vendredi 13 octobre 2017

Erreurs linguistiques de jeunesse

Le gratin de finnois du Filou a suscité un certain nombre de commentaires savoureux sur la manière dont on comprend de travers certaines expressions quand on est petit... Pour ceux qui n'ont pas lu les commentaires, florilège :
- Personnellement, je n'ai appris que bieeeen trop tard que "Les Mains Sales" de Sartre ne parlait pas d'une sorte de gruyère bizarre qui s'écrirait "L'Emmençal".
- Je me suis longtemps demandé pourquoi on parlait de trouver le poteau rose alors que ni EDF ni les PTT ne peignaient leur matériel de cette couleur.
Et une amie pensait que les petits étaient appelés enfants en basage car ils apprenaient les bases.
- Petite je confondais "tiramisu" et "kama sutra" (sans connaître la définition, ni de l'un ni de l'autre).
Plus tard j'ai écrit "Sainte Jeune Perse" au lieu de Saint John Perse.
Et on m'a longtemps raconté l'histoire de cette collégienne à qui le prof dictait une leçon sur les "bas salaires", et qui avait mécaniquement retranscrit "les basses à l'air"...

Deux autres, dans ma famille :

Ma mère m'a raconté que petite, elle ne comprenait pas pourquoi, sous prétexte qu'il était né le divin enfant, on devait aller jouer au bois pendant que résonnaient les trompettes. Et ensuite, on attendait "cette retant", mais c'était quoi, une "retant" ? (Pour ceux qui ne sont pas trop calés sur les chants de Noël, les paroles d'origine sont ici).

Ma petite sœur, à qui je chantais des chansons engagées quand elle était petite, a longtemps chanté avec moi "La balade nord-irlandaise", où Renaud invite à se débarrasser des religions : "Tuez vos dieux / A tout jamais / Sous aucune croix / L'amour ne se plaît..." Mais elle ne comprenait pas très bien à qui s'adressait ce "Tu es vodieux" (ce qui était sans doute particulièrement odieux).

A mon tour :

- Pendant toute mon enfance, j'ai cru que plein d'Espagnols se prénommaient Nicolas, puisque leurs chansons répétaient à l'envi "Nicolas son" (en admettant que "son" veuille dire "je suis", comme en italien). Jusqu'à ce que je découvre que Pepito parlait de "mi corazon" et pas d'un éventuel prénom.

- Par ailleurs, j'ai cru jusque récemment (jusqu'à enfin voir les films, en fait) que les jedis de Star Wars manipulaient des "life saviour". Vu que ces machins colorés leur sauvaient la vie à longueur de temps, ça me semblait parfaitement logique. Ce qui l'était moins, c'était la mystérieuse raison qui avait poussé les traducteurs français à traduire ce joli nom par "sabre laser".

- Et j'ai été persuadée jusque tard (mais vraiment tard) qu'il existait en Suisse (et pas ailleurs, va savoir pourquoi) un animal, le grison, qui donnait une viande savoureuse. Probablement un quadrupède gris ressemblant à la fois à un grizzly et à un bison.

Maintenant, je suis grande, et pourtant, à chaque fois qu'on me parle de viande des Grisons, de "light sabre" ou de "mi corazon", pendant une fraction de seconde, c'est ce que j'en avais fait qui me vient à l'esprit. Magie des mots et des interprétations de notre inconscient... Un peu comme les minuscules étoiles qui brillent dans les rayons de soleil passant à travers les vitres, dont on comprend un jour que ce sont des simples grains de poussière, mais qui gardent une fascination magique pour qui n'a pas complètement tourné le dos à son enfance.

Et vous, quelle erreurs linguistiques ont creusé définitivement leur trou dans vos esprits ?
 

23 commentaires:

  1. Au patronage on chantait un cantique à Ste Marie Goretti et on disait ; veillez sur nous aux matins des rudes combats. Sans rien y comprendre je chantais : aux matins des rues de combat, je me demandais pourquoi. J'ai aussi compris bien tard

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  2. Tu te souviens bien du "vodieux" de Renaud ! J'y pensee chaque fois que je réécoute cette chanson ! Il y avait aussi dans "Le petit âne gris" de Hugues Aufray (soit dit en passant "Hugo Frais" étais-je alors persuadée...) cette phrase "Mais un jour de Marseille, des messieurs sont venus". Et je me demandais bien ce qu'était un "jour de Marseille". Comme "un jour de printemps" ? "Un jour férié" ? "Un jour de fête" ? Pas fait le lien avec la ville...

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  3. "Dansons la capucine, y'a pas de pachinou"....Ça, c'était ma version. Pourtant, j'avais un papa boulanger....

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  4. Plus de 40 ans après, ma mère se fout toujours de ma gue*le car je chantais le générique des Muppet Show, "d'un coup de balai tragique" au lieu de "d'un coup de baguette magique"...

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  5. Ah, pourquoi ma mère me disait que mon cousin Germain allait venir alors que si j'ai bien une tante Germaine aucun de mes cousins ne s'appellent ainsi...
    Aussi mes enfants ont souvent dit que j'étais née chez Mme gaspard. Madagascar est pourtant pas si difficile à dire.

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  6. Ma fille a parfois du mal à s'approprier pleinement un mot qu'elle ne connait pas bien. Elle retient a peu près les sonorités. Et elle se lance, ce qui donne des trucs bizarres et il faut parfois réfléchir
    - porte Dorée à Paris en hiver (elle était petite) : "ohhhh des mouettes!!!!". Et nous de chercher partout les oiseaux. Ben non. Fallait comprendre 'tramway'
    - au debut de l'été "ce que je n'aime pas,l'été,c'est la canalisation" ??!???. Ah. Canicule. Ok.
    - (à propos d'un plat préparé) " dans les instructions, ils disaient qu'il fallait le mettre dans de l'eau frisée "??!?? "Ah non de l'eau frimée" ???!!?? Ah. Ok. De l'eau frémissante.
    -"tu sais, au cours de boxe, on fait des guillotines " "vous faites des quoi ???" "Des guillotines" et elle me montre. Ah oui. Des gainages. Ok. Tu sais ce que c'est une guillotine ?" "Non" ( mais d'où sort elle ce nom ??)
    - et mon fils petit (et à peine influencé la pub) : "Atooooooll, les petits chiens!!"

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  7. Il y a aussi les problèmes de liaison : une de mes filles pensait que l'assiette était en fait la siette. D'où la question : qu'est ce qu'il y a dans ta siette ?
    Et ce matin encore, ayant expliqué à Petite Dernière que ce bruit était le cri d'un âne, elle a demandé si on pouvait aller voir le nane.

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    1. Et ma grand-mère me parlait d'un de ses cousins, sans doute grand amateur de pâtes, qui pensait qu'à l'église on chantait : y a des nouilles, y a !
      Faudrait essayer d'annoncer le menu comme ça...

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  8. Euh....pour la viande des Grisons, je ne m'étais jamais posée la question!
    Ma collègue, à qui je donnais des conseils de maquillage:
    "ah oui, le mascara waterplouf c'est bien!"
    Ben oui, quand tu plonges ça reste impec!

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  9. Mon fils aîné (3 ans à l'époque) disait toujours, quand je lui lisais le passage du livre "Les Trois Brigands" de Tomi Ungerer, "elle était orpheline" : "Torpheline ça veut dire qu'elle a pas de parents !"

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  10. J'explique à mon fils qu'il est jeune et il me répond "ah Noé est orange alors si je suis jaune". Et moi j'ai toujours dis la gaboue au lieu de la gadoue et les decotlés au lieu des décolletés (même maintenant je me trompe encore)
    Justine EFf

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  11. mon fils:

    frère Jacques: "sonnez les Mathilde sonnez les Mathilde...."

    devant le thermomètre: "il fait beaucoup de grès?"

    Il a cours de musique avec Max-scream (maxime...)

    un rouleau professeur (compresseur)

    ...

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  12. Moi c'est l'expression "Ad hoc" qui me posait problème. Je ne comprenais pas ce que venait faire le capitaine Haddock pour trouver la solution!

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  13. Les cantiques ont dû être une grande source de malentendus. Mon père m'a raconté que, petit, il chantait la "sainte négresse" pour la "sainte allégresse".
    Moi, récemment, c'est une erreur de lecture qui m'a fait beaucoup rire. Je passais devant un marchand de journaux, il y avait une affichette (à peu près format A3) avec le gros titre d'un journal sur deux lignes :
    Les jeunes premières
    victimes du chômage
    Je suis solidaire des intermittents du spectacle qui sont souvent au chômage, mais pourquoi s'intéresser en particulier au jeunes premières au point d'en faire le titre principal du Parisien ?
    Il m'a fallu cinq bonnes minutes pour comprendre qu'il fallait lire : "Les jeunes, première victimes du chômage". Comme quoi, une virgule, ça peut toujours servir.

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  14. Dans une dictée, j'avais écrit "…la marchande ouvrait sa boutique de bonheur…" et la maîtresse avait corrigé : non, c'est de "bonne heure" ! mais je préférais ma boutique de bonheur…

    Fabrice

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  15. Moi ce sont des souvenirs de cours de maths...
    J'ai toujours chercher à comprendre ces 2 lettres magiques qu'on désignait comme "Grand Taux" et "Petit Taux". Je cherchais toujours la lettre (grecque?) dans l'écriture:
    O(x) ou o(x)...
    A mille lieux de penser qu'il s'agissait en fait juste d'un simple O majuscule et d'un o minuscule...
    Mais comme le prof faisait systématiquement la liaison en prononçant explicitement un "t" qui n'existe pas...

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  16. Hier, les enfants m'ont demandé de leur resservir du gratin de swiffer...
    (chou fleur ) !

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  17. Le vent des globes.
    (L'enfance c'est trop loin)
    Encore récemment, je me serais trompé en écrivant le nom de cette course à la voile.

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  18. pareil pour le vent des globes, jusque l'année dernière....!!
    et je me souviens aussi avoir lu "après la pluie, le beau temps" de la comtesse de Ségur, et pendant tout le livre j'attendais l'averse suivi du grand soleil....

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    1. J'avais le même problème avec "un bon petit diable", pour lequel j'attendais la même chose que le "gentil.petit diable" de Pierre Gripari. Lors de ma première lecture, j'attendais impatiemment l'apparition d'un diablotin sympathique !

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    2. Pareil pour le vent des globes jusqu'à il y a quelques années. Et, franchement, je trouve cela beaucoup plus poétique que le Vendée Globe !

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  19. Sur le titre des livres, j'ai trouvé mon fils ado en train de lire "L'angoisse du gardien de but au moment du penalty" de Peter Handke. Il persévérait, espérant enfin trouver le match de foot (qui existe bien, mais tout à la fin) en trouvant ce livre très...

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