Dans une semaine exactement, je vais déménager.
En tout, j'aurai donc passé cinq ans, presque jour pour jour, dans cette jolie maison située dans une banlieue plutôt cossue. J'y serais encore restée quelques années sans la séparation avec Darling. Mais il est finalement apparu que pour toutes sortes de raisons (surtout financières, mais aussi pratiques, psychologiques...), il valait mieux déménager. Et je n'ai pas hésité longtemps sur la destination.
Je retourne en appart, je retourne à Paris, pas dans le même arrondissement qu'avant mais pas trop loin quand même. Un immeuble des années 70, grand et moche, avec des appartements fonctionnels et tous identiques, du parquet vitrifié, des grandes baies vitrées, des placards dans le couloir, des salles de bain sans fenêtres, des vide-ordures sur le palier, un gardien au rez-de-chaussée et un local à vélo trop petit.
Tout n'est pas toujours blanc ou noir, dans la vie. Mais dans l'ensemble, si je devais résumer mon état d'esprit en ce moment, je dirais que je suis RAVIE.
Oui, je sais, pour plein de gens, ça peut paraître ahurissant. Et je les comprends, hein. Je ne dis pas que je ne regretterai rien, d'ailleurs. Il y a un certain nombre de trucs qui me manqueront, par exemple :
- Un nombre de pièces suffisant pour que chaque enfant ait sa chambre (non que le Filou et Mr Thing Two se plaignent de devoir partager, bien au contraire, mais c'était plus tranquille !) et pour que mon bureau et ma chambre soient deux pièces différentes (à présent, je vais passer 22h par jour au même endroit) ;
- Le jardin où les enfants pouvaient jouer et chahuter ;
- L'absence de voisins du dessous et donc d'obligation de crier "chuuuut !" à longueur de temps ;
- Le long chemin cyclable qui allait de chez moi à Paris le long de la Marne, et que j'adorais emprunter le soir, dans l'obscurité et le silence, en revenant du cinéma ;
- Le théâtre municipal qui passait des pièces du meilleur niveau à des prix inférieur de moitié à celui des salles parisiennes ;
- La possibilité de faire refaire sa carte d'identité sans faire la queue ;
- La très grande cave où je pouvais entasser tout et n'importe quoi, le cellier où je pouvais empiler les sacs de 10 kilos de pâtes ou de riz, le garage où une douzaine de vélos logeaient à l'aise ;
- Les herbes aromatiques toujours fraîches et à portée de main...
Mais, mais, mais. Ne plus passer pour une extra-terrestre parce qu'on n'a pas de voiture. Connaître à nouveau ses voisins (parce que, contrairement à la légende, on finit souvent par connaître au moins certains de ses voisins de palier dans un immeuble, alors qu'en cinq années ici, je n'ai jamais
vu mes voisins, puisqu'ils sortent toujours de chez eux en... voiture, eh oui !). Avoir une vraie bibliothèque toute proche, et qui ne ferme pas à 16h. Avoir quinze cinémas et quinze théâtres à deux kilomètres à la ronde. Pouvoir acheter une ampoule spéciale, des clous à béton ou un grillage sur mesure chez un vrai quincailler au lieu d'errer dans les rayons d'un affreux Monsieur Bricolage beaucoup trop lointain. Avoir une boulangerie en face pour les croissants du dimanche matin. Par les fenêtres, voir un monde gris mais vivant, et non un marronnier entouré par deux poubelles et un portail derrière lequel il ne passe jamais personne. Et surtout, surtout, avoir une station de métro en bas de chez soi et des bus qui ne s'arrêtent pas à 20h30.
Et puis aussi, Paris, quoi. Parce que Paris. La plus belle ville du monde – si, si. Ma ville à moi, depuis toujours, même si Londres n'est pas loin derrière dans mon cœur.
Alors tant pis pour l'absence de jardin ou de balcon, tant pis pour l'espace restreint, tant pis pour les nuisances sonores des voisins et pour l'ascenseur obligatoire. Nous sortirons plus souvent, et nous profiterons d'autant mieux de la nature quand nous irons en vacances. En attendant, je vais redevenir une bobo parisienne, et c'est tant mieux !
PS : Il va sans dire que je parle ici uniquement de mon ressenti, à moi: je n'ai aucun mal à comprendre que certains puissent préférer vivre n'importe où plutôt qu'à Paris. (Tant mieux, d'ailleurs, sinon on serait vraiment trop serrés...)