mardi 7 juin 2016

Traduire l'horreur

Celle qui a été arrachée à sa famille, celui qui s'est retrouvé dans un camp de concentration, celle qui a été traitée en esclave par ceux qui l'avaient sauvée de la rafle, celui qui a miraculeusement réussi à se réfugier en Angleterre mais a aussitôt été envoyé dans un camp d'internement parce qu'il était allemand et donc "ennemi"...

Je suis en train de traduire un bouquin écrit par des survivants de l'Holocauste, et franchement, j'ai hâte d'arriver au bout. Pourtant, c'est un livre pour les enfants, donc très édulcoré, et par définition, les narrateurs ont tous survécu. N'empêche.

Je me suis toujours demandé comment faisaient les traducteurs qui travaillaient pour Amnesty International, ou d'autres ONG de ce genre. Personnellement, le plus souvent, je n'ose même pas lire la lettre mensuelle d'Amnesty. Alors la traduire... Heureusement que tout le monde n'est pas aussi minable ; heureusement que tous les traducteurs ne sont pas des pleutres qui se cantonnent à la littérature jeunesse pour être sûrs de ne jamais avoir à passer des jours ou des semaines sur une histoire trop tragique ou sordide. Merci à eux, et bravo.

5 commentaires:

  1. Que les narrateurs survivent, c'est bien, mais ça ne rend pas plus facile ce qu'ils ont vécu...

    Moi qui ne suis pas très sensible à l'horreur vraiment fictionnelle, type roman policier ou thriller un peu gore, j'ai quand même réussi à faire des cauchemars pour les scènes les plus répugnantes que j'ai traduites... Alors te plonger dans des récits de vraies horreurs toute la journée, je comprends que ce soit dur !!

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    1. PS : Je me traîne désespérément sur une scène de torture depuis deux jours, pff, c'est épuisant.

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    2. Le genre de choses que je ne pourrais pas faire. Un jour, j'ai refusé une traduction parce que c'était trop violent pour moi ; et pourtant, c'était un roman jeunesse...

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    3. Et bien moi je vous aime justement parce que vous avez du mal avec cette violence vécue ou fictive. Vous traduiriez ça en sifflotant comme si c'était le train-train quotidien, vous seriez pas mes potes!

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    4. Fofo, j'avoue que je l'avais survolée pendant ma première lecture, cette scène, histoire de ne pas en rajouter. Elle était imprévisible d'après le premier tome de ma série, par ailleurs très sympa... (Et pas encore écrite au moment où j'ai accepté ladite série, donc.) Mais sinon, il m'arrive de lire des bouquins que je trouve géniaux, mais de ne pas les proposer à des éditeurs en me disant que de toute façon, je n'ai pas envie de rester plusieurs mois dans un univers aussi dur !

      Ficelle, j't'envoie des bises !

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