mardi 18 septembre 2012

Sevrage

Le Petit a six mois. Je l'allaite encore. Et j'en ai marre.
Marre de mettre toujours les même deux ou trois soutifs et sept ou huit T-shirts d'allaitement.
Marre de de ne plus pouvoir fermer aucune de mes chemises ni même la plupart de mes vestes ou manteaux.
Marre de devoir dormir avec un soutien-gorge, et de redouter l'engorgement si je m'en passe, comme c'est arrivé récemment.
Marre de ne pas pouvoir m'absenter vingt-quatre heures, de ne même pas pouvoir aller au cinéma ou au restaurant un soir avec une copine.
Marre des tétées nocturnes, du sommeil toujours insuffisant.
Marre de ne pas pouvoir soigner ce rhume qui traîne depuis des semaines, d'hésiter avant de mettre la moindre pommade, d'avaler la moindre pilule.
Marre de recevoir des coups de pieds ou des griffures de la part de cet asticot plein d'énergie.

Marre de ne pas pouvoir recommencer à faire du sport faute de soutien-gorge adapté.
Marre de me demander à chaque douleur au ventre si c'est le retour de couches.

Et puis pas seulement marre, mais aussi envie. Envie de passer à autre chose, de clore presque sans nostalgie – ou alors juste une miette – cette période où j'étais tout, absolument tout, pour ce petit être tout neuf. Ce n'est plus un nouveau-né, c'est un gros bébé en pleine forme qui commence sa vie indépendante. Il mange désormais purées et compotes avec plaisir, s'intéresse même à nos bouts de pain, va joyeusement à la crèche, refuse de s'endormir dans mes bras, remue dans tous les sens, attrape tout ce qui passe à sa portée (y compris les cheveux ou les boucles d'oreille)... Non, ce n'est plus un nouveau-né. C'est bientôt un enfant. L'amorce d'un être humain.

Il doit le savoir, le sentir. Il s'endort de moins en moins souvent au sein. Le biberon qu'il refusait de boire jusqu'à la fin de l'été a soudain trouvé grâce à ses yeux, ou à ses papilles, et il le vide d'un trait. Même quand je l'allaite, il tourne souvent la tête en m'arrachant la peau au passage, veut voir ce qui se passe ailleurs, gigote dans tous les sens ; ce n'est plus un câlin, c'est presque une bagarre.

Il est temps de prendre chacun sa route. Toujours côte à côte, incroyablement proches, mais plus enchaînés l'un à l'autre. Achevons de couper le cordon.

Bonne route, mon petit bonhomme !

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