samedi 30 juin 2012

Rêve récurrent

Cette nuit, j'ai rêvé que j'avais un accident de voiture. Pendant une fraction de seconde, je croyais que j'étais tombée dans un fossé, et puis je réalisais que c'était en fait un précipice de plusieurs dizaines de mètres de haut. Et que donc, c'était la fin. Pour de bon.
Ma première pensée (qui m'étonne moi-même) a été que j'allais rejoindre ma Nonna, ma grand-mère italienne. Ma seconde, que j'étais désolée d'infliger cette nouvelle terrible à ma mère.
Vous remarquerez que je n'ai pas songé une seconde à Darling ou à mes enfants. Et ce pour une raison bien simple : dans mes rêves, je suis TOUJOURS célibataire et surtout sans enfants. Les rêves que j'ai fait au cours de ma vie où apparaissent mes mômes se comptent sur les doigts d'une main. Ça m'a longtemps fait culpabiliser, et puis je me suis dit qu'en bonne mère indigne, j'avais probablement envie de me sentir responsable uniquement de moi-même pendant au moins quelques heures par jour.

À part sa fin tragique – car d'habitude je me réveille juste avant l'accident –, ce rêve de la voiture est un rêve récurrent chez moi, depuis très longtemps. Je le faisais même à l'époque où je n'avais pas encore mon permis, c'est dire. Le schéma est toujours le même : je suis au volant d'un véhicule dont je ne maîtrise pas la vitesse, uniquement la direction. Je peux plus ou moins choisir où je vais, mais je ne peux pas m'arrêter, ni ralentir, et je ne vois pas grand chose de ce qui se trouve devant moi. La voiture roule de plus en plus vite, mon champ de vision est très limité, et je sais que quoi que je fasse, je trouverai forcément la mort au bout de la course. La seule chose qui est en mon pouvoir, c'est conduire de mon mieux pour essayer de faire la meilleure trajectoire possible en blessant le moins de gens possible.

Une métaphore de la vie un peu triste, mais très vraie, non ?

jeudi 28 juin 2012

Malade

Bien sûr, c'est juste le jour où la crèche est fermée pour grève que je choisis de tomber malade, d'avoir 39° de fièvre et de ne pas tenir sur mes jambes.
Je n'ai même pas le courage de vous raconter ma journée avec mes quatre gamins. Tous plus ou moins malades, otite, angine, gastro, mycose, tout ça (à l'exception notable du Petit – en fin de compte, ça doit être vrai, cette histoire d'anticorps qui passent dans le lait maternel), tous d'une humeur exécrable (mais rien à côté de la mienne). J'en suis arrivé au point où je ne savais même plus comment je m'appelais. La preuve, à un moment donné, pour faire taire au moins un des trois plus jeunes qui hurlaient, j'ai dégrafé mon soutien-gorge, et j'ai couché sur le coussin d'allaitement... Miss Thing One, momentanément confondue avec le Petit. Ce qui a eu au moins le mérite de la surprendre et de la faire cesser de pleurer pendant quelques secondes.

On retiendra aussi le moment où, à cinq heures du matin, après m'être levée cinq ou six fois pour consoler les uns et les autres, allaiter, et distribuer des médicaments, j'ai à mon tour vomi tout mon dîner de la veille au pied du lit, grelottante de fièvre. Darling m'a tapoté le bras, a lancé un "Oh, ma pauvre !", s'est retourné de l'autre côté, et s'est rendormi, me laissant passer la serpillère.

Ce soir, il m'a avoué qu'il avait la nausée. Oserais-je vous dire que je n'ai pas fait preuve d'une compassion excessive ?

mercredi 27 juin 2012

Inquiétude pour la rentrée

Une série de quatre volumes qui devait continuer, et qui s'interrompt brusquement.
Un éditeur qui démissionne, remplacé par quelqu'un qu'on ne connaît pas encore.
Une boîte rachetée par une autre, en pleine restructuration.
Un nouvel opus d'une bonne auteure, très attendu, mais qui s'avère mauvais.

C'est chouette, d'être travailleur indépendant. Mais là, je me croyais en congé maternité, et je découvre que je suis quasiment au chômage.

(Bah, pas grave. Si nécessaire, je peux me reconvertir en chanteuse de berceuses juke-box, en boulangère-pâtissière expérimentale, en nourrice au lait ultra-riche, en portefaix, en éleveuse de poux...)

mardi 26 juin 2012

A gauche toute !

— Prends ta cuillère avec la main droite, ma chérie. Non, avec celle-là tu en mets partout. Change de main.
Il y a des gamins dont on ne sait pas très bien s'ils sont droitiers ou gauchers. Ce n'est pas le cas de Miss Thing One, qui fait tout à droite depuis sa naissance (je n'exagère pas, elle suce son pouce droit).
— Change de main, ma puce. Prends ta cuillère avec ta main droite.
Mais Miss Thing One est têtue. Très têtue. En général, elle veut qu'on lui donne la becquée, même que ça commence sérieusement à m'agacer (mais la seule fois où j'ai vraiment tenté de résister jusqu'au bout, elle n'a rien mangé). Aujourd'hui, elle a décidé que "C'est moi !", mais avec la main gauche. Ce qui donne de très mauvais résultats.
— Non, arrête ! Regarde, tu en as mis par terre, et sur ta chaise, et sur ton pantalon, et sur la table ! Prends ta cuillère à droite, nom d'un chien !

Et là, le Grand, qui assiste à la scène :
— Mais pourquoi tu insistes, maman ? Elle est peut-être gauchiste ?

...

Du coup, après le repas, j'ai mis un disque de Renaud.

dimanche 24 juin 2012

Sieste collective

Chaque weekend, à l'heure de la sieste, c'est la même chose. Les Things chahutent, crient, rient, se chamaillent (si si, même que ça donne à peu près ceci : "— Gamapatidouribou ! — Ati, kapabi ! — Non ! — Noooooon ! — Noooooooooooon !", sur quoi il y en a un – ou plus souvent une – qui se met à pleurer) (oui, pour moi aussi c'est assez mystérieux), jettent par terre tout ce qui est à portée de main (ce qui est sur la commode ou sur l'étendoir, mais aussi les doudous, les gigoteuses, les pyjamas – je m'attends à ce qu'ils aient l'idée d'enlever les draps d'un jour à l'autre), sautent dans leur lit au point que ceux-ci se déplacent dans la pièce, tombent du lit avec des conséquences plus ou moins graves, et mettent souvent plus d'une heure avant de s'endormir, car à chaque fois qu'il y en a un qui flanche, l'autre prend le relais.
Du coup, aujourd'hui, je les ai séparés. Mr Thing Two dans son lit, et Miss Thing One dans notre chambre, dans un lit parapluie qui tient tout juste entre notre lit et le mur.
Résultat ? Radical. La gamine s'est endormie dans la minute. Privé de public, le gamin en a fait autant. Et ils ont dormi trois heures et quelques.
Sauf que voilà, les nuits ayant été assez mauvaises, ces derniers jours (en fin de compte, Miss Thing One avait bien une otite ET une angine blanche EN PLUS d'une dent qui pousse) (sans même parler des poux) (et après on se demande pourquoi elle est d'humeur grognonne), Darling et moi avons eu envie d'aller dormir nous-mêmes. Nous nous sommes glissés dans la petit chambre à pas de loups, et nous sommes couchés.
Au bout d'une demi-heure, le Petit s'est réveillé. J'ai envoyé Darling (qui m'a fait répéter trois fois la phrase "Va chercher le bébé") (je crois qu'il ne se rappelait plus qu'il avait un bébé) (faut pas trop en demander à Darling quand il vient de se réveiller) me rapporter le gamin, et je l'ai mis au sein. Puis je me suis rendormie. Et lui aussi.
Et voilà comment nous avons fait la sieste à quatre dans une chambre de 6 ou 7 mètres carrés.

La prochaine fois, tous dans le placard où dort le Petit ?

vendredi 22 juin 2012

Répète après moi (ou pas)

Les Things prononcent mal le mot "pâte", avec un A tellement fermé qu'il ressemble à un O.
Par ailleurs, ils élident la première syllabe du mot "compote".
Or, 60% de leurs repas sont composé d'une assiette de pâtes suivie d'un bol de compote. (Oui, bon, hein, on fait ce qu'on peut.)
Du coup, une fois l'assiette terminé, quand ils se mettent à crier "pôte ! pôte !", je ne sais jamais s'ils veulent se resservir ou s'ils veulent passer au dessert. Agacée, l'autre jour, j'ai décidé d'y remédier. Qu'est-ce que c'est que cette manie de n'utiliser que la dernière syllabe des mots ? Un petit effort, que diable !
— Pote ! Pote !
— Tu veux la compote ?
— Ui ! Pote !
— On ne dit pas "pote", on dit "compote".
— Pote !
— Non, compote.
— Pote !
— Ah, mais zut, essaie, au moins ! Allez, répète après moi : com... com...
J'ai mis quelques secondes à comprendre pourquoi le Grand éclatait de rire.
(Heureusement, ils ne m'ont pas obéi.)

jeudi 21 juin 2012

Faites de la musique

Est-ce que chanter en boucle environ 78 fois "Dodo fontaine"* à une gamine qui n'arrive pas à s'endormir parce qu'elle a mal aux dents (du moins c'est ce que j'ai cru comprendre, et même ce que j'espère, parce que si ce n'est pas ça c'est une otite), ça compte comme participation à la Fête de la musique ?



* Les paroles de cette délicieuse berceuse :
Dodo fontaine
Sainte Maritaine
Endormez les petits enfants
Jusqu'à l'âge de quinze ans
Quand quinze ans seront passés
Il sera temps de les marier...
On peut toujours rêver, hein ?