Quand j'étais adolescente, c'était toujours ma mère qui me réveillait le matin. Sauf les mercredi, parce qu'elle était institutrice et ne travaillait pas ce jour-là, donc elle dormait un peu plus tard. Du coup, le mercredi, c'était mon père adoptif qui s'y collait, après avoir bu son café dans la cuisine en écoutant les infos à la radio.
A l'époque, je m'intéressais beaucoup à la politique, au point de regarder des émissions que je ne supporterais plus cinq minutes aujourd'hui. Alors un mercredi de novembre en 1992 (j'avais seize ans), quand mon père adoptif est venu me réveiller, avant même d'ouvrir les yeux, je lui ai demandé :
— C'est qui ?
— Mais voyons, c'est moi, ma chérie ! a-t-il répondu, un peu perplexe.
Il avait de bonnes raisons d'être étonné : je suis plutôt quelqu'un qui se réveille vite, jamais désorientée comme peuvent l'être certaines personnes qui ont besoin de plusieurs minutes avant de se rappeler comment ils s'appellent. Impatiente, j'ai insisté :
— Mais non ! C'est qui le nouveau président des États-Uni ?
— Ah ! C'est Clinton.
Pendant des années, ce "C'est qui" mal compris est resté une plaisanterie entre nous. Je pense qu'il s'en souvient encore. Alors ce matin, au lever, j'avais prévu de lui envoyer un texto avec exactement les mêmes mots, "C'est qui ?", pour qu'il me fasse la même réponse, "C'est Clinton".
Sauf que non.
Ce n'est peut-être pas la fin du monde – quoiqu'un climatosceptique à la tête du pays le plus puissant sur Terre pourrait sérieusement rapprocher celle-ci – mais j'ai énormément de mal à digérer cette nouvelle, non seulement d'un point de vue politique, mais aussi à cause de ce que cela nous apprend sur la nature humaine. Même si ça ne devrait pas m'étonner, bien sûr : dans le genre "ce que les gens apprécient chez moi, c'est que je m'en mets plein les poches comme ils voudraient le faire, et que je suis aussi égoïste et malhonnête et peu cultivé et sexiste et raciste qu'eux", il y en a eu d'autres, par exemple Berlusconi. Mais quand même, bon sang, quand même...
(Demain, une liste de pollyanneries, pour essayer de me remonter le moral)
La vie d'une traductrice, mère célibataire de famille nombreuse
mercredi 9 novembre 2016
mardi 8 novembre 2016
Deuxième année d'allemand pour le Grand
Le Grand devait faire une phrase en allemand, au passé composé, qui commençait par "l'année dernière".
L'allemand est sa deuxième langue vivante. Comme il est en troisième, il en a déjà fait un an. En théorie, du moins. Ce n'est qu'en septembre de cette année, quand il est venu me trouver avec ses devoirs qu'il était incapable de faire, que je me suis rendu compte qu'en quatrième, il n'avait strictement rien appris, en dehors d'une demi-douzaine de phrases toutes faites. Sa nouvelle prof est catastrophée du peu de travail fait par son prédécesseur. Le Grand ne savait pas former un participe passé. OK, admettons. Il ne savait pas dire "jamais", "ici", "aussi", "pourquoi". Allons bon. Il ne savait pas que le verbe devait être en deuxième position. Ah oui, tout de même. Il ne savait pas faire une phrase négative, parce qu'il ne savait pas dire "pas". Carrément ? Il ne savait pas conjuguer "être" et "avoir" au présent. Hein ?
Depuis, je me suis attelée à la tâche et j'essaie d'en faire régulièrement avec lui, à petites doses, mais plusieurs fois par semaine. N'empêche que nous revenons de loin. Du coup, pour son exercice, je lui ai proposé "L'année dernière, je n'ai pas beaucoup appris l'allemand".
Et vous savez quoi ? Il a accepté. Même pas peur. Avec un peu de chance, sa franchise fera rire sa prof...
L'allemand est sa deuxième langue vivante. Comme il est en troisième, il en a déjà fait un an. En théorie, du moins. Ce n'est qu'en septembre de cette année, quand il est venu me trouver avec ses devoirs qu'il était incapable de faire, que je me suis rendu compte qu'en quatrième, il n'avait strictement rien appris, en dehors d'une demi-douzaine de phrases toutes faites. Sa nouvelle prof est catastrophée du peu de travail fait par son prédécesseur. Le Grand ne savait pas former un participe passé. OK, admettons. Il ne savait pas dire "jamais", "ici", "aussi", "pourquoi". Allons bon. Il ne savait pas que le verbe devait être en deuxième position. Ah oui, tout de même. Il ne savait pas faire une phrase négative, parce qu'il ne savait pas dire "pas". Carrément ? Il ne savait pas conjuguer "être" et "avoir" au présent. Hein ?
Depuis, je me suis attelée à la tâche et j'essaie d'en faire régulièrement avec lui, à petites doses, mais plusieurs fois par semaine. N'empêche que nous revenons de loin. Du coup, pour son exercice, je lui ai proposé "L'année dernière, je n'ai pas beaucoup appris l'allemand".
Et vous savez quoi ? Il a accepté. Même pas peur. Avec un peu de chance, sa franchise fera rire sa prof...
lundi 7 novembre 2016
Comparaison britannique (bis)
Après le dragon qui avait un museau "grand comme un plateau à thé", voici que c'est un car, dans un pays imaginaire quoique terriblement british, qui est lustré comme un bijou mais "à peu près aussi confortable qu'un plateau à thé".
Ou comment on distingue un auteur britannique d'un auteur américain dès la première page, sans même avoir à vérifier l'orthographe du mot "theatre" ou l'utilisation courante du mot "mad".
Enfin quoi, franchement, ils n'ont pas d'autres éléments de comparaison que des trucs en rapport avec le thé, les Anglais ?
(Et comment je vais traduire ça, moi ?)
dimanche 6 novembre 2016
Le jour où je suis devenue tante
En réalité, je suis devenue tante il y a presque un an, en un jour terrible ou des dizaines de gens qui aimaient la musique et les cafés sont morts, en un jour merveilleux où ma sœur a eu son premier enfant.
Mais hier soir, pour la première fois, les jeunes parents m'ont confié le petit Gnafron pour la nuit. Pour la première fois, mon neveu a passé vingt-quatre heures chez moi, et j'ai retrouvé avec lui les gestes familiers : changer la couche, enfiler un pull en faisant attention aux petits doigts, donner la becquée et essuyer les traces sur les coins de la bouche avec la cuillère, porter un bébé à moitié sur la hanche pour libérer une main, etc. Gestes faits mille fois, il n'y a pas si longtemps que ça, et pourtant qui appartiennent déjà au passé, chez moi. Gestes que je n'avais jamais faits avec d'autres bébés que les miens – et occasionnellement avec mes deux petites sœurs, dont la jeune mère. Mais quand, ce matin, hébétée de sommeil (le Filou était malade, et ne m'a pas beaucoup laissée dormir), je me suis levée ce matin en entendant le premier gazouillis du petit bonhomme, je me suis dit que j'étais tante pour de bon...
J'espère que quand il grandira, il se joindra de temps en temps à ma tribu le temps d'une sortie, d'un weekend, ou de voyages. J'espère que quand il aura dix ans, il se sentira chez nous comme chez lui. J'espère que quand il aura vingt ans, il sera proche de ses cousins, et les verra volontiers même hors fêtes de famille. Et j'espère que j'aurai d'autres nièces et neveux pour que la famille s'agrandisse, parce que plus on est de fous, plus on se tient chaud !
Mais hier soir, pour la première fois, les jeunes parents m'ont confié le petit Gnafron pour la nuit. Pour la première fois, mon neveu a passé vingt-quatre heures chez moi, et j'ai retrouvé avec lui les gestes familiers : changer la couche, enfiler un pull en faisant attention aux petits doigts, donner la becquée et essuyer les traces sur les coins de la bouche avec la cuillère, porter un bébé à moitié sur la hanche pour libérer une main, etc. Gestes faits mille fois, il n'y a pas si longtemps que ça, et pourtant qui appartiennent déjà au passé, chez moi. Gestes que je n'avais jamais faits avec d'autres bébés que les miens – et occasionnellement avec mes deux petites sœurs, dont la jeune mère. Mais quand, ce matin, hébétée de sommeil (le Filou était malade, et ne m'a pas beaucoup laissée dormir), je me suis levée ce matin en entendant le premier gazouillis du petit bonhomme, je me suis dit que j'étais tante pour de bon...
J'espère que quand il grandira, il se joindra de temps en temps à ma tribu le temps d'une sortie, d'un weekend, ou de voyages. J'espère que quand il aura dix ans, il se sentira chez nous comme chez lui. J'espère que quand il aura vingt ans, il sera proche de ses cousins, et les verra volontiers même hors fêtes de famille. Et j'espère que j'aurai d'autres nièces et neveux pour que la famille s'agrandisse, parce que plus on est de fous, plus on se tient chaud !
samedi 5 novembre 2016
Correcteur orthographique manuel
J'écris quelques lignes à la main, avec un stylo à plume, sur du vrai papier. Cela fait longtemps que ça ne m'arrive presque plus jamais.
Soudain, j'ai un doute. Voyons, où se trouve le H dans "silouette", déjà ?
Je tente "silouhette", et je lève ma plume. Rien ne se passe. C'est bon, me dis-je. Aucun trait rouge n'est apparu sous le mot, donc c'est la bonne orthographe.
(Des fois, ça fait peur, quand même)
(Ça me rappelle ma copine qui s'était surprise en train d'appuyer le doigt sur un mot pour avoir sa définition, sauf qu'elle lisait sur un livre en papier, pas sur sa liseuse)
(Et au fait, en vrai, c'est "silhouette")
Soudain, j'ai un doute. Voyons, où se trouve le H dans "silouette", déjà ?
Je tente "silouhette", et je lève ma plume. Rien ne se passe. C'est bon, me dis-je. Aucun trait rouge n'est apparu sous le mot, donc c'est la bonne orthographe.
(Des fois, ça fait peur, quand même)
(Ça me rappelle ma copine qui s'était surprise en train d'appuyer le doigt sur un mot pour avoir sa définition, sauf qu'elle lisait sur un livre en papier, pas sur sa liseuse)
(Et au fait, en vrai, c'est "silhouette")
jeudi 3 novembre 2016
Le Filou et la première lecture
Retour de l'aéroport, en taxi. Autoroute. Personne ne dit rien, car nous sommes tous un peu sonnés de nous être levés à 4h et demie du matin. Les enfants commencent à piquer du nez. Et puis tout à coup, alors que nous passons devant une célèbre enseigne suédoise, le Filou s'exclame :
— Maman, z'ai vu y avait écrit "Ikea" ! I, K, E, et A !
Le premier mot comportant plus d'une syllabe qu'il a appris à prononcer était "Nutella" (rappelez-vous) ; le premier mot qu'il a appris à écrire et à lire est "Ikea", alors qu'il ne sait pas encore écrire son propre prénom (nettement plus compliqué, certes). Non non, mais tout va bien, je le vis très bien, je vous assure...
PS : Je jure que je ne l'y emmène pas tous les quatre matins, tout au plus une fois par an : je rappelle que nous n'avons pas de voiture. Mais c'est écrit en grosses lettres au fond de nos verres, donc il révise quotidiennement !
— Maman, z'ai vu y avait écrit "Ikea" ! I, K, E, et A !
Le premier mot comportant plus d'une syllabe qu'il a appris à prononcer était "Nutella" (rappelez-vous) ; le premier mot qu'il a appris à écrire et à lire est "Ikea", alors qu'il ne sait pas encore écrire son propre prénom (nettement plus compliqué, certes). Non non, mais tout va bien, je le vis très bien, je vous assure...
PS : Je jure que je ne l'y emmène pas tous les quatre matins, tout au plus une fois par an : je rappelle que nous n'avons pas de voiture. Mais c'est écrit en grosses lettres au fond de nos verres, donc il révise quotidiennement !
mardi 1 novembre 2016
Retour de vacances quasi-estivales : cartes postales
Non, non, je ne suis pas tombée dans une faille spatio-temporelle... quoique. Comme il y a deux ans, nous venons de passer cinq jours de vacances dans un lieu où personne n'a l'air d'être au courant que l'automne est arrivé, même pas les arbres. Plage, baignade dans une eau à 21°C, châteaux de sable, promenades au soleil, t-shirts à manches courtes, glaces et sandales. Des vacances très, très chouettes.
Allez, je file me coucher. Je ne sais pas si c'est la fatigue de ces derniers jours (il faudra encore bien des années avant que "vacances" soit synonyme de "repos"...), ou le changement d'heure, ou le fait de m'être levée à 4h30 ce matin pour pouvoir partir avec enfants et bagages à 5h15, ou la promenade de cinq kilomètres et quelques que j'ai faite aujourd'hui avec mon père adoptif pour profiter des couleurs automnales (parce que bon, les palmiers, ça lasse), mais j'ai l'impression qu'il est minuit passé...
Allez, je file me coucher. Je ne sais pas si c'est la fatigue de ces derniers jours (il faudra encore bien des années avant que "vacances" soit synonyme de "repos"...), ou le changement d'heure, ou le fait de m'être levée à 4h30 ce matin pour pouvoir partir avec enfants et bagages à 5h15, ou la promenade de cinq kilomètres et quelques que j'ai faite aujourd'hui avec mon père adoptif pour profiter des couleurs automnales (parce que bon, les palmiers, ça lasse), mais j'ai l'impression qu'il est minuit passé...
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Oui, nous avons eu plutôt beau temps. |
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Disons qu'on ne peut pas se plaindre. |
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Les effets pervers du buffet du petit-déj : l'assiette de Miss Thing One. |
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Celle de Mr Thing Two. |
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Des arbres étranges... |
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Mais surtout des palmiers (et des jump shots) |
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