vendredi 1 juillet 2016

La Cantatrice Chauve au théâtre de la Huchette

Il y a quelques jours, en discutant de l'absurde et du non-sens avec le Grand, je me suis rendu compte qu'il n'avait jamais entendu parler de La cantatrice chauve. Ni une ni deux, j'ai pris aussitôt des places pour aller le voir avec lui, et avec ma sœur-ado qui loge chez nous cette semaine. Cette pièce se joue dans deux ou trois salles à Paris, mais j'ai choisi le théâtre de la Huchette, où elle est donnée sans interruptions depuis 1957 : on nous a annoncé juste avant le début de la pièce que c'était la 18.000ème et quelques représentation. La mise en scène et le décor sont restés les mêmes depuis presque soixante ans !


(— Mais c'est pas les mêmes acteurs, hein ? a demandé le Grand, vaguement inquiet.)


La salle minuscule, à peine plus grande que mon salon, a surpris les ados : forcément, le contraste avec la Comédie Française où ils étaient allés dimanche était saisissant. Nous étions au deuxième rang, et avions donc les acteurs à moins de deux mètres de nous.

Verdict ? C'était très bien, quoique un peu conventionnel. Ce qui n'a rien d'étonnant, vu l'âge de la mise en scène. Les acteurs jouaient très bien, tout était très réussi, mais pour quelqu'un qui connaissait la pièce, il n'y avait pas de surprise : décor, jeu, rythme, costumes, tout était parfaitement conforme à l'idée première de Ionesco, je pense. Disons que j'ai déjà vu des Cantatrice chauve beaucoup plus déjantées, avec beaucoup plus de gags visuels ou de liberté dans l'interprétation. L'humour était bien présent, mais c'était celui du texte. Et en fin de compte, ce n'est pas un texte si facile à comprendre, en dehors du fait que "C'est n'importe quoi !", comme le murmurait le Grand, rigolard, toutes les cinq minutes. Ma sœur, elle, réfractaire à l'humour de Ionesco, s'est endormie quelques minutes à la fin...

Mais ce qui peut être considéré comme un défaut peut aussi être pris comme une qualité. Car en fin de compte, à présent, le Grand connaît La cantatrice chauve telle qu'elle a été imaginée, ce qui constitue une première expérience parfaite. Avant de voir un Molière transposé au XXIe siècle, ou en Algérie, ou sur la Lune, c'est plutôt pas mal de le voir une première fois en costumes plus ou moins d'époque avec un décor plus ou moins classique. Je suis donc très contente d'y être allée avec les ados, et qu'ils sachent désormais qui est Bobby Watson (non, pas celui-là, l'autre) ou d'où vient la citation "Comme c'est curieux, comme c'est bizarre, et quelle étrange coïncidence !"

3 commentaires:

  1. La version classique d'abord, je suis bien d'accord.Rien ne me frustre plus qu'un article qui annonce "ENFIN mozart dépoussiéré", une "transposition" de Figaro dans un bidonville brésilien post apocalyptique avec un seul chanteur, mais nu, qui fera tous les rôles. Ok les abonnés de Glyndebourne/Salzburg et les critiques sont sans doute blasés des versions classiques, mais heu pas moi, je vis en Province et j'aimerais juste un jour peut-être voir un Figaro classique, avec les baryton, soprane et mezzo réglementaires en perruques bouclées et talons bobines.

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  2. Et Cyrano, faut-il aller à la pièce de théâtre vierge de toute lecture?

    Je me suis un peu auto-spoiler la fin (ah... wikipedia). Mais j'ai échappé à la version télé avec Gérard Depardieu, donc j'estime que j'ai de la chance.
    (Toute première fois, tou-toute première fois... ♫)

    Tu as déjà raconté que voire une version "film" te privait souvent de tes souvenirs du livres, avec ta façon d'avoir visualisé les personnages, ta façon de les avoir fait parlé. Est-ce que que les pièces de théâtre te provoque le même télescopage?

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    1. Non, parce que les pièces de théâtre sont faites pour être adaptées, on n'a aucune description, que des dialogues, qui sont respectés à la lettre... Maintenant, si un livre était adapté en pièce de théâtre... Je ne sais pas.

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