jeudi 4 mars 2021

Questions de CP

Alors, les rencontres avec des classes de collège, ça donne des questions relativement sérieuses et pertinentes, dont les plus indiscrètes ou incongrues concernent l'âge qu'on a ou combien on gagne par mois. Par contre, les rencontres avec les CP-CE1, ça peut donner :

— Est-ce que tu parles toutes les langues du monde ?

— Ça prend combien de temps, de traduire un livre ? Trois heures ?

— Pourquoi il est mort, ton père ? Et ta grand-mère ? Elle avait quel âge ? Elle était malade de quoi ?

Sans compter l'indémodable :

— Mais si t'as le même âge que ma maman, pourquoi tu as les cheveux gris ?

Néanmoins, dans l'ensemble, cette deuxième (et dernière, malheureusement) journée de rencontre s'est bien passée. Pas facile de parler des métiers "invisibles" du livre avec des mômes qui savent à peine lire, qui n'ont pour la plupart qu'une idée très vague de ce qu'est une langue étrangère, et ignorent absolument tout de la signification du mot "éditeur", mais je crois m'en être bien tirée. Même avec la classe de l'instit tire-au-flanc, celle que tous les auteurs connaissent, celle qui n'a quasiment rien préparé avec ses élèves et qui n'a demandé l'intervention de quelqu'un (n'importe qui, ça pourrait être un pompier ou une agricultrice, elle s'en fiche royalement) que pour pouvoir passer une heure au fond de la classe à pianoter sur son portable sans lever une seule fois les yeux de son écran. 

(Heureusement, je n'ai pas de mal à parler en public, surtout devant des gamins)

(Et à la fin de la journée, pour me détendre, j'ai fait presque QUATRE kilomètres pour retourner au RER à pied. Na.)

7 commentaires:

  1. Effectivement, je ne comprends pas bien l'intérêt de parler de ce métier à des élèves aussi jeunes, loin d'être familiarisés avec l'univers de l'édition ! Au collège, oui, c'est plus pertinent. En tout cas, bravo à toi d'avoir tenu bon pour le petit trajet à pied. ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je profite d'arriver à poster un commentaire pour signaler que ça ne marche pas toujours. Assez souvent, j'ai beau faire plusieurs essais (en postant avec mon pseudo ou en anonyme), la zone de commentaires efface mon message quand je le valide...

      Supprimer
  2. Bibliothécaire, je connais bien la catégorie d'instit qui te fourgue la classe et s'en va surfer sur son portable voire chercher des romans pour son usage personnel ! Heureusement, la catégorie qui a expliqué ce qui allait se passer et préparé la rencontre est un plaisir sans cesse renouvelé ! A Marseille, il y a généralement un ou plusieurs élèves qui parlent une autre langue à la maison et cela ouvre des horizons quand on montre le même album dans deux langues.

    RépondreSupprimer
  3. Ma petite-fille devait avoir 4 ans quand mon frère et sa compagne chinoise sont venus des Etats-Unis. Elle arrivait très bien à comprendre que Xiao-Dong ne parle pas et ne comprennent pas le Français. En revanche, elle ne comprenait pas pourquoi elle ne pouvait pas lui lire une histoire. Xiao-Dong savait lire, que diable !
    Je n'aime pas intervenir sur les Droits humains en collège lors des semaines banalisées. Il m'est réellement arrivée d'intervenir entre l'intervention d'un chef d'entreprise et celle de pompiers. Interventions non préparées et banalisées !

    RépondreSupprimer
  4. Rien à voir mais tout à voir avec cette histoire de traductrice qui a dû renoncer à traduire Amanda Gorman parce qu'elle était blanche. A midi, on a conclu, avec mon mari, que pour légitimement traduire des ouvrages jeunesse, il fallait impérativement être une mère de famille. C'est bon, tu peux continuer !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et pour tous ceux dont les narrateurs sont des garçons, alors, je fais quoi ?
      Maintenant que j'y pense, il m'est même arrivé de traduire des romans dont les narrateurs étaient des animaux. Aïe.

      (Sérieusement, ça devient préoccupant, non ?)

      Supprimer
  5. C'est extrêmement préoccupant. On est en train de nous enfermer (de nous laisser enfermer) dans des cases (des castes) et on nie un certain universalisme. Voir l'article d'André Markowicz dans le dernier Monde des livres où il parle d'atomisation de l'humanité.

    RépondreSupprimer