De passage chez ma mère où je suis venue récupérer les garçons (au point G, donc, pour ceux qui suivent) (les autres, laissez tomber), nous écoutons dans la voiture une chanson d'Alain Schneider, Gagarine.
— Mais en fait, c'était qui, Gagarine ? demande Mr Thing Two.
— C'est le premier homme qui est allé dans l'espace, répond ma mère.
Mr Thing Two acquiesce, puis corrige :
— C'est pas "le premier Rom", c'est "le premier Romain".
La vie d'une traductrice, mère célibataire de famille nombreuse
samedi 28 octobre 2017
jeudi 26 octobre 2017
Rencontre onirique
— Allez, bonne nuit! m'avait dit Darling au téléphone, hier soir. Je te laisse rêver que tu es avec un bel acteur, de ton choix!
Sauf qu'en fait, j'ai rêvé que je rencontrais JK Rowling et qu'on parlait littérature et poids des mots. (Quand je me suis réveillée, j'étais encore en train de lui expliquer à quel point j'aurais aimé que Les animaux fantastiques soient un excellent roman plutôt qu'un assez bon film.)
Et vous savez quoi, je n'ai vraiment pas été déçue.
mercredi 25 octobre 2017
Train-train
Sur le papier, c'était très simple : je devais aller en train d'un point P à un point T en passant par le point G (honni soit qui mal y pense) où habite ma mère. Ma mère ayant proposé de prendre Mr Thing Two et le Filou pendant quelques jours, j'en ai facilement conclu que je pouvais prendre le train au point P avec les garçons, les déposer à la gare G, et continuer mon chemin avec le même train jusqu'à la gare T.
Sauf que.
Sauf que le TGV était composé de deux rames qui ne restaient collées que jusqu'à G. Ensuite, une seule des deux rames continuait jusqu'à T.
Et alors ?
Et alors seuls les voyageurs qui allaient de P à T avaient le droit d'aller dans la deuxième rame. Si on voulait descendre à G, il fallait obligatoirement monter dans la première.
Autrement dit, je pouvais prendre la deuxième rame, mais pas les garçons.
J'ai donc été obligée de prendre des billets pour nous trois dans la première rame, puis un billet pour moi seule dans la deuxième. En payant plus cher au passage, bien sûr, parce que pour la SNCF, PG + GT n'est pas égal à PT.
J'avais donc exactement cinq minutes à G pour descendre du train avec les deux garçons et deux valises, laisser les garçons avec ma mère, et remonter dans la rame suivante.
C'était jouable.
Sauf que (bis).
Sauf que, forcément, nous nous sommes retrouvés tous les trois dans le wagon numéro 18. Le dernier. Le plus loin de la deuxième rame, donc.
Bien, bien, bien. Pas grave. Une demi-heure avant l'arrivée à G, j'ai fait remettre chaussures et manteaux et sacs à dos à Mr Thing Two et au Filou, et j'ai remonté toute la rame avec eux jusqu'à la première voiture, la 11. Puis j'ai fait en sorte qu'ils se tiennent tranquilles en leur lisant Les contes de la rue Broca.
Tout allait très bien, donc. La gare de G approchait : nous devions arriver dans trois minutes. Ma mère m'avait envoyé un texto, elle était déjà sur le quai en face du wagon 11.
Et c'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j'avais oublié mon manteau dans le wagon numéro 18.
(A votre avis, peut-on traverser tout un TGV d'un bout à l'autre, aller-retour, dans des couloirs encombrés de gens déjà debout avec leurs valises, en moins de trois minutes ?)
Sauf que.
Sauf que le TGV était composé de deux rames qui ne restaient collées que jusqu'à G. Ensuite, une seule des deux rames continuait jusqu'à T.
Et alors ?
Et alors seuls les voyageurs qui allaient de P à T avaient le droit d'aller dans la deuxième rame. Si on voulait descendre à G, il fallait obligatoirement monter dans la première.
Autrement dit, je pouvais prendre la deuxième rame, mais pas les garçons.
J'ai donc été obligée de prendre des billets pour nous trois dans la première rame, puis un billet pour moi seule dans la deuxième. En payant plus cher au passage, bien sûr, parce que pour la SNCF, PG + GT n'est pas égal à PT.
J'avais donc exactement cinq minutes à G pour descendre du train avec les deux garçons et deux valises, laisser les garçons avec ma mère, et remonter dans la rame suivante.
C'était jouable.
Sauf que (bis).
Sauf que, forcément, nous nous sommes retrouvés tous les trois dans le wagon numéro 18. Le dernier. Le plus loin de la deuxième rame, donc.
Bien, bien, bien. Pas grave. Une demi-heure avant l'arrivée à G, j'ai fait remettre chaussures et manteaux et sacs à dos à Mr Thing Two et au Filou, et j'ai remonté toute la rame avec eux jusqu'à la première voiture, la 11. Puis j'ai fait en sorte qu'ils se tiennent tranquilles en leur lisant Les contes de la rue Broca.
Tout allait très bien, donc. La gare de G approchait : nous devions arriver dans trois minutes. Ma mère m'avait envoyé un texto, elle était déjà sur le quai en face du wagon 11.
Et c'est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j'avais oublié mon manteau dans le wagon numéro 18.
(A votre avis, peut-on traverser tout un TGV d'un bout à l'autre, aller-retour, dans des couloirs encombrés de gens déjà debout avec leurs valises, en moins de trois minutes ?)
mardi 24 octobre 2017
vendredi 20 octobre 2017
Harcèlement sexuel
Parce que, depuis une semaine, chaque fois que je pense à nourrir mon blog, je suis bloquée parce que la seule chose qui me vient à l'esprit, c'est ÇA, j'ai décidé de me lancer. Même si je parle rarement d'actualité ici et que je préfère que ce blog parle de choses futiles ou positives. Même si j'ai très peur de ce qui pourrait être dit dans les commentaires et des histoires que certaines pourraient raconter. Même si c'est sans doute une mauvaise idée de parler de choses intimes sur la place publique, fût-ce sous couvert d'anonymat.
Je n'ai jamais été victime de harcèlement sexuel au travail. Ce qui ne doit pas beaucoup vous étonner, vu que je travaille toute seule à la maison. Mais même avant, je suis passée successivement par une librairie londonienne (où il n'y avait que des femmes et un seul homme, si charmant que je l'ai ramené dans mes bagages quand je suis rentrée en France), une agence littéraire (où il n'y avait que des femmes, dont la patronne folle qui harcelait tout le monde, mais pas sexuellement), et une maison d'édition (avec nettement plus de femmes que d'hommes, et où tous les hommes, en particulier le patron et le chef de fabrication, étaient extrêmement respectueux). Zéro problème.
Mais.
Quand j'étais enfant et ado, j'étais précoce physiquement. Dans le sens où j'étais la plus grande de la classe, et où ma poitrine a commencé à pousser vers 8-9 ans.
Et j'étais très jolie.
Et à partir de mon entrée en sixième, à onze ans, j'ai pris le métro tous les jours.
Oui, voilà. Vous avez compris. Vous avez vu passer, il y a quelques mois, le sondage sur le harcèlement sexuel dans le métro ? Le pourcentage des femmes qui ont été victimes de harcèlement ou d'attouchements dans les transports en commun ?
100%.
Donc plusieurs fois chacune, forcément.
Et bien sûr, il n'y avait pas que le métro. Il y avait la rue, aussi. Et le collège.
Je ne vais pas faire la liste complète de tous ceux qui m'ont agressée verbalement ou tripotée. Il y en a trop. Ces salopards ont probablement oublié l'incident deux jours plus tard. Je m'en souviens encore, trente ans après. Quelques "incidents" m'ont particulièrement marquée.
- La fois où, jeune ado, j'ai croisé deux hommes qui m'ont touché les seins en passant, et où l'homme qui m'accompagnait m'a lancé : "Mais aussi, pourquoi tu te promènes avec ton manteau ouvert ?" (Je vous jure qu'il a dit ça. En dessous, j'avais un pull à col roulé. Je n'en veux pas du tout à cet homme, qui était sans doute furieux contre lui-même de ne rien avoir pu faire et qui ne savait pas comment exprimer sa colère. Mais oui, il m'a reproché de ne pas avoir fermé mon manteau.)
- La fois où, alors que j'avais environ 15 ans, dans un métro horriblement bondé, un homme devant moi a coincé sa main entre mes jambes, et un autre derrière moi s'est frotté à mes fesses en haletant. Ils ne se connaissaient pas. Ils n'ont pas vu qu'ils étaient à deux sur la même victime. C'était une coïncidence.
- La fois où un homme s'est assis juste en face de moi dans un métro vide, et a serré ma jambe entre les siennes, alors que ma mère était juste à côté (sans rien remarquer : nous avions des manteaux et des sacs). Je devais avoir dix ou onze ans. Si. Je n'ai même pas compris pourquoi il faisait ça. Manquait-il de place ? Je n'ai rien dit, pour ne pas être malpolie, mais j'étais très mal à l'aise.
- La fois où deux garçons de troisième, alors que j'étais en sixième, m'ont pourchassée dans la cour, m'ont coincée contre un mur, et m'ont brièvement tripotée, sous les yeux de tous mes camarades de classe qui riaient.
Et tous les jours, tous les jours, TOUS les jours, des regards très appuyés ou des réflexions, allant du "Eh, mignonne !" au "En voilà une belle jument". C'est à l'époque que j'ai appris à marcher très vite et à ne croiser en aucun cas le regard des autres passants (au point qu'il m'est arrivé de rencontrer ma mère dans la rue sans la voir).
Voilà. A 10 ans, j'étais une gamine à peu près heureuse et insouciante. A 18 ans, j'étais dépressive. J'ai dû voir un psy pendant plusieurs années pour remonter la pente.
Et puis, vers 16 ans, j'ai eu un petit copain. Très travaillé par ses hormones. Et qui, au début de notre relation, n'a pas su ou voulu comprendre que non, ce n'était pas normal que je sois tétanisée ainsi.
Et mon corps a dit ce que ma bouche n'osait pas dire.
Ça n'a pas arrêté mon petit copain. Il aurait préféré que je n'aie pas mal, bien sûr, mais il pensait que c'était juste un problème physique, et qu'il fallait faire avec. Ce qu'il faisait. Toujours. Même quand je disais "pas ce soir".
Je ne lui en veux pas (et je ne veux aucun commentaire négatif sur lui, s'il vous plaît). Il ne savait pas. Pas plus que moi. Je croyais que c'était normal d'avoir peur et mal. Je croyais que c'était normal qu'il insiste jusqu'à ce que je cède. Je ne savais même pas qu'on pouvait avoir du désir avant d'avoir eu du plaisir. Je ne savais pas que je pouvais avoir du plaisir, d'ailleurs. Comme tant de jeunes filles, j'ignorais qu'il y avait un organe féminin consacré à ça.
Je vais m'arrêter là. Aujourd'hui, je n'ai (presque) plus peur. Aujourd'hui, je sais que les agressions sexuelles sont punis par la loi. Aujourd'hui, j'ai un garçon de 15 ans qui a parfaitement intégré la notion de consentement, et une fille de 7 ans dont je vous jure qu'elle n'ira pas au collège en métro, dussé-je la conduire en vélo tous les jours, parce qu'à 12 ou 14 ans, même si on sait qu'on a la loi pour soi (ce que j'ignorais), on n'ose absolument pas s'en prendre à un homme de 20 ou 30 ans. Aujourd'hui, en cas d'attouchements, je saurais me défendre. Aujourd'hui, de toute façon, j'ai des cheveux gris, donc quand je passe devant un groupe d'adolescents sur le trottoir, ils ne me regardent même pas. Mais aujourd'hui encore, j'ai toujours le réflexe de fermer mon manteau, de baisser les yeux, et de presser le pas. Et même si je vais beaucoup mieux, je sais que ces milliers de blessures grandes ou petites subies pendant mon adolescence m'ont à jamais traumatisée, et que je ne m'en remettrai jamais complètement.
Je n'ai jamais été victime de harcèlement sexuel au travail. Ce qui ne doit pas beaucoup vous étonner, vu que je travaille toute seule à la maison. Mais même avant, je suis passée successivement par une librairie londonienne (où il n'y avait que des femmes et un seul homme, si charmant que je l'ai ramené dans mes bagages quand je suis rentrée en France), une agence littéraire (où il n'y avait que des femmes, dont la patronne folle qui harcelait tout le monde, mais pas sexuellement), et une maison d'édition (avec nettement plus de femmes que d'hommes, et où tous les hommes, en particulier le patron et le chef de fabrication, étaient extrêmement respectueux). Zéro problème.
Mais.
Quand j'étais enfant et ado, j'étais précoce physiquement. Dans le sens où j'étais la plus grande de la classe, et où ma poitrine a commencé à pousser vers 8-9 ans.
Et j'étais très jolie.
Et à partir de mon entrée en sixième, à onze ans, j'ai pris le métro tous les jours.
Oui, voilà. Vous avez compris. Vous avez vu passer, il y a quelques mois, le sondage sur le harcèlement sexuel dans le métro ? Le pourcentage des femmes qui ont été victimes de harcèlement ou d'attouchements dans les transports en commun ?
100%.
Donc plusieurs fois chacune, forcément.
Et bien sûr, il n'y avait pas que le métro. Il y avait la rue, aussi. Et le collège.
Je ne vais pas faire la liste complète de tous ceux qui m'ont agressée verbalement ou tripotée. Il y en a trop. Ces salopards ont probablement oublié l'incident deux jours plus tard. Je m'en souviens encore, trente ans après. Quelques "incidents" m'ont particulièrement marquée.
- La fois où, jeune ado, j'ai croisé deux hommes qui m'ont touché les seins en passant, et où l'homme qui m'accompagnait m'a lancé : "Mais aussi, pourquoi tu te promènes avec ton manteau ouvert ?" (Je vous jure qu'il a dit ça. En dessous, j'avais un pull à col roulé. Je n'en veux pas du tout à cet homme, qui était sans doute furieux contre lui-même de ne rien avoir pu faire et qui ne savait pas comment exprimer sa colère. Mais oui, il m'a reproché de ne pas avoir fermé mon manteau.)
- La fois où, alors que j'avais environ 15 ans, dans un métro horriblement bondé, un homme devant moi a coincé sa main entre mes jambes, et un autre derrière moi s'est frotté à mes fesses en haletant. Ils ne se connaissaient pas. Ils n'ont pas vu qu'ils étaient à deux sur la même victime. C'était une coïncidence.
- La fois où un homme s'est assis juste en face de moi dans un métro vide, et a serré ma jambe entre les siennes, alors que ma mère était juste à côté (sans rien remarquer : nous avions des manteaux et des sacs). Je devais avoir dix ou onze ans. Si. Je n'ai même pas compris pourquoi il faisait ça. Manquait-il de place ? Je n'ai rien dit, pour ne pas être malpolie, mais j'étais très mal à l'aise.
- La fois où deux garçons de troisième, alors que j'étais en sixième, m'ont pourchassée dans la cour, m'ont coincée contre un mur, et m'ont brièvement tripotée, sous les yeux de tous mes camarades de classe qui riaient.
Et tous les jours, tous les jours, TOUS les jours, des regards très appuyés ou des réflexions, allant du "Eh, mignonne !" au "En voilà une belle jument". C'est à l'époque que j'ai appris à marcher très vite et à ne croiser en aucun cas le regard des autres passants (au point qu'il m'est arrivé de rencontrer ma mère dans la rue sans la voir).
Voilà. A 10 ans, j'étais une gamine à peu près heureuse et insouciante. A 18 ans, j'étais dépressive. J'ai dû voir un psy pendant plusieurs années pour remonter la pente.
Et puis, vers 16 ans, j'ai eu un petit copain. Très travaillé par ses hormones. Et qui, au début de notre relation, n'a pas su ou voulu comprendre que non, ce n'était pas normal que je sois tétanisée ainsi.
Et mon corps a dit ce que ma bouche n'osait pas dire.
Le vaginisme est une contraction musculaire prolongée ou récurrente des muscles du plancher pelvien qui entourent l'ouverture du vagin. Cette action réflexe, involontaire et incontrôlable, empêche de façon persistante toute pénétration vaginale désirée (...). Sa source est toujours psychologique, mais découle souvent d'une source physiologique. Une tentative de pénétration en dépit d'un vaginisme peut entraîner de graves douleurs qui vont souvent l'exacerber (...).
Le vaginisme secondaire survient en général après un traumatisme, physique ou psychique (mauvaise expérience), de toute nature. On parle alors plutôt de « dyspareunies », c'est-à-dire de douleurs vaginales lors des relations sexuelles. Les dyspareunies ne sont pas des maladies en soi, plutôt des symptômes dont il faut chercher la cause. (Source : Wikipedia)
Pendant plusieurs années. Ma gynéco s'arrachait les cheveux. Il lui fallait une demi-heure pour réussir à m'examiner.
Ça n'a pas arrêté mon petit copain. Il aurait préféré que je n'aie pas mal, bien sûr, mais il pensait que c'était juste un problème physique, et qu'il fallait faire avec. Ce qu'il faisait. Toujours. Même quand je disais "pas ce soir".
Je ne lui en veux pas (et je ne veux aucun commentaire négatif sur lui, s'il vous plaît). Il ne savait pas. Pas plus que moi. Je croyais que c'était normal d'avoir peur et mal. Je croyais que c'était normal qu'il insiste jusqu'à ce que je cède. Je ne savais même pas qu'on pouvait avoir du désir avant d'avoir eu du plaisir. Je ne savais pas que je pouvais avoir du plaisir, d'ailleurs. Comme tant de jeunes filles, j'ignorais qu'il y avait un organe féminin consacré à ça.
Je vais m'arrêter là. Aujourd'hui, je n'ai (presque) plus peur. Aujourd'hui, je sais que les agressions sexuelles sont punis par la loi. Aujourd'hui, j'ai un garçon de 15 ans qui a parfaitement intégré la notion de consentement, et une fille de 7 ans dont je vous jure qu'elle n'ira pas au collège en métro, dussé-je la conduire en vélo tous les jours, parce qu'à 12 ou 14 ans, même si on sait qu'on a la loi pour soi (ce que j'ignorais), on n'ose absolument pas s'en prendre à un homme de 20 ou 30 ans. Aujourd'hui, en cas d'attouchements, je saurais me défendre. Aujourd'hui, de toute façon, j'ai des cheveux gris, donc quand je passe devant un groupe d'adolescents sur le trottoir, ils ne me regardent même pas. Mais aujourd'hui encore, j'ai toujours le réflexe de fermer mon manteau, de baisser les yeux, et de presser le pas. Et même si je vais beaucoup mieux, je sais que ces milliers de blessures grandes ou petites subies pendant mon adolescence m'ont à jamais traumatisée, et que je ne m'en remettrai jamais complètement.
vendredi 13 octobre 2017
Erreurs linguistiques de jeunesse
Le gratin de finnois du Filou a suscité un certain nombre de commentaires savoureux sur la manière dont on comprend de travers certaines expressions quand on est petit... Pour ceux qui n'ont pas lu les commentaires, florilège :
Deux autres, dans ma famille :
Ma mère m'a raconté que petite, elle ne comprenait pas pourquoi, sous prétexte qu'il était né le divin enfant, on devait aller jouer au bois pendant que résonnaient les trompettes. Et ensuite, on attendait "cette retant", mais c'était quoi, une "retant" ? (Pour ceux qui ne sont pas trop calés sur les chants de Noël, les paroles d'origine sont ici).
Ma petite sœur, à qui je chantais des chansons engagées quand elle était petite, a longtemps chanté avec moi "La balade nord-irlandaise", où Renaud invite à se débarrasser des religions : "Tuez vos dieux / A tout jamais / Sous aucune croix / L'amour ne se plaît..." Mais elle ne comprenait pas très bien à qui s'adressait ce "Tu es vodieux" (ce qui était sans doute particulièrement odieux).
A mon tour :
- Pendant toute mon enfance, j'ai cru que plein d'Espagnols se prénommaient Nicolas, puisque leurs chansons répétaient à l'envi "Nicolas son" (en admettant que "son" veuille dire "je suis", comme en italien). Jusqu'à ce que je découvre que Pepito parlait de "mi corazon" et pas d'un éventuel prénom.
- Par ailleurs, j'ai cru jusque récemment (jusqu'à enfin voir les films, en fait) que les jedis de Star Wars manipulaient des "life saviour". Vu que ces machins colorés leur sauvaient la vie à longueur de temps, ça me semblait parfaitement logique. Ce qui l'était moins, c'était la mystérieuse raison qui avait poussé les traducteurs français à traduire ce joli nom par "sabre laser".
- Et j'ai été persuadée jusque tard (mais vraiment tard) qu'il existait en Suisse (et pas ailleurs, va savoir pourquoi) un animal, le grison, qui donnait une viande savoureuse. Probablement un quadrupède gris ressemblant à la fois à un grizzly et à un bison.
Maintenant, je suis grande, et pourtant, à chaque fois qu'on me parle de viande des Grisons, de "light sabre" ou de "mi corazon", pendant une fraction de seconde, c'est ce que j'en avais fait qui me vient à l'esprit. Magie des mots et des interprétations de notre inconscient... Un peu comme les minuscules étoiles qui brillent dans les rayons de soleil passant à travers les vitres, dont on comprend un jour que ce sont des simples grains de poussière, mais qui gardent une fascination magique pour qui n'a pas complètement tourné le dos à son enfance.
Et vous, quelle erreurs linguistiques ont creusé définitivement leur trou dans vos esprits ?
- Personnellement, je n'ai appris que bieeeen trop tard que "Les Mains Sales" de Sartre ne parlait pas d'une sorte de gruyère bizarre qui s'écrirait "L'Emmençal".
- Je me suis longtemps demandé pourquoi on parlait de trouver le poteau rose alors que ni EDF ni les PTT ne peignaient leur matériel de cette couleur.
Et une amie pensait que les petits étaient appelés enfants en basage car ils apprenaient les bases.
- Petite je confondais "tiramisu" et "kama sutra" (sans connaître la définition, ni de l'un ni de l'autre).
Plus tard j'ai écrit "Sainte Jeune Perse" au lieu de Saint John Perse.
Et on m'a longtemps raconté l'histoire de cette collégienne à qui le prof dictait une leçon sur les "bas salaires", et qui avait mécaniquement retranscrit "les basses à l'air"...
Deux autres, dans ma famille :
Ma mère m'a raconté que petite, elle ne comprenait pas pourquoi, sous prétexte qu'il était né le divin enfant, on devait aller jouer au bois pendant que résonnaient les trompettes. Et ensuite, on attendait "cette retant", mais c'était quoi, une "retant" ? (Pour ceux qui ne sont pas trop calés sur les chants de Noël, les paroles d'origine sont ici).
Ma petite sœur, à qui je chantais des chansons engagées quand elle était petite, a longtemps chanté avec moi "La balade nord-irlandaise", où Renaud invite à se débarrasser des religions : "Tuez vos dieux / A tout jamais / Sous aucune croix / L'amour ne se plaît..." Mais elle ne comprenait pas très bien à qui s'adressait ce "Tu es vodieux" (ce qui était sans doute particulièrement odieux).
A mon tour :
- Pendant toute mon enfance, j'ai cru que plein d'Espagnols se prénommaient Nicolas, puisque leurs chansons répétaient à l'envi "Nicolas son" (en admettant que "son" veuille dire "je suis", comme en italien). Jusqu'à ce que je découvre que Pepito parlait de "mi corazon" et pas d'un éventuel prénom.
- Par ailleurs, j'ai cru jusque récemment (jusqu'à enfin voir les films, en fait) que les jedis de Star Wars manipulaient des "life saviour". Vu que ces machins colorés leur sauvaient la vie à longueur de temps, ça me semblait parfaitement logique. Ce qui l'était moins, c'était la mystérieuse raison qui avait poussé les traducteurs français à traduire ce joli nom par "sabre laser".
- Et j'ai été persuadée jusque tard (mais vraiment tard) qu'il existait en Suisse (et pas ailleurs, va savoir pourquoi) un animal, le grison, qui donnait une viande savoureuse. Probablement un quadrupède gris ressemblant à la fois à un grizzly et à un bison.
Maintenant, je suis grande, et pourtant, à chaque fois qu'on me parle de viande des Grisons, de "light sabre" ou de "mi corazon", pendant une fraction de seconde, c'est ce que j'en avais fait qui me vient à l'esprit. Magie des mots et des interprétations de notre inconscient... Un peu comme les minuscules étoiles qui brillent dans les rayons de soleil passant à travers les vitres, dont on comprend un jour que ce sont des simples grains de poussière, mais qui gardent une fascination magique pour qui n'a pas complètement tourné le dos à son enfance.
Et vous, quelle erreurs linguistiques ont creusé définitivement leur trou dans vos esprits ?
jeudi 12 octobre 2017
Finnois gratinés
19h30. Le dîner est presque prêt. Le Filou rôde dans la cuisine.
— On manze un gratin, maman ?
— Oui.
— Un gratin comme la dernière fois ?
— Ah non.
— Y a pas de finnois dedans ?
Il m'a fallu quelques secondes pour comprendre.
(Et vous ?)
— On manze un gratin, maman ?
— Oui.
— Un gratin comme la dernière fois ?
— Ah non.
— Y a pas de finnois dedans ?
Il m'a fallu quelques secondes pour comprendre.
(Et vous ?)
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