lundi 9 janvier 2017

Des yeux de plomb

La métaphore du jour :

Elle n'osait pas lever le regard sur la professeure qui la fixait sévèrement. Ses yeux semblaient être devenus de plomb, attirés par le sol comme par un aimant.

En dehors du fait que la métaphore n'est pas terriblement élégante, est-ce que quelqu'un pourrait lui dire, à l'auteur, que le plomb est l'un des métaux qui n'est PAS attiré par les aimants ?

dimanche 8 janvier 2017

Une journée avec Mr Thing Two


Je le lui avais promis, un jour où il avait un gros chagrin. J'en avais discuté avec d'autres personnes, aussi. Le Grand m'a eu pendant des années pour lui tout seul. Le Filou est mon petit dernier, mon gros bébé de quatre ans, parfaitement à l'aise dans ce rôle et dans ses baskets. Mais les jumeaux ont dû me partager dès avant leur naissance, et ils n'avaient même pas deux ans quand ils ont dû céder leur place collective de petits derniers. Autant dire que les moments de tête-à-tête avec l'un des deux sont très rares, si ce n'est quelques minutes chaque soir au moment du coucher.

Donc pendant les vacances de Noël, je le leur avais promis : un de ces jours, j'emmènerais Mr Thing Two quelque part, tout seul, et un autre jour, Miss Thing One, toute seule. Et je l'ai fait. J'ai arrêté de compter mes pages de traductions à faire, j'ai (presque) assumé de condamner le Filou et Miss Thing One à passer la journée enfermés à la maison (il ne faut pas espérer que Darling les sorte de son côté), et j'ai embarqué mon grand garçon de six ans et demi.

On a fait la totale. Restaurant, où il a eu droit de tout faire, même de tremper ses frites dans du ketchup (beurk) en les arrosant d'Oasis (pouah !) et de faire de la bouillie en mélangeant ses deux boules de glaces au dessert. Musée de la magie, un tout petit musée où je savais que nous ne pouvions pas vraiment nous risquer à cinq ou six, et où il a consciencieusement testé les automates un par un avant de s'extasier devant le mini-spectacle de prestidigitation et de s'amuser devant les miroirs déformants. Grande promenade sur les Voies sur berges, où il a pu tester l'un des premiers jeux pour les enfants et rêver avec moi à ce que cette ex-autoroute deviendra lorsque les installations et plantations en cours seront terminées. Tartelette aux framboises qui lui a fait une bouche de vampire pour le goûter. Détour par la boutique Lego pour admirer les constructions impressionnantes. Et puis retour en RER, pendant lequel il était tout aussi remuant qu'à l'aller, incapable de rester ne serait-ce qu'une minute tranquille sur son siège. Il est comme ça, ce gamin : on a beau le faire marcher huit kilomètres (j'ai calculé), sa batterie ne se décharge jamais.

Franchement, je me suis régalée. Bien sûr. C'est tellement, tellement plus facile avec un seul. Pas de disputes, pour commencer. Des vrais dialogues, où on s'écoute mutuellement. Pas de chahut, pas de dispersion, pas de râleries, pas de compromis à faire. Et puis j'avais vraiment décidé de m'adapter à son rythme, de ne pas dire une seule fois "dépêche-toi", d'être à l'écoute de ses désirs. En revanche, j'ai refusé d'acheter quoi que ce soit (il a tendance à beaucoup réclamer, alors qu'aucun des trois autres n'a ce défaut), car je ne voulais pas que les bons moment soient forcément associés à un objet matériel, ni donner l'impression que je lui achetais des cadeaux pour compenser le manque de temps à lui consacrer. Il a bien un peu râlé devant une épée en mousse qui lui faisait très envie, mais ce n'est pas allé jusqu'au caprice. Je pense qu'il est revenu très content de cette sortie. Et moi aussi.

Débordée ou pas, complexe d'abandon envers les autres ou pas, je me suis promis que je le referai. C'est ma bonne résolution 2017 : sortir plus souvent avec eux individuellement, quitte à sortir un peu moins souvent en famille. J'espère que j'y arriverai.

Comme vous avez de grandes jambes, mon enfant...

Une machine (à gauche) qui m'a bien plu !


Les automates, qu'on actionne avec des boutons.
Un selfie original...

Jeu d'équilibre sur les Voies sur berges


Et des bonnes idées de constructions en Lego !




vendredi 6 janvier 2017

Ponctualité

Vous vous rappelez que j'avais négocié (âprement) une remise le vendredi 6 janvier au matin ?

Eh bien, j'ai imprimé ma traduction hier à 1h30 du matin, je me suis réveillée à 7h pour la relire, j'ai intégré les dernières corrections à 11h, et j'ai envoyé mon texte à 11h59.

Du grand art, non ?

(Je déteste être en retard)
(Je vous ai déjà dit que mon père adoptif était suisse ?)
(C'est dans les gènes, donc)

(Le pire, c'est qu'après, j'étais remontée comme une pendule, bien trop pour aller faire une sieste. Du coup je suis allée pédaler pendant une heure et demi au soleil, ce qui m'a fait beaucoup de bien. Je pense que je vais bien dormir, cette nuit.)

(Et maintenant, je me remets au boulot, parce que ma prochaine traduction est pour la fin du mois et que je n'ose même pas calculer combien de pages je vais devoir traduire par jour d'ici-là... )

jeudi 5 janvier 2017

Un documentaire sur l'actualité

Boulot, boulot, boulot. Cette semaine, ma vie se résume à ça. Hier soir, je me suis couchée à 2h du matin. Cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivée.

Mais ce n'est pas le plus gênant. Après tout, je peux supporter quelques nuits écourtées : ce n'est pas pire que quand j'avais trois bébés qui dormaient mal. Non, le problème, c'est que j'ai provisoirement changé de registre. Plus d'apprentie fée qui prend des cours pour utiliser sa baguette magique, plus d'animaux qui construisent une ville dans le métro, plus de gamines qui mènent joyeusement l'enquête dans un pensionnat, plus d'adolescent qui se découvre homosexuel et amoureux, plus de dystopie futuriste qui se termine bien, plus de roman historique présentant derrière un filtre romantique une époque qui ne devait guère l'être. Entre deux romans jeunesses, j'ai accepté un projet complètement différent, sur un sujet d'actualité brûlant. Et pas gai.

Du coup, non seulement je m'y mets au saut du lit et j'y reste jusqu'à ne plus tenir debout, mais en plus, quand je vais enfin me coucher, je repense à ces drames épouvantables que, d'habitude, je préfère lâchement ignorer. Je m'imagine à la place des victimes. Ou plutôt, parce que c'est tout simplement la pire chose qui soit au monde, je m'imagine avec mes enfants à la place des victimes. Et là, je frôle la crise d'angoisse. Malgré ma fatigue, hier soir, il m'a fallu une demi-heure pour m'endormir.

Et pourtant, comme c'est pour une de mes maisons d'éditions habituelles, il s'agit d'un documentaire qui s'adresse aussi aux adolescents. Mon Grand n'a d'ailleurs qu'une hâte, c'est de le lire, puisque ça parle entre autres de géopolitique. Autrement dit, cela reste très modéré. Aucune description sanglante, aucune image qui fait dresser les cheveux sur la tête. Je devine ou je pressens ce que l'auteur ne raconte pas, mais je n'ai pas à décrire en détails une scène de torture.

Du coup, pour la énième fois de ma carrière, je me demande comment font les traducteurs qui bossent pour des ONG tels qu'Amnesty International ou Médecins Sans Frontières. Quand je reçois les lettres d'information de ces organisations, en général, je n'ose même pas les feuilleter. Je ne veux même pas imaginer ce que ce doit être de passer des jours et des jours là-dessus.

Allez, j'y retourne. C'est bientôt fini. Dès demain, je commence un nouveau roman...
(Manque de pot, ce sera un roman pas très joyeux, sur un thème très actuel, lui aussi)
(Mais c'est un roman jeunesse, donc il n'est pas glauque et il se termine sur une note optimiste)
(Ouf)

mardi 3 janvier 2017

Le Grand tient la chandelle

Le Grand me parle de l'un de ses amis :
— Y a toujours plein de filles qui lui tournent autour. En ce moment, elles doivent être six ou sept.
— Ce n'est pas très étonnant, dis-je. Il est beau, gentil, bien élevé, extrêmement sportif et premier de la classe !
— Je sais. Du coup, à chaque fois qu'il a l'air de s'intéresser à une fille, j'essaie de faire du sabotage.
— Hein ? Mais pourquoi ?
— Parce que s'il tombe amoureux, il n'aura plus de temps pour jouer avec nous !
— Ah ! Bien sûr, suis-je bête. Mais tu sais, 14-15 ans, c'est l'âge où les garçons commencent à s'intéresser aux filles, et vice-versa... C'est même un peu tard. Ce n'est pas un reproche, hein ! Mais tu n'es pas très en avance, sur ce coup-là. Il n'y a vraiment aucune fille qui te plaît ?
— Ah, non alors !
— Aucun garçon ?
— Non plus.
— De toute façon, tu ne me le dirais pas, j'imagine.
— Ben si ! Pourquoi ?
(Gardez en mémoire que le dialogue se déroule avec un grand machin qui a déjà dépassé 1,75m et qui parle avec une voix grave d'homme.)
— Eh bien, en général, quand un garçon tombe amoureux pour la première fois, il ne se précipite pas pour le raconter à sa maman...
— De toute façon, je n'ai vraiment pas envie de tomber amoureux. Ça coûte cher et ça fait perdre du temps.
— HEIN ?
— Ben oui, on fait des cadeaux ou on va au resto, et puis on doit passer du temps ensemble. Je n'aurais plus autant de temps pour jouer aux pokemons.
(Je répète : 14 ans et demi, voix profonde, l'un des plus grands de sa classe en taille)
— Je vois. Et ton copain beau-gentil-intelligent-sportif, il en pense quoi ?
— Je ne sais pas vraiment. Je ne crois pas qu'il soit amoureux, en tous cas pas en ce moment. En général, quand il y a une fille qui l'invite chez elle sous prétexte de faire des devoirs ou un truc du genre, il m'invite aussi, pour éviter d'être seul avec elle.
— Oh bon sang. Tu vas te faire aimer, tiens. Elles devraient se liguer contre toi...
— Sauf qu'elles sont rivales, donc elles ne vont pas collaborer !
— C'est vrai, tu as déjà été invité pour jouer au chaperon ? Sérieusement ?
— Oui, deux fois. C'était super, elles ont été très gentilles : chez Machine j'ai pu reprendre deux fois du gâteau, et chez Unetelle j'ai mangé un saucisson en entier.
— Tu veux dire que tu as passé tout ton temps dans la cuisine à bâfrer ?
— A peu près, oui.
— Pendant que ton copain et la fille étaient dans la chambre ?
— Euh, oui.
— Je comprends pourquoi elles se sont montrées si gentilles avec toi. Pour le prix d'un saucisson, elles ont pu passer du temps toutes seules avec ton copain...
— Ah, tu crois ? Maintenant que j'y pense, tu as peut-être raison...

(J'aimerais beaucoup, beaucoup, beaucoup savoir ce que les filles de son collège pensent de lui. Même si j'ai ma petite idée sur la question...)

lundi 2 janvier 2017

Les champs et la roue

Encore une sortie touristique, pour bien commencer l'année, pour profiter encore un peu de ces vacances parisiennes, pour laisser Darling malade se reposer un peu... et tant pis pour la traduction urgentissime.

D'abord un peu de neige sur le chemin du RER, et puis l'Arc de Triomphe majestueux, et ensuite, le plaisir de dévaler les Champs-Élysées piétons, et enfin un tour sur la grande roue place de la Concorde. Nous sommes rentrés gelés, mais enchantés.

Demain, journée 100% boulot pour moi, et dernière "journée pyjama" pour eux. Mais franchement, c'était de très belles vacances de Noël. De celles qui nous font apprécier d'habiter (presque) à Paris !

Et maintenant, place à un mois de janvier surchargé ! Mais les prochaines vacances ne sont pas loin...


Ils n'avaient encore jamais vu les Champs-Élysées ainsi.


Mais la grande roue leur a plu par-dessus tout !

Sacrebleu, quelqu'un a volé le sommet de la Tour Eiffel !
(Quelle chance nous avons eu de ne pas y aller aujourd'hui !)


dimanche 1 janvier 2017

Réveillon et nouvelle année

Un cauchemar au petit matin,
Une correction orthographique,
Une dernière pièce de théâtre,
une traduction imprimée pour relecture,
Une raclette,
Une soirée en petit comité,
Un premier Star Wars avec les enfants,
Un coup de fil à minuit,
Et au lit : telle fut ma dernière journée de l'année.

A tous ceux qui réveillonnent dans les flonflons et à tous ceux qui sont allés se coucher à 22h30, à tous ceux qui trouvent que 2016 a été une année exécrable et à tous ceux qui se disent que ça aurait pu être pire, à tous ceux qui ont encore la force de s'émerveiller devant une fleur ou un flocon de neige et à tous ceux qui espèrent la retrouver, je souhaite une excellente année 2017.


La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit.
Maupassant, Une vie