jeudi 27 avril 2017

Des places pour Harry Potter

Le 1er août 2016 est sorti Harry Potter and the cursed child, en français Harry Potter et l'enfant maudit : le scénario d'une pièce de théâtre dont le héros est le deuxième fils de Harry, Albus Severus Potter, et qui se déroule dix-neuf ans après la bataille finale. La pièce s'ouvre sur la scène racontée dans l'épilogue du dernier roman.
(Je raconte ça pour ceux qui vivent sur la planète mars. Et aussi pour celui des lecteurs de mon blog qui m'a demandé récemment qui était Dark Vador, et qui ne doit pas plus connaître Ron, Hermione ou Dumbledore.)

Bref, ce jour-là, j'étais en Ligurie, dans un camping loin de tout, et en particulier loin de toute librairie digne de ce nom, sans même parler d'une librairie proposant des livres en anglais. Et pourtant, j'ai réussi à lire le scénario de la pièce le jour-même. Magie du kindle et des cafés qui proposent le wi-fi à leurs clients. Je vous avais raconté ça ici.

Ce jour-là fut également le jour de la première de la pièce éponyme, jouée à Londres, au Palace Theatre, en deux parties (six heures en tout). Il y avait eu déjà plus d'un mois d'avant-première, mais les représentations ouvertes au public commençaient le jour de la sortie du livre. Bien entendu, j'aurais adoré y aller. Mais le théâtre affichait complet pendant un an, et quand j'avais voulu acheter un billets pour l'automne 2017, mis en vente début août 2016, c'était déjà trop tard. Puis j'ai raté le coche lorsque les billets pour l'hiver 2017-2018 ont été mis en vente. Puis j'ai laissé passer la date lorsque les billets pour le printemps 2018 sont devenus disponibles.


Il y a trois semaines, j'ai appris que le mardi 25 avril, à 11h, seraient mis en vente les billets pour mai-juillet 2018. Et cette fois, je me suis juré de ne pas les rater. J'adore Londres, j'adore aller au théâtre, et j'adore Harry Potter ; ça faisait trois bonnes raisons pour se lancer dans la bataille. J'ai proposé à deux amies avec qui je suis déjà allée à Londres de prendre des places pour elles aussi. Elles ont accepté.
J'ai noté la date et l'heure de la mise en vente dans mon agenda.
J'ai refusé un rendez-vous professionnel qu'on me proposait le mardi matin.
Lundi soir, j'ai relu la procédure d'achats des billets. Il fallait se connecter à l'un des deux sites de vente de billets entre 10h30 et 11h. Tous ceux l'ayant fait se verraient alors assigner une place aléatoire dans la "queue" virtuelle. A 11h précise, les spectateurs potentiels connaîtraient leur place dans la queue, et pourraient alors attendre leur tour.

Mardi matin, j'ai mis en route le minuteur de manière à ce qu'il sonne à 11h40. Soit 20 minutes avant midi (n'oublions pas qu'il y a une heure de décalage avec Londres.)
Je n'ai pas attendu la sonnerie du minuteur. A 11h35, je me suis connectée à l'un des deux sites de vente de billets. Un message est apparu :
"Vous êtes désormais dans la salle d'attente. A 11h GMT, vous connaîtrez votre rang dans la queue. Merci de noter que si celui-ci est supérieur à 15 000, vous aurez très peu de chances de réussir à acheter un billet aujourd'hui."
15 000. Ça m'a fait rire. 15 000 cinglés dans mon genre ? Carrément ?

A tout hasard, cependant, je suis allée chercher mon ordinateur portable, je l'ai allumé, et je me suis connectée à l'autre site, pour doubler mes chances. Même message. Même attente.
Et puis à midi, le message a changé :
"Merci d'avoir attendu. Vous êtes à la 22 596e place. Il y a actuellement 22 581 personnes avant vous."
J'ai rugi, et je suis allée voir l'autre ordinateur.
Sur l'autre site, j'étais 26 748e.
Mes espoirs se sont effondrés.

Je n'ai pas fermé Internet, pourtant. J'ai continué à travailler, j'ai vaqué à mes occupations, j'ai déjeuné, j'ai proféré mille menaces à l'encontre de Darling à chaque fois qu'il faisait mine de s'approcher de l'un des ordinateurs... De temps en temps, je revenais voir où on en était. A 14h, environ 9000 personnes étaient passées. Il en restait donc plus de 13 000. C'était mal parti.

Et puis à 15h, l'un des deux sites a soudain annoncé :
"Désolé, nous avons désormais épuisé tous nos billets. Les prochains seront mis en vente cet été, pour l'automne 2018. Bonne chance !"
Mon dernier espoir s'est évanoui, et j'ai écrit à mes amies que c'était fichu pour cette fois. Elles étaient aussi déçues que moi. Je me suis promis que la fois suivante, je me connecterais avec tous les ordinateurs et toutes les tablettes et même tous les smartphones à ma disposition, quitte à en emprunter quelques-uns.

A 15h30, l'autre site n'affichait pas encore complet, mais un nouvel encart était apparu :
"Il ne reste désormais presque plus de places, surtout en fin de semaine."
Manque de pot, mes amies ne sont pas traductrices, donc prendre des places pour le mercredi ou le jeudi était hors de question.
De toute façon, il y avait encore environ 6000 personnes devant moi.

Avec un soupir, je suis allée me préparer pour mon rendez-vous professionnel, celui que j'aurais dû avoir à 10h et que j'avais fait déplacer dans l'après-midi. J'ai mis une chemise pas trop déchirée, un pantalon presque sans taches, et je me suis assise à mon bureau pour lacer mes chaussures. Il n'y avait plus que 581 personnes devant moi. Ça descendait beaucoup plus vite ; j'en ai conclu qu'il n'y avait vraiment quasiment plus de places de libres, et que les gens renonçaient donc les uns après les autres.

Et puis, juste au moment où j'allais me lever, le petit bonhomme qui marchait sur mon écran depuis midi pile a brusquement disparu, et je me suis retrouvée sur le site d'achat.

ET IL RESTAIT DES PLACES !
Pas beaucoup. Pas le vendredi, ni le samedi. Pas à l’Ascension, ni à la Pentecôte. Pas en mai. Pas dans la meilleure catégorie. Pas quatre places ensemble (une de mes amies aurait voulu emmener sa fille). Mais il restait des places !

J'avais un quart d'heure pour conclure la transaction. J'ai dû m'y reprendre à dix fois, dans une fébrilité grandissante, parce que le système me disait à chaque fois "oups, désolé, les derniers billets pour ce jour-là viennent d'être vendus". Mais à la fin, j'ai réussi !

Franchement, je ne m'étais pas donné autant de mal pour obtenir des billets de théâtre depuis la fois où, alors que j'habitais à Londres, je m'étais levée à 4h du matin pour faire la queue trois heures afin d'avoir des places pour My Fair Lady qui était joué à l'Opéra. (Oui, ça en valait la peine : c'était extraordinaire).

Bref, tout ça pour dire que le dimanche 10 juin 2018, j'irai à Londres avec deux amies voir Harry Potter and the cursed child. Vous avez le droit d'être horriblement jaloux.

(Si ça se trouve, d'ici-là, la pièce sera arrivée en France...)

6 commentaires:

  1. Ah oui ! Quand même ! C'est pas Bayreuth, mais c'est déjà bien compliqué
    Chloé

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  2. Ahah il y a donc pire que la cohue à l' ouverture des soldes ;)

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  3. Je me demande quand même si on n'est pas un peu cinglés...

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    1. Moi, sans aucun doute, c'est même dit dans mon texte. Toi, tu n'y es pour rien, puisque je ne t'ai quasiment pas laissé le choix de peur que tu nous fasses une crise d'angoisse à l'idée de faire des projets si longtemps à l'avance...

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  4. Bah, je ne suis pas traductrice mais je pouvais poser un congé en milieu de semaine :-)

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  5. J'espère pour vous que le spectacle sera au top car vous avez une année pour fantasmer à souhait ! Félicitations tout de même pour votre persévérance.

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