Alors, à la demande générale, à partir de maintenant,
rien ne va changer. Ah oui, c'est encore la solution la plus simple, il faut bien le dire. Donc, suite à ma petite crise de diva en proie à des questionnements métaphysiques hier, qui de toute façon ne posait pas de vraie question parce que je n'ai jamais envisagé sérieusement ni d'arrêter ni de changer de formule (ne me demandez donc pas quel était mon propos, je n'en suis pas certaine) (je crois que je voulais juste qu'on me dise "tout est parfait, continue", au fond) (oui, c'est pathétique, je l'admets), je vous annonce officiellement que je vais continuer à parler de mômes, de livres, de casseroles, et de vélos, mais aussi de plein d'autres choses, quoique assez rarement de mécanique quantique ou de crèmes antirides, mais sait-on jamais.
Et pour commencer, un petit article cuisine, parce que je continue à passer pas mal de temps derrière les fourneaux, et il y a parfois des trucs (ou des ratages) qui méritent d'être partagés. Sans aucune recette précise, comme d'habitude, parce que ça se trouve facilement sur Internet (et puis je pèse rarement mes ingrédients).

Alors, pour l'anniversaire de mon père adoptif, dimanche, j'ai fait un dessert relativement simple, mais qui a fait pousser des ohs et des ahs à la ronde, la pavlova.
(Je vous dirais bien que j'ai aussi fait deux tartes salées, une tarte sucrée, un tiramisu, des brownies, et des crudités avec quatre sauces différentes, mais je ne voudrais pas avoir l'air de me vanter, ni vous filer des complexes) (le premier qui se rappelle – sans tricher – comment s'appelle cette figure de style qui consiste à dire qu'on ne dira pas ce qu'on dit gagne une part de pavlova) (à venir chercher sur place).
Et pourtant, la pavlova, il n'y a rien de plus simple. Mais c'est vrai que c'est bon. Il vous faut : des blancs d'oeufs (six, ou sept, ou huit, ou plus, ça dépend du nombre de tartes que vous venez de faire), de la crème liquide, du sucre, et des fruits frais. Vous voyez, ce n'est pas le genre de recette qui comporte 57 ingrédients dont 32 qui n'ont jamais passé ma porte, comme dirait Gwen.
D'abord, vous faites une meringue. Et là, je dois vous avertir : si vous n'avez pas beaucoup de chance, il n'est pas impossible que ce soit à ce moment-là que votre kitchenaid rende définitivement les armes. Vous vous retrouvez donc avec huit blancs à moitié battus. Qu'à cela ne tienne, pensez-vous : j'ai d'autres ustensiles pour battre les blancs en neige (ferme, la neige, aussi ferme que possible). Le
Cuisine Companion, par exemple. Sauf qu'il est dans le lave-vaisselle, parce qu'il vient de faire fondre le chocolat et le beurre des brownies. Alors un mixeur plongeant de bonne qualité, par exemple le Bamix. Sauf que pour une raison mystérieuse, ça ne marche pas. Peut-être n'utilisez-vous pas le bon embout : vous n'avez jamais battu des blancs en neige avec ce truc. Il faudrait vérifier sur le mode d'emploi. Mais où est le mode d'emploi ? Au pire, on peut le retrouver sur Internet. Ah oui, mais depuis hier soir, votre écran d'ordinateur est en panne. Ça commence à se compliquer, cette histoire. C'est alors que dans un éclair de génie, vous vous rappelez qu'à la cave, vous avez un carton qui s'intitule "Affaires de cuisine complètement inutiles". Même que ça avait passablement énervé votre mère, lors du déménagement, il y a trois ans. Et c'est vrai qu'elles étaient inutiles, ces affaires, puisque vous n'avez pas rouvert le carton depuis, mais vous avez catégoriquement refusé de les jeter, car "on ne sait jamais". Et vous avez bien fait. Car au fond de ce carton, entre une pocheuse à œufs qui n'a jamais fonctionné et une centrifugeuse à l'embout si petit qu'une carotte n'y entre pas à moins d'être coupée en deux dans le sens de la longueur, vous retrouvez un batteur à œufs qui doit dater des années 70, ce vieux batteur à œufs increvable que votre mère vous a donné quand elle s'en est acheté un beaucoup plus moderne et joli, cet affreux truc orange, oui, orange, mais qui fonctionne parfaitement. Vous remontez triomphalement avec, vous finissez de battre vos blancs, vous incorporez le sucre jusqu'à ce que ça fasse un bec d'oiseau (si cette expression ne vous dit rien, z'avez qu'à chercher sur Internet, j'ai le sentiment que ma recette est déjà un peu trop longuette), et aussi un peu de sel ou du vinaigre ou de la maïzena si ça vous chante mais on peut s'en passer, et vous étalez ça sur du papier sulfurisé ou une plaque en silicone, attention ça va gonfler, et vous mettez ça au four, à feu doux, genre une ou deux heures, et vous avez une meringue.
Ensuite, vous faites une chantilly, pas trop sucrée, avec l'instrument qui vous plaît le plus (débrouillez-vous, je vous ai donné plein de possibilités) mais avec un vrai fouet, pas avec du gaz, parce que même si ça dépanne bien et que le goût peut être très bon, la consistance est nettement moins bonne, et ça retombe vite.
Et ensuite, vous étalez des fruits frais découpés en petits morceaux dessus. A mon avis, c'est avec des fraises que la pavlova est la meilleure. Au moins un ou deux kilos, bien mûres. J'espère pour vous que vous avez un
dépédonculeur. Moi j'en ai un qui a été très admiré, nananère. Mais vous pouvez aussi mettre d'autres fruits, de préférence légèrement acidulés : c'est meilleur, pour le contraste.
Et voilà, la recette est finie. Elle a l'air très longue, comme ça, mais l'étape du kitchenaid en panne n'est pas absolument indispensable. Sans, ça donne : vous faites une grande meringue, vous recouvrez de chantilly, puis de fruits frais. Et voilà, vous avez un dessert sain (mais si, y a des fruits), délicieux, et superbe. Tant qu'on ne commence pas à le découper, je veux dire. Dans l'assiette, c'est hideux. Mais on s'en fout : il n'y restera pas longtemps, dans l'assiette, croyez-moi.
(Je n'ai pas pris de photos de celle que j'ai faite dimanche, mais j'ai retrouvé une photo d'une autre faite il y a quelques années, en été, melon / framboises / reines claudes. Pas vrai que ça a l'air appétissant ?)