mardi 9 septembre 2014

Un projet inattendu

Au début, c'était juste une idée en l'air. Un copain éducateur spécialisé m'a dit que l'équipe pédagogique avec laquelle il travaillait cherchait un auteur ou un traducteur pour intervenir deux ou trois fois dans l'année devant des enfants, afin de leur parler du métier et du monde des livres. Est-ce que ça me tentait ?
J'ai tout de suite donné mon accord de principe. J'en ai déjà fait plusieurs fois, des interventions de ce genre. J'aime répondre aux questions des gamins, les étonner ou les faire rire. J'aime écouter leurs critiques et leur expliquer comment on fait un bouquin. C'est épuisant, mais ça me change de ma solitude habituelle, ça me donne l'occasion de rencontrer des gens, et c'est correctement rémunéré. Bref, j'ai dit oui, pourquoi pas ?

Au fil des emails et des discussions téléphoniques, cependant, le projet s'est peu à peu affiné.

— En fait, ce serait bien que tu viennes un peu plus souvent, pour qu'on puisse monter un vrai projet.
— Heu, quel genre de projet ?
— Eh bien, des ateliers d'écriture, ce genre de choses.
— Des ateliers d'écriture ? Mais je n'ai jamais fait ça, moi ! Je n'y ai même pas assisté, je ne sais pas en quoi ça consiste !
— Oh, je suis sûr que tu te débrouilleras très bien.
— Mais ils ont quel âge, les gamins ?
— Entre 7 et 15 ans.
— Hein ? Mais comment veux-tu que je travaille avec des âges aussi disparates ?
— Ne t'en fais pas, ils seront répartis en petits groupes d'âge à peu près homogènes. Il faudra juste que tu rencontres plusieurs groupes par jour, et que tu adaptes tes interventions.
— Gloups ! Mais combien de fois devrais-je venir ?
— Idéalement, une fois par mois, ce serait bien.
— Tant... tant que ça ?
— Oui, pour avoir le temps de bien travailler... Ah, et au fait, je dois te prévenir, c'est un institut pour des enfants qui présentent un trouble du comportement.
— Heu, pardon ? C'est-à-dire ?
— Ils ont du mal à gérer leurs émotions, en particulier la colère. Concrètement, ça veut dire qu'ils se conduisent souvent comme des sauvages. Le premier jour où j'ai travaillé là-dedans, je suis rentré chez moi en pleurant.
— ...
— Mais ne t'en fais pas, ils sont rarement agressifs. Si tu réussis à éveiller leur intérêt, je suis même sûr qu'ils seront adorables !
— ...



Donc voilà, cette année, je vais aller passer huit ou dix journées (!) dans un institut pour enfants entre 7 et 15 ans (!!) présentant des troubles du comportement (!!!) afin d'y animer des ateliers d'écriture (!!!!).

Au moins, on ne peut pas dire que je rechigne à sortir de ma zone de confort, pas vrai ?

(En vrai, ça promet d'être vraiment intéressant, et je suis super contente. OK, super stressée aussi. Mais contente. Mais stressée. Mais contente...)


4 commentaires:

  1. Et moi je te dis que je pressens des ateliers très sympas avec muffins poire chocolat au menu et qu'un thème écriture-gourmandise ne serait pas le malvenu...j'ai envie de vous rejoindre, tiens, mais ça m'étonnerait que ma hiérarchie accepte cela comme faisant partie de ma fiche de poste...

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  2. La mienne accepterait probablement mais rechignerait à signer un ordre de mission pour autant de km... La vie est mal faite !
    Je dis bravo et bon courage ! Je dis que les mots apprivoisent souvent les fragiles et les blessés, je dis que l'écriture est un bon exutoire à la colère. Mais que ça sera probablement plein de... surprises... et que j'ai hâte de lire ça.

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  3. Oh, j'ai été si effrayant que ça? J'ai réalisé -effectivement-, qu'après avoir dit 'ils ne vont pas te sauter à la gorge', j'ai enchainé sur 'ma première journée a été horrible'. Mais c'était un tout autre contexte donc pas d'inquiétude ;) Et dans la mesure où tu n'es pas l'éducateur qui leur court après pour les forcer à se mettre au lit, il n'ont aucune raison de t'en vouloir, te mordre, chercher à te dévorer ou t'empaler sur des crayons de couleur =P

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  4. Si tu essaies de me rassurer, tu ne t'y prends pas très bien ! ;-)

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