mardi 22 septembre 2015

La taxe rose

La taxe rose, ou "Woman tax", vous connaissez ? On en a un peu entendu parler sur Internet, ces derniers mois. C'est le principe selon lequel, pour deux produits (ou services) similaires, le prix de celui destiné aux femmes est plus élevé que celui qui est "neutre" ou spécifiquement destiné aux hommes. On retrouve surtout ce phénomène dans les produits de beauté : shampoings, crèmes hydratantes, déodorants etc. Quelques exemples ici.

Il n'y a pas encore eu de large étude réalisées sur le sujet, et bien entendu, ces prix ne sont pas le résultat d'un grand complot international anti-femme ("Alors, voyons, les femmes gagnent en moyenne nettement moins que les hommes, comment pourrions-nous les enfoncer encore un peu plus ?") mais tout simplement d'une stratégie marketing : au lieu de faire une seule catégorie de rasoirs jetables jaunes, on en fait un paquet bleu, un paquet rose, on les place dans des rayons différents, et on fait payer un peu plus cher ceux qui sont destinés à la tranche de la population qui subit en permanence l'injonction de prendre soin de son corps à tout prix (littéralement) – les femmes, donc. N'empêche que quelle que soit la cause, la conséquence est celle-là : même si les industriels vendent beaucoup plus de crème hydratante pour femmes que de crème pour hommes, et que la logique voudrait donc que ce soit les femmes qui paient moins cher, grâce aux économie d'échelle, c'est presque toujours l'inverse qui se produit.

Un exemple concret qui m'a toujours choquée : les coiffeurs. Quelqu'un connaît-il un salon de coiffure où les prix pratiqués sont les mêmes pour les hommes et les femmes ? Où la seule différence de prix est calculée en fonction de la longueur des cheveux ? Moi, aucun. Je me souviens qu'il y a quelques années, Darling et moi sommes un jour allés dans un salon de coiffure en même temps. Cheveux courts, coupe rapide, pas de brushing, ni même de séchage. La coiffeuse qui me coupait les cheveux a terminé en dix minutes, celle qui s'occupait de Darling a mis une ou deux minutes de plus. Mais j'ai payé huit euros de plus que Darling.
J'avoue que ça m'énerve. Ce n'est pas très grave, mais c'est totalement injuste, et injustifié. Demandez donc à votre coiffeur pour quelle raison les tarifs pratiqués sont différents pour des cheveux de même longueur. En général, on vous bredouille que "ça a toujours été comme ça". Une fois, je suis tombée sur quelqu'un qui m'a expliqué que comme il avait beaucoup plus de clientes que de clients, s'il fixait un prix à mi-chemin entre le tarif homme et le tarif femme, il y perdrait forcément. Par conséquent, moi, je paie plus cher que je ne devrais pour que les hommes puissent se faire couper les cheveux à un prix inférieur au prix réel du service. Formidable.

Pourquoi est-ce que je vous parle de ça ? Parce que l'autre jour, dans le magasin bio où je vais chercher mon panier de légumes chaque semaine, je suis tombée sur ça :

Même contenance. Mêmes ingrédients, ou presque (j'ai vérifié). Même packaging, ou presque (il faut vraiment y regarder de près pour voir la différence). Mais un euro de plus pour les femmes.


Et en plus, le déodorant pour femmes n'est même pas rose. C'est un comble.

samedi 19 septembre 2015

Le Grand aime la géographie

Ce matin :
— Maman, est-ce que tu crois que tu connais tous les pays du monde ?
Non mais attendez, je ne connais probablement même pas tous les pays d'Europe, alors faut pas trop m'en demander, hein.

Cet après-midi :
— Maman, quel rôle ont joué les Philippines pendant la Seconde Guerre mondiale ?
Alors là, je pense que c'est digne de figurer dans mon top 10 des questions que je ne me suis jamais, jamais, jamais posées.

Ce soir :
— Mon Grand, tu viens regarder un film avec nous ?
— Oh non, pas ce soir...
— Mais pourquoi ? Tu m'as déjà répondu ça hier soir !
— Ben oui, mais là je dessine une carte géographique...
Mais nom d'un chien, qui est ce gamin et qu'a-t-il fait de mon fils ?

jeudi 17 septembre 2015

Minestrone express

19h20. Bon sang, il faut que je fasse à manger, et vite, pour pouvoir coucher les gamins entre 20h30 et 20h45. Un truc à peu près équilibré, de préférence. Qu'est-ce que j'ai dans le frigo ? Pas de viande, comme la plupart du temps. Le bouillon réalisé avec la carcasse du poulet mangé quelques jours plus tôt, par contre. Il faudrait l'utiliser rapidement, mais pour faire quoi ? Un risotto aux légumes ? Parfait : équilibré, sans viande, relativement rapide. Sauf que nous avons déjà mangé du riz hier et avant-hier. Alors ?

J'ai une idée !

Je mets le bouillon à chauffer, très fort. Avec mon coupe-légume alligator (peut-être mon meilleur ami dans la cuisine, avec mon kitchenaid), en deux minutes, j'ai découpé en cubes un oignon, une courgette, une carotte, une pomme de terre. J'ajoute du céleri congelé par mes soins et des petits pois Picard. Miraculeusement, je déniche à la cave une boîte de haricots blancs (déjà cuits, donc). A ce stade, ça commence à bouillir, donc hop, un paquet de coquillettes.

A 19h37 très exactement, nous nous attablons devant un minestrone maison. Délicieux, en plus. Peut-être meilleur qu'un "vrai" qu'on aurait fait mijoter pendant deux heures, grâce à l'excellent bouillon. La preuve qu'il était bon : même les gamins n'ont pas trop râlé. Ma grand-mère italienne aurait été fière de moi.

mercredi 16 septembre 2015

Fierté mathématique

C'est idiot, mais moi qui exerce un métier exclusivement littéraire et qui n'ai pas fait de maths depuis que j'ai passé le bac, quand mon Grand vient pleurnicher qu'il n'arrive pas à résoudre le problème suivant :
Placer des parenthèses dans la formule suivante :
10 - 4 X 5 : 2 + 3
de manière à ce que le résultat soit égal à -3.

... eh bien je suis super fière de trouver la solution en quelques secondes. Le jour où il m'apportera un problème que je ne sais pas résoudre, ça me fichera un coup...

(Vous êtes prêts ? Vous avez une minute !)

mardi 15 septembre 2015

Miss Fofo, I presume ?

Après la super-héroïne, voici que sur notre frigo s'est invitée une James Bond Girl.


Ce n'est pas que je ne sois pas flattée, hein, mais autant je me reconnaissais assez bien avec un panier de courses d'un côté et une plume de l'autre, autant j'ai un peu plus de mal à m'imaginer en train d'émerger de l'océan en bikini avec un couteau à la main...


dimanche 13 septembre 2015

"Like" et "love"

— Maman, de quoi je suis fan ? me demande le Grand ce soir.
 — Pardon ?
— Il faut que je trouve quelque chose que j'aime bien et quelque chose que j'adore.
— Pour quoi faire ?
— Pour un exercice d'anglais. Il faut faire une phrase avec "I like" et "I love".
— Ah ! Et ce serait un peu bizarre de dire que tu adores la Seconde Guerre mondiale, j'imagine. Bah, tu vas bien trouver...

Deux minutes plus tard, il me fait lire le résultat :

Il like books and I love video games.


Comme quoi, être fils d'un libraire et d'une traductrice littéraire, ça ne garantit rien...

(soupir)

vendredi 11 septembre 2015

Miss Thing One en a ras-le-bol

— J'en ai MARRE de mes frères ! Ils m'embêtent tout le temps, ou alors ils m'écoutent pas ! Moi, je voudrais avoir pas de grand frère et pas de petit frère et pas de frère jumeau et pas non plus de sœur et pas de jumelle et pas de papa et pas de maman, rien de rien de rien de rien DU TOUT !

Ainsi parlait cet après-midi Miss Thing One, la seule parmi les enfants à exprimer assez régulièrement son exaspération d'avoir eu la déveine de tomber dans une famille nombreuse alors qu'elle aurait pu être fille unique (ou, mieux encore, orpheline).

Ses frères, qui filent doux quand elle prend cette voix-là, l'ont laissée seule dans le jardin. Du coup, elle s'est mise à hurler encore plus fort : comment osaient-ils l'ignorer juste pour l'embêter ? Je lui ai conseillé, puisqu'elle avait envie d'être tranquille, de prendre quelques jouets et d'aller s'enfermer dans sa chambre. Elle m'a regardé bizarrement (une chambre, c'est fait pour y dormir ! Et de toute façon, comment peut-on jouer tout seul ?) et elle a filé tout droit dans la salle de jeux rejoindre Mr Thing Two et le Filou. Au passage, elle s'est tout de même plantée sur le seuil de la chambre du Grand qui ne lui avait rien fait, et elle lui a lancé :
— Moi, je veux pas de frères, alors toi, t'es pas mon grand frère.

Plus tard, à table, elle a confirmé ce qu'elle m'avait dit plus tôt, mais elle a ajouté qu'en fin de compte, elle voulait bien garder son papa, parce que c'est le seul qu'elle aime dans la famille.

Je vous rassure : personne ne s'est fâché, personne ne s'est vexé, personne ne lui a répondu "Ben nous non plus, on t'aime pas", personne ne lui a dit qu'elle n'était pas gentille. Son papa lui a fait un énorme câlin, par contre :
 — Tu es ma petite chérie. Tu es forte, et tu es belle, et tu es intelligente... C'est normal, tu es ma fille !
— Oui, et elle a un sale caractère, ai-je ajouté. C'est normal, c'est aussi ma fille à moi.

(Et puis le soir, quand son père l'a couchée, elle a absolument voulu non seulement que je monte pour lui faire un dernier câlin, mais que le Grand en fasse autant, ce qui n'est pas du tout la coutume. C'est compliqué, la vie...)