vendredi 31 octobre 2014

Cartes postales

Chahuter sur la plage,

visiter un chateau,

ou un "bateau pi'ate",

il faut croire que ça fatigue.

(Si si, ils dormaient vraiment, écroulés sur le canapé, le pied de Miss Thing One négligemment posé sur le visage du Filou.)





jeudi 30 octobre 2014

La raison du plus grand est toujours la meilleure...

— Quand je serai grande, je serai une maman, lance Miss Thing One. Et je serai plus grande que mon frère, parce que les mamans sont plus grandes que les papas.
Un peu surprise par cette affirmation, je la corrige :
— Mais non, ma chérie ! Les hommes sont généralement plus grands que les femmes. Mr Thing Two a toutes les chances d'être plus grand que toi, surtout que c'est déjà le cas. Tu n'as pas remarqué que papa était bien plus grand que moi ?
— Ah bon ? s'étonne-t-elle. Papa est plus grand que toi ?
— Mais oui, et de beaucoup !
Elle réfléchit, puis m'interroge encore, perplexe :
— Mais alors, si papa est plus grand que toi, pourquoi est-ce que c'est toujours toi qui as raison ?

mercredi 29 octobre 2014

Un vrai moment de solitude (ou pas)

Hier, quand  nous étions revenus de la plage avec les gamins, le moment où nous avions ôté les chaussures et les maillots dans la maison avait été une mauvaise surprise. Darling, privé de son balai chéri, avait bien essayé de ramasser à la main le sable éparpillé sur la moquette de la chambre d'hôtel, mais sans grand succès (je soupçonne que c'est pour cette raison qu'il a si mal dormi, cette nuit). Du coup, aujourd'hui, nous avons tenté un plan B. Ayant découvert un passage allant directement de la plage à la piscine de l'hôtel, passage qui n'existait pas autrefois, et que nous n'aurions de toute façon jamais eu l'occasion d'emprunter puisque c'est la première fois que la météo nous permet de nous baigner (nous ne venons ici qu'en hiver, normalement, et la piscine n'est pas chauffée), j'ai décrété que nous allions passer par là au retour, ce qui nous permettrait de nous rincer avant de monter dans les chambres, au lieu de nous rhabiller sur la plage, de remonter, de nous déshabiller, de nous doucher, et de nous rhabiller encore avec les vêtements poisseux de sel (on n'a pas le droit de traverser le hall de l'hôtel en maillot de bain).

L'idée était bonne, du moins sur le papier. Le problème, c'est qu'au moment de revenir, les gamins étaient fatigués et commençaient à avoir froid (il ne faisait "que" 25°C, après tout). Du coup, ils n'avaient pas du tout envie de se rincer, ni dans la piscine, ni sous la douche. Heureusement, l'endroit était désert. J'ai donc attrapé mes trois petits un par un et je me suis fourrée sous la douche froide avec eux dans les bras (aujourd'hui, moi aussi je m'étais mise en maillot de bain).
Hurlements.
— C'est presque de la torture, a dit ma sœur, qui restait prudemment à plus de trois mètres des douches, tout comme elle était restée prudemment à trois mètres des vagues.
— Mais non. Elle n'est pas si froide que ça.
Et pour prouver mes dires, j'ai sauté dans la piscine. J'ai découvert que la piscine était encore plus froide que la douche, et plus profonde que prévue. Quand je suis remontée à la surface, haletante sous le choc, les trois petits hurlaient plus que jamais.
— Emmène-les dans la chambre pour qu'ils se réchauffent : je me rhabille, je ramasse les affaires et j'arrive dans une minute, ai-je dit à Darling.
Il a disparu avec les trois gamins hystériques, et je suis restée avec les deux pré-ados (ma sœur et le Grand, pour ceux qui ne suivent pas). J'ai hurlé des ordres aux jeunes, je me suis séchée, j'ai ôté mon maillot, je me suis rhabillée, j'ai ramassé les dizaines de chaussures et vêtements éparpillés partout, j'ai crié encore une fois au Grand que s'il ne sortait pas de cette piscine je le noyais, et enfin, quand nous avons tous été prêts, j'ai marché vers l'ascenseur.
Et c'est là,
juste avant de rentrer à l'intérieur,
que je me suis rendu compte qu'à quelques mètres de la piscine, dans le seul coin de la terrasse où il y avait encore du soleil, une dizaine de personnes bronzaient en silence et nous fixaient d'un air parfaitement éberlué.

Depuis, je me demande ce qui me gène le plus : l'idée qu'ils m'aient vu mettre mes gamins hurlants sous un jet d'eau glacée, l'idée qu'ils m'aient vue faire la bombe et chahuter dans la piscine avec mon fils aîné comme si j'avais le même âge que lui, ou l'idée qu'ils m'aient vu ôter mon maillot quasiment sans me cacher, convaincue que j'étais d'être seule ?

— Tu sais qu'en plus, la piscine est juste à côté de la salle du restaurant, et qu'à midi et demie, il y avait forcément des tas de serveurs qui travaillaient et qui te voyaient par les fenêtres, a plus tard précisé Darling.

mardi 28 octobre 2014

Un jour à la mer

Voyage sans histoire. Pour de vrai, je veux dire : nettement mieux que la dernière fois. Certes, ce n'est jamais agréable de multiplier les "Reste assis ! Ne donne pas des coups de pieds dans le siège devant toi ! Ne détache pas ta ceinture ! Ne crie pas !" en boucle pendant deux heures à trois petits surexcités alors qu'on est soi-même assommée par une migraine doublée de nausées, mais à part ça, je ne peux pas trop me plaindre : taxi arrivé ponctuellement (mon père adoptif avait même pris la peine de me signaler qu'on changeait d'heure, ce qui nous a évité de poireauter debout devant notre maison avec bagages et manteaux pendant une heure), passage du check-in et de la douane comme sur des roulettes, avion tout aussi ponctuel que le taxi, bus qui nous dépose devant l'hôtel. Et une fois là, sous nos fenêtres, la mer.
"Oh, de l'eau !" s'est exclamé le Filou, qui n'en avait jamais vu autant d'un coup. Après cela, vu qu'il n'était que quatre heures et demi, il a bien fallu se rendre sur la plage. "La piscine !" s'est enthousiasmé le Filou, qui a les références qu'il peut. Vu la quantité de gens en maillot, c'était presque ça, en effet.
"On ne mouille que les pieds", ai-je dit, en retroussant tout de même les bas des pantalons, par précaution. "Jusqu'aux genoux", ai-je concédé ensuite, en ôtant complètement les pantalons trempés. "Je leur donne une demi-heure avant qu'il y en ait un qui tombe dans l'eau", ai-je ensuite confié à Darling, en voyant avec quel entrain ils sautaient tous dans les vagues. Un quart de minute après, le Grand et le Filou étaient trempés jusqu'au cou, bien vite imités par les Things. Je devrais mieux connaître mes enfants.
Quelques instants plus tard, Le Filou a réalisé qu'il avait soif, et s'est agenouillé sur le bord de la plage pour laper dans une flaque (ben quoi ? Son frère aîné en faisait autant...). Dans la seconde qui a suivi, il a découvert deux choses : d'abord, que les vagues sont traitresses (il s'est retrouvé sous l'eau jusqu'aux cheveux), et ensuite, que la mer est salée, et pas spécialement bonne à boire. Ah, et aussi que les vagues charrient une bonne quantité de sable avec elles. Cela lui a fait un petit choc, mais il s'en est vite remis, et dès qu'on lui a fait boire quelques gorgées d'eau (douce) et qu'on a ôté le sable de ses yeux, il est reparti à l'assaut de cette très grande piscine qui s'offrait miraculeusement à lui.
Du coup, ce matin, quand nous y sommes retournés, c'était sans les jeans et les T-shirt à manches longues (27°C fin octobre, je n'avais même pas osé l'envisager), et avec l'autorisation de se mouiller et de se couvrir de sable à volonté. Croyez-moi, ils en ont profité. Moi qui n'aime pas spécialement la mer et la plage, j'étais presque heureuse de les voir si heureux (j'ai bien dit presque, j'aurais tout de même été plus contente toute seule avec mon bouquin, ou encore mieux au ski, mais une vraie bonne mère sait se réjouir par procuration, paraît-il).

Une petite tranche d'été en rab, en somme...


lundi 27 octobre 2014

Le Kindle à l'usage

Au printemps dernier, j'avais acheté un Kindle : je vous avais annoncé ça ici.Maintenant que ça fait un peu plus de six mois que je l'ai, je me suis dit que ça pouvait vous intéresser de savoir ce que j'en pense. (Attention, ça va être long.)

(Il est question ici du Kindle 6, désormais retiré de la vente, et qui a pour principale différence avec les versions suivantes de n'être pas tactile, ce que j'apprécie beaucoup, car je peux le manipuler sans précaution particulière. Mais ce détail ne compte presque pas dans mon appréciation, qui concerne plus généralement tous les Kindle, et même toutes les liseuses.)

Alors, en vrac :

- La raison principale pour laquelle je l'ai acheté, c'est parce que je suis une grande stressée du "rien à lire". C'est ridicule, et ça prouve sûrement quelque chose de pas très glorieux à mon sujet et d'ailleurs si vous voulez bien on va éviter de se pencher là-dessus, mais en gros, la simple idée de me retrouver coincée quelque part sans rien à lire me donne des sueurs froide. Cinq heures dans un ascenseur bloqué, ou dans une voiture en panne, ou dans une salle d'attente aux urgences, ça ne me fait pas particulièrement paniquer : je ne suis absolument pas claustrophobe. Mais si je n'ai rien à lire, alors là, c'est l'angoisse. Encore plus que si je n'ai rien à manger, c'est dire. Mais maintenant, avec le Kindle, j'ai toujours sur moi de quoi tenir le temps qu'arrive la dépanneuse, et comme j'utilise finalement assez peu ma liseuse, il n'y a aucune chance qu'elle soit déchargée au bout d'une demi-heure. Et ça, c'est chouette.
[Anecdote : Il y a quelques années, j'avais dû subir une opération urgente dans un hôpital quelque part dans le Massif Central. En quatre jours, Darling n'avait pu venir me rendre visite qu'une seule fois, et m'avait apporté le seul livre sur lequel il avait réussi à mettre la main : un essai d'Umberto Eco. Fort long, certes, mais pas suffisamment pour me durer quatre jours ; et fort intéressant, sans aucun doute, mais tout de même un peu moins palpitant que Les mystères de Paris, par exemple. J'avais dû rationner les 500 pages indigestes, alors que j'aurais préféré pouvoir m'évader par la lecture d'une aventure passionnante...]

- A ma grande joie, je lui ai aussi trouvé une utilisé professionnelle. Comme vous le savez déjà, je suis aussi lectrice professionnelle, entre deux pages de traduction : je lis des romans en langues étrangères et je fais une fiche de lecture pour les éditeurs français, afin qu'ils décident s'ils veulent ce roman dans leur catalogue ou pas. Or, jusqu'ici, quand on m'envoyait un roman pas encore paru afin que je donne mon avis rapidement, on me l'imprimait sur d'énormes liasses de papier qu'il était peu commode de lire, surtout au lit (et dans le métro, n'en parlons pas). A présent, c'est fini ! Après bien des recherches, j'ai réussi à trouver un petit programme, k2pdfopt, qui permet de convertir les pdf (car ils sont souvent au format A4, donc bien trop grands pour être lus sur une liseuse) ; et avec les .doc, c'est encore plus facile, car la conversion se fait automatiquement quand on envoie le roman sur le Kindle par email. Pas de temps perdu, pas de papier gâché, pas de feuilles qui s'envolent. Mes éditeurs sont ravis, et moi aussi.

- Je suis bien consciente qu'Amazon n'est pas une entreprise très recommandable de bien des points de vue (fiscalité, droit du travail, concurrence faites aux "vraies" librairies, etc.). J'essaie d'acheter le moins possible de livres chez eux, et bien entendu, le Kindle n'étant pas compatible avec d'autres formats de livres numériques, quand on en achète un, on est forcément un client captif... Sauf que personnellement, je n'ai vraiment pas beaucoup engraissé Amazon après avoir payé ma liseuse 47 euros. J'ai téléchargé presque uniquement des classiques dans le domaine public (donc gratuits), et des romans envoyés par les éditeurs (voir plus haut). Concernant les classiques, ce sont des livres que j'ai déjà chez moi, sur papier, donc les librairies traditionnelles n'y ont rien perdu.

- La grande utilité du Kindle, c'est en déplacement, bien sûr. Je me rappelle si bien ces étés où j'allais passer trois semaines chez ma grand-mère à la campagne, et où je calculais qu'à raison de 300 pages par jour en moyenne, il fallait que j'emporte donc 6000 pages environ, soit au minimum une dizaine de pavés dont au moins deux ou trois de la collection Bouquins ou Omnibus... Plusieurs kilos de bouquins à trimbaler, qui remplissaient la moitié de ma valise, alors que je voyageais en train avec plusieurs changements. Fini, ça aussi – et pas seulement parce que j'ai beaucoup moins le temps de lire ! La dernière fois que je suis partie en déplacement professionnel, je n'ai emporté que ma liseuse, avec un roman de 500 pages dessus pour lequel un éditeur m'avait demandé une fiche. J'ai terminé le roman plus vite que prévu, au milieu du voyage de retour. Qu'à cela ne tienne, j'ai entamé Vingt ans après dans la foulée, et tout ça pour un poids de 160 grammes ! De même, en partant en Espagne, je n'ai emporté que ma liseuse (et un petit poche au cas où elle tomberait en panne) (ceinture ET bretelles) (je me demande si la rienàlirophobie a un nom scientifique ?).

- Dans le même ordre d'idées, la possibilité de télécharger des livres n'importe où (du moment qu'il y a du wi-fi, ou juste du réseau téléphonique pour les Kindle dernier cri) est tout de même assez extraordinaire. Cet été, j'avais commencé une trilogie anglaise (pas – encore ? – traduite, désolée). Je lis rarement des séries en entier : le premier volume me suffit, j'ai si peu le temps de lire que je préfère passer à autre chose. Mais là, je ne pouvais pas m'arrêter, c'était trop palpitant ! J'ai donc cherché un café avec du wi-fi dans ma campagne reculée, et une fois le Kindle relié à Internet, j'ai pu acheter et télécharger le volume suivant en moins d'une minute, alors que pour commander la version papier, j'aurais dû trouver une librairie qui accepte de faire venir un livre d'Angleterre, et même si je l'avais trouvée (ce qui n'avait aucune chance d'arriver, dans la région), je l'aurais ensuite attendue au moins deux ou trois semaines...
(Par contre, je vous avouerai qu'à mon retour, je me suis empressée d'acheter le livre "en vrai" via la librairie de Darling : l'idée qu'il ne soit pas sur mes étagères me désolait, surtout que je suis certaine de le relire un jour. J'ai donc payé deux fois. Tant pis, l'auteur le mérite, et l'éditeur aussi, du coup.)

- Maintenant, un point négatif, peut-être le seul : si je continue à trouver normal que des nouveautés qui sortent à la fois en librairie et en version électronique coûtent quasiment aussi cher dans les deux versions, d'abord pour la sauvegarde des librairies, et ensuite parce que le coût de fabrication d'un livre ne représente qu'une petite partie de son coût total, je trouve ça nettement moins logique qu'un roman électronique coûte plus cher que le poche, et je rejoins l'avis de ceux qui m'avaient signalé cette anomalie. Et puis moi, ce que j'apprécie, c'est d'avoir toujours sur moi mes bouquins préférés. L'autre jour, en déplacement, j'ai voulu citer une fable de La Fontaine aux enfants, et j'ai été ravie de l'avoir dans mon sac à main, sur mon Kindle. C'est formidable de pouvoir vérifier une citation d'un livre à tout moment. Mais je ne peux faire ça qu'avec des romans qui sont dans le domaine public, et ça, c'est bien dommage ! Je voudrais avoir toujours Harry Potter dans mon sac à main, mais pas si je dois payer 60 euros pour le télécharger, alors que nous avons déjà la version anglaise ET la version française. De même, je comprends la frustration de ceux qui voudraient récupérer tous les romans d'Agatha Christie, mais pas à 6 euros pièce ! Et bien entendu, je ne rachèterai pas les 52 Fantômette (que j'ai déjà en triple ou quadruple, pour ceux qui ont été illustrés plusieurs fois) : à 4,49 € chacun, cela ferait 233 euros... Ce que je souhaiterais, ce serait avoir à la fois la version papier et la version électronique, un peu comme j'ai à la fois des CD et les chansons qu'ils contiennent sur mon lecteur MP3. Cela répondrait à mon rêve d'autrefois, à l'époque où j'étudiais à Toulouse ou je travaillais à Londres, et où c'était un déchirement pour moi d'être si loin de ma bibliothèque, de ne pas pouvoir relire à volonté le chapitre où Aramis est sur le point de se faire ordonner prêtre, ou la déclaration d'amour d'Octave Mouret à Denise, ou le passage où Ficelle explique un jeu de carte à Françoise et Boulotte, ou le moment où le Dr Floyd découvre que la vie existe sur la planète Europe... Pour Les trois mousquetaire et Au bonheur des dames, je peux désormais le faire, mais pas pour Fantômette et l'île de la sorcière ou 2010 Odyssée deux, et je le regrette.

- Une dernière chose : autrefois, j'aurais dit que je ne pouvais pas me passer du contact du papier. Ce n'est plus le cas. Lire sur la liseuse ne me dérange pas du tout, je trouve ça très pratique (on peut tourner les pages d'une seule main, ce qui est très appréciable dans le métro ou quand on se lave les dents !), léger (très confortable au lit), et l'ergonomie me convient tout à fait. Je n'ai qu'un léger regret pour la couverture (j'aimais que chaque livre ait sa propre identité visuelle), et aussi pour l'épaisseur des pages qu'on sent fondre entre les doigts (ce qui permet de comprendre intuitivement où on en est bien mieux que le petit curseur en bas de l'écran). Ah, et puis il faut bien reconnaître que pour feuilleter simplement un livre, cet appareil non tactile n'est vraiment pas au point. Mais ce ne sont que des inconvénients mineurs.

Voilà, désolée pour ce pavé. Si vous n'avez pas eu le courage de tout lire, en résumé, mon avis est que ça valait largement les 47 euros que j'ai dépensé pour cet appareil !

dimanche 26 octobre 2014

Voyage en avion (nouvelle tentative)

A l'heure où seront publiées ces lignes, je serai dans un avion en route vers l'Espagne, avec Darling et cinq enfants entre 2 et 13 ans (ma petite sœur nous accompagne).

Vous dire que j'affronte l'idée de ce voyage avec sérénité serait mentir. Mes lecteurs fidèles se rappellent peut-être la dernière fois où nous avons entrepris d'aller là-bas, il y a un peu plus de deux ans ; personnellement, je crois que ces quelques heures ne s'effaceront jamais de ma mémoire, tant ce voyage en avion cauchemardesque est champion dans sa catégorie (celle où "tout s'est bien passé", sans retards, ni vol annulé, ni maladie, ni terrorisme, ni bagage perdu, ni rien d'anormal).

Mais je suis courageuse et même téméraire, sans quoi je n'aurais pas eu quatre enfants (un, à la rigueur, ça peut être de l'inconscience, mais à partir de deux, on ne peut plus prétendre qu'on ne se rendait pas compte de la bêtise que l'on faisait). Donc j'ai accepté de tenter à nouveau l'expérience. Cette fois, tout ira comme sur des roulettes. J'y crois.
(Déjà, je n'ai plus de bébé allaité ou en écharpe, et un seul gamin de moins de trois ans ; et puis nous voyageons à l'heure du déjeuner et non en soirée, donc ça ne peut que mieux se passer, pas vrai ?)

Si je survis, comptez sur moi pour vous donner des nouvelles !




samedi 25 octobre 2014

Genou ou pantalon ?

Marcher dans la rue avec les gamins, le Filou sur le dos.
Laisser les Things courir loin devant.
Assister en direct à la chute de Miss Thing One, qui se met à pleurer en se tenant le genou.
Aller la rejoindre sans hâter le pas, convaincue que ce n'est rien de très grave.
Une fois sur place, constater que c'est le pantalon qui a tout pris : il est largement déchiré, alors que le genou n'a pas une égratignure.
Penser fugitivement que c'est bien dommage que ce ne soit pas l'inverse, car le genou aurait guéri tout seul, alors que le pantalon est désormais à mettre à la poubelle.
Et se dire qu'on est vraiment une très mauvaise mère.

vendredi 24 octobre 2014

Interprète (mais pas que)

Un des organisateurs du salon du livre jeunesse de Montreuil :

Bonjour Fofo,
Seriez-vous disponible pour travailler à nouveau cette année pour nous en tant qu'interprète ? Nous avons invité l'auteur Jeff Aidéboukin, et je voulais vous proposer d'assurer l'interprétation de ses rencontres le 27 et 28 novembre. C'est un auteur jeunesse assez réputé, qui a de nombreux lecteurs en France. Merci de me confirmer si vous êtes intéressée,
Bien cordialement,
Monsieur Montreuil

Moi :

Cher Monsieur,
Je serai ravie de jouer à nouveau les interprètes auprès de Jeff Aidéboukin, que je connais déjà, car j'ai déjà tenu ce rôle auprès de lui il y a deux ou trois ans, quand vous l'aviez invité pour la dernière fois. Je suis disponible aux dates proposées.
Bien à vous,
Fofo

Lui :

Chère Fofo,
Effectivement, j'ai consulté nos archives, et nous avions invité Jeff Aidéboukin il y a cinq ans ! Cette fois, ce sera à l'occasion de sa nouvelle série, intitulée Dystopinambour, dont les deux premiers volumes sont déjà paru. Je vous enverrai les ouvrages dès que possible pour que vous puissiez en prendre connaissance.
Amitiés,
Monsieur Montreuil

Moi :

Cher Monsieur,
Cinq ans, déjà ? Le temps passe vite ! J'aurais dû m'en souvenir, j'étais lourdement (et doublement) enceinte...
Inutile de m'envoyer la série Dystopinambour. Voyez comme le hasard fait bien les choses : c'est moi qui l'ai traduite !
A bientôt, donc,
Fofo

(Oui, ça m'était réellement sorti de la tête quand il a mentionné le nom de l'auteur !)

jeudi 23 octobre 2014

Les Things à la librairie de Darling

Aujourd'hui, première visite des Things à la librairie où travaille leur père. Je n'avais encore jamais osé les y emmener, de peur qu'il ne soient pas très sages (= qu'ils se roulent par terre en hurlant et qu'ils jouent au ballon avec les livres en vente). Mais cela faisait quelques mois qu'ils se demandaient où allait leur père quand il allait "au travail", et comme le métier de libraire est somme toute assez facile à expliquer (quand on simplifie, bien sûr), je me suis lancée.
Nous n'y sommes pas restés longtemps, car Darling avait un peu de mal à saisir sur ordinateur les commandes des clients avec un enfant de vingt kilos dans chaque bras, mais au moins, maintenant, ils auront des images mentales de leur papa au travail.
J'en ai profité pour expliquer un peu pourquoi les adultes avaient cette fâcheuse habitude de travailler au lieu de passer leurs journées à s'occuper de leurs mômes (en plus du fait qu'ils n'en ont pas envie, mais ça je ne l'ai pas dit) :
— Vous comprenez, pour acheter des choses, il faut avoir de l'argent. Et quand on travaille, les gens pour qui on travaille nous donnent de l'argent. C'est pour acheter notre travail, en quelque sorte !
— Mais il y en a plein dans les magasins, de l'argent ! a objecté Mr Thing Two.
— Non, enfin si, mais il n'est pas à nous. Le seul moyen d'avoir de l'argent, c'est de travailler. [On simplifie, on a dit.] Donc papa et moi, nous travaillons : papa vend des livres, et moi je traduis des livres. Et quand nous avons travaillé, on nous donne de l'argent, et après nous pouvons acheter des choses.
— Quoi, comme choses ?
— Eh ! bien, pour commencer, des choses indispensables pour vivre, par exemple...
— ... des livres ! a complété triomphalement Miss Thing One.


(Ensuite, quand j'ai insisté sur le côté "indispensable" et "dont on ne peut pas se passer" Mr Thing Two a hasardé "Des pokemons ?". Bon, au moins, ça nous sort du cercle vicieux...)

mardi 21 octobre 2014

Les recettes du bonheur

L'autre jour, j'ai abandonné toute ma famille et je suis allée voir Les recettes du bonheur. Je ne m'attendais pas à voir un grand film, juste à passer un bon moment, et j'ai en effet trouvé ça sympathique, à défaut d'être inoubliable. Cependant, en plus du moment où une femme se retrouve prisonnière de son restaurant en flammes, il y a un passage du film que j'ai trouvé particulièrement stressant :

Un homme est en train de faire une béchamel, ou autre sauce quelconque. Une femme s'approche de lui. Il évoque une proposition qu'il lui a faite. Ils échangent une poignée de main pour sceller leur accord. Puis ils s'embrassent, assez longuement.
Et moi, pendant ce temps-là, je faisais des bonds sur mon siège, et je me retenais de crier ET TA BECHAMEL, bon sang ? Reprend ton fouet, ou au moins coupe le feu, ça va brûler, faire des grumeaux, déborder, il va falloir tout jeter à la poubelle, mais arrêtez de vous embrasser, sacré nom d'un chien !

Je me demande si je suis la seule spectatrice à avoir pensé ça ? En tous cas, ça m'a complètement gâché la scène du baiser...

PS : Pour ceux qui ne l'auraient pas vu et qui espéraient le voir, ne m'en voulez pas trop pour les spoilers : l'histoire du restaurant en flammes est au tout début du film, et le fait qu'il y ait un ou deux baisers échangés dans cette bluette ne devrait pas vous étonner outre mesure...

lundi 20 octobre 2014

Cauchemar (im)prévu

Dans la soirée, je colle les gamins devant la Panthère Rose pour préparer le dîner. (Répétez après moi : La télévision n'est pas une baby-sitter, la télévision n'est pas une baby-sitter, la télévision n'est pas une baby-sitter... Vous me le copierez cent fois.) Hélas, cela me prend plus de temps que prévu, et pendant ce temps, le programme change dans mon dos. Quand je reviens, je trouve les trois petits devant un dessin animé qui n'est clairement pas de leur âge, avec une scène de naufrage impressionnante. Zut, normalement je fais plus attention. Malgré leurs protestations et récriminations, j'éteins. Le Filou fait une grosse colère, mais je tiens bon. Pas envie qu'il fasse des cauchemars, merci.

A trois heures du matin, je suis réveillée par des cris. Comme prévu, le Filou est en train de cauchemarder. Il se débat dans son lit, il hurle. Entre deux rugissements, je distingue quelques mots :
— Fifi a veut ga'der la télé ! Pas éteint ! Fifi a veut ga'der la télé !

Comme quoi les traumatismes ne les guettent pas toujours là où on le redoute...

dimanche 19 octobre 2014

Pizza maison

Pourquoi, pourquoi ai-je attendu aussi longtemps avant de faire des pizzas maison, alors que je fais régulièrement de la foccaccia ? Peut-être parce que dans notre ancien appart, nous avions une pizzeria qui faisait de très bonnes pizzas à emporter à un prix très raisonnable. Mais depuis que nous avons déménagé, rien de tel dans les environs. Du coup, ça fait plusieurs fois que Darling achète des pizzas Picard et s'extasie sur leur qualité. Alors que, certes, elles sont bien meilleures que la plupart des pizzas surgelées (du moins je le crois : je n'en ai pas souvent mangé, mais celles que j'ai goûtées étaient infectes), mais rien de transcendant. Et j'ai fini par me dire que je devais pouvoir faire mieux.

Pourquoi étais-je convaincue que ce serait long et compliqué à préparer ? La base n'est qu'une pâte à pain parfaitement banale, et je fais du pain plusieurs fois par semaine. Étaler la pâte est légèrement plus compliqué qu'une pâte à tarte, mais je savais déjà qu'il fallait oublier le rouleau et j'avais assez bien repéré la technique. Quant à la garniture, j'en ai fait trois différentes :
- roquette / parmesan / pignons, avec une base au pesto ;
- jambon / fromage / oeuf, avec une base à la tomate ;
- oignons / viande hachée / chèvre, avec une base à la crème fraîche.
Seuls les oignons et la viande ayant besoin d'être précuits, ce fut très rapide. Et délicieux. Et, en fin de compte,cela n'a pas constitué un repas trop déséquilibré, d'autant plus que j'ai été nettement plus généreuse avec les légumes que ne le sont la plupart des pizzaioli.

Non, décidément, je ne sais pas pourquoi j'ai mis si longtemps à me lancer, mais je sais que je n'attendrai plus si longtemps avant de recommencer !

Bonus : quand j'ai apporté les pizzas sur la table – sans avoir besoin d'appeler dix fois les enfants, pour une fois –, Darling a souri, amusé :
— Oh, c'est de la grande cuisine ! Ça va, ce n'était pas trop long à préparer ?
— Non, ça va... (Puis j'ai été prise d'un doute.) Mais tu sais que c'est moi qui les ai faites, hein ?
Non, il ne le savait pas. Il croyait que c'était encore du Picard...

vendredi 17 octobre 2014

Article d'analyse littéraire

Une amie, professeure dans une université prestigieuse, me demande si je peux lui traduire un texte de sept ou huit pages. De quoi s'agit-il ? Oh, d'un petit article d'analyse littéraire. Je serai payée, bien sûr.
Pourquoi pas ? Ce devrait être vite fait, et ça mettra toujours de la crème fraîche dans les épinards (il y a des gens qui y mettent du beurre, franchement ?). Envoie-le-moi donc, lui réponds-je : je te dirai si c'est à ma portée.

J'ai bien fait de ne pas accepter tout de suite.

Le titre : Typologie de l'hybridisme linguistique dans la littérature italienne entre le XVe et le XVIe siècle.
Je vous jure.

On y apprend entre autres que Dante participe pleinement des caractère phonomorphologiques et morphosyntaxiques du florentin de la fin du XIIIe siècle, même s'il témoigne d'une ouverture à des formes non florentines comme des septentrionalismes, certains cas de rimes siciliennes, et des phénomènes d'ascendance littéraire comme le conditionnel en -ia.
Je cite.

Et il y a sept ou huit pages, en effet. Sans un seul retour à la ligne. Écrit en tout petit. En tout, cela fait 65.000 signes, soit plus que le dernier roman que j'ai traduit (pour les 6-7 ans, certes : 80 pages, 55.000 signes).

Je sais bien que je m'étais vantée de savoir sortir de ma zone de confort, mais là, ça va peut-être un peu trop loin, non ?

jeudi 16 octobre 2014

Flapjacks

Imaginez que vous ayez un gamin grognon dans les pattes. Imaginez que votre boîte à gâteaux soit vide. Imaginez que vous ayez trois autres enfants qui seront affamés après l'école, et que vous n'envisagiez pas vous-même de vous passer de quelques douceurs avec votre thé. Imaginez qu'il soit suffisamment tôt dans l'après-midi pour que vous puissez faire cuire et refroidir n'importe quelle pâtisserie, mais qu'il vous faille une recette avec un temps de préparation réduit au minimum, parce que votre gamin grognon ne supporte pas de rester plus de trois minutes tout seul. Que faites-vous ?

Jusqu'ici, j'avais essentiellement deux réponses standards : des shortbreads (trois ingrédients qu'on mixe ensemble, et hop au four) ou un quatre-quart (avec plein de variantes). Maintenant, j'ai aussi les flapjacks.

Les flapjacks, c'est quoi ? Des espèces de barres de céréales maison, mille fois meilleures que les machins sur-emballés qu'on trouve dans le commerce. Et ça se prépare réellement en deux minutes :
- On fait fondre du beurre avec du golden syrup si on en trouve, du sucre ou du miel dans le cas contraire (mais c'est moins bon).
- On verse le mélange sur des flocons d'avoine, éventuellement agrémentés de noix (noisettes, graines de tournesol, pignons, amandes effilées...) et/ou de fruits secs, voire de pépites de chocolat.
- On touille, on verse dans un moule carré, on fait cuire, on découpe à la sortie du four, on laisse refroidir.
Et on obtient ces biscuits étonnants, avec un délicieux goût de caramel si on a utilisé du golden syrup, croustillants sur les bords, encore tendre au centre si on a arrêté la cuisson à temps, et pleins d'énergie. De quoi vous remettre de bonne humeur et vous donner le courage d'affronter la fin de la journée !

mercredi 15 octobre 2014

Ongle et autres

Un pouce en compote, raccordé à son ongle uniquement par quatre ou cinq points de suture, qui fait mal au moindre effleurement même s'il est entouré de bandes comme une momie, ce qui rend l'habillage matinal très difficile et complique singulièrement les jeux et même les repas, puisque toute la main droite s'en trouve handicapée, cela aurait pu suffire, non ?

Non. Depuis hier, il faut en prime que l'enfant ait une fièvre de cheval qui ne consent que rarement à passer en-dessous de 38°, et ce malgré l'effet conjugué du doliprane et de l'advil. Sans doute une angine. Ou une otite. Ou tout autre virus (ou bactérie, qu'en sais-je) chopé à l'hôpital, le lieu privilégié pour attraper toutes sortes de cochonneries (dit avec une parfaite mauvaise foi celle dont les gamins enchaînent les maladies même quand ils ne mettent pas les pieds à l'hôpital).

Je vous laisse deviner l'état de l'enfant.
Et le mien.
Et, accessoirement, celui de ma traduction en cours.

Bien entendu, la visite à l'hôpital de ce matin ne nous a rien appris de plus, puisque le rendez-vous était pris pour changer le pansement – ce qui n'est pas allé sans cris et pleurs – et que nous n'étions donc pas du tout dans le bon service pour demander à ce qu'on examine la gorge et les tympans de la petite bouillotte geignarde que j'avais agrippée à moi. Tout ce qu'on a su, c'est que la fièvre n'était pas due à une infection de la plaie – ce qui est déjà quelque chose, certes.

Du coup, je pense que l'ass-mat ne va pas plus voir le Filou demain qu'elle ne l'a vu aujourd'hui, hier et avant-hier, et qu'à la place, nous allons rendre visite au premier médecin venu, une fois les 48 heures de fièvre réglementaires écoulées.

Je vous laisse, j'ai une dose de doliprane à donner à minuit et demie, un verre d'eau à donner à 1h, un autre à 1h20, une berceuse à chanter en boucle de 3h30 à 4h30, encore un verre d'eau à donner à 5h, et une dose d'advil à donner à 6h, avant que le réveil ne sonne à 7h10 – pour peu qu'on suive le schéma de la nuit dernière.

(soupir)




mardi 14 octobre 2014

Une journée avec des "troubles du comportement"

— Tu vas faire une rencontre avec des enfants qui ont un trouble du comportement ? m'avait demandé ma mère. Mais pas dans un ITEP, quand même ?
— Non, dans un Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique... Ah, si, en fait.
— Oh la la. Oh la la. Eh ! bien, bonne chance... Tu me raconteras...



— Mais pourquoi as-tu accepté ? m'avait demandé une amie.
— Ben, en fait, j'ai accepté avant de vraiment comprendre de quoi il s'agissait, et puis au début je croyais que je n'irais qu'une seule fois. Tu crois que je n'aurais pas dû ?
— Bah, tant pis, ça te servira de leçon. Tu sauras ce qu'il faut refuser à l'avenir !


— Vous pouvez faire cinq interventions dans la journée ? m'avait demandé la directrice de l'ITEP.
— Ah non, le maximum c'est trois. C'est déjà épuisant, vous savez. Mais les enfants sont si peu nombreux qu'on peut les rassembler, non ?
— Je peux essayer de rassembler les trois groupes de l'après-midi pour n'en faire que deux, mais pas les deux du matin, parce que les élèves ne s'entendent pas du tout. Du tout. Je vous assure que c'est mieux, même pour vous : sinon, il faudra passer tellement de temps à gérer les conflits que vous ne pourrez rien faire.


— Mais tu ne seras pas toute seule avec les enfants ? m'avait demandé Darling.
— Non, bien sûr, il y aura leur instit ou leur prof.
— Mais aussi des vigiles, des gardes du corps, hein ?


Et en fin de compte, ce que j'ai eu en face, moi, ce sont des enfants à peu près comme les autres ; certes, selon les cas, excessivement bavards, ou excessivement timides, ou vaguement agressif, ou très déconcentrés, ou un peu "déficients" (comme on dit poliment). Des enfants avec un lourd passif, aussi, pour la plupart, avec des situations de famille parfois terribles, et avec une éducation culturelle limitée ou inexistante ("Moi, une fois, je suis allée dans une librairie", m'a dit l'un d'eux, ce qui m'a un peu noué la gorge). Mais ça ne m'a pas dérangé d'expliquer la différence entre un album et un roman, même quand j'ai découvert que ni Petit bleu et Petit jaune, ni Max et les maximonstres, ni même Petit Ours Brun ne leur évoquait quoi que ce soit ; ça ne m'a pas dérangé de répondre à quelques questions incongrues, comme mon animal préféré ou les sports que je pratiquais, ou même si j'étais la petite amie de l'éducateur ; ça ne m'a pas ennuyée d'expliquer quatre fois de suite ce qu'était (en très gros) la chaîne du livre, pourquoi l'auteur et l'éditeur et même l'éditeur et l'imprimeur étaient des personnes différentes, et à quoi servaient les correcteurs, les metteurs en page, les distributeurs, etc. ; ça m'a amusée de leur montrer les mêmes livres dans deux langues différentes, voire dans deux éditions différentes en français, même s'ils ne m'ont pas vraiment crue quand je leur ai expliqué que c'était le même texte (ce n'était pas la même taille, ni la même illustration de couverture) jusqu'à ce que je leur mette le poche sous le nez et que je leur lise à voix haute ce qui était écrit dans le grand format ("Oh dites donc, madame, c'est exactement les mêmes mots !"). Je n'ai pas toujours réussi à capter leur attention, je ne suis pas certaine de m'être expliquée correctement à chaque fois, mais dans l'ensemble, je pense que cette journée était intéressante, pour eux comme pour moi. Et en partant, j'ai signé pour au moins deux autres interventions dans les trois mois à venir. Même pas plus peur !



lundi 13 octobre 2014

Jusqu'au bout des ongles (2)

A sept heures et demie du matin, donc, nous étions de retour à l'hôpital, moi et mon petit bonhomme qui avait mal et qui ne comprenait pas du tout pourquoi il n'avait pas eu droit à un biberon. On nous a installés dans une jolie chambre où, après avoir pris une douche à la bétadine, nous avons pu lire des Petit Ours Brun jusqu'à ce que quelqu'un vienne chercher l'enfant. Je mentirai en disant qu'il est parti de bon gré avec l'anesthésiste qui lui promettait de lui "réparer son bobo" (alors que le Filou n'avait pas du tout, du tout envie qu'on touche à son bobo) mais qu'il ne sentirait rien car "il ferait dodo" (alors que le Filou n'a jamais, jamais envie de faire dodo). Après ça, plus de nouvelles jusqu'à son retour vers 11h30, encore un peu assommé et très effrayé à chaque fois que je faisais mine de vouloir approcher ma main de son pouce enrubanné. Je l'ai mis devant le DVD de Pingu et il s'est doucement remis (comme dit ma mère, la technologie moderne a parfois du bon) jusqu'à ce qu'on nous autorise à partir vers 14h en constatant qu'il marchait normalement, qu'il avait réussi à faire pipi et qu'il n'avait pas vomi son repas.
- Votre mari va venir vous chercher ? a demandé l'infirmière.
- Ah non, il est avec nos autres enfants. Pourquoi ?
- Parce que ce serait bien qu'il y ait quelqu'un assis à côté de lui dans la voiture.
- Mais, heu, je suis venue en vélo...
- Vous l'avez amené ici en vélo ? (grands yeux incrédules). Bon, eh bien vous pouvez appeler un taxi à l'accueil.
Je suis repartie en vélo, bien sûr. Il y en avait pour dix minutes de trajet (avec pédalage intensif), et je n'ai pas du tout compris pourquoi il serait plus mal installé dans son siège vélo que dans un taxi (sans siège, bien sûr), alors qu'il n'avait pas de fièvre ni aucune maladie contre-indiquant le grand air.

Une fois à la maison, j'ai juste eu le temps de préparer mes bagages, en oubliant la moitié des choses (dont ma trousse de toilettes et mon pyjama), de grignoter quelque chose qui m'a servi à la fois de dîner (de la veille), de petit-déjeuner (j'étais restée à jeun aussi, par solidarité), de déjeuner (on avait bien donné une purée au Filou, mais personne n'avait pensé à moi) et de goûter (il était déjà 15h passées), et j'ai filé à la gare. Train, dîner, nuit à l'hôtel.

Aujourd'hui, au programme : quatre rencontres auprès d'enfants avec des troubles du comportement. La bonne nouvelle, c'est que depuis 48h, je n'ai pas vraiment eu le temps de stresser à ce sujet.

Au fait, vous voudriez peut-être savoir comment va le Filou, s'il a passé un bon après-midi, une bonne nuit, s'il n'a pas trop mal, si Darling prend bien soin de lui ?
Aucune idée. Depuis mon départ, je n'ai pas réussi à joindre Darling : le téléphone est décroché.

dimanche 12 octobre 2014

Jusqu'au bout des ongles

Fin de journée. Dispute entre Mr Thing Two et le Grand. Mr Thing Two claque la porte. Hélas, le doigt du Filou était dans les parages. Hurlements. Du sang partout. Pour une fois, je n'ai pas joué les mères indignes : j'ai laissé le Grand (une fois remis de son malaise, alors qu'il n'avait rien vu, mais la simple idée d'un ongle arraché l'a mis dans tous ses états : ce pré-ado est une vraie chiffe molle) devant la télévision avec les Things, j'ai prévenu les voisins que je laissais les trois tous seuls en attendant leur père qui devait arriver une heure plus tard, et j'ai emmené le Filou à l'hôpital. Trois heures aux urgences, à voir passer des mômes vraiment mal en point, et d'autres qui n'avaient rien à faire là (la palme revient à cette mère qui avait amené son gamin qui s'était renversé sa soupe pas-bouillante-mais-chaude sur le pied : "Je l'ai mis sous l'eau froide pendant cinq minutes, mais il avait encore un peu mal, donc j'ai préféré venir" – le gamin de 8-9 ans, déchaussé, sans la moindre cloque, courait dans tous les sens et embêtait le monde, car bien sûr, il n'avait pas apporté de bouquin). Finalement, à dix heures passées, nous voici en présence d'un médecin, qui défait le pansement, regarde la plaie environ dix secondes, puis refait un pansement :
— L'ongle est à moitié arraché, il va falloir le remettre en place pour que le suivant repousse au bon endroit. On ne va pas le faire passer au bloc opératoire tout de suite, il vaut mieux qu'il dorme chez lui. Revenez demain.
— Demain ? A quelle heure ? Parce qu'en fin de journée, je suis censée partir pour un déplacement professionnel...
— Venez à 7h30, alors. S'il n'y a pas trop de monde, vous devriez être sortie dans l'après-midi.

Ah, chic, je ne savais pas trop quoi faire de mon dimanche, dites donc.

samedi 11 octobre 2014

Beau gosse

En sortant de chez l'ass-mat, je prends l'ascenseur avec les trois petits. Une vieille dame est déjà dedans. Elle s'extasie :
— Oh, ce sont des frères et soeurs ? Comme ils sont mignons ! Plus mignons les uns que les autres ! Oh, oui, comme ils sont beaux !
— Oui, confirme Mr Thing Two. Moi, je suis un beau gosse.

vendredi 10 octobre 2014

The Dumb Beast

Brève de libraire (je rappelle que Darling est responsable du rayon anglais dans une librairie internationale) :

Un jeune homme très chic et très sûr de lui entre dans la librairie. Il s'adresse à Darling :
— Bonjour, vous avez The Dumb Beast ?
— Ça ne me dit rien. Qui est l'auteur ?
— Shakespeare.
— Pardon ?
Darling ouvre de grands yeux. "La bête stupide", une pièce de Shakespeare ? Voilà autre chose.
Le jeune homme soupire et répète avec condescendance :
— C'est une tragédie de Shakespeare. The Dumb Beast. Vous ne l'avez pas, donc ?
Darling est perplexe. Le client a toujours raison, certes, mais tout de même...
— Écoutez, à ma connaissance, Shakespeare n'a jamais écrit une pièce de théâtre avec ce titre.
— Bien sûr que si, voyons. C'est mon prof qui nous a dit de l'acheter. Mais bon, tant pis, j'irai ailleurs.
— Vous pouvez m'épeler le titre ?

En fait, il voulait The Tempest.

jeudi 9 octobre 2014

Petite porte

Ce soir, dîner avec un ami de longue date. Très grand, mon ami. Encore plus que Darling. Je lui propose un repas japonais à base d'autre chose que des sushis, et je réserve une table dans un restaurant que je ne connais pas, mais qui a de bonnes critiques. A l'heure dite, nous nous retrouvons devant la porte.

L'entrée du restaurant Shu

C'est vraiment la porte. 1,40m de haut, maximum. C'est tout juste si les Things pourraient y passer sans se baisser. Et mon ami fait une bonne tête de plus que le monsieur qui figure sur la photo. Vous croyez qu'il a pensé que je l'avais fait exprès ?

mardi 7 octobre 2014

Légumes aqueux

15h50, le Grand rentre du collège.
— Maman, je peux prendre mon goûter ? J'ai faim !
— Déjà ? Il n'est même pas encore quatre heures ! Tu as mangé correctement, à la cantine ?
— Oui, oui, je t'assure !
— Je te soupçonne de ne pas toujours terminer ton assiette, surtout quand on te sert des légumes...
— Si, je mange tout ! De toutes façons, on ne nous sert que des légumes classiques que j'aime bien. Des haricots verts, des petits pois, des brocolis...
— Jamais de choux de Bruxelles aqueux ?
— Ça veut dire quoi, "aqueux" ?
— Plein d'eau. "Aqua", ça veut dire "eau", comme dans "aquatique". La plupart des cantines servent des choux de Bruxelles ou des épinards gorgés d'eau, et après on met des dizaines d'années à réaliser qu'en fait, ça peut être très bon quand c'est bien préparé. C'est ce qui m'est arrivé avec les choux de Bruxelles. Ce n'est pas le cas, dans ton collège ?
Il réfléchit, puis il secoue la tête :
— Non, je n'ai jamais vu écrit "choux de Bruxelles aqueux" ou "épinards aqueux" sur le menu de la cantine.

dimanche 5 octobre 2014

Scène de ménage et mauvais timing

J'admets que je n'ai pas choisi le meilleur moment pour faire une scène de ménage à Darling. Il m'avait pourtant bien avertie que son équipe de foot préférée jouait en début d'après-midi. Malheureusement, la discussion a commencé à la fin du déjeuner :
— ... et c'est toujours moi qui me tape les lessives, et en contrepartie tu es censé t'occuper de ranger la cuisine et faire la vaisselle, mais tu ne fais pas tout, j'y passe au moins une demi-heure par jour...
— Ce n'est pas vrai, proteste-t-il en allumant la télévision. Quand je rentre le soir, je trouve toujours la cuisine dans un état pas possible !
— C'est faux, une fois sur deux je vide le lave-vaisselle et je commence à le remplir, et souvent je lave des casseroles à la main ! Figure-toi que je fais des desserts presque tous les jours, et souvent des gâteaux, ou du pain, sans compter le repas du soir, et je mange aussi le midi, donc si je laissais tout en plan on ne pourrait même plus poser une fourchette !
—Ah, zut, le match était à 13h et pas à 13h30, j'ai raté une demi-heure... Je te signale que ça arrive souvent, qu'on ne puisse plus poser une fourchette nulle part !
A ce stade, comme d'habitude, je m'étrangle de rage. Je rugis :
— Eh bien, je ne ferai plus aucun rangement pendant une semaine, et tu verras la différence ! Je laisserai tout n'importe où – par terre, puisqu'il n'y a pas assez de place sur le plan de travail –, et dans quelques jours, on en reparlera !
J'ai beau hurler, il ne m'écoute plus vraiment :
— D'accord, d'accord...
— Chiche ! On commence tout de suite ?
— Non, non : ça a commencé il y a trente minutes, je m'étais trompé sur l'horaire.

samedi 4 octobre 2014

Interview dans Terra Eco

Le magasine Terra Eco, mensuel écolo, a réalisé un dossier intitulé "Génération sans voiture", avec plusieurs rubriques (les voitures sans conducteur, le covoiturage...), dont une sur les familles qui vivent sans voiture par choix. Et, entre autres, le témoignage d'une certaine Fofo, qui vit en banlieue parisienne et trimbale sa nombreuse progéniture en triporteur. Le début de l'article est ici, et vous y trouverez même une photo de moi (ceux qui ne me connaissent pas vont enfin pouvoir voir ma bobine). Il y a plein de gamins dans la caisse de mon vélo-cargo, mais seulement deux à moi (les Things, les deux premiers à gauche) : les autres étaient des invités, la photo ayant été prise au Paris Cargo Bike Meeting.
Si vous voulez en lire davantage que les trois premières lignes de l'article, je vous invite à acheter le magazine : le propos n'est pas intégriste, les articles sont bien étayés, et concernent des sujets divers et intéressants (par exemple, la raison pour laquelle on tarde tant à réglementer les produits contenant des perturbateurs endocriniens : article cité dans Le Monde).

Voilà, sachant que j'ai aussi été citée il y a quelques années dans Télérama en tant que traductrice, à l'occasion du salon du livre jeunesse de Montreuil, peut-on estimer que je suis désormais célèbre ?
(C'est une question que me posent souvent les enfants, quand je vais faire des interventions dans des écoles. Hélas, la référence à Télérama ne semble pas leur suffire...)

vendredi 3 octobre 2014

Des justifs qui se font attendre

J'ai traduit il y a environ trois ans un album aux éditions Machinchose que nous appellerons Bestioles, et qui est paru il y a un peu plus de deux ans. D'habitude, j'apprends la parution d'une de mes traductions en recevant des exemplaires justificatifs (ou "justifs" : c'est ainsi que l'on appelle les deux, cinq ou dix exemplaires – selon les maison d'édition – qui sont envoyés aux auteurs au moment de la publication). Mais cette fois, je n'ai rien reçu, jusqu'à ce que je remarque dans une librairie que le livre était paru plusieurs mois plus tôt.
J'ai donc réclamé les bouquins par email à l'éditrice. Pas de réponse. J'ai insisté. Pas de réponse. J'ai recommencé. Pas de réponse. Trois ou quatre mois plus tard, j'ai eu affaire à l'éditrice pour tout autre chose. J'en ai profité pour lui dire que je n'avais toujours pas eu mes justifs. Elle a fait semblant de tomber des nues et a dit qu'elle allait s'en occuper. Deux semaines plus tard, je l'ai relancée. Pas de réponse. J'ai contacté un autre éditeur aux éditions Machichose. Il m'a dit qu'il allait enquêter. Puis il m'a oubliée. J'ai relancé. Pas de réponse. J'ai fait une nouvelle tentative auprès de l'éditrice. Pas de réponse.
En tous, je crois avoir écrit au moins une douzaine d'emails, dont le dernier avant l'été.

Et puis ce matin, voilà que je reçois un message intitulé "Justificatifs Bestioles", de la part d'une inconnue qui travaille chez Machinchose.
Je n'en croyais pas mes yeux.
Deux ans plus tard, quelqu'un a fini par se rappeler que j'existe ? Une assistante zélée ?

J'ouvre le message, et voilà ce que je lis (le message est 100% authentique, seuls les éléments identifiants ont été changés) :

Chère Fofo,
Nous vous avons envoyé des exemplaires de Bestioles en japonais, et il semblerait que vous les ayez perdu sur la ligne de bus 49 le 24 septembre : j'ai été contactée par le bureau des objets trouvés. Je vous invite donc à les contacter au 01 23 45 67 89, en précisant bien le numéro du dossier : ABCDEF.

Cordialement,
Mme Charmante Inconnue,
responsable des droits étrangers / Foreign rights manager
Éditions Machinchose

Heu, heu, heu, heu, heu...
Pardon ?

1- J'ignorais que les éditions Machichose détenaient les droits mondiaux de l'album : normalement, c'est l'éditeur d'origine qui vend les droits dans les autres pays, pas l'éditeur de l'une des traductions ;
2- Même si les éditions Machichose ont les droits mondiaux, ce dont je ne doute pas (j'imagine que ce doit être une co-édition, ou un album d'un auteur étranger refusé dans son pays et publié directement en France), je ne vois pas pourquoi j'aurais droit à des justifs d'une traduction vers une autre langue (c'est à l'auteur qu'ils reviennent, pas à moi) ;
3- On ne m'a pas avertie qu'on m'envoyait quoi que ce soit, et je n'ai rien reçu ;
4- Je n'ai pas pris le bus depuis plusieurs mois ;
5- Si j'avais pris le bus, ce ne serait pas le numéro 49, qui traverse un quartier que je ne fréquente pas ;
6- Et même si j'avais pris le bus numéro 49 le 24 septembre, je ne vois vraiment pas pourquoi j'aurais emporté un paquet d'une demi-douzaine d'albums semblables sous le bras.

J'ai donc écrit un message poli mais assez incrédule, en m'étonnant d'avoir été la destinataire d'un tel envoi, en expliquant que je n'avais rien reçu et par conséquent rien perdu, et j'en ai profité au passage pour dire qu'à défaut des justifs japonais qui pour ma part pouvaient fort bien rester aux objets trouvés, j'aurais bien aimé recevoir un jour les justifs en français, tout simplement. J'ai ajouté que j'étais tout à fait consciente que ce n'était pas le travail de la responsable des droits étrangers, mais que si elle voulait bien me dire à qui m'adresser, puisque l'éditrice ne me répond pas, je lui en serais très reconnaissante.
Et pour faire bonne mesure, j'ai mis l'éditrice en copie.

Le résultat, à votre avis ?
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Pas de réponse.

jeudi 2 octobre 2014

Jamais là

Mercredi midi, je déjeune avec une amie. Je devais la voir mercredi dernier, mais son gamin était malade. Je laisse donc Darling avec les Things et le Grand (le Filou est chez l'ass-mat).
Mercredi soir, après les douches et le dîner, je pars au moment où Darling raconte le livre du soir. Assemblée générale annuelle des adhérents d'une association de cyclistes locale.
Au retour, je me plains d'avoir encore un peu mal à l'épaule :
— Je ne vais pas pouvoir aller au judo, vendredi soir. Tant pis, j'irai mardi prochain à la place. Ah, et au fait, mercredi, je dîne avec un ami.
— Pff, soupire Darling. Tu n'es jamais là.