mercredi 6 mars 2013

Piège final

Ce matin, il ne me reste plus que dix pages. J'accélère l'allure. Je passe au trot. Ça sent l'écurie. 279 pages en tout, et j'ai bientôt fini !
Début d'après-midi. Plus que cinq pages. Je veux absolument terminer aujourd'hui, pour peaufiner ces dernières pages demain et faire toutes mes recherches d'ici ce weekend. J'avance au galop, à présent. Les fautes de frappes se multiplient, mais je m'en fiche, le correcteur de Word s'en chargera.
16h. Plus que trois ou quatre paragraphes. Je n'irai pas goûter tant que je n'aurais pas terminé. Je suis tellement contente d'en venir à bout !
Plus que dix lignes.
Plus que deux phrases.
Plus que deux mots.

Et là, paf, le coup de massue. Mon personnage, qui sait qu'il va mourir quelques minutes plus tard, termine sa lettre à son fils par une salutation, juste avant de signer. Un mot tout simple, courant, en gros l'équivalent de "Bye" en anglais.
Au revoir ? Ridicule. Il ne se reverront pas. D'ailleurs, l'auteur n'a pas choisi ce mot, qui existe dans sa langue.
Adieu ? Absurde. Ce n'est pas non plus le mot qu'a choisi l'auteur. Et mon personnage est résolument athée.
Salut ? Grotesque. C'est un vieux monsieur vénérable qui écrit. Et en français, on ne termine pas une lettre formelle par "Salut". Pourquoi pas "lol, bisou", pendant qu'on y est ?
Alors ? Bien à toi ? Je t'embrasse ? Bonsoir ? Bye-bye ? A + ?


Finalement, je crois que je vais aller prendre mon goûter avant d'avoir complètement terminé.

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