lundi 30 septembre 2013

Tu seras une femme, ma fille (alors au boulot !)

Ce sont des membres de la famille de Darling que nous voyons très, très rarement, pour cause d'éloignement géographique. Ils sont arrivés les bras chargés de cadeaux pour les enfants. Des Lego "The Lord of the Ring" pour le Grand ; très bien, ça lui a bien plu. Une peluche pour le Filou ; nous en avons une quarantaine, mais une de plus ne peut pas faire de mal. Et puis deux grosses boîtes pour les Things :
– pour Mr Thing Two, une boîte de Lego Duplo, le commissariat. Très apprécié, bien trouvé, tout à fait de son âge, à combiner avec les autres Duplo que nous avons déjà : parfait.
– pour Miss Thing One, une poupée qui parle et qui rit, avec plein d'accessoires.

Soyons clairs : c'était adorable de la part de nos visiteurs, et je ne leur en veux absolument pas. N'empêche que ça m'a serré le cœur. Et je n'exagère pas : pour une fois, c'était de la tristesse et pas de la colère que j'ai ressenti. Oh, bien sûr, Miss Thing One était ravie de son nouveau jouet, et a beaucoup chatouillé la poupée pour l'entendre rire. N'empêche que ce message donné à cette petite fille qui n'a rien fait de mal si ce n'est naître avec un sexe féminin m'a réellement peinée. Pour son jumeau, un jouet de construction, de création, d'imagination ; un jouet qui offre des possibilités d'histoires infinies (il a déjà construit un "téléphone" en combinant des éléments éparpillés) ; un jouet auquel il jouera encore dans deux ans, peut-être même dans six ou sept, si j'en crois l'exemple du Grand. Pour elle, un "bébé" qui lui donne des ordres, qui alterne en boucle les "J'ai faim", les "Maman, où es-tu ?" et les "Il faut changer ma couche" (sic !). Un jouet qui l'entraîne à sa future vie de femme, c'est-à-dire d'être humain destiné à enchaîner les soins aux enfants et les corvées. Admettons, à aimer, aussi, à développer ses sentiments, sa "douceur naturelle" ; mais surtout pas à créer, à inventer, à utiliser son cerveau. Sans compter que ça m'étonnerait énormément que dans six ans, ou même dans six mois, ça l'amuse encore de changer la couche ou donner la béquée à cette hideuse blondinette bavarde.

Pourtant, je viens de vérifier, il y en a plein, des boîtes de Duplo "pour les filles", arborant de manière très visible la couleur réglementaire (rose, donc, les garçons ayant visiblement le monopole de toutes les autres couleurs, sauf éventuellement le violet) : l'écurie, la maison, le château de la princesse... Certes, le commissariat pour lui et le château de la princesse pour elle, ça m'aurait légèrement agacée ; mais au moins y aurait-il eu une certaine égalité, un encouragement similaire à faire preuve d'imagination.

Et après, on nous explique doctement que si les mères s'occupent davantage des bébés que les pères, c'est par "instinct maternel"...

vendredi 27 septembre 2013

Petit à petit, Fofo fait son nid





Allez, on a fait quoi... la moitié ?
(Des livres, hein, rien que des livres. Pour le linge, les vêtements et le bazar, on doit être à, heu... un quart du total ? Mais il faut avoir le sens des priorités !)

mercredi 25 septembre 2013

Une mère parfaite (pendant cinq minutes)

Tous les soirs, je vais récupérer les Things à l'école à 16h30 pour leur éviter d'aller au centre de loisirs et d'avoir des journées trop longues, et je leur donne leur goûter avant d'aller chercher le Filou dans la foulée. Et à chaque fois, en trimbalant mes gamins en triporteur sur une jolie petite route arborée et en les nourrissant de gâteaux fait maison, toujours différents, concoctés pendant ma pause déjeuner et apportés dans une jolie boîte à goûter (sans bisphénol), j'étouffe de fierté, et pendant cinq minutes, je me prends pour une mère parfaite.

Bien sûr, ensuite, je m'aperçois que la pluie menace de tomber alors que j'ai oublié leurs imperméables ; de retour à la maison, je les laisse jouer dans le jardin en feignant d'ignorer qu'ils sont en train de vider la poubelle, afin d'avoir la paix ; au dîner, je leurs sers des pâtes au jambon pour la quatrième fois en cinq jours, parce que le frigo est vide ou que je n'ai pas eu le temps de cuisiner des légumes ; après l'histoire du soir, je néglige de leur laver les dents parce qu'on les a déjà lavées hier et que franchement, un jour sur deux, ça suffit sûrement ; et même s'ils tombent de fatigue, je les couche à neuf heures et quart parce que malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à les mettre au lit plus tôt. Mais en fait, c'est fait exprès, tout ça. C'est pour leur bien. Tous les psys vous le diront, une mère qui place la barre trop haut, c'est terrible : ça vous donne des complexes à vie. Une mère parfaite cinq minutes par jour, c'est déjà bien assez, non ?

mardi 24 septembre 2013

Ça vous ennuie si je vous pique votre boulot ?

Email reçu hier :

Bonjour,
Je suis en deuxième année de master de traduction. J'ai vu sur le site de l'association des traducteurs que vous avez traduit un roman de Untel ; or, plusieurs de ses romans m'intéressent, et j'aimerais les traduire. Pouvez-vous me dire s'il y en a d'autres en cours de traduction ?
Merci d'avance,
Cordialement,
Petite Jeunette

Alors, alors, alors.

1- Je n'ai pas traduit UN roman de Untel. J'ai traduit TOUS les romans de Untel parus en France (donc une bonne douzaine de titres en tout, chez deux éditeurs différents), à l'exception d'une trilogie acheté par une grosse maison qui a négligé de faire appel à moi, et qui s'en est mordu les doigts (le roman est paru avec deux années de retard à cause de problèmes de traduction, ce qui m'a bien fait ricaner – je sais, c'est mesquin). Je suis donc quasiment la traductrice française officielle de cet auteur, que j'ai également rencontré à plusieurs reprises. Et aller dire à la traductrice d'un auteur qu'on aimerait bien marcher sur ses plates-bandes, c'est, comment dire... peu délicat.

2- Pour savoir si les droits d'un roman étranger auquel on s'intéresse sont libres, on ne s'adresse pas à une collègue qui ne peut pas tout savoir, quelle que soit sa bonne volonté : on s'adresse à la maison d'édition du pays d'origine, qui publie Untel dans sa langue originale, et qui sait forcément si les droits de La malédiction de la forêt des elfes maléfiques du crépuscule ont été vendus en France ou pas. Surtout que la vente de droits peut précéder de plusieurs mois la mise en traduction, et que le titre peut avoir été vendu à une maison d'édition différente de celle qui publiait cet auteur jusque là.

3- Quand trois maisons d'édition différente ont déjà publié un auteur étranger, il est assez naïf de croire qu'on va pouvoir leur présenter un autre roman de cet auteur, car si les éditeurs ont bien fait leur boulot, ils les ont déjà tous lus ou les ont fait lire par des lecteurs professionnels comme votre serviteuse, heu, votre servante, bref, moi. Donc de deux choses l'une : soit Le crépuscule maléfique des elfes de la forêt maudite a déjà été lu, apprécié, et acheté, ou est en passe de l'être ; soit il fait partie de ces romans d'Untel que les éditeurs français jugent moins bons, et qu'ils n'ont pas l'intention de faire traduire. En l'occurrence, c'est le cas, parce que La forêt crépusculaire des maléfiques elfes maudits est un premier roman où on ne reconnaît pas encore la "patte" d'Untel, en dehors de ses tics d'écriture plus appuyés que jamais. Et il a fait beaucoup mieux depuis.

Mais à part ça, bon courage quand même.

(En vrai je ne lui ai pas répondu tout ça, bien sûr. Enfin, disons que j'ai beaucoup résumé, et j'ai formulé les choses le plus gentiment possible, en lui disant que je restais à sa disposition si elle avait besoin d'autres informations ou conseils. Elle ne m'a pas répondu.)

vendredi 20 septembre 2013

Mousse au chocolat minute

Il me restait un peu de chocolat fondu utilisé pour glacer des biscuits. Trop peu pour pouvoir le réutiliser, mais trop pour laver la casserole sans état d'âme. J'avais très envie de le manger à la petite cuillère, encore tiède. Mais il y a des choses qui ne se font pas, et manger l'équivalent d'un demi-verre de chocolat fondu à la petite cuillère en fait partie. Pas bien. Trop riche. Écœurant. Mauvais pour la santé. Non. Pas le droit.

N'empêche que je ne pouvais pas jeter ça. Avant qu'il ne durcisse, j'ai donc ajouté au chocolat un peu de lait pour le refroidir ; puis j'ai monté un demi-verre de crème fleurette en chantilly pas trop sucrée avec mon Bamix (LE mixeur plongeant qui vous permet de fouetter même une petite quantité, et avec lequel vous obtenez une crème chantilly en moins de temps qu'il ne m'en a fallu pour écrire cette parenthèse). J'ai mélangé le tout, et j'ai obtenu une délicieuse mousse au chocolat.

Que j'ai dévorée illico.
Une mousse au chocolat, c'est autorisé, pas vrai ? Ça, on a le droit ?

Résumons : pour avoir meilleure conscience, au lieu d'un demi-verre de chocolat fondu, j'ai donc mangé un verre de mousse au chocolat confectionnée avec un demi-verre de chocolat + un demi-verre de crème fleurette, et un peu de sucre en prime.

Les diktats alimentaires, ça rend complètement idiot.

jeudi 19 septembre 2013

Eloge de Dropbox

Il y a quelques années, j'ai commencé à utiliser Dropbox. Vous connaissez ? C'est un des nombreux système de sauvegarde en ligne, ou "clouds", mais qui a une particularité : on peut créer le même dossier "dropbox" sur plusieurs ordinateurs différents, et à chaque fois qu'on y fait la moindre modification, leurs documents sont automatiquement synchronisés.
Je sens qu'il y a déjà des gens que j'ai perdus en route (ma grand-mère, par exemple) (bonjour Nony !), donc je vais vous parler de mon cas concret, ce sera plus clair.


Dans ma nouvelle maison, j'ai installé mon bureau au rez-de-chaussée, juste à côté du salon (en réalité, j'ai monopolisé ce qui aurait dû être la salle à manger). C'est bien pratique quand je suis seule : je peux surveiller un truc qui mijote sur le feu, aller rapidement ouvrir si on sonne à la porte, ce genre de choses. Mais le mercredi, maintenant que les Things sont à la maison, il m'est impossible de travailler dans cette pièce où je ne peux pas m'enfermer, juste à côté de la porte d'entrée, de la télévision, du jardin, etc. Je laisse alors Darling avec les mômes et je vais travailler dans ma chambre, au deuxième étage, sur un petit bureau d'appoint où réside désormais l'ordinateur portable qui me servait jusqu'ici uniquement pendant les vacances. Au moment de la sieste, je reviens sur mon "vrai" bureau, pour laisser Darling dormir dans la chambre sans subir le cliquetis du clavier. Après la sieste, si celle-ci se termine assez tôt, je remonte travailler dans la chambre. Et le soir, après avoir couché les enfants, je m'installe de nouveau au rez-de-chaussée, comme tous les soirs.
Si je devais à chaque fois sauvegarder ma traduction en cours sur une clé USB pour la transporter d'un ordinateur à l'autre, ou même simplement la télécharger sur un site de sauvegarde en ligne, ça m'agacerait vite. Sans compter qu'avec ce genre de manipulations, on finit toujours par découvrir avec horreur qu'on a remplacé la version la plus récente par la précédente au lieu de faire l'inverse, et qu'on a donc perdu trois heures de boulot.
Mais avec dropbox, pas de soucis ! A chaque fois que j'enregistre mon travail, l'autre ordinateur se met à jour ; dans la seconde qui suit s'il est allumé, et sinon, à l'allumage. Je peux changer d'ordinateur dix fois dans la même journée si je veux, sans la moindre difficulté : je retrouverai toujours ma traduction au point où j'en étais au moment où j'ai changé de pièce. Je pourrais même télécharger dropbox sur mon smartphone pour y avoir mes documents accessibles ; dans mon cas, ce serait un gadget, mais ça peut être utile à certains (attention, dans ce cas il faut vraiment faire attention à ne pas se faire piquer son téléphone.) Pratique, non ?

J'ai essayé d'expliquer mon enthousiasme à Darling, qui – disons-le comme ça – n'est pas un grand crac en informatique (par exemple, il n'a toujours pas compris le principe des onglets dans le navigateur, et s'obstine à me demander s'il peut fermer la page que je suis en train de consulter pour en ouvrir une autre). Il a vaguement compris le principe de Dropbox, mais tout ça reste très mystérieux pour lui. Tant et si bien qu'hier, alors que j'étais en train de travailler dans la chambre, il est venu me demander :
— Dis, je voudrais écrire un email avec l'ordinateur d'en bas, ça ne va pas te gêner ?
— Pardon ? Pourquoi veux-tu que ça me gène ?
— Eh bien, puisque les deux ordinateurs sont reliés, j'ai pensé que peut-être, ça t'empêcherait de consulter tes propres emails, ou quelque chose du genre...

Je crois qu'il s'imaginait que TOUT ce qu'il ferait sur l'un des deux ordinateurs apparaîtrait également sur l'autre. Pour ceux que l'idée séduirait, désolée de vous décevoir : Dropbox ne vous aidera pas à surveiller la correspondance électronique de votre conjoint. Mais ceux qui veulent juste se simplifier la vie quand ils doivent jongler entre plusieurs écrans ne seront pas déçus !

mercredi 18 septembre 2013

Je sèche (ou pas)

Depuis la rentrée, je pâtisse plus que jamais. En effet, les Things sortent désormais de l'école sans avoir pris leur goûter, comme le Grand, et j'ai donc une excellente excuse pour préparer des biscuits et gâteaux de toutes sortes. Et puis après avoir avalé mon déjeuner en deux temps trois mouvements, j'aime faire une pause de vingt minutes dans ma cuisine avant de replonger dans mon interminable traduction.

Hier, je tombe sur une recette dont je n'ai jamais entendu parler : la sèche franc-comtoise. Une sorte de pâte à tarte saupoudrée de sucre. La pâte est à préparer la veille : mon Kitchenaid a fait ça en deux minutes. Aujourd'hui, je ressors ma pâte, et je lis les instructions de cuisson (j'avais seulement retenu qu'il ne fallait que dix minutes ; cette histoire démontre l'importance de bien lire les recettes jusqu'au bout avant de se lancer) :
Séparer la pâte en six boules, les étaler dans six moules à tartes et les faire cuire au four 10 minutes.

Gloups.
Six moules à tarte ?
SIX moules à tarte ?
Qu'est-ce que c'est que ce délire ? Qui donc a six moules à tarte chez soi ?

Je suis descendue à la cave, où est désormais entreposé tout ce qui ne tient pas dans ma cuisine, j'ai cherché mes moules en bougonnant, et j'ai eu ma réponse.
Moi.
(Sept, même, en comptant un moule nettement plus petit que les autres – mais sans compter les moules à tartelettes.)


Ma mère, qui s'est occupée à elle toute seule de mettre tout le contenu de ma cuisine en cartons durant les deux jours précédent mon déménagement, n'avait peut-être pas tort quand elle disait que j'avais vraiment trop de choses...