surtout pas être en retard, ça le décalerait pour le reste de la journée et il déteste ça. Mes clefs sont dans mon sac ? Oui. J'ouvre la porte...

Et c'est là que c'est arrivé.
A 9h08, sur le seuil.
Avec bébé et manteau sur le dos, sac à main et pseudo sac à langer à bout de bras.
C'est juste à ce moment-là qu'elle s'est manifestée.
La gastro.

Oh, une petite gastro de rien du tout, à peine quelques crampes au ventre depuis 24h, et puis soudain, cette envie pressante, urgente, immédiate, à laquelle on ne peut pas résister, à laquelle il ne faut pas tenter de résister sous peine de se retrouver avec un slip plus sale que la couche de Mr Thing Two quand il a mangé trois fruits à la suite en dessert (c'est fréquent).

Que vouliez-vous que je fasse ?
J'ai refermé la porte, et j'y suis allée. Avec le porte-bébé, et le manteau, et l'écharpe, et les gants. Enfin, je crois que j'ai ôté mes gants.
J'ai eu de la chance, le Petit ne s'est pas mis à hurler. Il avait même l'air assez intéressé de voir pour la première fois la salle de bain sous cet angle. Et j'ai découvert que le porte-bébé dorsal est placé assez haut pour ne pas être incompatible avec un usage normal du papier toilette. (J'avais déjà testé il y a deux ans et quelques mois, pour la petite commission, avec un bébé endormi dans le porte-bébé en position ventrale, et c'était plus délicat.)

En fin de compte, je n'ai même pas été en retard.

lundi 10 décembre 2012

Jurons grossiers

Quand j'étais petite, ma mère m'autorisait à dire des gros mots. Pas des insultes, attention ! Mais des interjections, ça ne lui posait aucun problème. Du moment que je ne m'en prenais à personne, j'avais tout à fait le droit de lâcher un "merde !" sonore si je me cognais le pied contre un barreau de chaise.
Même les insultes, d'ailleurs, étaient autorisées dans certaines circonstances. Si j'avais eu envie de traiter de salaud un homme politique d'extrême-droite, je ne pense que loin de me corriger, elle m'aurait applaudie.

Résultat, je suis la personne la plus polie du monde. Même si une armoire entière me tombait dessus, je m'exclamerais sans doute (avec mon dernier souffle) quelque chose comme "Oh, zut !" ; et si je me faisais un jour racketter en pleine rue, je traiterais probablement mon agresseur de "méchant vilain".

(Conclusion : si vous voulez que vos enfants soient polis, encouragez-les à dire des horreurs. Attention, je décline toute responsabilité au cas où leur esprit de contradiction serait moins développé que le mien.)

Revers de la médaille : aujourd’hui, je suis toujours très ennuyée quand je dois traduire un juron. En général, il n'y a rien qui me vient à l'esprit, à part deux ou trois grands classiques.
Heureusement, je viens d'acheter un dictionnaire sur CD-rom absolument génial, qui peut à la fois vous donner des rimes, des locutions, des synonymes, des étymologies, des mots de la même famille, des conjugaisons, et même des définitions (c'est fou). Et dans lequel il est possible de faire des recherches très poussées.
Toute joyeuse, juste après mon achat, quand j'ai rencontré mon premier juron au fil du texte, j'ai donc vérifié quelle était la définition de "putain" et "bordel" (les interjections, pas les noms communs), et j'ai cherché tous les autres "jurons grossiers".

J'avoue que le résultat m'a surprise. Certes, je le répète, je ne suis pas du tout experte en grossièretés. Mais tout de même, je n'ai jamais entendu personne s'écrier, après avoir lâché une bouteille d'huile sur le carrelage de la cuisine, "tabarnaque !", "câlisse !", "stie !", "simonaque !", "viarge !", "maudite marde !", "calvince !", "cibolak !", ou "caltor !"

Ce n'est qu'après être restée perplexe pendant deux bonnes minutes devant ma liste (qui comprenait encore une quinzaine de termes tous plus bizarres les uns que les autres) que je me suis enfin souvenue que ce très bon dictionnaire avait été conçu par des Québécois...

(Bon, on va dire que mon héroïne s'écriera "Nom d'un chien !" ou "Saperlipopette !", alors.)

dimanche 9 décembre 2012

A quel sein se vouer ?

Je porte un T-shirt assez décolleté (et même si je n'allaite plus, il y a encore des choses à voir).

Réaction de Miss Thing One :
— Ça, seins ?
— Oui, ma chérie, ce sont mes seins.
— A manger, bébé ?
— Oui, avant il buvait le lait de maman, c'est vrai, mais maintenant il prend des biberons, comme toi.
— Riron, bébé !
— Oui, des biberons, c'est ça.

Réaction de Mr Thing Two :
— Ça les seins, ça !
— Oui mon poussin, ce sont mes seins.
(Mon T-shirt serait-il trop décolleté, par hasard ?)
— Ça zoli, les seins !
— Oh, merci mon chéri.
(Je suis flattée. Mais il n'a pas terminé. Il tire sur mon T-shirt pour le remonter.)
— Remettre ?
(OK, il est trop décolleté.)


Objet nourricier, ou bel accessoire qui doit être caché à la vue du monde ?
Je vous laisse deviner avec qui le Petit et Darling se sont respectivement trouvés d'accord.
Le Grand n'a pas voulu les départager.

samedi 8 décembre 2012

Cochon !

Nous revenons de la crèche. Un étrange bruit de frein se fait entendre un peu plus loin, au carrefour ; un grincement assez grave, que Mr Thing Two croit reconnaître :
— Cochon ! T'entends ? Cochon !

Au même instant, nous croisons sur notre droite une mère qui marche avec sa fille de cinq ou six ans. Celle-ci vient de lui demander de quoi sont faits les murs des maisons. La mère va puiser dans les contes pour trouver la réponse :
— Eh ! bien, ça dépend. Tu te souviens de l'histoire des trois petits cochons ?

Juste à ce moment-là, nous passons devant une grand-mère qui époussette son petit-fils, couvert de miette après avoir mangé une viennoiserie. Ce faisant, elle râle :
— Tu t'en es mis partout ! Espèce de cochon !

Je sais que Paris est une grande ville et que les coïncidences font partie de la vie, mais tout de même, combien y a-t-il de chances pour que trois groupes de personnes différentes, sur une surface de quatre mètres carrés, prononce chacun presque simultanément le nom d'un animal qu'on ne voit jamais en ville ?

Peut-être est-ce un signe divin, me suis-je dit. Peut-être que la providence essaie de me communiquer quelque chose.


Du coup, j'ai fait des pâtes au jambon pour le dîner.

jeudi 6 décembre 2012

Lettre à cheval

Le Grand apprend que sa grand-mère veut savoir ce qu'il souhaite pour Noël. Ayant bien retenu mes diatribes contre les listes de Noël, qui ressemblent un peu trop à des listes de courses, il a l'idée de lui écrire une lettre, comme il le faisait autrefois au Père Noël. Initiative que j'applaudis des deux mains.
Mais la lettre met presque deux semaines à atteindre sa destination. Enfin, hier soir, coup de fil. Le Grand m'annonce que sa grand-mère a enfin reçu sa lettre :
— Et elle m'a expliqué pourquoi elle avait mis si longtemps à arriver, tu sais.
— Ah bon ? Pourquoi ? Il y avait une erreur dans l'adresse ?
— Non, mais elle a dit que le facteur était venu à cheval, au lieu de prendre le train ou l'avion. Il a dû traverser toute la France à cheval, alors forcément !
J'ai souri.
Pas lui.
Il était parfaitement sérieux.

Oui, il a dix ans et demi, pourquoi ?

mardi 4 décembre 2012

Monsieur ou Madame ?

Je me décide (enfin !) à répondre à l'appel aux dons de Wikipedia, un site que je consulte tous les jours pour vérifier des détails dans mes traductions.
Combien dois-je donner ? Mettons 10 euros ? Si je devais payer une encyclopédie en ligne, ça me coûterait certainement plus cher, mais je suis fauchée, en ce moment... Allez, 10 euros.
Je commence à remplir le formulaire. Nom, prénom, et titre de civilité : Mme ou M. ?
Ai-je bien vu ?
Pas de "Mlle" !
On veut juste savoir si je suis un homme ou une femme, et pas avoir des détails sur ma vie privée !

Du coup j'ai donné 20 euros.



PS : Je rappelle que l'usage, dans les formulaires administratifs, du terme "Mademoiselle" a été condamné de multiples fois par des circulaires ministérielles (la dernière date de février 2012). Que ce détail "ne constitue pas un élément de l'acte civil des intéressées" (je cite). Que cette distinction qu'on pratique pour les femmes, selon des critères subjectifs (mariée ou célibataire, mais aussi jeune ou vieille, avec ou sans enfants...), n'existe pas pour les hommes. Qu'elle n'a AUCUNE justification légale, et que néanmoins, on la retrouve partout. Il y a moins d'une semaine, encore, on m'a demandé de remplir un formulaire en tant qu'intervenante au salon du livre de Montreuil, et j'ai eu le choix entre "Mme" et Mlle". En quoi ma disponibilité sexuelle (car c'est bien de cela qu'il s'agit, en fin de compte, quand on vous demande négligemment "Madame ou Mademoiselle ?") influerait-elle de quelque manière que ce soit sur mon travail d'interprète ? Je sais que ce n'est pas très grave (quoique, on pourrait discuter longtemps de l'importance des mots et des symboles...), mais ça m'énerve !

lundi 3 décembre 2012

Bain collectif

C'est bien connu, un bain consomme beaucoup plus d'eau qu'une douche, ce qui n'est pas écologique.
Quand on en donne un, environ une fois par semaine, il faut donc le rentabiliser.


(J'ai bien songé à faire également venir le Grand, mais finalement, je n'ai pas osé.)

dimanche 2 décembre 2012

Dora l'exploratrice

Je n'aime pas Dora l'exploratrice. Je n'aime pas les adresses au téléspectateur (y a-t-il réellement des enfants qui répondent à ses questions et même qui se lèvent, soufflent, applaudissent, etc. ? Pas les miens, en tous cas) ; je n'aime pas les voix gnangnan de la version française, je n'aime pas le schéma narratif qui se répète épisode après épisode, je n'aime pas la fausse interactivité avec la "souris" qui "clique" sur les bonnes images, etc.

Mais il faut reconnaître que dans le genre "dessin animé vaguement éducatif", cette série mérite quelques bons points. On peut tout d'abord applaudir le principe de base, qui est de présenter aux petits WASP des États-Unis la culture et la langue de l'Amérique Latine : un peu d'ouverture culturelle ne peut pas faire de mal. On peut aussi apprécier les bons principes, peut-être un peu lourds, mais utiles pour les parents : on met son casque à vélo, on met sa ceinture en voiture, on ne vole pas les jouets des autres, etc. Et surtout, on peut se réjouir de voir une fille en personnage principal d'un programme mixte et résolument anti-sexiste. Cette gamine qui vit toute sorte d'aventures avec son short et ses cheveux courts n'est pas du genre à s'effrayer d'un rien ou à porter des robes de princesses.

Je n'avais jamais vraiment réfléchi à tout ça, mais hier , Dora m'a définitivement conquise. Les deux Things, fiévreux, se reposaient devant la télévision, et j'écoutais d'une oreille les dialogues tout en nourrissant le Petit. C'est ainsi que j'ai découvert qu'à la question "Qu'aimerais-tu faire comme métier, plus tard ?", Dora donne trois réponses :
- joueuse de football
- astronome
- musicienne.

Et dans la foulée, elle nous parle de sa mère, archéologue. Femme, Latino, et archéologue. Bravo !
(Bon, d'accord, pour les besoins de l'intrigue, cette archéologue a besoin de sa fille, d'un singe ET des téléspectateurs pour trouver un rubis gros comme une théière qui trône au sommet d'un piédestal à cinquante centimètres sous son nez... mais ne chipotons pas !)


PS : Je sais bien, hélas, que les produits dérivés ne correspondent pas du tout au féminisme de la série. Tous ces objets roses bonbons, exexclusivement destinés aux filles, avec une Dora souvent habillée en robe pour l'occasion (alors que ça ne lui arrive quasiment jamais dans la série)... C'est désolant. Hélas, bien des héroïnes progressistes ont connu le même sort, parmi lesquels la malheureuse Mulan...

vendredi 30 novembre 2012

Lève-toi et marche !

Je vous ai déjà raconté qu'il y a quelques mois, pas très longtemps après la naissance du Petit, j'avais un jour perdu la tête face à trois gamins hurlants et allongé sur le coussin d'allaitement... Miss Thing One, qui s'était même tue de surprise face à ce traitement inattendu. Dans la série "Quand on a beaucoup de gamins on perd parfois la tête et on mélange tout, quoique prétendent les mythes sur la parentalité", voici le dernier épisode :

L'autre jour, dans un café, tandis que j'essayais désespérément de convaincre les trois plus grands de rester à peu près sages, Darling a voulu déposer le bébé qu'il tenait dans les bras pour me venir en aide... et il l'a mis debout par terre.
Autant vous dire que le Petit, huit mois, s'est immédiatement vautré sur le carrelage, et a protesté très vivement contre ce traitement.
Personne dans le café n'a dû comprendre pourquoi ces parents indignes étaient écroulés de rire devant leur pauvre bébé qui venait de se casser brutalement la figure.
(Heureusement, les Things ont distrait l'attention en vidant une étagère, et nous avons échappé au signalement auprès de SOS Enfance Maltraitée.)

Interprétation et automatismes

Comment faire rire une assemblée d'ados désoeuvrés qui sont venus en traînant les pieds rencontrer un auteur étranger au Salon du Livre Jeunesse de Montreuil, et qui se fichent complètement de ce que ledit auteur a à leur raconter, à tel point qu'ils regardent à peine les objets que celui-ci a apporté et n'écoutent pas ses plaisanteries ?
Faites votre travail d’interprète consciencieusement. Traduisez les interventions de l'auteur en français. Traduisez systématiquement les questions des ados dans la langue de l'auteur, même s'il comprend un peu le français. Ceci jusqu'à l'épuisement.
Et puis à un moment, quand l'auteur, après une question assez facile, mobilise ses connaissances de la langue française pour répondre dans cette langue, traduisez imperturbablement la phrase qu'il vient de prononcer dans sa langue à lui, micro à la main, en vous adressant aux ados qui vous font face.
Succès garanti.

jeudi 29 novembre 2012

Liégeoises ou pas ?

J'ai fait des gaufres liégeoises pour le Grand et ses copains qui viennent ponctuellement dévorer un goûter gargantuesque tous les jeudis.
Sauf qu'en fait, je n'ai jamais mangé de gaufres liégeoises de ma vie.
Alors oui, le résultat est plutôt bon, mais comment puis-je savoir si ça ressemble de près ou de loin à l'original ?

Je vais plutôt aller préparer des chocolats liégeois, tiens. En plus, je suis sûre que ça ira bien avec les gaufres.

(Une fois, j'avais fait un "bortsch" parce que j'avais des betteraves à écouler. Mais, là encore, je n'en avais jamais mangé ni même vu de ma vie. Ce sont mes invités qui se sont étonnés que ce soit si peu liquide. J'ignorais que c'était censé être une soupe...)

mercredi 28 novembre 2012

Caramels

— Que veux-tu pour Noël ?, m'a demandé ma grand-mère.
Quelques secondes de réflexion, et puis :
— Heu... je ne sais pas... un découpoir à caramels ?

À son silence interloqué, j'ai bien senti que ce n'était pas la réponse à laquelle elle s'attendait.
Ben quoi ? C'est drôlement cher, et ça me serait très utile pour découper toutes mes friandises carrées (caramels, mais aussi guimauves, millionaire's shortbread*, carrés au citron, nougats, etc.)
Si je demande un couvercle retourne-omelettes ou un lot de becs verseurs amovibles, je suppose que ce n'est pas beaucoup mieux ?

Bon, ben on va dire une participation à un weekend au ski, ou un billet pour un opéra, ou une paire de boucles d'oreille, ou le DVD de "Rebelle" que je n'ai pas pu voir, ou un porte-tickets de métro, ou le dernier Daniel Pennac, ou un guide des potagers en carrés...
(Mais c'est moins original, convenez-en.)


*Après des années de recherche et une demi-douzaine de recettes testées, j'ai enfin trouvé une variante de cette gourmandise incroyable qui me convient totalement. Pour ceux qui l'ignorent, le millionaire's shortbread consiste en une couche de sablé, puis une de caramel, puis une de chocolat. Mais non, ce n'est pas trop sucré. C'est même bon. Mais si on y ajoute des brisures de noix de pécan, ça devient vraiment très bon. Vraiment très, très bon. Vraiment vraiment...
(Fofo, reste assise. Pas de pâtisserie aujourd'hui. Tu as un chapitre à terminer d'ici ce soir.)

mardi 27 novembre 2012

Match de mère

Je croise une voisine, la seule autre de la résidence qui ait aussi quatre enfants, dont trois du même âge que les miens (plus une intermédiaire, puisqu'elle n'a pas eu de jumeaux). Nous nous dévisageons mutuellement. Paupières tombantes, teint brouillé, cheveux en bataille, vieux jeans informe, T-shirt enfilé à l'envers. Et chacune un bébé dans les bras, alors que normalement, à cette heure-là, ils sont tous les deux ensemble à la crèche. Je me lance :

— On dirait que tu ne dors pas beaucoup...
— Six heures par nuit, en moyenne.
— Ah ? Moi ça doit tourner autour de quatre ou cinq.
(Un point pour moi.)

— Qu'est-ce qu'il a, ton bébé ?
— Une gastro ET une otite. Et le tien ?
— Une gastro, une otite, ET une conjonctivite.
(Un point pour elle.)

— Et ta deuxans, toujours des colères ?
— De temps en temps. Elle nous en a encore fait une dimanche.
— Tu as de la chance. Miss Thing One en a fait une hier soir, et Mr Thing Two ce matin.
(Un point pour moi.)

— Sinon, ton Grand, ça va ?
— Bof, il n'est pas allé à l'école ce matin, je pense qu'il est au bout du rouleau, il faut dire que tout le monde dort mal. Mais à part ça, ça va. Et le tien ?
— Moyen, il a de grosses difficultés scolaires.
(Un point pour elle.)

— Et ton mari ?
— Un peu surmené, mais il tient le choc. Et Darling ?
— Oh, comme d'habitude, les maladies chroniques, les problèmes de sommeil, les maux divers et variés, la fatigue permanente...
(Un point pour moi.)

— Et ta traduction ?
— J'avais quatre mois pour la faire, il ne reste bientôt plus qu'un mois, et j'en suis à la moitié.
— Ah, c'est mal parti.
— On peut le dire. Et toi ?
— Ben, en plus de mon boulot à plein temps, je vais réessayer de passer ma thèse, puisque c'est la dernière année où je peux le faire, donc j'ai repris mon mémoire...
(Un point pour elle.)

— Bon, alors bon courage !
— Merci, à toi aussi. On va s'en sortir, hein, dis ?
— Mais oui, mais oui... Je crois... J'espère...

(Match terminé. Égalité.)

dimanche 25 novembre 2012

Santons

Plus qu'un mois avant Noël !
Pour fêter ça, le Grand et moi sommes allés avec quelques amis au marché de Noël des Champs-Élysées, à la recherche de nouveaux santons et d'une jolie couronne de l'avent, quête vaine qui m'occupe depuis des années. Toujours pas de couronne (oui, je sais que je pourrais en fabriquer une, sauf qu'en fait je ne peux pas, j'ai piscine), mais il y avait un santonnier Escoffier.
Ayant déjà, outre les indispensables et une demi-douzaine de spectateurs, la dame qui allaite (offerte par une amie) et la dame assise par terre à côté d'un enfant, j'ai hésité à prendre la bohémienne avec un bébé sur le dos, mais finalement j'ai choisi la lavandière, en souvenir de mes dix ou douze lessives quotidiennes.
Quant au Grand, il a choisi un personnage qui lui rappelait son père.
Un monsieur avec un gros tonneau de vin.

(A part ça, c'était sympa, même s'il n'y avait pas beaucoup de stands vraiment intéressants. Mais nous avons bien ri, nous avons mangé un très mauvais kebab et complété le repas par une crêpe au nutella, nous avons croisé une dame complètement bourrée juchée sur des talons hauts qui nous a demandé si nous voulions chanter avec elle, nous avons admiré des bijoux importables, et nous avons complété la sortie par un tour sur la grande roue de la place de la Concorde. Et en plus, il faisait beau. Un chouette dimanche.)

vendredi 23 novembre 2012

Charité bien ordonnée commence par soi-même

Je reçois un message me disant plus ou moins ceci :

Chère Madame,
Je m'appelle Viviane Vivemoi et je suis auteure de plusieurs romans formidables mais dont malheureusement aucun éditeur n'a jamais voulu, j'ignore pourquoi. Je les ai donc auto-édités, et à présent, j'aimerais les faire traduire en anglais pour en faire des philantrolivres, des livres dont la moitié des droits d'auteurs sont reversés à une association humanitaire. Comme je n'ai pas les moyens de financer ces traductions, je cherche des traducteurs bénévoles entre lesquels je répartirai la tâche. Bien entendu, si vous acceptez de participer, en plus d'aller au paradis pour avoir aidé les petits Biafrais, vous serez citée en dernière page en petit caractères dans les remerciements. Alors, ça vous botte ?

(J'ai modifié des éléments et le style de la lettre, mais pas le contenu de la proposition. Nom connu de la rédaction.)

Alors, en dehors du fait que 1) Faire traduire un livre découpé en petits bouts par pleins de traducteurs n'est pas l'idéal du point de vue de l'unité du style ; que 2) cette dame semble ignorer qu'on traduit toujours vers sa langue maternelle, et qu'elle ferait donc mieux de contacter des traducteurs anglais ; et que 3) je n'ai déjà pas le temps de faire les traductions pour lesquelles je suis payée (mais ça, elle ne peut pas le savoir, je vous l'accorde), il y a un petit truc qui me chiffonne :
Arrêtez-moi si je me trompe, mais cette dame demande à des inconnus de travailler gratuitement pour qu'elle puisse ensuite partager les bénéfices entre elle-même et les petits Mongols ?
En gros, c'est moi qui bosse, et c'est elle qui empoche ?
Elle souhaite être rémunéré par ses employés, c'est bien ça ? Comme si je demandais à une baby-sitter de me payer après avoir gardé mes gosses ?

Un peu chagrine, je lui fais remarquer que c'est bien gentil de parler de philanthropie, mais que personnellement je philanthrope toute seule sans son aide, merci bien, et qu'au moins, quand je donne quelques dizaines d'euros à une association humanitaire, il n'y en a pas la moitié qui est détournée au passage. Puisqu'elle souhaite faire preuve de générosité, pourquoi ne pas jouer le jeu jusqu'au bout ? Pourquoi ne pas reverser la totalité des bénéfices aux petits Mapuches ?

Réponse :

Chère Madame,
Si je diffuse mes livres gratuitement, je n'ai plus aucun revenu. Je suis auteure pour gagner ma vie.

Ah. Et moi, je suis traductrice pour passer le temps, quand je m'ennuie entre deux lessives ?

Vexée que je me méprenne à ce point sur ses intentions, elle a fini par se draper dans sa dignité :

Vous n'avez rien compris. D'accord, je profite de l'occasion pour gagner du fric sans bouger le petit doigt et essayer de me faire une renommée internationale. Mais ce n'est pas ça qui compte. Le principe est de partager les fruits de notre travail. C'est un point de vue philosophique (sic !). Mais bon, à chacun ses valeurs (re-sic !).

En effet.

jeudi 22 novembre 2012

Mon royaume pour une bonne nuit

Ça doit faire une semaine que je dors maximum quatre heures par nuit. Je ne sais pas ce qu'a le Petit, sans doute des dents qui poussent, à moins que ce soit des cheveux ou des ongles, mais il n'a jamais si mal dormi. Depuis plusieurs semaines, ça ne fait qu'empirer. Et dire que quand il était nouveau-né, j'ai cru que m'était enfin échu un bon dormeur.
C'est bien simple, j'en suis au point où j'ai parfois du mal à me rappeler comment je m'appelle. Alors mes enfants... (Je devrais faire comme quelqu'un de ma connaissance qui appelait à la fois sa femme et ses deux filles "ma chérie". Comme ça, aucun risque de se tromper.)

Depuis le sevrage, en octobre, je n'ai pas eu une semaine d'affilée avec des nuits correctes.
Enfin, maintenant que j'y pense, quand je l'allaitais deux fois par nuit, ce n'était pas formidable non plus.
Depuis mars 2012, je n'ai pas eu une semaine d'affilée avec des nuits correctes.
Remarquez bien qu'avant, enceinte, avec les impatiences et les envies de faire pipi et les crampes etc., on ne peut pas dire que je me reposais idéalement bien.
Depuis la rentrée 2011, je n'ai pas eu une semaine d'affilée avec des nuits correctes.
Cela dit, pendant l'été, les Things dormaient atrocement mal. Ceux qui ont passé quelques vacances avec nous s'en souviennent encore.
Depuis le printemps 2011, je n'ai pas eu une semaine d'affilée avec des nuits correctes.
Quoique l'hiver n'ait pas été mieux. Ils venaient de rentrer à la crèche, et étaient sans cesse malade. Je passais mon temps à faire les cent pas dans l'appartement au cœur de la nuit, un bébé dans les bras.
Depuis l'automne 2010, je n'ai pas eu une semaine d'affilée avec des nuits correctes.
Et avant ça, vous croyez que c'était le rêve ? Quand je les allaitais tous les deux, y compris la nuit ?
Depuis avril 2010, je n'ai pas eu une semaine d'affilée avec des nuits correctes.
Mais en y réfléchissant, une des pires périodes de ma vie a probablement été ma grossesse gémellaire. A côté de ce calvaire, mes autres grossesses ont été presque agréables, c'est dire. Dire que je dormais mal est un euphémisme.
Depuis l'été 2009, je n'ai pas eu une semaine d'affilée avec des nuits correctes.

Ça va faire bientôt trois ans et demi que je manque de sommeil.
Pas étonnant que je sois fatiguée...

mercredi 21 novembre 2012

Des lettres et des chiffres


"J'ai inventé une potion magique qui va me permettre de devenir cent fois plus fort. Avec ça, je vais être capable de porter cent fois mon propre poids ! Je pèse trente-cinq kilos ; je vais pouvoir porter jusqu'à trois cent cinquante kilos ! Je vais pouvoir soulever le lit de mes parents avec eux dedans !"

L'auteur a écrit ça, dans sa langue. Le texte a été relu par un correcteur, par un préparateur de copie, par un éditeur, par un directeur de collection (je mets tout au masculin, mais en réalité, dans l'édition jeunesse, il y a surtout des femmes). Puis le bouquin a été envoyé à cette maison d'édition française pour laquelle je travaille. Je l'ai lu, et une autre lectrice l'a lu. L'éditrice l'a acheté sur la foi de nos deux fiches positives et m'a confié la traduction. Je l'ai traduit. J'ai fait un premier jet, que j'ai retravaillé dans un second temps, puis j'ai re-relu le texte encore une fois avant de l'envoyer. Ma traduction a été relue par l'assistante de l'éditrice, par l'éditrice, par un correcteur, par un préparateur de copie. Il a été mis en page. J'ai reçu les épreuves. Je les ai re-re-relues.

Et ce n'est qu'à ce moment-là que j'ai repéré cette petite, cette minuscule erreur que personne n'avait remarquée avant moi.
Ce n'est pas pour rien que j'ai eu 17/20 en maths au bac, quand même.

mardi 20 novembre 2012

La plonge

D'abord, nous avons appelé un petit réparateur de quartier, pour aller plus vite. Il a examiné notre lave-vaisselle, a nettoyé un tuyau, resserré un boulon, réclamé 55 euros, puis est parti en nous lançant : "De toutes façons, il ne vaut rien, votre lave-vaisselle. Il n'y a qu'une seule bonne marque sur le marché, et c'est pas celle-là. Il ne va pas durer six mois, c'est moi qui vous le dit."

Six jours plus tard, exaspérés par cet engin qui bloquait au milieu de presque tous les programmes, nous avons téléphoné à Darty après avoir vérifié que le machin était encore sous garantie. Il l'était, mais le réparateur na mis une semaine à venir. Entretemps, l'appareil s'est mis en grève totale. Quand le réparateur a enfin daigné se montrer, il a démonté la bête, a vaguement retiré une petite pastille de plastique parce que "c'est peut-être ça qui bloque", puis est reparti. Le soir même, nouvelle panne. Nouveau coup de fil à Darty. Nouvelle attente de cinq jours.

Enfin, ce matin, le réparateur est revenu.Démontage, vérifications, réflexions, puis verdict :
— C'est votre pompe de vidange qui a un défaut d'étanchéité.
— Ah. Et c'est long à réparer ?
— Il faut la remplacer. Je vais vous en commander une.
— Oh, non ! Elle arrivera quand ?
— Ben, en fait, on pourrait déjà l'avoir demain, mais il faut aussi que je vous remplace le pied de l'appareil, et ça, c'est plus long.
— Le pied ? Pourquoi le pied ? Je n'y ai pas touché, au pied, moi !
— Je sais ; c'est moi qui l'ai cassé en basculant l'appareil pour réparer la pompe de vidange... Mais ne vous inquiétez pas, je vais vous le changer gratuitement. Vous êtes là la semaine prochaine ?


A part ça :
- La crèche est en grève aujourd'hui, j'ai donc les trois petits sur les bras
- J'ai dormi quatre heures la nuit dernière, guère plus les cinq ou dix précédentes
- Il y a une grosse fuite à mon lavabo
- Je viens d'apprendre qu'il allait falloir refaire entièrement l'électricité dans notre future maison
- Darling est malade, et moi-même j'ai ma à la gorge
- Je viens d'arriver à la moitié de ma traduction en deux mois de boulot, et il me reste un mois pour la terminer, ce qui pose un petit problème de calcul.

Et sinon, vous, ça va ?


lundi 19 novembre 2012

Prise de sang

J'avoue que, parmi les étapes du parcours du combattant que l'on nomme "obtenir un prêt-relais", je n'avais pas du tout pensé à la prise de sang.
Oui, je sais, dans le fond, c'est logique. Aucune banque n'a envie de prêter plusieurs centaines de milliers d'euros à quelqu'un qui peut passer de vie à trépas avant d'avoir remboursé un centime. Donc l'emprunt est assuré, et l'assurance vous envoie voir un médecin qui doit déterminer si votre "pronostic vital" est plutôt ouhlalapasbon ou ouaisbonçava. Pour compléter, on vous fait une prise de sang et une analyse d'urine qui permet de déterminer votre glycémie, votre cholestérol, votre taux de globules rouges, et votre couleur de cheveux, entre autres.

Je n'avais pas du tout pensé à la prise de sang, donc. Et je n'avais pas non plus pensé qu'il fallait aller dans un centre médical spécifique, ni qu'il y avait seulement deux centres médicaux de ce genre à Paris, ni que l'un d'eux (à dix minutes de chez moi) serait fermé pendant une semaine. Et qu'il faudrait donc que j'aille au second, situé littéralement à l'autre bout de Paris.

Oh ! joie, encore une demi-journée de travail de perdue.

J'y suis allée en pestant, râlant, et bougonnant. En chemin, je me suis bien répété les consignes de ma mère, très simples : "Tu dis non à tout" (le contraire d'un mariage, quoi) (toujours honnête, j'ai tout de même signalé que j'avais été opérée de l’appendicite à sept ans et des dents de sagesse à dix-huit : on ne se refait pas). Je suis arrivée là-bas d'une humeur massacrante.

Et puis en fait, j'ai bien fait d'y aller :
- Le médecin, adorable, a juste bavardé avec moi quelques minutes (un moyen plus humain qu'un autre de vérifier si j'étais saine d'esprit, je suppose) et n'a même pas sorti son stéthoscope ;
- Il m'a pesée, pour la forme, mais il m'a crue quand j'ai protesté que "chez moi la balance indique trois kilos de moins", et il a noté le poids que JE jugeais être correct ;
- En revanche, il m'a mesurée et a constaté que je mesurais un centimètre de plus que je ne le croyais, ce qui a l'avantage de faire baisser mon IMC (oui je sais c'est psychologique mais c'est chouette quand même) ;
- Les résultats de la prise de sang vont m'être gratuitement envoyés en copie, donc je vais savoir où j'en suis niveau anémie, cholestérol et glycémie, ce qui m'évitera de le faire la prochaine fois que je verrai un médecin ;
- Pendant que j'y étais, j'ai même fait faire un certificat médical m'autorisant à participer à des courses à pied officielles (aller voir un médecin exprès pour ça me semblait un vrai gâchis) ;
- J'en ai profité pour vérifier ma vue, toujours aussi excellente (je sais, ça ne va pas durer éternellement, mais pour l'instant, je peux encore lire les toutes petites lignes en bas des contrats sans lunettes, c'est pratique) ;
- J'ai eu droit à un vrai petit-déjeuner, avec des croissants délicieux, du jus d'orange 100%, du thé avec de l'eau réellement chaude et servie dans une vraie tasse, des petites madeleines toutes fraîches, et je me suis régalée (du coup je leur ai presque pardonné de m'avoir donné un rendez-vous à 10h45 à jeun, les monstres) ;
- En sortant, je suis allée regarder des étagères (mon péché mignon) (c'est plus cher que les chaussures, mais ça dure plus longtemps) dans le magasin Lundia qui se trouvait juste à côté du centre médical, pour commencer à réfléchir à l'aménagement de mon futur bureau (l'objet de tous mes désirs).

J'ai presque envie d'envoyer une lettre de remerciement à mon futur banquier, tiens.

dimanche 18 novembre 2012

Piti gasson

Ce matin, une heure après le petit-déjeuner, il est venu me voir :
— Maman ? Va changer la couche, maman ? A fait caca.

Ce midi, en réponse à mes taquineries, sur un ton très convaincu :
— Mais non ! Pas un piti monst', moi ! A piti gasson !

Cet après-midi, alors qu'il avait involontairement heurté sa soeur et qu'elle s'avançait vers lui, rugissante, toutes griffes dehors :
— Na pas fait 'xprès !

Ce soir, au moment de se coucher :
— Bonnuit, maman ! Dormez bien !

Pas de doute, mon bébé est en train de se transformer en petit garçon. Il est en train d'apprendre à PARLER.
C'est aussi ça, d'avoir des enfants. Toucher le fond du découragement un jour, et déborder de bonheur le lendemain. Vouloir les jeter par la fenêtre un jour, et se rappeler qu'on les aime par-dessus tout le lendemain. Subir une colère inexpliquée un jour, et découvrir qu'on peut (parfois) commencer à communiquer le lendemain...

Vous n'avez plus le temps d'aller à la fête foraine ? Pas de problème, voici les montagnes russes à domicile ! (Attention, jeu très très cher et avec obligation d'achat.)


samedi 17 novembre 2012

Shopping Privé

Je reçois une invitation exclusive à un shopping privé. Dans quelques jours, les Galeries Farfouillettes* ouvriront pendant toute une soirée uniquement aux détenteurs d'une carte Visa Premier de la Société Pas Géniale ! À peine quelques dizaines de milliers de personnes, donc.
L'invitation, valable pour deux personnes, est strictement personnelle : c'est marqué dessus. Même si mon nom n'est indiqué nulle part.
Ce jour-là, c'est la fête : le parking pour la voiture que je ne possède pas est gratuit, je peux participer à des ventes privées comme les dizaines qui existent déjà sur Internet, et on me fait une remise de 15% sur l'ensemble du magasin sauf sur une liste de rayons longue comme une page du Petit Robert.
Et attention, cerise sur le gâteau : si je dépense plus de 200 €, on m'offre une bougie ! Mais si, une bougie toute entière, rien que pour moi ! C'est fou.
À me faire quasiment regretter de changer de banque, non ?

* © Georges Chaulet (l'auteur de Fantômette, pour ceux qui ne suivent vraiment pas)

vendredi 16 novembre 2012

Tout va bien

Sortie, ce soir. Dîner avec un ami, pour la première fois depuis longtemps. Je vais au restaurant juste en face de chez moi : courageuse, mais pas téméraire. Quand je pars, les gamins sont couchés, mais ne dorment pas encore. Au retour, j'interroge Darling :
— Tout s'est bien passé ?
— Oui, oui, pas de problème.
— Tant mieux. Les Things ne m'ont pas réclamée ?
— Si, ils ont pleuré pendant une demie-heure, mais ensuite ils se sont endormis. Le Petit a pleuré, lui aussi, mais il a fini par s'arrêter. Tout va bien.

Ah. Ouf. Quand je pense que je m'inquiétais !

jeudi 15 novembre 2012

Coup de pompe

Fatiguée.

Des nuits entrecoupées, toujours deux ou trois réveils nocturnes du Petit, souvent un cauchemar de Mr Thing Two, parfois une crise de Miss Thing One qui se plaint que "ça" la démange et ne se calme pas tant qu'on ne l'a pas mise dans un bain, ou même une crise d'asthme du Grand, tout ça entre 23h et 6h du matin, heure à laquelle le Petit décide que la journée commence.
Des matins survoltés, trois enfants à changer et à habiller, minimum une colère d'un gamin de deux ans et des poussières, le Grand qui ne sait pas lacer ses chaussures, les biberons, une douche à caser quelque part, les cris, les sempiternels "Non, pas papa ! C'est Maman !", y compris de la part du Petit qui ne parle pas encore mais se fait très bien comprendre, le départ pour la crèche sans même avoir pris un petit-déjeuner, le trajet interminable avec des enfants qui s'arrêtent sans cesse pour commenter ce qu'ils voient.
Des journées trop rapides, lessives, rangement, vaisselle, et puis la perspective du déménagement, les visites aux banques, aux agences, les documents à rassembler, les détails à vérifier, et puis encore les démarches administratives, un chèque à encaisser, les feuilles de maladie à envoyer, un rendez-vous chez le médecin, une commande à passer, et l'après-midi qui touche à sa fin sans que j'aie jamais fait le nombre de pages prévu sur ce roman de 480 pages qui n'avance pas.
Des soirées de folie, toujours des cris, des caprices, le Petit à surveiller comme le lait sur le feu pour qu'il ne se mette pas en danger, le Grand qui excite les autres, l'heure du dîner qui approche alors qu'on ne sait pas ce qu'on va manger, les gamins qui ne veulent pas prendre leur douche, ni manger des légumes, ni changer la couche, et encore moins aller au lit, des disputes, le voisin qui ne supporte plus les petits pieds qui courent sans cesse, le livre à lire, encore des disputes, des cris, des câlins à faire, un bébé à bercer... et quand enfin, ils sont tous couchés, on n'a pas même l'assurance que c'est fini pour aujourd'hui, qu'on peut se remettre à ces quelques pages à terminer, parce qu'il y en a toujours un qui se réveille, qui tousse, qui râle, qui pleure, qui menace de réveiller les autres. Et si jamais tout le monde dort, des fins de soirées passées à travailler sur ce bureau trop petit, avec la télévision allumée à deux mètres de mois, sans relâche, jusqu'au moment d'aller se coucher, avec des yeux qui piquent tellement on n'en peut plus.
Et de nouveau une nuit trop courte, et de nouveau une journée trop courte, et la semaine se termine alors qu'elle vient de commencer, et voici le samedi si redouté, avec les siestes décalées et la nuit qui tombe avant même que tout le monde soit sorti du lit. Et puis le dimanche, avec tout le monde qui se marche sur les pieds dans cet appart trop petit, le Grand qui devient fou entre ces quatre murs, deux fois plus de corvées de repas, les dissensions entre ceux qui veulent écouter de la musique et ceux qui rêvent de silence, la fin de la journée interminable.

Est-ce à cause de ces fichues vacances qui ont achevé de me vider de toute mon énergie ? Du manque de sommeil cumulé, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois ? Des fois, j'ai l'impression que je ne vais pas y arriver, que je vais craquer, flancher, faire une déprime, voire une dépression, tomber malade. Jour après jour, je sens monter de plus en plus souvent des pulsions violente, je dois me mordre le poing pour me retenir de frapper cette gamine qui m'assourdit avec ses cris stridents, pour ne pas hurler contre ce bébé qui refuse de me laisser dormir, pour ne pas assommer ce petit garçon qui me tient tête alors que je ne veux que son bien, ou ce préado de plus en plus insolent. Je suis prise de véritables désirs de les taper, de les secouer, de les faire taire, enfin.

J'avais tenu le choc jusqu'ici, pourtant. J'avais résisté à la naissance des Things, et même à celle du Petit. J'espérais toujours refaire surface prochainement. Mais j'ai dû replonger sans avoir pu reprendre mon souffle. Je savais qu'il me fallait tenir bon pendant trois ans, jusqu'à ce que ces bébés se transforment en enfants. Avec l'arrivée du Petit, cette durée est passée à cinq ans. D'ici là, aucune perspective de vacances, de repos, de détente. Pendant cinq ans.

Comment fait-on, dans ces cas-là ? Comment met-on un pied devant l'autre ?

On se concentre sur des petites joies. Des bonheurs modestes, mais proches. Des bons moments à venir.
Pas de vacances en perspective, mais des perspectives tout de même.
Un petit footing demain matin.
Une pause avec un cappuccino en début d'après-midi.
Un dîner avec un ami de longue date que je n'ai pas vu depuis un an.
Une sortie au cinéma avec Darling, en dépit du prix de la baby-sitter, du travail en retard, des nuits trop courtes.
Un coup de téléphone à une copine.
Un prochain weekend avec quelques amis venus passer deux jours à Paris.
Noël qui s'approche.
Des biscuits à tester.
Les visites toujours rapides mais régulières de mon père adoptif, le seul à habiter assez prêt d'ici pour "faire un saut" de temps en temps.
Un bon bouquin à lire, même à coup de vingt pages par jour.
Un blog à remplir, avec chaque jour, cette parenthèse d'une écriture qui libère, qui exorcise les idées noires, qui enchante le quotidien.
Quelques déplacements professionnels prévus dans les mois à venir.
Un rendez-vous avec une éditrice sympa.
Les plans de ma future cuisine à concevoir.
Deux ou trois films très attendus qui vont sortir en hiver ou au printemps.
Et puis encore, et surtout, surtout du lien, des gens, de la famille ou des amis avec qui rire, parler, prendre l'air, même virtuellement.

Et petit à petit, sans qu'on s'en rende compte, le temps passe ; et soudain, un enfant sait parler, un bébé sait s'assoir, un grand garçon sait faire ses devoirs tout seul, et mois après mois, la vie trouve son rythme. Bientôt, plus bientôt que je ne le pense, les sorties en famille redeviendront possible, les bons moments ensemble seront plus nombreux, les nuits se normaliseront, les problèmes disparaîtront pour laisser la place à d'autres qui me préoccupent moins, et l'angoisse de la suffocation se dissipera. Je survivrai. Je respirerai. Je ne serai pas noyée. Pas cette fois-ci.

Allez, on prend une profonde inspiration, et on replonge. Encore une brasse. Encore une. Encore une. Encore une...

mercredi 14 novembre 2012

Il ne faut pas souffrir, ni être belle

Les cheveux de Miss Thing One s'allongent de jour en jour, et frisent de plus en plus. Les bouclettes sont tellement serrées qu'on dirait des ressorts ; elle a exactement les mêmes cheveux que moi quand j'étais petite. C'est absolument adorable. Et j'adore enrouler les boucles autour de mes doigts, comme je le faisais autrefois avec mes propres boucles.J'adore aussi la coiffer. Caresser les doux cheveux, et en faire des couettes, une demi-queue, une queue de cheval. Bientôt des tresses, peut-être ? Et d'autres choses encore plus élaborées ?
Mais l'hiver arrive. Et avec lui, le temps des capuches et des bonnets, sous lesquels les plus jolies boucles s'aplatissent. Avec pour résultat que ces cheveux pendouillent devant la visage de la gamine et lui tombent dans les yeux. Et qu'il faut déméler la chevelure bien plus souvent. Ce qui ne plaît pas toujours à la demoiselle.
Alors quoi ?
Alors on décide qu'on va avoir le courage de ses opinions. Oui, elle est adorable avec ses anglaises. Mais elle sera aussi adorable sans. Légèrement moins mignonne, peut-être. Et alors ? Pourquoi diable faudrait-il qu'elle soit mignonne ? Qui a dit qu'il était obligatoire d'être aussi jolie que possible ? Et au détriment du confort, en plus ? Il faut souffrir pour être belle, c'est ça ? Eh ! bien, non. Pas question. Pas ma fille. Il ne faut pas souffrir, et il ne faut pas être belle. C'est un droit, pas un devoir. Je ne mets pas d'escarpins parce que c'est inconfortable, je ne vais pas lui imposer de longues séances de coiffure à deux ans et demi à peine sous prétexte que MOI, je trouve ses bouclettes jolies. Alors qu'elle, elle s'en fiche, et elle a raison.

J'ai mis quelques jours à m'y résigner, mais je l'ai fait. En revenant de la crèche, tout à l'heure, nous sommes donc passés chez la coiffeuse, et dix minutes plus tard, la jolie petite fille avait perdu ses anglaises.

Et en fait, vous savez quoi ? Sa toison de mouton lui va aussi drôlement bien.
En plus, maintenant, elle ressemble à Fantômette.

(Et puis d'ici l'été prochain, ça va repousser, hein ? On pourra refaire des couettes, et des queues de cheval, et des tresses...)

mardi 13 novembre 2012

Ça compte aussi la gentillesse

Apparemment c'est tout petit
Ce n'est jamais très important
Ça fait modestement son nid
Très loin des autres sentiments (...)

Ça compte aussi, la gentillesse
Et tout au fond de nous je crois
Qu'en plein été, c'est de l'eau fraîche
En plein hiver, un feu de bois

Ça compte aussi, la gentillesse
Ça rend meilleur le quotidien
C'est un bonjour, la gentillesse
Mais un bonjour qui fait du bien

Pour la journée mondiale de la gentillesse (World Kindness day), je cite du Dorothée.
Mais oui, j'assume.
Je vais même aller relire Pollyanna, tiens. Même pas peur.


(En fait, je n'ai pas le temps, bien sûr. Pas grave, je le connais par cœur, je vais me le réciter en lavant quinze piles d'assiettes. Je vous ai dit que mon lave-vaisselle était en panne ? Et que ce satané maudit réparateur ne vient que demain soir ? Quelqu'un l'a-t-il informé que c'était la journée mondiale de la gentillesse, envers moi de préférence ?)

lundi 12 novembre 2012

Calendrier des pompiers

21h10. On sonne à la porte. Pitié, dites-moi que ce n'est pas une fois de plus le voisin du dessous qui vient se plaindre que nos gamins sont un peu bruyants !

Heureusement, non. Ce n'est pas avec le voisin que je me retrouve nez-à-nez, mais avec un beau pompier.
Armé d'un calendrier.
— Bonjour Madame, je viens vous proposer notre calendrier de l'année prochaine. Vous en voulez un ? Vous donnez ce que vous voulez.
Soupir. Je vais chercher mon porte-monnaie en faisant la moue :
— J'espère au moins qu'il n'y a pas des blessés à toutes les pages, comme l'année dernière...
— Non, non, ne vous inquiétez pas, beaucoup de gens se sont plaints, donc ils ont changé ça. Cette année, il y a...
Moi, pleine d'espoir :
— Des beaux pompiers en plein entraînement ?
— ... des articles sur la prévention des accidents domestiques, ce genre de truc.
Ah. Oh. Beurk.
— Mais enfin, vous ne pourriez pas utiliser un peu votre image ? Mettre des photos un peu plus... intéressantes ? Ce que les rugbymen peuvent faire, vous pouvez le faire, non ?

Il n'a pas relevé. Soit il n'a pas saisi l'allusion, soit il ne sait pas à quoi je fais référence (mais ce serait étonnant). Soit l'idée qu'on lui propose de poser nu pour des photos suggestives ne lui fait ni chaud ni froid.

N'empêche qu'il est affreusement moche, leur calendrier.

(Et puis que diable, nous ne sommes même pas encore à mi-novembre ! Je sais bien qu'ils veulent passer avant les facteurs à cause des pingres qui ne donnent qu'une fois, mais quand même !)

samedi 10 novembre 2012

Les raisons de la colère

Ce matin, au réveil, Mr Thing Two était d'humeur exécrable et cherchait un prétexte pour faire une colère.
Je ne lui en ai donné aucun. Ma longue expérience m'a permis d'assimiler cette règle de base (que même Darling et le Grand ont encore un peu de mal à comprendre) : avec un Deuxans en pleine "petite adolescence", on ne fait RIEN sans son consentement express, MÊME PAS quelque chose de gentil et que le Deuxans en question exige absolument tous les jours. On ne lui fait pas un bisou, on ne lui donne pas de gâteaux, on ne lui tend pas son doudou, on ne l'aide pas à descendre de sa chaise sans lui avoir demandé la permission auparavant.

(Sauf si on n'a pas le temps, ou qu'on est d'humeur batailleuse, ou qu'on a des principes éducatifs très fermes, ou qu'on en a marre de marcher sur des œufs. Oui, ça m'arrive. Parfois. Souvent.)

— Bonjour, mon chéri. Je peux te faire un câlin ?
— Non ! Pas câlin !
— D'accord. J'allume la lumière ?
— Non !
— Tu veux que je te sorte du lit ?
— Non !
— Tu veux ton biberon ?
— Non ! Pas biron !
— Je vois que tu as jeté ton doudou. Je te le rends ? Je le ramasse ? Je le pose sur la commode ?
— Non ! Paterre doudou !
— Je le laisse par terre, très bien. Résumons : tu ne veux pas te lever, ni prendre ton biberon, ni avoir ton doudou. Tu veux encore dormir ?
— Non ! Non ! Nooooon !
— Ne t'énerve pas, j'ai très bien compris. Tu ne veux pas dormir. Alors tu sais, je vais arrêter de te proposer plein de choses. Je vais m'en aller. A moins que tu veuilles que je reste près de toi ? Je m'assieds ici ?
— Non ! Pas s'asseoir maman !
— Message reçu. Alors je vais sur le canapé avec ta soeur, et quand tu veux que je vienne, tu m'appelles, d'accord ?

Du coup, le malheureux a été contraint de faire une colère sans le moindre prétexte. Ce fut peut-être une des plus longues et plus violentes qu'il ait jamais faite, et j'ai été rongée de remords. Comment voulez-vous que cet enfant se calme rapidement s'il n'a aucune raison d'être énervé, s'il n'a subi aucun tort qui puisse être réparé ? Je suis une idiote de ne pas avoir compris ça plus tôt.
Demain matin, je lui allumerai la lumière dans les yeux, je lui donnerai un biberon trop froid, et je serai occupée à autre chose quand il voudra sortir de son lit. Pour lui rendre service, bien entendu. Par pure charité. On est une bonne mère ou on ne l'est pas.

vendredi 9 novembre 2012

Voyage hivernal, erreur fatale !

Finalement, je suis revenue deux jours plus tôt que prévu.
Pourquoi donc ?

Les vacances à la campagne, quand on est citadin, c'est chouette. Les vacances à la campagne avec des jeunes enfants, ce n'est pas très reposant, mais ça peut être chouette. Les vacances à la campagne en hiver avec des jeunes enfants, ça peut être pénible, malgré quelques moments chouettes. Les vacances à la campagne très loin de Paris en hiver avec des jeunes enfants malades, ce n'est pas chouette, ni hibou, ni aucun volatile à plumes, à poils ou à écailles.

Bilan : deux journées entières passées sur les routes (de 7h à 21h, avec pauses pipi, pauses casse-croûte, pauses colère et pauses vomi), plusieurs coups de fils à des médecins et un passage par les urgences de l'hôpital le plus proche, une bonne vingtaine de kilos de boue répandus dans toute la maison, des dizaines de boutonnages de pulls et manteaux puis déboutonnages vingt minutes plus tard, des très mauvaises nuits avec un bébé dans la chambre, des repas constitués presque exclusivement de pâtes et aucun légume, presque aucune sortie pour cause de siestes décalées, des disputes entre les plus grands, la nuit qui tombe à cinq heures, la terrasse inutilisable car toujours à l'ombre, et bien sûr, pas une seule minute pour travailler : l'ordinateur portable est resté dans son étui.

Note pour l'avenir : ne plus partir en vacances à la campagne, en hiver, avec une si nombreuse marmaille, et surtout pas en voiture.
Ne plus partir en vacances en hiver avec une si nombreuse marmaille, en fait.
Ne plus partir en vacances, tant qu'à faire.
Ne plus partir.
Ne.

(C'est l'heure de la sieste, non ?)

jeudi 8 novembre 2012

Les relevés fantômes, ou la goutte d'eau...

... qui fait déborder la baignoire.

Je vous ai déjà parlé de ma banque, mais je ne vous ai pas raconté tous les déboires que j'ai eu avec elle. Et je ne vais pas le faire, ce serait fastidieux. Disons simplement qu'il y en a eu beaucoup. Par paresse et administraphobie, je n'en ai jamais changé. Mais là, je crois que ça ne va pas tarder.

L'autre jour, je me suis rendu compte que je n'avais pas accès à mes relevés en ligne. Comme, en un an, je n'en ai jamais eu besoin (je surveille mes comptes sur Internet), je ne m'en étais jamais aperçue. Je téléphone, j'explique, je réclame. Vérifications faites, la conseillère confirme :
 — Écoutez, je ne sais pas ce qui s'est passé. Depuis combien de temps ne recevez-vous plus les relevés papier ?
— Depuis un an, date à laquelle j'ai demandé à passer aux relevés en ligne.
— D'après notre logiciel, vous n'êtes pas abonnée aux relevés en ligne.
— Oui, j'ai remarqué ça. Mais alors pourquoi est-ce que je ne reçois plus les relevés papier ?
— Peut-être que l'adresse est mauvaise...
— Ça ne tient pas debout, puisque je continue à recevoir les relevés papier du compte joint, et c'est la même adresse.
— Écoutez, franchement, je ne sais pas quoi vous dire.
— Moi non plus, mais ne vous inquiétez pas, je n'avais pas l'intention de faire un scandale, je voudrais simplement recevoir enfin les relevés de l'année écoulée, s'il vous plaît.
— D'accord, je vais vous les envoyer... mais je vous préviens, ça coûte dix euros par relevé.
— HEIN ?
— C'est comme ça, c'est le tarif.
— Mais ce n'est pas moi qui ai égaré les relevés, c'est vous qui avez cessé de me les envoyer sans pour autant me donner l'accès aux relevés en ligne ! C'est votre erreur !
— Peut-être, mais je n'y peux rien, c'est un service payant... Bon, allez, je vous fais une fleur, je vais vous faire cadeau de 50% des frais. Ça ne vous fera que 60 €, du coup. Quand voulez-vous passer les chercher ?
— ... [bruits d'étranglement]

Finalement, elle va me "faire une fleur", elle va me les envoyer par la poste. En me faisant payer les frais de port, j'imagine.



PS : Au cas où ça intéresse quelqu'un, ma banque, c'est la Société Générale. Mais plus pour longtemps, vous pouvez me croire.
PS 2 : Et les grands esprits se rencontrent : Caroline aussi veut claquer la porte...

mercredi 7 novembre 2012

Kamo

L'autre jour, j'ai rencontré une éditrice qui me disait que le roman de Susie Morgenstern, La sixième, continue à se vendre par milliers d'exemplaire à chaque rentrée scolaire. Normal, me dit-elle : c'est un des rares bouquins pour enfants à aborder de front le thème de l'entrée au collège.
C'est alors que j'ai découvert qu'elle n'avait jamais lu les histoires de Kamo. Je lui en ai parlé avec enthousiasme, et moins d'une semaine plus tard, j'ai reçu un email ravi : elle avait acheté le livre et avait adoré.
Les quatre aventures de Kamo, d'abord parues chez Je Bouquine (j'étais abonnée quand j'étais petite), puis reprises par Gallimard, font partie des trop rares romans que Daniel Pennac a écrit pour les enfants. Tout le monde ou presque connaît cet auteur, ancien prof, mais plus souvent pour sa série des Malaussène ou pour son superbe essai Comme un roman. Or, si j'aime aussi beaucoup ses livres pour les adultes, je raffole peut-être encore plus de Cabot-Caboche, de L’œil du Loup, et des Kamo, donc.
Kamo est un garçon qu'on rencontre alors qu'il est au CM2 et qu'il s'inquiète, comme tous ses copains, du passage en sixième. C'est alors qu'il a "l'idée du siècle" : demander à leur instituteur de les préparer à passer ce cap difficile en mimant plusieurs profs différents. Et l'instituteur accepte. Malheureusement...
Parmi les trois autres histoires, il y a aussi Kamo, l'agence Babel où Kamo perd un pari contre sa mère et se retrouve contraint à apprendre l'anglais... en trois mois ! Pour l'y aider, sa mère lui trouve une correspondante anglaise. Mais cette Kathy est une fille bien étrange, qui vit avec des personnes encore plus allumées qu'elle, et qui ne semble connaître aucune des inventions modernes, pas même les stylos à plume. D'où vient-elle ? Qui est-elle vraiment ? Une enquête s'impose...
Ces livres allient le style incroyablement ciselé de Daniel Pennac (peut-être ce que je préfère chez cet auteur, qui fait que je peux lire n'importe quoi de son cru, quel que soit le genre abordé) à des intrigues originales et des personnages très attachants, en particulier Kamo, bien sûr, mais aussi le narrateur qui a la particularité de n'être jamais nommé... ce qui n'empêche pas de s'y identifier, au contraire !
Dernier argument en faveur de ces romans : le Grand, toujours aussi réticent quand il s'agit de se plonger dans un roman, les a lus d'une traite. Si ça, ce n'est pas un gage de qualité...

lundi 5 novembre 2012

Café, salade ou graminée ?

Lors de mon dernier séjour en Italie, un jour, dans un bar, j'ai eu une conversation surréaliste avec la cafetière, heu, la bistrotière, heu, la barwoman, enfin, la dame qui au comptoir, quoi. Voyant que j'hésitais à reprendre un cappuccino à cause de la caféine (oui, j'allaitais), elle me propose :

— Tu veux que je te fasse un cappuccino avec de l'orge ?
(Pardon ?)
— De l'orge ? Tu veux dire la céréale ?
— Ah, je ne sais pas. Oui, je crois que c'est une céréale. Tu n'as jamais goûté ?
— Heu, ben si, j'ai déjà mangé de l'orge perlé, mais ce n'est pas de ça que tu parles, si ?
— Ah non, je te parle du café d'orge. Attends, tu vas voir.

Sur quoi elle me fait une drôle de boisson noire qui ressemble effectivement à du café, et à laquelle elle ajoute du lait mousseux. Soyons franc, ça ressemble autant à un cappuccino qu'une infusion à la menthe ressemble à un thé Earl Grey, mais l'infusion à la menthe, ce n'est pas mauvais non plus. Juste pas pareil que le thé Earl Grey, mais pas mauvais. En l’occurrence, la boisson à l'orge est crémeuse, avec un petit arrière-gout de noisettes, enfin, pas mauvaise du tout.

—  C'est un succédané du café ? C'est drôle, je n'en avais jamais entendu parler. Il me semble qu'en France, on utilise plutôt de la chicorée.
(Là, elle me fait exactement la même tête que moi deux minutes plus tôt, au moment où elle m'a parlé d'orge.)
— De la chicorée ? Tu veux dire la salade ?
— Ah, je ne sais pas. Oui, je crois que c'est aussi une salade. Tu n'as jamais goûté ?
— Heu, ben si, j'ai déjà mangé de la chicorée avec de l'huile et du vinaigre, mais ce n'est pas de ça que tu parles, si ?

Vérification faite, en passant les Alpes, il n'y a pas que le café qui change, mais aussi le succédané de café. D'un côté, on utilise presque exclusivement de l'orge torréfiée, tandis que de l'autre, on utilise surtout des racines de chicorée torréfiée, en rebaptisant du nom de "scarole" la chicorée dont on mange les feuilles en salade. Je compte faire une étude comparative poussée des vertus gustatives comparées de l'une et de l'autre un de ces jours.
Et après, je recommencerai à boire du chocolat chaud, parce que c'est quand même meilleur.



samedi 3 novembre 2012

Xylostomiase

Mon personnage a la gueule de bois. Sauf que ce n'est pas le genre de texte où on peut utiliser cette expression. Il me faut trouver un équivalent.
Peu inspirée, je cherche dans mon dictionnaire de synonymes. Y en a-t-il seulement un ?
Non : c'est inespéré, il y en a deux !
Xylostomiase, et xylocéphalie.
Hum.
Même le correcteur orthographique ne les connaît pas, c'est dire.
M'est avis que mon personnage va avoir "mal à la tête suite aux excès de la veille".
En plus, c'est beaucoup plus long, donc je serai payée davantage. C'est tout bénef.

jeudi 1 novembre 2012

Demain, dès l'aube

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Avec pas moins de cinq enfants.
J'irai par l'autoroute, j'irai par la montagne,
Et je poursuivrai même au-delà du Mont Blanc.

Je conduirai, les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir que l'asphalte, supportant tous les bruits,
Les mains sur le volant, stressée, le dos courbé,
Lasse, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les neiges aux loin, ni les timides fleurs,
Et quand j'arriverai  – si bien je ne succombe –,
J'affronterai dix jours mes gamins et leurs pleurs.




Je vous ai programmé quelques billets à lire en mon absence. On se revoit dans dix jours. Soyez sages !

(PS : L'original de Victor Hugo est .)

mercredi 31 octobre 2012

Vénalité

Le Grand est vénal, et ça m'agace. Je ne sais pas d'où ça lui vient. J'ai un rapport normal avec l'argent, que je dépense sans états d'âme mais raisonnablement, et Darling aussi. Or, ce gamin ne pense qu'au fric. Il n'est pas avare, ça non, il s'achète parfois des bonbons et est même capable de faire un cadeau à un copain, mais il sait toujours au centime prêt combien il y a dans sa tirelire, il se souvient encore de la somme exacte dépensée à Noël 2010 pour le cadeau fait à son père (des chaussettes extra-douces), il connaît sur le bout des doigts le prix de la moindre boîte Playmobil du catalogue, et a déjà calculé exactement combien de temps il lui faudra pour avoir dix mille euros sur le compte en banque que je lui ai fait ouvrir pour son anniversaire, si nous versons dessus cinquante euros tous les mois.

Le Grand est vénal, et ça m'agace. Si je porte une bague en or, il va me demander combien elle coûte. Si je lui dis de traiter avec délicatesse mes vieux Caroline car ils sont précieux, il va me dire que dans ce cas, je ferais mieux de revendre toute ma collection, quitte à faire des photocopies. Si je lui donne une amende de cinq centimes pour avoir traîné trop longtemps avant d'aller prendre sa douche (trop longtemps = plus de 45 minutes et plus de dix rappels à l'ordre), il me fait une scène avec cris hystériques, grosses larmes, supplications, etc. Si je lui demande de me suggérer une phrase quand je traduis un album pour les bébés, il exige de toucher au moins 5% de ma rémunération. Et si on lui annonce que son petit frère vient de se faire arracher une dent, il ne pense pas à la douleur éprouvée, mais au manque à gagner que cela représentera lors des futurs passages de la petite souris.

Le Grand est vénal, et ça m'agace. Il n'a pas l'air de comprendre qu'il y a des choses plus importantes que l'argent dans la vie, comme les loisirs, l'amour, la santé...
La santé !
Bon sang, j'ai oublié d'apporter à la crèche l'antibiotique pour le Petit !
Oh non ! Je vais devoir y retourner ! Comme si je n'avais que ça à faire ! La barbe !
A moins que...

— Mon Grand ? Si je te donne deux euros, tu veux bien aller apporter un médicament à la crèche ?
Environ trois secondes et demie plus tard :
— Voilà, j'ai mis mes chaussures. J'y vais. Tu me donnes le médicament et le code ? Et aussi mon argent ?

Le Grand est vénal, et ça m'agace...
... sauf quand ça m'arrange.

mardi 30 octobre 2012

Album en tissu

Je "traduis" (en réalité, j'invente le texte de toutes pièces, car il n'y a que des dessins dans la VO) un album en tissu pour les tout-petits. Six pages ; six phrases en tout, qui décrivent les images. Le lien entre celles-ci n'est pas toujours évident, mais je me creuse la tête pour trouver quelque chose de plus ou moins logique. Un mouton humanoïde qui joue ; un ballon ; un mouton qui se brosse les dents ; une fleur ; un mouton dans son lit ; la lune... Cela donne quelque chose comme ça :

Simon le mouton joue dans sa chambre. Il aime son ballon rouge ; c'est son jouet préféré. Puis il va se brosser les dents et enfile son pyjama. Au passage, il renifle la jolie fleur dans le vase du salon. Le voilà dans son lit, prêt à dormir. Il est tard : la lune se lève derrière les montagnes... Bonne nuit, Simon !

Réponse de l'éditrice :
Votre texte me convient tout à fait, mais :
- Nous avons déjà un personnage nommé Simon, pouvez-vous trouver un autre prénom en [on] ?
- Il faudrait éviter la répétition entre "il joue" et "son jouet".
- "Renifler" n'est pas un verbe très élégant. Pouvez-vous trouver autre chose ?
- Dans l'esprit des enfants, c'est le soleil et non la lune qui se lève. Il vaudrait mieux trouver une autre phrase.
- Et au fait, il y aura deux autres livres du même genre, pourriez-vous trouver un nom de collection ?

Je cherche d'autres prénoms, je cherche des synonymes, je reformule, j'invente encore, et je réponds par un email nettement plus long que l'album lui-même. Elle me réponds encore, conteste certains de mes choix. Je lui en propose encore d'autres, qu'elle valide. C'est bon, on a fini ? Non, car j'ai droit à un dernier message :

Pourriez-vous intégrer les modifications dans le document Word ?

Tout ça pour vingt euros.
Et pour un album que personne ne va jamais lire (vous lisez le texte des livres en tissu à vos bébés, vous ?).


Un copain du Grand, venu passer la journée à la maison, et qui regarde par-dessus mon épaule :
"Mais tu ne fais que ça, comme travail ?"
Heureusement, non...



lundi 29 octobre 2012

Compromis de vente

Jeudi, je suis donc allée signer un compromis de vente chez le notaire, avec un bébé qui avait non seulement une bronchiolite mais aussi une angine blanche et un début d'otite, même si nous ne le savions pas encore. Une nuit entièrement blanche avait succédé aux nombreuses nuits déjà dramatiquement écourtées, et le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'y voyais plus clair. Je me souviens vaguement avoir signé des papiers et promis d'acheter quelque chose ; j'espère que c'est bien une maison de huit pièces en banlieue parisienne et pas un château en Sologne ou un studio au pied de Notre-Dame (pour rester dans le même ordre de prix).

Depuis, Darling et moi réfléchissons à la répartition des chambres. Laissons-nous les Things ensemble, pour qu'il y ait une salle de jeu où tous les enfants peuvent aller jouer, même s'il faudra probablement les séparer dans deux ou trois ans tout au plus ? Les séparons-nous d'emblée, et dans ce cas, auquel des deux attribuons-nous la plus grande chambre ? Donnons-nous la plus grande chambre au Grand, au contraire, même si cela signifie que les Things seront à deux étages différents et qu'il faudra répartir les jouets qu'ils ont en commun ? Prévoyons-nous de loger prochainement ensemble Mr Thing Two et le Petit, en partant du principe qu'ils sont du même sexe et auront peut-être plus d'intérêts communs que les jumeaux ? Gardons-nous une chambre libre pour une éventuelle jeune fille au pair, qui me soulagerait beaucoup mais avec qui ça peut mal se passer (c'est arrivé récemment à quelqu'un de ma famille) ? Logeons-nous le Petit dans cette petite pièce qui sert actuellement de dressing, sachant qu'il faudra forcément qu'il en change quand il aura besoin d'un lit plus grand, et que les placards seront donc inaccessibles quand il dormira ?

Le reste de la maison est également l'objet de toutes sortes de réflexion. Le bureau, au rez-de-chaussée (pour pouvoir surveiller les gamins dans le jardin, et la cuisson du risotto) ou au deuxième étage (pour être tranquille) ? La télévision, au sous-sol ou dans le salon ? [En fait, j'ai déjà pris ma décision sur ces deux points : bureau ET télévision au rez-de-chaussée, sinon Darling et moi serons à trois étages de distance soir après soir. Remarquez, ça éviterait des disputes du genre "Baisse le son, je bosse"...]. La cuisine, dans la véranda / verrière (pas encore construite) ou dans cette pièce bien trop petite pour contenir mes innombrables appareils et ustensiles (pour faire des économies) ? La machine à laver et le sèche-linge, dans la salle de bain du deuxième avec branchements déjà prévus (bonjour pour aller étendre le linge dans le jardin) ou dans la petite pièce de la chaudière au sous-sol (bonjour pour aller chercher le linge sale au deuxième) ?

De graves questions, je sais. A côté, la philosophie, la vie et la mort, l'importance de l'art, tout ça, c'est de la blague. C'est bien simple, ça me réveille la nuit. (Ah non, en fait c'est le Petit, je confonds.)

En fait, la seule question déjà résolue, c'est sur quels pans de murs du rez-de-chaussée nous mettrons nos livres.
Tous.


(Sérieusement, c'est une des premières choses que j'ai vérifié : y a-t-il la place pour mes étagères ? Juste avant d'emménager dans l'appartement où nous sommes actuellement, nous en avions visité plusieurs autres, dont un qui nous plaisait beaucoup... sauf qu'en haut de tous les murs, il y avait une sorte de corniche qui empêchait de mettre une bibliothèque. Il aurait donc fallu troquer mes 21 Lundia contre 23 ou 24 d'autres plus petits. Adieu le joli appartement plein de charme avec son grand salon lumineux...)

dimanche 28 octobre 2012

Anniversaire bloguesque

Ce blog a un an !

Petit calcul : si on estime que je passe en moyenne vingt minutes pour écrire un billet (une moyenne très grossière, des fois c'est cinq minutes, d'autres fois c'est une heure), sachant que j'ai écrit plus de 300 messages en un an, cela fait donc environ 100 heures utilisées à bavarder virtuellement (et toute seule, en plus) au lieu de travailler ou des ranger des chaussettes ou de faire des gâteaux.

Bon, d'accord. Mais si on considère qu'en moyenne, les français passent 3h et quart par jour devant la télévision, ce qui fait donc une centaine d'heures par mois, on peut en conclure que, puisque je ne ne regarde jamais la télévision, j'ai onze mois d'avance sur le temps "perdu" par Monsieur Tout-le-monde. Si, de plus, on tient compte du fait que les français passent en moyenne 13 heures par semaine sur Internet (hors travail, bien sûr), qu'il me faut environ sept minutes pour aller jusqu'à la crèche, que je passe approximativement deux fois plus de temps à faire des lessives qu'une famille lambda, et que je travaille au moins deux heures par jour pendant les vacances estivales, on peut calculer aisément l'âge du capitaine. Je ramasse les copies dans une semaine.

Allez, c'est reparti pour un an.

jeudi 25 octobre 2012

Jamais

Je n'ai jamais autant manqué de sommeil, sauf peut-être quand j'avais deux jumeaux nouveaux-nés.
Je n'ai jamais été autant en retard sur mon planning de traduction, même quand je nidifiais.
Je n'ai jamais pris aussi peu de temps pour cuisiner et pour manger, même quand j'étais célibataire.
Je n'ai jamais entamé une année scolaire avec autant d'enfants.
Je n'ai jamais acheté une maison, et encore moins dans une banlieue dont j'ignorais l'existence il y a trois mois.
Je n'ai jamais visité New York.
(Non, aucun rapport, je continuais sur ma lancée) (désolée) (faites pas attention, je vais me coucher...)