vendredi 27 février 2015

Quelques démarches administratives dans ma maison de vacances


A la poste :
— Bonjour, je voudrais fermer le compte postal de ma grand-mère.
— Ah oui, je vois, elle avait aussi un livret. Deux, même. Ils sont vides ?
— Oui. Il faut les fermer aussi.
— Mais vous avez les livrets avec vous ?
— Les vrais, en papier, vous voulez dire ? Ah non, je n'ai aucune idée de l'endroit où ils sont.
— Alors je ne peux rien faire. Revenez avec les livrets.

A l'agence téléphonique :
— Bonjour, je voudrais rendre ce téléphone que ma grand-mère avait visiblement loué au moins dix ans avant sa mort. Au prix de trois euros par mois, je n'ose pas calculer combien il nous a coûté.
— Ah, on ne peut pas faire ça ici. Il faut l'envoyer en recommandé à cette adresse, tenez.
— Mais c'est juste à côté d'ici, je peux aller le déposer ?
— Non, c'est uniquement une adresse postale.
— Je peux au moins transférer le contrat à mon nom ? Cela fait cinq ans qu'elle est morte, ma grand-mère...
— Ah non, il faut d'abord rendre tout ce qui a été loué.

Au téléphone avec le gaz :
— Bonjour, je voudrais modifier le nom sur les factures, elles sont encore adressées à ma grand-mère décédée, et puis aussi, je viens de me rendre compte que depuis la mort de ma grand-mère il y a cinq ans, vous avez continué à me facturer sur la base de ce qu'elle consommait avant, quand la maison était chauffée tout l'hiver, alors que ce n'est plus le cas...
— Attendez que je vérifie. En effet, d'après le dernier relevé de compteur, il y a trois mois, nous vous devons 1200 euros.
— Ah, enfin une bonne nouvelle ! Et vous comptiez me rembourser quand ?
— Dès que vous en feriez la demande.
— Je vois. Alors je fais la demande. Et aussi, je voudrais changer de nom, donc.
— Dans ce cas, je vais vous envoyer une facture de clôture de compte au nom de votre grand-mère, et un nouveau contrat à votre nom. Votre grand-mère sera remboursée par chèque.
— Mais comment voulez-vous que je l'encaisse, ce chèque, s'il est à son nom ? Je viens de vous dire qu'elle était morte !
— On peut aussi le faire par virement sur le compte où étaient débitées les factures. Mais comme il faut d'abord que le compte soit à zéro avant de changer de contrat,  il faudra faire ça dans un second temps.

Au téléphone avec l'électricité :
— Bonjour, je voudrais modifier le nom sur les factures, elles sont encore au nom de ma grand-mère décédée...
— Bien sûr, pas de problème. On va faire ça tout de suite.
— C'est vrai ? Comme ça, tout de suite, au téléphone ? Mais c'est formidable !
— Absolument. Cela vous coûtera 86 euros, qui vous seront facturés sur la prochaine facture, à payer d'ici la fin du mois de mars.
— Pas de problème, les factures sont payées directement par la banque.
— Ah, mais non, quand on change de nom de client, le prélèvement automatique est annulé, il faut le refaire.
— Ah... Je vais y aller tout de suite, alors.
— Non, il vous faut l'autorisation à remettre à la banque avec toutes les données. Elle sera dans la prochaine facture.
 
Au téléphone avec le distributeur d'eau - Jour 1 :
— Bonjour, je voudrais faire changer le nom d'un contrat, vous êtes ouverts jusqu'à quelle heure ?
— 16h.
Chez le distributeur d'eau - Jour 1 :
— Bonjour, je viens faire changer le nom d'un contrat.
— Ah, désolé, nos informaticiens travaillent depuis ce matin sur nos ordinateurs, on ne peut rien faire. On ne vous l'a pas dit, quand vous avez téléphoné ?
Chez le distributeur d'eau - Jour 2 :
— Bonjour, je viens...
— Désolé, nos bureaux ne sont pas ouverts au public le mercredi après-midi.
Chez le distributeur d'eau - Jour 3 :
— Bonjour, je viens changer un contrat, je crois que j'ai tout : le certificat de mort de ma grand-mère, sa carte d'identité, l'acte de succession, un justificatif de domicile, ma carte d'identité, mon numéro de sécurité sociale, le relevé du compteur, l'autorisation de prélèvement destiné à la banque, mon permis de conduire, la photocopie de mon diplôme de Sciences Politiques, l'acte de naissance des mes enfants et de mon compagnon, la recette des amaretti, mes mensurations, il ne manque rien, dites ?
— Non, mais le relevé n'est pas cohérent par rapport à nos prévisions.
— Forcément, la maison n'est presque plus habitée depuis des années, et vous avez continué à facturer comme si elle l'était !
— Ce doit être ça, mais par sécurité, nous allons envoyer quelqu'un relever le compteur.
— Mais je viens de le faire !
— Nous devons vérifier.
— Et en attendant, je peux mettre la facture à mon nom, hein, dites, je vous en supplie ?
— Ah non, il faut d'abord remettre le compte à zéro. Nous rembourserons le trop-plein perçu à votre grand-mère.
— Mais non, c'est à moi que vous rembourserez le trop-plein perçu, c'est moi qui paye les factures depuis cinq ans, je vous jure, regardez, j'ai aussi mon RIB, c'était notre compte joint à ma grand-mère et moi, donc ça ne change rien...
— Navré, mais c'est la procédure.

Chez la compagnie d'assurance :
— Bonjour, je viens de classer tous mes papiers et je n'ai pas trouvé l'attestation d'assurance pour 2014 et 2015.
— Alors... Ah oui, c'est normal, vous n'avez pas payé la facture début 2014, donc votre maison n'est plus assurée depuis un peu plus d'un an.
— Hein ? C'est une blague ? Mais vous ne m'avez pas relancée ? Et s'il y avait eu un incendie, par exemple ? Si la maison avait été totalement démolie ?
— Eh bien, vous n'auriez pas été remboursée. Vous voulez renouveler l'assurance pour 2015, alors ?


(Conversations très très résumées, car chacune a duré au moins une demi-heure, et jusqu'à deux heures dans le pire des cas, mais toutes strictement authentiques.)
(Et je vous ai épargné certaines démarches, notamment à la mairie et aux impôts)
(N'empêche que j'ai tout de même réussi à faire plein de choses, na !)

mercredi 25 février 2015

Du bon temps

Le temps.
Vous n’avez pas idée. Tout ce temps, tout à coup. Depuis que je suis arrivée ici, je travaille, pourtant : je traduis presque autant de pages qu’un jour de semaine ordinaire ; et en plus de cela, je cours à droite et à gauche, à la banque, à la mairie, dans un magasin de bricolage, dans une compagnie d'assurance. Et pourtant, j’ai du temps, plein, plein, plein. Cette différence incroyable, ne pas devoir s’occuper des enfants, et puis les corvées divisées par six. Je vous ai déjà parlé des corvées ? Quand je projetais d’avoir une famille nombreuse, j’avais pris en compte les problèmes d’argent, de place, de temps à consacrer aux enfants – les doucher, les habiller, jouer avec eux, les nourrir, les emmener à l’école, etc. –, mais j’avais négligé les corvées. Le lave-vaisselle à remplir et à vider matin et soir, les deux kilos de poireaux à découper et à nettoyer, le pain à faire ou à acheter, les quinze gros sacs de course à ranger, les dix ou vingt kilos de vêtements à trier, mettre dans la machine, faire sécher, plier, ranger. Même avec des électroménagers performants, même en s’y mettant à deux, même en éliminant toutes les tâches superflues comme le repassage, même en étant le plus efficace possible, même sans compter toutes les corvées administratives, cela prend des heures.

Et là, tout à coup, trois jours toute seule. Et tout ce temps, que de temps ! Pas de lessive, des courses minuscules, un repas complet mais très simple, une seule assiette que je lave à la main. Je déjeune sans me presser, et pourtant, j’ai terminé en un quart d’heure. Quoi, il est seulement 13h ? A la maison, il serait déjà 13h : plus que trois heures avant d’aller chercher les gamins, il faut que je me dépêche ! Mais là, je peux lire quelques pages supplémentaires de mon bouquin, me glisser sous ma couette pour avoir plus chaud, et même m’assoupir, et puis aller prendre un capuccino au bar pour me réveiller, et il est à peine 15h, et j’ai encore tout l’après-midi et toute la soirée devant moi ! Une sensation totalement oubliée : celle de ne pas être pressée.

Le temps. La solitude. Le silence. Certains en ont trop. Moi, j’adore… pendant trois jours. Juste trois jours pour redécouvrir la lenteur, le calme. Pour me rendre compte que si les choses s’étaient passées différemment, cela pourrait être ma vie. Cela le sera peut-être un jour. Certainement. Une maison plongée dans l’obscurité, où la seule pièce éclairée est celle où je travaille, où le seul bruit est celui des touches de mon clavier. Je comprends mieux pourquoi ma grand-mère avait toujours la radio ou la télévision allumée. Pourquoi presque toutes les traductrices célibataires de ma connaissance ont des chats. Pourquoi la vieille voisine d’en face me saute dessus pour papoter dès que j’arrive ici. Ce n’est pas mon désir : à tout prendre, je préfère les cris, les urgences, la course quotidienne, l’enchaînement des activités qui ne laisse pas le temps de respirer ni de méditer sur le sens ou la vacuité de l’existence. Mais pendant trois jours, ce temps à ma disposition est un cadeau du ciel. Je m’en repais avec autant de voracité que si on me servait de la salade – dont je me passe très bien en temps ordinaire – après m’avoir gavée exclusivement de gâteaux pendant des années. Quelque chose de sain, de rare, de précieux, qui confine au merveilleux. Du temps, du temps…

lundi 23 février 2015

Pique-assiette

Au bout de douze heures de voyage, arrivée dans une maison glaciale. Frigo vide (littéralement, cette fois). Magasins fermés. Resto ? Bof : pas de sous, et envie de me coucher tôt. Alors ?
Alors, vers 18h45, visite chez de vieux amis de la famille. Joie, surprise, embrassades, et puis :
—Tu viens d'arriver ?
— Oui, je suis épuisée ! Je vais vite fouiller dans les placards pour voir si je trouve quelque chose de pas périmé depuis l'été dernier, et puis au lit !
—Tu n'as rien à manger ?
—Si, si, ne vous inquiétez pas, je vais me faire des pâtes à l'huile... Ça me réchauffera, il fait douze degrés, dans la maison...
— Mais reste plutôt dîner avec nous, j'ai fait une soupe et il me reste de la charcuterie et de la tarte aux pommes!
— Oh, je ne veux pas vous déranger...
— J'insiste !
J'ai accepté. Puisqu'ils insistaient...

Courte nuit

Couchée à minuit pour cause de partie de Risk avec le Grand (je crains que sa plongée dans la Seconde Guerre mondiale ne lui ait donné des idées bizarres) (il a aussi totalement abandonné ses pokemons et ne joue plus sur sa DS qu'à World Conqueror) (j'essaie de lui faire comprendre qu'en suivant sa première ambition, devenir richissime, il peut aussi devenir un genre de maître du monde de manière un peu moins sanguinaire) (si, je suis anticapitaliste, mais à tout prendre je préférerais être la mère de Bill Gates que de Napoléon) après laquelle j'ai encore fini un chapitre de ma traduction, je me suis levée à 5h pour prendre le train de 6h20...
... qui est finalement parti à 7h30 pur cause de panne et de changement de rame.

Sommeil.

(Non, je ne peux pas dormir, il y a une femme avec deux mômes de 3 et 5 ans à côté de moi) (Quelle plaie, les enfants, à cet âge-là.)

dimanche 22 février 2015

Fils de libraire

Mr Thing Two fabrique un "livre" : plusieurs feuilles de papier agrafées entre elles. Il le retourne, et déclare :
— Je vais aussi faire un dessin pour la quatrième de couverture.

OK, ça c'est acquis. Prochaine étape : l'ISBN et l'achevé d'imprimer.

samedi 21 février 2015

Retour et re-départ

Voyage de retour toujours sans histoire – désolée, encore une fois. Juste les Things qui refusaient de regarder le DVD que je leur avais mis et qui préféraient chahuter, et le Grand qui a refusé, même sous menace de punition, d'aller s'asseoir sur son siège derrière le mien, parce que "je veux pas être tout seul, je serai trop loin de vous", et du coup il a fallu se serrer à cinq sur quatre places. De la part d'un pré-ado qui n'a quasiment pas quitté sa chambre pendant six jours d'affilée, et que nous n'avons vu qu'à l'heure des repas, cela m'a un peu agacée. Surtout qu'en fait, j'aurais pu prendre seulement quatre places, puisque le Filou a moins de trois ans, mais que j'en ai pris cinq pour que ce soit plus confortable et pour que le Grand puisse bouquiner tranquillement à l'écart. Du coup j'ai dépensé 18 euros (aller-retour) pour que la dame assise derrière nous ait la place de poser son sac et son manteau à côté d'elle.
Et puis quand je suis arrivée à la maison, j'ai découvert que j'avais 4,13 euros sur mon compte en banque, que le frigo était presque aussi vide que mon compte en banque, et qu'il y avait eu un attentat à Copenhague.
Du coup j'ai envie de repartir. Et ça tombe bien, parce que lundi matin, je repars en effet, et toute seule, pour quatre jours. Pas au ski, hélas : j'ai un certain nombre de démarches administratives à faire dans la maison où nous passons tous les étés, et bien entendu, j'emporte ma traduction sous le bras, à terminer impérativement cette semaine. Mais quand même, rien qu'à l'idée que je vais passer trois soirées seule, manger quand j'en aurai envie, me réveiller le matin sans entendre le Filou crier "Maman, a matin !" à 7h, discuter avec les voisins, et même certainement lire un roman dans le train (je ne peux pas travailler sur l'ordinateur dans le TGV, ça me donne une nausée terrible), j'ai envie de danser.
Et dire que Darling, qui vient de passer une semaine tout seul à la maison (et au boulot, bien sûr) n'attendait qu'une chose : notre retour... Le monde est mal fait !

jeudi 19 février 2015

Balisé

Comment convaincre des petits enfants à avancer autrement qu'en leur promettant une belle balade et de beaux paysages dont ils se fichent pas mal ?


Réponse : en empruntant un sentier de randonnée et en leur faisant chercher les balises. Ambiance chasse au trésor, saine émulation et avancée rapide garantis.