vendredi 15 décembre 2017

10 kilomètres dans la gadoue

Dimanche dernier, plus de huit ans après la dernière fois, j'ai participé à une course à pied officielle.

Enfin, quand je dis huit ans, c'est faux. Il y a deux ans, j'avais déjà essayé de m'y remettre. Je m'étais inscrite à une course. Mais après une première boucle de 5 km, quand je m'étais rendu compte que j'étais la toute dernière et surtout que mes jambes refusaient de me porter plus longtemps, j'avais abandonné au milieu. J'étais repartie morose, en ayant envie de crier à tout le monde "Oui mais depuis la dernière fois j'ai eu trois enfants, d'abord ! Et une grossesse gémellaire qui m'a fait prendre du poids et perdre des muscles ! Et quasiment pas une seconde pour faire du sport !" Sauf que bon, les coureurs à qui j'aurais voulu crier ça étaient beaucoup trop loin. A part les quelques-uns qui étaient déjà arrivés parce qu'ils avaient fait deux boucles avant même que moi je termine péniblement la première. Frimeurs.

Bref, dimanche dernier, j'ai réessayé. Cette fois, ça faisait quelques mois que j'essayais d'aller courir plus ou moins régulièrement, donc j'avais bon espoir d'arriver au bout, en mettant le temps qu'il faudrait. Autrefois, avant d'avoir les sales mômes, je faisais 10 km en une heure. Alors maintenant, allez, une heure et vingt minutes ? Une heure et demie, au pire ?

J'étais motivée, je vous jure. Mais quand mon réveil a sonné, parce que la course était à 9h30 et que donc j'avais dû mettre mon réveil, à 7h30, un dimanche,
quand j'ai vu qu'il ferait encore nuit même au moment où je partirais de la maison,
quand j'ai vu que dehors, c'était le déluge,
quand j'ai vu qu'il faisait 4 degrés,
j'ai eu beaucoup, beaucoup de mal à ne pas renoncer.
(Et accessoirement, je me suis demandé pour quelle raison je n'avais pas choisi de faire ma première course depuis huit ans au printemps. Qu'est-ce qui m'a pris ? C'était si urgent que ça ?)

J'y suis allée, néanmoins. A vélo, même, pour me mettre en jambe (et puis parce que ça évite de revenir en métro, rouge, trempée, gadouilleuse et malodorante, sous le regard horrifié des autres passagers) (et sans un bouquin à lire) (c'est surtout ça, en fait).

Cela dit, comme j'ai un faible pour les situations cocasses, contre toute attente, sur la ligne de départ, j'étais de bonne humeur. Hilare, même. Tout le monde râlait, parce qu'il pleuvait encore, et surtout parce que le parcours était en grande partie en forêt, sur des chemins de terre. Je n'ai pas besoin de vous faire un dessin, n'est-ce pas ? La terre, quand il a plu pendant des heures non-stop, ça devient plus liquide que solide. En clair, il y avait des grandes portions de l'itinéraire où la boue était telle qu'on ne pouvait pas courir : tout au plus pouvait-on marcher, en faisant très attention où on mettait les pieds, sous peine que l'épreuve de course se transforme en concours de natation.

Et donc j'ai couru, marché, pataugé, nagé. Et je suis arrivée au bout, sans m'être arrêtée une seule fois, sans avoir été tentée de renoncer. Je n'étais pas la dernière, même pas dans les cinquante derniers, je pense. (En fait je me rends compte à l'heure où j'écris ces lignes que je ne suis même pas allée voir mes résultats, tellement je m'en fichais. Je viens de le faire : j'étais la 680e sur 763, soit la 50e de ma catégorie, "femme d'un âge respectable" – en vrai on dit vétérane). Et j'ai mis moins de temps que prévu. 1h et 10 minutes, soit juste une minute par kilomètre de plus qu'il y a une dizaine d'années. Ça pourrait être beaucoup mieux, ça pourrait être bien pire. Mais surtout, ce qui compte, c'est que je suis arrivée au bout. J'ai relevé le défi. Je peux encore le faire. Et je suis revenue drôlement fière de moi. Et ça, ça n'a pas de prix. Je recommencerai, c'est sûr. Peut-être même un jour sans gadoue, pour varier les plaisirs.

(J'aimerais vous dire que mes enfants m'ont applaudie quand je suis arrivée, mais pas du tout, ils ont à peine levé le nez de leurs Lego. Ils voulaient tous que je leur file ma médaille, par contre...)

5 commentaires:

  1. Félicitations ! Les enfants sont des ingrats et, heureusement, ils n'ont absolument pas conscience du fait que notre corps porte lourdement le fait de les avoir portés.
    Et "vétéran", il faudrait vraiment renommer cette catégorie : on est tellement jeune quand on devient vétéran.

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  2. Bravo ! Et la panne de réveil était très tentante, alors double bravo !
    (Et je peux de nouveau commenter ici, je ne sais pas pourquoi.)

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  3. Je t'admire ! Rien d'autre à dire sinon que je t'admire. Je suis bien incapable de courir sur 150 m !

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  4. Un grand bravo, Fofo ! C'est vrai que parfois ça fait du bien de se lancer des défis, et quel plaisir quand on les a relevés avec succès...

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  5. J'applaudis aussi - de mon canapé, car y a dix ans jamais il ne me serait venu l'idée de courir dix kilomètres, et si il y a bien une chose qui est restée constante sur dix ans, c'est ça..

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