samedi 13 février 2016

Et si on allait vivre en Suède ?

Avant-hier soir, vague de dégoût politique. Cela fait quelques mois que j'ai de plus en plus de mal à digérer les nouvelles. Prolongation de l'état d'urgence qui permet aux policiers d'agir sans contrôle, d'enfoncer des portes plutôt que frapper, de réveiller des familles dans la panique à 3h du matin, de jeter par terre et menotter des gens devant leurs enfants ; assignations à résidence de militants écologistes ; scores de plus en plus inquiétants du FN ; loi sur la déchéance de nationalité avec le choix entre mettre fin à l'égalité des peines ou créer des apatrides (au "pays des droits de l'homme" ? sérieux ?) ; et puis des tas de gouttes d'eau qui font que la coupe est pleine, comme avoir pour ministre de l'environnement quelqu'un qui trouve que "empêcher quelqu'un de prendre sa voiture, c'est une mesure privative de liberté" (empêcher mon gamin asthmatique d'aller en récré ou de faire du sport les jours de pollution, visiblement, non), et puis la création avant-hier de ce merveilleux "ministère de la famille, de l'enfance et des droits aux femmes" (!!!!) (et la vaisselle et le ménage, alors ?)... Bref, grosse vague de ras-le-bol.

Pendant le dîner, je propose brusquement :
— J'en ai marre. On quitte la France ?
— D'accord, dit le Grand, pas contrariant. On va en Bulgarie ? Il paraît que c'est très beau, et que la vie n'est pas chère, du coup si tu travailles encore pour des éditeurs français on serait riches !
(Cet enfant ne perd jamais le sens des réalités.)
— Si on allait dans l'un des pays où les droits de l'homme sont les mieux respectés, plutôt ?
— Attends, je vais chercher.
— Pendant que tu y es, cherche aussi ceux où la situation des femmes est meilleure... et puis tiens, ceux où on se déplace le plus à vélo.
Il a croisé très sérieusement tous ces critères, nous a rapporté les réponses, et puis nous avons éliminé l'Islande (trop loin de tout), la Finlande (une langue très difficile à apprendre, paraît-il), et nous avons passé la soirée à nous disputer pour choisir entre la Norvège (Darling), le Danemark (le Grand) et la Suède (moi). Nous avons consulté des fiches Wikipedia, regardé des photos, écouté les accents, comparé les températures et les heures de lumière.

Mais aujourd'hui, ma mère est arrivée, et nous a dit que dans tous les pays scandinaves, l'extrème-droite grimpe en flèche, et que le climat politique n'y est vraiment pas meilleur qu'ici. Nous avons bien élargi la recherche, mais nous avons toujours trouvé des défauts aux pays envisagés (trop loin, trop plat, pas assez d'histoire, pas assez de neige...).

Donc voilà, tout ça pour vous dire que selon toute vraisemblance, je ne vous annoncerai PAS prochainement que nous allons tous partir habiter à Stockholm. Mais pendant quelques heures, nous avons rêvé d'un ailleurs...

(En attendant, demain matin, je pars... à la neige ! Toute seule, hélas : financièrement il n'était pas raisonnable d'y aller en famille, et je n'y serais peut-être même pas allée moi-même si je n'avais pas été invitée. Je vous raconterai...)

17 commentaires:

  1. Quand j'ai vu Danemark, j'ai fait oups ! C'est quand même le pays qui vient de décider de fouiller les valises des demandeurs d'asile et de leur confisquer leurs bijoux (sauf les alliances, ils ont trop bons) pour pouvoir rembourser en partie ce qu'ils coûtent au pays !
    Quand est-ce que l'opinion publique comprendra que les immigrés, dès lors qu'on les autorise à travailler, rapportent plus à un pays qu'ils ne lui coûtent.
    Mais moi aussi je suis choquée, bouleversée par tout ce que je vois et j'entends (mais comment peut-on demander à la Grèce de garder les migrants qui accostent sur son sol).
    Il faut qu'on arrive à mobiliser les jeunes.

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  2. Même problématique chez nous, ras-le-bol des mensonges qu'on nous assène quotidiennement, d'être pris pour des imbéciles en politique intérieure comme extérieure... Mais où aller? Au fond, c'est pourri partout, alors finalement c'est plus facile de rester dans sa propre pourriture, on la reconnaît plus facilement...

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  3. J'applaudis des deux mains...
    Pas mieux au niveau des idées de refuge!On a pensé aux mêmes pays mais je valide plutôt le Danemark...

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  4. Quand on pense que tout ça est porté par un gouvernement cocosos , c’est quand même ballot !

    Enfin ! Le meilleur pays répondant à vos critères bobo- humanitaro- écolo reste l’Allemagne.
    Les vélocyclistes et piétons sont respectés, l’ordre et la discipline sont de rigueur, les écolos sont écoutés, les migrants sont humainement traités, la culture y est magnifiée…
    Pourquoi pas Berlin ?

    Visiteuse

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    1. Parce que même si c'est une très belle ville, je refuse tout net d'habiter dans un pays où les maisons closes sont légales et où les mères qui travaillent sont mal vues (et pas du tout aidées par l'Etat).

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    2. Certes, certes. Cela réduit le champ des possibles.
      Liberland ne vous conviendrait pas non plus.
      Fofoland peut être...
      Visiteuse

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    3. Alors d'accord pour dire que dans certaines grandes villes allemandes, il n'est pas facile de trouver une nounou ou une crèche, mais le congé parental, 14 mois à partager comme on veut entre père et mère à 66% du salaire... Vous trouvez vraiment ça moche?

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    4. Eh bien, franchement peut-être pas moche, mais pas spécialement formidable non plus. Parce que c'est une manière de plus d'encourager la mère (ne nous voilons pas la face, c'est quasiment toujours la mère, encore plus qu'en France) à rester à la maison avec sa progéniture. 14 mois avec un bébé ? Pour moi, et je ne dois pas être la seule, c'est la dépression assurée. Je préfère mille fois des solutions de garde appropriées, ou au minimum un véritable choix. Et surtout, je préfère une société où on ne m'appelle pas "mère corbeau" et on ne me regarde pas de travers quand je dis que j'ai des enfants mais que je veux continuer à travailler. Où on n'estime pas que l'instinct "maternel" est roi et que les femmes doivent choisir entre famille et carrière, sans jamais se poser la question de la place du père. Il n'y a pas que les lois et les aides sociales, il y a l'ambiance générale, aussi...

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    5. Il me semble que vous généralisez beaucoup, et que votre appréciation date un peu! Ce que vous dites était peut-être encore vrai il y a une vingtaine d'années, la société évolue, et de nombreux pères prennent avec grand plaisir tout ou partie du congé parental. Je n'ai pour ma part jamais entendu le terme de Rabenmutter (marâtre) pour une femme qui donnerait son enfant à garder. Il reste vrai que le concept de la nounou qui garde l'enfant chez elle toute la journée est moins répandu qu'en France. Par contre les Kita (crèches) que j'ai pu voir sont sensationnelles. Je dirais que ce n'est pas l'instinct maternel qui est roi, mais souvent plutôt l'enfant lui-même, avec les inconvénients que cela comporte (enfant gâté, trop sûr de lui, mal élevé, en tout cas pour mon regard français.) J'ai longtemps vécu en Allemagne, où mes trois enfants sont nés, l'un deux y vit encore aujourd'hui, marié avec bientôt deux enfants, donc je pense être en prise avec la réalité, mais j'admets volontiers que celle-ci n'est pas la même pour tout le monde!

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    6. Ah, c'est possible que je ne sois pas à jour... C'est ce qu'on m'a dit plusieurs fois ces dernières années, mais peut-être que les choses évoluent. Mais je continue à dire que le congé parental n'est pas LA solution, tout au plus UNE solution, et que le très faible taux de natalité le prouve. Et j'ai rêvé, ou il n'y avait pas de congé paternité en Allemagne ? Pour moi, c'est là où les pays nordiques sont vraiment modernes, car ils ont compris que si la femme s'arrête deux ou six ou dix mois et pas l'homme, quand elle reprendra le boulot, les habitudes seront bien installées, et ce sera elle qui continuera à se lever la nuit et à donner le bain le soir... Je trouve déjà que 11 jours en France, c'est pathétique (mais au moins, la jeune accouchée ne se retrouve pas seule face au petit extra-terrestre dès son retour de la maternité !)

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    7. Pas un extra-terrestre, juste un petit mammifère pourvu d'une trop grosse tête pour pouvoir sortir un peu plus fini...
      En Allemagne, la loi a changé en 2007 pour inciter (mais pas obliger, effectivement) les hommes à prendre deux mois de congé. La femme a droit à un an, ou dix mois si le père ne prend pas le sien. Les amis allemands que je connais s'en sont bien accommodés, même si le papa aurait bien pris plus... Je pense aussi que ta vision date un peu.
      Et en France, les 11 jours, il faut les programmer à l'avance, donc je ne connais quasiment aucun père qui les ait pris juste à la naissance. Ils prolongent tous leurs vacances déjà planifiées... Et j'ai aussi l'impression que la question "qui s'occupe des enfants le soir" dépend énormément des horaires de boulot de chacun. Alors que pour le ménage, ça bouge assez lentement...
      Dans tous les cas, à dire "je refuse de vivre dans un pays où...", tu vas vite devenir apatride et t'installer sur Mars. Malheureusement.

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    8. En effet, ma vision date de 2012 :
      http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2012/12/17/en-allemagne-la-mauvaise-image-des-meres-au-travail-pese-sur-la-natalite_1807529_3214.html
      ou
      http://www.lepoint.fr/societe/egalite-homme-femme-l-allemagne-n-est-pas-un-modele-07-03-2012-1438830_23.php
      Mais je suis ravie d'apprendre que les choses changent !

      Et tu as raison, "je refuse de vivre dans un pays où" risque de faire de moi une apatride très vite... Alors disons que je refuse de déménager, avec tous les inconvénients que cela comporte, si c'est pour aller dans un pays où...

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    9. "date un peu" ne signifie pas "entièrement erronée", bien sûr. Une société ne change pas du jour au lendemain, mais l'évolution me semble positive. Quant à l'extrême-droite, c'est partout, partout, partout... Difficile de trouver la Pollyanna qui devrait être en nous.

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  5. Ça fait quelques années (depuis les présidentielles de 2002, en fait) que je me demande si changer de pays ne serait pas une bonne idée en effet.

    Mais je crois que personnellement j'aurais choisi l'Islande, notamment parce que la proportion humains/nature me semble bien plus raisonnable que par chez nous (ceci dit, il paraît que c'est aussi une langue difficile à apprendre...).
    Et puis c'est tellement chouette d'imaginer un pays sans embouteillages (en particulier pour le vélo) !

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  6. Elle est passée où, Pollyanna?

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  7. J'ai exactement le même ressenti que toi, Fofo, par rapport à tout ce que tu écris. Les pays nordiques sont attirants par certains côtés, mais pour ma part je ne pourrais pas vivre dans un lieu où il fait nuit presque 6 mois de l'année et jour tout autant !
    J'aime beaucoup l'idée de revenu minimum universel, versé à chaque habitant. Je crois que c'est la Finlande qui va l'appliquer / qui l'applique déjà. Je pense que ça pourrait résoudre une bonne partie des problèmes que nous connaissons aujourd'hui...

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  8. Finalement, c'est encore votre Grand qui a raison : la Bulgarie c'est l'Eden : http://www.contrepoints.org/2016/04/11/245567-ma-vie-dexpat-en-bulgarie?utm_source=Newsletter+Contrepoints&utm_campaign=345012e165-Newsletter_auto_Mailchimp&utm_medium=email&utm_term=0_865f2d37b0-345012e165-113547201&mc_cid=345012e165&mc_eid=2c929776aa

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