Rendez-vous avec une éditrice. Elle me parle des bouquins qu'elle a vu passer à Bologne, à la foire du livre jeunesse la plus importante d'Europe, où les responsables des droits étrangers rencontrent des éditeurs d'autres pays et leur présente leur catalogue. Pendant qu'elle me fait la liste des lectures qu'elle va m'envoyer prochainement (aïe), j'avise un roman avec une couverture que je reconnais sur l'étagère derrière elle :
— Oh, je le connais, ce livre-là ! Un éditeur me l'a envoyé pour que je lui fasse une fiche de lecture, et je me suis dit que ça avait l'air très bien. Vous l'avez fait lire ? Vous avez déjà eu un rapport d'un lecteur ?
— Ah oui, il y a belle lurette, et comme il est effectivement très bien, j'ai acheté les droits pour la France.
Moi, un peu éberluée :
— Ah bon ? Il est déjà vendu, alors ?
— Oui oui, il est même déjà traduit, parce qu'un éditeur canadien avait acheté les droits français pour le Canada dès sa sortie. Je vais juste faire réviser le texte si nécessaire, il devrait paraître en France dans quelques mois.
M'est avis que ce n'est pas vraiment la peine que je fasse une fiche pour l'éditeur qui me l'a envoyé, alors...
(Ou alors je le lis pour le plaisir et je me fais tout de même payer, pour donner une bonne leçon à ce monsieur qui n'a pas songé à me prévenir ?) (bon, d'accord, c'est mesquin) (et surtout, je n'ai pas le temps.)
La vie d'une traductrice, mère célibataire de famille nombreuse
lundi 31 mars 2014
dimanche 30 mars 2014
Miss Thing One me fait rigoler
Je chatouille Miss Thing One. Elle pousse des petits cris. Je m'émeus :
— Ça te fait mal ?
Elle me rassure :
— Non, ça me fait-mal pas, ça me rigole !
(Du coup c'est moi qui ai bien ri.)
Je découvre que les Things ont entièrement vidé l'étagère d'albums et tout entassé sur le canapé. Je tempête, et je conclus par "J'ai bien envie de vous donner une fessée". Ça les inquiète. J'ajoute donc que, s'ils m'aident à ranger, je passerai l'éponge. Miss Thing One s'empresse de ramasser quelques livres et me dit :
— Moi, je range, alors toi, tu vas pas me donner une fessée, parce que moi, des fois, j'aime pas bien les fessées.
(Elle n'est pourtant pas encore à l'âge où "des fois" on aime ça, hein ?)
— Ça te fait mal ?
Elle me rassure :
— Non, ça me fait-mal pas, ça me rigole !
(Du coup c'est moi qui ai bien ri.)
Je découvre que les Things ont entièrement vidé l'étagère d'albums et tout entassé sur le canapé. Je tempête, et je conclus par "J'ai bien envie de vous donner une fessée". Ça les inquiète. J'ajoute donc que, s'ils m'aident à ranger, je passerai l'éponge. Miss Thing One s'empresse de ramasser quelques livres et me dit :
— Moi, je range, alors toi, tu vas pas me donner une fessée, parce que moi, des fois, j'aime pas bien les fessées.
(Elle n'est pourtant pas encore à l'âge où "des fois" on aime ça, hein ?)
samedi 29 mars 2014
Cuisine et prévoyance
Samedi matin. Il n'y a plus beaucoup de pain : j'en prépare un autre. Plus qu'un seul yaourt dans le frigidaire : je l'utilise pour en refaire une tournée. Comme ils ne seront pas prêts de sitôt, je confectionne aussi quelques crèmes à la vanille. Et pour le goûter ? Pour une fois, je m'y prends à l'avance : je prépare la pâte de ces petits sablés que je ne fais jamais parce qu'il faut les laisser reposer au frigidaire, et que j'attends généralement qu'il soit 15h30 pour réaliser que la boîte à biscuits est vide. Et puis tiens, si je faisais tremper des légumes secs, histoire de faire une marmite végétarienne demain soir ? Bonne idée, pour une fois que j'y pense !
Normalement, en cuisine, la planification n'est pas mon fort, mais cette fois, je suis fière de moi.
Oh, mais... c'est l'horloge qui sonne ? Il est déjà midi ?
Bon, alors, qu'est-ce qu'on va déjeuner, maintenant ?
Normalement, en cuisine, la planification n'est pas mon fort, mais cette fois, je suis fière de moi.
Oh, mais... c'est l'horloge qui sonne ? Il est déjà midi ?
Bon, alors, qu'est-ce qu'on va déjeuner, maintenant ?
vendredi 28 mars 2014
Pull mouillé
Vous comprenez, ce pull en laine du Grand, il était tout seul dans sa catégorie. Cela faisait des semaines qu'il traînait au fond du panier de linge sale, et toujours pas la plus petite écharpe en 100% laine pour lui tenir compagnie. Rien de rien. Je n'allais tout de même pas mettre un pull tout seul dans le tambour d'une machine à laver de 10 kg, pas vrai ? Et ni Darling ni moi n'avions le courage de le laver à la main.
Alors je l'ai mis au milieu d'une lessive de linge "délicat", en vérifiant que la température était bien froide (20° C), en me disant que ça ne pouvait pas lui faire de mal. Ce à quoi je n'ai pas fait attention, c'est la durée du programme. Deux heures et demie.
Et ça lui a fait du mal.
Même le Filou ne rentre plus dedans.
Maintenant que j'y pense, j'ai une amie qui vient d'avoir un petit garçon, elle aimerait peut-être avoir un pull bien chaud aux mailles très très serrées pour son bébé ?
Alors je l'ai mis au milieu d'une lessive de linge "délicat", en vérifiant que la température était bien froide (20° C), en me disant que ça ne pouvait pas lui faire de mal. Ce à quoi je n'ai pas fait attention, c'est la durée du programme. Deux heures et demie.
Et ça lui a fait du mal.
(En haut, le pull en question ; en bas, un autre pull du Grand qui n'a pas subi la même mésaventure.)
Même le Filou ne rentre plus dedans.
Maintenant que j'y pense, j'ai une amie qui vient d'avoir un petit garçon, elle aimerait peut-être avoir un pull bien chaud aux mailles très très serrées pour son bébé ?
mercredi 26 mars 2014
Confession à un libraire
— Darling, j'ai quelque chose à te dire...
— Oh la la, pourquoi tu prends ce ton-là ? Qu'est-ce qui se passe ?
— Non non, rien de grave, enfin, pas trop, mais...
— Mais quoi ?
— Attends, assieds-toi.
— Tu m'inquiètes de plus en plus...
— J'ai quelque chose à t'avouer. J'ai même envisagé de ne pas t'en parler, mais ça n'aurait pas été honnête de ma part... Sauf que tu ne vas pas être content...
— Mais de quoi, de quoi ?
— Tu comprends, j'ai fait ça sans réfléchir, et après je m'en suis voulu, mais le mal était fait... Mais je te jure que ça ne changera rien, je reste la même, tu peux me croire ! Tout continuera comme avant, même si j'ai fait ça...
— Mais tu as fait QUOI, bon sang ?
— J'ai... j'ai... promets-moi de ne pas t'énerver !
— Alors ?
— J'ai acheté un Kindle...
(Note pour ma grand-mère : le Kindle est une liseuse électronique produite par Amazon. Contrairement à une tablette ou un mini-ordinateur, une liseuse n'a pas de rétroéclairage qui fatigue les yeux, et possède une batterie qui peut tenir plusieurs semaines sans être rechargée. Cela permet d'emporter des centaines de livres avec soi pour un poids total de moins de 200 grammes. En réalité, c'est à l'époque où je partais en vacances une bonne partie de l'été chez mon autre grand-mère, en train, avec au moins dix ou quinze énormes pavés dans ma valise surchargée – j'avais calculé que je lisais environ 300 pages par jour, là-bas, donc il me fallait de quoi tenir – que ça m'aurait été très, très, très utile. Maintenant que je ne prends presque plus le temps de lire "pour le plaisir", j'en ai nettement moins besoin. Et quand je lis, j'éprouve encore le besoin de posséder physiquement un roman et de pouvoir le ranger dans ma bibliothèque, sans compter que je veux pouvoir passer mes lectures à mes enfants ou mes amis. Mais à la faveur d'une promotion spéciale "Salon du livre", j'ai eu le vieux modèle, non tactile, pour seulement 47 euros, et l'idée d'avoir en permanence Les trois mousquetaires ou Les hauts de Hurlevent dans mon sac m'a séduite...)
mardi 25 mars 2014
T'occupe !
Préparation du repas. Mr Thing Two tourne autour de mes jambes, me pose des questions, me déconcentre, m'encombre, m'énerve, alors que j'essaie juste d'aller le plus vite possible, comme d'habitude, car il est déjà bien trop tard, comme d'habitude.
— Maman, qu'est-ce que tu fais ? Ça sert à quoi ? C'est quoi qu'on va manger ce soir ? Pourquoi tu fais ça ? Je peux regarder ? Comment ça s'appelle, ça ?
Je finis par l'envoyer sur les roses au lieu de répondre à ses questions.
(Je suis une mauvaise mère.)
Dîner. Pour aller plus vite, je pose directement sur la table le bol du mixer dans lequel j'ai fait la purée de chou-fleur. Ce n'est pas très chic, certes, mais on s'en fout. Ça intrigue les enfants :
— C'est quoi, ça, maman ? demande Miss Thing One.
— Un mixer.
— Un mixer ?
Mais Mr Thing Two n'est pas convaincu. De sa voix pointue, il objecte :
— Tout à l'heure, dans la cuisine, tu as dit que ça s'appelait un "t'occupe" !
(Je suis une très mauvaise mère.)
— Maman, qu'est-ce que tu fais ? Ça sert à quoi ? C'est quoi qu'on va manger ce soir ? Pourquoi tu fais ça ? Je peux regarder ? Comment ça s'appelle, ça ?
Je finis par l'envoyer sur les roses au lieu de répondre à ses questions.
(Je suis une mauvaise mère.)
Dîner. Pour aller plus vite, je pose directement sur la table le bol du mixer dans lequel j'ai fait la purée de chou-fleur. Ce n'est pas très chic, certes, mais on s'en fout. Ça intrigue les enfants :
— C'est quoi, ça, maman ? demande Miss Thing One.
— Un mixer.
— Un mixer ?
Mais Mr Thing Two n'est pas convaincu. De sa voix pointue, il objecte :
— Tout à l'heure, dans la cuisine, tu as dit que ça s'appelait un "t'occupe" !
(Je suis une très mauvaise mère.)
lundi 24 mars 2014
Marre du maire
Hier, à la faveur d'une promenade en famille, Darling et moi sommes allés voter assez tôt le matin. En arrivant devant le bureau de vote, qui se trouve être également l'école des Things, nous avons croisé un groupe de personnes qui venaient visiblement de faire la même chose. Je ne leur ai pas prêté attention : je surveillais les gamins. Quelques pas plus loin, Darling me signale :
— Il y a un monsieur qui t'a dit bonjour, tu ne lui as pas répondu !
— Ah bon ? Qui donc ?
— Lui, là...
J'ai suivi son regard. C'était le maire.
J'ai regretté mon impolitesse involontaire, mais d'un autre côté, je n'aime pas beaucoup le bonhomme. Outre sa position pro-voitures et anti-vélos, je déplore son mépris de l'écologie, son plan d'urbanisation intensive aberrant, son manque d'intérêt pour les structures sociales, et sa tendance aux magouilles et à la mauvaise foi.
Or, pour la première fois de l'histoire de cette commune, le maire était concurrencé par un candidat de son propre parti, tandis que toute l'opposition avait réussi à former une liste unique. Quand je suis allée dépouiller hier soir, c'était donc avec l'espoir et même la conviction qu'il ne serait plus maire très longtemps. Au fur et à mesure que les bulletins s'empilaient devant moi, cependant, j'ai été prise de doutes. Et quand j'ai regardé les résultats sur le site internet municipal, une fois rentrée chez moi, je suis tombée de haut.
Il a été réélu dès le premier tour, avec 51% des voix.
Bigre. Je regrette plus que jamais de ne pas lui avoir dit bonjour...
(Mais en fait non, pas vraiment. Je ne m'en suis pas encore remise. Ce monsieur a projeté de faire démolir tout un quartier, qui comportait entre autres la plus vieille et plus jolie maison de la ville, pour construire des énormes immeubles, en ne laissant intacts que son propre magasin et la maison d'un ami à lui ; il a modifié les plans subrepticement après la décision prise au conseil municipal, il a "oublié" de prévoir des places en crèche et dans les écoles environnantes pour accueillir les dizaines d'enfants qui arrivent mois après mois, et les gens ont voté pour lui en masse ? Ajouté aux résultats nationaux, ça m'a déprimée pour la journée, au moins.)
— Il y a un monsieur qui t'a dit bonjour, tu ne lui as pas répondu !
— Ah bon ? Qui donc ?
— Lui, là...
J'ai suivi son regard. C'était le maire.
J'ai regretté mon impolitesse involontaire, mais d'un autre côté, je n'aime pas beaucoup le bonhomme. Outre sa position pro-voitures et anti-vélos, je déplore son mépris de l'écologie, son plan d'urbanisation intensive aberrant, son manque d'intérêt pour les structures sociales, et sa tendance aux magouilles et à la mauvaise foi.
Or, pour la première fois de l'histoire de cette commune, le maire était concurrencé par un candidat de son propre parti, tandis que toute l'opposition avait réussi à former une liste unique. Quand je suis allée dépouiller hier soir, c'était donc avec l'espoir et même la conviction qu'il ne serait plus maire très longtemps. Au fur et à mesure que les bulletins s'empilaient devant moi, cependant, j'ai été prise de doutes. Et quand j'ai regardé les résultats sur le site internet municipal, une fois rentrée chez moi, je suis tombée de haut.
Il a été réélu dès le premier tour, avec 51% des voix.
Bigre. Je regrette plus que jamais de ne pas lui avoir dit bonjour...
(Mais en fait non, pas vraiment. Je ne m'en suis pas encore remise. Ce monsieur a projeté de faire démolir tout un quartier, qui comportait entre autres la plus vieille et plus jolie maison de la ville, pour construire des énormes immeubles, en ne laissant intacts que son propre magasin et la maison d'un ami à lui ; il a modifié les plans subrepticement après la décision prise au conseil municipal, il a "oublié" de prévoir des places en crèche et dans les écoles environnantes pour accueillir les dizaines d'enfants qui arrivent mois après mois, et les gens ont voté pour lui en masse ? Ajouté aux résultats nationaux, ça m'a déprimée pour la journée, au moins.)
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