J'ai l'impression d'être dans une barque qui prend l'eau. Constamment, le niveau de l'eau monte, monte, et menace de me noyer. Une seule solution : écoper. Pas d'échappatoire. Peut-être qu'il y a d'autres barques plus solides dans les parages, mais comment voulez-vous que je le sache ? Pour ça, il faudrait prendre le temps de lever le nez, de regarder autre chose que l'eau qui monte, d'examiner les alentours, de soupeser les options, de chercher le moyen d'aller rejoindre une autre barque. Pas le temps. Si je détourne le regard du fond de ma barque, je me noie. Alors j'écope. J'écope. J'écope. Parfois, dans un sursaut d'énergie ou de désespoir, j'écope avec tant de force et d'énergie que je commence à entrevoir le fond de la barque. Dans ces cas-là, bêtement, je relâche mes efforts, juste un peu, juste quelques heures ; je dors un peu plus, je lis quelque chose, je fais une autre activité qu'écoper. A chaque fois, je m'en mords les doigts. Mais de toute façon, c'est rare, car le plus souvent, l'eau est vraiment tout au bord du bateau, moi au bord de la noyade, et je sais que si je n'écope pas, c'est fini. Alors j'écope...
Peut-être que j'ai tort. Peut-être que je devrais arrêter, me croiser les bras. Peut-être que quelqu'un d'autre viendrait alors m'aider à écoper. Ou peut-être que je découvrirais que même si la barque coule, ce n'est pas très grave, car je sais nager. Peut-être qu'ensuite, ce serait beaucoup mieux. Mais rien n'est moins sûr. Si j'étais seule, je pourrais éventuellement courir le risque. Mais dans la barque, il y a des gamins qui ne m'ont jamais rien demandé, qui ont été embarqués malgré eux dans ce voyage. Je ne peux pas prendre le risque. Donc j'écope. Parfois avec fatalité ; parfois presque gaiement, en me disant que j'aurais pu tomber sur une barque bien pire ; parfois dans l'angoisse la plus totale, à en perdre le sommeil. Mais je continue. Je ne m'arrête jamais.
J'écope.
(Je déménage dans deux semaines, j'ai une traduction à rendre pour il y a cinq jours, des fiches de lecture pour il y a deux mois, des gamins pas encore définitivement inscrits à l'école / au collège / chez une assistante maternelle, des cartons pas encore commencés, une cuisine pas encore montée, des meubles pas encore livrés, une pile monstrueuse de fomalité administratives urgentes à expédier, et un bébé qui a la varicelle. Mais j'y crois, j'y crois. J'écope. On y arrivera. Je finirai même par recommencer à dormir...)
La vie d'une traductrice, mère célibataire de famille nombreuse
jeudi 20 juin 2013
mardi 18 juin 2013
Tendons l'oeil !
Quand je vous disais qu'il écrit mal, cet auteur...
Franchement, ça m'a fait mal aux oreilles de lire ça...
L’œil acéré de Gina vit les snipers postés sur le toit du stade et entendit le ronronnement de l'hélicoptère qui passait à intervalles réguliers au-dessus de la scène.
Franchement, ça m'a fait mal aux oreilles de lire ça...
lundi 17 juin 2013
Trois heures de dédicaces
Hier, j'étais invitée au Salon du Livre d'une banlieue lointaine. J'avais dû promettre d'y aller faire des dédicaces (gratuitement) après avoir été invitée à des rencontres (rémunérées) avec des élèves des collèges de la ville.
Sauf que j'ai une petite expérience des séances de dédicaces pour avoir accompagné bon nombre d'auteurs dans ce genre d'exercice. Et je sais parfaitement que quand on n'est pas un auteur vraiment célèbre, on passe la plupart de son temps à regarder ses mains et jouer avec son stylo.
J'avais donc promis de venir, mais seulement trois heures, et pas la journée entière, comme les organisateurs me le demandaient, ces cinglés.
J'ai bien fait. En trois heures, j'ai dédicacé trois livres. Un par heure.
Il faut croire que je ne suis pas vraiment célèbre.
(Franchement, moi-même, ça ne me viendrait pas à l'idée de me déplacer dans une librairie ou un salon quelconque pour faire dédicacer un bouquin par son auteur et encore moins par son traducteur, même si je l'ai beaucoup aimé. Pour les dessinateurs, c'est autre chose : ils font un petit crayonné ou même une véritable peinture à l'aquarelle, ça vaut le coup de venir les voir. Mais un vague "Pour Machin" suivi d'une signature illisible, quel est l'intérêt ?)
N'empêche. C'était sous une tente, dans un parc, et le soleil brillait. Le Grand est venu avec moi, et nous avons passé un bon moment à bavarder sur le trajet. J'ai acheté un livre de cuisine que je désirais depuis longtemps mais que je n'avais jamais réussi à voir en vrai. J'ai discuté longuement avec ma voisine de table, une auteure connue (même si elle n'a fait que sept ou huit dédicaces en trois heures, donc guère mieux) dont j'aimais beaucoup les romans quand j'étais petite. Le Grand et moi avons eu droit à un très bon déjeuner consommé sur des tables dressées directement sur l'herbe, dans un coin calme et très agréable. Et les organisateurs avaient préparé un petit panier-cadeau pour tous les auteurs invités, contenant des grissini, des chocolats, de l'huile pimentée et du nougat – un choix un peu étonnant, mais qui me convient très bien. Ah, et puis surtout, pendant plus de quatre heures (en comptant le trajet), j'ai abandonné les mômes entre les mains de leur père.
Ça valait bien trois "16 juin 2013, pour Nina/Mathieu/Roxane, bonne lecture, Fofo", non ?
Sauf que j'ai une petite expérience des séances de dédicaces pour avoir accompagné bon nombre d'auteurs dans ce genre d'exercice. Et je sais parfaitement que quand on n'est pas un auteur vraiment célèbre, on passe la plupart de son temps à regarder ses mains et jouer avec son stylo.
J'avais donc promis de venir, mais seulement trois heures, et pas la journée entière, comme les organisateurs me le demandaient, ces cinglés.
J'ai bien fait. En trois heures, j'ai dédicacé trois livres. Un par heure.
Il faut croire que je ne suis pas vraiment célèbre.
(Franchement, moi-même, ça ne me viendrait pas à l'idée de me déplacer dans une librairie ou un salon quelconque pour faire dédicacer un bouquin par son auteur et encore moins par son traducteur, même si je l'ai beaucoup aimé. Pour les dessinateurs, c'est autre chose : ils font un petit crayonné ou même une véritable peinture à l'aquarelle, ça vaut le coup de venir les voir. Mais un vague "Pour Machin" suivi d'une signature illisible, quel est l'intérêt ?)
N'empêche. C'était sous une tente, dans un parc, et le soleil brillait. Le Grand est venu avec moi, et nous avons passé un bon moment à bavarder sur le trajet. J'ai acheté un livre de cuisine que je désirais depuis longtemps mais que je n'avais jamais réussi à voir en vrai. J'ai discuté longuement avec ma voisine de table, une auteure connue (même si elle n'a fait que sept ou huit dédicaces en trois heures, donc guère mieux) dont j'aimais beaucoup les romans quand j'étais petite. Le Grand et moi avons eu droit à un très bon déjeuner consommé sur des tables dressées directement sur l'herbe, dans un coin calme et très agréable. Et les organisateurs avaient préparé un petit panier-cadeau pour tous les auteurs invités, contenant des grissini, des chocolats, de l'huile pimentée et du nougat – un choix un peu étonnant, mais qui me convient très bien. Ah, et puis surtout, pendant plus de quatre heures (en comptant le trajet), j'ai abandonné les mômes entre les mains de leur père.
Ça valait bien trois "16 juin 2013, pour Nina/Mathieu/Roxane, bonne lecture, Fofo", non ?
samedi 15 juin 2013
Boomerang enterré
Je ne voudrais pas critiquer, mais l'auteur du roman que je suis en train de terminer de traduire laborieusement écrit comme un pied. Choix de vocabulaire contestable, retours à la ligne incessants pour donner l'illusion d'un rythme soutenu, métaphores douteuses...
La toute dernière phrase qui m'a fait tiquer :
La toute dernière phrase qui m'a fait tiquer :
C'était une histoire qu'il croyait ensevelie dans un passé lointain, mais qui lui revenait comme un boomerang par l'intermédiaire de cet inconnu.Je ne suis certes pas une spécialiste du boomerang, mais il me semble qu'on ne l'ensevelit pas, et que si on le faisait, il y aurait peu de chances qu'il revienne, je me trompe ?
Sûre et certaine
14h05. Le téléphone sonne. Nom d'un chien, quel est le [censuré] qui me téléphone un samedi à l'heure de la sieste ? Le Filou vient tout juste de s'endormir !
Je réponds, à voix basse.
— Allô ?
— Allô, vous êtes bien Madame Chèpukoimèpadutoufofo ?
(Ah ben voilà, c'est un faux numéro.)
— Non, ce n'est pas moi.
— Vous êtes sûre ?
...
(Maintenant que j'y repense, c'est une question plus profonde qu'il n'y paraît. Presque philosophique, en fait...)
Je réponds, à voix basse.
— Allô ?
— Allô, vous êtes bien Madame Chèpukoimèpadutoufofo ?
(Ah ben voilà, c'est un faux numéro.)
— Non, ce n'est pas moi.
— Vous êtes sûre ?
...
(Maintenant que j'y repense, c'est une question plus profonde qu'il n'y paraît. Presque philosophique, en fait...)
jeudi 13 juin 2013
Petites annonces d'assistantes maternelles
Le site de la mairie de ma future banlieue a une rubrique de petites annonces pour les parents qui cherchent des modes de garde pour leur enfant et pour les assistantes maternelles, baby-sitters ou autres qui cherchent des enfants à garder. Une fois un peu remise du refus de la crèche municipale à accueillir le Filou l'année prochaine (il m'a tout de même fallu deux jours pour avaler que les familles nombreuses n'étaient pas prioritaires là-bas, alors qu'elles le sont à Paris), je commence à éplucher les petites annonces laissées par les assistantes maternelles.
Il n'y en avait pas beaucoup à une distance raisonnable de chez moi, mais je me suis bien amusée tout de même à constater la diversité des annonces.
Il y a celle qui se veut tendre :
Je garde votre bibou (sic) avec d'autres boutchous, nous allons jouer à pleins de jeux rigolos et faire plein de balades !
Celle qui parle au nom des enfants qu'elle garde :
Notre copain est entré à la maternelle alors on veut un autre copain avec qui jouer chez notre tata, elle est très gentille et fait très bien la cuisine !
Celle qui fait des fautes à chaque mot :
Je suis asistante matèrnelle je cherches un bébé a gardé a partire de septambre contacté moi sil vous plais.
Celle qui est laconique :
Assistante maternelle agréée cherche enfant à garder.
Celle qui ne l'est pas :
Bonjour, je suis une assistante maternelle agréée avec trois ans d'expérience, j'habite dans un appartement de trois pièces dont l'une est entièrement consacrée aux enfants que je garde, j'ai 45 ans et je me suis reconverti dans ce métier après avoir été longuement intermittente du spectacle, je propose aux enfants des activités décalées (sic) : nourrir les canards, aller au marché, se promener dans le parc...
Celle qui s'est trompée de rubrique :
Maman d'un enfant de quatre ans, je cherche une baby-sitter pour aller chercher mon fils à l'école tous les jours à 16h30 et le garder jusqu'à 18h30.
Celle qui se veut professionnelle :
Assistante maternelle agréée depuis 12 ans, je cherche un enfant de plus de 18 mois à garder à partir de septembre prochain. Je suis membre d'un groupe de réflexion sur la petite enfance et formatrice à la PMI.
Celle qui écrit en majuscule :
BONJOUR JE SUIS ASSISTANTE MATERNELLE ET JE CHERCHE UN ENFANT DE PLUS DE 18 MOIS A GARDER EN COMPAGNIE DE DEUX AUTRES PETITS.
Celle qui ne tarit pas d'éloge à son propre sujet :
Gentille, sérieuse, attentionnée, bonne cuisinière, patiente mais ferme, je serai pour votre enfant une seconde mère !
... et plein d'autres encore.
Devinez laquelle j'ai appelé en premier ?
— Tu es une vraie snob, me reproche Darling. Qui te dit que celle qui fait plein de fautes ou celle qui parle du "bibou" ne sont pas à la fois adorables et compétentes ?
Il a raison. Il a raison.
(N'empêche.)
Il n'y en avait pas beaucoup à une distance raisonnable de chez moi, mais je me suis bien amusée tout de même à constater la diversité des annonces.
Il y a celle qui se veut tendre :
Je garde votre bibou (sic) avec d'autres boutchous, nous allons jouer à pleins de jeux rigolos et faire plein de balades !
Celle qui parle au nom des enfants qu'elle garde :
Notre copain est entré à la maternelle alors on veut un autre copain avec qui jouer chez notre tata, elle est très gentille et fait très bien la cuisine !
Celle qui fait des fautes à chaque mot :
Je suis asistante matèrnelle je cherches un bébé a gardé a partire de septambre contacté moi sil vous plais.
Celle qui est laconique :
Assistante maternelle agréée cherche enfant à garder.
Celle qui ne l'est pas :
Bonjour, je suis une assistante maternelle agréée avec trois ans d'expérience, j'habite dans un appartement de trois pièces dont l'une est entièrement consacrée aux enfants que je garde, j'ai 45 ans et je me suis reconverti dans ce métier après avoir été longuement intermittente du spectacle, je propose aux enfants des activités décalées (sic) : nourrir les canards, aller au marché, se promener dans le parc...
Celle qui s'est trompée de rubrique :
Maman d'un enfant de quatre ans, je cherche une baby-sitter pour aller chercher mon fils à l'école tous les jours à 16h30 et le garder jusqu'à 18h30.
Celle qui se veut professionnelle :
Assistante maternelle agréée depuis 12 ans, je cherche un enfant de plus de 18 mois à garder à partir de septembre prochain. Je suis membre d'un groupe de réflexion sur la petite enfance et formatrice à la PMI.
Celle qui écrit en majuscule :
BONJOUR JE SUIS ASSISTANTE MATERNELLE ET JE CHERCHE UN ENFANT DE PLUS DE 18 MOIS A GARDER EN COMPAGNIE DE DEUX AUTRES PETITS.
Celle qui ne tarit pas d'éloge à son propre sujet :
Gentille, sérieuse, attentionnée, bonne cuisinière, patiente mais ferme, je serai pour votre enfant une seconde mère !
... et plein d'autres encore.
Devinez laquelle j'ai appelé en premier ?
— Tu es une vraie snob, me reproche Darling. Qui te dit que celle qui fait plein de fautes ou celle qui parle du "bibou" ne sont pas à la fois adorables et compétentes ?
Il a raison. Il a raison.
(N'empêche.)
mercredi 12 juin 2013
Fourmis industrieuses
La semaine dernière, quand je suis allée dans la maison de feu ma grand-mère, j'ai constaté qu'il y avait des bouts de jardin où l'herbe n'avait pas repoussé après les travaux de la terrasse effectués l'été dernier. Puisque ça n'a pas trop mal marché dans ma nouvelle maison, j'ai donc décidé de réessayer de semer une pelouse à la volée, en faisant confiance à la pluie prévue le lendemain et les jours suivants pour l'aider un peu à pousser. Le soir, avant d'aller me coucher travailler, j'ai donc joyeusement éparpillé les graines sur la terre encore relativement molle, et j'ai même arrosé un peu, pendant que j'y étais.
Le lendemain matin, au réveil, je me suis rendu compte que je ne voyais déjà plus les graines. Chic, me suis-je dit, l'arrosage leur a permis de s'enfoncer dans la terre, c'est très prometteur !
J'étais donc toute contente, jusqu'à ce que je découvre ça :
(Cliquez sur la photo pour l'agrandir.)
Ont-elles trouvé que toutes ces graines un peu partout, ça faisait désordre ? Toujours est-il qu'en moins de douze heures, les fourmis avaient formé trois ou quatre gros tas rassemblant toutes les graines de ma future pelouse, qui ne risque donc pas de pousser, ou alors seulement dans une circonférence de dix centimètres autour de chaque tas.
Je n'aime pas les fourmis, tout comme je n'aime pas les insectes en général. Mais je dois avouer que j'ai été tellement impressionnée par l'énorme boulot accompli que je n'ai pas eu le courage de noyer les fourmilières ni rien du genre. Je leur ai souhaité bon appétit, et je suis repartie en levant bien haut les pieds...
Le lendemain matin, au réveil, je me suis rendu compte que je ne voyais déjà plus les graines. Chic, me suis-je dit, l'arrosage leur a permis de s'enfoncer dans la terre, c'est très prometteur !
J'étais donc toute contente, jusqu'à ce que je découvre ça :
(Cliquez sur la photo pour l'agrandir.)
Ont-elles trouvé que toutes ces graines un peu partout, ça faisait désordre ? Toujours est-il qu'en moins de douze heures, les fourmis avaient formé trois ou quatre gros tas rassemblant toutes les graines de ma future pelouse, qui ne risque donc pas de pousser, ou alors seulement dans une circonférence de dix centimètres autour de chaque tas.
Je n'aime pas les fourmis, tout comme je n'aime pas les insectes en général. Mais je dois avouer que j'ai été tellement impressionnée par l'énorme boulot accompli que je n'ai pas eu le courage de noyer les fourmilières ni rien du genre. Je leur ai souhaité bon appétit, et je suis repartie en levant bien haut les pieds...
Inscription à :
Articles (Atom)