mardi 17 janvier 2012

L'ascenseur

Quand mon Grand avait dix-huit mois, un matin, dans l'hôtel où nous passions nos vacances, nous sommes allés prendre le petit-déjeuner dans la salle à manger, puis nous avons pris l'ascenseur pour retourner dans notre chambre, au quatrième étage. Nous sommes sortis de l'ascenseur tous les trois, avons fait tranquillement les dix pas qui nous séparaient de la porte de notre chambre. Darling a sorti la clef, s'est retourné, et s'est écrié :
— Mais... où est le gamin ?
Effectivement, il n'était nulle part en vue. Et il n'y avait pas beaucoup de cachettes sur le palier. En revanche, il y avait un long couloir plein de tournants.
Darling, qui s'affole très vite dans ces cas-là (mais j'avoue que je n'en menais pas large non plus), est parti au pas de course dans le couloir en hurlant le nom du petit bonhomme. Quant à moi, ayant ma petite idée sur la question, j'ai commencé à descendre l'escalier en l'appelant et en vérifiant chaque palier.
Gagné : très vite, j'ai entendu sa petite voix qui appelait "Maman ?".
Je l'ai retrouvé quatre étages plus bas, sain et sauf, complètement seul, et même pas trop inquiet. Enfin, un peu quand même : il m'a fait un gros câlin, et on sentait bien qu'il n'aurait pas fallu que ça dure trop longtemps, cette histoire.
Dans les trois secondes qu'il nous avait fallu pour aller de l'ascenseur à la porte de notre chambre, ce petit diable avait donc rebroussé chemin, était rentré dans l'ascenseur, et avait appuyé sur un des seuls boutons à sa portée, celui de l'entresol.


Depuis, je me méfie énormément des ascenseurs. Quand je monte ou descends avec les Things, je fais très attention de toujours sortir la dernière, et je ne les perds pas de vue jusqu'à ce que les portes coulissantes se soient refermées.
Oui, mais...
Dimanche, en rentrant de promenade, Darling est resté en bas à plier la poussette pendant que je prenais l'ascenseur avec une voisine qui revenait du marché et qui allait jusqu'au onzième étage. J'avais dans les bras Miss Thing One, qui pleurait parce qu'elle avait les pieds gelés. Arrivée sur mon palier, je suis sortie avec ma môme hurlante, et j'ai attendu que Mr Thing Two en fasse autant. Sauf que juste au moment de me suivre, ce dernier s'est rendu compte que la voisine avait des clémentines dans son caddie. Des clémentines ! Pensez, quelle aubaine !
Vous devinez la suite : il a aussitôt reculé, les portes ont commencé à se refermer, je n'ai pas pu les bloquer parce que mes bras étaient occupés, la voisine n'a pas eu de réflexe assez rapide, et voilà mon garçon parti avec la dame et ses clémentines jusqu'au onzième étage.
Sur quoi sont arrivés le Grand et Darling, respectivement par l'escalier et par l'autre ascenseur, et il a fallu que je leur explique que oui oui, j'étais bien cette affreuse mère qui avait laissé pour la deuxième fois un bébé de moins de deux ans prendre l'ascenseur sans elle. Inutile de vous dire que j'en ai entendu de toutes les couleurs. Y compris de la part du Grand, et de Miss Thing One qui avait toujours aussi mal aux pieds ET qui était horrifiée que son frère ait disparu.
Bien sûr, Darling s'est immédiatement inquiété ("Mais elle va savoir à quel étage on est ? Tu crois que je dois monter le chercher ?"), mais ça n'a duré que quelques secondes, car très vite, des cris de cochon qu'on égorge ou de bébé-qui-a-perdu-sa-maman se sont fait entendre au-dessus de nos têtes, prouvant que l'ascenseur était en train de redescendre.
Je ne sais pas qui a été le plus soulagé quand les portes se sont ouvertes : Mr Thing Two, qui a vécu l'aventure avec bien moins de sang-froid que son grand frère, Miss Thing One, Le Grand, Darling, ou la voisine elle-même, qui ne ne savait plus comment calmer ce bébé affolé. Ou moi.
Quoique, si elle l'avait gardé une heure ou deux, je ne me serais pas plainte...

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