mercredi 9 novembre 2016

C'est lui...

Quand j'étais adolescente, c'était toujours ma mère qui me réveillait le matin. Sauf les mercredi, parce qu'elle était institutrice et ne travaillait pas ce jour-là, donc elle dormait un peu plus tard. Du coup, le mercredi, c'était mon père adoptif qui s'y collait, après avoir bu son café dans la cuisine en écoutant les infos à la radio.
A l'époque, je m'intéressais beaucoup à la politique, au point de regarder des émissions que je ne supporterais plus cinq minutes aujourd'hui. Alors un mercredi de novembre en 1992 (j'avais seize ans), quand mon père adoptif est venu me réveiller, avant même d'ouvrir les yeux, je lui ai demandé :
— C'est qui ?
— Mais voyons, c'est moi, ma chérie ! a-t-il répondu, un peu perplexe.
Il avait de bonnes raisons d'être étonné : je suis plutôt quelqu'un qui se réveille vite, jamais désorientée comme peuvent l'être certaines personnes qui ont besoin de plusieurs minutes avant de se rappeler comment ils s'appellent. Impatiente, j'ai insisté :
— Mais non ! C'est qui le nouveau président des États-Uni ?
— Ah ! C'est Clinton.
Pendant des années, ce "C'est qui" mal compris est resté une plaisanterie entre nous. Je pense qu'il s'en souvient encore. Alors ce matin, au lever, j'avais prévu de lui envoyer un texto avec exactement les mêmes mots, "C'est qui ?", pour qu'il me fasse la même réponse, "C'est Clinton".
Sauf que non.

Ce n'est peut-être pas la fin du monde – quoiqu'un climatosceptique à la tête du pays le plus puissant sur Terre pourrait sérieusement rapprocher celle-ci – mais j'ai énormément de mal à digérer cette nouvelle, non seulement d'un point de vue politique, mais aussi à cause de ce que cela nous apprend sur la nature humaine. Même si ça ne devrait pas m'étonner, bien sûr : dans le genre "ce que les gens apprécient chez moi, c'est que je m'en mets plein les poches comme ils voudraient le faire, et que je suis aussi égoïste et malhonnête et peu cultivé et sexiste et raciste qu'eux", il y en a eu d'autres, par exemple Berlusconi. Mais quand même, bon sang, quand même...

(Demain, une liste de pollyanneries, pour essayer de me remonter le moral)


3 commentaires:

  1. Et en même temps, il sera très bien sur les photos officielles des rencontres avec ses homologues humanistes comme Vladimir et Erdogan.

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  2. Oui, je la digère encore, celle-là.

    Néanmoins, Reagan était un ex-acteur et représentant/camelot/lobbyiste industriel. Et Nixon jouait aussi le personnage irascible voire fou pour que, en guerre froide, les soviétiques se tiennent à carreau.

    Et si je dois analyser pourquoi sa victoire :
    - Trump était déjà un "vote de dégoût" par rapport aux démocrates et Hillary Clinton. Or dissuader les gens d'un vote de dégoût car on se rabat sur un candidat dégoutant, ça ne marche pas, les gens ne regarde pas pour qui ils votent quand c'est un vote de dégoût envers l'autre candidat
    - l'amérique du milieu (géographiquement, et la classe moyenne) a voté pour lui, car il a fait plus de promesse (plus démagogique) s'adressant au porte-feuille de ses électeurs (ils sortent de la récession et du chômage, il a promis du protectionnisme, et un retour d'emploi)
    - clinton a subi le sexisme. Si le privilège est le revers de la discrimination, alors Trump a bénéficié d'un privilège : on préfère un type mâle cartoonesque, à une femme qui a toute l'expérience et le savoir et qui est plus posée en comparaison.

    Si je dois résumer en une phrase : les américains se sont tirés une balle dans le pied.
    Il y a un vote "vengeur" contre les supposées "élites", sauf que de toute façon, les américains moyens se font plus de mal qu'ils n'en font à leur classe politique. (la déconfiture, les gâchis financiers, les conscription obligatoires si guerre, ...).
    Ce sera pareil si le Front National passe en France : les premières victimes seront les français, pas tant la classe politique que certains veulent "punir".
    Enfin bref, quand on parlait d'une vague de démagogie, je l'attendais plutôt à l'est de l'europe. Là, Brexit, Trump, Marine le Pen. è_é é_è

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  3. Hum moi j'ai pas réussi à avaler la nouvelle de la journée...
    Et j'ai posé la même question que toi à mon homme hier matin devant mon bol de thé encore fumant. je n'ai pas été décue de la réponse...

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