samedi 17 mai 2014

Anniversaire, chocolats, commentaires et sophistication

Alors voilà, je suis revenue de Bretagne (mais oui, c'est en Bretagne qu'on fait des pizzas aux ravioles, non ?). Je suis arrivée juste à l'heure du dîner hier soir, j'ai eu droit aux râleries habituelles du Grand, aux hurlements du Filou qui trouve systématiquement que ce qu'on lui sert à dîner c'est "bark", aux hurlements de Mr Thing Two à qui l'opticienne a trop resserré ses lunettes même que ça lui fait MAL, aux bouteilles de lait vides alignées dans un coin par Darling qui ne sait visiblement toujours pas où est la poubelle du recyblable, et au petit caca de miss Thing One à  21h45, car depuis environ deux semaines, cette gamine défèque tous les soirs au moins une demi-heure après avoir été couchée, et c'est quand je la crois sagement endormie depuis belle lurette que j'entends un "Maman ! Viens m'essuyer !" qui me force à monter quatre à quatre jusqu'au deuxième étage avant que ses appels ne réveillent ses frères.

Mais je suis zen. Pendant ces deux jours, j'ai signé environ 200 autographes (promis), j'ai reçu des dessins offerts par des gamins rougissants, et j'ai même eu droit à un timide "Madame, je voulais vous dire que je trouve que vous êtes géniale", donc malgré la fatigue, ça m'a revitaminée pour quelques jours.

A part ça, aujourd'hui c'est mon anniversaire. Le Grand, auquel j'avais demandé un cadeau pas cher et fait maison (je lui avais demandé de peindre et décorer quelques anciennes boîtes de lait en poudre), a préféré filer de l'argent à son père pour qu'il m'offre un coeur en chocolat (le fait que la fête des mères tombe cette année le lendemain de mon anniversaire fait bien les choses).

Darling m'a aussi offert une boîte de chocolats provenant du même chocolatier excellentissime, de la part de sa mère. Je les ai remerciés tous les trois (le Grand, Darling, et ma belle-mère), et puis comme ça fait tout de même la dixième ou quinzième fois que je reçois un cadeau de ce genre, j'ai rappelé gentiment (si, je vous jure) à Darling que je n'aime pas les chocolats. Enfin, ce n'est pas que je n'aime pas, mais je préfère les tablettes toutes simples, en fait. Je ne veux pas savoir combien de dizaines de tablettes de Milka j'aurais pu acheter avec ce que ces deux boîtes ont dû lui coûter.
— Mais ceux-là, ils sont vraiment exceptionnels, tu sais ! a-t-il protesté.
— Je sais, mais je ne tiens pas manger du chocolat exceptionnel, je préfère le chocolat tout simple !
— Ce sont des goûts très fins, très sophistiqués...
— Mon chéri, en toute franchise, penses-tu que je sois quelqu'un de sophistiqué ? Y a-t-il au monde quelqu'un qui me trouve sophistiquée ?
— Ah, non.
— Eh bien voilà.
Mais ne vous inquiétez pas, je vais les manger quand même, ces chocolats, bien sûr. C'est juste un peu du caviar aux cochons, quoi. Comparaison peu flatteuse pour moi, certes, mais il faut être lucide.

Quant à Mr Thing Two, ayant appris que c'était mon anniversaire, il a dit qu'il voulait me faire un cadeau "magnifique et doré". Absolument. Ce qui n'est pas difficile, en fin de compte, sauf qu'à cet âge-là, les cadeaux, ce sont souvent des jouets. Heureusement, une copine italienne venue déjeuner m'a apporté des boucles d'oreilles, et quand je lui ai fait remarquer qu'elles étaient dorées, outre à être bien entendu magnifiques, le gamin a décidé que c'était un cadeau de sa part. D'accord.

Maintenant, puisque c'est mon anniversaire je voulais vous demander quelque chose. Oui oui, à vous qui êtes en train de lire ces lignes. Figurez-vous que vous êtes quasiment deux cent à venir tous les jours faire un petit tour sur ce blog. Ce n'est pas énorme, je sais bien, mais c'est déjà quelque chose, surtout que je n'ai mis mon blog sur aucun répertoire ou site et que je ne commente presque jamais sur d'autres blogs (un bon moyen d'attirer des visiteurs, paraît-il). Sur ces deux cent, il y en a maximum quatre ou cinq qui arrivent ici via google (sans compter ceux qui tapent "mômes livres casseroles" dans le moteur de recherche) : ce sont des gens qui cherchent des renseignements sur les triporteurs, ou sur les livrets de famille pour famille multinationale, ou sur Pollyanna... Il y a aussi quelques membres de ma famille, quelques collègues, quelques lecteurs de littérature jeunesse, quelques amis. En tout, une vingtaine, peut-être ? Alors pour tous ceux qui ne commentent pas régulièrement, et même pour les autres, d'ailleurs, ça me ferait plaisir de savoir comment vous avez atterri sur ce blog ; et éventuellement, quels sont les rubriques ou types de billet que vous préférez et ceux qui, au contraire, vous intéressent le moins. Je sais bien que vous n'allez pas tous avoir envie de vous lancer, mais c'est un exercice étrange de raconter sa vie sans savoir par qui on est lu, et faire la connaissance virtuelle de quelques lecteurs "sous-marins" me ferait plaisir...

PS : J'en profite pour souhaiter un très joyeux non-anniversaire à tous ceux dont j'oublie systématiquement l'anniversaire chaque année (soit à peu près tout le monde, y compris, cette année, Darling et mon père adoptif) (bon, ça va, je me rappelle celui de mes enfants c'est déjà pas mal).

vendredi 16 mai 2014

Pizza aux ravioles

Une pizza aux pâtes (cachées sous le jambon). Je n'aurais même pas imaginé que ça puisse exister.
(D'un autre côté, certains mangent bien du gras frit...)

jeudi 15 mai 2014

Fatiguée comme un pinson

Je suis de passage dans une grande ville de province, où j'ai été invitée à venir parler de mon métier. J'ai quitté la maison à 6h30 ce matin pour prendre le train, après une nuit trop courte. J'ai été reçu par une bande de huit bibliothécaires jeunesse (HUIT !), toutes très différentes, toutes vraiment charmantes, toutes joyeuses et bavardes. J'ai affronté une salle contenant au moins deux cent gamins surexcités. Je me suis cachée dans une petite pièce et j'ai répondu à des questions avec un micro qui me faisait une voix de robot, afin que les enfants ne puissent pas deviner si j'étais un homme ou une femme, dans le cadre d'un jeu qui visait à leur faire découvrir "l'invité mystère". J'ai dû dire quel était mon principal trait de caractère ("La colère !", avait dit Darling, la veille), puis mon principal défaut ("Ah non, c'est là, la colère. Ou alors l'autoritarisme ?"), quelle était ma couleur préférée (le rouge, mais j'ai évité de justifier ça par la politique), etc. Quand on m'a demandé ce que je détestais par-dessus tout, en excluant bien sûr la guerre, la torture, etc., j'ai passablement ahuri les mômes en répondant "les voitures" (et pourtant, si on prenait juste deux minutes pour imaginer un monde sans voitures... Non ?). Au sujet de mon oiseau préféré, j'ai improvisé une passion pour les pinsons, alors que je n'ai pas la moindre idée de ce à quoi ça ressemble, un pinson (mais c'est gai, dit-on). Finalement, quand il a fallu deviner mon identité par élimination, un des gamins a décrété que je n'étais sûrement pas la traductrice du bouquin que j'avais traduit, car je n'étais "pas assez subtile", et je me suis dit que la prochaine fois, je changerais un peu mes réponses. Au déjeuner, j'ai cassé ma fourchette en plastique sur mon "plateau traiteur" aussi délectable qu'un repas Air France, et une des dents a atterri dans le décolleté de ma voisine d'en face. L'après-midi, j'ai expliqué pour la énième fois que non, un traducteur n'est pas employé par un auteur, et que la plupart du temps, ils ne se connaissent même pas. J'ai parlé à plusieurs reprises de Fantômette, ce qui a bien fait rire les bibliothécaires. Vers 16h, pendant une pause, on m'a proposé d'aller "boire quelque chose", mais j'ai préféré manger une gaufre. Le soir, après d'autres va-et-vient, je me suis enfin écroulée dans ma chambre d'hôtel à 22h ; j'ai bien essayé de bosser une demi-heure, mais je crains de ne pas avoir été très efficace. J'ai la tête comme une citrouille, comme c'était prévisible, mais je sais que je ne serai pas réveillée par le Filou cette nuit ou par Mr Thing Two aux aurores demain matin, et ça, ça n'a pas de prix.
Demain, trois rencontre avec à chaque fois deux classes, avant de terminer la journée dans le train. Je suis épuisée d'avance, et je sais déjà que je peux prévoir l'aspirine dans mon sac à main, mais il faut reconnaître que pour quelqu'un qui exerce un travail toujours solitaire, ce genre de rencontre, ça réveille !

mercredi 14 mai 2014

Musée du quai Branly

Mardi matin, sortie avec la classe des Things. Musée du quai Branly. Pourquoi pas ? A priori, ça peut être une bonne idée de montrer à ces mômes quelques extraits d'un art venu "d'ailleurs". Sauf que quand un musée propose des visites guidées pour enfants à partir de la petite section de maternelle, il serait bon de s'assurer que les guides savent ce que c'est, un enfant de trois ans.
Rencontre avec la dame qui animait "l'atelier" (en fait une banale visite) :
— Alors, les enfants, aujourd'hui nous allons voir des œuvres qui viennent de tous les continents (les quoi ?). Et ce sera une visite un peu spéciale, une visite différente (différente de quoi ?).
Début de la visite :
— Ici, nous sommes dans la partie du musée consacrée à l'Océanie. (Perplexité). Vous savez bien, c'est le continent dont le plus gros pays est l'Australie. (Ah mais c'est bien sûr !)
Elle se dirige vers un planisphère :
— Voilà, l'Océanie, c'est là. (Pardon ?) Et nous, nous sommes ici. (À environ 50 centimètres de l'Océanie, donc.)
[Je rappelle qu'à trois ans, les gamins ne savent pas encore ce qu'est une ville, ou à peine. Les miens ont beaucoup de mal à comprendre que "Paris", ce n'était pas l'appart où nous vivions jusqu'à l'année dernière, et que la Tour Eiffel, c'est aussi à Paris. Ne parlons même pas de la notion de "pays". Quant à se repérer sur un plan...]
Plus loin, la dame montre un coquillage :
— Vous voyez, ça, ça servait de monnaie. C'était de la petite monnaie, un peu comme des centimes (OK...) ; pour des sommes plus importante, on utilisait des dents de cochon. (Hein ?).

Moi, en regagnant la sortie avec mes gamins, je leur ai montré une statue d'une dame avec des gros seins pointus, des boucles d'oreille beaucoup plus lourdes que celles de maman, une robe de toutes les couleurs qui était portée par un monsieur, et un totem très effrayant comme dans Le voyage de Caroline, et je suis certaine qu'ils s'en souviendront...


PS : Pour illustrer le niveau de compréhension des gamins au sujet de la "monnaie", une anecdote. Aujourd'hui, Mr Thing Two vient me voir :
— Alors moi, j'ai une surprise, mais pour la voir, il faut de l'argent, et toi t'en as pas, alors tu peux pas la voir.
— Ah ben zut. Qu'est-ce que je dois faire, alors ?
— Tu dois aller en acheter !
— En acheter ? Mais où ?
— Ben, dans un magasin qui vend de l'argent !
Si quelqu'un a l'adresse, ça m'intéresse...

PS2 : Si vos enfants avaient déjà compris le fonctionnement d'une carte visa à débit différé, savaient déjà se repérer sur une carte routière et vous indiquer le numéro de sortie d'autoroute à prendre, ou connaissaient déjà la liste des continents du monde à l'âge de 18 mois, vous avez le droit de vous taire.

mardi 13 mai 2014

Obscurs desseins

Nous rencontrons une voisine peu avant l'heure du dîner. Mr Thing Two lui propose tout naturellement de venir dîner chez nous. La voisine remercie, et répond qu'elle va plutôt aller dîner avec ses propres enfants. Mr Thing Two me regarde, perplexe. Je comprends ce qui le tracasse, et lui confirme que oui, la dame a bien des enfants, même s'ils sont grands, désormais. La dame opine : ils sont presque adultes.
— Elle n'a plus de bébé ? me demande Mr Thing Two.
— Ah non, mon poussin.
— Mais alors, pourquoi est-ce qu'elle a encore des seins ?

lundi 12 mai 2014

Beignets de fleurs d'acacia

D'abord, il ne faut pas rater la saison. C'est le point le plus important, car la floraison est très courte. Pour peu que vous habitiez en ville et qu'il n'y ait pas d'acacia dans votre quartier, ou que vous vous disiez "ah tiens, les acacias sont en fleur, mais là je n'ai pas le temps, j'irai le weekend prochain ou celui d'après", c'est fichu jusqu'au printemps prochain. C'est ce qui m'est arrivé les quatre ou cinq années précédentes (il n'y a pas beaucoup d'acacias dans les rues de Paris). La saison est encore plus courte que celle des cerises, c'est dire. Et on ne trouve pas de fleurs d'acacia surgelées chez Picard pour se consoler les cinquante semaines restantes.

Ensuite, il faut en trouver. Sachant que vous avez à peu près autant de chance de trouver ces fleurs chez un maraîcher que de faire la grasse matinée chez moi, et que tout le monde n'a pas d'acacia dans son jardin, ni même de jardin tout court, il faut partir à la cueillette. Hier, j'ai sillonné la moitié de la forêt la plus proche avec ma progéniture. De temps en temps, un "Euréka" fusait, mais à chaque fois, les fleurs étaient fanées, ou l'arbre était inaccessible, ou les branches étaient bien trop hautes. Finalement, j'ai fini par en découvrir à moins d'un kilomètre de chez moi, le long d'une nationale. Je sais, il devait y avoir autant de particules fines que de sève à l'intérieur. Tant pis. Une fois tous les cinq ans, ça ne me paraît pas bien grave.

Après, il faut les cueillir. En faisant attention à ne pas se piquer, parce que oui, il y a des épines, ce qui est gênant quand on doit sauter pour attraper une branche, car elles sont presque toujours trop hautes, les vilaines. Moi, je me suis retrouvée debout sur la pointe des pieds dans le triporteur, au milieu de mes gamins et de leurs bicyclettes, le casque sur la tête et le gilet jaune fluo sur le dos, un sécateur à la main, le bras tendu vers le ciel, sous une bruine naissante, à cinq mètres de la route sur laquelle défilaient des voitures aux conducteurs interloqués. Pas grave, le ridicule ne tue pas. Je me suis piquée, bien sûr. Mais j'ai coupé suffisamment de rameaux (ne pas prendre juste les grappes, à moins de prévoir de faire les beignets dans l'heure qui suit, parce que dès qu'elles sont détachées, elles fanent tout de suite), et je suis rentrée sans croiser les flics. Heureusement, car cueillir des fleurs dans des arbres publics, c'est interdit, bien sûr.

Enfin, il faut les cuisiner. Sur Internet, vous trouverez à peu près autant de recettes que de fleurs dans un acacia d'âge mur en pleine saison. Cela n'a pas grande importance : en gros, c'est une pâte à crêpe un peu épaisse, et on peut même faire ça au pif. Je déconseille l'ajout de rhum ou autre alcool fort, parce que les fleurs ont un parfum subtil qu'il serait dommage de cacher, mais chacun fait ce qu'il veut. Ensuite, après avoir fait la pâte, l'avoir laissée reposer, et avoir trempé les fleurs dedans, on les fait frire. Sans friteuse, dans mon cas. Donc dans une poêle, qui ne se remettra probablement jamais d'avoir été chauffée si fort, avec de l'huile d'olive, parce que je n'en utilise pas d'autre. A la fin, les vêtements, les cheveux, les murs eux-même sentent la friture. Mais les beignets sont prêts. On les saupoudre de sucre glace, on les accompagne d'un verre de lait ou d'un thé léger, et on passe à table.

Alors oui, les beignets de fleur d'acacia, ça se mérite.

Mais c'est BON !

dimanche 11 mai 2014

Gâteau au chocolat et aux lentilles

Contrairement à beaucoup de gens, je ne déteste pas faire la cuisine de tous les jours, quand j'ai un peu de temps — parce que quand je me décide piteusement, à 19h40, à mettre de l'eau à chauffer pour faire des coquillettes au jambon, je ne m'amuse pas spécialement, même si je sais que pour une fois, aucun gamin ne râlera en passant à table. Mais même si je suis assez fière de mes risottos, lasagnes ou plats mijotés, ce qui me plaît le plus en cuisine, c'est tout de même 1-la pâtisserie, et 2-les nouvelles expériences. Du coup, logiquement, j'adore combiner les deux, et de ce fait, je m'intéresse de près aux desserts dans lesquels figurent des ingrédients traditionnellement utilisés en version salée. Au fil du temps, en plus des très classiques gâteaux aux carottes ou cheesecakes, j'ai donc essayé (toujours en version sucrée) :
- Un cake nutella / panais
- Un gâteau chocolat / courgettes
- Des muffins aux betteraves
- Un noodle kugle, aux nouilles
- Un gâteau à l'emmenthal
- Des pancakes aux blancs de blettes
- Des biscuits au potimarron
- De la pâte d'azukis (haricots rouges)
(A noter qu'aucune de ces recettes n'est de moi : je les ai toujours trouvées quelque part – même si je les ai parfois largement adaptées–, et certaines sont très connues.)

Aujourd'hui, je viens de tester le gâteau chocolat / lentilles de Marie Chioca. Selon l'auteure, il peut passer pour un fondant chocolat / marron.

Verdict ? C'est bon. Si, c'est vrai. La texture et le goût sont sympathiques, et on ne sent pas du tout les lentilles. Pour tout vous dire, c'est aussi bon qu'un gâteau au chocolat sans lentilles.
C'est juste plus long : faut faire cuire les lentilles.

(Sérieusement, en toute franchise, il n'y a quasiment aucune de ces recettes bizarres que j'ai faite plusieurs fois. Car il faut bien dire la vérité : leur seul intérêt, en dehors de l'attrait de la nouveauté, c'est de se donner bonne conscience en faisant avaler en douce des légumes aux enfants ou à soi-même...)
(Mais comme je suis obstinée, et comme j'ai tout un bouquin sur le sujet, j'en ai encore quelques-uns sur ma liste :
- La tourte niçoise aux feuilles de blettes ;
- Un gâteau ardéchoix aux marrons et au fenouil ;
- Un soufflé à l'avocat et aux pommes...
Je vous en donnerai des nouvelles !)