mercredi 5 février 2014

Tripes et boyaux

Miss Thing One est un peu hypocondriaque. C'est un bien grand mot pour une si petite fille, peut-être ? Alors disons tout simplement qu'elle a toujours mal partout, comme la Lisette d'Henri Dès. Vous connaissez ?
Quand t'as pas mal au nez
T'as mal à tes doigts d'pieds
Quand t'as pas mal aux couettes
T'as mal à tes lunettes
Et pis quand t'as plus mal
T'as mal à tes sandales
 Et à chaque fois, il faut impérativement prendre le temps de lui dire "Oh ma pauvre chérie, tu n'as vraiment pas de chance, oui je vois, tu t'es légèrement cogné le coude contre une couette, ça doit être terriblement douloureux, mais ne t'inquiète pas, ça va passer".
Si on ne lui dit pas ça, c'est bien simple : ça ne passe pas.
Or, des fois, je n'ai pas le temps. Ou j'en ai marre.

Samedi, pendant le repas, j'en ai eu marre. Elle avait mal au ventre. Elle a tout le temps mal au ventre. Il faut dire aussi qu'elle attend toujours le dernier moment pour aller à la selle. Je l'ai donc incitée à aller s'installer sur le trône. Elle m'a obéi, mais une fois là-haut, elle s'est remise à pleurer. J'ai délaissé les trois garçons qui jetaient des pâtes partout, renversaient leur verre d'eau ou boulottaient du pain dur en douce (lecteur, sauras-tu deviner qui faisait quoi ?), et j'ai monté l'escalier en râlant :
— Ah, mais zut à la fin ! Je suis sûre que ce n'est rien du tout, tu te plains tout le temps, et je n'ai pas...
Et c'est juste au moment où j'entrais dans la salle de bain qu'il y a eu le premier jet.
Ces sales mômes feraient n'importe quoi pour avoir raison, franchement.

J'ai passé le reste de la journée à éponger le sol, lancer des lessives et doucher la gamine, le plus souvent avec un bébé dans les pattes. J'ai appelé Darling pour le supplier de rentrer plus tôt du travail. Il m'a exaucée : il était là à 19h30 au lieu de 20h. Si, si.
Par bonheur, comme je suis une vieille routarde de la gastro enfantine, il n'est arrivée aucune catastrophe :
- Au deuxième jet, j'ai réussi à sauver le tapis oriental très cher de Darling en le glissant sous le canapé ;
- Au troisième jet, j'ai réussi à sauver le doudou que j'avais donné à la puce pour la consoler (j'ai appris ça très tôt, quand le Grand était bébé et que je n'avais pas de sèche-linge : ton gamin a mal au cœur ? Avant de faire quoi que ce soit d'autre, confisque-lui son doudou !)
- Au quatrième jet, j'ai réussi à sauver la moquette de la chambre de la gamine en étalant précipitamment une grande alèse imperméable autour de son lit.

Et la bonne nouvelle, c'est qu'elle a tranquillement agonisé pendant tout le weekend, mais que le lundi matin, elle était retapée et prête à aller à l'école. C'est pas chouette, ça ?

(Sincèrement, je serais mal avisée de me plaindre : nous sommes infiniment plus épargnés par les microbes cette année que l'année dernière, où j'avais pris un abonnement hebdomadaire – avec tarif de groupe – chez le pédiatre. On croise les doigts...)

2 commentaires:

  1. Ça n'a pas dû être drôle pour vous mais j'ai beaucoup ri ! Désolée !

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  2. Ils le font exprès, non? Pour pouvoir dire avec orgueil : " tu sais maîtresse z'ai été très malade!"

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