Parfois, c'est difficile de jouer les Pollyanna. Par exemple quand :
- On vient de dormir moins de cinq heures pour la sixième nuit d'affilée ;
- On réalise que l'appartement ne se vendra pas avant l'été, qu'il va falloir garder le prêt-relais aux intérêts exorbitants quelques mois de plus, et baisser le prix de vente de manière conséquente à la rentrée, en espérant que ça suffise dans ce contexte de crise immobilière ;
- On vient de recevoir une lettre de la Petite enfance de notre future banlieue qui nous annonce que le Filou n'aura pas de place en crèche l'année prochaine ;
- On découvre semaine après semaine des nouvelles choses à faire dans la nouvelle maison, à tel point qu'on se demande à quoi vont ressembler les premiers jours/mois après le déménagement, et aussi combien ça va coûter ;
- On est de plus en plus en retard sur la traduction en cours, sans même parler des albums, fiches de lecture et autre ;
- On enchaîne les disputes conjugales parce que les corvées sont trop nombreuses, les enfants trop difficiles, les sorties et loisirs trop rares.
Alors on se fait un bon thé un peu plus sucré que d'habitude, on pense aux futures vacances avec des amies, on rêve au triporteur qu'on va bientôt acheter, on fait des petits gâteaux, on prévoit un dîner entre sœurs, on commence à programmer un potager dans le futur jardin, on se délecte à l'idée de lire bientôt le troisième volume d'une trilogie très appréciée, et surtout, comme toujours, on se rappelle que tout va bien, qu'on n'a pas des vrais problèmes d'argent, qu'on n'a pas des enfants vraiment difficiles, qu'on n'a pas de vrais problèmes de couple... Allez, une gorgée de thé, et ça repart.
La vie d'une traductrice, mère célibataire de famille nombreuse
mardi 11 juin 2013
dimanche 9 juin 2013
Motte anticonformiste
D'abord, les ouvriers ont creusé la terre, l'été dernier. Ensuite, ils ont fait le mur pour soutenir la nouvelle terrasse. Quand ils ont terminé, ils ont remis de la terre, et ils sont partis.
Et puis l'herbe a poussé, et puis l'hiver est venu, et puis la pluie et la neige ont tassé la terre, qui s'est affaissée peu à peu. Mais une motte s'était prise d'affection pour son pan de mur, et a refusé de suivre le mouvement...

samedi 8 juin 2013
Concombre insupportable
— Mr Thing Two, sors de la cuisine !
— Non.
— Si. Obéis. Tout de suite.
— Ah, mais t'es pu sortab' !
Pardon ? Je ne suis plus sortable ? Ah, non, j'ai compris :
— Je suis insupportable ?
— Oui !
J'ai envie de glousser, mais j'essaie de ne pas trop le montrer :
— Espèce de sale gosse insupportable toi-même !
— Non, c'est toi ! Concombre insupportab' !
J'avoue, j'ai craqué. J'ai ri. On ne me l'avait encore jamais faite, celle-là.
— Non.
— Si. Obéis. Tout de suite.
— Ah, mais t'es pu sortab' !
Pardon ? Je ne suis plus sortable ? Ah, non, j'ai compris :
— Je suis insupportable ?
— Oui !
J'ai envie de glousser, mais j'essaie de ne pas trop le montrer :
— Espèce de sale gosse insupportable toi-même !
— Non, c'est toi ! Concombre insupportab' !
J'avoue, j'ai craqué. J'ai ri. On ne me l'avait encore jamais faite, celle-là.
Attentionné
Le Filou est plein d'attentions charmantes : il a attendu mon retour pour enchaîner les mauvaises nuits et les poussées de fièvre (otite ? angine ? autre ?).
C'est gentil, non ?
Je veux dire gentil envers Darling, bien entendu...
C'est gentil, non ?
Je veux dire gentil envers Darling, bien entendu...
vendredi 7 juin 2013
Trois jours de pré-vacances
Alors, d'abord, comme ceux qui ont lu mon bref message d'hier l'ont certainement deviné, j'ai pris le train. J'avais des choses très importantes à faire dans la maison où nous allons passer tout l'été en famille, et je n'avais que trop tardé. Des démarches, des travaux, des préparatifs pour que tout soit à peu près correct lors de notre arrivée. Dimanche, après avoir mis les gamins à la sieste, je me suis donc éclipsée. Sur le seuil de la porte, un Darling malheureux comme les pierres m'a lancé :
— Tu es sûre que tu as vraiment besoin d'y aller, ou c'est juste pour t'évader ?
Le vilain.
Avec ma valise bourrée de boulot accompagnés de deux ou trois T-shirts, je suis montée dans mon train, en première classe. Oui, j'avais pris mon billet très tôt, et la différence de prix était négligeable, donc je m'étais dit que j'allais en profiter. Je me suis assise à ma place isolée avec un grand soupir d'aise, et j'ai sorti ma traduction à relire et mon stylo rouge. Et aussi un châle plié pour faire office d'oreiller, en cas de petit somme fort probable (j'avais passé une mauvaise nuit, encore).
Juste à côté de moi, de l'autre côté de l'allée, s'est installé une famille.
Une femme avec sa mère, son père, sa soeur, sa nièce d'une quinzaine d'années, son mari...
... et sa fille de quatre ou cinq ans.
Italienne, la famille.
J'ai sorti aussi des boules quiès. J'étais fière de moi. J'avais tout prévu.
Sauf que non, j'avais oublié la batte de baseball.
Pendant les quatre heures qui ont suivi, je n'ai pas dormi, ni travaillé. Pendant ces quatre heures, la gamine a chahuté. Elle a chanté de sa voix suraiguë, elle a plaisanté avec les membres de sa famille, elle a joué à sauter comme une grenouille dans l'allée entre les sièges, à dix centimètres de moi. Malgré mes boules quiès, j'entendais chacun des mots qu'elle braillait. Fatiguée, je m'endormais malgré moi, et j'étais réveillée en sursaut par un éclat de voix. Aucun des six adultes qui accompagnaient la petite n'a eu l'air de trouver ça anormal. Tout au plus lui lançaient-ils un "Moins fort, ma chérie" sans aucune conviction si vraiment je sursautais trop violemment. Personne ne lui a raconté de livre. Personne ne lui a mis un DVD. Personne ne lui a fait écouter de la musique. Personne ne lui a chanté une berceuse. Personne ne l'a emmenée se défouler dans le sas entre les wagons. Personne ne l'a pris sur les genoux pour regarder par la fenêtre, "Oh, tu as vu, une vache ! Oh, une maison, là-bas ! Oh, ça alors, un arbre !"
Et dire que moi, on m'avait fait une remarque parce que j'avais mis un film muet à mes gamins pour les faire taire et qu'ils riaient, pendant que Darling promenait le bébé.
Bref.
Au bout de quatre heures, un siège à quelques mètres de là s'est libérée, et j'ai changé de place. J'entendais encore tout ce que disait la môme, mais moins fort. J'ai pu commencer la relecture de mon manuscrit.
C'est à ce moment-là que mon voisin de devant s'est mis à passer des coups de fil depuis son siège, dont le fameux "Oui, c'est pour te dire que j'arrive dans une heure".
La prochaine fois, j'y vais à pied.
Le reste du voyage s'est bien passé. Après une étape chez une amie, je suis arrivée à destination le lundi matin. Dans les trois jours qui ont suivi, j'ai changé des lits de place (les Things vont dormir dans des "vrais lits", maintenant), pris des mesures pour commander d'autres meubles, mis quelques petites choses au clair avec mes voisins qui ont planté des oignons au beau milieu des rosiers de feu ma grand-mère et des pommes de terre entre les lys et la lavande, retrouvé mes clefs (je les avais donné à une femme de ménage, qui les avait données au boucher, pour qu'il les donne à son frère, qui devait les donner à sa femme qui s'est découverte lesbienne et voulait quitter son mari pour habiter quelques mois chez moi avec ses trois enfants, sauf qu'elle y a renoncé, donc elle les a donné à mon intendant, qui me les a redonnées, de sorte que j'ai pu les redonner à la femme de ménage), et j'ai même réussi à payer une taxe que m'avait réclamée la mairie. J'y suis allée le mardi matin, avec mon chéquier. Mais la mairie n'acceptait pas les chèques. Un virement, alors ? Non plus. Du liquide ? Pas plus. Alors quoi ? Faut aller payer à la poste, juste en-dessous de la mairie, avec le TIP (ou équivalent). Ah, mais je n'ai pas pris le TIP, il est resté à Paris. Alors je vais vous le réimprimer. Tout de suite ? Ah, non, pour demain. Le lendemain, le TIP est prêt. Bon, alors je vais à la poste, maintenant ? Ah non, elle n'ouvre qu'un jour sur deux, il fallait y aller hier. Mais vous n'aviez pas le temps d'imprimer le TIP, hier. Alors faudra y aller demain. Mais je pars ce soir ! Ah bon, alors il faut aller à la poste du village voisin. Voiture. Poste du village voisin. Ordinateur en panne, revenez demain. Je peux pas, demain ! Alors attendez une heure. Vous n'êtes pas pressée, dites ? Non, pensez-vous...
Quand j'ai terminé les rangements et les formalités administratives, j'ai réglé des détails, fait des lessives, et puis travaillé un peu, quand même. En mangeant des cerises. Sur la terrasse avec une vue magnifique. Au soleil.
— Heureusement que je suis venue, ai-je dit le dernier soir à Darling, au téléphone. J'ai préparé la chambre des enfants, je suis allée à la mairie, j'ai acheté une veilleuse, j'ai rangé les draps, j'ai changé le siège des toilettes, j'ai balayé la maison...
— Et n'aurait pas pu faire tout ça en arrivant, en juillet ?
Le gros vilain.
(Bien sûr que si, on aurait pu, en fait.)
Un kilo de cerises, un kilo de fraises, un melon et quatre plats de pâtes fraîches plus tard, après deux grasses matinées jusqu'à huit heures, deux couchers de soleil magnifiques, un orage pluvieux qui a rendu la terre merveilleusement odorante, un roman palpitant, quelques cappuccini, quelques heures de traduction sans stress, une grande balade nocturne en ville avec une amie, et un voyage de retour sans histoire ni sale môme, je suis revenue avec l'impression d'être partie trois semaines en vacances.
Et puis au retour, j'ai trouvé : un bac à linge sale qui débordait jusque dans la couloir ; un bébé qui s'est réveillé trois fois pendant la nuit ; du boulot en retard ; un déménagement à préparer ; une chambre d'enfants dans un désordre tel qu'on ne pouvait plus circuler ; un frigidaire complètement vide ; un Grand qui tempêtait parce qu'on n'avait pas encore fait les cartons d'invitation pour son anniversaire ; une future cuisine en chantier avec un plan de travail qui a été mal découpé ; un gamin dans un pantalon qui ne lui appartenait pas, probablement prêté par la crèche ; trois colis et une lettre recommandée à retirer chez le gardien...
Si je pouvais, j'y retournerais tout de suite, tiens. Quitte à reprendre le train avec la famille italienne !
— Tu es sûre que tu as vraiment besoin d'y aller, ou c'est juste pour t'évader ?
Le vilain.
Avec ma valise bourrée de boulot accompagnés de deux ou trois T-shirts, je suis montée dans mon train, en première classe. Oui, j'avais pris mon billet très tôt, et la différence de prix était négligeable, donc je m'étais dit que j'allais en profiter. Je me suis assise à ma place isolée avec un grand soupir d'aise, et j'ai sorti ma traduction à relire et mon stylo rouge. Et aussi un châle plié pour faire office d'oreiller, en cas de petit somme fort probable (j'avais passé une mauvaise nuit, encore).
Juste à côté de moi, de l'autre côté de l'allée, s'est installé une famille.
Une femme avec sa mère, son père, sa soeur, sa nièce d'une quinzaine d'années, son mari...
... et sa fille de quatre ou cinq ans.
Italienne, la famille.
J'ai sorti aussi des boules quiès. J'étais fière de moi. J'avais tout prévu.
Sauf que non, j'avais oublié la batte de baseball.
Pendant les quatre heures qui ont suivi, je n'ai pas dormi, ni travaillé. Pendant ces quatre heures, la gamine a chahuté. Elle a chanté de sa voix suraiguë, elle a plaisanté avec les membres de sa famille, elle a joué à sauter comme une grenouille dans l'allée entre les sièges, à dix centimètres de moi. Malgré mes boules quiès, j'entendais chacun des mots qu'elle braillait. Fatiguée, je m'endormais malgré moi, et j'étais réveillée en sursaut par un éclat de voix. Aucun des six adultes qui accompagnaient la petite n'a eu l'air de trouver ça anormal. Tout au plus lui lançaient-ils un "Moins fort, ma chérie" sans aucune conviction si vraiment je sursautais trop violemment. Personne ne lui a raconté de livre. Personne ne lui a mis un DVD. Personne ne lui a fait écouter de la musique. Personne ne lui a chanté une berceuse. Personne ne l'a emmenée se défouler dans le sas entre les wagons. Personne ne l'a pris sur les genoux pour regarder par la fenêtre, "Oh, tu as vu, une vache ! Oh, une maison, là-bas ! Oh, ça alors, un arbre !"
Et dire que moi, on m'avait fait une remarque parce que j'avais mis un film muet à mes gamins pour les faire taire et qu'ils riaient, pendant que Darling promenait le bébé.
Bref.
Au bout de quatre heures, un siège à quelques mètres de là s'est libérée, et j'ai changé de place. J'entendais encore tout ce que disait la môme, mais moins fort. J'ai pu commencer la relecture de mon manuscrit.
C'est à ce moment-là que mon voisin de devant s'est mis à passer des coups de fil depuis son siège, dont le fameux "Oui, c'est pour te dire que j'arrive dans une heure".
La prochaine fois, j'y vais à pied.
Le reste du voyage s'est bien passé. Après une étape chez une amie, je suis arrivée à destination le lundi matin. Dans les trois jours qui ont suivi, j'ai changé des lits de place (les Things vont dormir dans des "vrais lits", maintenant), pris des mesures pour commander d'autres meubles, mis quelques petites choses au clair avec mes voisins qui ont planté des oignons au beau milieu des rosiers de feu ma grand-mère et des pommes de terre entre les lys et la lavande, retrouvé mes clefs (je les avais donné à une femme de ménage, qui les avait données au boucher, pour qu'il les donne à son frère, qui devait les donner à sa femme qui s'est découverte lesbienne et voulait quitter son mari pour habiter quelques mois chez moi avec ses trois enfants, sauf qu'elle y a renoncé, donc elle les a donné à mon intendant, qui me les a redonnées, de sorte que j'ai pu les redonner à la femme de ménage), et j'ai même réussi à payer une taxe que m'avait réclamée la mairie. J'y suis allée le mardi matin, avec mon chéquier. Mais la mairie n'acceptait pas les chèques. Un virement, alors ? Non plus. Du liquide ? Pas plus. Alors quoi ? Faut aller payer à la poste, juste en-dessous de la mairie, avec le TIP (ou équivalent). Ah, mais je n'ai pas pris le TIP, il est resté à Paris. Alors je vais vous le réimprimer. Tout de suite ? Ah, non, pour demain. Le lendemain, le TIP est prêt. Bon, alors je vais à la poste, maintenant ? Ah non, elle n'ouvre qu'un jour sur deux, il fallait y aller hier. Mais vous n'aviez pas le temps d'imprimer le TIP, hier. Alors faudra y aller demain. Mais je pars ce soir ! Ah bon, alors il faut aller à la poste du village voisin. Voiture. Poste du village voisin. Ordinateur en panne, revenez demain. Je peux pas, demain ! Alors attendez une heure. Vous n'êtes pas pressée, dites ? Non, pensez-vous...

— Heureusement que je suis venue, ai-je dit le dernier soir à Darling, au téléphone. J'ai préparé la chambre des enfants, je suis allée à la mairie, j'ai acheté une veilleuse, j'ai rangé les draps, j'ai changé le siège des toilettes, j'ai balayé la maison...
— Et n'aurait pas pu faire tout ça en arrivant, en juillet ?
Le gros vilain.
(Bien sûr que si, on aurait pu, en fait.)
Un kilo de cerises, un kilo de fraises, un melon et quatre plats de pâtes fraîches plus tard, après deux grasses matinées jusqu'à huit heures, deux couchers de soleil magnifiques, un orage pluvieux qui a rendu la terre merveilleusement odorante, un roman palpitant, quelques cappuccini, quelques heures de traduction sans stress, une grande balade nocturne en ville avec une amie, et un voyage de retour sans histoire ni sale môme, je suis revenue avec l'impression d'être partie trois semaines en vacances.
Et puis au retour, j'ai trouvé : un bac à linge sale qui débordait jusque dans la couloir ; un bébé qui s'est réveillé trois fois pendant la nuit ; du boulot en retard ; un déménagement à préparer ; une chambre d'enfants dans un désordre tel qu'on ne pouvait plus circuler ; un frigidaire complètement vide ; un Grand qui tempêtait parce qu'on n'avait pas encore fait les cartons d'invitation pour son anniversaire ; une future cuisine en chantier avec un plan de travail qui a été mal découpé ; un gamin dans un pantalon qui ne lui appartenait pas, probablement prêté par la crèche ; trois colis et une lettre recommandée à retirer chez le gardien...
Si je pouvais, j'y retournerais tout de suite, tiens. Quitte à reprendre le train avec la famille italienne !
jeudi 6 juin 2013
Fusillade virtuelle
On devrait fusiller sans jugement les gens qui téléphonent dans le train pour dire "Oui, allô, je suis à Bordeaux, j'arrive à Toulouse dans deux heures". Soit à l'heure indiquée sur le billet qu'ils ont acheté un mois plus tôt, quoi.
(Ça marche aussi avec Lyon et Chambery, hein.)
Ah, et aussi ceux qui prennent le train avec des gamins bavards et remuants. Les salauds.
dimanche 2 juin 2013
Descente de lit
Nous venions de coucher les enfants, quelques minutes plus tôt. Le calme régnait dans la chambre des Things. Enfin, le calme habituel, quoi. Ils rigolaient, chahutaient, se lançaient des trucs d'un lit à l'autre, bavardaient, ce genre de choses, mais ils ne hurlaient pas, ne se disputaient pas, ne jouaient pas à déplacer leurs lits à barreaux en les secouant, n'arrachaient pas les rideaux, donc on peut parler de calme.
Darling comatait devant la télé, et je bossais, comme d'habitude. Ou je faisais semblant.
Soudain, nous avons entendu un grand crac !
Parents figés, oreilles dressées, muscles tendus. Prêts à bondir.
Dans la chambre, silence. Pas de hurlements, ni rien. Même plus de bavardage.
Pour le coup, on s'inquiète.
Et puis une petite voix qui s'élève :
— Oh, t'as cassé le lit, Lila !
HEIN ?
Une demi-seconde plus tard, il a bien fallu nous rendre à l'évidence. Mr Thing Two s'exprime désormais tout à fait correctement. Sa soeur avait bel et bien cassé son lit, ou plus exactement son sommier, à force de sauter dessus à pieds joints. Pas une petite latte chétive, non : carrément le cadre du sommier, un gros machin en bois massif. Brisé en deux.
Debout sur son matelas enfoncé dans le trou, la gamine constatait, penaude, qu'elle s'était rapproché du sol de quinze bons centimètres.
On passe rapidement en revue toutes les solutions possibles. Lit parapluie ? Sauf qu'il est dans la chambre du Filou que je ne veux surtout pas réveiller, et puis je n'ai aucune confiance, elle va le démolir. Matelas par terre ? Hors de question, elle va se relever dans la seconde ; elle ne le ferait peut-être pas si elle était toute seule, mais encouragée par son jumeau... Tasseau, bricolage, pour que ça tienne encore un mois, jusqu'au déménagement et aux lits de "grands" ? Pas à 21h30, merci.
Finalement, pendant que Mr Thing Two sermonnait très sérieusement sa sœur ("C'est pas bien, Lila ! Faut pas casser le lit ! Maman pas contente ! Oh, rega'de ! L'est tout cassé, maintenant !) (discours particulièrement cocasse quand on sait que c'est lui, de très loin, le plus chahuteur des deux), j'ai tout simplement fait une grosse pile de dictionnaires sous le sommier brisé, ce qui a permis au matelas de retrouver provisoirement son horizontalité. Et pendant qu'ils s'endormaient enfin, je me suis dit que les "vrais livres" avaient tout de même quelques atouts par rapport aux gadgets modernes. Vous vous imaginez caler un meuble, rehausser un gamin sur une chaise ou improviser un escabeau de fortune avec une pile de liseuses ou de tablettes électroniques, dites ?
Darling comatait devant la télé, et je bossais, comme d'habitude. Ou je faisais semblant.
Soudain, nous avons entendu un grand crac !
Parents figés, oreilles dressées, muscles tendus. Prêts à bondir.
Dans la chambre, silence. Pas de hurlements, ni rien. Même plus de bavardage.
Pour le coup, on s'inquiète.
Et puis une petite voix qui s'élève :
— Oh, t'as cassé le lit, Lila !
HEIN ?
Une demi-seconde plus tard, il a bien fallu nous rendre à l'évidence. Mr Thing Two s'exprime désormais tout à fait correctement. Sa soeur avait bel et bien cassé son lit, ou plus exactement son sommier, à force de sauter dessus à pieds joints. Pas une petite latte chétive, non : carrément le cadre du sommier, un gros machin en bois massif. Brisé en deux.
Debout sur son matelas enfoncé dans le trou, la gamine constatait, penaude, qu'elle s'était rapproché du sol de quinze bons centimètres.
On passe rapidement en revue toutes les solutions possibles. Lit parapluie ? Sauf qu'il est dans la chambre du Filou que je ne veux surtout pas réveiller, et puis je n'ai aucune confiance, elle va le démolir. Matelas par terre ? Hors de question, elle va se relever dans la seconde ; elle ne le ferait peut-être pas si elle était toute seule, mais encouragée par son jumeau... Tasseau, bricolage, pour que ça tienne encore un mois, jusqu'au déménagement et aux lits de "grands" ? Pas à 21h30, merci.
Finalement, pendant que Mr Thing Two sermonnait très sérieusement sa sœur ("C'est pas bien, Lila ! Faut pas casser le lit ! Maman pas contente ! Oh, rega'de ! L'est tout cassé, maintenant !) (discours particulièrement cocasse quand on sait que c'est lui, de très loin, le plus chahuteur des deux), j'ai tout simplement fait une grosse pile de dictionnaires sous le sommier brisé, ce qui a permis au matelas de retrouver provisoirement son horizontalité. Et pendant qu'ils s'endormaient enfin, je me suis dit que les "vrais livres" avaient tout de même quelques atouts par rapport aux gadgets modernes. Vous vous imaginez caler un meuble, rehausser un gamin sur une chaise ou improviser un escabeau de fortune avec une pile de liseuses ou de tablettes électroniques, dites ?
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