dimanche 5 juillet 2015

Une soirée ciné-resto avec deux ados

Ma mère et moi décidons de faire plaisir à ma petite sœur et au Grand, et de sortir avec eux ce soir : on laisse les moins de six ans à Darling, et on emmène les ados au cinéma voir Vice-versa, et même au restaurant !

Acte I. On sort de la maison, et le Grand demande :
— C'est au cinéma juste à côté ?
— Il n'y a pas de cinéma juste à côté – enfin, il y en a un, mais qui ne présente qu'un seul film, deux fois par semaine.
— Hein ? Mais alors on va où ?
— Dans Paris, à quatre stations d'ici.
— Oh non ! Je n'ai pas envie de prendre le RER ! Pff...

(Imaginez, à la fin de chaque acte, un intermède de cinq à dix minutes de râleries et bougonnements)

Acte II. Au cinéma, le Grand :
— Je peux acheter du pop-corn ?
— Non.
— Mais si ! Allez, je te rembourserai !
— Pas question. On va dîner juste après.
— Oh, vraiment, t'es pas sympa ! Vous êtes en train de me gâcher ma soirée, là !

Acte III. Le film commence. Ma soeur s'exclame :
— Mais c'est en anglais !
— Ah oui, désolée, j'ai pris une séance en VO, je n'ai pas fait attention.
— Mais j'aime pas les sous-titres ! Je ne vais rien comprendre ! On ne peut pas plutôt sortir et chercher une séance en VF dans un autre cinéma ?

Acte IV. Le film est terminé, et nous sortons :
— On mange où ? demande le Grand.
— Je ne sais pas...
—  A la crêperie à côté de la maison !
— Non, c'est trop loin.
— Si, je veux aller là-bas, sinon c'est pas la peine !
— Non, moi je ne veux pas de crêpes, intervient ma soeur.
— Un japonais, alors ?
— Ah non, je n'aime pas le poisson.
— Il y a aussi de la viande.
— Non, je n'ai pas envie. Je veux une pizza.

Acte V. Nous avons trouvé un resto, français, assez cher. Ma soeur réclame :
— Je peux avoir un coca ?
— Non, un plat et un dessert, c'est déjà bien suffisant.
— Mais si, je veux un coca !
— J'ai dit non.
— Oh la la, mais pourquoi ? Je ne vois pas en quoi ça te dérange ! C'est moi qui décide ce que j'ai envie de boire !

Acte VI. Nous choisissons les plats :
— Je peux prendre autre chose que ce qu'il y a sur l'ardoise ?
— Non, tu prends une formule, c'est moins cher.
— Oh mais si, allez ! Je n'aime rien de tout ça !
— Ni le steak-frites, ni le hamburger, ni la salade, ni le carpaccio, ni le confit de canard, ni le pavé de saumon ? Tu es si difficile que ça ?
— Bon, d'accord, j'aime bien, à la rigueur, mais ce n'est pas ça que je voulais !
— Pourquoi, tu voulais quoi, au juste ?
— Des spaghettis à la bolognaise.


Moralité : n'essayez pas de faire plaisir à des ados de 13 et 14 ans. Laissez-les plutôt enfermés dans leur chambre, d'où vous ne les ferez sortir que pour prendre une douche, vider le lave-vaisselle et manger du concombre. De toute façon, quoi que vous fassiez, ils râleront ; alors à quoi bon ?

9 commentaires:

  1. Je parie que dans une situation semblable, les trois petits auraient été ravis !

    RépondreSupprimer
  2. Je pense aussi.
    C'est désespérant tout de même.

    RépondreSupprimer
  3. Question : Et si Darling était sorti avec les deux ados ?

    RépondreSupprimer
  4. Les pauvres gosses quand même, on les persécute tout le temps...

    RépondreSupprimer
  5. L'adolescence, c'est vraiment une période ingrate !

    RépondreSupprimer
  6. On peut mettre ça sur le compte de la chaleur?

    Ce n'est pas marrant d'être irritable. Même quand on est seul comme moi.
    J'ai remarqué qu'un cachet de nureflex (ibuprofène) marchait très bien pour ça. Je n'en fais pas une habitude.
    C'est contre-intuitif, car on pense à utiliser l'ibuprofène quand on a des douleurs musculaires ou de la fièvre, mais pas quand ça se bouscule dans nos têtes et qu'on est irritable.

    RépondreSupprimer
  7. C'est pourquoi j'ai toujours de l'ibuprofène sur moi, et une bouteille d'eau, et des larmes artificielles en dosettes hermétiques (pour pas frotter mes yeux avec les mains sale), et du sucre et du café en poudre et des biscuits, et un parapluie (qui a servi hier sous la canicule quand l'orage a pété), et souvent une paire de chaussette et un t-shirt de rechange.
    Et du lopéramide pour gérer diarrhée foudroyante, et de quoi gérer l'inverse. Et du désinfectant, et quelques sparadrap.
    Bref, le confort, y'a que ça d'vrai.

    Plus exactement, je veille à mon confort, mais un ado va encore s'attendre à ce que ce soit à l'adulte d'avoir tout prévu.

    RépondreSupprimer
  8. Je pense plutôt qu'un enfant s'attend à ce que adulte ait tout prévu, ce qui est normal. Mais un ado se range dans une attitude d'opposition, et même si foncièrement il apprécie ça sortie, il ne faut surtout pas montrer un quelconque enthousiasme, ce serait "puéril".

    RépondreSupprimer
  9. Ah, donc la façon d'affirmer sa personnalité en s'opposant et en râlant.

    RépondreSupprimer