samedi 26 novembre 2016

Le Cid au théâtre Ranelagh

Le Cid. Corneille. 1636. Alexandrins. Tragicomédie, donc avec tous les ingrédients de la tragédie et aucun des ingrédients de la comédie, à part une fin pas trop tragique.


A priori, pas du tout le genre de choses qui pourrait plaire au Grand, avais-je pensé.

Mais bon, Le Cid, c'est aussi une histoire d'amour très connue, un auteur très connu, et puis des citations très, très, très connues. Et le théâtre était un petit théâtre charmant, le théâtre Ranelagh ; et la troupe était celle que nous avions déjà énormément appréciée dans deux Molière au théâtre Michel, le grenier de Babouchka ; et le metteur en scène était aussi le même, Jean-Philippe Daguerre, qui s'adresse entre autres aux adolescents qui découvrent ces œuvres classiques pour la première fois. Donc ça valait le coup d'essayer. Et puis moi, égoïstement, j'avais envie d'y aller, voilà.

N'empêche, je savais que je prenais des risques. Je me suis dit que le Grand allait traîner des pieds, râler parce qu'il y a un mort, ne rien piger à la moitié des alexandrins, s'ennuyer et décréter que de toute façon, les histoires d'amour, c'est nul.
Eh bien, vous savez quoi ? J'avais plutôt raison.

Le Grand est un garçon de 14 ans qui trouve que tout ce qui n'est pas drôle est du temps perdu, sauf si ça concerne l'Histoire ou à la géographie, à la rigueur (je le voyais se réveiller à chaque fois qu'un acteur prononçait les mots "Castille" ou "Grenade" ou "Maures", etc.). Les dilemmes cornéliens, franchement, ce n'est pas son truc, et cette histoire d'honneur qui fait que Rodrigue est obligé de tuer le père de sa copine au risque de la perdre parce que sinon il aura perdu son honneur et donc de toute façon il sera indigne d'elle, ça lui semble assez ridicule parce que bon, "ça se fait pas de tuer quelqu'un, même quand il vous file une baffe" (et là, j'ai un peu de mal à lui donner tort).


Mais il est venu, il a écouté, il a compris, il ne s'est pas trop ennuyé, et il n'a pas trop regretté de ne pas avoir passé sa soirée à relire un Picsou Magazine. Et le mérite en revient tout entier aux acteurs et à la mise en scène. Le texte n'a été que légèrement écourté, mais grâce à un rythme sans temps mort et à des transitions presque instantanées, la pièce ne durait que 1h40, là où, à la Comédie Française, on aurait eu droit à 3h et quelques. Les décors étaient inexistants, mais les costumes tout en dégradé de rouge et blanc étaient somptueux. Le texte était dit avec naturel, mais on entendait bien les alexandrins. Quelques miettes d'humour avaient été introduites mais sans que cela ne cède à la bouffonnerie. Les duels à l'épée étaient assez spectaculaires (chapeau aux comédiens). Et les musiciens présents au fond de la scène ponctuaient l'action assez légèrement (même s'il m'est arrivé une ou deux fois de trouver que la musique couvrait parfois le texte : c'est le seul reproche, minime, que je ferais à cette représentation).

Ah, et puis un dernier détail : il y avait au moins trois acteurs tout à fait charmants sur la scène. Si Don Sanche veut se consoler de son chagrin d'amour, qu'il n'hésite pas à m'écrire un email, surtout...

Et sinon, Rodrigue est pris, OK, mais son père, il est veuf, non ?
(Juste par curiosité.)

Bref, encore une fois, une excellente soirée. Dès le retour, je me suis abonnée à la newsletter du Grenier de Babouchka, et j'ai bien l'intention de retourner les voir très bientôt !

2 commentaires:

  1. "Ecoute papa, moi vos embrouilles de vieux c'est pas mon problème, hein! Donc vous réglez ça entre vous, et vous nous laissez nous marier tranquille."
    Issu de ce sketch qui résume le Cid en 3m15 :
    http://www.dailymotion.com/video/x18naep_comment-faire-le-bon-choix_fun

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  2. Ou cet autre résumé :
    Dieu ! soupire à part soi la plaintive Chimène,
    Qu'il est joli garçon l'assassin de papa.
    Georges Fourest

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