lundi 11 janvier 2016

Vous souvîntes-vous ?

C'est un "premier roman", un de ces romans qu'on peut lire à partir de la fin du CP, disons. Des chapitres courts, des mots simples, des illustrations à chaque page.
La première phrase du roman est presque un cliché : "D'aussi loin qu'il se souvienne..."
Sauf que le roman est écrit au passé.
Du coup, j'ai le choix entre ces deux phrases :
- D'aussi loin qu'il se souvienne, il avait toujours habité à Londres.
ou
- D'aussi loin qu'il se souvînt, il avait toujours habité à Londres.

J'ai presque envie d'appeler l'éditrice et de lui demander "Qu'est-ce que vous préférez voir figurer dans la première phrase de ce roman destiné aux lecteurs débutants : une mauvaise concordance des temps ou un subjonctif imparfait ?"

(Je sens que je vais devoir chercher une autre formulation...)

8 commentaires:

  1. Le subjonctif présent, c'est quand même très, très bien toléré avec le passé, de nos jours. Eussé-je été à ta place que je l'eusse employé sans crainte !

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    1. C'est vrai ? Merci, j'attendais l'avis d'une collègue. Bizarrement, autant je n'ai aucun état d'âme quand il s'agit d'écrire "Il aurait fallu qu'elle aille" ou "J'aurais voulu qu'il soit", autant ce "D'aussi loin qu'il se souvienne" implique pour moi un verbe au présent, du coup quand on en arrive à "il avait toujours habité", ça me fait grimacer...

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  2. Ficelle for ever12 janvier 2016 à 10:04

    Les deux me vont bien, mais la deuxième formule a ma préférence pour sa coquetterie. Où, dans ce monde moderne, peut-on trouver un subjonctif imparfait à part dans un livre d'enfant illustré? Certainement pas dans les comptes-rendus de réunion...Après une journée passée à lire : "il a été validé que les partenaires s'engagent sur la complétude du référentiel pour l'articulation du comité de pilotage partenarial avec les dispositifs paritaires locaux", quel bonheur ce doit être de se caler le soir sur la banquette avec les petits grands pour lire avec eux : "d'aussi loin qu'il se souvînt, il avait toujours habité à Londres"...

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    1. oh oui, je plussoie vigoureusement l’argumentation de Ficelle. La biznesslangue suffit comme ça, ils auront suffisamment, dans leur vie « utile », l’occasion de lire et formuler des phrases faites pour être comprises et reprises par tout un chacun.
      En conséquence de quoi je plaide moi aussi pour la réintroduction du subjonctif imparfait dans un de ses milieux naturels, la littérature enfantine.

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    2. J'ai relu récemment "Michka" (dont je connais des passages par coeur pour l'avoir beaucoup écouté en 45 tours quand j'étais petite - c'est-à-dire il y a fort longtemps puisque je lis ce genre de livre à mes petits enfants "Renne, oh renne, il n'y a plus rien dans ton sac" Le renne regarda Michka de ses grands yeux profonds...) et j'ai été frappée par le style que l'on qualifierait maintenant de "recherché". Ce qui ne choque pas plus que ça la nouvelle génération, au contraire, ils en redemandent.

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    3. 100% d'accord avec toi ma grande !

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  3. J'utilise très souvent le subjonctif présent alors que la correction grammaticale voudrait un subjonctif imparfait... C'est pour éviter quelques tournures que je trouve un peu laides du style "qu'ils reconnussent" (et autres "qu'ils sussent").
    En revanche, quand le style l'exige, par exemple quand je traduis un texte censé être écrit au XIXe siècle, je ne me prive pas de mettre du subjonctif imparfait, ça donne un côté désuet qui va très bien avec le contexte !
    Dans ton cas, j'opterais sans hésiter pour le subjonctif présent.

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  4. Heu...mille excuses à GM, que je ne pense pas avoir l'honneur de connaître...C'est le commentaire de Ficelle4ever que je soulignais..

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