Un dîner en famille. Des moments encore souvent stressants, avec des cris, des exigences et des colères, mais de plus en plus souvent relativement détendus (je n'ai pas dit calmes !), avec des rires, des bavardages, des bons petits plats partagés tous ensemble. De plus en plus de soirées où je me rappelle pourquoi je voulais une famille nombreuse, avec Miss Thing One qui s'applique à racler son petit pot de crème au chocolat, le Petit (qui dîne avant nous) qui me tire par la manche pour me réclamer des morceaux d'orange (cet enfant est bizarre), le Grand qui parle trop, Darling qui se goinfre, et Mr Thing Two qui dit des bêtises très drôles tout en éparpillant de la nourriture à un mètre à la ronde.
Là, je m'étais levée, et j'étais dans la pièce à côté. Je voulais emmener le Petit pour le changer, mais il s'était caché derrière la commode et hurlait de rire à chaque fois que je m'approchais à quatre pattes, donc je faisais durer le jeu.
Tout à coup, j'entends Darling et le Grand qui s'esclaffent. Qui hoquettent. Qui rient à s'en tenir les côtes. Je viens voir ce qui se passe. Mr Thing Two a l'air très fier de lui, et très réjoui.
— Ben quoi, qu'est-ce qu'il a fait ?
Et le Grand, qui pleure de rire, tout comme son père :
— Il a dit "caca boudin" !
Ah.
Quand ils seront cinq à traverser la phase scatologique, en comptant ceux qui n'en sont jamais sortis, je vais me sentir bien seule...
(Miss Thing One était restée impassible, mais elle ne va pas y échapper, j'imagine...)
La vie d'une traductrice, mère célibataire de famille nombreuse
samedi 30 mars 2013
vendredi 29 mars 2013
Un devis exorbitant
Sur les conseils de la personne qui nous a vendu notre nouvelle maison, nous avons fait venir l'entrepreneur qui avait réalisé les travaux de remise en état avant la vente. Nous avons vérifié avec lui tout ce qu'il y avait à faire. Les conclusions n'étaient pas enthousiasmantes :
- Pas de double vitrages : toutes les fenêtres à changer, sinon vous allez geler.
- Pas de prises terre et un système électrique caduc : toute l'électricité à refaire.
- Des salles de bain moches et vieilles : sanitaires, plomberie et carrelage à remplacer.
- Une cuisine inexistante : au minimum un meuble avec évier à poser.
- Et puis un insert dans la chemine, du plancher en bas de l'escalier au lieu de la moquette déjà sale, une dalle de béton à la cave, et encore deux ou trois bricoles.
Nous savions, bien sûr, que c'était trop, et que nous n'aurions pas les moyens de tout faire, mais nous lui avons tout de même demandé un devis pour l'ensemble, histoire de voir.
Quand le devis est arrivé par email, plusieurs semaines plus tard, j'ai failli tomber de ma chaise. Il y en avait pour 137.486 € très exactement.
Ouark !
J'ai regardé ça de plus près, et même si je n'y connais rien, certains chapitres m'ont laissée perplexe. Dépose des plinthes dans toute la maison pour changer les câbles électriques : 7500 €. Bigre. Meuble de 120 cm avec évier dans la cuisine : 1800 €. Sacrebleu. Pose du carrelage dans l'une des salles de bain : 5000 euros. Carrément ! Protection du sol en vue des retouches de peinture : 1800 €. Juste pour mettre du plastique par terre ? Peinture des plinthes : 3600 €. Commentaire de ma mère : "Donne-moi mille euros et je te les repeins, moi, tes plinthe !"
Du coup, tant pis pour l'économie de temps et de stress qui est le gros avantage d'un entrepreneur. J'ai décidé de prendre les choses en main, et de tout reprendre, chapitre par chapitre.
- Les fenêtres : je suis allée là-bas avec une connaissance spécialisée là-dedans, qui va nous en changer cinq seulement, pour un prix très raisonnable.
- L'électricité : On m'a mise en contact avec un photographe qui arrondit ses fins de mois en réalisant des travaux d'électricité. Verdict : le tableau est tout neuf, il y a une prise de terre partout là où il en faut une, les prises à portée de main des enfants sont toutes équipées de caches, il n'y a aucun danger et aucune raison de tout refaire. Il va juste me créer deux prises dont j'ai besoin quand il aura cinq minutes.
- La cuisine : ce sera du IKEA, et je monterai mes meubles moi-même ; je l'ai déjà fait. Un copain m'aidera pour la découpe et la pose du plan de travail.
- Les salles de bain : en fait, elles ne sont pas vraiment en mauvais état, juste moches. Nous allons recouvrir le sol avec du lino de bonne qualité, refaire les joints, changer deux robinets, et le tour sera joué.
- L'insert : je l'achèterai moi-même (avec mon futur triporteur) (chiche), et je ferai appel directement à un ramoneur pour le poser, histoire de ne pas payer un intermédiaire.
- Le sol en bas de l'escalier : on peut tout simplement enlever la moquette, poncer le béton, et le repeindre. On verra si on met un plancher dans un second temps.
- La cave : le photographe a un copain maçon qui peut isoler le sol et les murs pour un prix raisonnable.
- Les retouches de peinture : ma mère me soutient que je peux le faire toute seule, comme une grande.
- Et pour les autres bricoles, il y a mon fidèle quincailler.
Du coup, s'il n'y a pas d'autres mauvaises surprises, je pense qu'on va s'en tirer pour un dixième du prix réclamé par l'entrepreneur, tout au plus. Tant mieux, parce que si nous lui avions fait confiance, nous n'aurions même plus eu les moyens de payer le déménagement, ce qui aurait été un peu dommage, quand même...
- Pas de double vitrages : toutes les fenêtres à changer, sinon vous allez geler.
- Pas de prises terre et un système électrique caduc : toute l'électricité à refaire.
- Des salles de bain moches et vieilles : sanitaires, plomberie et carrelage à remplacer.
- Une cuisine inexistante : au minimum un meuble avec évier à poser.
- Et puis un insert dans la chemine, du plancher en bas de l'escalier au lieu de la moquette déjà sale, une dalle de béton à la cave, et encore deux ou trois bricoles.
Nous savions, bien sûr, que c'était trop, et que nous n'aurions pas les moyens de tout faire, mais nous lui avons tout de même demandé un devis pour l'ensemble, histoire de voir.
Quand le devis est arrivé par email, plusieurs semaines plus tard, j'ai failli tomber de ma chaise. Il y en avait pour 137.486 € très exactement.
Ouark !
J'ai regardé ça de plus près, et même si je n'y connais rien, certains chapitres m'ont laissée perplexe. Dépose des plinthes dans toute la maison pour changer les câbles électriques : 7500 €. Bigre. Meuble de 120 cm avec évier dans la cuisine : 1800 €. Sacrebleu. Pose du carrelage dans l'une des salles de bain : 5000 euros. Carrément ! Protection du sol en vue des retouches de peinture : 1800 €. Juste pour mettre du plastique par terre ? Peinture des plinthes : 3600 €. Commentaire de ma mère : "Donne-moi mille euros et je te les repeins, moi, tes plinthe !"
Du coup, tant pis pour l'économie de temps et de stress qui est le gros avantage d'un entrepreneur. J'ai décidé de prendre les choses en main, et de tout reprendre, chapitre par chapitre.
- Les fenêtres : je suis allée là-bas avec une connaissance spécialisée là-dedans, qui va nous en changer cinq seulement, pour un prix très raisonnable.
- L'électricité : On m'a mise en contact avec un photographe qui arrondit ses fins de mois en réalisant des travaux d'électricité. Verdict : le tableau est tout neuf, il y a une prise de terre partout là où il en faut une, les prises à portée de main des enfants sont toutes équipées de caches, il n'y a aucun danger et aucune raison de tout refaire. Il va juste me créer deux prises dont j'ai besoin quand il aura cinq minutes.
- La cuisine : ce sera du IKEA, et je monterai mes meubles moi-même ; je l'ai déjà fait. Un copain m'aidera pour la découpe et la pose du plan de travail.
- Les salles de bain : en fait, elles ne sont pas vraiment en mauvais état, juste moches. Nous allons recouvrir le sol avec du lino de bonne qualité, refaire les joints, changer deux robinets, et le tour sera joué.
- L'insert : je l'achèterai moi-même (avec mon futur triporteur) (chiche), et je ferai appel directement à un ramoneur pour le poser, histoire de ne pas payer un intermédiaire.
- Le sol en bas de l'escalier : on peut tout simplement enlever la moquette, poncer le béton, et le repeindre. On verra si on met un plancher dans un second temps.
- La cave : le photographe a un copain maçon qui peut isoler le sol et les murs pour un prix raisonnable.
- Les retouches de peinture : ma mère me soutient que je peux le faire toute seule, comme une grande.
- Et pour les autres bricoles, il y a mon fidèle quincailler.
Du coup, s'il n'y a pas d'autres mauvaises surprises, je pense qu'on va s'en tirer pour un dixième du prix réclamé par l'entrepreneur, tout au plus. Tant mieux, parce que si nous lui avions fait confiance, nous n'aurions même plus eu les moyens de payer le déménagement, ce qui aurait été un peu dommage, quand même...
jeudi 28 mars 2013
A chacun son chapeau
Je marche dans la rue avec Mr Thing Two. Je lui explique que quand il fait froid, il faut mettre un manteau, mais qu'en été, on n'en a pas besoin. En été, on porte plutôt des chapeaux de soleil !
Il médite sur cette information, puis déclare :
— A gros monsieur, l'a des grands chapeaux. Et les petits hommes, l'a des petits chapeaux !
Je m'extasie devant tant de logique, et j'approuve. Il me désigne alors un monsieur obèse qui marche près de nous :
— Lui, l'a grooooooos chapeau !
(J'ai hâté le pas en sifflotant d'un air détaché.)
Il médite sur cette information, puis déclare :
— A gros monsieur, l'a des grands chapeaux. Et les petits hommes, l'a des petits chapeaux !
Je m'extasie devant tant de logique, et j'approuve. Il me désigne alors un monsieur obèse qui marche près de nous :
— Lui, l'a grooooooos chapeau !
(J'ai hâté le pas en sifflotant d'un air détaché.)
mercredi 27 mars 2013
Et s'il n'en reste qu'une...
Le Petit a la diarrhée. Et il tousse. Logique : bronchite + antibiotiques. Autant dire qu'il dort mal, et n'est pas très gai.
Quand la crèche m'a appelée en début d'après-midi, j'ai cru que c'était à son sujet. Erreur. Mr Thing Two était mal fichu. Blanc comme un linge, pleurant beaucoup, se plaignant de maux de tête, il avait même vomi. J'ai téléphoné au pédiatre, qui m'a à peine laissée finir ma phrase avant de m'ordonner d'aller aux urgences.
Lorsque je suis revenue des urgences peu avant 19h, avec un gamin toujours patraque mais probablement à cause d'une angine carabinée et PAS d'une méningite, j'ai trouvé Miss Thing One qui suçait tranquillement son pouce sur le canapé. Jusqu'au moment où elle s'est mise à pleurer sans sommation. Tout ce qu'on a pu tirer d'elle, c'était qu'elle avait mal. Pourtant, elle ne voulait pas de médicaments, et encore moins manger quoi que ce soit. J'ai compris pourquoi quand, une fois mise au lit, elle a vomi sur le tapis de sa chambre, sur sa gigoteuse, et sur son doudou. Une gastro ? Il est possible que Mr Thing Two en couve une aussi, d'après l'interne des urgences.
Nous avons enfin réussi à coucher les trois petits, pendant que le Grand dînait tout seul au lieu de nous attendre : il voulait se coucher tôt. Ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Pourtant, ce n'est que quand je lui ai donné un bisou sur le front après l'avoir mis au lit que je me suis rendu compte qu'il brûlait plus qu'une tasse de thé en train d'infuser.
Enfin, les voilà tous au lit, même si j'en entend encore qui toussent ou qui pleurnichent (je sens que je vais passer une bonne nuit). Je fais part de mon désarroi à Darling :
— Les quatre qui tombent tous malades le même jour, ça ne nous était pas encore arrivé, je crois.
— C'est vrai. Bon, on dîne ? Je veux me coucher tôt, je ne me sens pas très bien...
Quand la crèche m'a appelée en début d'après-midi, j'ai cru que c'était à son sujet. Erreur. Mr Thing Two était mal fichu. Blanc comme un linge, pleurant beaucoup, se plaignant de maux de tête, il avait même vomi. J'ai téléphoné au pédiatre, qui m'a à peine laissée finir ma phrase avant de m'ordonner d'aller aux urgences.
Lorsque je suis revenue des urgences peu avant 19h, avec un gamin toujours patraque mais probablement à cause d'une angine carabinée et PAS d'une méningite, j'ai trouvé Miss Thing One qui suçait tranquillement son pouce sur le canapé. Jusqu'au moment où elle s'est mise à pleurer sans sommation. Tout ce qu'on a pu tirer d'elle, c'était qu'elle avait mal. Pourtant, elle ne voulait pas de médicaments, et encore moins manger quoi que ce soit. J'ai compris pourquoi quand, une fois mise au lit, elle a vomi sur le tapis de sa chambre, sur sa gigoteuse, et sur son doudou. Une gastro ? Il est possible que Mr Thing Two en couve une aussi, d'après l'interne des urgences.
Nous avons enfin réussi à coucher les trois petits, pendant que le Grand dînait tout seul au lieu de nous attendre : il voulait se coucher tôt. Ça aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Pourtant, ce n'est que quand je lui ai donné un bisou sur le front après l'avoir mis au lit que je me suis rendu compte qu'il brûlait plus qu'une tasse de thé en train d'infuser.
Enfin, les voilà tous au lit, même si j'en entend encore qui toussent ou qui pleurnichent (je sens que je vais passer une bonne nuit). Je fais part de mon désarroi à Darling :
— Les quatre qui tombent tous malades le même jour, ça ne nous était pas encore arrivé, je crois.
— C'est vrai. Bon, on dîne ? Je veux me coucher tôt, je ne me sens pas très bien...
mardi 26 mars 2013
La tentation du triporteur
(J'aime bien ce titre, on dirait un titre de roman, non ?)
(Ce message est la suite de celui-ci)
Et donc, une fois décidé que je n'achèterais pas de voiture, je me suis creusé la tête pour trouver un moyen pour sortir tout de même avec mes quatre enfants, dont trois très jeunes. Et c'est ainsi que, au fil de mes pérégrinations sur Internet, je suis tombée sur ça :
Ça, cet engin bizarre, c'est un triporteur, également appelé vélo-cargo. C'est tout simplement un vélo à trois roues avec une grande caisse à l'avant. Et dans cette caisse, deux bancs se font face, muni chacun de deux ceintures de sécurité. Faites le compte : ça fait bien quatre places, pour quatre enfants, de tous les âges.
Je découvre l'eau chaude, peut-être ? Mais figurez-vous que je n'ai jamais voyagé ni en Hollande, ni aux Pays-Bas, les deux pays où ce genre de véhicule est très répandu, au point que dans l'un des deux, 25% des enfants seraient conduits à l'école comme ça au lieu d'emprunter la voiture. Personnellement, je n'en avais jamais vu destinés au transports d'enfants, ni en vrai, ni sur Internet ; et seulement quelques rares fois destinés au transport de marchandises, glaces ou autres.
Franchement, vous ne trouvez pas ça génial ?
Vous me direz que c'est une remorque améliorée. Mais personnellement, je trouve que ce n'est pas du tout la même chose. D'abord, parce qu'une remorque ne peut tirer qu'un poids réduit, environ 25 kilos (déjà moins que les jumeaux à eux deux !), alors que ce truc-là va jusqu'à 150 kilos pour les modèles les plus solides. Et puis une remorque ne peut tirer que deux enfants maximum ; les triporteurs, quatre, voire six (!). Ensuite, ici, les enfants sont devant : on peut les surveiller, leur parler, c'est sympa et convivial. C'est aussi beaucoup plus solide, bien sûr. Plus stable, également. Et puis surtout, je n'oserais jamais mettre mes gamins dans une remorque à Paris, même avec deux fanions : j'aurais bien trop peur qu'un camion ne les voie pas et passe dessus. Ici, pas de danger !
Franchement, je me vois très bien me balader dans la forêt avec mes gamins là-dedans, ou les emmener à leur cours de broderie appliquée aux arts martiaux quand nous en serons là. Il faut juste ne pas avoir peur d'attirer l'attention, mais ça tombe bien, je ne suis pas timide... Et puis c'est grand : en plus des gamins, on peut encore y mettre le pique-nique, les cartables, le violoncelle si nécessaire. Par ailleurs, les bancs sont rabattables, ce qui veut dire qu'on peut l'utiliser pour autre chose, apporter enfin au réparateur l'aspirateur en panne qui attend depuis des mois, acheter d'un seul coup vingt-cinq kilos de pommes de terre et trente kilos de pâtes, transporter un énorme sapin de Noël en pot, ce genre de choses. Même quand les enfants seront assez grands pour pédaler tous seuls, je lui trouverais sûrement un usage, en attendant les petits-enfants. Ou alors, je pourrais le revendre, parce qu'ils sont tellement increvables et si difficiles à trouver en France que le rares fois où quelqu'un se sépare du sien, ça part très vite sur eBay.

Le seul truc, c'est que c'est cher. Très cher. Mais vraiment très cher. A tel point qu'on doit pouvoir trouver des voitures d'occasion pour ce prix-là – sauf que bien sûr, il n'y a quasiment aucun entretien, donc on paie une fois pour toutes, et vingt ans plus tard, l'engin est encore en état de marche.
C'est d'autant plus cher que si la Hollande, c'est plat, ce n'est pas le cas de la France. Or, s'il paraît qu'on peut à la rigueur envisager une petite montée avec un bon boîtier de vitesse, les démarrages en côte sont, eux, presque impossibles (d'autant plus qu'on ne peut pas se mettre en danseuse sur un vélo hollandais, à cause de la position). Or, ma nouvelle maison est dans une rue pentue. Et à sens unique. Dans le mauvais sens, bien sûr. Donc il faut une assistance électrique. Et paf, mille euros de plus. Sans parler des options, les huit vitesses au lieu des trois qui suffisent aux Pays-Bas, la tente de pluie pour protéger les gamin l'hiver, la selle qui ne fait pas mal aux fesses, etc.
Donc avant de se lancer, il faut bien réfléchir. Vais-je vraiment m'en servir ? Pendant combien d'années ? Et quel modèle choisir ? Dans une optique écologique, la réponse est logiquement qu'il faut prendre le meilleur, le plus solide, avec les matériaux les plus traditionnels, acier et bois : halte au jetable. Et les contrefaçons qu'on trouve sur eBay sont paraît-il scandaleusement mal fichues.
Ce qui sème encore plus le doute dans mon esprit, c'est ça :
Ce truc, c'est un biporteur, c'est-à-dire presque la même chose, mais avec deux roues. Au début, je l'avais éliminé d'office, mais depuis, j'ai lu plein de commentaires d'utilisateurs qui trouvent que c'est bien mieux que le triporteur, parce que – contrairement à ce qu'on pourrait croire – c'est beaucoup plus stable, en particulier dans les virages ou sur les routes pas complètement plates (comme la plupart des pistes cyclables, inclinées vers le trottoir) : le biporteur se manipule comme un vélo, et on compense l'inclinaison en se penchant, comme dans tous les vélos, alors que le triporteur est bien moins maniable. Surtout dans les virages : voir l'image ci-dessous. Et encore, celui-là, c'est le modèle qui permet de s'incliner un peu, mais il faut tout de même tenir le côté gauche du guidon au bout du bras droit pour tourner !

Du coup, depuis samedi, le dialogue intérieur tourne en boucle dans ma tête :
— Le triporteur, c'est mieux, on peut mettre les quatre gamins, alors qu'on ne peut en mettre que trois dans le biporteur, et pas trop grands.
— C'est vrai, mais à la fois, je n'ai besoin que de trois places. Cette histoire m'a remotivée pour apprendre au Grand à faire du vélo. Il n'a pas besoin de se faire conduire comme un pacha !
— Admettons, mais, et si un jour... hein ?
— Eh bien, et si..., on mettra un siège pour bébé sur le porte-bagage du biporteur. Tous les sites disent que c'est tout à fait possible.
— N'empêche que la caisse est nettement plus petite !
— C'est vrai. Mais ai-je réellement besoin d'une grande caisse ?
— Le triporteur, c'est plus stable. Pas de risque de chute.
— Ah, non. Au contraire, les utilisateurs disent que si on tourne trop vite, c'est la chute assurée pour le conducteur.
— Mais pas pour les enfants ! C'est ce qui compte, non ?
— Et si je me casse le poignet, comment je gagne ma vie, hein ?
— Bon, mais ce biporteur, il peut tomber, quand même ! A trop petite vitesse, par exemple. Je me rappelle que quand je faisais du vélo avec le gamin dans le siège enfant, j'avais tout le temps des sueurs froides à l'idée d'une chute.
— Il paraît que le centre de gravité est si bas que c'est beaucoup plus stable qu'un vélo avec un siège enfant. Et à l'arrête, la béquille double est si solide que même les assauts des gamins ne font pas basculer l'engin, tous les parents le disent.
— Je crois tout de même que les risques d'accidents sont plus nombreux. Le triporteur est si imposant que les voitures feront beaucoup plus attention !
— Peut-être, mais ce n'est pas sûr. Et avec le biporteur, on peut aller plus vite. Je n'aime pas me traîner.
— Pourquoi, on est pressés ?
— Si on peut aller plus vite, on peut aller plus loin...
— Seulement dans la mesure ou le Grand peut suivre sur un vélo indépendant !
— On peut aussi passer partout, avec le biporteur. Même sur des routes non goudronnées, ou sur des passages plus étroits, puisque la caisse fait juste la largeur du guidon : il passe partout ou passe un vélo. Pas le triporteur.
— Il passe tout de même sur les pistes cyclables, et c'est tout ce qu'on lui demande.
— Et le biporteur est moins cher !
— Mais il se revendra peut-être moins facilement, le jour où je n'en aurai plus besoin. Ou sera moins utile pour porter des affaires, puisque la caisse est plus petite et plus basse.
Etc., etc.
Du coup, je ne sais plus quoi faire. Je suis déjà plus qu'à moitié convaincue qu'il me faut un de ces deux véhicules, même si ma mère va sans doute me trouver complètement inconsciente (Maman, je te signale que je n'ai jamais eu d'accident de vélo, et je respecte toujours très scrupuleusement le code de la route, et je mettrai des casques aux mômes, promis). Bien sûr, je n'irai pas en weekend à Rouen avec, ni même au parc Astérix, mais ça résoudrait tout de même une partie de mes problèmes de déplacements.
Sauf qu'encore une fois, c'est vraiment, vraiment cher.
Donc voilà, j'en suis là, face à ces trois possibilités :
- Je prends le triporteur très cher et je me dis que c'est un investissement pour la vie ?
- Je prends le biporteur parce que c'est moins cher et plus confortable, même si moins polyvalent ?
- Je laisse tomber et je me dis que c'est juste un gadget ?
(Non, il n'y a pas de quatrième option. Non. Non, j'ai dit !)
Pour en savoir plus :
- Sur les triporteurs : http://www.velo-triporteur.info/
- Sur les biporteurs : http://www.biporteur.fr/
- Sur les deux, et pour acheter en ligne : http://www.amsterdamer.fr/ ou http://www.cyclable.com/
- Et un forum consacré à ça : http://forum.velotaf.com/
Edit de septembre 2013 : finalement, j'ai sauté le pas et j'en ai acheté un, je raconte ça ici.
(Ce message est la suite de celui-ci)
Et donc, une fois décidé que je n'achèterais pas de voiture, je me suis creusé la tête pour trouver un moyen pour sortir tout de même avec mes quatre enfants, dont trois très jeunes. Et c'est ainsi que, au fil de mes pérégrinations sur Internet, je suis tombée sur ça :
Ça, cet engin bizarre, c'est un triporteur, également appelé vélo-cargo. C'est tout simplement un vélo à trois roues avec une grande caisse à l'avant. Et dans cette caisse, deux bancs se font face, muni chacun de deux ceintures de sécurité. Faites le compte : ça fait bien quatre places, pour quatre enfants, de tous les âges.
Je découvre l'eau chaude, peut-être ? Mais figurez-vous que je n'ai jamais voyagé ni en Hollande, ni aux Pays-Bas, les deux pays où ce genre de véhicule est très répandu, au point que dans l'un des deux, 25% des enfants seraient conduits à l'école comme ça au lieu d'emprunter la voiture. Personnellement, je n'en avais jamais vu destinés au transports d'enfants, ni en vrai, ni sur Internet ; et seulement quelques rares fois destinés au transport de marchandises, glaces ou autres.
Franchement, vous ne trouvez pas ça génial ?
Franchement, je me vois très bien me balader dans la forêt avec mes gamins là-dedans, ou les emmener à leur cours de broderie appliquée aux arts martiaux quand nous en serons là. Il faut juste ne pas avoir peur d'attirer l'attention, mais ça tombe bien, je ne suis pas timide... Et puis c'est grand : en plus des gamins, on peut encore y mettre le pique-nique, les cartables, le violoncelle si nécessaire. Par ailleurs, les bancs sont rabattables, ce qui veut dire qu'on peut l'utiliser pour autre chose, apporter enfin au réparateur l'aspirateur en panne qui attend depuis des mois, acheter d'un seul coup vingt-cinq kilos de pommes de terre et trente kilos de pâtes, transporter un énorme sapin de Noël en pot, ce genre de choses. Même quand les enfants seront assez grands pour pédaler tous seuls, je lui trouverais sûrement un usage, en attendant les petits-enfants. Ou alors, je pourrais le revendre, parce qu'ils sont tellement increvables et si difficiles à trouver en France que le rares fois où quelqu'un se sépare du sien, ça part très vite sur eBay.

Le seul truc, c'est que c'est cher. Très cher. Mais vraiment très cher. A tel point qu'on doit pouvoir trouver des voitures d'occasion pour ce prix-là – sauf que bien sûr, il n'y a quasiment aucun entretien, donc on paie une fois pour toutes, et vingt ans plus tard, l'engin est encore en état de marche.
C'est d'autant plus cher que si la Hollande, c'est plat, ce n'est pas le cas de la France. Or, s'il paraît qu'on peut à la rigueur envisager une petite montée avec un bon boîtier de vitesse, les démarrages en côte sont, eux, presque impossibles (d'autant plus qu'on ne peut pas se mettre en danseuse sur un vélo hollandais, à cause de la position). Or, ma nouvelle maison est dans une rue pentue. Et à sens unique. Dans le mauvais sens, bien sûr. Donc il faut une assistance électrique. Et paf, mille euros de plus. Sans parler des options, les huit vitesses au lieu des trois qui suffisent aux Pays-Bas, la tente de pluie pour protéger les gamin l'hiver, la selle qui ne fait pas mal aux fesses, etc.
Donc avant de se lancer, il faut bien réfléchir. Vais-je vraiment m'en servir ? Pendant combien d'années ? Et quel modèle choisir ? Dans une optique écologique, la réponse est logiquement qu'il faut prendre le meilleur, le plus solide, avec les matériaux les plus traditionnels, acier et bois : halte au jetable. Et les contrefaçons qu'on trouve sur eBay sont paraît-il scandaleusement mal fichues.
Ce qui sème encore plus le doute dans mon esprit, c'est ça :
Ce truc, c'est un biporteur, c'est-à-dire presque la même chose, mais avec deux roues. Au début, je l'avais éliminé d'office, mais depuis, j'ai lu plein de commentaires d'utilisateurs qui trouvent que c'est bien mieux que le triporteur, parce que – contrairement à ce qu'on pourrait croire – c'est beaucoup plus stable, en particulier dans les virages ou sur les routes pas complètement plates (comme la plupart des pistes cyclables, inclinées vers le trottoir) : le biporteur se manipule comme un vélo, et on compense l'inclinaison en se penchant, comme dans tous les vélos, alors que le triporteur est bien moins maniable. Surtout dans les virages : voir l'image ci-dessous. Et encore, celui-là, c'est le modèle qui permet de s'incliner un peu, mais il faut tout de même tenir le côté gauche du guidon au bout du bras droit pour tourner !

Du coup, depuis samedi, le dialogue intérieur tourne en boucle dans ma tête :
— Le triporteur, c'est mieux, on peut mettre les quatre gamins, alors qu'on ne peut en mettre que trois dans le biporteur, et pas trop grands.
— C'est vrai, mais à la fois, je n'ai besoin que de trois places. Cette histoire m'a remotivée pour apprendre au Grand à faire du vélo. Il n'a pas besoin de se faire conduire comme un pacha !
— Admettons, mais, et si un jour... hein ?
— Eh bien, et si..., on mettra un siège pour bébé sur le porte-bagage du biporteur. Tous les sites disent que c'est tout à fait possible.
— N'empêche que la caisse est nettement plus petite !
— C'est vrai. Mais ai-je réellement besoin d'une grande caisse ?
— Le triporteur, c'est plus stable. Pas de risque de chute.
— Ah, non. Au contraire, les utilisateurs disent que si on tourne trop vite, c'est la chute assurée pour le conducteur.
— Mais pas pour les enfants ! C'est ce qui compte, non ?
— Et si je me casse le poignet, comment je gagne ma vie, hein ?
— Bon, mais ce biporteur, il peut tomber, quand même ! A trop petite vitesse, par exemple. Je me rappelle que quand je faisais du vélo avec le gamin dans le siège enfant, j'avais tout le temps des sueurs froides à l'idée d'une chute.
— Il paraît que le centre de gravité est si bas que c'est beaucoup plus stable qu'un vélo avec un siège enfant. Et à l'arrête, la béquille double est si solide que même les assauts des gamins ne font pas basculer l'engin, tous les parents le disent.

— Peut-être, mais ce n'est pas sûr. Et avec le biporteur, on peut aller plus vite. Je n'aime pas me traîner.
— Pourquoi, on est pressés ?
— Si on peut aller plus vite, on peut aller plus loin...
— Seulement dans la mesure ou le Grand peut suivre sur un vélo indépendant !
— On peut aussi passer partout, avec le biporteur. Même sur des routes non goudronnées, ou sur des passages plus étroits, puisque la caisse fait juste la largeur du guidon : il passe partout ou passe un vélo. Pas le triporteur.
— Il passe tout de même sur les pistes cyclables, et c'est tout ce qu'on lui demande.
— Et le biporteur est moins cher !
— Mais il se revendra peut-être moins facilement, le jour où je n'en aurai plus besoin. Ou sera moins utile pour porter des affaires, puisque la caisse est plus petite et plus basse.
Etc., etc.
Du coup, je ne sais plus quoi faire. Je suis déjà plus qu'à moitié convaincue qu'il me faut un de ces deux véhicules, même si ma mère va sans doute me trouver complètement inconsciente (Maman, je te signale que je n'ai jamais eu d'accident de vélo, et je respecte toujours très scrupuleusement le code de la route, et je mettrai des casques aux mômes, promis). Bien sûr, je n'irai pas en weekend à Rouen avec, ni même au parc Astérix, mais ça résoudrait tout de même une partie de mes problèmes de déplacements.
Sauf qu'encore une fois, c'est vraiment, vraiment cher.
Donc voilà, j'en suis là, face à ces trois possibilités :
- Je prends le triporteur très cher et je me dis que c'est un investissement pour la vie ?
- Je prends le biporteur parce que c'est moins cher et plus confortable, même si moins polyvalent ?
- Je laisse tomber et je me dis que c'est juste un gadget ?
(Non, il n'y a pas de quatrième option. Non. Non, j'ai dit !)
Pour en savoir plus :
- Sur les triporteurs : http://www.velo-triporteur.info/
- Sur les biporteurs : http://www.biporteur.fr/
- Sur les deux, et pour acheter en ligne : http://www.amsterdamer.fr/ ou http://www.cyclable.com/
- Et un forum consacré à ça : http://forum.velotaf.com/
Edit de septembre 2013 : finalement, j'ai sauté le pas et j'en ai acheté un, je raconte ça ici.
lundi 25 mars 2013
Une famille nombreuse sans voiture
Nous n'avons pas de voiture. Ça étonne souvent les gens. Visiblement, c'est comme pour le mariage : on s'en passe assez bien quand on fonde une famille, mais à partir de trois ou quatre enfants, c'est plus rare de faire sans.
Il faut dire que j'ai toujours vécu à Paris, et que je n'en ai donc jamais eu vraiment besoin, à part pendant les vacances – c'est d'ailleurs la seule chose qui m'a poussée à passer mon permis, assez tard, à 22 ans. Darling, lui, n'a pas son permis : avant de venir à Paris, il habitait à Londres, et qu'aurait-il fait d'une voiture ? Quand je suis tombée enceinte pour la première fois, j'ai bien tenté de le convaincre de prendre des cours, mais je me suis heurtée à une résistance tenace. Il y a quelques années, j'ai renoncé. D'abord par lassitude, mais aussi parce que, en fin de compte, est-ce bien raisonnable de vouloir mettre un engin mortel entre les mains d'un homme aussi incroyablement distrait ? Il a peut-être raison d'avoir peur, en fait.
Donc nous n'avons pas de voiture. Mais alors comment faisons-nous ? C'est bien simple : dans la majorité des cas, nous prenons les transports en commun (bus, métro, train) ; de temps en temps, nous louons une voiture. Et pour les courses, nous nous faisons tout livrer, du sac de riz à l'armoire.
Jusqu'ici, ça ne nous a jamais beaucoup limités. Avec un seul enfant, les déplacements étaient assez faciles, que ce soit en métro pour aller au zoo ou au musée, en RER pour aller en forêt ou dans un parc de jeu, ou en train pour aller chez une amie ou chez ma mère. Et puis j'ai commencé un cycle de grossesses / fausses couches / grossesse / jumeaux / grossesse / Petit, et nous n'avons plus beaucoup bougé, sauf pendant les vacances. Enceinte, j'ai l'énergie d'une serpillère ; et le reste du temps, où voulez-vous aller, avec ou sans voiture, avec trois bébés aux siestes décalées, surtout avec un conjoint qui travaille le samedi ?
Mais voici que les enfants grandissent, que le Petit est sur le point d'abandonner sa sieste du matin, et que nous venons d'acheter une maison en banlieue. Et que la question de la voiture se pose à nouveau.
– A court terme, d'abord : parce que dans les semaines à venir, je vais devoir aller là-bas plusieurs fois par mois (pour organiser quelques travaux, pour meubler la maison, pour l'inscription à l'école, pour la recherche d'une assistante maternelle... Et puis pour le plaisir, pour y aller le weekend avec les enfants, qu'ils s'habituent à la maison et jouent dans le jardin...) ;
– A moyen terme, ensuite : parce que cet été, comme tous les étés, nous irons dans la maison que j'ai hérité de ma grand-mère, en pleine campagne, et que s'il est envisageable de s'y rendre en train, disposer d'une voiture sur place reste indispensable, donc autant faire le voyage avec ;
– A long terme, enfin, parce que la station de RER est à un bon kilomètre de ma nouvelle maison, que prendre les transports en commun seule avec tous les enfants est épuisant, et que sans voiture, nous serons forcément limités à tout ce qui se trouve vraiment proche de la maison ou à portée de bus ou de RER, sans changement.
Et donc, depuis que j'ai annoncé mon déménagement en banlieue, tout le monde me dit en chœur qu'il faut que j'achète une voiture.
Sauf que je ne VEUX PAS acheter une voiture. Il ne faut pas dire fontaine, on est d'accord, et je craquerai peut-être un jour ; mais tant que je pourrai résister, je résisterai. Pour trois raison, dont chacune est suffisante seule :
– Des raisons écologiques. Alors oui, je sais que bien souvent, on oublie ses principes quand ils vont à l'encontre de nos désirs. Mais tout de même, quand je pense que le nombre de voitures en circulation augmente chaque année, avec tout ce que ça signifie en terme de pollution, mais aussi de déchets (elles sont si vite bonnes pour la casse !), et bien sûr de ville encombrée et de pollution sonore, ça me fait mal au cœur, et je ne parle même pas des accidents et de la violence routière. Si j'étais dictatrice, j'interdirai carrément la voiture à tous ceux à qui ce n'est pas indispensable. Et ne m'objectez pas que les transports en commun ne sont pas suffisants. C'est un cercle vicieux : plus il y a de voiture, moins les transports sont efficaces (on pense aux bus bloqués dans les embouteillages) et surtout moins il y en a, puisque les gens ne les empruntent plus. A part dans les villages les plus reculés, on pourrait tout à fait imaginer un excellent réseau de trains et de cars, à combiner avec le vélo ; et bien sûr, en ville, métro, bus, tram et vélos pourraient couvrir 90% des besoins de déplacement, dans un monde parfait.
– Des raisons financières. Dans mon cas, il faudrait une sept places, bien sûr, puisque nous ne tenons pas dans une voiture classique. Même en prenant la moins chère du marché, et même en la prenant d'occasion, je ne m'en tirerais pas à moins de 8000 euros, si je veux quelque chose qui ne tombe pas en morceaux au bout de cent kilomètres (corrigez-moi si je me trompe). De toutes façons, la moins chère du marché ne me suffirait pas, puisque pour partir en vacances, il me faut une vraie sept places, avec un coffre, et non une 5/7 places où il faut choisir entre les enfants et les bagages (!). A cela s'ajoute le coût annuel : entre 5000 et 6000 euros en frais d'essence, parking, entretien, assurance, péages (ce n'est pas moi qui invente, c'est là). Probablement beaucoup plus si c'est une grosse voiture, et encore plus si elle a déjà pas mal de kilomètres au compteur. 8000, 10000 euros ? A ce prix-là, je pourrais même faire une croisière avec mes enfants, dites donc. Si j'avais cette somme à dépenser, bien sûr. Pour beaucoup moins cher, je peux prendre le train et le RER aussi souvent que j'en ai envie, et même louer une vraie grosse neuf places pendant deux mois en été. Je vous rappelle que cette voiture ne serait pas utilisée au quotidien, mais seulement pendant les vacances et deux ou trois fois par mois (à la belle saison) pour faire une ballade en forêt ou ailleurs. Faites le calcul : le moins qu'on puisse dire, c'est que ça fait cher le dimanche à la campagne.
– Des raisons administratives. Comme je suis la seule à avoir un permis, la voiture sera à mon nom, et ce sera moi qui la conduirai. Ce qui signifie que tout va me retomber sur le dos. Faire le plein. Vérifier les pneus avant de partir en vacances. Trouver un endroit où la garer quand on va quelque part. L'emmener chez le garagiste à chaque fois qu'il y a un pépin. Faire les révisions. La revendre peut-être un jour. Rien que d'y penser, j'hyperventile. A chaque fois que j'en loue une, pour quelques heures ou quelques semaines, j'éprouve un soulagement intense quand je l'a rends : ouf, une responsabilité de moins ! J'ai assez de responsabilités sur le dos pour ne pas avoir besoin d'en ajouter une, merci.
Et donc ?
Donc, tant que nous pourrons, nous continuerons à nous arranger sans. Location en été, transports en commun, vélo et vélib pour moi, marche à pied à volonté, et occasionnellement autolib : je n'ai pas encore testé, mais quand nous ne sommes pas au complet, ça peut être une bonne solution, et j'ai la chance d'avoir à la fois une station velib et une station autolib dans ma nouvelle banlieue.
N'empêche que je trouvais dommage de se dire que pendant des années, au moins jusqu'à ce que les Things marchent vraiment bien, je ne pourrais pas me déplacer très facilement avec tous les enfants pour faire une promenade le weekend, et que même les petits déplacements à la bibliothèque ou au parc le plus proche seraient compliqués.
Et puis samedi, j'ai fait une découverte...
(la suite ici)
Il faut dire que j'ai toujours vécu à Paris, et que je n'en ai donc jamais eu vraiment besoin, à part pendant les vacances – c'est d'ailleurs la seule chose qui m'a poussée à passer mon permis, assez tard, à 22 ans. Darling, lui, n'a pas son permis : avant de venir à Paris, il habitait à Londres, et qu'aurait-il fait d'une voiture ? Quand je suis tombée enceinte pour la première fois, j'ai bien tenté de le convaincre de prendre des cours, mais je me suis heurtée à une résistance tenace. Il y a quelques années, j'ai renoncé. D'abord par lassitude, mais aussi parce que, en fin de compte, est-ce bien raisonnable de vouloir mettre un engin mortel entre les mains d'un homme aussi incroyablement distrait ? Il a peut-être raison d'avoir peur, en fait.
Donc nous n'avons pas de voiture. Mais alors comment faisons-nous ? C'est bien simple : dans la majorité des cas, nous prenons les transports en commun (bus, métro, train) ; de temps en temps, nous louons une voiture. Et pour les courses, nous nous faisons tout livrer, du sac de riz à l'armoire.
Jusqu'ici, ça ne nous a jamais beaucoup limités. Avec un seul enfant, les déplacements étaient assez faciles, que ce soit en métro pour aller au zoo ou au musée, en RER pour aller en forêt ou dans un parc de jeu, ou en train pour aller chez une amie ou chez ma mère. Et puis j'ai commencé un cycle de grossesses / fausses couches / grossesse / jumeaux / grossesse / Petit, et nous n'avons plus beaucoup bougé, sauf pendant les vacances. Enceinte, j'ai l'énergie d'une serpillère ; et le reste du temps, où voulez-vous aller, avec ou sans voiture, avec trois bébés aux siestes décalées, surtout avec un conjoint qui travaille le samedi ?
Mais voici que les enfants grandissent, que le Petit est sur le point d'abandonner sa sieste du matin, et que nous venons d'acheter une maison en banlieue. Et que la question de la voiture se pose à nouveau.
– A court terme, d'abord : parce que dans les semaines à venir, je vais devoir aller là-bas plusieurs fois par mois (pour organiser quelques travaux, pour meubler la maison, pour l'inscription à l'école, pour la recherche d'une assistante maternelle... Et puis pour le plaisir, pour y aller le weekend avec les enfants, qu'ils s'habituent à la maison et jouent dans le jardin...) ;
– A moyen terme, ensuite : parce que cet été, comme tous les étés, nous irons dans la maison que j'ai hérité de ma grand-mère, en pleine campagne, et que s'il est envisageable de s'y rendre en train, disposer d'une voiture sur place reste indispensable, donc autant faire le voyage avec ;
– A long terme, enfin, parce que la station de RER est à un bon kilomètre de ma nouvelle maison, que prendre les transports en commun seule avec tous les enfants est épuisant, et que sans voiture, nous serons forcément limités à tout ce qui se trouve vraiment proche de la maison ou à portée de bus ou de RER, sans changement.
Et donc, depuis que j'ai annoncé mon déménagement en banlieue, tout le monde me dit en chœur qu'il faut que j'achète une voiture.
Sauf que je ne VEUX PAS acheter une voiture. Il ne faut pas dire fontaine, on est d'accord, et je craquerai peut-être un jour ; mais tant que je pourrai résister, je résisterai. Pour trois raison, dont chacune est suffisante seule :
– Des raisons écologiques. Alors oui, je sais que bien souvent, on oublie ses principes quand ils vont à l'encontre de nos désirs. Mais tout de même, quand je pense que le nombre de voitures en circulation augmente chaque année, avec tout ce que ça signifie en terme de pollution, mais aussi de déchets (elles sont si vite bonnes pour la casse !), et bien sûr de ville encombrée et de pollution sonore, ça me fait mal au cœur, et je ne parle même pas des accidents et de la violence routière. Si j'étais dictatrice, j'interdirai carrément la voiture à tous ceux à qui ce n'est pas indispensable. Et ne m'objectez pas que les transports en commun ne sont pas suffisants. C'est un cercle vicieux : plus il y a de voiture, moins les transports sont efficaces (on pense aux bus bloqués dans les embouteillages) et surtout moins il y en a, puisque les gens ne les empruntent plus. A part dans les villages les plus reculés, on pourrait tout à fait imaginer un excellent réseau de trains et de cars, à combiner avec le vélo ; et bien sûr, en ville, métro, bus, tram et vélos pourraient couvrir 90% des besoins de déplacement, dans un monde parfait.
– Des raisons financières. Dans mon cas, il faudrait une sept places, bien sûr, puisque nous ne tenons pas dans une voiture classique. Même en prenant la moins chère du marché, et même en la prenant d'occasion, je ne m'en tirerais pas à moins de 8000 euros, si je veux quelque chose qui ne tombe pas en morceaux au bout de cent kilomètres (corrigez-moi si je me trompe). De toutes façons, la moins chère du marché ne me suffirait pas, puisque pour partir en vacances, il me faut une vraie sept places, avec un coffre, et non une 5/7 places où il faut choisir entre les enfants et les bagages (!). A cela s'ajoute le coût annuel : entre 5000 et 6000 euros en frais d'essence, parking, entretien, assurance, péages (ce n'est pas moi qui invente, c'est là). Probablement beaucoup plus si c'est une grosse voiture, et encore plus si elle a déjà pas mal de kilomètres au compteur. 8000, 10000 euros ? A ce prix-là, je pourrais même faire une croisière avec mes enfants, dites donc. Si j'avais cette somme à dépenser, bien sûr. Pour beaucoup moins cher, je peux prendre le train et le RER aussi souvent que j'en ai envie, et même louer une vraie grosse neuf places pendant deux mois en été. Je vous rappelle que cette voiture ne serait pas utilisée au quotidien, mais seulement pendant les vacances et deux ou trois fois par mois (à la belle saison) pour faire une ballade en forêt ou ailleurs. Faites le calcul : le moins qu'on puisse dire, c'est que ça fait cher le dimanche à la campagne.
– Des raisons administratives. Comme je suis la seule à avoir un permis, la voiture sera à mon nom, et ce sera moi qui la conduirai. Ce qui signifie que tout va me retomber sur le dos. Faire le plein. Vérifier les pneus avant de partir en vacances. Trouver un endroit où la garer quand on va quelque part. L'emmener chez le garagiste à chaque fois qu'il y a un pépin. Faire les révisions. La revendre peut-être un jour. Rien que d'y penser, j'hyperventile. A chaque fois que j'en loue une, pour quelques heures ou quelques semaines, j'éprouve un soulagement intense quand je l'a rends : ouf, une responsabilité de moins ! J'ai assez de responsabilités sur le dos pour ne pas avoir besoin d'en ajouter une, merci.
Et donc ?
Donc, tant que nous pourrons, nous continuerons à nous arranger sans. Location en été, transports en commun, vélo et vélib pour moi, marche à pied à volonté, et occasionnellement autolib : je n'ai pas encore testé, mais quand nous ne sommes pas au complet, ça peut être une bonne solution, et j'ai la chance d'avoir à la fois une station velib et une station autolib dans ma nouvelle banlieue.
N'empêche que je trouvais dommage de se dire que pendant des années, au moins jusqu'à ce que les Things marchent vraiment bien, je ne pourrais pas me déplacer très facilement avec tous les enfants pour faire une promenade le weekend, et que même les petits déplacements à la bibliothèque ou au parc le plus proche seraient compliqués.
Et puis samedi, j'ai fait une découverte...
(la suite ici)
dimanche 24 mars 2013
L'énigme du chirurgien : la féminisation des noms de métier
Je m'excuse auprès de ceux à qui j'ai déjà communiqué ce lien. C'est chez Olympe que j'ai trouvé cette vidéo qui m'a beaucoup intéressée. Deux femmes ont réalisé un micro-trottoir en proposant à des passants l'énigme suivante :
Cela fait des années que je milite pour la féminisation systématique des noms de métiers. Depuis le jour où, dans Le Monde, je crois, j'avais trouvé une "Madame LE secrétaire d'état". Un comble, alors que le mot "secrétaire" est épicène, et s'emploie nettement plus souvent au féminin ! Mais pas s'il désigne une haute fonction... J'avais aussi lu un article, toujours dans Le Monde, sur une linguiste qui s'agaçait du "Madame LE premier ministre" qu'on servait à tour de bras à Édith Cresson. L'auteure de l'article signait son article par "Machine, écrivaine", et ajoutait dessous : "Je défie quiconque de me prouver qu'écrivaine est plus laid que châtelaine".
Voici les principaux arguments qu'on entend contre la féminisation des noms de métier :
- C'est moche ;
- C'est artificiel ;
- Les féministes ont mieux à faire ;
- Ça ne sert à rien.
1 - Le fait qu'un mot soit jugé beau ou laid est exclusivement une question d'habitude. Quand j'ai lu le mot "auteure", pour la première fois, j'ai trouvé moi aussi ça très bizarre. Depuis que je l'ai employé plusieurs milliers de fois dans mes fiches de lecture, je vous assure qu'il ne me fait pas plus d'effet que "institutrice".
2 - D'accord, la féminisation de certains mots n'est pas évidente. Certes, ce serait plus logique de dire "autrice", sur le modèle de "acteur/actrice". Et alors ? C'est "auteure" qui a pris. Pas grave. La langue française est souvent totalement illogique, et le féminin de "loup" n'est pas "loupe". Et il me semble qu'on a inventé suffisamment de mots, ces dernières années, pour désigner des objets ou des concepts qui n'existaient pas. Que ceux qui refusent de dire "ingénieure" parce que c'est un néologisme me fassent le plaisir de s'interdire d'employer "blog", "comater", "dystopie", "homoparental", et bien entendu, "email" ou "courriel", je vous prie.
3 - Refuser de participer à cette féminisation sous prétexte qu'il y a des combats plus importants pour les femmes me paraît d'une absurdité sans nom. Dans ce cas, cessons de nous préoccuper du sort des Européennes, qui sont incroyablement bien loties par rapport à d'autres : nous nous attaquerons aux inégalités de salaires que le jour où toutes les femmes du monde auront autant de droit que nous (bonne chance). Et même, pourquoi nous inquiéter de celles qui n'ont aucun droit alors que d'autres sont assassinées ? Dois-je aussi cesser de cuisiner parce que manger du pain sec est moins grave que mourir de faim ?
4 - Surtout, et c'est probablement l'essentiel : les mots sont réellement importants. Quand on dit "chirurgien", on se représente un homme, comme le démontre la vidéo que présente Olympe. Et quand on se représente uniquement des hommes dans des métiers traditionnellement masculin, on ne risque pas de faire avancer leur féminisation. La féminisation des mots permettra de changer l'inconscient collectif. Seulement partiellement, bien sûr, car le pluriel et le neutre resteront masculins, et on dira toujours "les écrivains français". Mais au moins, on enterrera cette idée que pour ne pas dévaloriser une femme, il faut parler d'elle au masculin !
Par bonheur, malgré des résistances, y compris de la part de vraies féministes, les choses évoluent sur ce point. Aujourd'hui, aucun journal ne parle de Christiane Taubira comme DU ministre de la justice. Et même ce mot décrié, "auteure", est de plus en plus employé. Pour une fois que ça va dans le bon sens, réjouissons-nous !
Coda : hier, je discutais avec le Grand au sujet d'un roman :
— On sent bien que l'écrivain a voulu faire comprendre que...
Et lui, après un coup d’œil au prénom sur la couverture, le plus naturellement du monde :
— L'écrivaine, maman.
La relève est assurée.
Un homme et son fils ont un accident. Le père meurt, et le fils est emmené en urgence à l'hôpital pour être opéré. Mais le chirurgien qui doit opérer le garçon s'exclame : "Je ne peux pas l'opérer, c'est mon fils". Comment est-ce possible ?Une démonstration très percutante sur la manière dont les mots influencent notre vision du monde. Certains passants imaginent plus facilement une famille homoparentale qu'une femme chirurgien !
Cela fait des années que je milite pour la féminisation systématique des noms de métiers. Depuis le jour où, dans Le Monde, je crois, j'avais trouvé une "Madame LE secrétaire d'état". Un comble, alors que le mot "secrétaire" est épicène, et s'emploie nettement plus souvent au féminin ! Mais pas s'il désigne une haute fonction... J'avais aussi lu un article, toujours dans Le Monde, sur une linguiste qui s'agaçait du "Madame LE premier ministre" qu'on servait à tour de bras à Édith Cresson. L'auteure de l'article signait son article par "Machine, écrivaine", et ajoutait dessous : "Je défie quiconque de me prouver qu'écrivaine est plus laid que châtelaine".
Voici les principaux arguments qu'on entend contre la féminisation des noms de métier :
- C'est moche ;
- C'est artificiel ;
- Les féministes ont mieux à faire ;
- Ça ne sert à rien.
1 - Le fait qu'un mot soit jugé beau ou laid est exclusivement une question d'habitude. Quand j'ai lu le mot "auteure", pour la première fois, j'ai trouvé moi aussi ça très bizarre. Depuis que je l'ai employé plusieurs milliers de fois dans mes fiches de lecture, je vous assure qu'il ne me fait pas plus d'effet que "institutrice".
2 - D'accord, la féminisation de certains mots n'est pas évidente. Certes, ce serait plus logique de dire "autrice", sur le modèle de "acteur/actrice". Et alors ? C'est "auteure" qui a pris. Pas grave. La langue française est souvent totalement illogique, et le féminin de "loup" n'est pas "loupe". Et il me semble qu'on a inventé suffisamment de mots, ces dernières années, pour désigner des objets ou des concepts qui n'existaient pas. Que ceux qui refusent de dire "ingénieure" parce que c'est un néologisme me fassent le plaisir de s'interdire d'employer "blog", "comater", "dystopie", "homoparental", et bien entendu, "email" ou "courriel", je vous prie.
3 - Refuser de participer à cette féminisation sous prétexte qu'il y a des combats plus importants pour les femmes me paraît d'une absurdité sans nom. Dans ce cas, cessons de nous préoccuper du sort des Européennes, qui sont incroyablement bien loties par rapport à d'autres : nous nous attaquerons aux inégalités de salaires que le jour où toutes les femmes du monde auront autant de droit que nous (bonne chance). Et même, pourquoi nous inquiéter de celles qui n'ont aucun droit alors que d'autres sont assassinées ? Dois-je aussi cesser de cuisiner parce que manger du pain sec est moins grave que mourir de faim ?
4 - Surtout, et c'est probablement l'essentiel : les mots sont réellement importants. Quand on dit "chirurgien", on se représente un homme, comme le démontre la vidéo que présente Olympe. Et quand on se représente uniquement des hommes dans des métiers traditionnellement masculin, on ne risque pas de faire avancer leur féminisation. La féminisation des mots permettra de changer l'inconscient collectif. Seulement partiellement, bien sûr, car le pluriel et le neutre resteront masculins, et on dira toujours "les écrivains français". Mais au moins, on enterrera cette idée que pour ne pas dévaloriser une femme, il faut parler d'elle au masculin !
Par bonheur, malgré des résistances, y compris de la part de vraies féministes, les choses évoluent sur ce point. Aujourd'hui, aucun journal ne parle de Christiane Taubira comme DU ministre de la justice. Et même ce mot décrié, "auteure", est de plus en plus employé. Pour une fois que ça va dans le bon sens, réjouissons-nous !
Coda : hier, je discutais avec le Grand au sujet d'un roman :
— On sent bien que l'écrivain a voulu faire comprendre que...
Et lui, après un coup d’œil au prénom sur la couverture, le plus naturellement du monde :
— L'écrivaine, maman.
La relève est assurée.
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