dimanche 21 avril 2013

Un train d'enfer (2)

(Début de l'histoire ici)

Donc, après deux aller-retours à la gare en quatrième vitesse pour cause de billet oublié, alors que j'ai réussi à remettre mon enfant entre les mains des accompagnateurs Junior & Cie dix bonnes minutes avant le départ du train, alors qu'il est monté dans la voiture numéro 7 sous mes yeux, alors que je suis partie de la gare à peine trois minutes avant le départ, voilà qu'on m'annonce qu'il n'est pas parti ?
MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CETTE HISTOIRE ?


Passons sur le fait qu'il est 9h30, que j'ai beaucoup couru et pas encore petit-déjeuné, que Darling devrait partir au travail, que les trois petits ne comprennent pas pourquoi je ne m'occupe pas d'eux, et que mon portable est déchargé (comme toujours). Je passe un bref coup de fil à ma mère pour lui annoncer qu'il y a un problème, je conseille à Darling de téléphoner à son boulot pour prévenir qu'il sera en retard, je laisse sur la table les croissants que je n'ai pas eu le temps de manger, et je repars à la gare en bus.
Quand j'arrive à l'accueil J&C, mon gamin me lance un regard de reproche. Je me défends :
— Ne me regarde pas comme ça, ce n'est pas ma faute ! Tu étais avec moi, tu es témoin : on m'a demandé si tu étais bien le Grand, on m'a dit que le train était quai numéro 21, on t'y attendait, je ne comprends pas du tout ce qui s'est passé !
— Ben, en fait, j'étais dans le train pour Lille, ou Bordeaux, je crois.
— Hein ? Quoi ? Mais enfin, ce n'est pas possible ! Tu étais sur la liste, ils t'ont appelé par ton prénom !
— Oui mais en fait, ils attendaient un garçon qui avait le même prénom que moi, et qui n'est pas venu.
Tout s'éclaire. A la naissance du Grand, Darling et moi avons choisi un prénom drôlement joli, peu porté, original... croyions-nous. Ce n'est que par la suite que nous avons découvert qu'il figurait dans la liste des prénoms les plus donnés cette année-là. Les accompagnateurs J&C partant pour Lille (ou Bordeaux) attendaient tout simplement un certain Machin qui était en retard. En voyant arriver cette mère au pas de course avec son garçon, ils ont juste demandé si c'était bien Machin, sans vérifier le nom de famille ni la destination. Ce n'est que deux minutes avant le départ qu'ils ont fait l'appel avec les noms de famille, et que le quiproquo a été révélé.
Voyons le bon côté des choses : il s'en est fallu d'un cheveu pour que le Grand se retrouve à Bordeaux (ou à Lille).

En attendant, il est 10h10, mon gamin a raté son train, le billet n'est pas remboursable, pas un seul membre du personnel J&C ne s'est excusé ni même intéressé à notre problème, il n'y a pas d'autre train avec des accompagnateurs aujourd'hui, et il y a toujours cet avion qui part pour Venise demain matin.
Alors ?
Alors on décide qu'à bientôt onze ans, on peut voyager en train tout seul sans porter une casquette blanche marquée "Junior & Cie" dessus. Même si ce n'est pas légal.
Guichet. Il y a un autre train qui part à 11h07. Plus de place en seconde, mais une place en première. 63 euros avec la carte famille nombreuse. Ça me va. Un petit-déj rapide au café, parce que sinon je vais vraiment finir par tomber dans les pommes. Un sandwich et un fruit pour le déjeuner du gamin, et un Super Picsou Géant en prime. Nous vérifions trois fois la destination du train avant de monter dedans. J'installe le Grand à sa place, j'attache sa montre à son poignet, je lui répète pour la douzième fois qu'il arrive à 13h39, et qu'il n'y a aucun autre arrêt avant le sien, donc il ne peut pas se tromper. Puis je passe en revue les autres passagers. Au milieu de tous ces hommes d'affaire ou vieux messieurs très sérieux, une dame d'une cinquantaine d'années. Je lui explique la situation. Elle est très aimable ; elle me dit qu'elle descend à la même gare, elle demande s'il a un pique-nique, elle vérifie même où est sa valise. C'est promis, elle le surveillera. Je donnerai par téléphone le numéro de la voiture à ma mère, elle sera devant la porte à l'arrivée du train.

Et tout s'est bien passé. Le Grand n'a pas paniqué, il a bouquiné et joué à la DS, il est descendu à la bonne gare, où il était attendu. Il a réussi à ne pas trouver le sandwich qui se trouvait dans son sac à dos, au-dessus de tout le reste, dans un plastique transparent, mais il est arrivé à bon port, sain et sauf, avec ses papiers d'identité.

Quant à moi, après avoir déjà fait ce trajet cinq fois en métro, en taxi, en vélo, et en bus, je suis rentrée à pied, pour déstresser.

Venise, même par procuration, ça se mérite.

5 commentaires:

  1. Raaah ! Je ferais quand même les démarches pour me faire rembourser le billet non remboursable par J&R, parce que c'est léger de leur part !
    Je suis quand même rassurée qu'il ait droit à ses vacances (et j'espère que le restant de ta journée a été plus cool !)

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  2. Bon, OK, J&C (C'est la faute du feuilleton à la Dallas, on va dire).

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  3. Ma pauv' Fofo ! Après tout ça, j'espère qu'il te restait au moins un croissant. Tu l'as bien mérité.
    Y'a quand même du positif dans cette histoire. Le Grand va voir Venise, et toi entre vélo et marche, tu as ton compte de calories brûlées pour la journée.

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  4. Eh ben, quelle aventure !
    Sur le coup tu n'as pas dû beaucoup rigoler mais, comme on dit, "ça vous fera des souvenirs pour plus tard" !
    J'ai beaucoup aimé le coup du sandwich que ton grand n'a pas trouvé alors qu'il était sous son nez. On dirait exactement mon fils aîné.

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  5. Le Petit Poucet moderne.
    On voulait l'abandonner à Lille, alors il a laisser traîner son billet, son passeport, et sa carte d'identité.
    La 2ème fois ça marche toujours.

    Maintenant que tes enfants sont tous "pas malade", ils leur arrivent encore des histoires.

    J'ai bien l'impression que dans son regard on pouvait lire que c'est la faute des adultes.
    Il va en prendre de la graine, à défaut de petits cailloux blancs : il vérifiera lui même qu'il a bien sur lui sa carte d'identité, son passeport, son portable et son ticket.

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