lundi 3 octobre 2016

Nuit Blanche

— Ce soir, on va aller à Nuit Blanche ! ai-je annoncé samedi matin aux enfants.
— C'est vrai ? s'est écrié Mr Thing Two, enchanté. On ne va pas dormir pendant toute la nuit ?

Je reconnais que l'annonce était trompeuse. Non, je n'ai pas emmené mes gamins faire la tournée des bars branchés jusqu'à l'aube : j'ai simplement voulu profiter de l'opération Nuit Blanche, cette nuit pendant lesquelles, une fois par an, des œuvres d'art éphémères sont disséminées dans Paris. Quand le Grand était fils unique, nous y allions systématiquement, et il se souvient encore de cette soirée pas comme les autres, où on se couchait tard après avoir vu des centaines de parapluies rouges alignés sur une pelouse, des chats fantomatiques somnambules, ou un bus dressé à la verticale, prêt à foncer vers le ciel étoilé.


En 2007

Mais depuis quelques années, nous n'avions plus eu l'occasion d'y retourner. Cette fois, j'ai estimé que les petits étaient devenus suffisamment âgés pour profiter du spectacle et pour ne pas trop pâtir de se coucher à 22h30, donc nous y sommes allés tous ensemble après avoir rejoint Darling à la sortie de son boulot.

Sauf que pendant que je grossissais, que j'enfantais, que j'allaitais et que je pouponnais, le temps a passé, et visiblement, l'opération a pris de l'ampleur. Il est loin, le temps où nous allions d'une installation à l'autre tranquillement, au gré de nos envies, et en faisant tout au plus la queue pendant deux ou trois minutes lorsqu'il fallait entrer dans une cour ou tout autre lieu clos. Il y a sans doute de plus en plus de choses à voir, mais aussi de plus en plus de gens qui veulent en profiter, et cela commence à ressembler dangereusement à la fête des lumières de Lyon, victime de son succès, où tout est incroyablement bondé au point qu'il faut patienter parfois une demi-heure pour entrer sur une place pourtant grande comme un terrain de foot.

Pourquoi pas ? Des œuvres de plus en plus grandioses et donc coûteuses, de plus en plus de monde pour les admirer, c'est logique. Mais alors il faut en tirer des conclusions, proposer plusieurs circuits différents afin que la foule se répartisse, déconseiller aux parents d'emmener leurs jeunes enfants, et surtout rendre les rues piétonnes le temps de l'opération, pour que nul ne soit obligé de marcher sur la chaussée au milieu des véhicules parce que les trottoirs sont envahis par les badauds qui font la queue.



Des visages grimaçants et des corps torturés sur les vitres
de la façade arrière de l'Hôtel de Ville...




Des lueurs vertes et des grondements mystérieux
sous et sur le Pont des Arts...
Conclusion ? Des six ou sept choses que nous avions espéré voir ce soir-là, nous n'avons pu en admirer que trois, parce qu'attendre une demi-heure ou plus pour pénétrer enfin dans la cour de l'Hôtel-Dieu, ce n'était pas envisageable. Et heureusement que nous étions trois adultes (en comptant le Grand) pour autant de petits, car sinon, je ne vois pas comment nous aurions pu éviter d'en perdre un. Mais ne boudons pas notre plaisir : il y avait tout de même de quoi impressionner des jeunes enfants, et même des grands, donc nous ne regrettons pas notre sortie !

Et de toute façon, Paris est si belle la nuit, que même hors Nuit Blanche,
cela vaut le coup d'oeil !

Avouez que quand on voit ça pour la première fois, ça fait de l'effet !

2 commentaires:

  1. Certes, cela en fait du monde 2 millions de visiteurs, oui oui vous avez bien lu; c’est la maissesse de Paris qui l’a dit :
    "Comme l'a encore démontré samedi dernier Nuit Blanche, qui a réuni sans incident plus de 2 millions de visiteurs, les rues de Paris sont aujourd'hui protégées à la hauteur des besoins".

    Nuit blanche pour « nuit debout » on n’est pas couché à Paris plage!
    C’est devenu trop marrant Paname depuis le règne Stupidilago, très bientôt, elle va probablement fermer le périph pour le donner aux naturistes pour Paris À Poil.

    Sinon une mention spéciale pour les « visages grimaçants et des corps torturés sur les vitres
    de la façade arrière de l'Hôtel de Ville ».on ne pouvait trouver mieux comme allégorie…

    Kim Sanjoyaux

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  2. Je me souviens d'une des Fêtes des Lumières où une grande place avait accueilli un spectacle d'acrobates, en ouvrant l'accès à tout le monde mais en fermant les issues avec de hautes grilles, souvenir du Heysel, bonjour... Sous la poussée, il y aurait pu avoir un drame, on voyait des parents commencer à s'affoler et soutenir à bout de bras leurs poussettes au dessus de la foule. Maintenant les animations sont beaucoup mieux organisées, et je préfère 20mn d'attente avant un spectacle qu'une ruée désorganisée. Et puis il y a plein de mises en lumière qui ne nécessitent pas d'attente.
    Mais une seule nuit d'animation familiale et grand public pour une ville de la dimension de Paris, c'est un peu court, jeune homme, tout le monde va forcément se rendre au même endroit en même temps. Il faudrait étendre à plusieurs nuits pour réguler l'affluence.

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