vendredi 17 avril 2015

BAT

Quand une traduction est achevée, qu'on l'a relue, corrigée, qu'on a fait les derniers choix, qu'on a traqué les coquilles et les répétitions, et qu'on l'a enfin envoyée à l'éditeur, ce n'est pas terminé – normalement. Car pendant qu'on commence autre chose et qu'on attend impatiemment des sous, l'éditeur, lui, lit le texte lui-même et l'envoie à des correcteurs. Ensuite, il y a trois cas de figure :

Il y a les éditeurs "normaux", qui envoient au traducteur le manuscrit corrigé et/ou les épreuves, ce qui permet au traducteur de valider (ou pas) les corrections proposées.
(On dit que le traducteur donne alors son BAT : Bon à tirer.)

Il y a les éditeurs goujats, qui "oublient" d'envoyer les épreuves même quand on les relance plusieurs fois, jusqu'au jour où le traducteur surpris reçoit le bouquin imprimé et découvre avec stupéfaction qu'un correcteur trop zélé, ou peut-être un stagiaire, a remplacé "Il était en vacances" par "Il se trouvait en vacances" pour éviter la répétition du verbe être, ou a changé l'agenouilloir en prie-dieu, terme plus commun, sans doute, mais qui tombe vraiment mal dans ce roman de fantasy ou le peuple adore exclusivement... une déesse.

Et puis il y a les éditeurs vieille école, qui vous font venir dans leurs locaux pour discuter point par point avec vous de chaque modification suggérée, et estiment que, puisque vous signez cette traduction de votre nom, vous avez le droit ultime de décider si oui ou non, le héros peut tapoter contre la vitre au lieu de tapoter contre la fenêtre.

Franchement, ça ne m'est arrivé que deux fois, et je n'en reviens toujours pas...

3 commentaires:

  1. Moi, la dernière fois, j'ai dû faire ça par téléphone, pour des questions de délai... Assez éprouvant, mais au moins, on se sent respecté !

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  2. Je ne lis plus jamais les traductions de la même manière maintenant que je te lis. Une fois, j'ai honteusement pensé que le roman était nul parce que mal traduit, j'ai pris la version originale, c'était tout aussi nul ! Shame on me ! Je me demande cependant comment tu fais quand c'est "mal écrit" ! Tu respectes le style de l'auteur, je suppose. Est-ce difficile ?

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    1. Non, quand c'est mal écrit, je retouche. Sinon, l'éditeur va râler, et le lecteur va trouver ça "nul", comme toi dans ton exemple ! Voir ici, par exemple :
      http://momeslivrescasseroles.blogspot.fr/2015/03/une-phrase-alambiquee.html
      Ou ici :
      http://momeslivrescasseroles.blogspot.fr/2013/06/tendons-loeil.html
      Ou même ici :
      http://momeslivrescasseroles.blogspot.fr/2013/02/quallons-nous-faire-maintenant.html

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