samedi 30 juillet 2016

Privés d'IKEA !

Nous avions prévu d'aller à IKEA, aujourd'hui. Une sortie annuelle, en juillet chaque année, quand nous sommes en vacances et avons une voiture, à tel point que Mr Thing Two est tombé des nues quand je lui ai dit qu'il y avait aussi des magasins IKEA en France, tant c'était associé dans son esprit à notre venue ici.
Nous avions tout prévu. Départ à 9h30. Arrivée à 10h30 ou 11h, à l'heure où il n'y a pas encore grand-monde. Remisage des trois petits dans l'aire de jeu : d'après notre expérience, il y a toujours au moins une animatrice qui parle plus ou moins le français. Tournée du magasin et repérage des articles. Retrouvaille avec les petits vers 11h45. Déjeuner à l'ouverture de la cantine, avant qu'il y ait la queue. Un repas pas cher et plutôt bon, ça ne se refuse pas. Ensuite, passage par les allées en libre-service, et puis départ vers 14h ou 14h30, ce qui nous faisait arriver à la maison juste à temps pour manger une glace et faire des jeux d'eau avant le dîner.
Un plan parfait.

Sauf que ce matin, le Filou avait 38,6°. Il n'avait pas l'air trop mal en point par ailleurs, mais bon, par précaution, nous avons décidé de rester à la maison.
Dommage.

D'un autre côté, ce n'est peut-être pas plus mal.
Parce que cette année, malgré tous nos efforts, nous n'avions pas pu trouver un seul meuble ou même une seule babiole dont nous avions besoin...

vendredi 29 juillet 2016

Un blog rémunérateur ?

Message d'accueil quand j'ouvre Blogger ce matin :

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jeudi 28 juillet 2016

Excursion en montagne



Quand j’ai compris que j’allais devoir une fois de plus passer presque un mois et demi ici avec les petits et l’ado en prime, j’ai prévu quelques excursions d’une ou deux journées pour rompre la monotonie du séjour. Mardi et mercredi, nous sommes donc partis deux jours à la montagne, avec une nuit dans une auberge de jeunesse. En tous cas, c’était censé être une auberge de jeunesse, mais en dehors du fait que nous étions tous les six dans la même chambre, que les douches étaient sur le palier, et que nous avons fait les lits nous-mêmes, à mes yeux, cela ressemblait davantage à un hôtel de luxe.

Un cadre magnifique : une forteresse restructurée, avec la cour centrale surmontée par une verrière. Des chambres et des sanitaires impeccables, avec partout des meubles en bois clair. Un environnement splendide : on ne pouvait y accéder qu’à pied, après avoir garé sa voiture et marché un kilomètre à travers la forêt, jusqu’à cette forteresse entourée par un ancien village abandonné aux vieilles maisons en bois et en pierre.

 
—On dirait la maison de Heidi ! s’est exclamé le Filou, émerveillé.
 Si j’ajoute à cela le fait que les petits ont tous eu le droit de dormir en hauteur (il y avait trois lits superposés par chambre), vous comprendrez aisément que tout le monde était enchanté. Enchantement qui a redoublé lorsque le dîner est arrivé et qu’on nous a servi un véritable repas italien, avec une entrée (des tartines de jambon fumé), puis un « primo » (des lasagnes), puis un « secondo » (du poulet et des pommes de terre au four), puis un dessert.
— Je me suis vraiment empigoinfré ! a commenté Mr Thing Two, grand lecteur de Claude Ponti.
La veille, nous avions visité une forteresse contenant un « musée des Alpes » interactif et amusant, avec vidéos, reconstitutions de vieilles écoles et vieilles étables, etc. Le lendemain, nous avons aussi fait une grande promenade jusqu’au sommet de la montagne, où nous avons trouvé un petit tas de cailloux comme on en voit souvent dans ce genre de lieu.
— C’est parce que la montagne n’était pas pointue comme elle devrait, alors on a construit ça pour lui donner la bonne forme ? a demandé Mr Thing Two.
Avant de repartir, et après un déjeuner sur le pouce dans un « bar » typiquement italien (gros congélateur plein de glaces, sandwichs à base de focaccia, écran de télé dans un coin, serviettes qui n’essuient rien sur chaque table), nous avons encore eu le temps d’aller voir un véritable château fort très bien conservé et très impressionnant. Impressionnant pour les adultes, en tous cas, même si je pense que les petits se souviendront souvent des latrines qui donnaient sur le vide. Le Grand aussi, d’ailleurs.
— T’imagine, si le châtelain faisait caca alors qu’un ami venait lui rendre visite, et qu’il se prenait tout sur la tête ? s’est-il esclaffé. Et après, en levant les yeux, il voyait les fesses du châtelain ?
Au retour, dans la voiture, tout le monde s’est endormi très vite. Sauf moi, je vous rassure ; heureusement, j’ai pu compter sur l’aide de Madame GPS. C’est la première fois de ma vie que je m’entends bien avec un GPS ; faut dire que celle-là ne me dit pas des trucs ridicules du genre « placez-vous sur la file de gauche et préparez-vous à tourner à droite », et qu’elle fait même des efforts de politesse quand elle n’est pas d’accord avec moi (véridique : un jour où j’avais ignoré ses indications, elle a tenté un « Veuillez bifurquer à droite », alors qu’elle n’avait jamais utilisé cette formule auparavant).

Bref, une chouette parenthèse. Et puisque nous nous en sommes bien tirés, dans quelques jours, on passe au niveau au-dessus. Ne ratez pas le prochain épisode : la première nuit en camping de la famille Fofo !

lundi 25 juillet 2016

Confusion spatio-temporelle

Au saut du lit, Miss Thing One :
— C'est l'heure de manger des glaces ?
— Mais non, ma chérie, les glaces, c'est au goûter ! Là, c'est le matin, puisque tu es encore en pyjama. Donc le repas, c'est le...
— Le midi ?

D'ici la fin de l'école primaire, j'ai bon espoir qu'elle retienne le déroulement chronologique de la journée.


En promenade, Mr Thing Two :
— Il y a vraiment plein de chiens, en Espagne !
— Nous ne sommes pas en Espagne, voyons ! Je te l'ai déjà expliqué hier, nous sommes...
— Ah oui, en Allemagne.
— Mais pas du tout !
— Mais tu avais dit que c'était le pays d'Oma !
— Non, de la Nonna, pas d'Oma ! Oma, elle habite en Allemagne, effectivement, mais elle n'est pas ici.
— Ben non, puisqu'elle est morte.
— C'est la Nonna qui est morte. Ma grand-mère à moi. Oma, c'est ta grand-mère, et c'est la mère de Papa ; tu sais bien, elle vient parfois chez nous, et elle vous apporte des cadeaux ! La Nonna, c'était la mère de mon père, et elle est morte juste après votre naissance. Et ici, nous sommes dans le pays des glaces, des pâtes, des pizzas et des automobilistes qui conduisent n'importe comment, c'est-à-dire...
— En Angleterre ?

Pour le coup, je ne suis absolument pas certaine que cinq semaines suffisent pour lui donner quelques notions de géographie familiales...


vendredi 22 juillet 2016

Voyage et étape

Et nous voilà arrivés. Mais non, nous ne sommes pas passés par la Russie, uniquement par le Massif Central, mais nous y sommes restés deux nuits pour nous reposer. Enfin,  nous détendre. Enfin, je veux dire, profiter de la présence de personnes charmantes et de leurs nombreux enfants. Avec les miens, ils étaient onze entre un an et dix ans, plus mon ado, sans compter les fœtus. Autant dire que les tablées évoquaient vaguement des colonies de vacances, et que nous avons fait sensation quand nous sommes arrivés à la piscine du village (et que nous avons eu besoin de nous y reprendre à trois fois pour compter le nombre de billets d'entrée nécessaires). Mais c'était vraiment très chouette, cette étape dans la maison familiale de mon amie d'enfance (rencontrée quand j'avais l'âge des Things), une énorme maison pleine de recoins et de vieux meubles et de détours et de trésors et de livres antiques et, donc, d'enfants. La grand-mère de mon amie a eu 26 petits-enfants, et la génération suivante semble bien partie pour imiter les deux précédentes en terme de numérosité. Inutile de dire que pour une fois, je me sentais complètement dans la norme avec ma petite famille. (Un peu moins du point de vue de mon statut familial, en revanche. Après avoir entendu un débat sur la possibilité de faire servir ou non l'une des gamines à la messe du dimanche, le Grand a lancé avec sa négligence habituelle : "Mais maman, ils savent que vous n'êtes pas mariés, papa et toi ?") (Ça a beaucoup fait rire mon amie.)
Bref, après cette étape aussi dépaysante qu'agréable, nous avons repris la route hier matin et sommes arrivés hier soir. Les petits se sont empressés de sortir absolument tous les jouets des caisses, le Grand s'est empressé de brancher sa tablette, et Darling s'est empressé de mettre un vin blanc au frais pendant que je m'empressais moi-même de préparer le repas du soir (c'est prouvé, je suis la pire féministe de l'histoire du féminisme) (sachant que c'est moi qui avais conduit toute la journée, hein, puisque Darling est assez féministe pour être tout à fait à l'aise dans son rôle d'homme qui n'a pas le permis et qui se fait transporter par son épouse – pardon, sa concubine). Mais ce matin, je me suis enfuie en prétextant que c'était le jour du marché, et après avoir passé un quart d'heure à acheter des fruits et légumes pour trois jours au prix où j'aurais payé deux kilos de tomates à Paris, je me suis affalée sur le canapé rembourré d'un café qui sert des jus d'orange pressés et offre le wifi par la même occasion. Pendant ce temps-là, Darling étend le linge. Enfin, j'espère.
Bref, nous avons posé nos bagages pour cinq semaines. Il fait chaud, il y a des moustiques, j'ai été saluée avec enthousiasme par une inconnue qui m'a reconnue, les fruits sont délicieux, le pain est infect, je suis contente d'y être, mais je m'ennuie déjà. Tout est normal, quoi.
Allez, c'est parti !

lundi 18 juillet 2016

C'est parti !

Et donc voilà, départ demain matin. Une étape en chemin, et ensuite, direction un petit village de l'autre côté de la frontière, ce village qui est à la fois un véritable "ailleurs" où les paysages, les habitudes, la langue, la nourriture, les principes sont très différents de mon quotidien, et à la fois un peu chez moi, puisque c'est le village natal de mon père et que j'y vais plusieurs fois par an depuis ma naissance. Pendant cinq semaines et quelques, il faudra se passer de pain correct, de vélo, et de connexion internet, ce qui n'est pas si facile quand on habituellement un ordinateur allumé en permanence et le réflexe de se précipiter sur Wikipedia, sur Allociné, sur Google map ou sur les Pages Jaunes dès qu'on a un doute au sujet de quoi que ce soit. Mais on s'y fait, je vous jure qu'on s'y fait, surtout si on peut aller vérifier ses emails de temps en temps au café du coin, et peut-être même bloguer un peu, en buvant un cappuccino.
Bon été à tous !

dimanche 17 juillet 2016

Préparatifs de vacances

Désolée, je ne suis plus très présente, ces derniers jours. Pas encore partie, non, mais en plein préparatifs. En plus des nuits trop courtes (cauchemars d'enfants) et de l'actualité déprimante, cela m'a un peu coupé toute inspiration. Pour l'instant, j'ai un peu de mal à me concentrer sur autre chose que sur "Oh et puis il faudra que je jette la litière du chat oh et puis ce serait vraiment mieux que je n'oublie pas les clefs de la maison de vacances oh et puis je n'ai pas encore choisi les livres à emmener pour les petits oh et puis il faut que j'imprime l'adresse du camping où on ira passer deux jours oh et puis il faut que je passe à la pharmacie pour racheter de la ventoline pour le Grand", etc. Il faut dire que nous partons pour plus de cinq semaines (dont deux avec Darling), donc il y a plein de choses à régler et à organiser, sans même parler des bagages.

Franchement, les vacances, c'est parfois très sympathique, mais j'ai du mal à comprendre qu'on puisse trouver ça reposant...

vendredi 15 juillet 2016

SpiderMAN, on te dit !

Mercredi soir, sortie du centre de loisirs. Les Things ont le visage maquillé. Je m'extasie. Mr Thing Two est en chien, et Miss Thing One en papillon. Elle commente :
— J'avais demandé qu'on me fasse un Spiderman comme à un copain, mais les animatrices m'ont dit que pour moi, c'était mieux un papillon rose.

Ah, diable ! Et moi qui avais cru bien faire...

(Soupir)

mercredi 13 juillet 2016

Déménagement, suite

J'aurais aimé intituler ce billet "Déménagement, suite et fin". Car pendant un instant, j'ai eu l'illusion que le rangement entamé il y a trois ans (!) était bel et bien fini. Après tout, au cours des mois qui viennent de s'écouler, je me suis occupée 1- du secrétaire fourre-tout dans l'entrée, 2- de la boîte vide-poche au bas de l'escalier, 3- de l'armoire de la salle de bain avec ses 37 brosses à dent désormais toutes rassemblées dans une même boîte étiquetée, 4- de tous les vêtements d'enfants de zéro à quatorze ans, 5- du garage intégralement vidé et rangé à la recherche d'un chargeur jamais retrouvé... donc logiquement, l'énorme placard de la chambre du Filou constituait la dernière étape, non ?

Les enfants ne m'ont pas facilité la tâche. Il y a quelque temps, ils ont découvert qu'il y avait là une mine de trésors et de bêtises potentielles, et entre leurs fouilles archéologiques peu méthodiques au milieu des cartons étiquetés "Trucs pas du tout urgent" ou "Matos divers" ou "Souvenirs, fourniture etc." et leurs parties de cache-cache effrénées, ils ont mis un bazar pas possible dans ce qui n'était déjà pas particulièrement bien organisé. Néanmoins, j'ai retroussé mes manches, et je m'y suis mise. J'ai tout vidé, classé, trié, plié, rangé ; j'ai descendu deux sacs poubelle plein de modes d'emploi pour des appareils en panne depuis longtemps et de jouets cassés ; j'ai retrouvé des trésors insoupçonnés ("Oh, tiens, des boules de polystyrènes à décorer pour faire des boules de Noël ! J'avais acheté ça pour faire des travaux manuels avec le Grand quand il avait quoi, cinq ans ?" "Ah, je savais bien que j'avais encore un rouleau de papier cadeau quelque part ! Dommage que les enfants l'aient intégralement déroulé et aient joué à le déchiqueter..." "Diable, les outils de bricolage miniatures que mon père adoptif m'a offert pour me récompenser d'avoir arrêté de sucer mon pouce, quand j'avais six ans ! Dis donc, ils sont encore en bon état, et ils ont l'air plutôt efficaces. De nos jours, on ne mettrait plus une vraie scie, un vrai marteau et un vrai tournevis, même petits, dans les mains de gamins de six ans... Je les donne aux Things, pour voir combien de temps il leur faut pour démolir tous les meubles de leurs chambres ?") ; j'ai encore rempli quatre cartons d'albums à refiler à qui les voudra ; et au bout d'une douzaine d'heures de travail, j'ai eu le bonheur de contempler cet immense placard entièrement vide.
(C'était le but : on va le démolir en partie pour que le Filou ait enfin une vraie chambre.)

J'étais donc très fière de moi, et en prenant un comprimé contre le mal de dos, tout à l'heure, je me suis dit fièrement "Ça y est, au bout de trois ans, j'ai enfin fini de vider les cartons du déménagement".

C'est alors que j'ai soudain repensé à ma cave...

mardi 12 juillet 2016

Le Filou et les ciseaux

Matin. Dans un demi-sommeil, j'entends le Filou se glisser dans la salle de bain. Mais il n'en ressort pas tout de suite. Et puis je l'entends qui tourne le robinet. Je suis prise de soupçons, et je me lève. Je le découvre devant le lavabo, une paire de ciseaux à papier dans la main.

—  Filou ? Qu'est-ce que tu fabriques ?
— Ze me fait une coiffure...
Je fais un bond.
— Hein ? Ne me dis pas que tu t'es coupé les cheveux ?
— Z'ai essayé, mais z'arrive pas. C'est paske la coiffeuse, elle mouille les seveux !

D'où le lavabo, donc.

Et dire que deux jours plus tôt, il faisait une crise parce qu'il refusait qu'on coupe les "boucles d'or"...

lundi 11 juillet 2016

Devinette : connaissez-vous bien le Grand ?

Le Grand a donc été invité à aller passer cinq jours à Londres avec un ami qui a réussi à faire croire à sa mère qu'il leur servirait d’interprète (malin, le copain). A votre avis, quel est LE truc qu'il a fallu aller acheter en toute urgence, sur le chemin de la gare, parce que mon fils ne supportait pas l'idée de s'en passer pendant si longtemps ?

...

...

...

Alors, vous avez une petite idée ?

Réponse : Une grande carte du monde pliable. Parce que la sienne, plastifiée, celle qui n'est jamais accrochée au mur où elle devrait être, celle qu'il emporte dans la salle de bain quand il va se laver les dents, ne tenait pas dans sa valise, même roulée ; et j'avais mis le véto sur le très grand et très lourd (et très daté) Atlas de la maisonnée ; et qu'allait devenir ce garçon si tout à coup il était saisi d'un doute sur la capitale, les principaux fleuves et les pays frontaliers de la Moldavie*, hein ?


* Si si, ça existe vraiment, ce n'est pas une invention d'Hergé, j'ai vérifié.

dimanche 10 juillet 2016

Un petit air de déjà-vu

Il y a une dizaine d'années, lorsque le Grand était un petit bonhomme de trois, quatre ou cinq ans, fils unique, encore trop jeune pour s'occuper seul, les samedis en tête-à-tête avec lui me paraissaient interminables. Du coup, en été, lorsque les journées s'allongeaient et que les températures s'adoucissaient, il m'arrivait parfois de sortir avec lui en fin de soirée et d'aller chercher Darling à la sortie de sa librairie à 19h30. Nous partions alors en promenade, tenant chacun une main de l'enfant ; nous passions devant Notre-Dame ou d'autres monuments magnifiques sous la lumière du soir ; nous nous arrêtions dans un Hippopotamus ou dans un restaurant japonais ; nous prenions une glace sur l'île Saint-Louis, ou ailleurs, en guise de dessert ; et nous rentrions à pied ou en métro, selon le degré de fatigue de l'enfant. J'adorais ces soirées à trois, ces balades dans un Paris plein de promeneurs en tenues estivales, cette ambiance festive.

Et puis il y a eu quelques années difficiles. Et puis les Things sont arrivés. Et puis le Filou a suivi. Et les sorties en famille se sont faites plus rares, plus compliquées à organiser, et surtout, elles ont changé de nature. A six, dont trois petits, il est plus simple (et moins cher !) de pique-niquer dans un bois que de manger dans un restaurant et se promener dans les rues en n'ayant jamais assez de mains libres.

Mais cette semaine, les Things sont chez leur grand-mère : ils reviennent demain. Et cet après-midi, le Grand est allé chez un copain : il part avec lui (et sa mère) cinq jours à Londres. Ce soir, j'étais seule avec le Filou. Alors j'ai pris le RER, puis le bus, et puis nous avons vu "là où papa travaille", et puis nous avons marché, et puis nous avons mangé des sushis, et puis nous avons pris une glace que nous avons léchée en retournant vers le métro. Le petit bonhomme de quatre ans était entre ses deux parents qu'il avait pour lui tout seul, peut-être pour la première fois depuis sa naissance. Sa ressemblance avec le Grand est frappante : c'est quasiment trait pour trait le même enfant. Le même sourire : c'en est renversant. La même coiffure. Le même caractère remuant, la même tendance à escalader les sièges au restaurant et les murets et barrières dans la rue. La même voix aigüe, le même zozotement. Les mêmes vêtements, aussi, refilés de l'aîné au benjamin en passant par le cadet.

Ce soir, pendant quelques heures, j'ai eu l'impression que les dix dernières années avaient été effacées...

samedi 9 juillet 2016

Le Filou chez la coiffeuse

Rendez-vous chez la coiffeuse. Le Filou n'a pas beaucoup progressé depuis la dernière fois (tiens, c'était exactement il y a un an). Comme j'étais plutôt désargentée ces derniers temps, depuis un an, c'est toujours moi qui lui ai coupé les cheveux, et j'ai une technique imparable pour qu'il ne bouge pas et ne se soucie pas le moins du monde de ce que je fais : je le colle devant la télévision. Mais chez la coiffeuse, il n'y a pas de télévision, donc il proteste, il hurle, il essaie même de fuguer :
— Noooon ! Ze veux PAS couper les boucles d'or !
Ça fait rire la coiffeuse, mais elle est un peu inquiète :
— Je ne vais pas pouvoir faire grand-chose s'il gigote comme ça...
Pas le temps de négocier, de menacer, d'expliquer, d'argumenter. Sous le regard légèrement désapprobateur des quatre ou cinq clientes (bien ma veine : normalement, le salon est vide quand je viens), je me résigne donc à sortir la grosse artillerie :
— Ne vous inquiétez pas, Madame, je vais le faire obéir grâce à une technique éducative de pointe. Filou, arrête de brailler et écoute-moi : si tu es sage, quand on rentrera à la maison, tu auras un bonbon.
Infaillible. Il n'a plus bougé.

(Hélas, ensuite, c'est le Grand qui est arrivé et qui n'a pas arrêté d'asticoter son petit frère, à tel point que la coiffeuse a soupiré que c'était le moins sage de la famille – si, si, elle connaît Mr Thing Two – et l'a menacé de lui raser la boule à zéro s'il continuait...)

jeudi 7 juillet 2016

Comment je n'ai pas échappé aux Bleus

Je n'aime pas trop le foot, en tous cas pas le foot qu'on regarde à la télévision, et surtout pas celui qui fait intervenir des équipes "nationales". Et pas seulement parce que ces équipes représentent encore moins la nation que le faisait autrefois le "suffrage universel masculin" ("Comme si les femmes ne faisaient par partie de l'univers", avait remarqué un de mes profs, mais je m'égare). Je n'ai pas du tout envie de lancer une polémique, mais j'ai un peu de mal à voir la différence entre le patriotisme et le nationalisme, et beaucoup de mal à voir la différence entre "je préfère les Français" et "J'aime moins les étrangers". Je sais, je sais que l'immense majorité des spectateurs de foot, y compris parmi ceux qui soutiennent "leur" équipe, sont à mille lieues d'être xénophobes. N'empêche, la nuance m’échappe.

Bref, ce midi, j'ai annoncé que j'allais essayer d'échapper à la demi-finale.
— Ah, toi aussi, tous ces "Allez les bleus", ça t'agace ? a lancé mon père adoptif qui, provenant d'un pays neutre, a un peu de mal à s'échauffer pour tout cela (voir ici l'hilarante explication de Zep)
— C'est qui, les bleus ? a demandé le Grand.

La dernière fois, j'étais allée au théâtre ; cette fois, j'ai opté pour le cinéma ? Il y avait un film qui avait l'air intéressant à 20h. Mais à 19h10, juste avant de partir, je me rends compte qu'il y a un film qui a l'air encore plus intéressant à 19h50, à 8 km d'ici. En pédalant très très vite, je peux sans doute y arriver...
A 19h45, je pénètre dans le cinéma, à la fois très fière de moi, dégoulinante de sueur, rouge comme une tomate, et un peu inquiète à l'idée que s'il faut faire la queue dix minutes pour prendre mon billet comme c'est souvent le cas, je risque de rater les publicités, et ce serait dommage, car je n'en vois pas souvent. Naïve que je suis. Je n'ai jamais vu un multiplexe aussi vide.
— Il n'y a pas grand-monde, je me demande pourquoi ? ai-je demandé au monsieur qui vendait les billets.
Il n'a pas même souri. Soit c'est le fils du patron, soit il avait demandé sa soirée pour regarder le match comme les autres et il a eu la courte paille.

Dans la salle, sept personnes en tout. Dont un homme. J'ai eu envie de lui proposer séance tenante (c'est le cas de le dire) de m'épouser, mais il était avec une femme, et je n'étais pas complètement sûre que ce soit sa sœur.

J'ai donc vu Love and Friendship. Ma mère et Télérama avaient aimé, donc j'étais assez confiante. J'avais raison, c'est super. Je me suis rappelée seulement au moment où le générique commençait qu'en théorie, j'évitais les adaptations, mais je me suis consolée en me rappelant que je n'avais pas lu le bouquin. Je me suis régalée. Et j'ai été très contente que le personnage principal ne soit pas "puni" à la fin. J'avais très peur pour cette femme sournoise et manipulatrice, qui ne fait en réalité qu'utiliser les seules armes à sa portée à l'époque de Jane Austen. Et puis elle est si belle, et elle parle si bien (j'ai très vite arrêté de lire les sous-titre pour profiter de la diction magnifique des acteurs), et elle est si intelligente ! J'en suis tombée raide amoureuse, moi aussi...

Je suis donc sortie avec un grand sourire. Mais j'ai vite compris que le film n'avait pas duré assez longtemps. Du monde partout, des voiture garées n'importe où, sur des passages piétons et des pistes cyclables (non mais il faut comprendre, ces gens-là avaient sans doute impérativement besoin d'utiliser leur voiture ce soir : ils habitent loin, n'ont pas de télévision, et ont la phobie des transports en commun et des vélos, donc ils sont venus en voiture parce qu'ils ne pouvaient pas faire autrement, les pauvres, et ils sont trop pauvres pour payer une place dans un parking souterrain payant, et ils ne vont pas boire une goutte de bière parce qu'ils savent qu'il faut être sobre pour conduire). La barbe.
J'ai voulu m'enfuir tout de suite, mais j'étais partie si vite que je n'avais rien pris à manger (c'est tout dire) et  j'avais vraiment trop faim pour refaire le trajet dans l'autre sens sans auparavant consommer un peu de carburant. J'ai donc évité très soigneusement les bars et pubs et je suis entrée dans un fast-food écolo que j'avais repéré précédemment, non sans avoir d'abord bien vérifié qu'il n'y avait aucun écran à l'intérieur. Mais au moment où j'ai payé mon bol de Waterzooi et ma tarte aux figues bio (véridique) (j'adore), j'ai compris l'astuce : les serveurs avaient planqué un ordinateur derrière la caisse, et à chaque fois qu'ils entendaient une clameur s'élever dans la rue, ils lâchaient tout pour aller voir ce qui se passait.
— Et dire que je suis entrée ici parce que je pensais que c'était un endroit garanti sans OGM et sans football ! me suis-je lamentée.
— Ne vous inquiétez pas, vous ne le verrez pas, a promis le caissier. Mais vous savez, le jeu, c'est l'opium du peuple... [Sic]. Il faut bien se divertir !
— Ben moi, pour me divertir, je suis allée voir un film, et contrairement à vous, j'avais 100% de chances d'en ressortir de bonne humeur, pas 50% !
Il a ri. Et puis il m'a tendu la facturette très vite, parce que les gens du pub d'à côté avaient fait "Ooh !", et il est allé coller le nez à son écran.

Après ce dîner frugal mais exquis, je suis rentrée en pédalant joyeusement dans le crépuscule par une petite route très tranquille où, pour la première fois de ma vie, j'ai croisé plus de femmes que d'hommes (c'est là qu'on se rend soudain compte à quel point la nuit est encore un domaine très masculin). Avant d'arriver au bout, j'ai entendu une fanfare de klaxons, et des cris. Et puis des sirènes, plein de sirènes. Je me suis demandé, incrédule, si des ambulanciers avaient eu cette idée ahurissante de participer ainsi à la liesse générale, avant de comprendre que c'étaient sans doute des flics qui se précipitaient dans un coin où des crétins avaient voulu fêter leur (?) victoire en cassant quelque chose, ou en tapant sur un Allemand qui passait par là, ou quelque chose du genre. Juste avant d'arriver à la maison, je suis passée sous des immeubles au rez-de-chaussée duquel des gamins braillaient à tue-tête "Vive la France" sous l’œil bienveillant de leurs parents. J'ai voulu leur crier "Et les Français qui dorment, ils ont le droit de vivre, eux aussi ?", mais comme j'allais assez vite, j'étais déjà trop loin.

Et puis je suis arrivée à la maison, et j'ai trouvé Darling de fort mauvaise humeur qui m'a dit "Pff, ce n'était pas mérité, l'équipe allemande a dominé toute la partie".


Bon. Voyons le bon côté des choses : j'ai un excellent prétexte pour retourner au cinéma dimanche. Et cette fois, je choisirai un film plus long...

mercredi 6 juillet 2016

Planning de vacances et weekends

Depuis deux jours, je fais des projets. L'idée de passer de nouveau plus d'un mois avec les gamins au même endroit que les années précédentes me déprimait un peu, donc j'ai commencé à planifier des sorties dans les montagnes ou grandes villes voisines, ce qui m'a très vite remonté le moral. De fil en aiguille, je me suis penchée sur mon planning de l'automne. Il va falloir qu'on visite la nouvelle maison de ma mère, qui déménage cet été dans une autre ville. Et qu'on aille dans la ville natale de Darling, peut-être à la Toussaint : depuis le temps qu'on promet aux enfants d'y retourner... Oh dis donc, j'ai cette amie qui va souvent en formation dans une ville que je rêve de connaître, et elle m'a dit qu'elle avait une chambre d'hôtel avec un lit double :  ce n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde. Ah, et puis bien sûr, il y aura cette tournée avec un auteur dont je serai l’interprète – j'ai rêvé où l'éditrice m'a parlé d'une escale à Bruxelles ? Oh, et puis tiens, maintenant que j'y pense, ce même auteur m'avait proposé de me loger si jamais j'avais envie de retourner à Londres un weekend, et ça fait deux ans que je n'y suis pas allée...

Bilan, dans mon planning des six prochains mois, il y a :
- L'Italie, avec au moins six destinations magnifiques ;
- L'Espagne ;
- L'Angleterre ;
- La Belgique (je crois)
- Le Massif Central ;
- Les Alpes ;
- L'Alsace (sous réserve).

Inutile de vous dire que je trépigne d'impatience !

mardi 5 juillet 2016

On est encore petit quand on a 14 ans...

Ils sont arrivés à trois. Trois gamins que le Grand a rencontrés en petite section de maternelle, trois gamins que j'ai donc connus à l'âge où ils pouvaient passer sous une table sans se baisser. Bien entendu, maintenant, l'un d'entre eux avoisine 1,80m, un autre a une coup de cheveux déstructurée du plus bel effet, les voix ont fini de muer, on distingue une ombre de moustache...

Pour le dîner, nous avons fait deux services : un premier avec Darling, le Filou et moi (les Things sont chez ma mère) (à trois, c'est fou ce que c'est calme), puis un autre avec des ados. J'avais prévu, comme l'année dernière, une "crêpes-party" : on met l'appareil à mini-crêpes et des tas d'ingrédients sur la table, et on les laisse faire. J'ai préparé un saladier de pâte à crêpes dépassant tous mes records personnels : 9 œufs, 750g de farine, un litre et demi de lait. Bien entendu, ils ont tout avalé, sauf une malheureuse demi-douzaine de mini-crêpes que je me suis empressée de manger ce matin au petit-déj avant que l'un d'eux se jette dessus au réveil.

Puis ils ont regardé Les aventures de Rabbi Jacob, l'un des films préférés du Grand, en riant comme des phoques toutes les deux minutes, en particulier au moment où tout le monde patauge dans la pâte à chewing-gum. Inutile de dire que moi, dans la pièce voisine séparée par un simple rideau, je n'ai même pas essayé de travailler (mais j'ai confectionné une nouvelle paire de boucles d'oreilles, donc je n'ai pas perdu ma soirée). Puis j'ai envoyé tout le monde au lit.
— Qui veut aller prendre sa douche ce soir ? Qui préfère la prendre demain matin ?
— Non, mais moi c'est bon, je me suis lavé ce matin, ça peut attendre que je rentre chez moi demain soir.
— Moi aussi.
— Moi pareil.
14 ans, l'âge où les garçons aiment l'eau autant que les chats (et même nettement moins que mon chat, que la pluie ne dérange pas particulièrement). Je n'ai pas insisté. Après tout, du moment qu'on ne me force pas à dormir dans la même pièce qu'eux...
(Mais j'ai envoyé le Grand prendre sa douche, lui, et pour une fois, il n'est pas resté une demi-heure dans la salle de bain ; il en est même ressorti incroyablement vite.)

A minuit passé, ils se sont installés tous les quatre sur des matelas par terre dans la salle de jeu, je leur ai souhaité bonne nuit, je leur ai recommandé environ quinze fois de parler à voix basse, et je suis montée me coucher. Je n'étais pas encore arrivée dans ma chambre quand s'élevaient déjà les premiers éclats de rire et les premières vociférations. J'ai enfoncé des boules quiès dans mes oreilles, j'ai fermé la porte, et j'ai presque bien dormi, sauf quand j'étais réveillée par des vibrations qui secouaient le lit (Concours de chatouilles ? Batailles d'oreillers ?). A trois heures du matin, j'ai ôté une boule quiès de mon oreille, j'ai entendu des voix, je l'ai remise. Je n'ai aucune idée de l'heure à laquelle il se sont enfin endormis.

A présent, à 10h et demie, ils ne sont pas encore sortis. Mais depuis une dizaine de minutes, j'entends du remue-ménage. Je parie pourtant qu'ils n'émergeront que vers midi, après avoir passé deux heures à jouer aux Pokemons et lire des Picsou et échanger des blagues finaudes du genre "C'est un papier qui est dans une barque, il tombe dans l'eau et il crie : Au secours, j'ai pas pied !"

14 ans, l'âge où on a le corps d'un homme, mais parfois encore l'âme d'un tout petit enfant...

dimanche 3 juillet 2016

Paris Cargo Bike Meeting 2016

J'en ai vus, aujourd'hui, des vélos capable de faire taire l'objection "oui mais moi je ne peux pas me passer de ma voiture, avec les enfants, et les courses..."


Caisse en osier : joli, non ?
Des petits vide-poche latéraux qui ferment à clef... génial.

Un biporteur classique, avec caisse en bois.

Le très design Urban Arrow.

Un requin qui ne passe pas inaperçu !

Celui-là n'est pas un vélo cargo, mais il me plaît bien.

Un vélo (pliant, mais adulte) dans un vélo.
Essayez d'en faire autant avec une voiture...

Pour des enfants, non, mais pour une caisse ou une valise,
celui-là est extra (et tout léger).
Et pleins d'autres encore que j'ai pu essayer,
dont le Douze (mon rêve) et des longtails (vélos allongés)...

Mais qui donc organisait ce sympathique pique-nique ouvert à tous ?
L'association Paris Cargo Bikes, bien sûr !

Récit de mon premier "Paris cargo bike meeting", il y a deux ans, ici.
Plus de renseignements .

samedi 2 juillet 2016

Silence !

Ça se passe dans une école anglaise du début du siècle, et bien entendu, la professeure de français est une Française que tout le monde appelle "Mamzelle", comme il se doit. A un moment donné, les élèves chahutent, et Mamzelle les rappelle à l'ordre, en français.

J'avais mis :
— Taisez-vous !*
Avec une note de bas de page :
* En français dans le texte (note de la traductrice).

Va savoir pourquoi, ça n'a pas plu au correcteur. C'est devenu :
— Silence !*
* En français dans le texte (note de la traductrice).

Et comment dit-on "silence" en anglais, hein ?

(J'ai bien ri)

(Ça m'a rappelé l'anecdote connue, quoique fausse, de Zevaco qui aurait écrit "Ah ! s'écria Pardaillan en espagnol"...)

vendredi 1 juillet 2016

La Cantatrice Chauve au théâtre de la Huchette

Il y a quelques jours, en discutant de l'absurde et du non-sens avec le Grand, je me suis rendu compte qu'il n'avait jamais entendu parler de La cantatrice chauve. Ni une ni deux, j'ai pris aussitôt des places pour aller le voir avec lui, et avec ma sœur-ado qui loge chez nous cette semaine. Cette pièce se joue dans deux ou trois salles à Paris, mais j'ai choisi le théâtre de la Huchette, où elle est donnée sans interruptions depuis 1957 : on nous a annoncé juste avant le début de la pièce que c'était la 18.000ème et quelques représentation. La mise en scène et le décor sont restés les mêmes depuis presque soixante ans !


(— Mais c'est pas les mêmes acteurs, hein ? a demandé le Grand, vaguement inquiet.)


La salle minuscule, à peine plus grande que mon salon, a surpris les ados : forcément, le contraste avec la Comédie Française où ils étaient allés dimanche était saisissant. Nous étions au deuxième rang, et avions donc les acteurs à moins de deux mètres de nous.

Verdict ? C'était très bien, quoique un peu conventionnel. Ce qui n'a rien d'étonnant, vu l'âge de la mise en scène. Les acteurs jouaient très bien, tout était très réussi, mais pour quelqu'un qui connaissait la pièce, il n'y avait pas de surprise : décor, jeu, rythme, costumes, tout était parfaitement conforme à l'idée première de Ionesco, je pense. Disons que j'ai déjà vu des Cantatrice chauve beaucoup plus déjantées, avec beaucoup plus de gags visuels ou de liberté dans l'interprétation. L'humour était bien présent, mais c'était celui du texte. Et en fin de compte, ce n'est pas un texte si facile à comprendre, en dehors du fait que "C'est n'importe quoi !", comme le murmurait le Grand, rigolard, toutes les cinq minutes. Ma sœur, elle, réfractaire à l'humour de Ionesco, s'est endormie quelques minutes à la fin...

Mais ce qui peut être considéré comme un défaut peut aussi être pris comme une qualité. Car en fin de compte, à présent, le Grand connaît La cantatrice chauve telle qu'elle a été imaginée, ce qui constitue une première expérience parfaite. Avant de voir un Molière transposé au XXIe siècle, ou en Algérie, ou sur la Lune, c'est plutôt pas mal de le voir une première fois en costumes plus ou moins d'époque avec un décor plus ou moins classique. Je suis donc très contente d'y être allée avec les ados, et qu'ils sachent désormais qui est Bobby Watson (non, pas celui-là, l'autre) ou d'où vient la citation "Comme c'est curieux, comme c'est bizarre, et quelle étrange coïncidence !"