lundi 16 septembre 2013

Sale comme un peigne

C'est l'histoire d'un peigne tombé dans une couche pleine (une bien triste histoire). Après récupération et rinçage rapide de l'objet – beurk –, on se dit que décidément, on n'osera plus jamais utiliser ledit peigne si on ne le désinfecte pas d'une manière ou d'une autre. Hélas, on n'a plus beaucoup d'alcool à 90°. Pas grave, on va le faire bouillir.
Une petite question, cependant : le peigne résistera-t-il à ce traitement ?

La réponse est non.


(Bon. Poubelle. A moins que pour certaines coiffures très élaborées, on ait besoin de peignes qui aient précisément cette forme recourbée ? Je devrais peut-être me renseigner...)

dimanche 15 septembre 2013

Polystyrène

Dans dix ans, on en retrouvera encore. Au-dessus de la plinthe, dans une chaussure, dans la poche d'un vêtement, dans une fissure du mur, collé à un livre, sous le paillasson, au milieu de l'herbe...

Moralité : quand vous montez un meuble IKEA,  ne laissez pas vos enfants jouer avec une plaque de polystyrène dans le couloir à côté pour avoir la paix. Ne sous-estimez pas la malignité de ces chers bambins, qui ne s'arrêteront pas avant d'avoir détaché le moindre petit grain de "neige" de la plaque, ni la malignité de l'énergie statique, qui viendra à bout de la meilleure volonté et du meilleur balai du monde.

samedi 14 septembre 2013

Pour le principe

Chahut. Miss Thing One tombe. Elle hurle. Je me précipite.

— Oh, ma pauvre chérie !
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn ! Moi j'a glissé !
— Oui, tu as glissé !
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn !
— Viens dans mes bras, que je te console.
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn !
— Ma pauvre, puce, c'est pas grave, ça va passer...
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn !
— Où est-ce que tu as mal ?
Oooooiiiiiiiiiinnnnnn !
— Chérie, réponds-moi. Tu t'es fait mal ?
Une seconde de réflexion, puis :
— Heu, non.

Et elle est repartie chahuter.

mardi 10 septembre 2013

Un amour de triporteur

(Cet article est la conclusion de celui-ci, où j'explique pourquoi nous n'avons pas de voiture, et celui-là, où j'évoque ma découverte d'un moyen de transport économique et écologique compatible avec les familles nombreuses.)

Et donc, après moult hésitations, après des heures passées à comparer les différents modèles sur Internet, après une longue réflexion sur l'utilité réelle de la chose, j'ai sauté le pas. J'ai acheté un triporteur.
Si vous n'avez pas tout suivi depuis le début et que vous avez la flemme de cliquer sur les liens, un triporteur, c'est un vélo à trois roues avec une grosse caisse à l'avant, juste devant le guidon, où on peut caser des enfants (ou trois cartons de livres, ou un adulte flemmard, ou un lave-vaisselle en panne, ou un pique-nique pour un groupe d'ados...). Il existe aussi des biporteurs, avec deux roues seulement, qui sont paradoxalement plus stables, notamment dans les virages ou sur terrain inégal ; mais la charge qu'on peut transporter est moins importante. J'ai décidé qu'au point où j'en étais, autant prendre le plus grand, le plus solide, la meilleure marque, le plus grand nombre de vitesse, et la meilleure assistance électrique. Bref, le top du top, ou à peu près.

Pour ceux qui voudraient des détails, il s'agit d'un triporteur cargotrike Bakfiets, version large. Le seul qui ait une charge utile dépassant les 100 kilos, le seul qui ait une assistance électrique compatible avec une boîte de vitesse (pour les autres, il faut s’accommoder d'un dérailleur), et le seul qui réponde à mes autres critères : des bancs relevables, pas de rétropédalage, une assistance électrique modulable, quatre places pour les gamins, et puis en bois, tant qu'à faire.
Autant annoncer la couleur tout de suite : ça m'a coûté 3500 euros. Eh oui.
Avant de pousser des hauts cris, rappelez-vous juste que c'est moins que ce que coûte chaque année une voiture en frais d'entretien, sans même parler du prix d'achat.

Quand, fin juin, on m'a annoncé que mon vélo-cargo était enfin arrivé des Pays-Bas, je suis allée le chercher en métro à l'autre bout de Paris, et je suis revenue dessus. Au début, j'avoue que ça m'a fait tout drôle. La manière de conduire est si différente que pendant les premières minutes, quand je voulais aller à droite, j'allais à gauche. Si vous y ajoutez l'assistance électrique qui me faisait aller plus vite que prévu, la largeur imposante de la bête, et le déséquilibre désagréable en bordure de trottoir, vous comprendrez pourquoi je me suis brièvement demandé si je n'avais pas fait une grosse bêtise.

Et puisqu'on est dans les défauts, j'ai aussi découvert que c'était lent, nettement plus qu'un vélo. D'abord parce que c'est lourd, et ensuite parce qu'il faut vraiment ralentir à chaque tournant pour garder l'équilibre, sinon on est éjecté par la force centrifuge, puisqu'on ne s'incline pas vers le centre du virage comme sur un vélo classique. Et aussi parce que comme c'est un gros machin, on va forcément moins vite pour pouvoir freiner facilement en cas d'obstacle imprévu.

Voilà : c'est cher, c'est difficile à manier quand on n'a pas l'habitude, et c'est lent.

A part ça, vous voulez savoir ce que j'en pense ?
J'adore. J'adore !

- J'adore pouvoir aller plus loin que le périmètre très limité où nous circulions à pied ;
- j'adore retrouver le plaisir de faire du vélo, et même de faire du sport, car j'aime faire travailler mes muscles (je mets presque toujours l'assistance électrique au minimum) ;
- j'adore pouvoir enfin transporter des choses en plus des enfants, alors qu'à pied, avec les deux mains prises par les Things et un bébé sur le dos, même un simple sac de provisions posait problème ;
- j'adore échanger quelques mots avec des passants admiratifs ou hilares aux feux rouges, et répondre aux curieux, ou simplement sourire aux cyclistes-à-siège-bébé ou aux familles à pied ;
- j'adore passer sur les pistes cyclables (oui, ça passe toujours, la caisse n'est pas beaucoup plus large qu'un guidon, en fait) à côté des voitures coincées dans les embouteillages ;
- j'adore prouver – et me prouver à moi-même – qu'il est possible d'utiliser un moyen de circulation silencieux et écologique même avec une grande famille ;
- et par-dessus tout, j'adore constater que mes enfants adorent ça, et qu'ils réclament sans cesse d'aller se promener en triporteur (même le Filou, par gestes !).


Je n'ai pas eu l'occasion de le tester beaucoup avant de déménager, mais juste après le déménagement, début juillet, il y a eu une semaine où les enfants fréquentaient encore la crèche de notre ancien quartier parisien alors que nous étions déjà banlieusards. J'avais loué ma voiture de l'été en avance afin de pouvoir l'utiliser pour les aller-retours, car je ne me voyais pas du tout dans le RER bondé avec trois petits surexcités ou épuisés (ou les deux). Certes, j'avais reçu le triporteur quelques jours plus tôt, mais le trajet était tout de même assez long : huit ou neuf kilomètres, soit bien trois quart d'heure en triporteur, contre vingt minutes en voiture et une demi-heure en RER.
Le premier matin, j'ai donc vaillamment pris ma voiture pour les emmener à la crèche. Une heure et huit kilomètres d'embouteillage plus tard, je me suis juré de ne vraiment pas m'acheter de voiture de sitôt. Le lendemain matin, toujours dans les bouchons, avec le Filou qui râlait dès que je m'arrêtais (tous les trois mètres, donc), je me suis dit que finalement, j'allais tenter le triporteur. Pour que le Filou soit confortablement installé et puisse s'endormir à l'occasion, j'ai carrément installé son siège auto dans la caisse. Et roulez jeunesse !



Bien entendu, je n'ai plus lâché mon nouveau joujou de la semaine. Matin et soir, trois quart d'heure de bonheur, dont plus de la moitié sur une route entourée d'arbres et interdite aux voitures, à rouler en discutant avec les gamins, sans le moindre embouteillage, avec une piste cyclable ou des couloirs de bus presque d'un bout à l'autre... Et en plus, il faisait beau ! Franchement, la seule question que je me pose, c'est pourquoi nous n'étions pas plus nombreux sur nos vélos, avec ou sans troisième roue...

Après, il y a eu la coupure des vacances, mais dès notre retour, les excursions ont repris. Le Grand lui-même se joint souvent à nous : il me suit en trottinette, mais peut monter dans la caisse avec la trottinette pliée quand il est fatigué. Il est même arrivé une fois qu'il invite un copain en rollers, et que je fasse les deux derniers kilomètres de la balade avec cinq gamins dans la caisse. Pour l'occasion, je me suis fait aider davantage par le moteur électrique, je l'avoue !

(Au passage, quelques mots sur l'assistance électrique. En résumé, heureusement que je l'ai prise ! D'accord, sur cinq niveau d'assistance possible, je choisis presque toujours le premier, et je pourrais souvent m'en passer. Cependant, les montées seraient épuisantes sans assistance, quand les enfants sont dans la caisse et que le vélo et ses passagers (moi comprise) frôlent les 200 kilos. Il y a même quelques montées abruptes (sorties de garage, par exemple) que je ne pourrais pas faire du tout, à moins de faire sortir tous les gamins de la caisse et de pousser l'engin à la main ! Par ailleurs, sur la route ou dans les carrefours, quand on représente un danger pour les voitures qui s'énervent derrière, c'est appréciable de pouvoir dégager le passage rapidement. Et pour les longs trajets sur du plat ou "faux plat", quand la piste cyclable est lisse et sans obstacles, c'est agréable de pouvoir aller un peu plus vite, et l'assistance électrique compense alors le poids de l'engin. Bref, je ne regrette pas une seconde le surcoût.)

Et maintenant ? Eh bien, maintenant, le triporteur, acheté au départ dans l'intention de faire des sorties en famille le weekend, est en train de devenir un moyen de transport quotidien, qui me permet d'embarquer les jumeaux à la sortie de l'école et d'aller directement chercher le Filou chez son assistante maternelle (qui a le seul défaut d'être assez loin), sans devoir prendre le bus, ni les faire marcher alors qu'ils sont fatigués, ni ressortir la poussette double remisée depuis plus d'un an à la cave. Du coup, j'ai même commandé une tente de pluie pour l'hiver...
On verra dans quelques mois si notre engouement persiste, mais pour l'instant, tous en chœur : vive le triporteur !




lundi 9 septembre 2013

Vive la rentrée !

Donc :
- le Filou a fait connaissance avec son assistante maternelle (aussi professionnelle que le laissait espérer sa petite annonce, et très sympathique de surcroît), et y va désormais tout à fait volontiers ;
- le Grand a entamé pour de bon sa vie au collège, pas vraiment de gaieté de cœur, mais à peu près résigné à son triste sort d'élève (ce soir, en revenant des cours, il m'a annoncé qu'il était venu à bout de sa première semaine de sixième. Plus que trente-cinq !) ;
- Les Things ont commencé l'école maternelle sans sembler remarquer la différence avec la crèche, sans hésitation ni larmes, et même plutôt joyeusement (il faut dire qu'ils sont dans la même classe, que la maîtresse a l'air très gentille, et qu'ils ont eu une mini-adaptation : visite de l'école quelques jours avant la rentrée, pré-rentrée de deux heures avec seulement la moitié des enfants jeudi, et matinée de trois heures vendredi) ;
- Darling continue sa vie de libraire et découvre que le RER n'est pas tout à fait aussi fiable que le métro (et soutient mordicus qu'il y a plus de trains dans un sens que dans l'autre, toujours, et que si ce n'est mathématiquement pas possible, ce sont les maths qui se trompent) ;
- quant à moi, j'ai eu aujourd'hui ma première journée "complète" (de 9h30 à 15h30) sans enfants depuis plus de deux mois, mon premier déjeuner en solitaire, ma première tentative de conciliation corvées / boulot, et je vais me coucher déjà en retard de quatre pages sur mon planning de traduction très serré.

Bref, nous reprenons une vie normale... La vie est belle !


samedi 7 septembre 2013

En gros

Après quelques recherches, je trouve sur internet un grossiste qui propose des produits bio en grosses quantités, théoriquement destiné aux achats groupés, mais parfait pour les familles nombreuses : les pâtes par paquet de 5 kilos, la pulpe de tomate par colis de 12 boîtes de conserve, l'huile d'olive par 6 litres, etc. Ce n'est pas énormément moins cher qu'au détail chez mon supermarché en ligne habituel, mais un peu quand même, et puis dans le cas des gros paquets, ça évite le suremballage... et surtout, ça m'évitera de me trouver à court de produits de base trop souvent, donc je décide de tester. C'est une première commande, donc je prends peu de produits, juste assez pour atteindre le seuil minimal pour une livraison gratuite : farine, sucre, gros pots de compote, shampoing pour toute l'année, riz, jus de fruit, huile, pâtes bien sûr, et puis quelques packs de lait, pendant que j'y suis.

Quelques minutes plus tard, je reçois la confirmation du service livraison : ma commande est en cours de préparation, je recevrai mon colis de 116 kilos d'ici trois jours.

...


Ah ouais, quand même.

mercredi 4 septembre 2013

Collégien

Et donc, comme tout le monde, le Grand a fait sa rentrée, plus précisément sa rentrée en sixième. Pour la deuxième fois de sa vie, un vrai saut dans le grand bain sans bouée, pour lui qui n'était pas allé à la crèche et était donc rentré à trois ans dans une école maternelle où il ne connaissait pas un chat. Hier matin, je l'ai accompagné dans ce collège inconnu de cette banlieue inconnue peuplée d'inconnus. La principale nous a fait un grand discours où elle s'engageait à "tirer le meilleur de nos enfants", parce que s'ils ne faisaient pas tous les efforts possibles, ça se passerait très mal pour eux (eh, Madame, vous êtes tout le temps à 100% de vos capacités, vous ?), et puis elle a mis les parents dehors.
Le Grand, au premier rang devant la principale

Et je l'ai laissé là, mon grand garçon, et je me suis rappelée que moi aussi, au même âge, j'avais débarqué au même âge dans un collège-lycée gigantesque où je ne connaissais strictement personne, et où, par-dessus le marché, je devais aller toute seule en métro. Et j'y ai passé sept années excellentes.

Il est ressorti de cette première matinée un peu sonné, vaguement inquiet que personne ne lui ait parlé (— Et toi, tu as essayé d'engager la conversation avec quelqu'un ? — Ben, non, tout le monde se parlait déjà !) et scandalisé par la sévérité de son prof de français :
— Il nous a dit que si on était en retard, on aurait un avertissement !
— Hein ? Carrément ?
— Oui, et au bout de trois avertissements, on a une heure de colle !
Ah bon, je préfère.

Mais ça, c'était hier. Aujourd'hui, les deux autres profs rencontrés lui ont plu davantage, et surtout, il m'a annoncé, tout content, qu'il s'était fait un copain.
— Ah, super ! Et comment s'appelle-t-il ?
— Heu... En fait j'ai oublié.
OK.

Pour l'occasion, j'ai laissé Darling (dont c'était le jour de "repos") aux prises avec les mômes et j'ai emmené le pré-ado au restaurant. Je lui ai même fait un cadeau, pour marquer le coup : un magnifique stylo à plume en métal, un Waterman, à ne pas perdre trop vite.
— Tu vois, maintenant tu es vraiment grand, tu peux laisser tomber les stylos bille ; écrire avec un stylo à plume, c'est une sensation très agréable, sans compter...
— Waouh ! La plume est en or ?
— Plaquée or, je crois. Je disais donc...
— Super, je pourrais la faire fondre et la revendre !
Certaines choses ne changent pas.

En tous cas, c'est officiel, j'ai maintenant un collégien à la maison !

(En réalité, ça ne me fait pas tellement d'effet ; je sais que je suis censée verser ma petite larme sur le temps qui passe trop vite, les enfants qui grandissent et "j'ai l'impression que c'était hier qu'il tétait huit fois par jour", tout ça, mais prétendre que je regrette ce temps-là serait mentir...)