samedi 31 décembre 2016

Les Franglaises

Je crois que je n'ai jamais autant fréquenté les salles de cinéma et de théâtre que ces dix derniers jours. A tel point que je n'ai pas mentionné toutes mes sorties d'un coup pour ne pas devoir changer à nouveau le titre de mon blog ("Des mômes, des livres, des casseroles, des vélos, des spectacles", ça commence à faire long, non ?). Mais même si ce que j'ai vu hier était excellent, et si ce que j'ai vu il y a quelques jours était également très réussi, et si ce que je verrai demain a toutes les chances de l'être, là, je reviens de Bobino où j'ai vu les Franglaises, et il fallait absolument que j'en dise immédiatement tout le bien que j'en pense.


Pourtant, si j'avais été seule, je n'aurais jamais songé à y aller. Si vous avez déjà entendu parler de cette troupe (ils ont eu un Molière en 2015, et ce spectacle-ci est leur come-back, pardon, leur "viens-retour"), vous connaissez le principe : une bande de chanteur/acteurs/musiciens qui chante en français des chansons anglaises. Autrement dit, qui débite avec conviction "Bienvenue à l'hôtel Californie, Quel endroit charmant...", ou "Billie Jean n'est pas mon amante, c'est juste une fille qui dit que je suis le un, mais le gosse n'est pas mon fils", ou "Tu dis oui et je dis non, tu dis bonjour et je dis au revoir", etc.
Le problème, c'est qu'en variétés anglo-saxonnes, je suis nulle. Mais vraiment nulle. Je n'ai jamais voulu écouter de chansons que je ne comprenais pas, donc pendant toute mon adolescence, on n'aurait pas trouvé un seul disque avec une seule chanson anglaise dans ma discothèque. Et comme je n'ai jamais écouté la radio, et que je fréquente très peu les supermarchés, même les tubes les plus connus m'ont échappé. A part quelques CD qu'on m'a offert au fil des années et que j'écoute très rarement, je n'y connais donc RIEN. Logiquement, je me suis dit que j'allais reconnaître une chanson sur cinq, et donc que ça m'amuserait beaucoup moins.

J'avais à la fois tort et raison. J'ai effectivement reconnu tout au plus une chanson sur cinq, et des titres tels que "Sonne ma cloche" ou "Le spectacle doit continuer" ou "Pluie violette" ne m'ont rien évoqué du tout. Mais en fait, cela n'a aucune importance. D'abord parce qu'on peut tout de même s'amuser des textes incompréhensibles ou absurdes de certaines chansons. Et ensuite, parce qu'il n'y a pas que les chansons, mais aussi une mise en scène extraordinaire. Des mimes, des bruitages, des fausses disputes, des crises de nerfs, un strip-tease ("Tu peux garder ton chapeau"), et même un début d'incendie, pour faire bonne mesure. C'est fou, c'est ahurissant, c'est complètement déjanté, et c'est hilarant. Franchement, cela faisait très longtemps que je n'avais pas autant ri. Je suis vraiment très contente de ne pas avoir raté ça !

La mauvaise nouvelle, c'est qu'ils sont vendus-dehors (sold out, quoi) pour cette saison. Mais on n'en doute pas : ils reviendront. Dans ce cas, précipitez-vous. Juré, ça vaut le coup !

vendredi 30 décembre 2016

Gratiné

Dîner. Gratin dauphinois. Mr Thing Two râle : il n'aime pas la crème. Le Filou râle : il préférerait des pâtes. Heureusement, Miss Thing One ne râle pas, elle. Elle termine son assiette sans protester, et demande même à se resservir :
— Je peux reprendre du gratin de Chinois ?

Quelques minutes plus tôt, Mr Thing Two demandait quand est-ce qu'on mangerait enfin les "sucres de gorge" accrochés au sapin. Dire que j'essaie de leur faire de plus en plus de menus végétariens alors qu'ils ne rêvent visiblement que de se convertir au cannibalisme...

jeudi 29 décembre 2016

La tour Eiffel en famille

Cela ça faisait deux ans et demi que nous ne nous en étions plus approché, pas de si près, pas à pied. Le temps d'oublier combien elle est grande, et belle, et impressionnante.


Et cette fois, j'avais pris des billets trois mois plus tôt, donc nous avons même pu monter dessus, jusqu'en haut. Même si le Filou, très inquiet, nous soutenait que ce n'était pas possible (je pense qu'il s'imaginait que nous allions grimper en nous accrochant aux travées comme à une échelle).




Et en prime, le ciel nous a fait le joli cadeau d'une journée sans un nuage, et le pari que j'ai fait il y a trois mois en prenant ces billets s'est avéré gagnant. C'était splendide. Bien sûr.



Il a fallu promettre qu'on y retournera. Dans deux ans et demi, peut-être ?

mercredi 28 décembre 2016

Le Grand et l'exercice d'allemand

Leçon quotidienne d'allemand avec le Grand :

— Alors, l'accusatif correspond généralement au COD et le datif au COI, comme on l'a vu hier, et puis il y a les prépositions aosbaïmitnarsaïtfonnetsou qui sont toujours suivies du datif, mais comme les Allemands sont retors, il y a aussi des prépositions qui sont suivie soit du datif, soit de l'accusatif, selon que c'est une localisation ou un mouvement. En gros, accusatif si tu y vas, et datif si tu y es déjà. Alors, on va faire cet exercice page 25.

Il soupire un peu, pour la forme, mais il s'y colle :
— D'accord. Je vais à l'école, c'est un mouvement, blabla... Papa travaille dans son bureau, il y est déjà... Maman vient dans la cuisine... Tiens, comme par hasard, c'est maman qui va dans la cuisine et papa qui travaille. C'est toujours la même chose !

Voilà, il y a des soirs comme ça où je lui pardonne tout.

mardi 27 décembre 2016

Les chevaliers de la table ronde à l'Athénée

"Un opéra-bouffe où l'on ne mange pas" : c'est écrit sur le rideau.
Une histoire complètement loufoque, anachronique et déjantée.
Des acteurs formidables, qui s'éclatent et se donnent à fond, même les seconds rôles (ah, cette soubrette !).
Un décor et des costumes magnifiques, vraiment splendides : toute une symphonie de blancs et de noirs.
Des mélodies qui restent dans la tête après le baisser du rideau.
De l'humour du début à la fin, qui a fait rire même les ados.
Un petit théâtre charmant, sur une adorable place piétonne parisienne que je ne connaissais pas.
Un véritable orchestre dans la fosse.
Une mise en scène de Pierre-André Weitz ; une compagnie, celle des Brigands.
Quelques très belles voix qui ne décevraient pas les amateurs de "vrais" opéras.
Une excellente soirée, garantie à 100%, pour tous les goûts et tous les âges (à partir d'environ 10 ans).
Pour nous, un excellent après-midi de Noël !


dimanche 25 décembre 2016

Joyeux Noël !



Papa Noël m'a apporté un nouvel appareil photo, youpie !



vendredi 23 décembre 2016

IKEA et l'Homo Sapiens

— Ze sait pourquoi tous les verres, i viennent de sez IKEA ! déclare à brule-pourpoint le Filou pendant le dîner.
— Ah bon ?
— Oui ! C'est paske dans krès krès krès krès krès longtemps, on était des hommes préstoriques !

Là, il y a eu un blanc. Même en partant du principe que le Filou n'a toujours pas compris la différence entre "dans très longtemps" et "il y a très longtemps", le lien de cause à effet n'était pas évident.

— Il y a très longtemps, on était des hommes préhistoriques ? Euh... et alors ?
— Alors les verres y n'en avait pas !
— Non, en effet. Et les IKEA  non plus.
— Non ! I z'ezistaient pas ! Et après, i les a inventés !

Donc voilà, si j'ai bien compris, autrefois il y avait des hommes préhistoriques, puis est arrivé IKEA, et ce fut le début de la civilisation.

(Je vous jure que contrairement aux apparences, il n'y est allé que deux fois au cours des deux dernières années !)

jeudi 22 décembre 2016

Le cirque Alexis Gruss

Il y a quelques semaines, j'ai reçu un message, envoyé à l'adresse email de ce blog, me proposant d'aller voir le nouveau spectacle du cirque Alexis Gruss lors d'une soirée "presse".
Après avoir pris la nouvelle avec mon flegme habituel ("Darliiiiiing ! J'ai reçu ma première invitation en tant que blogueuse ! Je suis une blogueuse influente ! Bientôt, on va m'envoyer des boîtes de farine, me donner des vélos, m'inviter à dormir dans des campings quatre étoiles, ou me prêter des baby-sitters, juste en échange de quelques lignes sur mon blog ! Youpiiiie !"), j'ai dû décliner, tout simplement parce que la date ne me convenait pas. Et puis j'avais tellement de travail que je me voyais mal faire une sortie pareille un soir toute seule, ai-je expliqué. Pour une sortie en famille, à la rigueur...
Pas de problème, m'a-t-on répondu. Combien d'enfants avez-vous ?
Et voilà comment j'ai eu cinq places gratuites pour aller au cirque. Je n'y croyais pas moi-même. A tel point qu'avant de partir tout à l'heure avec les trois petits et Darling (le Grand était mal fichu), j'ai réfléchi à un plan B, au cas où ce serait une plaisanterie de mauvais goût. Mais ce n'était pas le cas. On nous a bel et bien laissés entrer, et nous étions très bien assis, au deuxième rang. Et en plus, à aucun moment mon interlocuteur n'a posé comme condition que je dirais quoi que ce soit sur ce blog. Bien sûr, ça ne se fait pas de cracher dans la soupe, mais si ça avait été nul, j'aurais pu ne pas en parler du tout. Sauf qu'en fait, c'était vraiment une chouette sortie, donc je vais vous en toucher deux mots.

Alors, la première chose à savoir, c'est que si vous cherchez un cirque avec un M. Loyal, des clowns, des prestidigitateurs, des lions et un éléphant, n'allez pas au cirque Alexis Gruss, car vous n'y trouverez rien de tout cela. Heureusement, j'avais eu la bonne idée d'avertir les petits, donc ils n'ont pas été trop déçus. Mr Thing Two, qui regrettait tout de même un peu les tigres, a trouvé la bonne formule : "Maman, ce n'est pas un vrai cirque, c'est un spectacle !" C'est un peu vrai. C'est un spectacle (de cirque), avec essentiellement deux composantes : des acrobates/danseurs/équilibristes, et des chevaux. Ce qui correspond, en gros, aux deux composantes de la troupe, si j'ai bien compris : la famille Gruss, et les Farfadais.

Ceux avec les chevaux (la plupart du temps), ce sont les Gruss.
 Ceci étant posé, nous avons passé un très bon moment. Darling et moi en avons certainement beaucoup mieux profité que si nous étions allés pour la troisième fois de suite au cirque Pinder. Visuellement, c'était très beau, avec une alternance entre les numéros équestres et les danses acrobatiques. Par exemple, des jeunes hommes qui jonglaient ou tiraient à l'arc perchés sur le dos des chevaux trottant autour de la piste, puis des couples qui faisaient des figures impressionnantes suspendus à des cordes ou à des cerceaux. En théorie, il y avait une histoire comme fil conducteur, une histoire de jeune homme qui devait rapporter un peu des quatre éléments pour guérir un cheval... L'histoire était sans intérêt, mais l'idée des quatre éléments était belle, avec des chorégraphies à thème (des danses avec du sable, ou sous des jets d'eau) et des costumes assortis.

En plus, c'est bien, parce que le numéro sous jet d'eau a lieu en dernier,
donc après ils n'ont même pas besoin de prendre une douche.
 Un autre plus que nous avons bien apprécié : il y avait un véritable orchestre qui jouait, ce qui donnait un son et une synchronisation bien meilleurs qu'avec de la musique enregistrée, et un certain nombre de numéros était accompagnés par une chanteuse avec une belle voix.

Elle a chanté du Amy Winehouse,
et des tas d'autres trucs que je n'ai pas reconnus.

En résumé, nous avons passé un très bon moment, même les petits. Certes, le Filou a dit que ce qu'il avait préféré, c'était le pop-corn, mais il ne s'est pas endormi ni même ennuyé ; Miss Thing One a déclaré qu'elle avait "adoré", et Mr Thing Two lui-même, très râleur quand on l'emmène voir un spectacle qu'il n'apprécie pas, en est ressorti content. Bref, une réussite !


Mais où va-t-il donc, avec son échelle ?

mercredi 21 décembre 2016

Un manteau rouge

Je passe avec un ami en visite à Paris devant la Comédie Française. Je lui propose :
— Viens, je vais te montrer la boutique, elle va te plaire !

En effet, nous nous extasions sur les jeux de société, les objets du quotidien inspirés d'ustensiles du théâtre, les livres, les articles de papeterie, toutes ces choses dont nous n'avons pas du tout besoin mais que nous mourons d'envie d'acheter. Mon ami est sur le point de craquer :
— Sortons d'ici. Tout de suite, me supplie-t-il.

Au moment où nous arrivons devant la porte, quelqu'un entre. Un homme qui porte un manteau incroyable, en velours rouge, long, épais, visiblement neuf, certainement très chic et très cher, le genre de manteaux qu'on ne voit pas souvent, en tous cas pas dans le métro ni même dans les rues. Je le remarque d'autant plus que l'homme est très grand et assez corpulent, et que je me retrouve donc le nez presque collé à ce manteau. J'adresse un regard émerveillé à mon ami, qui me le rend, les yeux aussi ronds que moi : visiblement, lui aussi a remarqué ce vêtement hors du commun.

Nous sortons, et dès la porte refermée, je m'extasie :
—  Tu as vu ce manteau ?
Il me regarde d'un air étrange, et me demande :
— Mais... tu as vu qui était dans le manteau ?
— Euh, non, pourquoi ?
— C'était Jacques Weber !
— Ah ?

Je suis retournée en arrière et j'ai jeté un regard à travers la vitrine, mais sa tête ne me disait rien du tout. Pourtant, j'avais adoré son interprétation de Cyrano de Bergerac (sur scène, hein, pas dans le film où il fait De Guiche), et à une époque, je regardais la VHS en boucle. Mais bon, si j'étais physionomiste, ça se saurait. Et puis bon, rencontrer des célébrités ne me fait pas beaucoup d'effet (sauf Georges Chaulet).

N'empêche qu'il avait vraiment un très beau manteau.

lundi 19 décembre 2016

Vitrines de Noël

— Les vitrines animées des grands magasins ? Alors là, c'est sans moi ! m'avait dit ma mère.
— Bof, non, je n'y tiens pas, surtout pas si on y va le matin, m'avait dit le Grand.
— Les vitrines de Noël ? Quelle horreur ! avait dit Darling.

En fin de compte, ils avaient tort. Car quand j'ai pris mon courage et mes enfants à deux mains (depuis le temps que je dis qu'il m'en faudrait au moins quatre) et que j'y suis allée ce matin à 9h45 avec un copain plein de bonne volonté, il n'y avait pas grand-monde. La foule n'a commencé à arriver qu'environ une heure plus tard, quand nous sommes partis. Et en attendant, nous nous sommes régalés, en admirant ces vitrines chaque année différentes, et qui représentent depuis toujours pour moi LA sortie des vacances de Noël par excellence.


Aux Galeries Lafayettes, des ours blanc en origami...

(Vous pouvez cliquer sur les images pour les voir en plus grand)



Et un sapin assorti à l'intérieur, sous la coupole.


Au Printemps, des vitrines un peu moins inventives...
... et même nettement moins réussies...
... voire franchement moches.
Sauf celle-là, miam !

 Après, nous avons encore fait une petite promenade et admiré le grand sapin sous la nouvelle coupole des Halles avant de rentrer avec des enfants fatigués, mais contents de leur sortie. Au programme des prochains jours, cirque, théâtre, musée, monument, cinéma... Des vacances pas franchement reposantes – mais distrayantes – en perspective !

dimanche 18 décembre 2016

Un personnage très vivant

Je traduis un bouquin pour les enfants qui se passe en partie dans un magasin à Paris. L'auteur donne l'adresse, décrit longuement la boutique, puis nous parle de sa patronne, une jeune femme blonde aux cheveux bouclés dont il nous apprend que c'est une sorte de gentille sorcière qui porte une bague magique et réalise des sortilèges les nuits de pleine lune.

Au bout de quelques jours passés sur ce bouquin, je me dis que ça m'amuserait de passer à l'endroit où est censé se trouver le magasin, lors de ma prochaine balade. Par curiosité, je regarde sur Internet ce qu'il y a à cette adresse.

Ce qu'il y a, c'est le magasin décrit dans le roman. Avec le même nom, la même marchandise, et tout.

Je n'en reviens pas. Je trouve le site internet du magasin. Je vois les photos, exactement conformes à la description faite par l'auteur. Je consulte la rubrique "qui sommes-nous".

Et là, je découvre que la patronne est une jeune femme blonde aux cheveux bouclés qui porte le même prénom que dans le livre, et qui gère son magasin de la même façon.

Depuis, je me pose deux questions :
- D'abord, est-elle au courant qu'elle apparaît dans ce roman, peu célèbre, écrit dans une langue "rare", et jusqu'ici inédit en France ?
- Ensuite, comment réagira-t-elle quand j'irai la trouver, un de ces jours, et que je lui demanderai poliment si elle pratique réellement la sorcellerie ?

(Sans rire, je ne me suis pas encore remise ! Un peu comme si j'avais croisé d'Artagnan à un coin de rue...)

jeudi 15 décembre 2016

Tout va très bien, madame la marquise...

— Alors, Darling, ça c'est passé comment avec les gamins, pendant mon absence de trois jours ?
— Oh, très bien.
— Ah, tant mieux. Tu leur a fait des picardises ?
— Non, il n'y en avait plus. Je leur ai fait deux fois des pâtes à rien, et je suis allé deux fois acheter des pizzas.
— Bigre ! Et le matin, ça allait ? Pas trop la panique ?
— Oh si, bien sûr, tu sais comment ils sont, ils n'arrêtaient pas de faire des caprices, ils râlaient parce qu'il n'y avait plus de chocolat en poudre...
— Comment ça ? Mais si !
— Non, j'ai vérifié sur l'étagère, et il n'y en avait plus.
— Je venais d'en racheter, je n'avais pas eu le temps de le ranger, il y avait deux paquets dans le sac au pied de l'étagère !
— Ah ! Je n'ai pas pensé à regarder dans le sac.
— Ni à me poser la question ?
— Non plus.
— Ni à en acheter au Naturalia devant lequel tu passais tous les jours ?
— Non plus. Enfin bref, ils faisaient des caprices, ils traînaient, j'ai dû me fâcher plein de fois...
— Et alors, vous êtes arrivés en retard ?
— Non. Par contre, mardi, j'ai oublié de prendre les cartables des jumeaux.
— HEIN ?
— Ben oui, nous étions partis en catastrophe, du coup je n'y ai pas pensé. Ce sont eux qui s'en sont rendu compte, mais nous étions déjà devant l'école, donc je n'avais pas le temps de revenir les chercher. Pas grave : ils se sont débrouillés sans ce jour-là, voilà tout.


Le jour où il me dira que ça s'est mal passé, je m'inquièterai vraiment.



mercredi 14 décembre 2016

Histoire de ceinture

Je m'installe dans la voiture d'un notaire (je vous passe les détails), à l'arrière. Un Italien d'une soixantaine d'années prend place à côté de moi. Je boucle ma ceinture.
— Ah, vous mettez votre ceinture, vous ? me demande-t-il.
— Oui, bien sûr !
— C'est vrai qu'en théorie, c'est obligatoire, mais les policiers ne vérifient jamais.
— Je ne la mets pas parce que c'est obligatoire, je la mets par sécurité !
— Vous faites bien. Moi, j'ai la flemme.

La flemme.

Une demi-heure plus tôt, j'ai vu l'épouse de ce monsieur. Elle est en fauteuil roulant depuis un an. Elle a eu un accident de voiture qui a paralysé la moitié inférieure de son corps. Ils vivent au deuxième étage d'un immeuble sans ascenseur, donc elle ne peut plus sortir de chez elle.

Il a fait le trajet sans ceinture. Je n'ai plus rien dit.

lundi 12 décembre 2016

Nuit XXS

Quand on se couche à 1h30 du matin parce qu'on a une fiche de lecture à terminer absolument avant d'aller dormir,
Et qu'on doit se lever à 4h55 du matin parce qu'on a un train à prendre pour aller expédier des formalités administratives à l'étranger,
Et que ça fait un mois qu'on ne dort pas assez pour cause de boulot-par-dessus-la-tête,
Qu'est-ce qui a toutes les chances d'arriver ?

Que l'un des gamins (Miss Thing One, en l’occurrence) ait un accès de fièvre à 3h du matin, alors que ça n'arrive presque plus jamais (à force d'avoir des otites et des angines tous les dix jours au cours des trois premières années de leur vie, les jumeaux ont fini par se faire des anticorps, et j'ose espérer que le Filou va finir par suivre leur exemple).

Arg.

(Et en plus, maintenant, elle va devoir aller à l'école alors qu'elle est malade. Snif.)

vendredi 9 décembre 2016

Carrément

Je reçois un contrat longtemps attendu. Avant de le signer, je vérifie les informations principales, à savoir le titre, la date de remise et la rémunération. Et là, je poussa une exclamation. Le Grand s'inquiète :
— Qu'est-ce qui t'arrive ?
— Non, non, rien de grave, enfin, j'espère... Ils se sont trompés, ils ont indiqué une somme forfaitaire de 1500 euros.
— Alors que ça devrait être combien, normalement ?
— Eh bien, il est assez long, ce roman, donc voyons... nombre de signes approximatif... Prix aux 1000 signes... Environ 6000 euros en tout.
— Ah ouais, carrément !
Et puis il se met à rire comme une baleine. Je hausse les sourcils, surprise. Et de sa grosse voix d'homme, ce grand gamin m'explique :
— Ils te doivent 6000 euros, et ils te font un contrat à 1500 euros, alors c'est le quart ! Quart-ément ! Arf arf arf ! Tu as compris ?
Et il a recommencé à s'esclaffer.

Je ne m'en suis toujours pas remise.


PS : L'éditeur s'est platement excusé, c'était bien une erreur.

jeudi 8 décembre 2016

Le Grand et les vêtements

— Euh... mon Grand... tu ne vas pas aller en cours comme ça, tout de même ?
— Ben si, pourquoi ?
— Parce que tu as un pantalon avec un trou si grand que ton genou est complètement à l'air, un t-shirt déchiqueté aux manches et au col depuis que tu l'as grignoté, un pull cintré de femme que tu as enfilé à l'envers, des chaussettes dont le talon t'arrive au milieu de la plante de pied, des bottes militaires râpées ayant appartenu à ton grand-père, et un manteau beaucoup trop petit ?
— Ah, c'est vrai, je vais remettre le pull à l'endroit.
— Mais... et le reste ?
— Oh, on ne voit pas le t-shirt ni les chaussettes, de toute façon. Et j'ai déjà mis plein de fois les autres trucs : personne ne s'est moqué de moi.

Ils sont sympas, dans son collège, dites donc.

mardi 6 décembre 2016

Cagoule de rembourrage

Sortie de maternelle. Le Filou court vers moi. Tête nue. Oh non, dites-moi qu'il n'a pas égaré sa cagoule. Les Things ont déjà perdu trois gants, un bonnet et deux tour-de-cou en deux semaines, et je commence à perdre patience !
— Bonjour Filou ! Tu as oublié ta cagoule, on dirait ?
Il éclate de rire et la sort de sa manche, comme un prestidigitateur.
— Ze l'avais cassée !
— Cassée ? Ah, cachée ! Tu m'as fait une farce ?
— Oui, c'était une blague pour rigoler ! Et pis c'est bien, dans la mansse, paske côme ça, on dirait que z'ai des gros mus... mulses... mustles.

Voilà, maintenant j'envisage de lui offrir un t-shirt rembourré pour Noël.

lundi 5 décembre 2016

Tournée avec un auteur (2)

La tournée s'est terminée hier soir, mais je n'ai pas eu une seconde pour en faire le récit, et j'ai entamé sans transition une nouvelle semaine de folie. Quelques morceaux choisis, tout de même ?

- Il y a eu le moment où je suis arrivée dans l'hôtel avec l'auteur, et où le réceptionniste nous a demandé "Préférez-vous une chambre avec un grand lit, ou deux lits séparés ?" (Euh, euh, euh...)

- Le moment où je m'apprêtais à quitter cet hôtel de luxe, à 5h45 du matin, et où on m'a aimablement signalé que l'éditeur avait dû oublier la prise en charge et qu'il fallait donc que je paye les deux chambres ;

- Le moment où l'auteur a piqué une crise en découvrant que nous allions voler à bord d'un avion low-cost, donc sans classe affaire, parce qu'il est claustrophobe et qu'il ne supporte pas d'avoir un autre siège à quelques centimètres de son visage ("Tu ne le savais pas ? s'est-il étonné. Mais alors, tu croyais que si j'exigeais toujours la première classe, c'était parce que j'étais snob ?" "Eh bien... oui.") (Miraculeusement, il restait deux places au tout premier rang, donc nous avons tout de même pu partir, moyennant supplément)

- Le moment où la libraire de la troisième ville nous a annoncé qu'elle nous avait réservé deux chambres dans un hôtel "sympa", mais avec seulement deux étoiles (bref, un hôtel sans bouilloires et sans salle de fitness et sans meubles design et sans chambres plus grandes que tout mon rez-de-chaussée), et où l'auteur m'a expliqué après qu'il détestait "ces petits hôtels miteux" parce que "ça lui rappelait l'époque où il était pauvre" ("Ah, tu vois bien que tu es snob !", ai-je triomphé)

- Le moment où il a refusé d'aller dans une brasserie parce que "la cuisine française, c'est toujours la même chose", et où il a choisi à la place de dîner dans une... pizzeria (si, si) (et encore, c'est parce que j'avais refusé tout net le mac-do)

- Le moment où je n'ai RIEN compris à une plaisanterie lancée par l'auteur devant un public de trois cent personnes et où je me suis retrouvée avec mon micro à la main, à devoir lui faire répéter TROIS fois ce qu'il venait de dire avant de pouvoir traduire (un grand moment de solitude ; j'en rougis encore) (c'est la première fois que ça m'arrive avec une phrase entière) ;

- Le moment où nous sommes arrivés à la gare juste avant qu'il reparte, et où nous avons trouvé une queue de cinquante mètres devant les portiques de sécurité, car les policiers n'avaient ouvert qu'un seul guichet (il a tout de même réussi à attraper son train car nous avions plus de trois quarts d'heure d'avance, mais il paraît que plein de gens l'ont raté).

A part ça, j'ai aussi fait deux promenades trop courtes mais très agréables, en journée à Bruxelles et en soirée à Besançon, dans deux villes que je ne connaissais pas du tout. J'ai adoré les fresques de l'une et les rues piétonnes de l'autre.

Quelques cartes postales ?
Ici, c'est Bruxelles :

Je ne vais pas vous mettre toutes les fresques photographiées,
mais c'est chouette, non ?

Je n'avais jamais vu le Manneken Pis.
Eh bien, pour cette fois, c'est raté...


La plus petite maison
de Bruxelles.

En tous cas, c'est elle qui le dit !
Et Besançon (avec des photos toujours ratées, car mon appareil est nul pour les photos nocturnes) :

J'ai adoré les illuminations de Noël (même si ce serait mieux sans pub)

Il y en avait partout !

Et sans voiture, c'est tout de même plus sympa, hein ?


En plus de ces belles promenades, j'ai aussi rencontré des gens charmants, dormi dans un hôtel de luxe (et un "de pauvres", donc), et mangé dans plus de restos que je n'en fréquente habituellement en un ans. Mais je vous avouerai que je ne suis pas fâchée d'être de retour chez moi !


vendredi 2 décembre 2016

Frustrant

A votre avis, compte-tenu du titre de mon blog, qu'est-ce qui m'a le plus désolée aujourd'hui :
- Passer par trois charmantes villes très cyclables, avec quartiers plus ou moins piétons et vélos en libre-service, et ne pas avoir le temps de pédaler dans les jolies rues ;
- Passer par deux magnifiques librairies de plusieurs centaines de mètres carrés chacune, et ne pas avoir une minute pour flâner dans les rayons ;
- Passer le même jour par la Belgique et la Suisse, et ne pas avoir une seconde pour acheter du chocolat ?

jeudi 1 décembre 2016

Tournée avec un auteur (1)

Tournée promotionnelle avec un auteur. Aujourd'hui, Bruxelles. Arrivée deux heures avant lui, deux heures pour me balader au pas de course, juste assez pour me donner envie de revenir, puis enchaînement interviews et dédicaces. Demain, programme de folie. Trois pays dans la même journée, après un lever à 5h du matin.
— Trois jours sans vos enfants, ça va vous faire des vacances, non? m'avait dit l'attaché de presse...
(Heureusement, je suis assez bien payée) (Mais je voudrais dormiiiiir) (D'ailleurs, j'y vais)

mercredi 30 novembre 2016

Problème de maths

— Maman, je n'arrive pas à faire mon exercice de maths... soupire le Grand.
Je regarde. C'est un problème classique d'un frère qui a le double de l'âge de l'autre. Je lui dis que c'est simple.
— J'ai trouvé le résultat tout de suite, en calculant dans ma tête ! proteste-t-il. Mais il faut expliquer comment on a fait...

On l'a déjà vu cet été, mais on reprend. Je lui explique comment poser l'équation. En fait, il avait compris, mais n'était pas très sûr de lui. On la résout ensemble.

— Tu peux m'aider aussi à faire le deuxième exercice ? supplie-t-il.
— Si tu veux. Alors, mon père a 23 ans de plus que moi, et dans 15 ans, il aura trois fois mon âge... Qu'est-ce que tu choisis comme x ?
— L'âge de celui qui pose la question ?
— Très bien. Alors, dans quinze ans, il aura x + 15, et le père, lui, aura x + 15 + 23, qui vaut donc le triple de x + 15, on développe, on résout, et on trouve que le gamin a... -3,5 ans.

Le Grand s'esclaffe. Je suis vexée. Normalement, les équations, je sais faire, pourtant !

— Bon, essayons autre chose, et prenons comme inconnue l'âge qu'il aura dans 15 ans. Alors, x égal... gnagnagna...
— Il doit être vraiment petit, l'enfant, commente le Grand pendant que je calcule. Ce doit être un bébé surdoué ! Parce que même s'il a 4 ans, par exemple, ça ne marche pas : quand il aura 19 ans, le moment où son père a eu trois fois son âge sera déjà passé.
— ... et donc, x vaut 11,5, qui est donc l'âge qu'il aura dans 15 ans, ce qui signifie qu'aujourd'hui, ce n'est pas un bébé surdoué, ce n'est même pas un fœtus, c'est un spermatozoïde et un ovule qui vont se rencontrer dans environ deux ans et neuf mois, ce qui fait que l'enfant naîtra dans 3 ans et demi.

Voilà, voilà. J'ai bien envie de demander au prof de maths de calculer à quelle date je dois rendre ma prochaine traduction pour que l'éditeur puisse la faire corriger et mettre en page avant Noël, sachant qu'il lui faut un mois...

(N'empêche que je suis toute fière : je ne m'étais pas trompée)

mardi 29 novembre 2016

Négociation numéro 1

Bonjour Fofo,
Vous rappelez-vous cette bande dessinée pour laquelle vous avez fait une fiche positive il y a quelques semaines ? Nous avons acheté les droits. Seriez-vous intéressée par la traduction ? Si oui, quand êtes-vous disponible ? Puisqu'elle aborde des sujets d'actualité, nous désirons la publier le plus vite possible.
Bien cordialement,
Éditrice

Chère Éditrice,
Bien sûr que je m'en souviens, et je serais enchantée de la traduire : c'est un très bel ouvrage. Mais j'ai un planning assez rempli dans les mois qui viennent. Je suppose que le 15 février, c'est trop loin pour vous ?
Bien à vous,
Fofo

Chère Fofo,
Dans l'idéal, nous aurions aimé une remise avant Noël...
Bien à vous,
Éditrice

Chère Éditrice,
Mon mois de décembre est plein comme un œuf. Le 10 janvier ?
Fofo

Chère Fofo,
Si vous ne pouvez pas avant Noël, il nous la faut pour le 2 janvier, ou à la rigueur le 3.
Éditrice

Chère Éditrice,
Si j'étais raisonnable, je refuserais. Comme je ne le suis pas et que j'aime vraiment beaucoup cette BD, je vous propose une remise le 6 au matin. Même en travaillant pendant toutes les vacances de Noël, je ne peux pas faire mieux. A prendre ou à laisser !
Fofo
--------------------------------------

Chère Fofo,
Excusez-moi de ne pas vous avoir répondu tout de suite : je faisais le tour des autres services de la maison pour vérifier le planning. Votre proposition nous convient. Je suis très contente de travailler de nouveau avec vous.
Amitiés,
Éditrice


Bien. Ça, c'est fait.
Maintenant, plus qu'à se mettre d'accord sur la rémunération...

samedi 26 novembre 2016

Le Cid au théâtre Ranelagh

Le Cid. Corneille. 1636. Alexandrins. Tragicomédie, donc avec tous les ingrédients de la tragédie et aucun des ingrédients de la comédie, à part une fin pas trop tragique.


A priori, pas du tout le genre de choses qui pourrait plaire au Grand, avais-je pensé.

Mais bon, Le Cid, c'est aussi une histoire d'amour très connue, un auteur très connu, et puis des citations très, très, très connues. Et le théâtre était un petit théâtre charmant, le théâtre Ranelagh ; et la troupe était celle que nous avions déjà énormément appréciée dans deux Molière au théâtre Michel, le grenier de Babouchka ; et le metteur en scène était aussi le même, Jean-Philippe Daguerre, qui s'adresse entre autres aux adolescents qui découvrent ces œuvres classiques pour la première fois. Donc ça valait le coup d'essayer. Et puis moi, égoïstement, j'avais envie d'y aller, voilà.

N'empêche, je savais que je prenais des risques. Je me suis dit que le Grand allait traîner des pieds, râler parce qu'il y a un mort, ne rien piger à la moitié des alexandrins, s'ennuyer et décréter que de toute façon, les histoires d'amour, c'est nul.
Eh bien, vous savez quoi ? J'avais plutôt raison.

Le Grand est un garçon de 14 ans qui trouve que tout ce qui n'est pas drôle est du temps perdu, sauf si ça concerne l'Histoire ou à la géographie, à la rigueur (je le voyais se réveiller à chaque fois qu'un acteur prononçait les mots "Castille" ou "Grenade" ou "Maures", etc.). Les dilemmes cornéliens, franchement, ce n'est pas son truc, et cette histoire d'honneur qui fait que Rodrigue est obligé de tuer le père de sa copine au risque de la perdre parce que sinon il aura perdu son honneur et donc de toute façon il sera indigne d'elle, ça lui semble assez ridicule parce que bon, "ça se fait pas de tuer quelqu'un, même quand il vous file une baffe" (et là, j'ai un peu de mal à lui donner tort).


Mais il est venu, il a écouté, il a compris, il ne s'est pas trop ennuyé, et il n'a pas trop regretté de ne pas avoir passé sa soirée à relire un Picsou Magazine. Et le mérite en revient tout entier aux acteurs et à la mise en scène. Le texte n'a été que légèrement écourté, mais grâce à un rythme sans temps mort et à des transitions presque instantanées, la pièce ne durait que 1h40, là où, à la Comédie Française, on aurait eu droit à 3h et quelques. Les décors étaient inexistants, mais les costumes tout en dégradé de rouge et blanc étaient somptueux. Le texte était dit avec naturel, mais on entendait bien les alexandrins. Quelques miettes d'humour avaient été introduites mais sans que cela ne cède à la bouffonnerie. Les duels à l'épée étaient assez spectaculaires (chapeau aux comédiens). Et les musiciens présents au fond de la scène ponctuaient l'action assez légèrement (même s'il m'est arrivé une ou deux fois de trouver que la musique couvrait parfois le texte : c'est le seul reproche, minime, que je ferais à cette représentation).

Ah, et puis un dernier détail : il y avait au moins trois acteurs tout à fait charmants sur la scène. Si Don Sanche veut se consoler de son chagrin d'amour, qu'il n'hésite pas à m'écrire un email, surtout...

Et sinon, Rodrigue est pris, OK, mais son père, il est veuf, non ?
(Juste par curiosité.)

Bref, encore une fois, une excellente soirée. Dès le retour, je me suis abonnée à la newsletter du Grenier de Babouchka, et j'ai bien l'intention de retourner les voir très bientôt !

vendredi 25 novembre 2016

Eloge inattendu


Je regarde sur Amazon la date de parution d'un livre que j'ai traduit pour voir s'il est normal que je n'aie pas encore reçu mes "justifs" (les copies destinées aux auteurs, traducteurs, etc.). De fil en aiguille, je tombe sur la fiche d'un livre que j'ai traduit il y a un an ou deux, le troisième volume d'un trilogie, qui m'a été confié parce que le traducteur des deux premiers volumes ne pouvait pas faire le troisième. Par curiosité, je regarde les avis, parce que j'avais trouvé ce troisième volume décevant par rapport aux deux premiers et que je me demande si je suis la seule. Une partie des commentateurs est de mon avis, mais certains ont apprécié le roman. Dont l'un qui dit :
"La traduction de ce troisième volume, bien meilleure que celle des deux premiers volumes, augmente le plaisir de la lecture."

Voilà, c'est dommage, je viens de m'acheter de nouvelles baskets, maintenant je ne vais plus rentrer dedans.

mercredi 23 novembre 2016

pâmoison et miction

Le Grand, hier soir :
— Maman, aujourd'hui j'ai eu un malaise en classe.
— Hein ? C'est vrai ? Que s'est-il passé ?
— On était en français, et le prof a lu un texte au sujet d'un méchant qui tranchait des gorges. J'avais les oreilles qui bourdonnaient, et je voyais flou, alors j'ai posé la tête sur mon bureau... et puis quand je me suis réveillé, le prof avait déjà fini de lire et il était déjà en train de poser des questions.
— Mais... on t'a envoyé à l'infirmerie ?
— Non. Personne ne s'en est rendu compte. Je l'ai juste dit au prof, à la fin du cours, et il m'a dit que normalement, il n'y aurait pas d'autres textes avec du sang d'ici la fin de l'année.

Bref, ça ne s'améliore pas.



Mr Thing Two, peu après :
— Maman, sans faire exprès j'ai fait pipi dans la caisse du chat !
— QUOI ?
Je me précipite dans la salle de bain. Le Filou est sur les toilettes, et en effet, le sable du chat est trempé, sans une seule goutte à côté.
Je compte mentalement jusqu'à trois, je respire à fond, et je réussis à dire calmement :
— Mon bonhomme, je crois qu'il y a un mensonge dans ta phrase.
— Mais non, je t'assure ! J'ai fait pipi dans la caisse du chat !
— Ah, maintenant, le mensonge a disparu... Tu me répète ta phrase ?
Il regarde piteusement ses pieds.
— J'ai fait pipi dans la caisse du chat, mais j'ai fait exprès...
— Parce que ton frère occupait les toilettes et que tu avais la flemme de monter à l'étage au-dessus, n'est-ce pas ?
— Oui.

Lui non plus, il ne s'améliore pas...

mardi 22 novembre 2016

Les animaux fantastiques

Avertissement : cet article ne contient pas de véritables spoilers, mais je vous conseille tout de même de ne pas le lire si vous n'avez pas encore vu le film et si vous avez l'intention de le voir prochainement, pour que ma vision des choses ne vous influence pas !

 Je n'ai pas vu les films de la saga Harry Potter lors de leur sortie, juste deux d'entre eux avant d'aller visiter le studio où ils ont été tournés en Angleterre, et je me suis empressée de les oublier depuis. Je ne compte plus les fois où j'ai écrit cette phrase sur ce blog, mais je n'aime pas les adaptations, en tous cas pas les adaptations de livres que j'ai appréciés. J'ai toujours l'impression qu'on me prend mes images mentales pour les remplacer par d'autres qui sont forcément moins personnelles, moins parfaites, moins riches, moins détaillées. Sans compter qu'on perd la magie des mots, sauf dans les dialogues. Je ne vois pas quel plan, même très réussi, pourrait remplacer cette phrase merveilleuse "But from that moment on, Hermione Granger became their friend. There are some things you can't share without ending up liking each other, and knocking out a twelve-foot mountain troll is one of them." (traduction de JF Ménard, qui ne me satisfait pas pleinement, même si je ne suis pas certaine qu'on puisse faire mieux : "A compter de ce moment, Hermione devint amie avec Ron et Harry. Il se crée des liens particuliers lorsqu'on fait ensemble certaines choses. Abattre un troll de quatre mètres de haut, par exemple").

Bref, je n'aime pas les adaptations, mais quand j'ai appris le tournage du film Les animaux fantastiques, j'étais enchantée, car ce n'est pas une adaptation, justement. J'aurais voulu aller le voir le jour de la sortie, pour être parmi les premiers. Une assemblée générale de militants cyclistes m'en a empêchée, mais je me suis rattrapée dès dimanche, après avoir passé une bonne partie de la journée à travailler, de manière à ne pas trop culpabiliser. A 18h, j'ai salué tout le monde, j'ai enfourché mon vélo, et je suis partie dans un grand cinéma à une demi-heure de chez moi.

Bien entendu, j'ai passé une excellente soirée. Contrairement à Darling, j'adore aller au cinéma toute seule : on est certain de ne pas être déconcentré par quelqu'un qui vous demande un mouchoir / ôte son pull / vous prend la main... J'étais donc dans le film à 100%, et j'ai pu l'apprécier pleinement.
Ce n'est pas la peine que je vous fasse une critique positive, vous en trouverez partout, même dans Télérama. Bien sûr que c'est bien ficelé, bien sûr que les effets spéciaux sont à couper le souffle, bien sûr que les acteurs sont excellents, bien sûr qu'on apprécie la fin qui clot réellement l'épisode tout en laissant une porte ouverte pour la suite.
Du coup, comme je n'ai rien à dire de très original au sujet des qualités du film, je vais me concentrer sur ses défauts (à mes yeux, bien sûr).

- Ce n'est pas d'une grande originalité. OK, je sais, ce n'est pas ça qu'on va chercher en allant voir un neuvième film sur la même thématique situé dans le même univers, donc c'est une critique injuste. N'empêche, je m'attendais à un peu plus de surprises, de rebondissements, de différences, autres que celle de l'époque où se situe l'intrigue.

- Le personnage principal manque un peu de charisme. Je sais bien que c'est voulu, qu'il est censé être plutôt asocial et bien plus à l'aise en compagnie des animaux que des humains, mais ça m'a chagrinée. Cette manière qu'a l'acteur de regarder les gens en biais sous ses cheveux a fini par m'agacer. De même, l'héroïne est un petit peu fade. En fait, ils se font éclipser tous les deux, l'un par son copain, l'autre par sa sœur. Dommage.

- L'histoire d'amour principale qui est esquissée manque cruellement d'étincelles. Inutile de revenir là-dessus : les histoires d'amour sont le gros point faible de JK Rowling, alors que ses histoires d'amitié sont merveilleuses. Franchement, je ne vois pas l'ombre d'une attirance entre les deux personnages principaux.

- Un détail, mais qui n'en est pas vraiment un : l'histoire d'amour secondaire entre un homme obèse et pas spécialement beau de 40 ans et une femme incroyablement sexy de 32 ans m'a agacée. Non pas que ça me pose problème en soi, mais c'est toujours, toujours dans le même sens. Et non, le fait que la présidente du MACUSA soit une femme ne me console pas, surtout que c'est, là aussi, une femme jeune et jolie, bien sûr. Les femmes moches de 50 ans n'existent pas au cinéma, en tous cas pas dans des rôles positifs.

- Dernière chose : c'est trop court ! Je suppose que ça m'a fait cette impression parce que je comparai inconsciemment aux romans de Harry Potter, mais j'ai trouvé que ça manquait d'explications, de scènes d'ambiance, de détails, de longs dialogues, de récits, de souvenirs, d'anecdotes... Bref, tout ce qui fait, d'après moi, le charme des romans. Comment voulez-vous caser tout cela en deux ou trois heures, surtout avec toutes les scènes d'actions indispensables ? Impossible, je sais. Voilà pourquoi je regrette infiniment que JK Rowling n'ait pas décidé de raconter cette histoire par écrit, plutôt...


Voilà, maintenant que j'ai bien pinaillé, je répète que j'ai passé une très bonne soirée, et que c'est du bon boulot. J'irai très certainement voir les suivants, et avec plaisir. Tant mieux, parce qu'avec une série de cinq films espacés de deux ans, on en a encore pour huit ans à en bouffer, des animaux fantastiques !

samedi 19 novembre 2016

Etourderie têtue

J'avais quelque chose à apporter à une amie, depuis quelque temps déjà.
— Eh bien, ce sera l'occasion de nous voir ! avais-je dit.
Je l'avais donc invitée à dîner. Sauf que ce soir-là, j'avais oublié de lui donner ce que j'avais prévu pour elle.
Je lui ai donc proposé de passer ce weekend.
— Pendant que nous y sommes, pourquoi ne pas goûter ensemble ? ai-je suggéré.
Elle a accepté, et a invité deux amies de plus. Quant à moi, j'ai emmené mes gamins. Tout le monde a apporté un gâteau. Nous avons bavardé, nous avons ri, et nous nous sommes empiffrées. C'était un goûter très sympa.
J'ai juste oublié quelque chose. Devinez quoi ?

(Tant pis, j'y retournerai demain)
(Quand on n'a pas de tête, il faut avoir des jambes, me disait souvent ma mère)
(Le pire, c'est que ce n'est pas la première fois que ça m'arrive : j'organise un déjeuner avec quelqu'un à qui je dois donner quelque chose, et puis toute à ma joie de voir cette personne, j'en oublie le prétexte qui est à l'origine de ce déjeuner...)
(On notera que je n'ai pas oublié d'apporter un gâteau, par contre !)

vendredi 18 novembre 2016

Plats complets pour famille nombreuse flexitarienne

Le casse-tête quotidien, et même bi-quotidien le weekend et pendant les vacances : que faire à manger pour six personnes qui soit bon, qui soit équilibré, qui ne fasse pas trop râler les enfants, qui contienne le moins de viande possible, qui remplisse l'estomac, qui soit correct dans le cadre de l'alimentation d'un diabétique, et qui n'exige pas deux heures de préparation ?

Ma réponse standard, ce sont les pâtes aux légumes. Le plus grand classique de tous mes classiques, celui que je fais au moins une fois par semaine, ce sont des pâtes avec quelques lardons, beaucoup d'oignons, beaucoup de courgettes ou de poireaux selon la saison, le tout arrosé de crème fraîche et de comté. Tout le monde aime ça, on ne s'en lasse pas, c'est rapide à préparer (surtout avec des courgettes), ce n'est pas cher, c'est presque végétarien (environ 10 grammes de lardons par personne), ça cale même les ados affamés, bref, tout pour plaire.

Ma deuxième réponse standard, c'est le risotto, également aux légumes. Carottes et céleri que j'ai toujours dans mon frigidaire, petits pois que j'ai toujours dans mon congélateur, et puis tout ce qui me tombe sous la main, parfois même un ou deux blancs de poulet. Je fais ça dans une cocotte énorme, pour qu'il en reste plein, et le lendemain je peux faire des fritti di riso : deux repas d'un coup.

Après ça, dans les plats complets qui reviennent assez souvent, il y a :
- Le gratin de chou-fleur (ou brocoli, ou blettes) et aux pommes de terre, à la béchamel ;
- Le minestrone ;
- Les lasagnes, soit traditionnelles mais avec plein de légumes en plus, soit aux épinards (avec un peu de saumon) ;
- La salade de riz, surtout en été ;
- Les lentilles dans lesquelles je rajoute quelques saucisses ;
- Le chili con carne accompagné de riz (avec beaucoup de haricots rouges et peu de viande) (j'ai tenté le "chili sin carne", mais bof) ;
- Les tartes aux légumes.

En me creusant la tête, j'ai trouvé des idées de plats qui pourraient faire l'affaire, mais auxquels je ne pense jamais :
- Les omelettes à tout (riz ou pommes de terre + légumes) ;
- La semoule (couscous, tajine... je n'y connais rien, ce n'est pas dans mes habitudes) ;
- La rösti avec d'autres légumes racines en plus des pommes de terre ;
- Les galettes de céréales avec une salade.

(Sinon, il m'arrive de céder à l'envie d'un menu traditionnel du genre poulet + purée + haricots verts, ou filet mignon en sauce + légumes + riz, mais ce ne sont pas des plats complets, et surtout ça ne répond pas à mon désir de diminuer notre consommation de viande.) 

Et maintenant, je fais appel à vous, car je cherche d'autres idées. Qu'est-ce que j'oublie ? Qu'est-ce que je pourrais ajouter sur ma liste ? Quels sont vos classiques, à vous ?

jeudi 17 novembre 2016

Des répétitions répétitives

Alors, certes, dans d'autres langues que le français, les répétitions sont beaucoup mieux tolérées, mais quand même,
Elle sauta de joie en frappant ses mains l'une contre l'autre, cria "Youpie !" et applaudit en sautillant sur place"
ou
Le soleil se reflétait sur ses écailles luisantes qui brillaient et reluisaient sous la lumière du soleil,
ça peut laisser à penser que ce texte aurait pu être relu avec un peu plus d'attention, non ?

mardi 15 novembre 2016

Récit d'une sortie par le Filou

— Maman, auzourd'hui, on est y allés à la blibliothèque, m'annonce le Filou à la sortie de l'école maternelle, tandis que nous pressons le pas pour aller chercher les Things à l'école primaire.

Je le sais. J'étais censée accompagner la classe, mais j'ai téléphoné ce matin à l'école pour demander si vraiment vraiment ils ne pouvaient pas se passer de moi, parce que l'idée de perdre trois heures de travail me faisait dresser les cheveux sur la tête. Et par bonheur, on m'a dit que si, qu'on avait trouvé d'autres accompagnateurs. Bref, je le sais, mais je continue à l'interroger, parce que j'adore l'entendre parler, avec son zozotement et ses fautes récurrentes.

— Ah, vous êtes allés à la bibliothèque ? C'était bien ?
— Oui, et aussi y avait des grands ! Des... Des grands qui z'étaient là...
— Des bibliothécaires ?
— Oui, et y nous ont raconté des livres !
— Super. Est-ce que tu as vu des livres que tu connaissais déjà ?
— Oui, y avait des Caroline. Quand elle va au pestacle.
Caroline au cirque ?
— Si tu l'dis. Et pour aller à la blibliothèque, on est pas passé par le vrai semin !
— Allons bon. Vous êtes passés par un faux chemin, alors ?
— Oui, on était pas côme d'habitude, et c'était pas par là d'habitude, et on a marsé, et même on est passé sous un pont vertizineux, un peu !

Quand je pense que bientôt, je n'aurai plus que des enfants qui parlent tout à fait correctement, j'en pleurerais presque...

lundi 14 novembre 2016

Boulot, dodo, boulot, dodo, sans le métro

Je bosse, je bosse, je bosse. Je crois que je n'ai pas dû souvent travailler autant pendant un weekend de trois jours que je l'ai fait les 11, 12 et 13 novembre. Dommage pour les gamins, qui n'ont pas eu droit à la moindre sortie, sauf dans le jardin où ils ont balancé la moitié des buches par-dessus le mur dans la benne du chantier d'à côté, mangé le raisin à moitié pourri que j'avais oublié de cueillir (oui, il y a une vigne dans mon jardin, elle était déjà là quand nous sommes arrivés), couru derrière le chat en poussant des cris d'Indiens, le tout avant de se rouler par terre dans l'herbe boueuse. M'en fiche, pendant ce temps-là, j'ai pu traduire quelques pages de plus. Je me suis couchée trois fois de suite entre minuit et demie et une heure et demie du matin, je me suis levée à 7h30 pour recommencer à travailler dimanche matin, mais j'ai réussi à terminer ce que j'avais prévu de faire.
Plus qu'à continuer comme ça jusqu'à fin novembre.
Courage.

Bien sûr, c'est justement aujourd'hui que l'instit du Filou m'a dit "Vous pouvez nous accompagner à la bibliothèque, demain ? Vous m'aviez dit que je pouvais vous demander occasionnellement, si je ne trouvais personne d'autre..."
Quand ai-je jamais su répondre non à une question de ce genre ? Comment pouvais-je priver 30 gamins de leur sortie à la bibliothèque ? J'ai dit oui. Je me coucherai à 2h du matin la nuit prochaine, voilà tout.

Voilà, c'était donc un billet pour dire que je n'ai rien à dire et que je n'ai pas le temps de le dire. Mais ce n'est pas une raison pour se taire, si ?

vendredi 11 novembre 2016

Pollyanneries

Allez, après mon coup de blues d'hier, une petite liste de pollyanneries.

- Je suis contente parce que j'ai trop de travail, ce qui commence certes à me stresser, mais qui vaut mieux que ne pas en avoir assez ;
- Je suis contente d'avoir eu l'occasion de rire ce matin en voyant quelque part su Internet cet énième détournement d'un Martine qui m'a rappelé des souvenirs :

- Je suis contente parce que le Filou, malade le weekend dernier, est de nouveau malade ce soir et promet de l'être ce weekend, ce qui est tout de même nettement mieux que s'il était malade pendant la semaine (cf. le passage sur la charge de travail) ;
- Je suis contente parce que j'ai fait dernièrement l'effort d'accomplir des petites tâches qui attendaient depuis longtemps (miracle des listes) ;
- Je suis contente parce que j'ai pris plusieurs billets pour des pièces de théâtre à venir et que je m'en réjouis d'avance ;
- Je suis contente parce que j'ai perdu un dictionnaire bilingue sur CD-rom, la facture de la tablette du Grand (qui a besoin d'être réparée et est théoriquement sous garantie), mon maillot de bain et cinq ou six bonnets de bain (?), un minuteur pour cocotte-minute, et au moins une cinquantaine de chaussettes dépareillées, et que cela m'a donné l'occasion de ranger ma maison en les cherchant (et puis aussi, ça prouve que les poltergeist existent, ce qui est plutôt rigolo) ;
- Je suis contente parce que le Grand s'est à peu près habitué à faire un quart d'heure d'allemand ou d'anglais tous les jours avec moi, et qu'il ne râle pas trop ;
- Je suis contente parce que les petits ont tous les trois détesté le gâteau aux pommes et pruneaux que j'avais préparé pour le goûter, du coup il m'en reste plein pour demain matin (miam) ;
- Je suis contente d'être allée courir une heure ce matin, et de constater que malgré mon manque de régularité, ce n'est pas trop difficile ;
- Je suis contente de ne pas vivre aux États-Unis (cela dit, c'est un pays qui ne m'a jamais tentée, même avant) ;
- Je suis contente parce que mes enfants vont bien ;
- Je suis contente parce que le ciel était magnifique, ce matin ;
- Je suis contente parce que c'est bientôt Noël ;
- Je suis contente d'aller me coucher.

(Pollyanna avait raison, ça marche à chaque fois : je me sens déjà beaucoup mieux.)

mercredi 9 novembre 2016

C'est lui...

Quand j'étais adolescente, c'était toujours ma mère qui me réveillait le matin. Sauf les mercredi, parce qu'elle était institutrice et ne travaillait pas ce jour-là, donc elle dormait un peu plus tard. Du coup, le mercredi, c'était mon père adoptif qui s'y collait, après avoir bu son café dans la cuisine en écoutant les infos à la radio.
A l'époque, je m'intéressais beaucoup à la politique, au point de regarder des émissions que je ne supporterais plus cinq minutes aujourd'hui. Alors un mercredi de novembre en 1992 (j'avais seize ans), quand mon père adoptif est venu me réveiller, avant même d'ouvrir les yeux, je lui ai demandé :
— C'est qui ?
— Mais voyons, c'est moi, ma chérie ! a-t-il répondu, un peu perplexe.
Il avait de bonnes raisons d'être étonné : je suis plutôt quelqu'un qui se réveille vite, jamais désorientée comme peuvent l'être certaines personnes qui ont besoin de plusieurs minutes avant de se rappeler comment ils s'appellent. Impatiente, j'ai insisté :
— Mais non ! C'est qui le nouveau président des États-Uni ?
— Ah ! C'est Clinton.
Pendant des années, ce "C'est qui" mal compris est resté une plaisanterie entre nous. Je pense qu'il s'en souvient encore. Alors ce matin, au lever, j'avais prévu de lui envoyer un texto avec exactement les mêmes mots, "C'est qui ?", pour qu'il me fasse la même réponse, "C'est Clinton".
Sauf que non.

Ce n'est peut-être pas la fin du monde – quoiqu'un climatosceptique à la tête du pays le plus puissant sur Terre pourrait sérieusement rapprocher celle-ci – mais j'ai énormément de mal à digérer cette nouvelle, non seulement d'un point de vue politique, mais aussi à cause de ce que cela nous apprend sur la nature humaine. Même si ça ne devrait pas m'étonner, bien sûr : dans le genre "ce que les gens apprécient chez moi, c'est que je m'en mets plein les poches comme ils voudraient le faire, et que je suis aussi égoïste et malhonnête et peu cultivé et sexiste et raciste qu'eux", il y en a eu d'autres, par exemple Berlusconi. Mais quand même, bon sang, quand même...

(Demain, une liste de pollyanneries, pour essayer de me remonter le moral)


mardi 8 novembre 2016

Deuxième année d'allemand pour le Grand

Le Grand devait faire une phrase en allemand, au passé composé, qui commençait par "l'année dernière".

L'allemand est sa deuxième langue vivante. Comme il est en troisième, il en a déjà fait un an. En théorie, du moins. Ce n'est qu'en septembre de cette année, quand il est venu me trouver avec ses devoirs qu'il était incapable de faire, que je me suis rendu compte qu'en quatrième, il n'avait strictement rien appris, en dehors d'une demi-douzaine de phrases toutes faites. Sa nouvelle prof est catastrophée du peu de travail fait par son prédécesseur. Le Grand ne savait pas former un participe passé. OK, admettons. Il ne savait pas dire "jamais", "ici", "aussi", "pourquoi". Allons bon. Il ne savait pas que le verbe devait être en deuxième position. Ah oui, tout de même. Il ne savait pas faire une phrase négative, parce qu'il ne savait pas dire "pas". Carrément ? Il ne savait pas conjuguer "être" et "avoir" au présent. Hein ?

Depuis, je me suis attelée à la tâche et j'essaie d'en faire régulièrement avec lui, à petites doses, mais plusieurs fois par semaine. N'empêche que nous revenons de loin. Du coup, pour son exercice, je lui ai proposé "L'année dernière, je n'ai pas beaucoup appris l'allemand".

Et vous savez quoi ? Il a accepté. Même pas peur. Avec un peu de chance, sa franchise fera rire sa prof...

lundi 7 novembre 2016

Comparaison britannique (bis)


Après le dragon qui avait un museau "grand comme un plateau à thé", voici que c'est un car, dans un pays imaginaire quoique terriblement british, qui est lustré comme un bijou mais "à peu près aussi confortable qu'un plateau à thé".

Ou comment on distingue un auteur britannique d'un auteur américain dès la première page, sans même avoir à vérifier l'orthographe du mot "theatre" ou l'utilisation courante du mot "mad".

Enfin quoi, franchement, ils n'ont pas d'autres éléments de comparaison que des trucs en rapport avec le thé, les Anglais ?

(Et comment je vais traduire ça, moi ?)

dimanche 6 novembre 2016

Le jour où je suis devenue tante

En réalité, je suis devenue tante il y a presque un an, en un jour terrible ou des dizaines de gens qui aimaient la musique et les cafés sont morts, en un jour merveilleux où ma sœur a eu son premier enfant.
Mais hier soir, pour la première fois, les jeunes parents m'ont confié le petit Gnafron pour la nuit. Pour la première fois, mon neveu a passé vingt-quatre heures chez moi, et j'ai retrouvé avec lui les gestes familiers : changer la couche, enfiler un pull en faisant attention aux petits doigts, donner la becquée et essuyer les traces sur les coins de la bouche avec la cuillère, porter un bébé à moitié sur la hanche pour libérer une main, etc. Gestes faits mille fois, il n'y a pas si longtemps que ça, et pourtant qui appartiennent déjà au passé, chez moi. Gestes que je n'avais jamais faits avec d'autres bébés que les miens – et occasionnellement avec mes deux petites sœurs, dont la jeune mère. Mais quand, ce matin, hébétée de sommeil (le Filou était malade, et ne m'a pas beaucoup laissée dormir), je me suis levée ce matin en entendant le premier gazouillis du petit bonhomme, je me suis dit que j'étais tante pour de bon...
J'espère que quand il grandira, il se joindra de temps en temps à ma tribu le temps d'une sortie, d'un weekend, ou de voyages. J'espère que quand il aura dix ans, il se sentira chez nous comme chez lui. J'espère que quand il aura vingt ans, il sera proche de ses cousins, et les verra volontiers même hors fêtes de famille. Et j'espère que j'aurai d'autres nièces et neveux pour que la famille s'agrandisse, parce que plus on est de fous, plus on se tient chaud !

samedi 5 novembre 2016

Correcteur orthographique manuel

J'écris quelques lignes à la main, avec un stylo à plume, sur du vrai papier. Cela fait longtemps que ça ne m'arrive presque plus jamais.
Soudain, j'ai un doute. Voyons, où se trouve le H dans "silouette", déjà ?
Je tente "silouhette", et je lève ma plume. Rien ne se passe. C'est bon, me dis-je. Aucun trait rouge n'est apparu sous le mot, donc c'est la bonne orthographe.

(Des fois, ça fait peur, quand même)
(Ça me rappelle ma copine qui s'était surprise en train d'appuyer le doigt sur un mot pour avoir sa définition, sauf qu'elle lisait sur un livre en papier, pas sur sa liseuse)

(Et au fait, en vrai, c'est "silhouette")

jeudi 3 novembre 2016

Le Filou et la première lecture

Retour de l'aéroport, en taxi. Autoroute. Personne ne dit rien, car nous sommes tous un peu sonnés de nous être levés à 4h et demie du matin. Les enfants commencent à piquer du nez. Et puis tout à coup, alors que nous passons devant une célèbre enseigne suédoise, le Filou s'exclame :
— Maman, z'ai vu y avait écrit "Ikea" ! I, K, E, et A !

Le premier mot comportant plus d'une syllabe qu'il a appris à prononcer était "Nutella" (rappelez-vous) ; le premier mot qu'il a appris à écrire et à lire est "Ikea", alors qu'il ne sait pas encore écrire son propre prénom (nettement plus compliqué, certes). Non non, mais tout va bien, je le vis très bien, je vous assure...


PS : Je jure que je ne l'y emmène pas tous les quatre matins, tout au plus une fois par an : je rappelle que nous n'avons pas de voiture. Mais c'est écrit en grosses lettres au fond de nos verres, donc il révise quotidiennement !

mardi 1 novembre 2016

Retour de vacances quasi-estivales : cartes postales

Non, non, je ne suis pas tombée dans une faille spatio-temporelle... quoique. Comme il y a deux ans, nous venons de passer cinq jours de vacances dans un lieu où personne n'a l'air d'être au courant que l'automne est arrivé, même pas les arbres. Plage, baignade dans une eau à 21°C, châteaux de sable, promenades au soleil, t-shirts à manches courtes, glaces et sandales. Des vacances très, très chouettes.

Allez, je file me coucher. Je ne sais pas si c'est la fatigue de ces derniers jours (il faudra encore bien des années avant que "vacances" soit synonyme de "repos"...), ou le changement d'heure, ou le fait de m'être levée à 4h30 ce matin pour pouvoir partir avec enfants et bagages à 5h15, ou la promenade de cinq kilomètres et quelques que j'ai faite aujourd'hui avec mon père adoptif pour profiter des couleurs automnales (parce que bon, les palmiers, ça lasse), mais j'ai l'impression qu'il est minuit passé...

Oui, nous avons eu plutôt beau temps.

Disons qu'on ne peut pas se plaindre.

Les effets pervers du buffet du petit-déj :
l'assiette de Miss Thing One.

Celle de Mr Thing Two.

Des arbres étranges...

Mais surtout des palmiers (et des jump shots)

mercredi 26 octobre 2016

Renaud au Zénith

Je ne vais pas souvent dans des salles de concert ; ce n'est pas trop mon truc. Le nombre de chanteurs que j'ai vu sur scène se compte sur les doigts d'une main : Dorothée quand j'étais petite, Barbara quand j'étais ado, Anne Sylvestre il y a quelques années... et puis Renaud. Mais lui, je l'ai vu plusieurs fois. C'est le tout premier chanteur "pour adultes" que j'ai découvert, et je pense que ça reste mon préféré. La première fois que je l'ai vu sur scène, c'était au Casino de Paris ; j'avais seize ans et deux jours, et j'étais terriblement émue. Et puis je l'ai vu dans une salle encore plus petite lors d'un concert enregistré pour la radio. Et puis à Toulouse, quand je faisais des études, avec un copain aveugle. Et puis la dernière fois qu'il est passé au Zenith, avec Darling, il y a une dizaine d'années, même qu'il avait une voix épouvantable. Hier soir, de nouveau au Zénith, c'était donc la cinquième fois.

Disons les choses très franchement, au niveau de la voix, ça ne s'est pas vraiment amélioré. J'avais bon espoir, pourtant, mais on est très loin même du niveau de son nouvel album, où certaines chansons sont pourtant débitées d'une voix assez... pâteuse. Hier, il a avoué lui-même que sa voix était "rocailleuse, comme disent les journalistes". Si on était un peu plus brutal, on pourrait dire qu'il ne peut plus du tout chanter : tout était presque aussi monocorde que le slam "Ta batterie".

Mais ce n'est pas grave. Ce n'est pas pour sa voix que j'aime Renaud, de toute façon. Et puis le public chantait, lui, et on retrouvait ainsi les mélodies originales. Et les arrangements étaient supers, les décors magnifiques, l'ambiance très chouette. Et j'ai redécouvert des chansons que je n'avais pas écoutées depuis au moins quinze ou vingt ans et que je savais miraculeusement encore par cœur, et que je ne me suis pas privée de chanter moi-même à pleine voix.

Bref, une chouette soirée. Pas tout à fait la même émotion que quand j'avais seize ans et que j'étais assise à trois mètres de lui (au deuxième rang), mais une chouette soirée quand même !

lundi 24 octobre 2016

Vacances de Toussaint

Pas beaucoup de temps pour bloguer, en ce moment... La faute aux vacances. Il faut dire qu'il faut occuper les enfant. Donc :

On visite de beaux châteaux...


 On court, et parfois même on vole...


On admire les couleurs de l'automne...


Ou des arc-en-ciels...


On découvre un jardin de statues en plein air...


Et puis on va au cinéma (Ivan Tsarévitch et la princesse changeante : un régal pour les yeux), et puis on organise des pique-nique, et puis le soir, quand les enfants son couchés, je me mets au travail et je pique du nez sur mon clavier avant de me coucher à minuit passé et de lire encore un peu parce qu'on m'a demandé une fiche de lecture urgentissime.

Depuis que les enfants ont un peu grandi, je ne déteste plus autant les vacances, mais il faudra encore un certain nombre d'années, je pense, avant qu'elles redeviennent synonymes de "repos" ou "temps libre"...






samedi 22 octobre 2016

Un chat à moitié nu

Un chat à poils très très long, c'est beau. Sauf quand les poils s’emmêlent et que la vétérinaire décide de raser la moitié de la bête parce que "ça lui fera du bien".



Voilà, maintenant Monseigneur Virgile sait ce que cela pourrait faire pour un humain de se promener avec un bonnet, une écharpe, et trois pulls, mais le bas du corps nu, sauf les pieds. Si ma grand-mère voyait ce que je fais subir à son chat de race, je pense qu'elle aurait deux mots à me dire...

jeudi 20 octobre 2016

Le Grand est dans la Lune

Le Grand, entre la poire et le fromage :
— Maman, si on découpait la lune, la planète entière, en cubes de 50 cm de large, disons, et qu'ensuite on les rapportait sur la Terre, est-ce qu'il y en aurait assez pour couvrir toute la surface de la Terre ? Ou trop ?

Non mais je vous jure. Cet enfant a l'art de me poser des questions qui ne m'avaient jamais effleurée.

— Eh bien, mon chéri, tu sais quoi, tu cherches sur ta tablette le diamètre de la Lune, ce qui te permettra de calculer son volume, puis tu cherches le diamètre de la Terre, ce qui te permettra de calculer sa superficie, et quand tu auras fait le calcul, tu me donneras la réponse, d'accord ? Ça tombe bien, tu es en vacances, tu as du temps à perdre.

Bien sûr, il ne l'a pas fait. Du coup, je reste sur ma faim. Donc je vous propose de vous y mettre, vous, là-bas, qui vous ennuyez derrière vos écrans. Sachant que le diamètre de la Lune est 3475 km environ, et celui de la Terre 12.740 km (en moyenne : on négligera le fait que la Terre est aplatie aux pôles), pouvons-nous faire à la Terre un joli plancher en pierre de lune ? Vous avez deux heures. L'usage du sèche-cheveux et de la montre à gousset est interdit.

mardi 18 octobre 2016

VF : Version Fausse ?

Entendu dans une librairie, où deux gamins de neuf ou dix ans discutaient devant Harry Potter and the cursed child :
— Ça, c'est la vraie version. En français, c'est la fausse version.
— C'est pas une fausse version ! C'est juste traduit, mais c'est la vraie version.
— Non, c'est comme dans les films : il y a la VO et la VF, et la VF, c'est pas la vraie version.
L'autre réfléchit, puis objecte :
— Mais c'est pas pareil ! Dans les films, c'est pas les vraies voix des acteurs. Mais dans les livres, c'est juste les vrais mots traduits.
Et d'enterrer le débat :
— Et de toute façon, la vraie version, celle qu'elle a écrite en vrai, tu l'auras jamais. Tout ça, c'est juste des copies : elle a pas tapé des millions de livres...

(Quand ils seront un peu plus grands et qu'ils connaîtront peut-être une ou deux autres langues, on pourra les mettre d'accord en leur citant Umberto Eco : traduire, c'est dire presque la même chose...)

lundi 17 octobre 2016

Oliver Twist

Avec des amis, nous avions réservé ce weekend de mi-octobre pour aller voir Le Fantôme de l'Opéra, que j'ai déjà vu à Londres il y a tout plein d'années, mais que j'aurais volontiers revu. Sauf que voilà, le théâtre Mogador a brûlé. Représentation annulée, Fantôme de l'Opéra repoussé, places remboursée. Alors ?



Alors j'ai proposé de tester à la place le nouveau spectacle musical sur Oliver Twist qui se joue actuellement Salle Gaveau, dans une mise en scène de Ladislas Chollat. J'avais vu la bande annonce, et cela ressemblait vraiment à une comédie musicale comme celles que l'on peut voir à Londres. Samedi soir, avec deux de mes amis et avec le Grand, nous sommes donc allés voir ce que cela donnait.

Conclusion ? C'est très bien, évidemment. Des très bonnes voix, des chorégraphies spectaculaires, des décors très réussis. Mais comme je suis devenue très difficile pour ce genre de choses, je me suis permis de maugréer un peu en sortant. D'abord parce que la salle "d'une acoustique exceptionnelle" est visiblement faite pour écouter et pas pour voir : scène trop basse et parterre horizontal, donc on voit surtout les têtes des spectateurs devant soi et pas les acteurs. Ensuite, parce que les acteurs sont trop âgés : je sais qu'en France, il est impossible de trouver plein de gamins qui savent à la fois jouer et chanter (et, tant qu'à faire, danser), mais c'est vraiment dommage (j'avais vu le spectacle Oliver ! adapté du même roman il y a quelques années à Londres, et il y avait une bonne dizaine de gamins sur scène...). Et puis parce que les chansons ne sont pas inoubliables, et puis parce que certains acteurs chantent et dansent mieux qu'ils ne jouent, et puis parce que certains détails sont carrément lourds (par exemple, l'immense silhouette d'un garçon qui court, projetée sur le rideau derrière Oliver pendant sa seule chanson en solo, est d'un goût plus que douteux), et puis parce que certains enchaînements ne sont pas très réussis ("Je le défendrai au péril de ma vie !" dit brusquement Nancy alors qu'elle s'était totalement désintéressée du sort du gamin jusque là), et puis parce que le message  du roman est passablement dénaturé ("Quand on est honnête et qu'on garde la foi, on peut toujours s'en sortir", dit en substance Oliver, gosse de riche qui va bientôt retrouver sa famille, à ses camarades qui crèvent de faim)...


Néanmoins, c'est un beau spectacle. Et j'insiste sur le mot spectacle. N'allez pas là-bas pour chercher de l'émotion, pour verser des larmes sur le sort des miséreux dans l'Europe des années 1830. Si c'est ce que vous cherchez, Les Misérables est la pièce qu'il vous faut (plus qu'à aller à Londres). Mais c'est une comédie musicale tout à fait honorable, et "made in France", en prime (Les Misérables aussi, cela dit) (d'accord, j'arrête).

Un dernier avertissement, cependant. Si vous avez des enfants trop sensibles, faites attention. Le Grand, qui passe son temps à regarder des documentaires sur la Seconde Guerre mondiale, s'est trouvé mal parce qu'à un moment donné, l'actrice qui jouait une gamine malade est apparue avec un peu de rouge autour de la bouche. Et là, le grand dadais de quatorze ans est tombé dans les pommes. Si, pour de vrai. Il s'est effondré sur mes genoux, et il ne me répondait plus. Il a perdu connaissance deux minutes à peine, mais ça m'a fait un choc, tout de même. En fait, c'est sans doute l'émotion la plus forte que j'ai ressentie de la soirée...