jeudi 10 septembre 2015

La lumière au bout du tunnel

Je n'en reviens pas.
Je n'en reviens pas.
Non mais vraiment, je n'en reviens pas.
Il est 18h20, et j'ai terminé mon quota de pages pour aujourd'hui.

Je suis tellement ahurie que je ne sais pas quoi faire (du coup, je blogue). Ça fait déjà trois fois que je vérifie que je ne me suis pas trompée, mais non, il n'y a pas de doute, je suis bien à la page 268 et pas à la page 258. Et pourtant, j'ai emmené les enfants à l'école, et je suis allée les chercher, et j'ai fait des cookies pour le goûter, et j'ai pris un rendez-vous chez la coiffeuse (pour les garçons) et chez la kiné (pour moi), et j'ai fait deux lessives, et j'ai lavé la vaisselle, et j'ai même lu quelques articles de Télérama à l'heure du déjeuner et eu ma mère au téléphone.

Hier, j'avais terminé à 21h30. Et pourtant, je suis allée faire un long footing le matin, et j'ai emmené les trois minots au cinéma voir Les Minions l'après-midi. Je vous jure. A 21h30, j'étais arrivée au bout de mon chapitre. Du coup j'ai rejoint Darling sur le canapé, et nous avons regardé un film. Memento, si vous voulez tout savoir. Regarder un film en plein milieu de la semaine, je pense que ça ne m'est pas arrivé depuis avant la naissance des Things. Alors deux films dans la même journée...

Mais nom d'un chien, quel est ce mystère ?
J'y ai réfléchi tout à l'heure, en étendant le linge entre deux chapitres. Non, ce roman n'est pas plus facile à traduire que les autres. Les pages ne sont pas plus aérées, non plus, ou à peine, à cause de quelques dialogues au rythme rapide, mais ce n'est pas une explication suffisante.

Alors ?

Alors, le Filou vient d'entrer à la maternelle. Ce qui veut dire que le matin, je peux me mettre au travail un peu plus tôt qu'avant. Mais surtout, que le soir, en une demi-heure, j'ai ramené le troupeau à la maison, au lieu de faire une tournée en triporteur d'au moins une heure et demie (en comptant les haltes). A 17h10, on a fini de goûter. Et ensuite...
Ensuite, les mioches vont jouer dehors, ou à l'étage, et je me remets au travail.
Mais SI ! Je vous jure !

C'est vrai de vrai ! Ils ont grandi, et ils jouent tous les trois ensemble. Bon, il faut tout de même que j'intervienne tous les quarts d'heure pour arrêter une dispute, et puis il faut que je prévoie un quart d'heure pour réparer les bêtises ensuite (oui parce que trois mômes déchaînés qui jouent ensemble, ça se termine souvent par "Et si on écrivait sur le mur ? Et si on arrosait les fleurs et nos vêtements au passage ? Et si on jetait des cailloux sur la pelouse ? Et si on vidait la poubelle ? Et si on remplissait le bateau playmobil d'eau pour jouer avec dans la salle de jeux ? Et si on jetait par terre tous les vêtements de l'armoire ?"), mais n'empêche, je peux encore travailler au moins une heure, voire une heure et demie.

Du coup, je me surprends à rêver. Si ça continue comme ça, bientôt, je pourrai me coucher plus tôt, et dormir enfin assez. Je pourrai lire, le soir. Je pourrai laisser l'ordinateur éteint le weekend. J'aurai du TEMPS LIBRE !!!!

Je sais. Vous croyez que j'exagère. Si je vous dis que depuis des années, à chaque fois que j'ai une demi-heure devant moi, je dois arbitrer entre mes culpabilités (travailler, faire à manger, ranger, m'occuper de mes gamins ?), si je vous dis que j'ai le plus grand mal à respecter ma bonne résolution de regarder un film par mois, si je vous dis que le temps libre, je ne sais plus ce que c'est, vous allez penser que je noircis le tableau. Tant pis. Ce n'est pas pour vous que j'écris cette note, c'est pour moi. Comme ça, dans des années, quand je m'achèterai des romans sans me dire "Chic, je pourrai le lire dans onze mois, l'été prochain", quand je m'autoriserai à revoir des films que j'ai déjà vus sans être horrifiée par le temps perdu, je me souviendrai du jour où pour la première fois, j'ai vu la lumière au bout du tunnel...

7 commentaires:

  1. Enjoy ma grande :-)
    Ça nous a fait un peu ça cet été .....Premières vacances sans enfant depuis 15 ans;

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  2. ... et du coup, vous en profitez pour faire quoi ? Venir chez moi avec ma tribu ! Soit tu es cinglée, soit tu es une amie très dévouée [insérer ici un smiley avec plein de cœurs].

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    1. Oui, vu sous cet angle, ça semble tout à fait étrange ....

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  3. Ah mais alors tu es mure pour le 5ème...
    Ok je sors!

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  4. Bientôt, tu auras également à jongler avec les activités extra-scolaires des uns et des autres...
    Alors profite bien !

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  5. Connaissez-vous l'expression "valse-hésitation" ? J'avais déjà rencontré cette expression et je la trouvais très jolie jusqu'au jour où je l'ai physiquement comprise. Nous avions un appartement avec une entrée immense qui nous servait de salle-à-manger et dans laquelle donnaient toutes les autres pièces. J'étais plantée là, faisant deux pas en direction de ma chambre-bureau parce qu'il fallait VRAIMENT que je poste mon travail le soir même (c'était à l'époque comme dirait Mr Thing, c'est-à-dire quand on postait son travail à la poste), puis deux pas en direction de la cuisine en me maudissant d'avoir prévu un pot-au-feu pour le dîner et en me remaudissant de ne pas avoir commencé la cuisson en même temps que je déjeunais debout, puis deux pas en direction de la chambre des enfants parce que le plus urgent était certainement de voir les leçons et devoirs à faire et les* inciter vivement à se mettre au travail.
    Aujourd'hui, quand quelqu'un de bien intentionné me fait remarquer que je pourrais gagner du temps si je faisais de telle façon pour faire telle chose, ma réponse est toujours la même : le bonheur d'être à la retraite c'est de pouvoir prendre et même perdre son temps.

    * Incorrect du point de vue de la syntaxe (les ne peut pas grammaticalement représenter les enfants) mais comme dirait Raymond Queneau :" Mon frère, son vélo, y'a ses freins qui déconnent."

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    1. Je n'ai aucun mal à visualiser la scène. Mais vraiment aucun !

      Hélas, moi, la retraite, ce n'est pas pour demain, vu que j'ai commencé ce métier pour de bon vers 30 ans...
      (Oui, moi aussi j'utilise une syntaxe à la Queneau) (mais pas dans mes traductions, je vous rassure)

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