jeudi 16 août 2012

Le cal de la mère de famille nombreuse


C’est la troisième année de suite que j’ai un cal qui se forme sur le côté extérieur du pied, au niveau de la cheville, pendant les grandes vacances.
Au début, j’ai cru que je m’étais fait mal, mais ce n’était pas une cicatrice, vraiment un cal. Puis j’ai pensé que c’était mes chaussures qui frottaient, mais ça ne tenait pas debout, puisque je suis encore plus souvent pieds nus en été qu’en hiver.
La semaine dernière, j’ai eu une illumination. Qu’est-ce qui change dans ma vie en été, à part l’habillement ?
Je suis sans cesse avec les enfants.
Et donc ?
Et donc je change au moins 80 couches par semaine. Sans table à langer. Accroupie par terre, un pied replié sous les fesses.
Sans même compter les douches, les bains, les câlins au Petit quand il est sur son tapis d’éveil, etc., fin août, ça fera environ 500 fois où je me serai à moitié agenouillée par terre, une partie du poids de mon corps reposant sur l’extérieur de ma cheville droite.
Au moins, c’est original, non ?

mercredi 15 août 2012

Coucou !

Oh, après une semaine de tentatives vaines, ça remarche ! Vite, vite, j'en profite. Vous aurez encore quelques petits aperçus de mes vacances dans les jours à venir.
(Par contre, je ne peux pas consulter les commentaires ni y répondre, alors soyez sages, hein ?)

Dans une douzaine de jours, retour à la civilisation. Je rêve de passer une heure à flâner sur Internet, de faire des petits gâteaux (ici j'ai bien un peu de matériel, mais pas les ingrédients), et de manger du pain convenable (celui qu'on trouve ici est atroce, du carton au bout de deux heures). Et puis de téléphoner ou d'écrire à tous mes amis. Et aussi de revoir Darling, mais si. Et de sevrer le Petit, et de reprendre le sport. Et de recommencer à travailler. Et de trouver une maison de huit pièces avec jardin à Paris intra-muros pour le même prix que notre quatre pièces, mais ça, c'est peut-être un peu plus hasardeux.

Allez, à très bientôt !

lundi 13 août 2012

Explosion du langage (dommages collatéraux)


Mr Thing Two, et dans une moindre mesure Miss Thing One, sont dans la phase dite de « l’explosion du langage ». Autrement dit, ils apprennent de nouveaux mots tous les jours, et se font de mieux en mieux comprendre.
Mais parfois, ça reste approximatif. Et on se retrouve, perplexe, à se demander pourquoi le gamin veut absolument mettre son manteau alors qu’en réalité, il veut aller dans le porte-bébé. Ben oui, quoi, il veut aller sur « mon dos ».
Ou alors, pendant un long voyage en train, il importune tous les voyageurs en clamant à moult reprises qu’il veut un missile, oui  oui, un missile, mais si, un missile, et même que s’il n’a pas un missile très vite, il va crier très fort. Ce qu’il a fait. Ce n’est que le lendemain que nous avons saisi qu’il aurait aimé regarder une vidéo de « Minuscule ».
Dans la même série, ce n’était pas un hérisson qu’il réclamait, mais Winnie l’Ourson.
Et je défie quiconque de deviner, quand il réclame de la salade pour son goûter, qu’il aimerait boire un jus d’ananas.

Remarquez bien que pour l’aîné, les yaourts se sont longtemps appelés « rajoute » et le feu « oh la la », et il a tout de même appris à parler à peu près correctement.
(A peu près, seulement. L’autre jour, je l’ai entendu dire que quelque chose était « trop génial ». J’ai hésité à le renier, mais bon, je le garde. On va dire que c’est un investissement.)

dimanche 12 août 2012

Crise


De temps en temps, une demi-douzaine de fois par semaine, j’ai un aperçu de ce que pourront être nos vacances ici dans trois ou quatre ans. Les enfants jouent, le Petit regarde le monde, Darling sirote un verre de vin, je contemple les collines pendant que la brise me caresse la peau, tout le monde est de bonne humeur.
Malheureusement, ça dure généralement moins de cinq minutes.
Les crises, elles, sont beaucoup plus nombreuses. Et beaucoup plus longues.

Un exemple de ce que j’entends par « crise » ?

L’autre jour, vers 16h, alors qu’elle s’était endormie très tard pour la sieste, Miss Thing One se met à pleurer. Je vais la voir. Elle a dû dormir dans une mauvaise position, et elle a mal à la main. Du moins est-ce ce que je présume, car elle refuse de répondre à mes questions et se met en colère.
Mr Thing Two a été réveillé en sursaut par les cris de sa sœur. Or, ce garçon n’est pas particulièrement de bonne humeur quand il se réveille, même en douceur. Autant dire que là, il est furieux. Il braille et se met dans une rage incroyable dès que j’essaie de l’approcher ou même de lui parler, mais ne veut pas non plus que je le laisse tout seul se rendormir.
Tous ces cris ont réveillé le Petit, qui se rend compte que c’est l’heure de la tétée. Il nous le fait savoir.
Le Grand, qui a passé quasiment toute la journée à lire et jouer à la DS, se lève pour voir ce qui se passe. Se rend compte alors, dès qu’il fait un mouvement, qu’il a horriblement mal à la tête. Pleure à chaudes larmes. Puis me prévient qu’il a la nausée. Et une seconde plus tard, vomit tout son déjeuner par terre.
Ce qui fait taire Miss Thing One, de surprise, mais pas longtemps. Elle recommence à crier. S’interrompt parfois pour réclamer une glace, et son bavoir.
Mr Thing Two ne décolère pas. On dirait un cochon qu’on égorge. Dès qu’il sera calmé, il réclamera son biberon. Et qu’on lui change la couche.
Le Petit est rouge de colère. Il a faim, et tout ce bruit ne lui plaît guère. Il réclame le sein, et un peu de calme.
Le Grand sanglote, et entre deux sanglots, il réclame un verre d’eau pour se rincer la bouche, un comprimé contre le mal de tête, un mouchoir, un pantalon propre. Et il me signale que je dois laver le sol, mais aussi la chaise sur laquelle il était assis, et celle d’à côté (celle où Miss Thing One voudrait s’assoir pour manger la glace que je dois lui apporter très très très vite).

Bon, pas de panique. Après tout, nous sommes deux adultes, dans cette maison. Darling dormait, mais tout ce bruit a dû le réveiller. Pourquoi ne vient-il pas ? Je vais le chercher.
Je le trouve assis sur le lit, tremblant de tous ses membres, qui m’annonce d’une voix dolente :
- Je fais une grosse crise d’hypoglycémie. J’ai peur de tomber si je me lève. Tu pourrais m’apporter un verre de jus d’orange ?

samedi 11 août 2012

Effraction


Journée à IKEA. Dans un genre un peu différent, le même genre d’expérience que notre fameux voyage en avion. Le moment du déjeuner, avec les trois plus jeunes qui hurlaient, la queue au self, et les boulettes suédoises que j’ai fini par manger froides, fut particulièrement éprouvant.
Bien entendu, nous sommes rentrés sans le lit, la commode et le meuble de cuisine que j’espérais acheter. Et même pas tellement de bricoles pour les remplacer. Pour acheter des trucs inutiles, il faut avoir le temps de regarder dans les rayonnages.
(D’une certaine manière, je peux remercier mes enfants, donc.)

Bref, quand nous arrivons enfin à la maison, moi avec les yeux qui piquaient tellement j’étais fatiguée, les enfants d’une humeur massacrante d’avoir fait une sieste bien trop courte, tous trop chaudement habillés parce qu’il devait faire moche ce jour-là (je vais lui dire, à ma voisine, que sa météo ne vaut rien), nous sortons de la voiture au milieu des hurlements (encore, toujours), et c’est là que je m’aperçois…
… que je n’ai plus la clef.
A pu, clef. Envolée. Disparue.
Une femme de ménage d’IKEA doit être actuellement en possession d’une clef orpheline, sans trousseau (Mr Thing Two m’a démoli mon porte-clefs), trouvée dans le réfectoire après le passage de cette famille nombreuse ultra-bruyante dont la mère a jeté son sac ouvert dans le chariot des courses pour se hâter de nourrir sa gamine d’une main et son bébé d’un sein afin de les faire taire, au moins ces deux-là.

Pas de clef. Au secours. Les voisins ont-ils la clef ? Oui, mais ils ne rentrent du travail que dans deux heures, et dans moins de cinq minutes, je vais me rendre coupable d’un infanticide si les Things continuent à crier. Le monsieur qui s’occupe de la maison en mon absence a-t-il la clef ? Oui, mais quand je lui téléphone, il m’annonce qu’il est très loin de là.
Je vide intégralement mon sac pendant que Darling fait le tour de la maison. Les Things hurlent. Le Grand râle. Le Petit pleurniche (c’est de loin le plus sage des quatre). Je ne trouve rien. Darling non plus. Pas de porte ouverte, pas de fenêtre ouverte, nulle part. Seule la porte de la cave est exceptionnellement ouverte, à cause des travaux (je vous raconterai). Ce qui me fait penser qu’à la cave, il y a un congélateur. Quelques instants plus tard, je colle dans la main des deuzans un énorme cône trois fois trop grand pour eux (les autres sont dans le congélateur de la cuisine, inaccessibles). Les sales mômes se taisent pour la première fois de la journée, ou presque. On va pouvoir réfléchir.
Alors, voyons. Toutes les portes sont fermées, y compris celle qui mène de la cave à la cuisine. Mais contrairement aux autres, cette porte n’est pas une porte super-solide avec une serrure de sécurité patati patata. C’est censé être une porte intérieure, donc en bois massif, certes, mais avec une serrure primitive. Et la clef est dedans.
Et si je me prenais pour Fantômette, pendant quelques minutes ? Pourquoi pas ? Rien à perdre, c’est ça ou attendre deux heures avec quatre enfants (ou encore casser une vitre renforcée, si on y arrive). Après tout, dans les bouquins (pour les 8-12 ans, les plus grands n’y croiraient plus), ça marche toujours.
Je monte jusqu’à la porte en question et je glisse sous la rainure une grande feuille de papier (la liste de ce qu’on aurait dû acheter). Puis j’emprunte au Grand le clou qu’il vient de trouver et avec lequel il espérait crocheter la serrure sécurisée, et je commence à trafiquer. La clef est tournée à l’horizontale, ce qui ne facilite pas les choses. Mais petit à petit, je réussis à la mettre en position verticale. Puis je pousse une profonde inspiration, et je pousse avec le clou.
Et la clef tombe.
Sur la feuille de papier.
Et l’interstice entre le sol et la porte est suffisamment grand.
Je tire la feuille de papier, tout doucement…
… et je mets la main sur la clef !
Et voilà comment j’ai réussis à pénétrer chez moi par effraction, ou presque, en utilisant un système dont je n’aurais jamais, jamais, jamais cru qu’il marchait « en vrai » et surtout pas que j’aurais l’occasion de le tester un jour. Un vieux truc que j’avais encore trouvé il y a moins de trois mois dans une histoire de détective complètement irréaliste pour les plus jeunes lecteurs.
Comme quoi, travailler dans l’édition jeunesse, ça peut avoir des avantages insoupçonnés, parfois.

vendredi 10 août 2012

Rose


Premier soir. Après un voyage de douze heures porte à porte, nous arrivons enfin. Pendant que tout le monde hurle de fatigue, je fais très rapidement les lits avec les premiers draps qui me tombent sous la main. Puis je change les plus petits, je les mets en pyjama, et je les emmène dans ce qui sera leur chambre pendant six semaines.
Miss Thing One se dirige tout naturellement vers le lit à barreaux de gauche en entrant dans la chambre : à Paris, elle dort du côté gauche de la chambre. Mr Thing Two se dirige vers la droite, puis il change d’avis et va disputer l’autre lit à sa sœur. Je décide qu’on ne va pas bousculer les habitudes (ce n'est pas comme si nous étions dans une nouvelle maison et même dans un autre pays, non plus), et je mets la gamine à gauche, le gamin à droite.
Mais quelque chose le chiffonne. Il me soutient que ce lit n’est pas le sien, mais celui de sa sœur.
- Ç’à Lila*, ça !
- Mais non, je te dis que c’est TON lit. Pourquoi voudrais-tu que ce soit le sien ?
Il hésite encore, perplexe, puis ramasse le drap que je lui ai donné :
- Ça rose, ç’à Lila, ça !
Deux ans passés à lui attribuer systématiquement le pyjama ou le bol rose quand on m’offre deux pyjamas ou deux bols identiques (version rose et version bleue), et il me sort un truc pareil.
Le lendemain matin, j’ai failli lui mettre une robe fuchsia à petites fleurs, pour lui apprendre. Mais je me suis retenue.

*C'est comme ça qu'il appelle sa sœur. Ne cherchez pas.

mercredi 8 août 2012

Clef 3G


Ça alors, une connexion internet ! Cette clef 3G fonctionne donc un jour sur dix, en moyenne (et seulement si on a deux heures devant soi). La dernière fois, c’est-à-dire la seule fois où elle a daigné faire son boulot, j’ai réussi à consulter mon compte en banque. J’ai bon espoir de réussir à répondre à au moins deux emails d’ici mon retour fin août.
Tout ça pour dire que le voyage s’est bien passé ou presque, que je suis bien installée dans ma jolie maison, que les enfants grandissent à vue d’œil, qu’il fait beau et chaud, que je mange plein de glaces délicieuses et de tomates qui ont du goût, mais que je compte les jours avant la rentrée à Paris. Mais non, ce n'est pas illogique. Il faut le vivre pour comprendre. Plus que 18 jours avant de regagner mon foyer, plus que 26 jours avant la rentrée scolaire, et plus que 39 jours avant de recommencer à travailler, c'est-à-dire avant de me retrouver enfin seule dans l'appart. Allez, on y est presque.
(Et plus que quatre mois et demi avant Noël, mais ça n’a rien à voir.)
Je vais essayer de profiter de cette occasion rarissime pour programmer pour les jours à venir des textes que j’ai écrits depuis mon arrivée. Il faut reconnaître que les vacances ont au moins le mérite d’être une source d’inspiration pour ce blog.
Alors à très bientôt !