jeudi 11 août 2016

Le coup de la panne (troisième partie)



(Suite et fin – provisoirement – de cette aventure épique)

Le lendemain matin de la soirée passée au téléphone, à 8h tapantes, heure à laquelle ouvrait l’agence principale de la ville, j’ai téléphoné à cette dernière. Refrain habituel : désolé, on a rien, ni voiture 5 places aujourd’hui, ni possibilité d’avoir une voiture 7 places d’ici lundi. Mais le ton était déjà nettement plus amical. Et on m’a donné le VRAI numéro de l’agence de l’aéroport. Là-bas, on m’a confirmé qu’on m’avait réservé un véhicule, qu’on essaierait de m’en trouver un plus grand d’ici lundi, et que je pouvais venir tout de suite. J’ai appelé un taxi XL, j’y ai embarqué les rehausseurs, les enfants, et les bricoles venues d’IKEA, et nous sommes allés à l’aéroport.

Quand je suis arrivée devant le comptoir Avis et que je me suis présentée, le monsieur m’a ouvert le bras et m’a serré la main avec les deux siennes en souriant jusqu’aux oreilles.
— Quel plaisir de faire votre connaissance ! À une femme comme vous, on voudrait qu’il n’arrive que des bonheurs !
J’ai supposé qu’il essayait de compenser la mauvaise impression laissée par ses 57 collègues de la veille, mais j’ai trouvé qu’il en faisait un peu beaucoup. Puis il m’a fait signe d’attendre, il est sorti une seconde, et il est revenu en me tendant une bague sertie de diamants.
Il me demandait en mariage, maintenant ?
Alors là, ça allait un peu trop loin.
J’ai balbutié :
— Heu… Je ne comprends pas…
Lui, soudain dégrisé :
— Ce n’est pas vous qui avez perdu cette bague ?
— Ah non, moi j’ai perdu ma voiture, j’en voudrais une autre.
Son collègue, que j’avais eu au bout du fil une heure plus tôt, a repris l’affaire en main, et après installation des rehausseurs etc., nous avons pu repartir à bord d’une voiture qui roulait ! Qui roulait vraiment ! Sans biper, sans puer le diésel, sans clignoter en orange ! Et à midi, nous étions rentrés ! Moins de 24h après le moment de retour prévu ! J’ai même pu me laver les dents et changer de slip et de t-shirt ! On sous-estime le bonheur des petites choses.

Ne restait plus qu’à récupérer une 7 places, puisque j’avais un ami qui arrivait lundi.
— On vous téléphonera lundi matin pour vous dire si le véhicule vous attend à l’agence en centre ville ou ici, m’avait promis le monsieur de l’aéroport. Peut-être que ce sera votre propre véhicule qui aura été réparé. On vous appelle. Entre 10h et 10h30, lundi matin. Sans faute.
— Juré, hein ? J’en ai absolument besoin lundi soir.
— Oui oui, c’est bien noté. Sans faute !

Lundi matin, rien.
Lundi après-midi, rien.
Lundi à 16h, j’appelle.
— Ah oui ! Euh, attendez, on va se renseigner.
Conversation téléphonique parallèle, puis le monsieur me reprend :
— Alors, votre voiture est morte, donc on va vous mettre une autre à disposition. Une Opel, avec une immatriculation française. Elle sera prête demain.
— Demain ? Mais j’avais dit que j’avais un ami qui arrivait aujourd’hui !
— Ah ? Désolé.
Je fulmine. Heureusement, j’ai d’autres invités qui pourront aller chercher mon ami. Je ne prends même plus la peine de m’énerver. Je me contente juste de demander :
— Je peux ramener celle-ci sans faire le plein, au moins ? J’aurais fait un aller-retour de 150 km pour venir la récupérer, puisque vous ne pouvez pas me l’apporter dans une agence plus proche de ma maison de vacances.
— Ah si, il faut faire le plein ! Vous négocierez ensuite avec le service client pour vous faire rembourser.
Bien sûr.
— Elle est en centre ville, au moins ?
— Ah non, à l’aéroport.
Évidemment. Paf, 80 km de plus.
— Bon. Vous ouvrez à quelle heure demain matin ?
— À 8h. Mais la voiture ne sera prête qu’à 14h.
En plein milieu de la journée. Naturellement.

Mardi, donc, nous reprenons la route. Nous nous promenons en ville le matin, puis je remise mes gamins chez mon amie si gentille, et je file à l’aéroport (trois quarts d’heure, quand même). Je me présente enfin au guichet vers 16h :
— Bonjour, je viens échanger ma voiture.
— Pardon ?
— Mais oui, vous savez bien, je vous ai déjà vu vendredi dernier, et j’ai téléphoné hier. On m’a préparé une Opel 7 places avec immatriculation française.
— Ah ! Mais, heu, on vous a dit qu’elle serait prête ?
— Ah oui ! Elle aurait même dû l’être hier.
— Attendez, je vais vérifier…

Est-ce que cela étonnera quiconque si je vous dis que l’Opel n’était pas là ?
Heureusement, on m’en a trouvé une autre, également à 7 places. Et on m’a dit que je pouvais rentrer en France avec. Ma dernière discussion a concerné le GPS :
— Il n’y a pas le GPS, dans celle-ci.
— Non, en effet.
— Il y était dans la Nissan.
— Et alors ?
— Et alors j’ai un GPS amovible à la maison, mais je ne l’ai pas emporté parce qu’il y en avait un dans la voiture. Or, il n’y en a plus. Pouvez-vous donc me prêter un GPS ?
— Ah non, je suis désolé, ce n’est pas inclus dans le prix.
— Mais il était dans la voiture que j’ai louée à l’origine !
— Je sais, mais que voulez-vous, il arrive que les voitures tombent en panne, ce n’est pas notre faute.
Du coup, je me suis perdue en revenant de l’aéroport.

Donc, résumons :
- Deux journées entièrement consacrées à résoudre cette affaire ;
- Une nuit hors de chez moi avec mes enfants, sans aucun bagage ;
- Au moins cinq ou six heures de communication téléphonique à partir d’un téléphone portable français (je n’ose imaginer la facture) ;
- Le péage pour l’aller-retour supplémentaire jusqu’à la ville, puis jusqu’à l’aéroport, deux fois ;
- Le carburant pour ces trajets en plus, sans compter celui qui s’est écoulé lentement puis de plus en plus vite dans les rues de la ville ;
- Un trajet en taxi ;
- Un GPS en moins ;
- Pas une seule fois un seul mot d’excuse, pas une seule proposition d’hôtel ou de taxi (celui que j’ai pris, c’est de ma propre initiative), pas un seul geste commercial, rien.

Moi je dis, avec l'énorme compensation que va me verser Avis pour me faire oublier le préjudice moral et économique subi, je vais pouvoir me payer à mon tour une bague sertie de diamants. Non ?

lundi 8 août 2016

Le coup de la panne (deuxième partie)



(Suite du billet précédent)

(Je jure que je n’ai rien exagéré ; j’ai même largement coupé les redites, certains appels inaboutis, etc. En réalité, j’ai dû passer en tout cinq heures au téléphone dans la journée. Heureusement que l'amie chez qui j'étais avait un chargeur compatible avec mon portable.)

Donc, il est 18h20, ma voiture a été embarquée par la dépanneuse, et j’attends qu’Avis ou Europe Assistance me trouve un véhicule de remplacement. On m’a promis de me rappeler. Ce qu’on a fait, juste au moment où j’étais avec le dépanneur : je n’ai pas pu répondre. Je rappelle, et tombe sur une voix enregistrée :
— Vous ne pouvez pas appeler ce numéro.
Je téléphone encore une fois à Avis Assistance en France.
— Désolé, on a transféré le dossier à Avis Assistance Italie.
Je téléphone à Avis Assistance Italie.
— Si vous avez un problème technique avec votre véhicule, tapez un. Si vous désirez changer de véhicule pour toute autre raison, tapez deux.
Je tape un.
La ligne est coupée.
Je réessaie.
Idem.
Je recommence, et je tape deux.
— Nos bureaux sont ouverts du lundi au vendredi de 8h à 18h. Veuillez rappeler ultérieurement.
Je rappelle Europe Assistance.
— Désolée, mais Europe Assistance peut seulement vous envoyer une dépanneuse, pas vous trouver un autre véhicule : c’est du ressort d’Avis. Essayez la centrale réservation. Je vais quand même chercher de mon côté, et je vous rappellerai.
J’appelle la centrale réservation d’Avis.
— Désolé, nous n’avons pas de véhicule à sept places disponible dans votre région actuellement.
— Bon, alors donnez-moi une voiture normale jusqu’à lundi : pour l’instant nous sommes cinq.
— Rien de disponible, désolé.
— Comment ça, rien de disponible ? Mais alors je fais quoi ? Je suis coincée loin de chez moi avec mes quatre enfants, et…
— Pas la peine de vous énerver, madame ! Si je vous dis qu’il n’y a pas de véhicule disponible, c’est comme ça, je ne peux pas en inventer un !
— Mais… qu’est-ce que je suis censée faire ?
— Ce n’est pas mon problème : c’est une centrale de réservation, ici. Au rev…
— Attendez ! Il doit bien y avoir un service client, chez Avis, non ? Donnez-moi le numéro.
— 011 213…
Et après m’avoir dicté le numéro d’une voix exaspérée, il raccroche sans ajouter un mot, très agacé par mon incapacité à me tirer d’affaire toute seule.
J’appelle le service client.
— Nos bureaux sont ouverts du lundi au vendredi de 9h à 18h. Veuillez rappeler ultérieurement.
Je rappelle Europe Assistance.
— Ah oui, alors en fait nous ne vous avons pas rappelée parce que comme nous n’avons pas votre numéro de contrat de location, Avis nous a dit qu’on ne pouvait rien faire.
— Hein ? Mais vous plaisantez ? Jusqu’ici, mon nom et le numéro d’immatriculation du véhicule suffisaient, en tous cas ça a suffi pour enlever la voiture, mais pas pour m’en trouver une autre ?
— Désolée.
Je n’ai pas le contrat de location sur moi. Je rappelle Avis Assistance France.
— Désolé, mais en fait nous ne sommes pas vraiment Avis mais une société de sous-traitance, donc nous n’avons pas accès à la base de données d’Avis. Mais je vais vous donner le numéro de téléphone d’une agence encore ouverte, à l’aéroport, ils pourront vous donner votre numéro de contrat.
J’appelle l’agence Avis de l’aéroport de Roissy.
— Tous nos correspondants sont occupés. Veuillez rappeler ultérieurement.
J’appelle l’aéroport d’Orly.
— Attendez une minute, madame.
Pendant un quart d’heure, j’entends l’homme qui m’a répondu débiter des explications à un client dans un anglais exécrable, mais il finit par reprendre le téléphone et par me donner le numéro du contrat.
À ce stade, il est 21h. Les enfants sont en train de manger une pizza.
Je rappelle Europe Assistance en Italie.
— Alors, à cette heure-ci il n’y a plus que des agences dans des aéroports qui soient ouverts, mais je vais me renseigner. Je vous rappelle.
(Interruption. Je colle mes gamins devant Shrek, retrouvé providentiellement sur une clef USB qui traînait dans mon sac – non, ce n’est pas du piratage, j’ai le DVD à la maison – et je mange à mon tour.)
A 21h55, on me rappelle.
— J’ai trouvé un véhicule disponible à l’aéroport le plus proche.  Mais c’est une voiture à cinq places seulement. Il faudra que vous vous arrangiez avec eux pour avoir un véhicule plus grand ultérieurement.
— Dans l’état de désespoir où je suis, je suis prête à tout accepter. On va me l’apporter ?
— Ah non, bien sûr que non, il faut que vous alliez la chercher.
— A l’aéroport ? A trente kilomètres d’ici ? Avec quatre enfants ? A dix heures du soir ?
— Ah oui, désolée.
— On me remboursera le taxi, au moins ? Ou plutôt les deux taxis, puisque nous sommes cinq ?
— Je ne sais pas. Peut-être. Je vais vous donner le numéro de l’agence Avis pour que vous vérifiiez avec eux les modalités de retrait du véhicule. 011 545…
Je téléphone à l’agence de l’aéroport.
— Tous nos opérateurs sont occupés. Veuillez cependant rester en ligne pour ne pas perdre votre priorité. Tous nos opérateurs sont occupés. Veuillez cependant rester…
Cela dure dix minutes, puis ça coupe.
Je réessaie.
Même jeu.
Je recommence.
Idem.

C’est à ce moment-là que j’ai laissé tomber. J’ai compris que je n’arriverais pas à rentrer dormir chez moi. Mon amie nous a préparé au débotté cinq couchages. J’ai enfin pris une douche et j’ai remis avec une grimace mes vêtements imprégnés de sueur, puisque je n’avais aucune tenue de rechange. Nous avons dormi en sous-vêtements, sans nous laver les dents. La nuit se serait bien passée, si je n’avais eu des insomnies à cause de mon énervement, et si Miss Thing One, qui partageait mon lit, ne m’avait réveillée alors que je me rendormais enfin à six heures du matin :
— Maman, un mouchoir, vite ! J’ai le nez qui coule !
— Hein, quoi ?
— Ah non, c’est du sang !
Ma sœur aussi saignait parfois du nez la nuit quand il faisait chaud, donc je ne me suis pas affolée, et la gamine non plus. Mais je défie quiconque de se rendormir après avoir couru jusqu’à la salle de bain en laissant une traînée rouge derrière soi, lavé la fillette qui en avait jusqu’aux pieds, lavé le sol de la salle de bain et du couloir, enfoncé du papier toilette dans une narine plusieurs fois de suite jusqu’à ce qu’il en ressorte blanc, etc.
Bref, tant bien que mal, la nuit a passé, et le moment de repartir au combat a sonné…

(Suite et fin – j'espère – au prochain numéro)

samedi 6 août 2016

Le coup de la panne (première partie)



Darling devait prendre le train à 17h dans une grande ville à une centaine de kilomètres d’ici. Nous avions donc décidé de partir le matin, de déjeuner avec lui en ville, et de rentrer en début d’après-midi après l’avoir déposé à la gare, pour pouvoir jouer dans la piscine avant le dîner : la journée promettait d’être terriblement chaude.

Las, à l’approche de la ville, j’ai cru voir une petite fumée blanche dans le rétroviseur. Une fumée qui nous suivait.
— Arrête-toi à la prochaine station-service pour vérifier, a dit Darling.
Arrêt. Vérification. La porte du coffre est toute grasse. Nous hélons un pompiste qui passe par là. Il jette un rapide coup d’œil et décrète :
— À mon avis, vous avez une petite fuite de diésel.
— Ah, diable ! C’est dangereux ?
— Non, le diésel n’est pas inflammable. Mais il vaudrait mieux aller tout de suite voir un garagiste.
— C’est une voiture de location…
— Tant mieux pour vous ! Vous les appelez, et ils vont vous la remplacer tout de suite.

Plutôt qu’attendre la dépanneuse dans une station-service, nous reprenons la route à petite vitesse vers IKEA. L’endroit idéal pour patienter une heure ou deux. Pendant ce temps, Darling essaie de téléphoner à Avis Assistance. Sauf que le numéro inscrit sur la clef de contact est un numéro en 0800, donc utilisable uniquement en France. On envoie un texto à une amie, qui nous donne le numéro de l’agence qui nous a loué le véhicule. On l’appelle. Elle nous donne le numéro… d’Avis Assistance, en 0800. Nous lui réexpliquons le problème. Elle comprend, elle va nous rappeler. Ce qu’elle fait quelques minutes plus tard. Darling attrape le téléphone et décroche avec une telle hâte qu’il l’envoie voler à travers l’habitacle ; il pousse un juron sonore, récupère l’appareil, le place à l’envers contre son oreille, jure de nouveau, le remet à l’endroit, et finit par dire :
— Excusez-moi, madame ! Que puis-je faire pour vous ? Heu, je veux dire, que pouvez-vous faire pour moi ?
La dame lui annonce qu’elle a contacté Europe Assistance en Italie et qu’ils vont nous rappeler « sous peu ». Bon.
À ce stade, il est 11h du matin.

On arrive à IKEA. On colle les trois petits à Småland, l’aire de jeux des petits : il y a une animatrice parle français, et puis pas besoin de causer pour jouer à la piscine à boules. Darling, le Grand et moi faisons tranquillement le tour de l’étage supérieur, celui des meubles, où nous n’avons besoin de rien. Puis celui de l’étage en-dessous, où nous ramassons quelques bricoles : une cruche, un oreiller, une planche à découper, des ampoules, etc. Enfin, mon téléphone sonne. Il est 13h. Heureusement que nous ne sommes pas restés dans la station-service.
— Bonjour, on vous envoie une dépanneuse d’ici une demi-heure.

Comme je sais qu’ici, une demi-heure peut faire facilement cinquante minutes, nous terminons nos achats, nous payons, nous récupérons les enfants et nous allons à la cantoche. Je suis dans la queue quand le téléphone sonne. Il est 13h45, j’ai presque gagné. Je laisse Darling avec les enfants et je me précipite dehors. En faisant au pas de course tout le tour de l’étage libre-service, puisque dans un IKEA, il est impossible de sortir par l’entrée. Deux fois, puisque la première fois, j’avais oublié la clef de la voiture. Il fait 36°. J’arrive enfin sur le parking extérieur, échevelée, rouge comme une tomate, et je tends la clef sans un mot au monsieur, puis je m’assieds pour engloutir un litre d’eau et éponger un litre de sueur pendant qu’il fait vrombir le moteur. Il redescend, et m’annonce :
— Elle a une petite fuite, en effet. Je ne peux pas la réparer ici : je vais l’emporter.
Moi, effarée :
— Hein ? Vous voulez me laisser ici, sans véhicule, avec un mari qui doit prendre le train dans un peu plus de deux heures, quatre enfants, et trois rehausseurs à dossiers ?
— Ça vous ennuie ?
— Heu… oui.
— Bon, alors vous n’avez qu’à aller vous-même jusqu’au garage Machin, où j’allais l’emmener. Elle peut rouler jusque-là, mais n’allez pas trop vite. Si ça se trouve, on pourra vous la réparer sur place.

Je remonte dans la cantoche, retrouve ma petite famille qui a fini son repas, avale à mon tour du saumon et des boulettes, et nous voilà repartis. Plutôt que d’aller au garage, je décide d’aller d’abord déposer Darling à la gare, et voir à l’agence Avis près de ladite gare si je peux échanger la voiture. On trouve l’agence, on trouve une place, on trouve un parcmètre, on trouve la force de porter le Filou qui n’en peut plus de chaleur et de fatigue, mais…
— Ah non, désolé, je ne peux pas vous donner une autre voiture. De toute façon, je n’ai plus de voitures à sept places. Non, je ne peux pas vous donner une cinq places non plus. Non, je ne peux pas regarder où il y en a une de disponible. Non, je ne peux pas vous en faire envoyer une chez vous. Non, je ne peux pas vous aider.

Il est 16h. Nous laissons Darling à la gare, et nous nous dirigeons vers le garage Machin indiqué par Europe Assistance. La mort dans l’âme, je me prépare mentalement à attendre une heure ou deux pendant qu’un mécanicien examine la bagnole et que les enfants chahutent ou pleurnichent. J’ai tort. Le verdict prend exactement une minute :
— Désolé, je ne fais pas les Nissan.
— Hein ? Mais on nous a dit de venir ici !
— Je ne fais pas les Nissan.
— Mais vous vous y connaissez sans doute mieux que moi, donc est-ce que ne pourriez pas au moins jeter un coup d’œil pour me dire…
— Non. Je ne fais pas les Nissan, je vous dis !
— Mais où devons-nous aller, maintenant ?
— Aucune idée. Au revoir. Vous pouvez faire demi-tour là-bas.

J’en ai marre. Vraiment, vraiment marre. En plus, je n'ai presque plus de batterie sur mon portable. Allez, on rentre. On appellera une dépanneuse une fois à la maison. Au pire, on se passera de voiture pendant vingt-quatre heures : pas grave, je viens de faire le plein au supermarché.
Sauf que nous nous sommes à peine engagés sur l’autoroute quand tous les voyants du tableau de bord se mettent à clignoter. Au centre, un gros triangle menaçant m’intime de m’arrêter.
— Si on tombe en panne sur l’autoroute, on risque de se faire percuter ! panique le Grand. On est morts !
— Mais non. Au pire, on devra attendre une heure ou deux sur la bande d’arrêt d’urgence, sous un soleil de plomb, avec les trois petits épuisés, et des gourdes vides… OK, tu as raison, on est morts.

Plus qu’une solution : aller nous réfugier chez une amie à moi qui habite dans cette ville. Pendant que je sors de l’autoroute et que je rebrousse tout doucement chemin en direction du centre-ville, le Grand l’appelle, lui explique le problème, lui annonce notre arrivée. Les voyants clignotent de plus belle et veulent absolument que je m’arrête. Je désobéis. Plus que cinq kilomètres… Plus que trois… On est en ville, au pire on prendra le métro… Plus que quelques centaines de mètres… On y est ! Et on trouve même une place pas très loin. Et un parcmètre du premier coup.
On monte chez mon amie, on avale quelques litres d’eau, on se rafraîchit vaguement, on prend un petit goûter, et j’appelle de nouveau Europe Assistance.
— Pas de problème, on vous envoie une autre dépanneuse.
J’ai oublié de demander s’ils comptaient emmener la voiture au garage Machin.
Au bout de vingt minutes à peine, voilà la dépanneuse. J’ai à peine eu le temps de vider la bagnole. L’homme jette un seul coup d’œil à la voiture, constate qu’on peut la suivre à la trace en suivant les gouttes de diésel dans la rue, et embarque l’engin, en me laissant sur le trottoir avec un sac plein de bricoles IKEA et trois énormes rehausseurs avec dossiers.
Il est 18h20.
Bien. Et maintenant ?


(A suivre)

(Et croyez-moi, le pire reste à venir) (si si, vous verrez)

mercredi 3 août 2016

Camping en Ligurie



Et donc, dimanche matin, nous avons entassé dans la voiture plein de gamins et de bagages, et nous sommes allés camper. Ce devait être la première nuit sous la tente des trois petits.
Nous sommes revenus lundi après-midi.

Bilan de ces deux journées ?

- La région était très belle. Étonnante, très différente de ce qu’on peut trouver à moins de cent kilomètres de là, avec à la fois la mer, la montagne, et la forêt.
- Les deux villages que nous avons visités, le dimanche et le lundi, étaient superbes, avec des ruelles adorables et des tours et des murailles entourées d’un fossé à sec et des pavés et tout ce qu’il faut. Un peu trop touristiques cependant, surtout l’un d’entre eux ; mais vraiment charmants.
- Le coût de l’excursion était très raisonnable, même en prenant en compte l’essence et le dîner pris dans un petit resto parce que pas le courage d’emporter réchaud et ustensiles de cuisine ni d’enchaîner trois pique-nique de suite. De ce point de vue, c’est certainement la manière la plus économique d’aller en vacances – à part en se faisant inviter, bien sûr.
Pique-nique urbain. Assis par terre dans la rue. Même pas peur du ridicule.
- Le camping était très agréable, ombragé, avec très peu de monde et aucune voiture ni camping-car (il n’était pas accessible aux véhicules, je l’avais choisi pour ça).
- A défaut d’avoir le courage d’affronter les plages bondées et longées par une route très passante, nous avons pu nous rafraîchir dans les eaux glacées d’un torrent juste à côté du camping, en plein cœur de la forêt, près d’une cascade, dans un endroit magnifique. Le Grand et Darling se sont même baignés (avec force exclamations et jurons au moment d’entrer dans l’eau froide). Très agréable.
Joli, hein ?
 Mais comme peu de choses sont parfaites dans ce triste monde, j’ajouterai que le montage et démontage des trois tentes, installations des couchages, distribution des pyjamas, aller-retours aux sanitaires etc. m’ont totalement vidée de mon énergie, surtout ajoutés au voyage (je suis la seule à conduire) et aux promenades. Franchement, un tel remue-ménage pour une seule nuit, ça n’en vaut pas la peine ; je le saurai désormais. Par ailleurs, j’ai bien dû me rendre à la triste évidence que je n’étais plus une jeunette, et que je ne pouvais plus dormir à la dure : la prochaine fois, il me faudra au minimum un matelas autogonflant. Et puis il faut bien reconnaître qu’en camping ou ailleurs, voyager avec trois enfants remuants et un ado râleur, ce n’est pas vraiment de tout repos…

Allez, plus que quatre semaines avant la rentrée !

(Les photos ne sont pas terribles, je n'ai plus d'appareil photo digne de ce nom ; et j'ai oublié d'en prendre du camping... Désolée !)

mardi 2 août 2016

Harry Potter and the cursed child

L'autre gros avantage du Kindle, c'est que cela permet d'acheter Harry Potter and the cursed child le jour de sa sortie, même si on est en train de camper au milieu de nulle part en Ligurie et que la librairie la plus proche, qu'on est tout de même allée voir par acquit de conscience, est une petite boutique dans une petite ville à 60 km de là n'ayant aucun bouquin en anglais. Comme ça, dès le retour du camping, on peut s'effondrer sur le lit en prétextant une fatigue intense et une migraine (OK, ce n'était pas un prétexte), et passer l'après-midi à lire, et on est sûr de ne pas se faire spoiler sur le destin d'Albus Potter ou le rôle de Scorpius Malfoy.

Bien sûr, vous me direz que puisque personne à 200 km à la ronde n'a eu le bouquin, les risque de se faire spoiler étaient minces, mais j'avais besoin d'une explication bidon pour justifier mon incapacité d'attendre quelques jours de plus. Je vous rappelle que Darling est libraire et vend, entre autres... de la littérature en anglais.

Bon, maintenant, plus qu'à prendre des places pour la pièce de théâtre au Palace Theatre. Avant mon départ, tout était plein jusqu'en juin 2017, mais ils viennent d'ouvrir de nouveaux billets à la vente. Dès que j'ai une connexion sécurisée, je me prends un billet (ou deux, allez, je trouverai bien quelqu'un pour m'accompagner) pour décembre 2017. Un an et demi à l'avance, je pense que c'est mon record. Mais étant donné que j'adore le théâtre, que j'adore Londres, et que j'adore Harry Potter, je serai prête à prendre des billets trois ans à l'avance s'il le fallait...

(A part ça, demain je vous raconte le camping. Je suis encore en train de m'en remettre.)