samedi 5 janvier 2013

Je suis contente

Une personne m'a téléphoné hier, très inquiète, car en lisant mon blog "entre les lignes", elle avait cru comprendre que j'étais au fond du trou et que j'allais craquer.

Alors soyons clairs : oui, je passe de mauvaises vacances enfermée dans mon appart en tant que célibataire avec cinq enfants (en comptant Darling malade), oui, j'ai été de fort mauvaise humeur pendant plusieurs jours, et oui, je suis au bout du rouleau. Mais pas au fond du trou ; nuance. Je dirais même que paradoxalement, le passage par les urgences le 1er janvier m'a requinquée. Peut-être parce que ça m'a fait relativiser, ou peut-être parce que l'humour de la situation m'a frappée. Vous savez, un peu comme dans "Tarzan" de Disney, quand Jane se retrouve en équilibre précaire sur un arbre, incapable de redescendre, qu'elle lance désespérément, avec son accent britannique très chic, "Ça ne pourrait pas être pire, n'est-ce pas ?", et qu'une seconde plus tard, une averse torrentielle lui tombe dessus. Voilà, moi j'étais un peu en train de me dire que ça ne pourrait pas être pire, et cette douche m'a fait prendre conscience des innombrables averses ou tempêtes auxquelles j'avais échappé.

Bon sang, je crois que je suis mûre pour écrire un livre destiné à la section philosophie/psychologie des éditions Marabout. Si vous avez déjà la nausée, arrêtez tout de suite de lire, allez plutôt faire un tour sur un site du genre "Vie de merde", parce que ce n'est pas fini. Depuis ce coup de fil d'hier, j'ai joué les Pollyanna, et j'ai trouvé tout plein de raisons d'être contente :

- D'accord, l'ambiance du jour de Noël a été un peu plombée par l'état de serpillère de Darling, mais dans l'ensemble, je suis contente d'avoir passé de bonnes fêtes, d'avoir revu des gens que je vois trop rarement, et d'avoir reçu des chouettes cadeaux ;
- Au bout de dix jours à se traîner du lit au canapé et à menacer de faire exploser le thermomètre, je suis contente d'avoir enfin réussi à expédier Darling chez le docteur, qui a diagnostiqué (sans surprise) une grippe et lui a donné plein de choses qui vont l'aider, on l'espère, à se remettre sur pied ;
- Certes, je n'ai pas du tout pu travailler cette semaine, donc je suis déjà terriblement en retard sur ma prochaine traduction, mais je suis contente d'avoir terminé la précédente dans les temps alors que je n'y croyais guère ;
- A propos de la clavicule de Miss Thing One, je suis contente que ce soit la clavicule et pas la jambe ou le bras (c'est nettement moins handicapant, et ça se répare plus vite), je suis contente que ce soit arrivé à la gamine et pas à son jumeau (Mr Thing Two n'aurait jamais supporté d'attendre des heures sur mes genoux, ni de rester à jeun jusqu'à 23h, ni d'avoir le bras immobilisé pendant des jours), et surtout, je suis contente que ce ne soit pas grave (rien de tel qu'un passage par les urgences pédiatriques pour vous faire songer à tout ce à quoi on a échappé) ;
- Le Grand n'a pas pu partir avec sa grand-mère comme d'habitude pour des raisons d'organisation, mais je suis contente qu'il ait tout de même passé de bonnes vacances selon ses critères, à glander, à bouquiner, à jouer avec ses nouveaux playmobils, etc. ;
- Nous n'avons pas pu sortir tous les jours comme je le voulais, mais je suis contente d'avoir pu aller à la ménagerie du jardin des plantes avec une voisine et ses trois enfants (un grand moment), et aussi d'avoir pu faire quelques mini-sorties distrayantes (de toute façon, même aller à la pharmacie avec Mr Thing Two qui commente tout ce qu'il voit suffit à briser la routine) ;
- Malgré des frayeurs, des hésitations, des complications et pas mal de temps perdu, je suis contente que notre projet de déménagement suive son cours ;
- Toute écrasée que je suis par l'ampleur des tâches ménagères, je suis contente d'avoir un lave-vaisselle (qui remarche, hourra !), et une machine à laver, et un sèche-linge, et un congélateur ;
- Je manque terriblement de sommeil, mais je suis contente car j'ai l'impression que ça s'améliore, lentement mais sûrement (surtout depuis que je dors dans le salon pour échapper aux quintes de toux de Darling) ;
- Par-dessus tout, je suis contente d'avoir une si jolie famille, avec un Darling rien qu'à moi et des gamins adorables, très beaux et très intelligents (quoique fort mal élevés) (mea culpa). Quand je les vois jouer tous les quatre côte à côte dans la chambre trop petite des Things, avec un Grand qui construit inlassablement des tours avec les Lego des petits, deux toddlers qui s'inventent des histoires sans queue ni tête dans un langage incompréhensible, et un bébé qui grimpe partout et tape sur les jouets pour faire du bruit, mon cœur se gonfle de joie – pendant deux secondes, et ensuite je profite de cette accalmie inespérée pour aller vider le lave-vaisselle ou lancer une lessive ;
- Et enfin, en toute cohérence avec ce que j'ai dit précédemment, je suis contente, mais vraiment très très contente que la crèche rouvre ses portes dans deux jours.

1 commentaire:

  1. "quoique fort mal élevés"... Je suis écroulée de rire, nos enfants se ressemblent beaucoup !

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